TEST Légendes Pokémon Z-A : Un plaisir coupable en dépit d’un emballage peu attirant
Après trois années d’absence, la franchise Pokémon fait enfin son retour sur Nintendo Switch — et pour marquer le coup, quoi de mieux qu’une version pensée pour la toute dernière console du constructeur japonais. Souvent critiquée pour sa technique en retrait, la série n’en demeure pas moins un univers chéri par des millions de fans à travers le monde. Avec Légendes Pokémon Z-A, la question se pose : la magie opère-t-elle toujours ? Nous avons exploré Illumis, cette ville emblématique bien connue des joueurs, pour vous livrer nos impressions.
Test réalisé sur Nintendo Switch 2 grâce à une version numérique envoyée par l’éditeur
Une représentation utopique de Paris
Il y a désormais treize ans, Illumis illuminait la Nintendo 3DS avec la sortie de Pokémon X/Y. Depuis, nous n’avions plus eu l’occasion d’y retourner. Deuxième épisode de la sous-franchise après un Légendes Pokémon Arceus convaincant qui avait su renouveler une formule en perte de souffle en 2022, ce nouvel opus marque également une grande première dans l’histoire de Nintendo : il s’agit tout simplement du premier jeu Pokémon à sortir en version native sur Nintendo Switch 2. À noter que la version physique Nintendo Switch 2 contient également le jeu dans sa version Switch classique — idéal pour ceux qui envisagent de passer prochainement à la nouvelle console.

Ce Légendes Pokémon Z-A nous ramène donc à Illumis… et uniquement à Illumis. Bien que la ville soit plutôt vaste, on aurait apprécié explorer autre chose que les toits et les rues de cette capitale parisienne que beaucoup arpentent déjà au quotidien. Cela dit, les habitants d’Illumis ont de la chance : la ville est d’une propreté presque irréelle – on se croirait à Kyoto. Mais cette propreté n’est pas seulement le fruit d’un bon entretien virtuel, elle reflète surtout le travail des développeurs, qui livrent un titre dans la continuité visuelle des précédents opus.
Malheureusement, si les personnages et les Pokémon bénéficient d’animations globalement correctes, l’ensemble reste lisse, sans relief, et tout simplement indigne des capacités de la Nintendo Switch 2. Aucun reflet à l’horizon, des textures de basse qualité recyclées à l’excès, des toits et des rues qui se ressemblent. Seuls les Pokémon apportent un peu de variété. Même sur Switch 2, le moteur graphique peine à afficher un nombre satisfaisant d’éléments à l’écran. Résultat : popping fréquent, aliasing visible, et une distance d’affichage très limitée. Il n’est pas rare de voir des Pokémon ou des dresseurs surgir sans prévenir, attirant l’attention de manière involontaire.

Terminons ce bilan technique sur une note plus positive : les créatures disposent d’une modélisation honorable, et les effets visuels durant les combats sont plutôt réussis. Côté performance, le jeu s’en sort globalement bien :
- En mode portable sur Nintendo Switch : 720p / 30 fps
- En mode portable sur Nintendo Switch 2 : 1080p / 60 fps
- En mode docké sur Switch : 800p à 1080p / 30 fps
- En mode docké sur Switch 2 : 1080p à 4K / 60 fps
Malgré les nombreux effets visuels en combat, aucune baisse de framerate n’a été constatée sur Switch 2. Les temps de chargement sont également réduits, avec moins de 15 secondes pour se retrouver dans Illumis une fois le jeu lancé depuis le menu de la console. Mention spéciale aux menus du jeu : ils sont clairs et bien organisés. Pour un jeu comme Pokémon, la navigation hors du jeu se doit d’être fluide et intuitive. On apprécie le fait que toutes les fonctionnalités soient rangées au bon endroit et avec intuitivité, ce qui nous évite de perdre de précieuses minutes à trouver l’emplacement de tel ou tel objet.
Alors la zone, ça dit quoi ?
La faune et la flore sont au cœur des priorités de l’équipe dirigeante d’Illumis. Et pour cause : les deux activités principales du jeu ne se déroulent pas au hasard dans les rues, mais bien dans des zones délimitées et pensées pour le bien-être des dresseurs et des Pokémon. On retrouve ainsi plus d’une vingtaine de zones dédiées à la capture et à la découverte des nombreuses espèces présentes dans la ville. Le scénario met en avant les méga-évolutions et une intrigue liée à la technologie et à l’environnement. L’histoire progresse par chapitres, mêlant exploration urbaine, affrontements stratégiques et enjeux sociaux. On retrouve ainsi des quêtes principales mais également des missions annexes qui pour certaines sont totalement anecdotiques mais auront à défaut le mérite de récupérer de précieuses ressources.

L’occasion est donc idéale de remplir un nouveau Pokédex qui n’attend que votre perspicacité et votre patience. Avec plus de 230 Pokémon déblocables, les amateurs de collection auront de quoi faire. La diversité est au rendez-vous : des Pokémon issus de toutes les générations, de la première à la neuvième, sont présents. Il y en aura pour tous les goûts. Comme d’habitude, certaines créatures ne seront capturables qu’en respectant des conditions spécifiques : discrétion, cycle jour/nuit, ou tout simplement avec de la chance.
Pour capturer un Pokémon, deux approches s’offrent à vous : une capture discrète, en évitant d’être repéré ou bien réduire sa jauge de vie avant de tenter votre chance. Comme dans les autres jeux de la franchise, plusieurs types de Balls sont disponibles. La plupart peuvent être récupérées dans les rues via les nombreux collectibles disséminés sur votre chemin. Même si l’argent est relativement facile à obtenir – notamment grâce aux combats – sachez que les Poké Balls ratées peuvent être récupérées auprès d’un PNJ situé à côté de chaque Centre Pokémon.

