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Reçu aujourd’hui — 1 décembre 2025 L'Express

Le Danemark, ce "petit pays" devenu un modèle de soutien à l'Ukraine

1 décembre 2025 à 20:00

Avec ses 6 millions d’habitants et un produit intérieur brut de moins de 400 milliards d’euros, le Danemark est un "petit" pays d’Europe. Mais il est grand par la générosité et la constance de son appui à l’Ukraine. Qu’on rapporte l’aide à la population ou à la richesse nationale, aucun autre pays ne débourse autant que le royaume pour épauler la résistance des Ukrainiens. Son soutien militaire cumulé se chiffre à plus de 9 milliards d’euros depuis l’invasion russe de 2022. Par comparaison, selon les données de l’institut d’études allemand KIW qui tient le décompte de toutes les aides versées, la contribution bilatérale de la France arrive péniblement à 6 milliards d’euros…

Le Danemark devance l'Estonie et la Lituanie sur le podium des pays qui ont fourni le plus d'aide en % du PIB et en milliards d'euros.
Le Danemark devance l'Estonie et la Lituanie sur le podium des pays qui ont fourni le plus d'aide en % du PIB et en milliards d'euros.

Pourtant éloignés du champ de bataille, les Danois se sentent pleinement concernés par les combats. Ils ont compris que les petits pays ne peuvent pas survivre libres et prospères dans un monde qui serait livré à la loi de la jungle. Ils savent qu’une défaite de Kiev aurait de lourdes conséquences pour l’autodétermination des peuples de notre continent, pour l’avenir de la démocratie et pour la survie du modèle social dont ils sont si fiers. Le service de renseignements danois est l’un de ceux qui mettent le plus en garde contre la guerre hybride que livre Moscou au mode de vie européen. Et les ambitions prédatrices de Donald Trump sur le Groenland, territoire danois de l’Arctique, ont encore accru la préoccupation des Danois devant l’ensauvagement du monde.

Or, le royaume n’a aucune industrie militaire digne de ce nom ! Mais il n’a pas hésité à céder toute son artillerie (des canons Caesar français) à l’armée ukrainienne. Et ses missiles antinavires de fabrication américaine Harpoon ont fait merveille pour aider les Ukrainiens à défendre leur accès à la mer Noire, artère vitale pour l’exportation de leurs céréales. Les Danois furent encore les premiers à donner à Kiev des avions de combat, en l’occurrence des F-16 américains. Au point que Copenhague a dû renflouer à grands frais son budget de défense pour rééquiper sa propre armée.

Mieux, Copenhague achète des armes directement aux entreprises ukrainiennes pour équiper les unités qui combattent sur le front. Adopté depuis par d’autres alliés (Norvège, Suède, Canada notamment), ce "modèle danois" est efficace, car les armements "made in Ukraine" sont souvent moins coûteux que ceux qui sont produits dans les pays de l’Otan. Un canon automoteur local Bohdana, par exemple, coûte deux fois moins cher qu’un Caesar français et quatre fois moins qu’un Archer suédois.

"Le modèle danois est excellent car il soutient simultanément l’industrie de défense et les forces armées ukrainiennes", observe Mykhailo Samus, directeur du cercle d’études kiévien New Geopolitics Research Network. Copenhague et Kiev ont en outre signé cette année un accord qui permet aux fabricants d’armes ukrainiens d’installer des usines au Danemark, loin des frappes de drones russes. Un rôle pionnier loué par le président Zelensky, qui a souhaité que d’autres pays imitent ces Danois si solidaires.

© AFP

Les drapeaux de l'Ukraine (à gauche) et du Danemark flottent près du bâtiment Eigtveds Pakhus, qui abrite une partie du ministère danois des Affaires étrangères à Copenhague.

Washington annule ses droits de douane sur les produits pharmaceutiques britanniques

1 décembre 2025 à 18:07

Washington a annoncé lundi 1er décembre être parvenu à un accord avec Londres en vue d'annuler les droits de douane appliqués jusqu'ici aux produits pharmaceutiques britanniques, comme à ceux du reste du monde, en échange d'une hausse de 25 % du prix de médicaments au Royaume-Uni.

L'accord vise à s'assurer, selon le gouvernement américain, que "les patients américains ne payent pas leurs médicaments au prix fort pour subventionner la santé dans les autres pays développés", a pointé le représentant de la Maison-Blanche au Commerce (USTR), Jamieson Greer, cité dans le communiqué.

L'augmentation concerne les médicaments dits "innovants"

L'augmentation des prix concernent les nouveaux médicaments considérés comme "innovants" et dans le cadre des achats réalisés par le NHS, le service de santé public au Royaume-Uni. Selon le communiqué de la Maison-Blanche, Londres s'engage par ailleurs à ne pas compenser cette hausse des prix par une baisse de ceux appliqués sur d'autres produits du catalogues des laboratoires pharmaceutiques.

En échange Washington annule donc les droits de douane sur les produits pharmaceutiques provenant du Royaume-Uni, théoriquement appliqués depuis début octobre comme pour ceux du reste du monde, et s'engage à ne pas en mettre en place de nouveaux à l'avenir.

"Les Américains ne devraient pas faire face au prix du médicament le plus élevé au monde pour les médicaments qu’ils ont aidé à financer", a déclaré dans le communiqué le secrétaire à la Santé Robert Kennedy Jr., cet accord avec le Royaume-Uni renforce l’environnement mondial pour les médicaments innovants et apporte un équilibre longtemps attendu au commerce pharmaceutique des États-Unis et du Royaume-Uni".

