TEST Best Served Cold – À consommer sans modération
Développé par le studio belge Rogueside, Best Served Cold se présente comme une petite pépite dans l’univers des visual novels. L’occasion de découvrir le genre, mais aussi une histoire proche des États-Unis durant les années 1930, pendant la prohibition. Rappelant d’autres productions comme Coffee Talk, The Operator ou encore 7 Days to End with You, Best Served Cold saura-t-il exprimer sa différence et trouver sa propre voie ? Prenez un petit remontant, il est temps de partir, une douce mélodie de jazz dans les oreilles.
Test réalisé sur PC à l’aide d’une copie envoyée par l’éditeur
Sauvez le speakeasy pour sauver votre peau
Dans un pays fictif proche de l’Amérique, vous incarnez un barman embauché récemment dans un bar clandestin du nom de The Nightcap. Autant la prohibition tue, autant certains clients des bars clandestins meurent dans des circonstances étranges. Un jour, un mystérieux tueur décide de s’en prendre à ces fameux clients. Entre conflits, grèves et peur de la guerre, ce genre de soucis n’aurait pas dû vous déranger. C’était sans compter sur l’intervention de Hugo Mertens, un policier un peu plus intelligent que la moyenne, s’étant rendu compte des fréquentations des dernières victimes du célèbre tueur. Quelque temps après la dernière victime morte devant un autre speakeasy, Hugo Mertens vous impose une deadline et non des moindres : deux semaines pour trouver le coupable à travers vos cocktails et votre éloquence ou tout simplement fermer le bar pour activité illégale.
La ressemblance avec Coffee Talk est indéniable, notamment par le fait que le personnage se retrouve coincé derrière le bar avec, comme seule interaction, la préparation de ses boissons et de longues discussions. Pourtant, la différence est toute trouvée : pas besoin de connaître les cocktails sur le bout des doigts, il suffira de le sélectionner dans une liste de 10 cocktails avec chacun ses propres attributs. Cette liste augmentera et changera progressivement à travers les différents chapitres du jeu. Il sera bien évidemment plus facile de satisfaire les clients grâce à vos préparations afin d’obtenir des confidences, et par conséquent, d’avancer dans l’enquête criminelle. Lorsque le cocktail est sélectionné, un simple schéma à suivre devra être effectué à l’aide de la souris. Une flèche rouge vous poursuivra tout au long du schéma. Si malheureusement cette dernière vous touche avant la fin de la préparation de la boisson, elle vous fera rater ce dernier et influera sur l’humeur du client. Au contraire, si vous y arrivez, le cocktail sera parfait et vous pourrez débloquer de nouvelles interactions. Les schémas seront toujours les mêmes pour les breuvages, même si le sens de ces derniers peut changer, il ne faudra pas s’attendre à un mini-jeu complexe. En revanche, nous nous posons la question sur la manière de réaliser les schémas des cocktails sur console. Sur PC, la manipulation est simple, nous avons du mal à imaginer la manœuvre sur une manette. Le principal reste la discussion entre barman et clients, entre ambiance chill et musique jazzy.


Et avant toute chose, un client de bonne humeur et suffisamment alcoolisé pourra plus facilement répondre à toutes les questions que vous voulez poser. Il faudra donc décider quelle boisson sera la plus intéressante à utiliser : entre le degré d’alcool qu’elle produira sur l’individu, la capacité de tenir l’alcool plus ou moins bien du client et le nombre de questions que vous pouvez poser. Toutes ces informations sont renseignées sous forme de pictogrammes à côté de chaque cocktail. Forcer les doses d’alcool permettra certaines confidences tout comme le degré de confiance permettra de révéler certaines informations primordiales. Attention cependant, le but n’est pas de forcer la consommation à outrance d’alcool, sinon les clients préféreront prendre la poudre d’escampette, étant trop pompettes pour la soirée et mettant à néant vos efforts pour avancer dans l’enquête. Nous faisons face à un visual novel mélangé de point’n’click à l’atmosphère de film noir, un mélange plutôt corsé. À travers 5 chapitres d’une durée de plus ou moins 3 heures par chapitre, Best Served Cold a une durée de vie d’environ 15 heures. De plus, les chapitres s’enchaînent bien avec une difficulté équivalente pour chacun d’eux. Chaque chapitre commence par une cinématique mettant en évidence le meurtre en question, nous mettant au courant de l’affaire à traiter comme un Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy.

