À Moscou, Steve Witkoff n’est pas un diplomate comme les autres. En facilitant la libération d’un prisonnier américain et en court-circuitant les circuits diplomatiques traditionnels, le Kremlin a contribué à imposer l’ami personnel de Donald Trump comme interlocuteur privilégié. Pendant que les diplomates de carrière sont relégués à l’arrière-plan, les discussions se sont déplacées à Miami, où l’émissaire russe Kirill Dmitriev a rejoint ce week-end Steve Witkoff et Jared Kushner pour une nouvelle séquence de pourparlers.
Selon Kirill Dmitriev, les échanges avec les deux proches de Donald Trump avancent "de manière constructive" et doivent se poursuivre, rapportent les agences de presse russes. Une avancée que Donald Trump lui-même résume avec fierté : mardi 16 décembre, le président a reconnu que Steve Witkoff "ne connaissait rien" à la Russie à son arrivée, mais qu’il obtenait des résultats parce que "tout le monde aime Steve". Une ascension qui doit autant à la méfiance du président américain envers les institutions classiques qu’à une stratégie assumée de Vladimir Poutine, décidé à faire de Steve Witkoff son interlocuteur privilégié.
Un prisonnier libéré contre une discussion avec Vladimir Poutine
Si Steve Witkoff s’impose aujourd’hui comme un médiateur de choix, c’est simplement parce que le Kremlin l’a voulu ainsi. Vladimir Poutine a rapidement manifesté le souhait de le rencontrer, allant jusqu’à envisager un geste inattendu : la libération d’un prisonnier américain en contrepartie. Le message était clair : le président russe voulait parler directement au nouvel envoyé spécial de Donald Trump. Steve Witkoff devait venir seul, sans diplomates, sans agents de renseignement, et même sans interprète. Une exigence qui rompait avec des décennies de précautions codifiées dans les fameuses "Moscow Rules", ce manuel rappelant aux visiteurs américains qu’en Russie, "il n’y a pas de coïncidences". La CIA avait alors proposé un briefing à Steve Witkoff. Une sollicitation que celui-ci avait déclinée, se rendant à Moscou sans filet.
En amont, les services russes avaient analysé les profils de l’entourage du président américain afin de faire leur choix. Le général Keith Kellogg que Donald Trump avait nommé envoyé pour la Russie et l’Ukraine, était jugé peu fiable : sa fille dirige une organisation caritative en Ukraine, un détail perçu comme un signal d’hostilité potentielle aux exigences russes, selon le Wall Street Journal. Dix mois plus tard, Steve Witkoff le remplaçait.
Ce dernier a effectué, rien que ce mois-ci, son sixième voyage en Russie, passant plus de cinq heures en tête-à-tête avec Vladimir Poutine, jusque tard dans la nuit. Une proximité inédite : depuis l’alliance américano-soviétique de la Seconde Guerre mondiale, aucun représentant de la Maison-Blanche n’avait bénéficié d’un accès personnel aussi fréquent à un dirigeant russe. Pour le Wall Street Journal, il est même difficile de trouver dans l’histoire récente un précédent où des hommes d’affaires ont pesé aussi directement sur des décisions de guerre et de paix, dans une relation autrefois réglée au millimètre par des diplomates et des services de renseignement aguerris.
40 ans d’amitié avec Donald Trump
Steve Witkoff n’était pas destiné aux arcanes de la diplomatie. Promoteur immobilier milliardaire, l’envoyé spécial a rencontré Donald Trump en 1986 dans une épicerie new-yorkaise. Depuis, les deux hommes ont chacun bâti des empires immobiliers, transmis leurs affaires à leurs enfants et fini par s’installer sous le soleil de Floride.
Leur lien s’est resserré après la mort par overdose du fils aîné de Steve Witkoff en 2011. Donald Trump est alors resté présent pour son ami, un soutien que l’actuel président évoquera publiquement lors d’une conférence sur la crise des opioïdes pendant son premier mandat. Après la défaite de Donald Trump lors de l'élection présidentielle de 2020, Steve Witkoff lui a rendu la pareille en témoignant en sa faveur dans un procès pour fraude à Manhattan.
À peine réélu, Donald Trump l’a propulsé envoyé spécial pour le Moyen-Orient. Steve Witkoff, 68 ans, assume son profil atypique. Dans le Wall Street Journal, il se décrit comme un négociateur plus que comme un diplomate, convaincu que comprendre les contraintes politiques de l’adversaire est la clé d’un accord, même s’il admet son inexpérience dans les codes traditionnels de la diplomatie.
Caracas a condamné samedi le "vol et l’enlèvement" par les Etats-Unis d’un nouveau navire chargé de pétrole vénézuélien, après l'annonce de la saisie d'un deuxième pétrolier en dix jours par Washington. "Le Venezuela dénonce et rejette catégoriquement le vol et l'enlèvement d’un nouveau navire privé transportant du pétrole vénézuélien, ainsi que la disparition forcée de son équipage, actes commis par des militaires des Etats-Unis", indique le gouvernement.
Cette saisie survient dix jours après la saisie d'un premier pétrolier le 10 décembre et alors que le président américain Donald Trump a annoncé la mise en place d'un "blocus total" contre des pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du Venezuela, évoque la possibilité d'une guerre avec le Venezuela.
"Pleine démonstration de solidarité" venue d'Iran
Caracas assure que "ces actes ne resteront pas impunis", et promet d'"exercer toutes les actions correspondantes, y compris la dénonciation devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, d’autres organismes multilatéraux et les gouvernements du monde". "Les responsables de ces faits graves devront répondre devant la justice et devant l’histoire de leur conduite criminelle", conclut le texte.
Un peu plus tôt, le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Yvan Gil avait assuré avoir eu une conversation téléphonique avec son homologue iranien, Abbas Araghchi sur le sujet. Les deux hommes ont "analysé les récents événements dans les Caraïbes, en particulier les menaces, les actes de piraterie des Etats-Unis et le vol de navires chargés de pétrole vénézuélien", selon le communiqué d’Yvan Gil sur Telegram.
"Le Venezuela a reçu une pleine démonstration de solidarité de la part du gouvernement de la République islamique d’Iran, ainsi que son offre de coopération dans tous les domaines pour faire face à la piraterie et au terrorisme international que les États-Unis cherchent à imposer par la force militaire", poursuit le communiqué. L’Iran est l’un des principaux alliés internationaux du président Nicolas Maduro, qui assure que le déploiement américain dans les Caraïbes vise à le renverser et à s'emparer des réserves de pétrole du pays.
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée sur le compte X de la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, montre le pétrolier Centuries, qui avait fait escale pour la dernière fois au Venezuela, alors qu'il est appréhendé par les garde-côtes américains le 20 décembre 2025. Les États-Unis ont « appréhendé » un pétrolier au large du Venezuela le 20 décembre, dernière salve en date d'une campagne de pression contre Caracas, a déclaré le gouvernement américain.
C'est la deuxième fois en deux semaines que les forces américaines interceptent un pétrolier dans la région, quelques jours après que le président Donald Trump ait annoncé un blocus des « navires pétroliers sanctionnés » à destination et en provenance du Venezuela. (Photo par Handout / Compte X de la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure Kristi Noem / AFP) / RÉSERVÉ À UN USAGE ÉDITORIAL - CRÉDIT OBLIGATOIRE « AFP PHOTO / Compte X de la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure Kristi Noem » - PAS DE MARKETING NI DE CAMPAGNES PUBLICITAIRES - DISTRIBUÉ À TITRE DE SERVICE AUX CLIENTS
Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre. Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967. Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.
"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de Bezalel Smotrich. Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien. "Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.
Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500 000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.
Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes. Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.
"Expansion implacable"
La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.
Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain". "Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et violent le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.
L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".
Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.
Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien. Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".
32 diapositives, estampillées "sensibles mais non classifiées". À l’intérieur, des graphiques, des projections économiques et surtout des visuels de tours modernes dressées face à la Méditerranée. Selon les révélations du Wall Street Journal, ce document constitue le socle de "Project Sunrise", une initiative portée par l’administration Trump pour imaginer la reconstruction de Gaza. Le plan a été conçu par une équipe pilotée par Jared Kushner, gendre de Donald Trump, et Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient, tous deux conseillers de premier plan à la Maison-Blanche. Leur ambition : convaincre gouvernements étrangers et investisseurs de miser sur une enclave dévastée, promise à devenir une vitrine de modernité mêlant stations balnéaires haut de gamme, lignes ferroviaires à grande vitesse et infrastructures gérées par l’intelligence artificielle.
Création de 100 000 logements
Le plan repose sur une feuille de route s’étalant sur plus de 20 ans. D’après ce dernier, les premières étapes seraient de déblayer les immeubles détruits, neutraliser les munitions non explosées et démanteler les tunnels du Hamas. Pendant cette phase initiale, la population serait hébergée dans des structures temporaires, avec un dispositif médical d’urgence composé d’hôpitaux de campagne et de cliniques mobiles. Ce n’est qu’une fois ces tâches accomplies que commencerait la construction d’infrastructures durables : logements, écoles, hôpitaux, lieux de culte, réseaux routiers et électriques, sans oublier la remise en culture des terres.
Les travaux commenceraient au sud de Gaza avant de s’étendre progressivement vers le nord. Rafah et Khan Younès ouvriraient le bal, avant que les travaux ne remontent vers les zones centrales puis la ville de Gaza. L’une des diapositives les plus emblématiques du plan, baptisée "New Rafah", imagine une nouvelle capitale administrative. Cette ville, présentée comme le futur centre de gouvernance, accueillerait plus d’un demi-million d’habitants, répartis dans plus de 100 000 logements, avec un dense maillage d’écoles, d’établissements de santé, de mosquées et de centres culturels.
Sur le plan financier, l’addition est à la hauteur de l’ambition. Le coût total est évalué à 112,1 milliards de dollars sur dix ans, une somme incluant les dépenses publiques et une large part dédiée, au départ, à l’aide humanitaire. Près de 60 milliards de dollars proviendraient de subventions et d’endettement, les États-Unis se proposant d’assumer un rôle central en garantissant environ 20 % de l’effort. La Banque mondiale est également citée comme partenaire potentiel. À terme, les promoteurs du projet misent sur une autonomisation économique de Gaza, rendue possible par la valorisation de 70 % de son littoral à partir de la dixième année, avec l’espoir de générer plus de 55 milliards de dollars de retombées sur le long terme.
Selon des responsables américains cités par le Wall Street Journal, Jared Kushner, Steve Witkoff, Josh Gruenbaum et leurs équipes ont conçu ce plan en un mois et demi, en s’appuyant sur des échanges avec des responsables israéliens, des acteurs du secteur privé et des entreprises de construction. Les projections financières devraient être révisées régulièrement si le projet venait à voir le jour.
Un processus de paix bloqué à la première phase
Derrière cette projection optimiste, de nombreuses inconnues demeurent. Le document ne précise ni l’identité des États ou des entreprises appelés à financer la reconstruction, ni la manière dont seraient relogés les quelque deux millions de Palestiniens déplacés pendant les travaux. Autre point crucial : le calendrier affiché se heurte à la situation actuelle dans la bande de Gaza.
Les auteurs du plan reconnaissent eux-mêmes que tout repose sur une condition préalable, inscrite noir sur blanc dès les premières pages : la démilitarisation complète du Hamas. Or, le contexte actuel rend cette hypothèse hautement incertaine. Après deux années de guerre, Gaza reste un territoire profondément meurtri, où des milliers de corps seraient encore enfouis sous des dizaines de millions de tonnes de gravats, selon des estimations officielles. Les sols sont contaminés, les explosifs non neutralisés, et les combattants du Hamas toujours présents.
Sur le plan politique, le processus de cessez-le-feu n’a pas dépassé sa première phase. Le Hamas n’a pas encore remis le dernier otage, le corps de Ran Gvili, condition indispensable au retrait progressif de l’armée israélienne. Ce n’est qu’après un désarmement effectif du mouvement islamiste et la fin de toute présence militaire israélienne que la reconstruction pourrait réellement commencer.
Malgré ces obstacles, Washington s’active sur le front diplomatique. Les États-Unis ont déjà présenté les grandes lignes du projet à plusieurs bailleurs potentiels, notamment des monarchies du Golfe, ainsi qu’à la Turquie et à l’Égypte. Des réunions ont également eu lieu à Miami avec des représentants égyptiens, turcs et qataris pour discuter de l’avenir de Gaza, selon des responsables américains.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré dans la nuit de samedi à dimanche que Vladimir Poutine était "prêt au dialogue" avec son homologue français, qui avait lui-même fait un pas en ce sens vendredi à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.
La présidence française a jugé "bienvenu" dimanche le fait que le président russe Vladimir Poutine se dise "prêt" à dialoguer avec son homologue Emmanuel Macron, ajoutant qu'elle aviserait "dans les prochains jours" selon quelles modalités cela pourrait se faire. "Il est bienvenu que le Kremlin donne un accord public à cette démarche. Nous aviserons dans les prochains jours sur la meilleure manière de procéder", a indiqué l'Elysée.
La présidence française a toutefois aussi souligné que toute discussion avec Moscou se ferait "en toute transparence" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les Européens et que son objectif restait d'obtenir une "paix solide et durable" pour les Ukrainiens.
Sans dialogue direct, les négociations ne sont pas "optimales"
"L'invasion de l’Ukraine et l'obstination du président Poutine ont mis fin à toute possibilité de dialogue" ces trois dernières années, a relevé l'Elysée. "Dès lors que la perspective d’un cessez-le-feu et d’une négociation de paix se précise, il redevient utile de parler à Poutine", a-t-elle toutefois ajouté.
Emmanuel Macron a jugé vendredi qu'il allait "redevenir utile" pour les Européens de parler à Vladimir Poutine, plutôt que de laisser seuls les Etats-Unis à la manœuvre dans les négociations pour mettre fin au conflit en Ukraine. "Je pense que nous, Européens et Ukrainiens, on a intérêt à trouver le cadre pour réengager cette discussion en bonne et due forme. Sinon, on discute entre nous avec des négociateurs qui vont seuls discuter avec les Russes, ce qui n'est pas optimal", a-t-il insisté.
Emmanuel Macron et Vladimir Poutine avaient eu un échange téléphonique le 1er juillet dernier, le premier en trois ans. Mais ils n'avaient alors pu que constater leurs divergences. Des pourparlers menés par Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Donald Trump, et Jared Kushner, le gendre du président américain, ont lieu ce week-end en Floride avec les envoyés ukrainiens et européens d'une part, et l'émissaire russe Kirill Dmitriev, arrivé samedi, d'autre part. Le Kremlin a toutefois affirmé dimanche qu'une rencontre commune des émissaires américains, ukrainiens et russes n'était "pas en préparation".