Les prix des médicaments aux Etats-Unis figurent parmi les plus élevés au monde et dépassent ceux appliqués chez leurs voisins et en Europe. Selon une étude de la Rand Corporation, les Américains payent ainsi en moyenne 2,5 fois plus cher pour les médicaments sur ordonnance que les Français par exemple, un écart que Donald Trump s'était engagé à réduire.

Le président américain a brandi a plusieurs reprises la menace d'une possible surtaxe douanière de 100 % sur tout médicament breveté importé, à moins que les laboratoires ne construisent des sites de production aux Etats-Unis. Plusieurs laboratoires, dont AstraZeneca et Pfizer, ont signé des accords d'investissements aux Etats-Unis en échange d'un moratoire sur leurs produits importés, le temps que leurs investissements se matérialisent.

Annoncés fin septembre, les droits de douane sur les produits pharmaceutiques sont entrés en vigueur en octobre et doivent progressivement atteindre 100 %. Ils ont cependant été mis en pause dans la foulée, afin de permettre la poursuite des négociations avec les laboratoires et les autres pays. Ceux provenant de certaines régions ou pays, comme l'Union européenne (UE) ne sont cependant pas concernés, l'accord commercial entre Bruxelles et Washington prévoyant que les produits européens ne peuvent pas être taxés au-delà de 15 %.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer lors de la signature de l'accord de coopération technologique à Chequers, en Angleterre, lors de la visite d'Etat de Trump le 18 septembre 2025

En Ukraine, la première unité de drones entièrement féminine rejoint le combat contre la Russie

1 décembre 2025 à 16:50

Quatre ans après l’invasion russe en Ukraine, les femmes sont de plus en plus visibles sur la ligne de front face aux Russes. Depuis le début de l’année 2025, plus de 70 000 femmes se sont enrôlées dans l’armée ukrainienne, en hausse de 20 % depuis 2022, dont 5 500 directement sur le front.

Et depuis l’été, il existe même une unité entièrement composée de femmes, sans hommes, rapporte un long reportage du journal The Washington Post. Il s’agit d’une unité composée de quatre femmes qui "conduisent leur propre véhicule, transportent leur propre équipement, fabriquent leurs propres explosifs et lancent des drones armés le long du front sud-est", précise le journal dont les propos sont étayés par des photos.

Une première

A travers des portraits photo dans les tranchées, vêtues du treillis militaire ou dans leur appartement exigu, habillées en civil, près des zones de combat dans la région de Zaporijjia, le journal américain raconte le quotidien de ces jeunes femmes aux parcours très différents. Daria, 35 ans, ancienne commerciale pour des produits pour bébé dirige ainsi cette équipe féminine composée de quatre autres jeunes femmes : Oleksandra, 24 ans originaire de Kiev et étudiante en art en Suisse ; Tetiana, 22 ans diplômée de journalisme, Viktoriia, 26 ans comptable de la région de l’ouest de Tchernivtsi et Maryna, 23 ans, gymnaste aérienne originaire de Dnipro.

"J’ai décidé de ne pas être une victime, mais d’être un prédateur", déclare auprès du Washington Post Daria, l’ancienne commerciale désormais à la tête de l’unité de dronistes féminines. Avant de former cette unité féminine, les cinq femmes ont d’abord été déployées dans des unités de genre mixte. Mais selon leurs témoignages, beaucoup d’hommes ne supportaient pas d’avoir une femme sur le front. C’est en observant cela, que le chef de l’unité spéciale de drones de la garde nationale, appelée Typhoon, le commandant du Mykhailo Kmytiuk, a compris que le talent de ces jeunes femmes ne prospérait pas comme il devrait. C’est comme ça qu’est née l’idée de la brigade féminine. Une brigade dont l’objectif était de leur donner un espace pour enfin se concentrer sur leur travail, et non sur leur différence de genre.

Rôles évolutifs

Au début de la guerre, lors de la première invasion de la Russie en Ukraine, en Crimée en 2014, une telle unité aurait été inimaginable. Et pour cause : les femmes avaient officiellement été interdites de rôles de combat, l’armée leur attribuant systématiquement des postes de médecins et de cuisinières, ou en tant que travailleuses de bureau. "Absolument toutes les femmes qui voulaient aller au front rencontraient des problèmes, rappelle Olena Bilozerska, ancienne journaliste ayant combattu dans le Donbass au sein d’une unité de volontaires auprès du journal Les Échos. Dans l’armée régulière, elles étaient cantonnées à des postes non-combattants, même lorsqu’elles servaient en réalité comme snipers ou mitrailleuses".

Pour changer de paradigme, des réformes ont été entamées en 2016 concernant le rôle des femmes dans la guerre. Et c’est en 2022, l’année où la Russie a lancé son invasion à grande échelle, que l’Ukraine a levé toutes les restrictions qui avaient empêché les femmes d’occuper les mêmes rôles d’officiers militaires que les hommes. Désormais, en plus de pouvoir combattre comme les hommes, les femmes ont aussi les portes ouvertes pour intégrer des unités de prestige comme celles des drones. Les drones, considérés comme l’arme la plus efficace dans cette guerre, sont devenus indispensables sur le front. Alors, tous ceux qui savent les piloter, hommes ou femmes, semblent indispensables. L’entrée des femmes dans une telle spécialité illustre à la fois l’adaptation de l’armée ukrainienne aux réalités technologiques de la guerre moderne, et une intégration plus affirmée, soulignait au mois de septembre le journal Les Échos qui relatait déjà l’apparition de la brigade. "Nous ne gagnerons pas cette guerre sans femmes", conclut la commandante de l’unité de dronistes, Daria auprès du Washington Post.