Une fois la nuit tombée, Illumis change radicalement de visage. Exit les zones de capture, place aux zones de combat. C’est ici que vous pourrez faire évoluer votre rang, en partant du rang Z avec pour objectif d’atteindre le rang A. Comme pour la capture, la discrétion joue un rôle clé : elle offre un bonus de dégâts non négligeable. Même si la méthode peut sembler peu orthodoxe, l’avantage stratégique est réel. Une fois la nuit passée, votre nombre de victoires génère un multiplicateur appliqué à toute la monnaie récupérée dans les rues, vous permettant ainsi de faire grandir votre porte-monnaie.
Un gameplay qui atteint le rang de légende
Vous l’aurez compris, Légendes Pokémon Z-A n’est pas un épisode principal de la série, et il s’autorise donc quelques libertés en matière de jouabilité. Et pour le coup, l’ensemble est très prenant, hautement addictif, et il devient difficile de lâcher la manette – seule la batterie de la console a réussi à nous forcer à faire une pause. Ici, le joueur a plus de contrôle de son Pokémon, et contrairement aux épisodes traditionnels, il ne s’agit pas d’un jeu au tour par tour. Vous déplacez votre Pokémon, mais aussi votre personnage, en temps réel. Il faut donc prendre des décisions rapidement et attaquer sans tarder. Chaque attaque utilisée impose un temps de recharge variable selon sa puissance.

Vous pouvez également switcher rapidement entre les membres de votre équipe. Comme toujours, il s’agit de choisir le bon Pokémon au bon moment pour prendre l’ascendant sur l’adversaire. Autre nouveauté : les Pokémon ne disposent plus de PP pour leurs capacités, et il est même possible de modifier leurs attaques à tout moment via le menu du jeu. Une capacité oubliée n’est donc jamais perdue : vous pouvez la réattribuer à tout moment hors combat.
Même logique pour les évolutions, qui ne sont plus automatiques. Le jeu vous avertit lorsqu’une évolution est possible, mais c’est à vous de l’activer manuellement via l’interface dédiée. En clair, Légendes Pokémon Z-A vous laisse la main sur toutes les actions, sans jamais vous imposer de décisions. Combiné à des temps de chargement très courts – en tout cas sur Nintendo Switch 2 – on prend plaisir à déambuler dans les rues d’Illumis à la recherche du moindre dresseur ou Pokémon.

Enfin, comme dans les derniers opus, l’ensemble de votre équipe reçoit de l’XP à l’issue de chaque combat, et non uniquement les Pokémon ayant participé activement. Le farm est donc toujours présent, mais moins intense que dans certains épisodes précédents.
Un rythme de jeu controversé
Exploration, combats, captures et narration : Légendes Pokémon Z-A propose un large panel des mécaniques qui ont façonné la franchise ces dernières années. Encore faut-il que l’ensemble soit suffisamment dynamique pour éviter l’ennui. Et honnêtement, les quatre premières heures de jeu ont été particulièrement laborieuses de notre côté : on enchaîne les dialogues interminables censés poser les bases d’une intrigue qui peine à captiver. Le rythme est lent, presque soporifique, et après une personnalisation du personnage via un éditeur assez classique et sans réelle profondeur, on sent que les développeurs ont voulu installer une atmosphère mystérieuse – mais celle-ci ne prend jamais vraiment.

Il faudra patienter six à huit heures de jeu, selon votre rythme, pour débloquer enfin la première Méga-Évolution et commencer à ressentir un vrai plaisir en combat. À partir de là, l’intensité monte d’un cran. Mais jusque-là, le jeu nous freine constamment dans notre exploration, nous ramenant dans le droit chemin et nous empêchant de fouiller librement les recoins de la carte. Frustrant, surtout quand on croise des collectibles à portée de main… que le jeu refuse de nous laisser récupérer, prétextant que ce n’est pas le bon chemin. Une limitation difficile à justifier en 2025.
Malgré les efforts pour étoffer le lore avec de nombreux personnages et dialogues – dont certains franchement gênants avec des possibilités de réponse sans intérêt – il manque un élément fondamental pour un jeu de cette envergure : un doublage complet. Certes, la franchise n’a jamais proposé de voix, mais il serait temps de se mettre à la page. D’autant plus que les jeunes joueurs, cible naturelle de la série, pourraient avoir du mal à suivre les nombreuses instructions uniquement textuelles, malgré les aides visuelles disponibles sur la carte.

Enfin, mention spéciale à l’OST, fidèle à la tradition Pokémon : on retrouve des thèmes retravaillés issus de la saga, ainsi que de nouvelles compositions qui font mouche, notamment lors des combats. On regrettera simplement le manque de variété et l’absence d’un jukebox pour écouter librement ces morceaux dans le jeu. Peut-être une fonctionnalité à venir via l’application Nintendo Music, qui sait ?
Verdict
Légendes Pokémon Z-A est un titre prenant, porté par un gameplay dynamique qui donne envie d’y revenir encore et encore. Grâce à un système de combat remanié, atteindre le rang A, symbole du meilleur dresseur, s’est révélé particulièrement gratifiant. En revanche, difficile de passer sous silence une direction artistique datée et une technique en retrait, indignes des capacités de la Nintendo Switch 2. Le level-design peu inspiré d’Illumis n’aide pas à rendre l’exploration agréable, malgré les bonnes intentions. Au final, les fans de la franchise y trouveront sans doute leur compte et parviendront à faire abstraction des limites techniques. Les autres, en revanche, risquent de passer leur chemin — sans rancune.
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