En bon latin, on appelle cela une "annus horribilis" : 2025 aura été particulièrement éprouvante pour les acteurs de l’aide publique au développement. Dans le sillage du retour fracassant de Donald Trump au pouvoir, l’agence dédiée au financement du développement Usaid a été rayée de la carte. En Europe, la crise est aussi là : le budget de la France en la matière a subi une coupe de 37 % en 2025 et devrait à nouveau baisser en 2026. Idem en Belgique ou aux Pays-Bas. Au niveau de l’Union européenne, les crédits accordés aux pays les moins avancés pour la période 2025-2027 ont chuté de 35 %. Les politiques publiques de développement sont-elles vouées à disparaître ? Non, trois fois non, répond Thomas Melonio, chef économiste de l’Agence française de développement (AFD). La preuve ? Après le passage éphémère d’Elon Musk, "la phase de la tronçonneuse", l’administration américaine revient à des partenariats classiques avec certains pays du Sud, comme le Kenya.
Invité de la 3ᵉ édition du Grand Colloque International sur la sécurité des frontières Sud de l’Europe à Sciences po Aix, en partenariat avec L’Express, le 6 décembre dernier, Thomas Melonio y rappelait le rôle clé de la solidarité internationale dans la sécurité collective européenne. Un rôle sous-estimé, y compris pour sécuriser des approvisionnements stratégiques pour l’Europe, comme les engrais ou le manganèse. Entretien.
L’Express : Le Sénat a voté le 9 décembre la réduction de 700 millions d’euros de l’aide publique au développement dans le prochain budget. Si ce vote est confirmé, il porterait un nouveau coup aux politiques de développement, qui subissent des coupes continues depuis 2023. Comment expliquez-vous ce recul ?
Thomas Melonio : D’une part, l’extrême droite pèse davantage dans la vie politique française et le débat public [NDLR : le Rassemblement national est le premier groupe à l’Assemblée nationale, avec 120 députés]. Or, elle défend de longue date une forte réduction des budgets alloués à la solidarité internationale. D’autre part, depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, il semble nécessaire d’acter une hausse du budget de la défense, mais rappelons que l’aide publique au développement joue aussi un rôle à part entière dans la protection de la sécurité française et européenne.
Dans quelle mesure ?
Quand on œuvre à limiter l’ampleur et les impacts du changement climatique, c’est une manière de protéger les Européens, notamment les agriculteurs, mais pas seulement. Dans le domaine médical, des projets qui renforcent les systèmes de santé dans des pays comme la Guinée ou la République démocratique du Congo pour mieux endiguer des virus tels qu’Ebola ou plus récemment le mpox, cela peut paraître lointain pour un Français, mais en réalité cela le concerne aussi puisqu’il s’agit là de contenir une épidémie avant qu’elle ne se propage, potentiellement partout sur la planète. La forte réduction de la mortalité liée au sida (divisée par quatre en vingt ans) est un succès important de l’action de développement.
Dans un autre registre, l’AFD a signé fin 2024 un partenariat important avec le principal producteur marocain d’engrais, le groupe OCP. Cela concerne directement l’Europe, qui redécouvre depuis quatre ans ses vulnérabilités en la matière. On importe énormément d’engrais de Russie et de Biélorussie [NDLR : les volumes importés par la France ont bondi de 86 % entre 2021 et 2023], qui sont produits à partir de gaz. C’est à la fois dommageable pour l’environnement et dangereux sur le plan stratégique. Garantir l’approvisionnement en engrais avec un partenaire fiable est capital pour nos filières agroalimentaires.
Enfin, le mois dernier, l’AFD a accordé un prêt de 173 millions d’euros avec le Gabon pour la modernisationdu Transgabonais, une ligne ferroviaire qui relie le port minéralier d’Owendo, près de Libreville, à la mine de manganèse de Moanda, exploitée par le groupe français Eramet. Il s’agit là de sécuriser l’approvisionnement de ce minerai stratégique indispensable à la fabrication des batteries électriques pour les filières européennes. Cela intéresse en particulier la France, où la méga-usine de batteries de l’entreprise Verkor vient d’être inaugurée près de Dunkerque. On parle là d’un projet bénéfique pour nous et pour les Gabonais, à la fois en matière d’emploi et pour les usagers, car sur le Transgabonais circulent aussi des trains de voyageurs, environ 300 000 par an.
C’est aussi une manière d’exercer une influence dans cette région du monde, où la France est de plus en plus rejetée ?
Le mot influence est polysémique et peut donc prêter à confusion. Est-on au Gabon pour "influencer" la politique gabonaise ? Non. En revanche, il y a dans cette affaire un intérêt stratégique et économique pour la France, comme pour le Gabon. Nous avons donc un intérêt commun et l’AFD apporte une valeur ajoutée en s’assurant que le projet répond aussi à des préoccupations environnementales et sociales.
La baisse des fonds alloués à l’aide au développement change-t-elle les priorités de l’AFD ?
La part de l’Afrique dans nos activités baisse mécaniquement. En 2024, près de 50 % de nos financements allaient vers l’Afrique. Viennent ensuite l’Asie et le Proche-Orient, suivis de l’Amérique Latine et des Outre-mer français. En 2026, l’Afrique ne pèsera plus que 30 %. Pour une raison simple : sur ce continent, nous avons davantage de projets sous forme de dons, moins sous forme de prêts. Une réduction importante des ressources en dons (entre un tiers et la moitié seront coupés, selon le résultat du débat budgétaire, toujours en cours) touchera donc d’abord notre capacité à agir en Afrique.
L’AFD est moins présente en Afrique francophone qu’il y a une dizaine d’années. Pourquoi ?
D’abord, car les projets de l’AFD ont été interrompus avec les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger, en raison des tensions diplomatiques avec la France. Or, c’était une zone d’activité importante de l’agence, a fortiori depuis les opérations militaires françaises Serval et Barkhane au Sahel.
Nos activités demeurent toutefois très dynamiques au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Cameroun, au Gabon ou en République démocratique du Congo. Mais nous travaillons aussi beaucoup au Kenya et en Afrique du Sud, où le partenariat avec la France est très recherché.
Dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a démantelé l’Usaid (son agence pour le développement, l’équivalent de l’AFD) et suspendu ses contributions à plusieurs agences onusiennes. Un an plus tard, quelles conséquences constatez-vous ?
L’Usaid était très présent dans les secteurs de la santé, de l’alimentation et globalement dans les pays en crise (Ukraine, Soudan, Haïti…). En Ukraine, l’aide américaine couvrait des domaines aussi variés que la réparation des infrastructures énergétiques, le soutien aux victimes de la guerre, la lutte contre la désinformation. La pression augmente donc sur l’Europe pour accroître notre soutien, comme l’illustre le débat sur le gel des actifs russes et l’octroi d’un prêt finalement approuvé par l’UE ce 19 décembre…
Dans d’autres pays, les conditions d’accès aux services médicaux et de nutrition se dégradent. Les programmes de santé sexuelle et reproductive, par exemple l’accès à l’avortement, sont particulièrement touchés, pour des raisons idéologiques. Des ONG françaises, comme Handicap international ou Action contre la faim, ont dû supprimer des programmes importants en Afrique ou au Proche Orient.
Mais après la période Elon Musk – la phase de la "tronçonneuse" -, l’administration américaine semble ouvrir une autre voie en matière de développement, sous l’impulsion du secrétaire d’Etat Marco Rubio. Début décembre, les Etats-Unis ont signé un accord avec le Kenya prévoyant le versement d’1,3 milliard d’euros au système de santé kényan, sur cinq ans, pour lutter contre le sida, le paludisme, la tuberculose et la polio. Dans la foulée, ils annonçaient un accord avec le Rwanda. Par ailleurs, l’agence américaine de financement du développement, l’USDFC (United States Development Finance Corporation), créée sous le premier mandat de Trump, vient d’être reconduite par le Congrès et sa capacité de prêts considérablement renforcée, passant de 60 milliards de dollars à 205 milliards de dollars.
Ces dynamiques s’inscrivent dans une volonté de consolider des alliances et de défendre des intérêts stratégiques… Bref, un retour à une logique plus classique. Les admirateurs de Trump, y compris en France, devraient tirer les leçons de cette réalité.
France, Paris, 06/08/2023. Façade du bâtiment de l'AFD avec une enseigne indiquant « Agence Française de Développement ». Photographie d'Antoine Boureau / Hans Lucas.
France, Paris, 06/08/2023. Façade du bâtiment de l'AFD avec une enseigne indiquant « Agence Française de Développement ». Photographie par Antoine Boureau / Hans Lucas. (Photo par Antoine Boureau / Hans Lucas via AFP)
Sous la contrainte, le ministère américain de la Justice a commencé vendredi 19 décembre à rendre public des milliers de documents issus de l’enquête sur le criminel sexuel Jeffrey Epstein, connu pour ses liens avec des personnalités puissantes, en particulier Donald Trump, et dont la publication était très attendue aux Etats-Unis.
Sur les 2,8 gigabits de fichiers mis en ligne à ce stade, on retrouve des documents judiciaires, des enregistrements d’interrogatoires ou encore des itinéraires de vol. Plusieurs célébrités, dont l’ancien président américain Bill Clinton et le chanteur Michael Jackson, apparaissent sur des images. L’Express fait le point sur ce que l’on sait jusqu’à présent.
Des éléments restent cachés
Quelque 3 965 fichiers ont été mis en ligne sur le site du ministère de la Justice américain, répartis en quatre bases de données. La plupart des fichiers publiés sont des PDF contenant des photographies. Figurent également des documents judiciaires liés au procès de l’ancienne compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell - condamnée dans cette affaire - et des vidéos de la cellule de Jeffrey Epstein le jour de son suicide en 2019, survenu avant son procès pour trafic de mineurs. Une grande partie du contenu des fichiers est cependant caviardée, c’est-à-dire masqué voire supprimé, comme un document intitulé "Masseuses" et contenant une liste de 254 noms, tous cachés. Par ailleurs, certains visages apparaissant sur des photos et semblant appartenir à des jeunes femmes ont été dissimulés. Un fichier contenant des dizaines d’images biffées montre des personnes nues ou légèrement vêtues, tandis que sur d’autres photos se tiennent Jeffrey Epstein et ses compagnons, visages masqués, avec des armes à feu.
Le ministère de la Justice a déclaré avoir besoin de plus de temps pour examiner les documents et supprimer les informations susceptibles d’identifier les victimes, avant de pouvoir divulguer d’autres dossiers. Le ministère a également retenu plus de 500 images qualifiées de matériel pédopornographique. D’autres documents seront publiés au cours des deux prochaines semaines, a assuré le numéro deux du ministère de la Justice, Todd Blanche.
Quelles personnalités impliquées ?
Parmi les photos et documents dévoilés vendredi, Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell ne sont pas les seuls à apparaître. Sur l’une d’elles, Epstein pose par exemple avec le chanteur Michael Jackson, tandis que son ex-compagne est photographiée aux côtés de l'homme d'affaires Dean Kamen ou du magicien David Copperfield. Dans un autre document qui contient un annuaire dont seuls les noms sont visibles, apparaissent le nom des acteurs Alec Baldwin et Dustin Hoffman, du milliardaire Rupert Murdoch, ainsi que de plusieurs membres de la famille Kennedy. Le nom de Donald Trump est également répertorié, encerclé à la main, lui qui fréquentait Jeffrey Epstein dans les années 1990 et 2000 alors qu’ils étaient voisins à Palm Beach, en Floride. De son côté, Donald Trump a affirmé à plusieurs reprises avoir rompu tout contact avec le criminel bien avant sa première arrestation en 2006.
L’ancien président démocrate Bill Clinton, déjà présent sur des images du dossier publiées précédemment, apparaît également sur plusieurs photos. On le voit notamment dans un jacuzzi, aux côtés d’une personne dont le visage est caché par un rectangle noir ou encore, souriant, allongé dans une baignoire, les bras derrière la tête. Angel Ureñasur, porte-parole de l’ancien président a déclaré sur X que Bill Clinton avait rompu tout contact avec Jeffrey Epstein bien avant que ses crimes ne soient révélés. "Ils peuvent diffuser autant de photos vieilles de plus de vingt ans qu’ils le souhaitent, mais il ne s’agit pas de Bill Clinton", a-t-il ajouté. "Bill Clinton se détend, sans aucun souci. Il ne se doutait de rien…", a quant à lui écrit sur X Steven Cheung, le directeur de sa communication. D’autres images montrent par ailleurs Jeffrey Epstein en compagnie de l’acteur Kevin Spacey, du rockeur Mick Jagger, de la chanteuse Diana Ross ou encore de l’ex-prince britannique Andrew ainsi que son ex-femme Sarah Ferguson.
"Sentiment de déception"
"Un sentiment de déception régnait des deux côtés de l’échiquier politique", observe le magazine The Times. "Cette publication soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses", poursuit le titre. Marina Lacerda, l’une des femmes qui affirment avoir survécu à des agressions sexuelles de la part de Jeffrey Epstein, a exprimé sa frustration face aux omissions et à la publication incomplète des documents. "Publiez simplement les fichiers", a-t-elle dit. "Et arrêtez de caviarder les noms qui n’ont pas besoin de l’être".
Du côté de l'opposition, le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer n’a pas tardé à critiquer la démarche, rappelant que la loi impose au gouvernement de publier "TOUS les documents" dès vendredi et l’a accusé de "tout faire pour cacher la vérité". Le co-auteur de la loi sur la transparence des dossiers Epstein, le démocrate Ro Khanna, a publié une vidéo sur X faisant valoir que la publication du ministère de la Justice "n’est pas conforme" à la loi, ajoutant qu’il examinerait des options telles que la destitution, l’outrage ou le renvoi à des poursuites.
The law Congress passed calls for the complete release of the Epstein files so that there can be full transparency. This set of heavily redacted documents released by the Department of Justice today is just a fraction of the whole body of evidence.⁰⁰Simply releasing a mountain…
Et The Times de rappeler que les démocrates ne sont pas les seuls à réclamer des comptes. "Au sein de la base électorale de Trump, les militants MAGA [Make America Great Again, Rendre sa grandeur à l’Amérique]" souhaitent eux aussi "la transparence" et ont averti "qu’ils ne se contenteraient pas d’une seule version expurgée". L’élu républicain Thomas Massie, ancien allié de Donald Trump, a aussi critiqué la diffusion des documents par le ministère de la Justice, affirmant sur X que la ministre Pam Bondi et son numéro deux Todd Blanche avaient "grossièrement" omis de se "conformer à la loi" ordonnant la publication du dossier Epstein.
Des photos montrant l'ancien président américain Bill Clinton, le chanteur des Rolling Stones Mick Jagger ou encore le président du groupe Virgin Richard Branson publiées parmi les documents de l'enquête sur l'affaire Jeffrey Epstein le 19 décembre 2025
Petit à petit, la guerre menée par la Russie s’étend au-delà du territoire terrestre ukrainien. Au cours des dernières semaines, l’Ukraine a affirmé avoir frappé au moins quatre navires pétroliers de la flotte fantôme russe naviguant en mer. De quoi confirmer la montée en puissance de l’Ukraine en dehors au-delà de la ligne de front.