© afp.com/Genya SAVILOV

Un drone de l'armée ukrainienne pendant un vol d'entraînement dans l'est de l'Ukraine, le 12 août 2025

Taxation des riches : la Suisse, cette exception qui ne devrait pas en être une

1 décembre 2025 à 14:03

"Taxons les riches !" Le slogan démagogique rebondit à travers l’Europe. La gauche française en rêve, la gauche britannique le fait : le budget que vient de présenter à Londres la chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, prévoit plus d’impôts sur les entreprises et les propriétaires, plus de dépenses sociales, plus de dettes. En deux ans, le gouvernement travailliste le plus à gauche depuis un demi-siècle aura alourdi la pression fiscale de l’équivalent de 75 milliards d’euros et accru les dépenses de 90 milliards d’euros. Le déficit budgétaire dépasse les 5 % du produit intérieur brut et la dette publique, selon le Fonds monétaire international, atteint 103 % du PIB.

Il y a près d’une décennie, les partisans du Brexit avaient vendu aux électeurs la sortie de l’Union européenne comme un moyen de "reprendre le contrôle" sur les frontières du pays et de renouer avec l’essor économique dans une Angleterre libérale qui deviendrait une "Singapour-sur-Tamise". L’inverse s’est passé ! L’immigration a atteint un record historique en 2023 ; le poids de l’Etat ne cesse d’enfler ; l’économie est mise sous tutelle.

L’attractivité de la Confédération

L’appel à taxer les riches, en revanche, a échoué en Suisse. Dimanche 30 novembre, la population a repoussé lors d’une votation (référendum), par 78 % des suffrages exprimés, le projet proposé par le parti socialiste d’imposer à 50 % l’héritage des plus fortunés. L’objectif affiché était de financer la lutte contre le réchauffement climatique. Mais la mesure aurait surtout réduit l’attractivité de la Confédération, au moment où la compétition mondiale pour attirer les plus nantis bat son plein : Dubaï, Hongkong ou Singapour, par exemple, leur déroulent le tapis rouge. L’Italie elle aussi a fait venir nombre d’entre eux à Milan en leur proposant des incitations fiscales avantageuses – que le gouvernement de Giorgia Meloni a cependant décidé de réduire l’an prochain.

Comme les Britanniques, les Suisses n’appartiennent pas à l’Union européenne mais leur pays, contrairement au Royaume-Uni, est plutôt bien géré. Leur dette publique nationale ne représente que 37 % du PIB. Et surtout, de votation en votation, les citoyens helvétiques font preuve d’une maturité exemplaire. Eux savent bien que la croissance ne se décrète pas mais qu’elle s’encourage en favorisant la hausse de la productivité, l’innovation ou encore la flexibilité. Ils préfèrent augmenter le gâteau avant de débattre de son partage. Le pays évolue dans un cercle vertueux.

A l’opposé, le gouvernement de Londres a fait fuir des milliers de grandes fortunes en abolissant au printemps dernier le statut fiscal privilégié dont jouissaient ceux qui résidaient au Royaume-Uni mais déclaraient un domicile principal à l’étranger. Son nouveau budget va derechef peser sur la croissance, aggraver le marasme et faire le lit des populistes. Les sondages documentent déjà depuis quelques mois l’attirance des électeurs pour les extrêmes et leurs recettes miracles. Ils placent les nationaux populistes loin devant les Conservateurs à droite et les Verts et leur ligne radicale au coude à coude avec les Travaillistes à gauche. Le cercle vicieux est enclenché.

La victime est la croissance économique

Lors de la grande crise du début des années 2010, les pays les plus affectés étaient périphériques : la Grèce, l’Irlande, le Portugal… Aujourd’hui, les plus vulnérables sont les trois principales puissances européennes, celles qui prétendent orchestrer la résistance de l’Europe face à l’impérialisme de Vladimir Poutine. La France et le Royaume-Uni peinent le plus mais l’Allemagne, bien qu’elle soit plus solide qu’eux, est atteinte en réalité des mêmes maux. L’incapacité à mener des réformes structurelles depuis maintenant plus de vingt ans et les blocages politiques assombrissent l’horizon à Berlin. Comme leurs homologues de Paris ou de Londres, les politiciens allemands préfèrent augmenter les impôts ou accentuer l’endettement plutôt que de tailler dans les dépenses et de toucher à l’Etat providence. La victime est la croissance économique.

Dans ces mêmes trois pays, ce n’est sans doute pas une coïncidence, l’extrême droite piaffe aux portes du pouvoir. Au Royaume-Uni, si des élections avaient lieu aujourd’hui, Nigel Farage et son parti Reform UK les emporteraient sans doute. En France, le Rassemblement national est en tête dans les sondages. A Berlin, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) fait jeu égal, dans certaines enquêtes d’opinion, avec la CDU/CSU du chancelier Merz. Comme quoi le péril politique rime avec la légèreté économique.

© afp.com/Fabrice Coffrini

Le drapeau suisse flotte sur la façade de la banque Credit Suisse, le 8 mai 2014 à Bern

Pourparlers sur l’Ukraine : Roustem Oumerov, un Tatar de Crimée fin négociateur

1 décembre 2025 à 14:00

Toujours vêtu d’un treillis sombre, Roustem Oumerov se trouve au cœur de la machine diplomatique ukrainienne. Depuis l’été 2025, l’ancien ministre de la Défense ukrainien, un homme bedonnant aux cheveux rasés âgé de 43 ans, occupe un poste stratégique : secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense (NSDC), véritable état-major politique de Volodymyr Zelensky. Ces derniers jours, il a remplacé Andriy Yermak à la tête de la délégation ukrainienne lors des discussions exploratoires menées avec Washington, dans l’espoir d’esquisser les contours d’une paix avec Moscou alors que Kiev cherche à consolider ses positions militaires tout en maintenant le soutien de ses alliés. Ce "réformateur pragmatique" comme l’écrit La Libre est devenu l’un des hommes les plus écoutés de Kiev.

