Mapio gère Home Assistant et d’autres services de votre choix depuis le tableau électrique
Pour héberger Home Assistant, il existe de nombreuses solutions, du Raspberry Pi que l’on configure soi-même aux appareils clés en main vendus par les concepteurs de la domotique open-source. Mapio est un nouveau boîtier qui propose une voie originale : destiné à prendre place dans un tableau électrique, il servira à Home Assistant par défaut, ainsi qu’à tous les services auto-hébergés dont vous pourriez avoir besoin, du partage de fichiers au serveur multimédia.
Imaginé à Lyon et même produit en France, ce qui est rare dans ce domaine, l’appareil a été pensé par ses deux concepteurs comme une solution ultime pour les plus bricoleurs d’entre nous, qui veulent gérer leur domotique et d’autres services tout en ayant un tout-en-un proprement rangé dans le tableau. L’appareil débute sa carrière avec une campagne de financement participatif sur Ulule, où vous pouvez le précommander à partir de 360 €.

Pour ce tarif, le Mapio est construit autour d’un Compute Module 4, un micro-ordinateur équivalent au Raspberry Pi 4 dans un format plus adapté à ce genre d’usages. C’est lui qui est chargé de faire tourner tout le logiciel nécessaire, ce qu’il fait grâce à ses 8 Go de stockage eMMC (on évite ainsi la carte microSD souvent trop fragile pour ces usages) ou bien un SSD que l’utilisateur pourra ajouter en option dans l’appareil, sur l’emplacement M.2 prévu. Il intègre aussi du Wi-Fi et Bluetooth, même si un port Ethernet est prévu pour la connexion au réseau local, c’est toujours recommandé dans le monde de la domotique.
Sur le plan matériel, le Mapio a été conçu pour s’intégrer à un boîtier qui occupe six emplacements de large dans un tableau électrique. Un petit écran à encre électronique est prévu sur le dessus pour afficher quelques informations de base, dont un code QR qui simplifiera la connexion initiale si vous optez pour du Wi-Fi. Trois boutons serviront à contrôler cette interface, tandis que trois LED RGB sont prévues pour afficher d’autres informations. L’ensemble est alimenté en 5V à 2A et le boîtier sera fourni avec une alimentation qui devra elle aussi être placée dans la tableau électrique. Sous le capot, une batterie prendra la relève en cas de coupure de courant et pourra alimenter l’ensemble pendant cinq heures.


Il y a encore de la place à l’intérieur pour trois emplacements pensés pour des modules d’expansion. Les créateurs du Mapio en ont prévu deux pour commencer, avec un module qui génère un réseau Zigbee et un autre en Thread. Ils serviront tous deux dans le cadre de la domotique avec Home Assistant et permettront de contrôler des accessoires dans une norme ou dans l’autre. Un module au choix est livré avec le kit de base et une documentation sera fournie pour ceux qui veulent créer les leurs, de quoi adapter le boîtier à d’autres normes domotiques (le Z-Wave pourrait être un bon candidat). Une idée suggérée par les créateurs est de prévoir un module 4G, afin de maintenir un accès à internet même si la connexion de la maison n’est plus accessible.
Le Mapio intègre quelques connecteurs supplémentaires qui seront utiles pour la domotique. On peut ainsi le relier à la prise TIC d’un compteur Linky afin d’obtenir des informations fiables sur la consommation électrique et même sur la puissance instantanée par ce biais. Ces données serviront ensuite dans Home Assistant, qui excelle pour le suivi des données de consommation énergétique. Autre fonction intégrée de base, un relai électrique pour gérer à distance un appareil jusqu’à 2 kW, ce qui peut notamment suffire pour contrôler un (petit) ballon d’eau chaude.

Découvrez Home Assistant : suivez votre consommation d’énergie
Même si la domotique à travers Home Assistant est un point central, le Mapio ne s’y limite pas. D’ailleurs, ce n’est pas le système d’exploitation de Home Assistant qui gère l’appareil, mais une distribution Linux spécifique, basée sur le projet Yocto. Celle-ci prend en charge les particularités du matériel (écran, lecture des données du Linky, batterie…), installe quelques briques logicielles importantes comme un serveur MQTT ou encore le gestionnaire de conteneurs Docker. Une interface web a également été développée par les concepteurs de l’appareil, afin de simplifier la gestion de ces conteneurs, même si un accès SSH par le biais du terminal reste possible pour aller plus loin.

Home Assistant est lui-même installé sous la forme d’un conteneur Docker. Cela réserve le Mapio aux utilisateurs plus avancés, prêts à mettre la main dans le cambouis virtuel et pas seulement dans leur tableau électrique, même s’il n’y a aucune difficulté majeure à utiliser cette méthode d’installation, qui est par ailleurs officiellement prise en charge. Je l’exploite sans encombre pour ma propre domotique depuis plus d’un an et la seule particularité est de trouver les bonnes configurations Docker pour les modules, qui ne sont plus installés automatiquement comme avec Home Assistant OS.

Home Assistant : l’installation avec Docker est-elle une bonne idée ?
Pour aider les utilisateurs, les concepteurs du Mapio fourniront des tutoriels et fichiers de configuration prêts à l’emploi et adaptés au matériel. Cette approche demande un petit peu plus de travail qu’avec un boîtier comme le Home Assistant Green, certes, mais elle apporte en contrepartie une bien plus grande liberté. Vous pouvez ajouter n’importe quel conteneur Docker et tant que le CM4 peut faire tourner l’app demandée, vous pouvez utiliser le boîtier pour une tout autre tâche. Pierrick, un des deux cofondateurs de l’appareil, m’a confié qu’il faisait tourner une instance de Nextcloud (gestion de fichiers et collaboration) ainsi que Jellyfin (media-center) sur son Mapio, sans problème de performances au quotidien.
Le matériel doit contribuer à cette souplesse : les trois emplacements pour des modules ouvrent de nouvelles opportunités, tandis que le connecteur M.2 ne sert pas forcément à un SSD, on peut envisager d’y placer le Coral de Google, un moteur neuronal qui sert notamment à analyser les images fournies par les caméras de sécurité dans l’enregistreur réseau Frigate. Tout ce matériel est largement documenté à défaut d’être open source, comme l’est le logiciel. Ainsi, les sources de la distribution Linux modifiée sont distribuées sur GitHub et les utilisateurs pourront créer leur propre variante s’ils le souhaitent. Le code de plusieurs composants logiciels sont aussi disponibles sur GitHub, l’idée étant de proposer une solution aussi ouverte que possible.

La fabrication française et les petits volumes, avec un assemblage final et des tests réalisés à la main par les deux fondateurs à Lyon, justifient le prix demandé. Le projet Ulule est aussi modeste dans ses ambitions, avec un objectif minimum de 50 exemplaires : s’il n’atteint pas ce nombre, la production d’une première série ne pourra pas être lancée et le projet échouera. Si l’idée vous intéresse, sachez qu’il faut compter au minimum 360 € sur Ulule pour les plus rapides, avec quelques paliers ensuite jusqu’à 427,5 €.
Si la campagne est un succès et que tout se déroule comme prévu, les concepteurs du Mapio espèrent expédier les premiers exemplaires dès le mois de septembre. Il faudra d’ailleurs prévoir minimum 4 € de frais de port vers la France ou la Belgique pour une livraison en point relai. Si vous habitez à Lyon, vous pourrez récupérer gratuitement votre exemplaire dans le neuvième arrondissement.