La dernière attaque revendiqué par les services de sécurité ukrainiens (SBU) date de ce jeudi 18 décembre. En pleine mer Méditerranée au large de la Crète - territoire neutre donc - à plus de 2 000 kilomètres de l’Ukraine, un tanker russe a été touché par des drones aériens. Le SBU a diffusé un montage vidéo de 35 secondes exposant le déroulé de l’attaque. Les images en noir et blanc montrent ainsi un ou plusieurs drones larguant des bombes sur le pont d'un navire russe nommé "Qendil".
Un coup dans la machine de financement russe
Selon le service de sécurité ukrainien, le bâtiment était"vide et ne présentait pas de risques environnementaux", constituant "une cible légitime selon le droit international" pour que "l’ennemi [russe] comprenne que l’Ukraine ne s’arrêtera pas et le combattra partout dans le monde, où qu’il se trouve". Dans les semaines précédentes, trois autres navires de la flotte fantômes russe ont également été touchés par des drones de mer en mer Noire. Ces attaques sont les premières contre les pétroliers russes, souligne le quotidien américain The New York Times.
Alors que l’Occident tente de réduire les profits pétroliers qui alimentent l'économie de guerre russe via des sanctions internationales, la Russie a développé une flotte dite "fantôme" pour contourner ces sanctions. Il s’agit d’un réseau clandestin de centaines de pétroliers et gaziers délabrés, qui circulent fréquemment dans les eaux européennes, et qui transportent secrètement du carburant vers des pays comme l’Inde et la Chine. En perturbant ce trafic par ses frappes sur des navires appartenant à cette flotte, l'Ukraine cherche à atteindre directement le financement militaire russe et gagner un avantage en amont des pourparlers de paix en cours, initiés par le président américain Donald Trump.
Nouveau front
Cette attaque confirme la montée en puissance des capacités de combat naval des forces armées ukrainiennes, et en particulier du SBU, relève le quotidien Le Monde. Trois jours plus tôt, le 15 décembre, les mêmes services de sécurité ukrainiens, avaient créé la surprise en frappant un sous-marin russe dans le port de Novorossiïsk.
Ces attaques marquent l'ouverture d’un nouveau front dans le conflit. Pendant les premières années du conflit, l’administration Biden avait mis en garde l’Ukraine contre le fait de frapper l’industrie pétrolière russe par crainte d'une escalade du conflit à l'échelle internationale. Kiev envoie ainsi plusieurs signaux : à la Russie d'abord, lui faisant montre de la montée en puissance des capacités de combat des forces armées ukrainiennes, en particulier du SBU. Aux dirigeants européens ensuite, pour les appeler à renforcer l'application des sanctions, sous peine de voir s'aggraver les problèmes sur les voies maritimes, comme l'affirme le New York Times.
L’Ukraine "poursuivra une politique décisive", a déclaré auprès du journal américain Andrii Klymenko, qui dirige un groupe de surveillance de la flotte fantôme pour l’Institut d’études stratégiques de la mer Noire, un groupe de réflexion ukrainien. Il a ajouté : "C’est-à-dire que nous frapperons tous ceux qui se rendront à Novorossiysk ou dans d’autres ports russes pour le pétrole - avant qu’ils n’obtiennent le pétrole."
Les attaques ont fait monter en flèche les taux d’assurance pour tous les pétroliers naviguant dans la région. Ils ont également suscité des craintes dans des pays comme la Turquie quant à l’expansion de la guerre dans les eaux voisines, suscitant des inquiétudes concernant d’éventuels dommages environnementaux.
Le pétrolier Kairos, un navire battant pavillon gambien qui ferait partie de la flotte fantôme russe, reste ancré le 8 décembre 2025 à Ahtopol, en Bulgarie
Le ministère américain de la Justice a rendu publique vendredi une partie de documents, pour beaucoup caviardés, issus de l'enquête sur le criminel sexuel décédé Jeffrey Epstein, connu pour ses liens avec des personnalités puissantes, en particulier Donald Trump.
Ces publications doivent contribuer à faire la lumière sur les relations de l'influent et richissime financier, mort en prison à l'été 2019, avec les milieux des affaires, du spectacle, de la politique et aussi avec la justice.
Une loi adoptée par le Congrès en novembre imposait au gouvernement américain de publier l'intégralité des documents non classifiés en sa possession d'ici au 19 décembre. Mais le processus prendra plusieurs semaines, a indiqué Todd Blanche, le numéro deux du ministère de la Justice.
Par ailleurs, de larges passages sont dissimulés, dont une liste de 254 "masseuses" aux noms caviardés "pour protéger la victime", ou les 119 pages d'un document judiciaire émanant d'un tribunal de New York, biffées sans explication.
A l'origine de la loi contraignant à divulguer ce dossier, les élus démocrate Ro Khanna et républicain Thomas Massie ont regretté que le ministère n'ait "pas respecté" ce qui était requis. Dans une vidéo sur X, Ro Khanna déplore aussi l'absence du projet d'acte d'accusation après l'arrestation de M. Epstein en 2019, qui, selon lui, met en cause "d'autres hommes riches et puissants". "Ce n'est rien d'autre qu'une opération de camouflage pour protéger Donald Trump de son passé peu reluisant", a tonné le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, accusant le gouvernement de "tout faire pour cacher la vérité".
Interrogé par la presse, avant un discours fleuve lors d'un meeting en Caroline du Nord (est), le président américain, dont le nom apparaît peu dans les quelque 4 000 fichiers d'abord publiés, n'a fait aucun commentaire.
Clinton dans un jacuzzi
On trouve aussi une plainte déposée auprès du FBI en 1996 par une femme ayant travaillé pour Jeffrey Epstein, qui dénonçait son intérêt pour la "pornographie enfantine". Des dizaines d'images censurées montrent des personnes dévêtues, ainsi que le financier et d'autres individus avec des armes à feu.
Des photos représentent Epstein avec des superstars telles que Michael Jackson et Mick Jagger. Sa proximité avec nombre de personnalités était toutefois connue, notamment avec l'ancien président démocrate Bill Clinton (1993-2001), qui apparaît sur plusieurs clichés. On le voit dans ce qui semble être un jacuzzi, une partie de l'image masquée par un rectangle noir "ajouté pour protéger une victime", a raillé un porte-parole du ministère de la Justice, Gates McGavick, sur X.
L'entourage de Donald Trump cherche à "se protéger de ce qui vient, ou de ce qu'ils tenteront de dissimuler à jamais", a réagi le chef adjoint du cabinet de Bill Clinton, Angel Ureña, ajoutant que l'ex-dirigeant de 79 ans "ne savait rien et a rompu tout contact avec Epstein avant que ses crimes ne soient révélés".
"Canular"
Donald Trump avait promis la transparence lors de sa campagne en 2024 mais, après son élection, il n'a pas tenu sa promesse, qualifiant l'affaire de "canular" instrumentalisé par l'opposition démocrate, au grand dam de sa base "MAGA", obsédée par ce scandale. Le président a finalement reculé sous la pression du Congrès et promulgué la loi contraignant son administration à publier les documents.
Figure de la jet-set new-yorkaise, Jeffrey Epstein est accusé d'avoir exploité sexuellement plus d'un millier de jeunes femmes, dont des mineures. Cette affaire a éclaboussé plusieurs célébrités, à l'instar d'Andrew, frère du souverain britannique Charles III, qui se dit innocent des accusations de l'Américano-australienne Virginia Giuffre, laquelle s'est suicidée en avril dernier.
La mort de Jeffrey Epstein, le 10 août 2019 à l'âge de 66 ans et avant son procès, a été considérée par les autorités comme causée par un suicide mais a alimenté d'innombrables théories selon lesquelles il aurait été assassiné pour l'empêcher d'impliquer des personnalités. Un temps proche de lui, Donald Trump a toujours démenti avoir eu connaissance de son comportement criminel et assure avoir rompu bien avant qu'il ne soit inquiété par la justice.
L'ancienne compagne et complice d'Epstein, la Britannique Ghislaine Maxwell, 63 ans, qui purge une peine de 20 ans de prison aux Etats-Unis, est l'unique personne condamnée dans cette affaire et Todd Blanche a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à de nouvelles inculpations.
Au moins cinq membres du groupe Etat islamique ont été tués en Syrie dans les frappes menées par les Etats-Unis, a indiqué samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), après une attaque qui a coûté la vie à deux militaires américains et un interprète. Figure parmi eux "le chef d'une cellule" chargée des drones dans la zone, a précisé à l'AFP le responsable de l'ONG Rami Abdel Rahman, ajoutant qu'ils avaient été tués dans la province de Deir Ezzor (est).
Les Etats-Unis ont annoncé vendredi avoir frappé "plus de 70 cibles" dans plusieurs zones de Syrie, Donald Trump parlant de "très lourdes représailles" après l'attaque contre ses soldats le 13 décembre. "Nous frappons très fort contre des bastions de l'EI", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social, peu après l'annonce par le Pentagone du début d'une opération "massive". Une source sécuritaire a indiqué à l'AFP que les frappes avaient visé des cellules de l'EI dans les régions de Homs, Deir Ezzor et Raqa.
"Idées islamistes extrémistes"
L'attaque qui a tué trois Américains il y a une semaine dans la région désertique de Palmyre a été menée par un membre des forces de sécurité syriennes qu'elles avaient prévu de limoger en raison de ses "idées islamistes extrémistes", selon les autorités. Washington l'a imputée au groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui ne l'a pas revendiquée.
C'est la première fois qu'un tel événement est rapporté en Syrie depuis la prise du pouvoir il y a un an par Ahmad al-Charaa, qui a rompu avec son passé djihadiste et s'est rapproché des Etats-unis. L'EI avait contrôlé la région de Palmyre avant d'être défait en Syrie par une coalition internationale en 2019.
Après s'être félicité des progrès de l'armée russe sur le front et avoir nié toute responsabilité dans ce conflit qui entrera bientôt dans sa cinquième année, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que "la balle est dans le camp" de l'Ukraine et de ses soutiens européens pour négocier une fin de la guerre. Il a par ailleurs mis en garde les Européens contre des "conséquences très lourdes" en cas de saisie des avoirs russes gelés pour aider l'Ukraine, évoquant mesures de représailles et recours en justice.
Les dirigeants des 27 Etats membres ont décidé vendredi d'accorder à l'Ukraine un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, à taux zéro, mais sans recourir aux avoirs russes faute d'accord sur cette solution.
14h53
Devant Zelensky, le président polonais reproche leur ingratitude aux Ukrainiens
Devant Volodymyr Zelensky qu'il recevait vendredi à Varsovie, le président nationaliste polonais Karol Nawrocki a reproché aux Ukrainiens de ne pas être reconnaissants pour l'aide apportée depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie. La Pologne a accueilli plus d'un million de réfugiés depuis février 2022 et compte parmi les premiers fournisseurs d'armes de Kiev. C'est aussi le principal pays par lequel passe le soutien militaire et humanitaire occidental à son voisin.
"Les Polonais ont le sentiment (...) que notre effort, notre aide multiforme apportée à l'Ukraine depuis le début de l'invasion à grande échelle n'ont pas été dûment appréciés ni compris", a déclaré Karol Nawrocki au cours d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien. "C'est ce que j'ai transmis lors d'une conversation ferme, honnête, mais très cordiale et empreinte de courtoisie avec le président Zelensky", a-t-il dit.
Celui-ci a répondu en assurant que "l'Ukraine a toujours été reconnaissante envers la Pologne et le restera". Il a aussi rappelé que l'Ukraine "défendait l'Europe" face à la Russie, à un coût humain très élevé. "La Russie veut la discorde, veut détruire une alliance aussi solide — l'alliance de deux nations, au fil de nombreuses générations d'Ukraine et de Pologne. Nous ne les laisserons pas faire", a mis en garde Volodymyr Zelensky.
Karol Nawrocki n'a pas dit clairement ce qu'il attendait de Kiev, mais cet historien de formation exige une meilleure coopération dans le dossier très sensible des massacres de quelque 100 000 Polonais en Volhynie entre 1943 et 1945 par les nationalistes ukrainiens. Selon Karol Nawrocki, qui qualifie ces massacres de "génocide", Kiev ne veut pas reconnaître sa responsabilité dans ces massacres. Varsovie lui reproche également de faire traîner les exhumations des victimes.
Jeudi, le président ukrainien a assuré son partenaire de la bonne volonté de son administration sur ces questions. "La partie polonaise souhaite accélérer ce processus, la partie ukrainienne est prête à faire un pas vers elle. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des mesures concrètes", a-t-il dit, des déclarations vues "avec optimisme" par le président polonais. Après la rencontre, Karol Nawrocki a évoqué sur X "un nouveau départ" dans les relations bilatérales. "Une mauvaise nouvelle pour Poutine", selon lui.
14h50
L'extrême droite allemande, convaincue d'une victoire russe, dénonce l'aide de l'UE à l'Ukraine
Le parti prorusse Alternative pour l'Allemagne (AfD), première force d'opposition du pays, a dénoncé vendredi la décision européenne de prêter 90 milliards d'euros à l'Ukraine, jugeant que la Russie allait gagner sa guerre. L'UE a décidé dans la nuit de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, sans recours aux avoirs russes qui resteront, eux, gelés en Europe jusqu'au versement par Moscou de réparations à Kiev.
Prenant pour cible le chancelier allemand Friedrich Merz qui depuis des mois cherche une solution pérenne pour financer l'Ukraine, les deux codirigeants de l'AfD l'ont accusé de faire payer aux contribuables la poursuite de la guerre, déclenchée par l'invasion russe de 2022. "Le chancelier Merz gaspille l'argent des contribuables allemands dans une guerre sans issue. Après avoir remporté la guerre, la Russie ne versera aucune réparation", a estimé dans un communiqué Tino Chrupalla.
"90 milliards d'euros supplémentaires vont être engloutis dans l'un des États les plus corrompus au monde", a abondé sa collègue Alice Weidel, en référence à un vaste scandale de corruption qui fragilise en ce moment le pouvoir ukrainien. "Alors que son propre pays se délabre et décline économiquement, le chancelier gaspille des milliards pour prolonger une guerre inutile", a-t-elle ajouté, pointant la crise économique qui mine l'Allemagne.
14h05
Poutine affirme qu'il va se pencher sur l'affaire du Français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie
Le président russe Vladimir Poutine a indiqué vendredi qu'il allait se pencher sur l'affaire du chercheur français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie depuis juin 2024 et qui pourrait être jugé pour "espionnage". Interrogé lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine a affirmé "ne rien savoir" de cette affaire et en entendre parler pour la première fois. "Je vous promets que je vais me renseigner. Et s'il y a la moindre chance de résoudre cette question de manière positive, si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible", a-t-il ajouté.
Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", alors qu'il collectait des "informations militaires" pouvant être "utilisées contre la sécurité" de la Russie. L'intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l'ignorance.