Musulman pratiquant, issu de la minorité tatare de Crimée, Roustem Oumerov incarne une trajectoire singulière dans une élite politique dominée par les figures issues de l’Ouest du pays. Sa famille, déportée en Ouzbékistan sous Staline, regagne l’Ukraine à la fin des années 80. Il suit ensuite des études d’économie à Kiev et entame une carrière dans les télécommunications. Il débute en 2004 chez l’opérateur mobile Lifecell, puis cofonde en 2013 un fonds d’investissement, Astem. A ce moment-là, il mêle carrière entrepreneuriale et activisme au sein des instances représentatives des Tatars de Crimée, et devient conseiller du leader historique de la communauté, Mustafa Djemilev.

Puis, son entrée à la Rada (le parlement ukrainien) en 2019, sous l’étiquette du parti réformiste Holos (Voix), lui donne une visibilité nationale. Celui qui parle ukrainien, russe, anglais et turc devient l’un des interlocuteurs privilégiés des chancelleries occidentales. Pendant les premières semaines de l’invasion russe, en 2022, Roustem Oumerov a fait partie de la délégation ukrainienne négociant directement avec Moscou, puis a participé aux pourparlers visant, sous l’égide d’Ankara et de l'ONU, à débloquer les exportations céréalières de Kiev via la mer Noire.

Salué pour ces talents de négociateur

Cette même année, Volodymyr Zelensky lui confie le Fonds de la propriété d’Etat, au cœur du programme de privatisations. Roustem Oumerov y supervise une vague de ventes d’actifs publics saluée pour sa transparence. De quoi justifier sa nomination, un an plus tard, comme ministre de la Défense. A l’époque, ce Tatar de Crimée devient le premier membre de sa communauté à occuper un poste régalien d’une telle ampleur. Roustem Oumerov promet alors une réorganisation profonde du système d’achats militaires et défend la création d’une agence indépendante alignée sur les standards de l’Otan.

A mesure que ses responsabilités s’accroissent, son rôle diplomatique se renforce. En 2025, il multiplie les déplacements discrets entre Ankara, Washington et Riyad. A l’issue des pourparlers en Arabie saoudite, en mars, un membre de la délégation ukrainienne, Pavlo Palisa, s’était déclaré "très impressionné" par les talents de négociateur de l’ex-ministre. "Son anglais parfait et son charme oriental font des merveilles", a déclaré cet ancien commandant de l’armée très respecté et actuellement chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne.

Cette montée en puissance explique aussi l’attention suscitée par son nom lorsqu’il est entendu fin novembre dans l’enquête anticorruption visant l’opérateur public du nucléaire Energoatom. Roustem Oumerov a été entendu en tant que témoin, sans qu’aucune accusation ne soit formulée à son encontre. Un épisode qui alimente toutefois le doute au sein de la société ukrainienne et pourrait éroder le crédit d’un responsable jusque-là perçu comme l’un des symboles de la réforme. Il intervient aussi à un moment sensible pour Kiev, qui s’efforce de prouver à ses alliés que la transformation de l’État reste possible, tout en continuant la guerre face à la Russie.

© afp.com/Adem ALTAN

Roustem Oumerov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense (NSDC), occupe une place stratégique dans les négociations autour de la paix en Ukraine.

Scandale de corruption en Ukraine : pourquoi le départ d'Andriy Yermak pourrait être une bonne nouvelle

1 décembre 2025 à 12:22

Ce dimanche 30 novembre, en Floride, il n’était pas sur la photo. Rattrapé par les soupçons de corruption qui pèsent sur lui, Andriy Yermak ne mènera plus les négociations, côté ukrainien, pour mettre fin à la guerre contre la Russie. Mais si elle a provoqué un séisme à Kiev comme dans les chancelleries européennes, la démission du puissant directeur de cabinet de Volodymyr Zelensky n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, explique Oleksandr Merejko, député de la majorité : "Cette décision renforcera la confiance des citoyens et de nos partenaires occidentaux", confie-t-il à L’Express.

Nombre des partenaires occidentaux n’appréciaient en effet guère Yermak, accusé d’avoir marginalisé le ministère des Affaires étrangères et écarté son ancien chef, respecté et populaire, Dmytro Kouleba. Arrivé au pouvoir en 2020, sans expérience politique, Andriy Yermak négligeait souvent les règles protocolaires et privilégiait les relations personnelles. Il s’était notamment rapproché du conseiller américain à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, une proximité mal perçue par la future administration Trump, qui le jugeait trop partisan.

Si l’opposition se réjouit de ce départ, certains élus craignent toutefois que Yermak ne continue à tirer les ficelles dans l’ombre. "Son départ ne suffira pas à briser la verticale de corruption. Sans changement de système, il n’y aura pas de transformation en profondeur, seulement un renouvellement de visages", assène le député d'opposition Volodymyr Ariev, du parti de l'ancien président Petro Porochenko, qui plaide pour une refonte totale du pouvoir : "Il faut poursuivre les purges au sein du bureau du président et relancer le gouvernement sur la base d’une coalition, afin qu’il soit composé de professionnels plutôt que de fidèles à la présidence."