Enquête sur enquête
Or, il est bien sympa de faire boire ses clients, mais encore faut-il poser les bonnes questions. Pas d’inquiétude si vous ne savez plus ce que votre client a dit dernièrement, un historique est présent comme dans de nombreux visual novels pour vous rappeler les dernières conversations effectuées. Une liste de choix sera disponible dès le début, chaque question consomme une action. Certains choix ne pourront être répondus qu’avec un certain degré d’alcool, avec un certain état d’esprit ou la combinaison des deux. Tous ces indices seront regroupés dans votre journal qui sera consultable à tout moment. Il est important de rappeler que chaque protagoniste peut se connaître de plus ou moins loin. La relation entre ces derniers est primordiale pour poser la bonne question au bon moment à la bonne personne, car certains indices pourraient faire chuter le moral de certains clients ou faire baisser votre estime en un instant. L’éloquence ne fait donc pas tout, un peu de jugeote est nécessaire pour avancer convenablement dans les différentes enquêtes proposées. Et si la discussion n’avance pas dans votre sens ou que vous souhaitez vous arrêter là, il y a toujours possibilité de mettre fin à l’échange pour aller voir d’autres clients en attendant. Cependant, il ne faut pas avoir peur de la langue de Shakespeare, le jeu ne semble pas avoir de traduction française à l’heure actuelle. Les dialogues peuvent être parfois un peu lourds à comprendre pour les non-anglophones.

Après chaque discussion fructueuse, des indices seront débloqués et stockés dans votre journal et pourront être combinés à d’autres pour former des déductions. Ces déductions amèneront de nouveaux indices : quel était le mobile du meurtre pour tel client, quelle preuve et quel alibi a-t-il potentiellement. Un système qui rappellera les enquêtes à la Nobody Wants To Die, ou comme tout bon détective dans un polar tel un Cluedo, avec un tableau sera présent à la fin de la journée où il faudra relier les éléments entre eux à l’aide d’épingles. Une page du carnet y est dédiée sous forme de tableau, les cases se remplissent automatiquement lorsque les bons indices sont trouvés. Dès lors que vous estimez avoir trouvé le coupable, il sera nécessaire de présenter vos conclusions à l’inspecteur Hugo Mertens, afin qu’il arrête le susnommé. Bien évidemment, tout cela avant la deadline des deux semaines, il est donc important de prendre tout son temps afin de trouver le bon coupable. Si par pur hasard, le coupable est trouvé avant cette deadline, il sera possible d’avancer le temps jusqu’à la date limite grâce à un calendrier présent en fin de journée.

À consommer avec modération : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé
Après vérification, les cocktails présents dans le jeu sont bien fictifs, même si les recettes sont quant à elles bien réelles. Une volonté donc de rendre l’univers proposé toujours plus crédible. L’ambiance noire de Best Served Cold est retranscrite avec brio, que ce soit au niveau du style graphique qu’à la bande son très jazzy. Même si la bande son correspond parfaitement à l’époque et à l’ambiance du bar, nous regrettons l’utilisation d’un thème unique. Des variations auraient apporté un peu plus de punch et rendu le travail du barman un peu plus attrayant. Les décors, même si très simples et souvent les mêmes, sont complets et détaillés. Le jeu de lumières est pile ce qu’il faut et les expressions des différents protagonistes conviennent parfaitement à l’ambiance proposée. Lorsque la discussion se passe avec un des clients, les autres clients sont tranquillement assis le long du décor de manière naturelle. On sent la vie émaner du bar, comme si nous y étions. Tout est donc parfaitement dosé, que ce soit dans l’alcool que dans l’esthétique même du jeu.
Des options comme la vitesse d’affichage du texte ainsi que la possibilité d’utiliser une police d’écriture pour les personnes dyslexiques sont à l’honneur. Un point non négligeable quand la majeure partie du jeu se base sur la lecture de texte. L’histoire est prenante à souhait, les chapitres s’enchaînent naturellement et pourraient se jouer d’une traite tant l’écriture est fine. Bukovie est le théâtre d’une lutte des classes et d’un monde complexe, où chacun est là pour se battre pour sa propre vie, tout en cherchant à s’épanouir par ses propres moyens. Chaque personnage est unique, avec ses charmes et ses défauts. Et on apprend à les apprécier à leur juste valeur, à les comprendre, à comprendre les relations qu’ils ont entre eux. Les sujets sont tantôt sérieux, tantôt légers : entre pauvreté, culture, religion ou tout simplement jeu d’échecs et amour.
Verdict
Best Served Cold réussit son pari de proposer un visual novel qui sort de l’ordinaire. Exit le blabla et l’amour à tout va, ici on amène les joueurs à préparer de succulents cocktails et à faire preuve d’éloquence dans un jeu narratif en mode film noir. Le jeu est propre, beau et jazzy à souhait, enquêter sur des meurtres pendant la période de prohibition n’a jamais été aussi chill. Uniquement disponible dans la langue de Shakespeare, l’expérience pourra en rebuter plus d’un. L’absence de changement de décors et de musiques pourrait empêcher certains de lancer le jeu, mais les enquêtes sauront vous attirer et ne plus vous lâcher.
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