En août, il avait comparu devant un tribunal russe pour des accusations d'"espionnage" qui, si elles étaient confirmées, risqueraient d'alourdir considérablement sa peine. L'enquête a été prolongée et il pourrait connaître un nouveau procès pour espionnage fin février 2026, selon son avocat français. Laurent Vinatier avait déclaré en août ne s'attendre "à rien de bien, à rien de positif" après avoir appris ces nouvelles accusations.
Ce chercheur de 49 ans, spécialiste de l'espace post-soviétique, était employé par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s'agissant de l'Ukraine. Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas.
12h56
L'Ukraine affirme avoir frappé un pétrolier de la "flotte fantôme" russe en Méditerranée avec des drones
L'Ukraine a frappé pour la première fois un pétrolier de la "flotte fantôme" russe "dans les eaux neutres" de la Méditerranée, a annoncé vendredi à l'AFP une source au sein des services de sécurité (SBU) ukrainien. "Le SBU a frappé avec des drones aériens un pétrolier de la dénommée +flotte fantôme+ russe, le QENDIL", a précisé cette source. "La Russie utilisait ce pétrolier pour contourner les sanctions" et financer "sa guerre contre l'Ukraine", a-t-elle affirmé.
Selon cette source s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, il s'agit d'une "nouvelle opération spéciale sans précédent", réalisée à quelque 2 000 kilomètres de l’Ukraine. Elle n'a donné aucun détail supplémentaire, notamment sur le lieu à partir duquel elle a été déclenchée et sur les pays que les drones auraient pu survoler.
Le pétrolier était vide au moment de l’attaque et l'opération n'a présenté aucune menace environnementale, a assuré cette source, disant que le navire avait "subi d'importants dommages" et n'était plus en état de "poursuivre ses objectifs". "L’ennemi doit comprendre que l’Ukraine ne s’arrêtera pas et le frappera partout dans le monde, où qu’il se trouve", a ajouté cette source. L'Ukraine a déjà revendiqué l'attaque de pétroliers circulant en mer Noire, que Kiev accuse d'être utilisés par la Russie pour contourner les sanctions occidentales et financer son offensive en Ukraine.
13h10
Poutine assure que la Russie n'attaquera personne si elle est "traitée avec respect"
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi que la Russie n'entendait pas lancer d'hostilités contre d'autres pays à condition qu'elle soit "traitée avec respect" et a accusé l'Occident d'avoir "trompé" Moscou en continuant d'élargir l'Otan.
"Il n'y aura aucune opération si vous nous traitez avec respect et respectez nos intérêts", a déclaré Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle, alors qu'on lui demandait s'il y aurait "de nouvelles opérations militaires spéciales", le nom donné par la Russie à son offensive en Ukraine, à l'avenir.
13h09
Zelensky assure que si l'Ukraine est défaite, la Russie s'en prendra "inévitablement" à la Pologne
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré vendredi qu'en cas de défaite de l'Ukraine, la Russie s'en prendrait "inévitablement" à la Pologne voisine.
"Sans l'indépendance de l'Ukraine, de notre Etat, Moscou viendra inévitablement ici (en Pologne) et plus profondément en Europe", a déclaré Volodymyr Zelensky, lors d'une conférence de presse à Varsovie avec son homologue polonais Karol Nawrocki.
12h06
Poutine : "la balle est dans le camp" de l'Ukraine et des Occidentaux pour mettre fin à la guerre
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi que "la balle est dans le camp" de l'Ukraine et des Occidentaux dans les négociations visant à mettre fin à la guerre, indiquant que Moscou avait accepté des "compromis" dans ce processus.
"La balle est entièrement dans le camp de nos adversaires occidentaux, les dirigeants du régime de Kiev et leurs sponsors européens en premier lieu", a déclaré Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle retransmise à la télévision. Il s'est dit prêt "à négocier et à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques".
Poutine met en garde contre de "lourdes conséquences" en cas de recours aux avoirs russes pour financer l'Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine a prévenu vendredi que l'utilisation des avoirs russes pour financer l'Ukraine pourrait "avoir des conséquences lourdes", après un sommet des 27 jeudi sur le sujet qui n'a pas abouti à un accord.
"C'est un braquage. Mais pourquoi ce n'est pas possible de commettre ce braquage? Parce que les conséquences peuvent être très lourdes", a déclaré Vladimir Poutine lors de sa grande conférence annuelle retransmise à la télévision russe.
10h26
Poutine se félicite de gains territoriaux en Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine s'est félicité vendredi des récents gains territoriaux de son armée en Ukraine, assurant que les forces russes "avancent sur tout le front", alors que d'intenses efforts diplomatiques menés par les Etats-Unis sont déployés pour mettre fin à la guerre.
"Nos troupes avancent sur toute la ligne de contact (...), l'ennemi recule dans toutes les directions", a déclaré Vladimir Poutine au début de sa grande conférence de presse annuelle retransmise à la télévision.
07h43
Avoirs russes : l'émissaire économique du Kremlin salue une victoire du "bon sens" dans l'UE
Un émissaire du Kremlin pour les questions économiques, Kirill Dmitriev, a salué vendredi une victoire du "bon sens", après la décision de l'UE de ne pas recourir aux avoirs russes gelés en Europe pour financer l'effort de guerre de l'Ukraine. "La loi et le bon sens ont remporté pour l'heure une victoire", a réagi sur Telegram Kirill Dmitriev, en saluant un échec de la tentative d'"une utilisation illégitime des avoirs russes pour financer l'Ukraine".
L'utilisation de ces fonds en raison des sanctions européennes imposées à la Russie butait depuis des semaines sur l'opposition de la Belgique, où se trouve l'essentiel de ces avoirs gelés, soit quelque 210 milliards d'euros. L'idée était d'y recourir pour financer un "prêt de réparation" de 90 milliards en faveur de l'Ukraine. Les Européens ont finalement décidé jeudi de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros.
Les besoins de financement de Kiev ont été estimés à 137 milliards d'euros, l'UE s'engageant à prendre en charge les deux tiers, soit 90 milliards d'euros. Le reste devant être assuré par les autres alliés de l'Ukraine, comme la Norvège ou le Canada. La Russie considère comme illégales les sanctions internationales prises à son encontre en raison de cet assaut, notamment le gel de ses avoirs, et qualifie leur utilisation de vol.
06h51
L'aide de l'UE "renforce véritablement notre résilience", se félicite Zelensky
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est félicité vendredi du prêt de 90 milliards d'euros accordé par l'Union européenne à son pays pour financer son effort de guerre contre la Russie, estimant que cette aide "renforce véritablement notre résilience".
"Il s'agit d'un soutien important qui renforce véritablement notre résilience", a écrit Volodymyr Zelensky sur le réseau social X en remerciant les dirigeants européens. "Il est important que les actifs russes restent immobilisés et que l'Ukraine ait reçu une garantie de sécurité financière pour les années à venir", a-t-il ajouté concernant les avoirs russes au sujet desquels les Européens n'ont pas réussi à se mettre d'accord.
03h11
L'UE s'accorde pour débloquer 90 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine, sans recours aux avoirs russes
Les dirigeants européens ont trouvé un accord dans la nuit de jeudi à vendredi pour débloquer 90 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine, a annoncé le président du Conseil, Antonio Costa. "Nous avons conclu un accord. La décision d'accorder une aide de 90 milliards d'euros à l'Ukraine pour 2026-2027 a été approuvée", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'UE étaient réunis en sommet à Bruxelles avec un objectif clair : trouver une solution pour financer l'Ukraine au cours des deux ans à venir. Mais les négociations ont duré jusque tard dans la nuit sur la meilleure manière de procéder à ce financement.
L'option privilégiée par l'Allemagne et la Commission européenne, celle de s'appuyer sur les avoirs russes gelés en Europe a été écartée après quatre heures d'échanges entre dirigeants, à huis clos, sans téléphone. Le chancelier allemand s'est pour autant réjoui du résultat du sommet, assurant que l'UE avait envoyé un "message clair" à Vladimir Poutine.
Un réseau social, une plateforme de streaming, des cryptomonnaies… et maintenant une entreprise de fusion nucléaire. La famille présidentielle continue de tisser sa toile sur l’économie américaine grâce à la Trump Media and Technology Group (TMTG). Mais, cette fois, l’entreprise du président des Etats-Unis ose l’inconnu en s’attaquant au secteur de l’énergie.
Pour y parvenir, la firme de Donald Trump a conclu un accord de fusion ce jeudi 19 décembre avec TAE Technologies, créant ainsi un groupe valorisé à plus de 6 milliards de dollars. Cette signature devient la plus importante incursion de la famille Trump dans la finance traditionnelle et l’économie américaine depuis son retour à la Maison-Blanche.
Un pari risqué
Aujourd’hui, la technologie de fusion nucléaire est encore au stade expérimental. Il faudra sûrement compter plusieurs années avant de la voir véritablement mise en œuvre. A ne pas confondre avec la fission - technique du nucléaire civil fondée sur la division d’un atome lourd en deux atomes légers - la fusion nucléaire fait l’exact inverse. Cette méthode de production d’énergie consiste en la fusion de deux atomes légers afin de constituer un plus gros atome. Un procédé tellement prometteur qu'il séduit nombre de milliardaires : Bill Gates, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg ont également investi dans entreprises engagées dans la course à l’exploiter commerciale de la fusion nucléaire. Et ce malgré les nombreux obstacles économiques et techniques qui freinent son développement, notamment la difficulté à maintenir un plasma chaud et stable pendant une durée suffisante pour produire de l'énergie de manière continue, nécessitant pour l'heure plus d'énergie que le dispositif n'en produit.
Le pari semble donc risqué pour TAE, d’autant plus que le nucléaire civil n’occupe pas une place particulièrement importante dans le mix américain -18 % selon la World Nuclear Association. Toutefois, la fusion nucléaire bénéficie d’un très large soutien de l’exécutif. Et c’est là que le deal devient intéressant pour TAE : leur nouveau partenaire en affaires a la mainmise sur les politiques énergétiques nationales.
Un nouveau "Bureau de la fusion" gouvernemental
"Le principal atout de Trump Media, c’est que Trump est président", résume Peter Schiff, analyste financier et économiste en chef d’Euro Pacific Asset Management, dans les colonnes du Wall Street Journal. Face à la demande croissante d’énergie pour alimenter l’intelligence artificielle, l’administration Trump a dévoilé son projet de développer la fusion nucléaire. Le 23 mai dernier, le président des Etats-Unis annonçait quatre décrets visant à "redynamiser l’industrie nucléaire américaine". L’une de ces mesures : dix nouveaux grands réacteurs, dotés de conceptions complètes, en construction d’ici 2030.
A la suite de ces déclaration, le ministère de l’énergie s’est attelé à une réorganisation interne qui a donné lieu à la suppression de deux importants bureaux dédiés aux énergies dites "propres". L’objectif : faire de la place pour accueillir le nouveau "Bureau de la fusion". Pour atteindre son objectif, la Trump Media and Technology Group injectera jusqu’à 300 millions de dollars dans TAE. L’objectif : permettre à son nouveau partenaire de produire un premier prototype de réacteur à fusion commercial dès 2026 pour viser une exploitation d’ici à 2031.
La fusion nucléaire "permettra de réduire les prix de l’énergie, d’augmenter la génération d’électricité, d’assurer la suprématie américaine en matière d’intelligence artificielle, de relancer notre base manufacturière et de renforcer la défense nationale", s’est félicité Devin Nunes, patron de la TMTG et ancien parlementaire républicain.
De retour sur l’avant de la scène
Cet accord avec TAE fait aussi figure de prise de guerre pour Donald Trump, scellant la fin de sa mise à l’écart sur la scène commerciale. Car la TMTG avait vu le jour dans des circonstances pour le moins atypiques. En 2021, Donald Trump, exerçant alors son premier mandat à la présidence des Etats-Unis, avait été banni de Twitter, conséquence de la tentative de coup d’Etat au Capitole qu’il avait instiguée sur la plateforme. En réponse, le président redevenu homme d’affaires a lancé sa plateforme Truth Social en février 2022, hébergée par sa maison-mère créée pour l'occasion : TMTG. Dans ce contexte, l’entreprise ne s’était pas attiré les faveurs de la bourse comme le rappelle le Wall Street Journal. Malgré des fluctuations rythmées par la cote de popularité du président, la firme a continuellement perdu de l’argent depuis sa création.
Une époque qui pourrait bientôt être révolue. TAE compte parmi ses investisseurs un palmarès des plus grandes entreprises américaines dont Alphabet, Chevron, et Goldman Sachs.Dans les heures qui ont suivi de l’annonce de la fusion avec TAE, l’action de TMTG s’est envolée de 40 %. De quoi réconcilier l’empire financier Trump avec Wall Street.
Dans la bataille économique et technologique qui oppose la Chine aux Etats-Unis, quelle est la place de l’Europe ? Si les Etats-Unis restent le grand allié du Vieux Continent, de plus en plus d’Européens s’ouvrent à la Chine, notamment face aux attaques protectionnistes de l’Amérique de Trump.
C’est ce que suggère un rapport de l’université espagnole IE University, European Tech Insights 2025. Cette publication annuelle vise à mieux cerner la position des Européens vis-à-vis des changements technologiques et de leur gouvernance dans le monde. Conduite en octobre 2025, elle repose sur les réponses de 3 000 personnes dans 10 pays européens (dont le Royaume-Uni).
Une ouverture croissante vers la Chine
La part des Européens souhaitant que l’Europe s’aligne avec la Chine plutôt qu’avec les Etats-Unis sur le plan économique et technologique a augmenté de 15 points entre 2023 et 2025. L’étude s’est en effet penchée sur la compétition entre les Etats-Unis et la Chine en termes de "domination économique et technologique", en interrogeant les sondés sur le pays sur lequel ils aimeraient voir l’Europe s’aligner. 71 % des Européens choisissent les Etats-Unis et 29 % la Chine. Ainsi, les Européens "continuent à voir les Etats-Unis comme un allié stratégique mais sont de plus en plus ouverts à la Chine", note le rapport. Mais en 2023, 86 % des Européens choisissaient les Etats-Unis et 14 % la Chine.
Ce changement d’attitude est surtout visible chez les jeunes, la classe d’âge la plus ouverte à la Chine. Près de 40 % des 18-24 ans plaident pour un rapprochement avec la Chine, contre seulement 22,6 % chez les 65 ans et plus. "Le changement d’attitude à l’égard de la Chine ne tient pas tant à la relation de l’UE avec le géant asiatique qu’à l’érosion de la relation transatlantique", analyse Carlos Luca de Tena, directeur exécutif du centre pour la gouvernance du changement au sein de l’IE University, interrogé par le journal espagnol El País.
La méfiance croissante vis-à-vis de l’allié historique de l’Europe se manifeste également dans la réponse qu’elle souhaite apporter aux "menaces de l’administration Trump dans le domaine du commerce et de la technologie", note l’étude. Près de quatre Européens sur dix estiment en effet que le Vieux Continent doit tenir bon et riposter. Et cette fois, les plus âgés sont davantage en faveur d’une confrontation que les plus jeunes. Pour autant, une majorité (58,6 %) souhaite que l’Europe trouve un terrain d’entente avec son allié tandis que seuls 3 % veulent céder et éviter la confrontation avec les Etats-Unis.