Des manifestants ukrainiens brandissent des pancartes anti-corruption visant le président Volodymyr Zelensky, à Kiev le 22 novembre 2025
Des manifestants ukrainiens brandissent des pancartes anti-corruption visant le président Volodymyr Zelensky, à Kiev le 22 novembre 2025

Plusieurs formations d’opposition réclament un cabinet d’union nationale, mais leur faible poids parlementaire les empêche d’imposer un tel exécutif. Mais déjà, cette séquence politique a laissé des traces à la Rada. Suite aux révélations sur le scandale Midas, une poignée de parlementaires du parti au pouvoir (majoritaire) Serviteur du peuple a en effet menacé de démissionner, signe d’un malaise grandissant.

Dans le même temps, certains, au sein du camp présidentiel, y voient une opportunité de rééquilibrer les pouvoirs. "À la lumière des derniers événements, les députés, y compris au sein de la majorité, ont pris conscience de leur influence, se félicite le député Oleksandr Merejko. Ces développements renforceront le rôle du Parlement et donneront aux élus un poids accru dans la prise de décision."

Transition périlleuse

Dans un contexte de pénurie de profils expérimentés, reste, maintenant, à remplacer Yermak. Son emprise s’étendait de la diplomatie à la sécurité et la coordination quotidienne de l’appareil d’État, ce qui rend la transition périlleuse. Plusieurs noms circulent, comme celui de la Première ministre Ioulia Svyrydenko ou du ministre de la Défense, Denys Chmyhal, ce qui impliquerait une recomposition du gouvernement ou la nomination d’une nouvelle figure à ces postes clés - deux entreprises politiquement risquées. D’autres rumeurs évoquaient Oksana Markarova, ancienne ambassadrice d’Ukraine aux États‑Unis, saluée pour sa compétence, mais elle a refusé le poste. Dimanche, Zelensky l’a finalement nommée conseillère chargée de la Reconstruction et de l’Investissement. "Selon certaines sources, le président souhaiterait confier le poste à un militaire", rapporte le politologue Volodymyr Fessenko, qui cite notamment Pavlo Palisa, adjoint du chef de l’administration présidentielle chargé de la politique de défense depuis 2024, un ancien officier discret mais très respecté.

Quel que soit le profil choisi, le remplacement de Yermak devrait changer le cœur du système, et notamment la façon de gouverner de Zelensky, estime Oleksandr Merejko : "Son successeur sera certainement une figure plus technique que politique. À la fin, le processus de décision pourrait devenir plus distribué, et à certains égards, plus démocratique." Et renforcer par là même la confiance des Ukrainiens dans leurs institutions politiques.

© Hans Lucas via AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 3 septembre 2025 à Paris.

Plan de paix pour l’Ukraine : ce deal économique que Donald Trump espère conclure avec la Russie

1 décembre 2025 à 10:53

Officiellement, l’objectif était de trouver une issue à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais derrière le plan de paix américain, un projet en 28 points présenté il y a dix jours et rédigé sans les alliés européens de Kiev, une autre logique apparaît selon le Wall Street Journal : celle d’un deal économique inédit entre Washington et Moscou, au grand dam de l’Europe. Objectif pour le Kremlin : sortir l’économie russe, d’une valeur de 2 000 milliards de dollars, de l’isolement.

Tout a commencé loin des chancelleries, sur les rives de Miami Beach. Le mois dernier, trois hommes se sont réunis dans une villa avec un ordinateur portable : Steve Witkoff, promoteur immobilier devenu l’émissaire de Donald Trump, Kirill Dmitriev, ex-patron du fonds souverain russe et négociateur choisi par Vladimir Poutine, et Jared Kushner, le gendre du président américain. Si ces cadres se voulaient loin du faste de la Maison-Blanche, c’est là que s’est écrit l’essentiel du plan de paix américain.

Pour Kirill Dmitriev, l’idée est simple : transformer l’après-guerre en opportunité économique. En cas d’accord, les entreprises américaines pourraient accéder en priorité aux 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés en Europe, et financer une reconstruction de l’Ukraine menée depuis Washington.

Moscou, un marché à conquérir pour Washington

A plus long terme, plusieurs projets sont évoqués selon le WSJ : exploitation des ressources minières dans l’Arctique, investissements énergétiques et, dans une version plus ambitieuse encore, coopération spatiale entre SpaceX et le secteur spatiale russe - jusqu’à une mission conjointe vers Mars. Un comble quand on sait que les industries spatiales rivales des Etats-Unis et de la Russie s’étaient livrées à une véritable course pendant la Guerre froide.

Selon des responsables occidentaux, repris par le WSJ, le Kremlin travaille depuis des mois à contourner les canaux institutionnels américains pour proposer à l’administration Trump une relecture complète de la relation bilatérale : moins géopolitique, plus commerciale. Autrement dit, que la Russie ne soit considérée non plus comme une menace militaire, mais comme un marché à conquérir - avec un avantage stratégique pour les Etats-Unis sur leurs alliés européens.

"En proposant des contrats de plusieurs milliards de dollars dans le secteur des terres rares et de l’énergie, Moscou pourrait redessiner la carte économique de l’Europe, tout en semant la discorde entre l’Amérique et ses alliés traditionnels", souligne le Wall Street Journal.

Face à Kirill Dmitriev, Steve Witkoff et Jared Kushner ont semblé réceptifs, leur vision rejoignant sans surprise celle de leur président, Donald Trump. Déjà dans les années 80, l’ex-magnat de l’immobilier défendait l’idée que les frontières importaient moins que la capacité à faire des affaires. Il avait proposé de négocier personnellement une fin rapide de la Guerre froide tout en construisant ce qu’il présentait aux diplomates soviétiques comme une "Trump Tower" en face du Kremlin, avec le régime communiste comme partenaire commercial.

"C’est un plan d’affaires"

Lorsqu’une version préliminaire du plan en 28 points a fuité, elle a immédiatement suscité des protestations. Des responsables européens et ukrainiens y ont vu une reprise directe de la position russe, ignorant largement les exigences de Kiev. La Maison-Blanche a tenté de temporiser, affirmant alors qu’aucune décision n’était prise. Mais les doutes persistent. "Ce n’est pas un plan de paix, c’est un plan d’affaires", a tranché Donald Tusk, le Premier ministre polonais.

A noter que plusieurs proches de Vladimir Poutine - des oligarques sanctionnés, issus notamment de Saint-Pétersbourg - auraient envoyé des émissaires frapper discrètement aux portes d’entreprises américaines pour évoquer investissements et exploitation des terres rares. Toujours selon le Wall Street Journal, des discussions existeraient également autour d’un éventuel retour d’Exxon Mobil dans le gigantesque projet gazier de Sakhaline, sous réserve d’un feu vert politique. A croire que Donald Trump espère que la paix pourra rapporter gros.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Vladimir Poutine et Donald Trump espèrent bien tirer profit d'une paix en Ukraine, notamment sur le volet économique.

Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky souhaite des pourparlers avec Donald Trump sur les "questions clé"

1 décembre 2025 à 14:34

Alors que Kiev est confrontée à une progression militaire de Moscou à l’est, et que le pays est secoué par un grave scandale de corruption, des délégations ukrainienne et américaine ont négocié plusieurs heures, dimanche 30 novembre, en Floride. Après ces pourparlers qualifiés de "productifs", le président Donald Trump a affiché son optimisme : "Je pense que la Russie aimerait que cela se termine, et je pense que l’Ukraine, je sais que l’Ukraine aimerait que cela se termine", a-t-il lancé à bord d’Air Force One. Volodymyr Zelensky, de son côté, est reçu ce lundi 1er décembre à l'Elysée par Emmanuel Macron.

Les infos à retenir

⇒ Volodymyr Zelensky souhaite des pourparlers avec Donald Trump sur les "questions clé"

Un plan de paix ne peut être "finalisé" qu'avec l'Ukraine et les Européens "autour de la table", dit Emmanuel Macron

⇒ L’émissaire américain Steve Witkoff rencontrera Vladimir Poutine à Moscou mardi

La Maison-Blanche se dit "très optimiste" sur les chances d'un accord

La Maison-Blanche s'est déclarée lundi "très optimiste" sur les chances de parvenir à un accord visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, alors que les négociations avec Moscou et Kiev s'intensifient. "Je pense que l'administration est très optimiste", a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, ajoutant que Donald Trump et son équipe "ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin".

Volodymyr Zelensky souhaite des pourparlers avec Donald Trump sur les "questions clé"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé lundi souhaiter s'entretenir avec Donald Trup sur les "questions clé" du plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie, les qualfiant d'"assez difficiles".

"Nous espérons une conversation avec le président des Etats-Unis sur les questions clés qui sont assez difficiles", a déclaré Volodymyr Zelesnky lors d'une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron. Selon lui, le sujet "le plus difficile" est celui du sort réservé aux territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui constituent près de 19 % du pays. La Russie revendique l'annexion de quatre régions de l'est et du sud de l'Ukraine qu'elle occupe partiellement. Elle réclame pour cesser les hostilités que les troupes de Kiev se retirent.

Volodymyr Zelensky a aussi prévenu que rien ne devrait permettre à la Russie de considérer son invasion de l'Ukraine comme une récompense. "Pour préparer une véritable sécurité, nous devons également veiller à ce que la Russie elle-même ne perçoive rien qu'elle pourrait considérer comme une récompense pour cette guerre", a déclaré le dirigeant ukrainien qui a aussi accusé la Russie d'intensifier ses frappes de drones et missiles sur son pays pour "briser les Ukrainiens".

"Nous constatons une augmentation des frappes de missiles et de drones. C'est une forte pression, non seulement psychologique mais aussi physique sur notre population, simplement pour briser les Ukrainiens", a-t-il dénoncé, alors que des zones résidentielles et infrastructures subissent des attaques russes quotidiennement.

Un plan de paix ne peut être "finalisé" qu'avec l'Ukraine et les Européens "autour de la table", dit Emmanuel Macron

Un plan de paix entre la Russie et l'Ukraine ne peut être finalisé qu'avec Kiev et les Européens "autour de la table", a déclaré lundi Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse avec son homologue Volodymyr Zelensky à Paris.

"Il n'y a pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé. Sur la question des territoires, il ne peut être finalisé que par le président Zelensky", a déclaré le président français alors que "des médiateurs américains vont se déplacer à Moscou dans les prochaines heures". "Sur la question des actifs gelés, des garanties de sécurité, de l'accession à l'Union européenne, des sanctions européennes, (ce plan) ne peut être finalisé qu'avec les Européens autour de la table. Donc nous sommes encore à une phase préalable", a-t-il ajouté.

Le chef d'Etat a également dit refuser de "donner des leçons" à l'Ukraine, secouée par une affaire de corruption qui éclabousse son gouvernement, estimant que "la vraie dictature" était du côté russe plutôt qu'à Kiev. "Nous sommes très vigilants", "comme on donne de l'argent, comme on soutient un effort de guerre, il est normal qu'on soit exigeant", a déclaré le président français.

"Mais je constate qu'en tout cas, la lutte contre la corruption fonctionne puisqu'il y a des décisions qui sont ouvertes et des décisions aussi politiques qui sont prises", a-t-il ajouté, avant de lancer : "Vous n'avez jamais ce type de décision du côté russe, parce que la vraie dictature est là".