Les Espagnols plus hostiles que les Polonais
Mises côte à côte, ces deux tendances vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine prouvent que l’Europe est "de plus en plus confiante et autonome sur la scène mondiale", note le rapport. Et si les Européens voient toujours Washington comme un partenaire, ils sont plus prudents que par le passé.
Parmi les citoyens européens les plus proches des Etats-Unis, les Polonais se démarquent puisqu’ils sont près de 80 % à se ranger de leur côté (contre 69 % des Français). Au contraire, la défiance a largement gagné les Espagnols, qui étaient 80 % à choisir les Etats-Unis en 2023 contre… 47 % en 2025. Pour Carlos Luca de Tena, la position des Espagnols s’explique surtout par le fait que Donald Trump a directement attaqué l’Espagne sur son refus de consacrer 5 % de son PIB à la Défense, comme il l’avait demandé aux membres de l’Otan. L’attrait des Espagnols pour la Chine s’explique également par une tendance de fond, antérieure à l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025. Selon le Secrétariat espagnol au Commerce, cité par El País, les entreprises espagnoles s’intéressent de plus en plus à l’attractivité du marché chinois et à ses offres technologiques. Tout comme la France, l’Espagne cherche désormais à attirer les investissements chinois sur son sol - à condition d’y créer des emplois, un transfert de technologies ou d’y implanter une activité à forte valeur ajoutée.
Les petits cochons se sont montrés plus malins que le grand méchant loup. Traités avec mépris de "porcelets" par Vladimir Poutine à la veille de leur réunion, qualifiés par Donald Trump de "gens qui parlent mais ne décident rien", les dirigeants européens ont pris ce vendredi 19 décembre les décisions qui s’imposaient pour affirmer leur autonomie stratégique et garantir à l’Ukraine les moyens financiers de résister à l’agression russe pendant encore au moins deux ans.
- elle affiche, à destination de Moscou et Washington, sa capacité de décision et donc sa capacité d’influence, à un moment crucial dans les efforts diplomatiques pour obtenir un cessez-le-feu ;
- elle maintient la pression sur la Russie en signalant que son soutien à l’Ukraine est inébranlable ;
- elle rassure les autorités ukrainiennes, qui allaient être à court d’argent au second trimestre 2026, ce qui aurait pu les contraindre à accepter des conditions de paix humiliantes et désastreuses pour elles-mêmes et pour l’Europe entière. "Ensemble, nous défendons l’avenir de notre continent", s’est félicité Volodymyr Zelensky. Car depuis la défection de Donald Trump, qui a cessé toute aide financière à l’Ukraine, l’UE est devenue le principal soutien de Kiev.
Le contribuable européen devra mettre la main à la poche
Le Conseil européen, ce n’est qu’une demi-surprise, a décidé de renoncer à utiliser les avoirs souverains russes gelés dans l’Union. Concrètement, l’argent sera emprunté sur les marchés des capitaux. Il sera prêté gratuitement à l’Ukraine. L’UE prendra à sa charge le paiement des intérêts mais la Hongrie, ainsi que la République tchèque et la Slovaquie, ont obtenu d’être exemptées de ces paiements, en échange de leur ralliement à la proposition.
Au bout du compte, le contribuable européen devra donc mettre la main à la poche, alors que la solution des avoirs russes aurait été gratuite, mais aussi pleine de risques politiques et financiers. L’UE y a renoncé devant l’opposition ferme de la Belgique, qui détient la plus grosse part de ces avoirs, et les réticences d’autres Etats membres, notamment la France, l’Italie et la Hongrie. Principal tenant de l’emploi des dépôts russes, le chancelier allemand Friedrich Merz a fait contre mauvaise fortune bon cœur. "L’impact de la décision sera similaire à celui de la solution que nous avions discutée et qui était clairement trop compliquée" a-t-il reconnu.
Les avoirs de Moscou ne sont pas oubliés pour autant. La question pourrait revenir sur la table au moment où l’Ukraine devra rembourser le prêt. Si, ce qui est probable, Kiev ne reçoit pas d’ici là de réparations pour dommages de guerre de la part de la Russie, alors l’Union européenne se réserve le droit de puiser dans les avoirs pour se rembourser elle-même. En attendant, elle a décidé que ces sommes resteraient gelées.
"Nous avons tenu promesse"
En octobre, l’UE avait promis de couvrir quoi qu’il arrive les besoins financiers de l’Ukraine pour 2026 et 2027. "Nous avons tenu promesse", s’est félicité le président du Conseil, le portugais António Costa. "L’Ukraine ne remboursera cette somme que lorsque la Russie aura payé des réparations". En outre, les sanctions européennes contre Moscou sont prolongées pour 2026 et devraient être renforcées en janvier avec l’adoption d’une vingtième série de mesures. L’objectif, a rappelé Costa, n’est pas de prolonger la guerre mais "de parvenir à une paix juste et durable en Ukraine, et pour cela d’amener Poutine à reconnaître qu’il ne peut pas gagner et qu’il doit venir s’asseoir sérieusement à la table des négociations".
Depuis trois ans, la Russie a conquis un peu plus de 1 % du territoire ukrainien, au prix du sacrifice de plus d’un million de soldats russes tués ou blessés. Avec les territoires capturés précédemment, elle occupe quelque 20 % de l’Ukraine. Mais Poutine réclame plus pour arrêter son agression, et les Etats-Unis, au grand dam de beaucoup de dirigeants européens, ont abondé dans son sens.
Dans ce contexte difficile, l’emprunt n’est peut-être pas une solution idéale mais un prolongement de l’impasse aurait été désastreux. Il aurait condamné l’Ukraine à vivre d’expédients sans plus pouvoir acheter armes et munitions ; il aurait encouragé Poutine à continuer à anticiper l’effondrement de l’Occident ; il aurait donné de nouveaux arguments à tous ceux qui misent sur l’impuissance de l’Europe. Malgré les prédictions des prophètes de malheur, les petits cochons européens ont encore de la ressource.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'entretient avec le président du Conseil européen Antonio Costa pendant un sommet de l'UE à Bruxelles, le 18 décembre 2025
Ce sont de vieux tankers, au pavillon fluctuant et à la propriété peu claire. Des pétroliers clandestins, acquis par la Russie pour transporter et vendre son pétrole à travers le monde et contourner ainsi les sanctions européennes prises à la suite de la guerre en Ukraine. Cette flotte fantôme russe, que les Européens tentent pourtant d’entraver, servirait également Moscou à des fins d’espionnage, selon plusieurs services de renseignement occidentaux.
Selon la chaîne américaine CNN, la présence à bord de ces tankers, depuis plusieurs mois, d’hommes liés aux services secrets et à l’armée russes inquiète les Européens. Plusieurs d’entre eux appartiennent à la société Moran Security, une entreprise privée de sécurité liée à l’armée et aux renseignements russes. Enregistrée en Russie et à Bélize, elle propose ses services dans le domaine de la logistique internationale, de la sécurité maritime ou des renseignements. Moran Security aurait également fourni des services à des milices privées, notamment le groupe paramilitaire Wagner, ajoute CNN, qui cite "plusieurs sources au sein des renseignements". La société dit d’ailleurs recruter des "officiers retraités ou encore en activité" ayant servi dans les forces spéciales. Elle figure sur une liste de sanctions du Trésor américain depuis 2024 pour avoir fourni des "services armés" à des entreprises publiques russes. Et depuis environ six mois, ses hommes sont placés sur plusieurs pétroliers de la flotte fantôme russe et sont souvent les seuls nationaux Russes à bord.
De mystérieux marins russes
La présence de ces hommes parfois armés et liés aux forces russes sur ces bateaux clandestins attire de plus en plus l’attention des Européens au regard de l’armada de bateaux fantômes de la Russie, soit plusieurs centaines. Nombre d’entre eux traversent les eaux européennes, de la mer Baltique à la Manche en passant par la mer du Nord, mais également en mer Noire. Ces hommes pourraient prendre des photos des installations militaires européennes et surtout, ils semblent être chargés de surveiller le reste de l’équipage.
En témoignent les observations des marins danois et suédois, qui voient passer un grand nombre de tankers fantômes le long de la mer Baltique. Certains disent observer la présence à bord de ces bateaux de Russes qui semblent "avoir davantage de pouvoir que le capitaine lui-même", rapporte CNN. Ces membres supplémentaires, ajoutés à la liste d’équipage peu avant le départ du bateau, vont parfois jusqu’à porter des uniformes militaires et photographier certaines zones, notamment des ponts, selon le service de pilotage de l’Etat danois, DanPilot.
Le cas du Boracay arraisonné par la France
Un de ces navires clandestins a récemment attiré l’attention des autorités européennes, et notamment françaises. Il s’agit du Boracay, aussi connu sous le nom de Pushpa, qui figure sur la liste des sanctions européennes pour son appartenance à la flotte fantôme russe. Il bat pavillon du Bénin. Le bateau avait fait les gros titres en France au mois d’octobre en stationnant au large de la Bretagne, avant d’être arraisonné par les autorités françaises. Selon CNN, deux Russes - les seuls de cette nationalité à bord - y ont embarqué le 20 septembre dernier en qualité de "techniciens", mais leur activité à bord du navire demeure floue. L’un d’eux aurait travaillé pour Wagner, selon des sources occidentales. Interrogé par CNN, Alexey Badikov, le PDG de Moran Security, a indiqué "ne pas être en position de confirmer" que ces deux hommes travaillaient pour sa société.
Outre ses nombreux changements de pavillon, le navire a fait l’objet d’une surveillance rapprochée de la part des Européens, qui le soupçonnent d’être impliqué dans des survols de drones au-dessus du Danemark. Le Boracay longeait en effet les côtes danoises lorsque des survols de drones avaient perturbé le trafic de l’aéroport de Copenhague et approché des bases militaires. Le bateau, qui transportait "une importante cargaison de pétrole" de la Russie vers l’Inde, avait finalement été arraisonné par la France. Et ce, en raison "des incohérences présentées par le pétrolier quant à sa nationalité" et son "absence de pavillon", selon le procureur de Brest.
Aucun drone n’avait été trouvé à bord, selon CNN. Badikov, de Moran Security, a opposé quant à lui à la chaîne le fait qu’il serait "complètement fou" de lancer des drones depuis un pétrolier. "C’est techniquement dangereux", a-t-il ajouté. Vladimir Poutine avait par ailleurs qualifié de "piraterie" l’arraisonnement du bateau. "Visiblement, ils cherchaient quelque chose, des marchandises militaires, des drones, ou des choses comme ça. Mais il n’y a rien de ça là-bas", avait-il justifié, ajoutant qu’il ne "[savait] pas dans quelle mesure il est lié à la Russie". De quoi rendre difficile, pour les Européens, de prouver la présence de Russes aux liens étroits avec Moscou à bord de ces bateaux… et leur utilisation à des fins de guerre hybride pour déstabiliser l’Europe.
Le Boracay avait fait les gros titres en France au mois d'octobre en stationnant au large de la Bretagne, avant d'être arraisonné par les autorités françaises.
Les Européens ont décidé vendredi 19 décembre de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, mais sans recours aux avoirs russes faute d'accord sur cette solution inédite. Les dirigeants des 27 Etats membres devaient coûte que coûte trouver une solution durable pour Kiev, qui risquait d'être à court d'argent dès le premier trimestre 2026. Ils s'étaient engagés à assurer l'essentiel du soutien financier et militaire après la fermeture du robinet américain décidée par le président Donald Trump.
"C’est un message décisif pour mettre fin à la guerre, car (Vladimir) Poutine ne fera des concessions que lorsqu'il comprendra que sa guerre ne lui rapportera rien", a assuré le chancelier allemand Friedrich Merz à l'issue de cet accord arraché au milieu de la nuit à Bruxelles. Le dirigeant allemand soutenait pourtant depuis des mois une utilisation des avoirs gelés russes en Europe pour financer ce prêt. Il a quitté Bruxelles sans avoir eu gain de cause, et contraint par ailleurs d'accepter un report de la signature d'un accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur, obtenu par la France et l'Italie.
"Il s'agit d'un soutien important qui renforce véritablement notre résilience", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'était déplacé à Bruxelles pour mieux marteler son message, en remerciant les dirigeants européens. "Il est important que les actifs russes restent immobilisés et que l'Ukraine ait reçu une garantie de sécurité financière pour les années à venir", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Volodymyr Zelensky n'a été que partiellement entendu, après avoir lui aussi plaidé sans relâche pour faire payer la Russie. L'Ukraine reste toutefois assurée d'avoir les fonds nécessaires alors que les combats continuent en dépit d'intenses négociations en cours.
"Il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine"
Faute d'accord sur ce recours aux avoirs de la banque centrale russe, totalement inédit et à haut risque, les 27 se sont ralliés à un emprunt commun. "Nous nous sommes engagés, nous avons tenu promesse", s'est félicité devant la presse le président du Conseil européen Antonio Costa, qui a mené les travaux de ce sommet.
"Garantir 90 milliards d’euros à un autre pays pour les deux prochaines années, je ne crois pas que cela se soit jamais vu dans notre histoire", a jugé la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dont le pays assure la présidence du Conseil de l'UE jusqu'à la fin de l'année. Maintenant, "il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine", a de son côté jugé le président français Emmanuel Macron.
Les besoins de financement de Kiev ont été estimés à 137 milliards d'euros, l'UE s'engageant à prendre en charge les deux tiers, soit 90 milliards d'euros. Le reste devant être assuré par les autres alliés de l'Ukraine, comme la Norvège ou le Canada. Les 27 vont accorder à Kiev un prêt à taux zéro, financé par le budget de l'Union européenne, que l'Ukraine n'aura à rembourser que si la Russie lui paie des réparations, a précisé devant la presse la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. "Après de longues discussions", il est clair que le recours aux avoirs russes "nécessite davantage de travail", avait reconnu dans la nuit de jeudi à vendredi un responsable européen, sous couvert d'anonymat.
Un accord butait depuis des semaines sur la vive réticence de la Belgique, où se trouve l'essentiel de ces avoirs gelés, soit quelque 210 milliards d'euros. L'idée était d'y recourir pour financer un "prêt de réparation" de 90 milliards en faveur de l'Ukraine. Des heures de tractations, entre diplomates puis au niveau des dirigeants européens, réunis jeudi soir en conclave, n'ont pas permis de dégager un compromis.
Accord trouvé à 27 mais une opération qu'à 24
Le Premier ministre belge Bart De Wever avait dès octobre exigé de ses partenaires des garanties quasi illimitées pour parer le risque d'un remboursement anticipé ou de représailles russes. Et si les autres pays de l'UE se sont dit prêts à être solidaires, pas question néanmoins pour eux de signer un chèque en blanc à la Belgique. "Les jeux sont faits, tout le monde est soulagé", a déclaré le chef du gouvernement belge, tout sourire, à l'issue de ce sommet à haut-risque.