Le chancelier Friedrich Merz refuse une "paix dictée" à l'Ukraine

Les Européens s'opposeront à une "paix dictée" à l'Ukraine, a affirmé lundi le chancelier allemand Friedrich Merz, à la veille de négociations prévues entre l'émissaire américain de Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine.

"Nous suivons une ligne claire : aucune décision concernant l'Ukraine et l'Europe sans les Ukrainiens et sans les Européens, aucune paix dictée dans le dos de l'Ukraine, aucun affaiblissement ou division de l'Union européenne et de l'Otan", a déclaré le dirigeant allemand après une réunion par téléphone avec ses homologues ukrainien, français, britannique et polonais notamment.

Des négociations qui risquent surtout de faire peser toute la pression sur l'Ukraine, selon la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas. "Je crains que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible, car la reddition de l'Ukraine, c'est la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre", a-t-elle déclaré à l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres de la Défense de l'UE.

"Si nous voulons que cette guerre s'arrête, mais qu'elle ne reprenne pas dans quelques années, si nous voulons que cette guerre ne s'étende pas, alors nous devrions mettre toute la pression sur celui qui est l'agresseur, c'est-à-dire la Russie", a-t-elle encore affirmé.

Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron ont eu un échange avec le négociateur américain Steve Witkoff

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue français Emmanuel Macron, réunis lundi à Paris, ont eu un échange avec l'émissaire américain de Donald Trump, Steve Witkoff, et le négociateur ukrainien Roustem Oumerov, qui étaient de leur côté en pleines discussions en Floride, a annoncé l'Elysée.

Les deux chefs d'Etat se sont par ailleurs entretenus "successivement", avec le Premier ministre britannique Keir Starmer et "plusieurs dirigeants européens" d'Allemagne, de Pologne, d'Italie, de Norvège, de Finlande, du Danemark et des Pays-Bas, ainsi qu'avec les présidents des institutions européennes Antonio Costa et Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.

L'émissaire américain Witkoff en discussion avec le négociateur ukrainien en Floride

L'émissaire américain Steve Witkoff mène lundi en Floride des pourparlers avec le négociateur ukrainien Roustem Oumerov, au lendemain de négociations entre leurs délégations sur le plan de Washington visant à mettre fin à la guerre avec la Russie.

"Oumerov et Witkoff sont en réunion à nouveau en ce moment même", ont indiqué à l'AFP des sources au fait du dossier, précisant qu'il "reste encore des questions" à discuter. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit voir Roustem Oumerov mardi en Irlande, tandis que Steve Witkoff est attendu le même jour à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.

L'armée russe réalise en novembre sa plus grosse progression depuis un an

L'armée russe a réalisé en novembre sa plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP). En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022, quand la ligne de front était très mobile.

Fin novembre, l'armée russe occupait 19,3 % du territoire ukrainien. Quelque 7 %, la Crimée et des zones du Donbass, étaient déjà contrôlés par Moscou avant le début de l'invasion russe de février 2022. La superficie des terres conquises comprend les zones contrôlées par la Russie, selon Kiev et des observateurs militaires, ainsi que celles que revendique l'armée de Moscou.

Depuis le début de l'année, la Russie a gagné près de 5 400 km2 de terrain en Ukraine, pas loin de 2 000 km2 de plus que sur la même période l'année précédente. En novembre, la progression russe a pourtant continué de ralentir dans la région de Donetsk, épicentre des combats entre les deux camps et dont la cession par Kiev à Moscou figurait dans le plan originel des États-Unis pour mettre fin à la guerre. Moscou y a gagné quelque 130 km2 le mois dernier, contre plus du double en moyenne sur les autres mois de l'année, dans cette région de l'est de l'Ukraine que le Kremlin contrôle désormais à plus de 81 %.

Là-bas, les troupes de Moscou combattent entre autres actuellement pour la prise de la ville de Pokrovsk, une position clé dont la perte affecterait significativement les défenses et la logistique ukrainiennes. C'est en revanche dans la région de Zaporijjia (sud) que les forces russes ont le plus progressé en novembre avec un gain de 272 km2, autant que sur les quatre mois précédents cumulés, tandis que dans celle de Dnipropetrovsk (centre-est), elles ont grignoté presque 200 km2 de terrain.

L'émissaire américain Steve Witkoff rencontrera Vladimir Poutine mardi après-midi à Moscou

L'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, rencontrera mardi après-midi le président russe Vladimir Poutine à Moscou, afin de poursuivre les discussions autour du plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, a annoncé le Kremlin lundi. "La rencontre avec Witkoff est prévue demain", a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien auquel participait l'AFP. La réunion, a-t-il précisé, aura lieu "en deuxième partie de journée".

Un haut responsable américain avait confirmé dimanche le départ pour la Russie de Steve Witkoff ce lundi.

Quatre morts et 22 blessés dans une frappe de missile russe sur Dnipro

Au moins quatre personnes ont été tuées et 22 autres blessées dans une frappe de missile russe lundi sur Dnipro, grande ville du centre-est de l'Ukraine, selon un nouveau bilan officiel. "Il y a déjà quatre morts à Dnipro" et 22 blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur Vladyslav Gaïvanenko. Un précédent bilan faisant état de trois morts et 15 blessés. L'attaque, survenue autour de 10h30 locales (9h30 heure française), a endommagé une station-service et des entreprises, ont précisé dans un communiqué les services de secours (DSNS).

La Russie multiplie ses frappes sur l'Ukraine en dépit des négociations menées par les Américains dans un effort pour mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine, il y a bientôt quatre ans. Dnipro est une des plus grandes villes d'Ukraine et comptait près d'un million d'habitants avant l'invasion russe à grande échelle lancée en février 2022.