L'accord sur l'emprunt a été trouvé à 27 mais l'opération ne se fera qu'à 24, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque - trois pays réticents à soutenir financièrement l'Ukraine - en étant exemptés. Le président américain s'est à nouveau impatienté jeudi, invitant l'Ukraine à "bouger rapidement", avant que la Russie ne "change d'avis".
Les Européens ont décidé vendredi de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros.
Rare sont les authentiques scoops dans une carrière. Journaliste, écrivain et documentariste, Chris Whipple vient d’en publier un retentissant, en recueillant les confidences de Susie Wiles, la cheffe de cabinet de Donald Trump. Au terme de onze interviews secrètes menées depuis près d’un an, Whipple révèle dans Vanity Fair comment cette intime du président décrit la Maison-Blanche : le président américain a une "personnalité d’alcoolique", J. D. Vance est "complotiste depuis une décennie" explique-t-elle tranquillement. Le titre de l’article, "Susie Wiles dit tout", tient bien ses promesses.
Comment Chris Whipple a-t-il conquis la confiance cette femme considérée comme la personne la plus puissante de la Maison-Blanche après Trump ? Quelle a été la réaction du président après la publication de l’article (sidérant) de Vanity Fair ? A ces questions et bien d’autres, Whipple offre des réponses surprenantes. Considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs des cercles du pouvoir à Washington, l’homme en connaît un rayon : en 2017, il avait publié un livre passionnant sur les chefs de cabinet des présidents, The Gatekeepers. De fait, au cours de sa carrière, le journaliste a rencontré tous les prédécesseurs de Susie Wiles alors que les chefs de cabinet de la Maison-Blanche sont les personnes les plus difficiles à approcher. En exclusivité pour L’Express il raconte le "making of" du scoop dont tout le monde parle.
L’Express : Pourquoi Susie Wiles, la cheffe de cabinet de Donald Trump, a-t-elle accepté de se confier à vous?
Chris Whipple : C’est très simple. Susie Wiles estimait que Donald Trump avait été injustement traité par les médias durant son premier mandat. Elle pensait que le président avait été diabolisé par la presse, diffamé. Je crois qu’elle pensait pouvoir obtenir une écoute sérieuse de ma part, notamment du fait que j’ai interviewé tous les chefs de cabinet encore vivants en poste depuis 1968. Nous avons commencé nos conversations en janvier. Nous avons eu onze entretiens étalés sur près d’une année. Elle était vraiment persuadée de pouvoir me convaincre de la justesse de la cause de Trump. Je me suis dit, pourquoi pas, discutons. C’est aussi simple que cela. Il n’y avait aucun agenda caché de part et d’autre, ni aucune manœuvre machiavélique de son côté visant à se positionner vis-à-vis de Donald Trump ou critiquer ses adversaires. Susie pensait simplement pouvoir bénéficier d’un traitement équitable de ma part. Et elle a eu raison.
Le journaliste Chris Whipple, auteur de The Gatekeepers et de l'article retentissant dans Vanity Fair consacré à Susie Wiles, la cheffe de cabinet de la Maison Blanche sous Donald Trump depuis 2025.
Mais ne l’avez-vous pas piégée?
Pas du tout. Je lui ai simplement donné l’occasion de s’exprimer durant une année. C’était une opportunité extraordinaire pour un journaliste comme moi. Car elle est quelqu’un de très discret qui se tient éloignée des caméras. Elle donne rarement des interviews. Là, elle a décidé de le faire, et j’ai été heureux de lui en donner la possibilité.
Est-ce votre livre The Gatekeepers, consacré aux chefs de cabinets de la Maison-Blanche, qui l’a mise en confiance?
Elle ne me l’a pas dit et je suis incapable de lire dans ses pensées. Donc je ne peux pas dire pourquoi elle m’a choisi. Mais oui, elle avait lu mon livre sur les chefs de cabinet de la Maison-Blanche, The Gatekeepers. Elle l’a mentionné à plusieurs reprises comme un ouvrage utile en tant que première femme à occuper ce poste. Par ailleurs, nous connaissions des gens en commun, notamment James Baker [NDLR : le chef de Cabinet de Bush père, âgé de 95 ans] ainsi que d’autres. Donc, oui, je pense que la raison est là.
Quelle est, selon vous, l’information la plus importante que vous ayez obtenue d’elle ?
C’est difficile de choisir, car il y a là une mine d’informations. Mais l’une des révélations extraordinaires, c’est la manière presque détachée dont elle admet que Donald Trump est en campagne pour se venger de ses ennemis politiques. Elle admet quasi naturellement que le président se saisira de toutes les occasions possibles pour pratiquer des représailles. Elle a par exemple reconnu très simplement que les poursuites judiciaires à l’encontre de Letitia James, la procureure générale de New York qui a poursuivi Donald Trump, relevaient de la pure vengeance. C’est le genre de chose qu’aucun responsable américain n’aurait jamais admis à voix haute auparavant. Et cependant, elle semblait penser que c’était une chose entièrement acceptable et que, donc, elle pouvait en parler.
Après la publication de votre scoop, quelle est, selon vous, l’atmosphère générale à la Maison-Blanche ?
Il y a plusieurs choses à dire. Vous avez vu la réaction publique : ils ont fait bloc derrière Susie Wiles, ce qui ne m’a pas du tout surpris. C’est une réaction logique. En matière de gestion de crise, il faut d’abord gérer et limiter les dégâts politiques. Il faut dire, aussi, que personne n’a contesté la moindre affirmation contenue dans mon article de Vanity Fair. Pas une seule citation. Susie Wiles a contesté une seule citation, juste après la parution de l’article. Nous avons aussitôt fait écouter l’enregistrement de l’interview concernée au New York Times. Ça s’est arrêté là. Je ne pense pas qu’ils iront plus loin.
Il y a sans doute de la stupéfaction dans l’entourage de Trump. Beaucoup sont surpris que Susie Wiles ait passé un an à parler à un journaliste, on the record. Je pense qu’ils sont sincèrement surpris, car, à ma connaissance, elle n’a demandé la permission à personne. Je ne suis même pas certain que le président en ait été informé. Or Susie Wiles est la deuxième personne la plus puissante à la Maison-Blanche. Elle a choisi d’avoir ces onze conversations avec moi, probablement sans avoir obtenu le feu vert de quiconque. À mon avis, beaucoup, à la Maison-Blanche, ont le tournis. Ils demandent tous ce qui leur est tombé dessus.
De toute évidence, cela va porter préjudice à Susie Wiles et à la Maison-Blanche, n’est-ce pas ?
Pas forcément. Vis-à-vis du grand public, oui, cet article et ces interviews sont gênants. Car il est stupéfiant qu’au poste qu’elle occupe, la cheffe de cabinet parle aussi ouvertement, et en admettant tant de choses, comme la croisade vengeresse dans laquelle Trump s’est lancée contre ses adversaires – sans même parler des nombreux autres sujets. Au sein de la Maison-Blanche, je pense cependant que Susie Wiles conserve un lien indéfectible avec le président. Elle exerce sur lui une sorte d’effet magique : il lui fait confiance et, surtout, il a besoin d’elle. Cela explique pourquoi personne ne l’a lâchée : au contraire, tout le monde s’est rallié derrière d’elle. Je ne suis pas sûr que, en interne, elle ressorte affaiblie de cette affaire.
Cette interview n’aurait donc pas mis Donald Trump en colère?
Il est tout de même remarquable qu’il se soit empressé de confirmer la chose la plus controversée qu’elle ait dite à son sujet : "Oui, j’ai une personnalité d’alcoolique." Il semble porter cela comme un badge d’honneur, parce que, selon elle, cela signifie qu’il a une confiance en lui démesurée, détachée de la réalité — ce qui est, en effet, la définition d’une personnalité alcoolique. Or Trump l’a immédiatement confirmé. Je trouve fascinant que J.D. Vance ait également confirmé ce qu’elle avait dit à son propos, à savoir qu’il entretenait des théories conspirationnistes depuis une décennie. Il a reconnu cela. C’est absolument fascinant, et révélateur de la mentalité de ceux qui vivent dans cette bulle du pouvoir. Ils pensent que ce qu’ils disent entre eux est acceptable, car ils ne s’adressent qu’à eux-mêmes. Le grand public, lui, est stupéfait par certaines choses qu’il découvre.
Pourquoi le poste de chef de cabinet de la Maison-Blanche est-il si important ?
Pour plusieurs raisons. Le chef de cabinet est le confident du président, son principal conseiller, le responsable de l’exécution de son programme, et surtout, la personne chargée de lui dire les vérités difficiles que personne d’autre n’ose prononcer. C’est un poste fondamental. Avec Susie Wiles, la Maison-Blanche est devenue nettement plus efficace que lors du premier mandat de Trump. A l’époque, le chaos prédominait ; ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’organisation est devenue fluide. Mais la vraie question, au bout du compte, est de savoir si elle peut entrer dans le bureau Ovale et dire à Donald Trump : "Non, vous ne devriez pas faire ceci ou cela, croyez-moi, c’est une erreur, et voici pourquoi." Mais selon ses propres mots, Susie Wiles ne semble pas aller jusque-là.
Quelle différence voyez vous entre Susie Wiles tous ses prédécesseurs ?
D’abord, l’évidence : elle est la première femme à occuper ce poste. Cela marque une étape historique. Aussi, elle a un vrai lien avec le président. Trump l’a investie du pouvoir de parler en son nom. Tout le monde sait que quand elle s’exprime, c’est aussi le président qui parle. Elle dirige la Maison-Blanche de manière efficace. Mais si elle aspire à rejoindre les meilleurs — les James Baker (1992-1993) ou les Leon Panetta (1994-1997) — alors elle doit être capable de dire des vérités difficiles au président. Rien n’indique qu’elle le fasse.
Pensez-vous qu’à travers vous, Susie Wiles ait voulu transmettre à Donald Trump un message?
Non, je ne crois pas. Elle voulait simplement raconter son histoire et pensait plaider la cause du président.
A combien estimez-vous son espérance de vie à la Maison-Blanche ? Sera-t-elle limogée ?
Je ne pense pas. Trump a besoin d’elle. Il a clairement fait savoir, depuis la publication de l’article, qu’il la soutenait. Nous verrons si elle reste en poste après les élections de mi-mandat. Je suis presque certaine qu’elle sera là jusqu’à la fin de 2026. Au-delà, on verra. Demeurera-t-elle en poste jusqu’à la fin du mandat de Trump ? Ce n’est pas exclu.
(L/R) US President Donald Trump speaks with White House Chief of Staff Susie Wiles during an "Invest America" roundtable discussion in the State Dining Room of the White House in Washington, DC on June 9, 2025. (Photo by Brendan SMIALOWSKI / AFP)
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a informé les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne, réunis à Bruxelles, du report à janvier de la signature de l’accord commercial entre l’UE et des pays du Mercosur, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques.
Ursula von der Leyen espérait parapher ce traité de libre-échange samedi, lors du sommet du Mercosur dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle avait besoin au préalable de l’aval d’une majorité qualifiée d’Etats membres à Bruxelles, ce qu’elle n’a pas obtenu en raison en particulier de l’opposition de la France et de l’Italie.
Un échange entre Lula et Meloni
Négocié depuis plus de 25 ans, ce traité de libre-échange permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Argentine, au Brésil, au Paraguay et en Uruguay. Dans le sens inverse, il faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées.
Le président brésilien Lula avait ouvert la voie à ce report quelques heures plus tôt après un échange téléphonique avec la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni qui lui avait demandé de la "patience", assurant que l'Italie soutiendrait l'accord in fine.
Ce délai supplémentaire est un revers pour la Commission européenne, l'Allemagne et l'Espagne qui poussaient pour une signature dans les prochains jours. Le compte n'y est pas pour signer cet accord", avait répété Emmanuel Macron jeudi.
Des affrontements à Bruxelles
Jeudi à Bruxelles, en marge du sommet, des milliers d'agriculteurs sont venus faire entendre leur colère. Pneus en feu, jets de pommes de terre et de projectiles auxquels ont répondu des canons à eau et des tirs de gaz lacrymogènes de la police. La situation a été particulièrement tendue autour des institutions européennes, protégées par un important dispositif policier.
Selon la police bruxelloise, 7 300 personnes, avec une cinquantaine de tracteurs, ont pris part à la manifestation autorisée, principalement dans le calme.
Mais 950 tracteurs supplémentaires s'étaient massés dans le quartier européen, engorgeant plusieurs rues.
Comment inciter la population à faire plus d'enfants ? La Chine a entrepris une vaste série de mesures pour relancer la natalité du pays, en baisse depuis plusieurs années. La dernière en date : à compter du 1ᵉʳ janvier prochain, une mesure, intégrée à une loi fiscale de 2024, entrera en vigueur : la taxation des moyens contraceptifs. Préservatifs et pilules contraceptives seront désormais soumis à un taux de TVA de 13 %. Une nouveauté, car l'ensemble de ces produits ou traitements demeuraient jusque-là exemptés de tout prélèvement de ce genre. Pour Pékin, cette évolution intervient dans la continuité du changement de doctrine du pays quant à la question de la famille.
Une démographie en berne
En effet, pendant plus de 30 ans, entre 1979 et 2015, la Chine a limité le nombre d'enfants à un seul par ménage. Une "politique de l'enfant unique" strictement appliquée, les parents pouvant être poursuivis pénalement pour avoir enfreint la règle. Mais depuis 2016, le pouvoir chinois a lâché du lest en la matière. Deux enfants ont d'abord été autorisés pour chaque famille, avant qu'un troisième soit à son tour permis en 2021. Aujourd'hui, l'État chinois enjoint même dorénavant à fonder une famille. En cause ? La démographie en berne du pays, qui a perdu 1,39 million d'habitants en 2024 par rapport à 2023. Sur cette même année, seuls 9,3 millions de bébés sont nés en Chine, contre 14,7 millions en 2019. En 2023, l'Inde est devenue, au détriment de Pékin, le premier pays du monde en nombre d'habitants (1,426 milliard).
Ces chiffres ont de quoi inquiéter le président chinois, Xi Jinping. Depuis plusieurs années, son gouvernement a mis en œuvre plusieurs dispositions pour pousser la population à donner naissance à davantage d'enfants. Jusqu'à l'âge de trois ans, une allocation spécifique est versée aux parents d'un nouveau-né pour les accompagner dans les premiers mois post-grossesse. Des allègements fiscaux vont également bientôt être appliqués pour les services de garde d'enfants, ou, plus étonnant, les agences matrimoniales. Les prix pour faire un enfant via une fécondation in vitroont par ailleurs été revus à la baisse.
Dans un article consacré au sujet, The Guardian rapporte que certaines régions vont encore plus loin dans cet objectif de relance de la natalité. Certaines femmes expliquent ainsi avoir déjà reçu des coups de fil de la part d'agents gouvernementaux pour les questionner sur leur désir de fonder une famille. Dans la province du Yunnan, d'autres auraient été forcées de communiquer la date de leurs dernières règles auprès des pouvoirs publics locaux, indique le quotidien britannique, se basant sur des informations parues dans la presse chinoise. De façon plus générale, la télévision et les médias contrôlés par le régime du PCC (Parti communiste chinois) encouragent régulièrement les étudiantes à faire des enfants durant leur cursus universitaire – quitte à mettre à mal la suite de leur parcours.
Difficultés économiques et coûts d'éducation
Tandis que sa population vieillit et que l'économie chinoise n'est plus aussi florissante qu'il y a une décennie, Pékin cherche à s'assurer suffisamment de main-d'œuvre pour ses projets futurs. Dans ce contexte, la nouvelle taxe sur les préservatifs et les pilules apparaît avant tout comme un moyen d'entériner la nouvelle orientation adoptée par le pouvoir sur la natalité. "Maintenant que la politique de natalité de la Chine encourage les naissances et ne promeut plus la contraception, il est raisonnable de rétablir la taxation des contraceptifs, souligne, toujours auprès du Guardian, He Yafu, démographe chinois indépendant. "Toutefois, il est peu probable que cette mesure ait un impact significatif sur le taux de fécondité." Aujourd'hui, le coût d'un préservatif est plutôt faible en Chine et ne dépasse parfois pas 0,60 dollar.
D'autres causes peuvent davantage expliquer cette démographie en berne. Les difficultés économiques rencontrées par certains Chinois peuvent par exemple mettre à mal leur projet de fonder une famille. Cet été, le taux de chômage des jeunes a atteint dans le pays un niveau record. Autre facteur contraignant : la Chine constitue aujourd'hui l'un des États les coûteux au monde pour élever sa progéniture. L'an dernier, l'Institut de recherche démographique YuWa de Pékin avait ainsi dévoilé un rapport montrant qu'une famille chinoise devrait dépenser en moyenne plus de 538 000 yuans, soit environ 65 000 dollars, pour éduquer son enfant. Un niveau largement supérieur au PIB annuel par habitant.
Tant de paramètres qui poussent beaucoup de Chinois à rester célibataires – en 2019, leur nombre s'élevait à environ 240 millions au sein des frontières nationales, selon le gouvernement. Conséquence de l'ensemble de ces éléments : outre le recul des naissances, le nombre de mariages a largement diminué l'an dernier en Chine, à hauteur de - 20 %.
Alors que les Vingt-Sept se réunissent ce jeudi 18 décembre à Bruxelles pour tenter de s’entendre sur une utilisation des avoirs russes gelés, le chef du Kremlin a, lui, une feuille de route toute tracée. Au cours d’une allocution devant tout un parterre d’officiels du ministère de la Défense prononcée la veille, Vladimir Poutine n’a pas retenu ses coups contre "les porcelets" européens. Pas plus qu’il n’a affiché de volonté de compromis. "S’ils ne veulent pas d’une discussion de fond, alors la Russie libérera ses terres historiques sur le champ de bataille", a martelé le président russe, réaffirmant une fois de plus ses vieilles antiennes. Quelques jours plus tôt, Volodymyr Zelensky avait rencontré à Berlin les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner pour s’efforcer de trouver un compromis dans les négociations engagées par Washington en vue de mettre fin au conflit.
Au cœur des pourparlers, la délicate question des concessions territoriales, dans un contexte où Poutine exige le retrait des troupes ukrainiennes du Donbass (composé des régions de Donetsk et Louhansk) comme condition préalable à tout cessez-le-feu. Inacceptable pour l’Ukraine, qui plaide, elle, pour un gel de la ligne de front. "Bien sûr, la Russie insiste pour que nous cédions du territoire. Mais nous ne voulons absolument rien céder. C’est pour cela que nous nous battons", a insisté Volodymyr Zelensky le 8 décembre. Et pour cause, au-delà de constituer le bassin de vie de plus de 200 000 Ukrainiens, les 20 % de la région de Donetsk encore sous contrôle de Kiev abritent ses positions parmi les mieux fortifiées du front. "La région concentre d’importantes lignes de défense, abonde Yohann Michel, chercheur à l’Institut d’études de stratégie et défense (IESD). L’Ukraine y a investi de gros moyens depuis 2014 pour bâtir de nombreux bastions défensifs."
"Ceinture de forteresses"
S’étirant sur une cinquantaine de kilomètres, cette zone, désignée comme la "ceinture de forteresses", rassemble au moins quatre grands centres urbains. Dont les villes jumelles de Sloviansk et Kramatorsk, deux cités distantes d’une dizaine de kilomètres qui regroupaient à elles deux plus de 250 000 habitants avant le début de la guerre. Et plus de 100 000 pour celles, plus au sud, de Droujkivka et Kostiantynivka. "La moindre agglomération sert de point défensif et implique un combat urbain dont le taux de létalité est très élevé pour l’agresseur, pointe le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale. Sachant que chacune d’elles est précédée de lignes de défenses composées de tranchées, d’obstacles antichars et d’un réseau de barbelés, qui constitue une forme de no man’s land tel qu’il pouvait exister sur le front lors de la Première Guerre mondiale." En clair, un rempart que Moscou n’a pas la capacité de franchir à court terme.
La difficulté de l’armée russe à faire main basse sur les villes de Pokrovsk et Myrnohrad est révélatrice. Bientôt deux ans après avoir commencé sa marche vers ces deux agglomérations, elle n’est toujours pas parvenue à en achever la prise de contrôle. Et a payé au prix fort chacune de ses avancées. "Les forces russes ont subi de lourdes pertes lors des opérations offensives prolongées sur l’axe de Pokrovsk, contribuant au bilan probable de plus de 250 000 soldats russes tués ou portés disparus (présumés morts) depuis le début de l’invasion", relèvent dans une récente note les renseignements britanniques. A l’aube du quatrième anniversaire du conflit, les pertes russes se chiffreraient au total à près de 1,2 million de personnes, en incluant les blessés.
"La capture du reste du Donbass par la force leur en coûterait probablement des centaines de milliers supplémentaires, jauge le général Pellistrandi. Et demanderait a minima encore plusieurs années d’efforts." L’offrir sur un plateau dans le cadre des négociations serait une occasion inespérée pour le Kremlin d’arracher par la voie diplomatique ce qu’il échoue pour l’heure à obtenir par les armes. En plus de priver l’Ukraine d’un atout crucial en cas de nouvelle offensive à l’avenir. "La nature du terrain aux frontières du Donbass rendrait la défense plus difficile, confirme Yohann Michel de l’IESD. La géographie laisse place à des plaines agricoles beaucoup plus ouvertes, qui se prêtent moins bien à la mise en place d’un solide réseau défensif." Et ouvrent la route vers d’autres villes clés comme Kharkiv, au nord, ou Dnipro, à l’ouest.
Précédent historique funeste
Pas de quoi rassurer la partie ukrainienne alors que, comme il l’a rappelé ce mercredi à Moscou, le chef du Kremlin ne semble absolument pas prêt à renoncer à ses ambitions expansionnistes. Un tel abandon des terres ukrainiennes ne serait de facto pas sans rappeler un funeste précédent historique. "La cession de la région des Sudètes à Hitler en 1938 dans le cadre des accords de Munich a privé la Tchécoslovaquie du vaste système de fortifications qu’elle y avait construit pour se protéger de l’Allemagne nazie", reprend Yohann Michel. En conséquence de quoi le pays s’était retrouvé incapable de se défendre moins d’un an plus tard lorsque - trahissant sa promesse - le Troisième Reich a décidé de relancer les hostilités.
Parmi les autres pistes évoquées en coulisses, celle d’une "zone démilitarisée" ou "DMZ" (acronyme anglais, pour "demilitarized zone"), à la manière de la bande de terre d’une dizaine de kilomètres de large séparant les deux Corées depuis 1953 le long du 38ᵉ parallèle. "Les Ukrainiens auront besoin de garanties de sécurité très solides, jauge le général Pellistrandi. Autrement, il n’est pas assuré que cette zone suffise réellement à empêcher une reprise du conflit." Si les Européens ont évoqué le 15 décembre la création d’une "force multinationale" et "un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu dirigé par les Etats-Unis", l’accord de Moscou reste plus qu’incertain.
De son côté, Washington a suggéré la mise en place d’une "zone économique spéciale" qui verrait les Ukrainiens se retirer de la région de Donetsk. Une perspective qui n’enchante guère les principaux concernés. "Si les troupes d’un camp doivent se retirer et que l’autre camp reste sur place, qu’est-ce qui retiendra ces autres troupes, les Russes ?, a mis en garde Volodymyr Zelensky le 11 décembre. Il n’est pas certain que l’Ukraine y consente." La question reste en effet hautement inflammable politiquement au sein de la population. Selon un sondage du Kyiv International Institute of Sociology publié le 15 décembre, 75 % des Ukrainiens s’opposent à un plan de paix qui inclurait un retrait des troupes du Donbass. Difficile de leur donner tort.
Sur cette photo diffusée par l'agence d'Etat russe Sputnik, le président Vladimir Poutine et le chef d'état-major Valery Gerasimov assistent à une réunion élargie du Conseil du ministère russe de la Défense à Moscou, le 17 décembre 2025.
Ce n’est pas vraiment une surprise. Élu pape en mai par ses pairs cardinaux, Robert Francis Prevost ne faisait déjà pas franchement figure de potentiel allié pour la galaxie Maga ("Make America Great Again"), tout juste de retour au pouvoir à Washington (États-Unis). L’ex-conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, avait même qualifié le nouveau souverain pontife de "pire choix" pour diriger l’Église catholique. Les craintes des conservateurs américains seraient-elles en train de se confirmer ? Devenu Léon XIV, l’actuel pape n’hésite plus à viser – plus ou moins directement – le locataire de la Maison-Blanche et ses choix.
Dernier épisode en date : l’annonce de la nomination par le Vatican, ce jeudi 18 décembre, d’un nouvel archevêque de New York. Ronald Hicks, originaire comme Léon XIV de l’Illinois, va ainsi remplacer Mgr Timothy Dolan, démissionnaire en raison de son âge. En poste depuis 2009, ce dernier se montrait au contraire plutôt clément vis-à-vis de Donald Trump. Membre de la frange conservatrice de l’Église américaine, il avait participé aux deux cérémonies d’investiture du milliardaire républicain, en 2017 et en 2025. Mais cette fois-ci, le profil du nouveau venu se fait bien différent.
Opposé à la politique migratoire de Trump
Plutôt modéré, Ronald Hicks a affiché son soutien à un communiqué de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, publié mi-novembre. L’objectif ? Mettre en cause le tour de vis migratoire organisé par l’administration Trump. Washington s’est en effet fixé l’objectif d’expulser un million de personnes de son territoire sur un an. Les moyens dédiés à la police de l’immigration ont été triplés. "Nous sommes attristés par l’état du débat contemporain et la diabolisation des migrants. […] Nous déplorons que certains immigrants aux États-Unis aient arbitrairement perdu leur statut légal", ont déclaré les évêques dans le document, se disant "opposés à l’expulsion massive et indiscriminée de personnes".
"Profondément ancrée dans notre tradition évangélique d’amour du prochain, cette lettre affirme notre solidarité avec tous nos frères et sœurs et exprime avec clarté et conviction nos préoccupations, notre opposition et nos espoirs", a ajouté Ronald Hicks, en complément de ce document, dans une note publiée sur le site du diocèse de Joliet (Illinois), dont il était jusque-là responsable. Avant d’entrer en fonction dans cette ville de la banlieue de Chicago, le religieux avait aussi réalisé plusieurs missions à l’étranger, notamment au Mexique et au Salvador, pays dans lequel il est resté cinq ans. Une similitude de parcours avec Léon XIV, qui avait lui-même officié comme évêque à Chiclayo (Pérou), de 2015 à 2023.
Léon XIV recherche "l’équilibre" face à Trump
Dans un contexte où le nombre de pratiquants demeure historiquement faible outre-Atlantique, cette nomination revêt pour le Vatican un caractère stratégique essentiel. En effet, le poste d’archevêque de New York constitue l’un des plus influents au sein de l’Église catholique américaine. Toutefois, Ronald Hicks est "légèrement plus à gauche que le cardinal Timothy Dolan, mais en aucun cas un progressiste intransigeant", tempère, auprès de CNN, la journaliste spécialiste du Vatican Elise Allen. Selon elle, le pape "ne recherche ni conservateurs ni progressistes" pour ces fonctions à responsabilité, mais "souhaite des hommes qui partagent ses priorités" et "qui incarnent fondamentalement un équilibre".
Loin des outrances de Donald Trump, Léon XIV cultive pour le moment un style discret. Mais le nouveau pape n’hésite plus à afficher peu à peu ses divergences avec le président américain. Au-delà de la nomination de Ronald Hicks, il s’est montré particulièrement critique à l’égard des mesures déployées par Washington contre les migrants aux États-Unis. En septembre, le souverain pontife a ainsi dénoncé un "traitement inhumain" qui leur était réservé par les autorités américaines. Quelques semaines plus tard, Léon XIV a réitéré de tels propos, jugeant que des personnes immigrées dans le pays faisaient l’objet d’une politique "extrêmement irrespectueuse".
Critiques sur le Venezuela et l’Ukraine
S’il s’inscrit sur ce thème dans le sillage de son prédécesseur François, l’actuel pape se distingue par ses points de vue affirmés sur la politique extérieure menée par Donald Trump. Début décembre, la perspective d’une hypothétique entrée en guerre des États-Unis face au Venezuela avait suscité son inquiétude. "Je crois à nouveau qu’il est préférable de rechercher le dialogue […], en cherchant une autre voie pour parvenir au changement, si tel est le choix des États-Unis", avait-il demandé au président américain.
Les négociations menées par Washington afin de trouver un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie l’ont aussi fait réagir. Léon XIV a publiquement reproché aux dirigeants américains d’avoir tenu un temps à l’écart l’Europe des pourparlers. Dans un entretien accordé à Politico le 10 décembre, Donald Trump avait par exemple attaqué les responsables européens, qu’il juge "faibles". "Les propos tenus récemment au sujet de l’Europe, notamment lors d’interviews, visent, à mon avis, à briser ce qui doit être une alliance très importante aujourd’hui et à l’avenir", a dénoncé Léon XIV. Ce dernier estime donc qu’il n’est "pas réaliste" de ne pas "inclure" les Européens dans ces discussions, puisque "la guerre se déroule en Europe".
Avant même son élection, Léon XIV avait déjà fait l’objet de critiques de nombreuses personnalités liées au Parti républicain. Quelques semaines précédant son accession au Saint-Siège, Robert Francis Prevost avait ainsi relayé une tribune critiquant frontalement le vice-président américain, J.D. Vance. De quoi s’attirer les foudres d’une bonne partie de la frange Maga… mais qui n’avait pas empêché Donald Trump de saluer le premier pape américain de l’histoire, une fois son identité révélée.
Le républicain disait à l’époque avoir "hâte" de rencontrer le souverain pontife. Malgré les critiques à son encontre, un face-à-face est-il toujours d’actualité ? "Bien sûr, je le ferai. Pourquoi pas ?", a-t-il lancé, toujours dans le podcast de Politico. "Je suis sûr que c’est un homme charmant…" Avant de poursuivre, en référence aux informations ayant filtré dans la presse sur la famille de Léon XIV : "Son frère est un homme charmant… Savez-vous que son frère est un fervent partisan de Maga ?"
L’opération avait été baptisée "Narnia". Une enquête conjointe du Washington Post et de la chaîne PBS, publiée mercredi 17 décembre, révèle de nouveau détails sur la campagne d’assassinats ciblés contre des scientifiques nucléaires iraniens, lors de la guerre des douze jours entre Israël et l’Iran, en juin 2025.
L’offensive israélienne, qui a contribué à affaiblir considérablement l’arsenal nucléaire iranien, avait pour but de frapper les infrastructures, mais aussi de détruire les têtes pensantes du programme. "Au total, Israël a déclaré avoir assassiné onze scientifiques nucléaires iraniens de haut rang le 13 juin et les jours suivants", indique les médias américains, qui déplorent également des dizaines de victimes civiles ayant péri dans ces mêmes attaques.
71 civils tués
Parmi les premières victimes figurait Mohammad Mehdi Tehranchi, physicien théoricien et expert en explosifs, visé par des sanctions américaines. Il a été tué dans son appartement du 6e étage d’un immeuble de Téhéran. Le Washington Post et le média d’investigation Bellingcat ont cependant confirmé que dix civils, dont un nourrisson de deux mois, ont aussi été tués dans cette frappe d’une puissance comparable à celle d’une bombe d’environ 225 kilos, qui s’est abattue sur le quartier de Saadat Abad à Téhéran.
Parmi les autres personnes ciblées se trouvaient Fereydoun Abbasi, physicien nucléaire qui a dirigé l’organisation iranienne de l’énergie atomique, également sous le coup de sanctions internationales. Il a été tué lors d’une autre frappe sur Téhéran. Au total, l’enquête révèle qu’au moins 71 victimes civiles sont mortes dans ces frappes, d’après des images satellites, des vidéos géolocalisées, des avis de décès, ou encore des registres funéraires.
Lors de la première salve de frappes, Israël a par exemple ciblé le domicile du scientifique Mohammad Reza Sedighi Saber, à Téhéran. Mais ce dernier était absent, et c’est son fils, âgé de 17 ans, qui a été tué. Par la suite, le 24 juin, dernier jour du conflit, Mohammad Reza Sedighi Saber a finalement été tué chez un proche à Astaneh-ye Ashrafiyeh, à trois cents kilomètres de la capitale. Selon le Phnom Penh Post, quinze civils, dont quatre mineurs, sont morts dans ces frappes qui ont détruit deux maisons, désormais enfouies sous des cratères.
Assassinats revendiqués
Ce n’est pas la première fois que le Mossad tue des scientifiques liés au programme nucléaire en Iran. Mais contrairement aux fois précédentes, Israël n’a pas cherché à nier son implication. Les services de renseignement israéliens expliquent ainsi avoir dressé une liste d’une centaine de scientifiques à abattre, avant de choisir une douzaine de cibles prioritaires.
Au total, l’opération globale contre l’Iran, baptisée "Lion ascendant", a combiné des frappes contre des scientifiques iraniens, des chefs militaires du Corps des gardiens de la révolution, mais aussi des infrastructures nucléaires, au moyen d’avions et de drones israéliens, appuyés par des agents infiltrés en Iran.
L’opération aurait permis de détruire "plus de la moitié des lanceurs de missiles balistiques iraniens et d’anéantir le reste de la défense aérienne du pays", rappelle le Washington Post. L’aviation israélienne a notamment bombardé les centrales électriques et les infrastructures nécessaires au fonctionnement des sites de Natanz et de Fordow, les principaux sites d’enrichissement du pays.
Contrairement aux déclarations de Donald Trump, affirmant que le programme iranien avait été "complètement anéanti", les services américains, israéliens et l’AIEA estiment plutôt que le programme a été retardé de plusieurs années.
"Sabotage de la voie diplomatique"
Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a souligné que "les dégâts étaient très importants", mais tout en rappelant qu’en absence d’accès aux lieux, toute évaluation reste imprécise. L’Iran conserverait 408 kg d’uranium enrichi à 60 %, bien que ce niveau soit en deçà du seuil militaire.
L’enquête révèle également qu’Israël et les Etats-Unis ont volontairement mené une stratégie diplomatique ambiguë, simulant des désaccords entre eux, pendant qu’ils tentaient d’obtenir un accord politique avec l’Iran, mais sans jamais abandonné les préparatifs d’une intervention militaire israélo-américaine. Peu après le rejet de Téhéran des propositions américaines, Donald Trump a ainsi autorisé l’intervention et les frappes américaines.
Une décision qui a anéanti toute possibilité d’accord diplomatique visant à limiter les activités nucléaires de Téhéran et à les placer sous un contrôle international strict, à l’image des accords sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump s’était retiré lors de son premier mandat, en 2018.
Un sommet des dirigeants européens se tient ce jeudi 18 décembre à Bruxelles. Pendant deux jours, les 27 débattront de l’utilisation des avoirs russes gelés pour financer l’effort de guerre en Ukraine. Une échéance cruciale pour Kiev qui, depuis le désengagement financier des Etats-Unis, risque de se retrouver à court de fonds dès le premier trimestre 2026. Pour pallier cette absence - ce à quoi l’Union s’est engagée - les pays membres se disent prêts à en financer les deux tiers, soit 90 milliards d'euros. D’où l’hypothèse des actifs russes, pour éviter un endettement commun.
Une option qui met la majorité des Etats membres d’accord, à l'exception de quelques-uns. Parmi eux, la Belgique qui s’y refuse catégoriquement. En cause : la plus grande partie des fonds, soit quelque 210 milliards d'euros, se trouve aux mains de la société Euroclear, institution financière basée à Bruxelles. Dès novembre, Bart de Wever, le Premier ministre a verbalisé ses craintes de voir les foudres du Kremlin s’abattre sur son pays en cas d’utilisation des avoirs. Un scénario qui a finalement pris forme.
"La Belgique et moi allions le sentir passer pour l’éternité"
Le 2 décembre, le Flamand tirait la sonnette d’alarme : "Qui croit que Poutine va accepter la confiscation des avoirs russes calmement ? Moscou nous a fait savoir qu’en cas de saisie de ses avoirs, la Belgique et moi allions le sentir passer pour l’éternité". Dix jours plus tard, la Russie a officiellement déposé plainte contre Euroclear, exigeant d’être indemnisée à hauteur de 230 milliards de dollars pour l’hypothétique utilisation de ses avoirs que le pays décrit publiquement comme un vol.
Selon les révélations du quotidien britannique The Guardian, les menaces russes se seraient étendues au reste de la classe politique belge. Une offensive que la sécurité intérieure belge attribue aux services de renseignement militaire russes (GRU), bien que son degré d’intensité soit sujet à débat. "Ils ont clairement recours à des tactiques d’intimidation", a protesté un responsable européen dans les colonnes du journal britannique.
"Tu ne veux pas finir comme ça, n’est-ce pas ?"
Quant à la société détentrice, Euroclear, elle a également été ciblée par Moscou. Sa directrice générale, Valérie Urbain, a fait l’objet de plusieurs menaces. Un proche du Kremlin, Olivier Huby, aurait dit à la femme d’affaires "deux amis à moi veulent te voir" et de lui montrer des photos d’officiers des services de renseignement russes, selon les informations du média EUobserver.
Cet incident ne serait pas une première. Courant 2024, Olivier Huby aurait également intimidé un membre du comité exécutif d’Euroclear pour le convaincre de rencontrer des contacts des services de renseignement russes. Début 2025, le membre en question a été impliqué dans un violent incident à l’extérieur d’un bar. Toujours selon les révélations d’EUobserver, Olivier Huby aurait ensuite contacté Valérie Urbain : "Tu ne veux pas finir comme ça, n’est-ce pas ?".
"Choquée", la femme d’affaires a demandé une protection policière pour elle et sa famille, requête refusée, malgré un risque évalué comme élevé par l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace belge (Ocam). Sa protection est depuis assurée par un service de sécurité privé. Malgré ces incidents, l’Union européenne demeure majoritairement favorable à l’utilisation des actifs russes. La question sera scellée jeudi ou vendredi.
Les dirigeants européens se rencontrent ce jeudi 18 décembre lors d'un sommet à haut risque à Bruxelles dont l'issue reste incertaine. Au programme : le financement de l'effort de guerre en Ukraine. Et le temps presse pour trouver une solution à Kiev, qui fait face à l'invasion de son territoire depuis février 2022, et qui sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026, en l'absence d'accord des 27. Face à au soutien européen, Vladimir Poutine a affirmé mercredi que les objectifs de son offensive en Ukraine "seront sans aucun doute atteints".
Après Bruxelles ce jeudi, Volodymyr Zelensky se rendra à Varsovie vendredi pour une première rencontre avec son homologue polonais, le nationaliste Karol Nawrocki, connu pour ses positions critiques vis-à-vis de Kiev. Un rendez-vous sous tension mais indispensable pour deux voisins alliés.
Les infos à retenir
⇒ L'absence de décision sur les avoirs russes, "un gros problème" pour l'Ukraine, dit Volodymyr Zelensky
⇒ Les 27 "ne quitteront" pas le sommet européen sans solution financière pour l'Ukraine, affirme Ursula von der Leyen
⇒ De nouveaux pourparlers américano-ukrainiens auront vendredi et samedi aux Etats-Unis
Un haut responsable ukrainien à Pékin pour des discussions avec des diplomates chinois
Le premier vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Serguiï Kyslytsia est arrivé jeudi 18 décembre en Chine, pays allié de la Russie, pour des discussions avec des diplomates chinois, a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux. Une telle rencontre entre des représentants de Kiev et de Pékin est rare, alors que la Chine est accusée d'aider la Russie dans son offensive à grande échelle en Ukraine lancée en février 2022.
La Chine, l'un des principaux partenaires commerciaux de la Russie, affirme avoir une position neutre dans le conflit en Ukraine, mais elle s'est abstenue de condamner l'agression russe.
L'absence de décision sur les avoirs russes, "un gros problème" pour l'Ukraine, dit Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé jeudi que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants de l'Union européenne ne parviennent pas à un accord sur l'utilisation des avoirs russes gelés pour financer une aide à l'Ukraine.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se rencontrent pour discuter de cette question épineuse alors que le temps presse pour trouver une solution de financement pour l'Ukraine qui fait face à l'invasion russe de son territoire depuis février 2022 et compenser la fin annoncée de l'aide américaine. La Commission européenne veut aider Kiev avec un "prêt de réparation" adossé sur les avoirs russes gelés par les sanctions de l'UE. Mais la Belgique, où se trouve la majorité de ces avoirs, redoute des représailles économiques et juridiques de la part de la Russie et réclame une garantie de responsabilité collective.
"La Russie doit comprendre que nous sommes en position de force", a déclaré Volodymyr Zelensky aux journalistes, estimant qu'un accord sur le financement d'un tel prêt signifierait "que l'Ukraine aura des fonds pour 2026 et 2027". "C'est un signal à la Russie selon lequel l'Ukraine ne s'effondrera pas simplement en raison d'un manque de financement — que ce soit pour les armes, le soutien à la population etc", a ajouté le président ukrainien.
A l'inverse, en l'absence d'accord des 27, l'Ukraine sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a promis jeudi que les dirigeants des Etats membres ne quitteraient pas le sommet sans accord pour financer l'Ukraine.
De nouveaux pourparlers américano-ukrainiens vendredi et samedi aux Etats-Unis
De nouveaux pourparlers entre l'Ukraine et les Etats-Unis auront lieu vendredi et samedi aux Etats-Unis, a annoncé jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans le cadre de discussions sur le plan visant à mettre fin à la guerre avec la Russie. "Vendredi et samedi, notre équipe sera aux Etats-Unis, elle est déjà en route pour les Etats-Unis, et les Américains les y attendent. Je ne sais pas qui d'autre pourrait être présent — peut-être qu'il y aura des Européens", a-t-il déclaré à des journalistes. Il n'a pas précisé la composition de la délégation ukrainienne.
Ce nouveau cycle de pourparlers américano-ukrainiens va se dérouler juste avant une rencontre entre émissaires russes et américains sur la guerre en Ukraine prévue, selon un responsable de la Maison-Blanche, ce week-end en Floride.
La présidence américaine n'a fourni aucun détail sur la composition des délégations russo-américaines. Selon le site Politico, les Etats-Unis seront représentés par l'émissaire pour l'Ukraine Steve Witkoff et le gendre du président Donald Trump Jared Kushner, tandis que la Russie devrait envoyer l'émissaire du Kremlin pour les questions économiques Kirill Dmitriev.
Les 27 "ne quitteront" pas le sommet européen sans solution financière pour l'Ukraine
Les dirigeants de l'Union européenne ne quitteront pas le sommet organisé jeudi à Bruxelles sans accord pour financer l'Ukraine, a déclaré à la presse la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Nous devons trouver une solution aujourd'hui", a affirmé la dirigeante de l'exécutif européen, tout en disant "soutenir totalement les demandes belges que les risques associés au prêt de réparations (un montage qui impliquerait de mobiliser les avoirs russes gelés pour financer un prêt à Kiev, ndlr) soient partagés par nous tous".
En Russie, trois morts dans des attaques de drones visant un port de la mer d'Azov
Une attaque de drones visant la zone portuaire russe de Rostov-sur-le-Don, sur la mer d'Azov a fait trois morts, a indiqué jeudi le gouverneur régional Iouri Slioussar. L'attaque a provoqué un incendie sur un cargo dans le port de la capitale régionale, tuant deux membres d'équipage et en blessant trois, a précisé le responsable sur son compte Telegram. L'incendie a été maîtrisé, selon lui. Dans la localité de Bataïsk, voisine des installations portuaires, un civil est mort et six autres ont été blessés, a-t-il ajouté.
En riposte aux bombardements quotidiens dont son territoire est la cible depuis près de quatre ans, l'Ukraine envoie des dizaines de drones chaque nuit vers le territoire russe, concentrant ses attaques sur les infrastructures énergétiques qui permettent à Moscou de financer son offensive.
Ces dernières semaines, l'Ukraine a revendiqué des attaques de drones navals contre des pétroliers liés à la Russie dans la mer Noire. Elle a aussi attaqué des ports russes, dont celui de Novorossiïsk près duquel un important terminal pétrolier avait été forcé d'interrompre ses activités fin novembre. La Russie bombarde de son côté régulièrement le port ukrainien d'Odessa, où des navires de transport turcs ont été touchés ces derniers jours.
Ces attaques ont poussé le président turc Recep Tayyip Erdogan à mettre en garde la semaine dernière contre la transformation de la mer Noire en "zone de confrontation", alors que la côte nord de son pays fait face à l'Ukraine et à la Crimée.