La semaine à venir s'annonce "cruciale", dit Kaja Kallas

La semaine qui s'ouvre s'annonce "cruciale" pour l'Ukraine, a affirmé ce lundi la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, avant le début d'une réunion des ministres de la Défense de l'UE à Bruxelles.

"Cela pourrait être une semaine cruciale pour la diplomatie", a-t-elle affirmé devant la presse. "Nous avons entendu hier que les discussions en Amérique étaient difficiles mais productives. Nous ne connaissons pas encore les résultats, mais je parlerai aujourd'hui au ministre de la défense de l'Ukraine ainsi qu'au ministre des affaires étrangères de l'Ukraine", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur sa confiance dans les Etats-Unis pour arrêter la guerre en Ukraine, Kaja Kallas n'a pas directement répondu, soulignant en revanche l'importance que les Européens soient partie prenante des discussions en cours. "Les Ukrainiens sont seuls" aux réunions organisées aux Etats-Unis, alors que "s'ils étaient avec les Européens, ils seraient certainement beaucoup plus forts. Mais je fais confiance aux Ukrainiens pour se défendre eux-mêmes", a-t-elle affirmé, appelant de nouveau à soutenir l'Ukraine.

Donald Trump optimiste sur un accord Ukraine-Russie, son chef de la diplomatie reste prudent

Donald Trump a estimé dimanche qu’il y avait "de bonnes chances" pour un accord mettant fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine, après des pourparlers entre Washington et Kiev, à l’issue desquels son chef de la diplomatie Marco Rubio est resté bien plus prudent. Qualifiées de "productives" par les deux délégations américaine et ukrainienne, ces négociations menées en Floride autour du plan dévoilé il y a dix jours par les Etats-Unis, mais jugé trop favorable à Moscou les Ukrainiens et les Européens, n’ont pas accouché d’annonce majeure.

"Il reste encore du travail", a averti le secrétaire d’Etat Marco Rubio, après cette rencontre. Une source proche de la délégation ukrainienne a confié à l’AFP que ces discussions n’étaient "pas faciles". Cela n’a pas empêché le président américain d’afficher son optimisme, à bord d’Air Force One. "Je pense que la Russie aimerait que cela se termine, et je pense que l’Ukraine, je sais que l’Ukraine aimerait que cela se termine", a déclaré Donald Trump. De son côté, Rustem Oumerov, le négociateur en chef ukrainien envoyé en Floride, a annoncé sur Facebook qu’il avait fait part au président Zelensky de "progrès substantiels".

Donald Trump a par ailleurs rappelé que Kiev n’était pas en position de force, pointant le vaste scandale de corruption qui a conduit Volodymyr Zelensky à limoger son très influent bras droit, Andriy Yermak. "L’Ukraine a quelques petits problèmes difficiles", a critiqué le républicain. "Il y a une situation de corruption, ce qui n’aide pas".

© AFP

Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à l'Elysée, le 1er décembre 2025.

L’Occident a une responsabilité dans l’impasse à Gaza, par Arié Bensemhoun

1 décembre 2025 à 07:30

Alors que le temps s’égrène dans les ruines de Gaza et que les derniers corps d’otages peinent à être restitués, l’idée même d’une paix durable apparaît plus que jamais comme un mirage. Le Hamas, fidèle à sa logique de guerre sainte jusqu’au-boutiste, refuse son désarmement - préalable pourtant indispensable à la reconstruction du territoire et à la stabilité régionale. L’Occident se donne bonne conscience à coups de résolutions et de communiqués, mais la reprise des combats paraît inévitable tant que le Hamas persiste à violer ses engagements du plan Trump.

L’impasse n’est pas née du seul fanatisme des uns ni de la résistance des autres. Elle est aussi le fruit d’un enchaînement d’erreurs des nations occidentales — singulièrement de l’Europe, France en tête — qui ont perdu le sens des valeurs qu’elles prétendaient défendre et ont, par faiblesse, permis au Hamas de subsister.

Tout a commencé par une faute de perception. Là où Israël a vécu le 7 octobre 2023 comme une blessure existentielle - une razzia pogromiste d’un autre âge - l’Occident a voulu le replacer dans la grammaire obsolète du "conflit israélo-palestinien". Ce réflexe pavlovien a aplati l’histoire, dilué la tragédie et permis au terrorisme de se redéployer sous les habits d’une prétendue "résistance". Les chancelleries occidentales ont refusé de voir que le 7-Octobre n’était pas qu’un nouvel épisode de barbarie palestinienne, mais l’expression d’une guerre métaphysique : celle que le fanatisme islamiste livre à la civilisation.

Cette guerre, dix ans après les attentats de Paris et la vague de djihadisme qui a frappé l’Europe, l’Occident ne la connaît pourtant que trop bien. Mais l’islamisme, faute d’avoir été combattu pour ce qu’il est, a su troquer la kalachnikov pour le prosélytisme, l’entrisme et le "palestinisme", cette idéologie centrée sur la cause palestinienne. Dans toutes les grandes villes du monde libre, des cortèges défilent au cri de "Free Palestine" non plus pour dénoncer une prétendue "occupation" mais pour contester l’existence même de l’État juif. Et tandis que les synagogues de Paris, Londres ou Berlin doivent être placées sous protection, les chancelleries occidentales parlent de "désescalade", refusant de nommer la haine qui s’exprime aussi bien dans leurs rues que dans celles de Gaza, lorsque les corps d’otages y étaient exhibés comme des trophées de guerre.

Au lieu de nommer le mal, on a préféré le contextualiser. Dès le lendemain des massacres, on parlait de "proportionnalité", de "cessez-le-feu". La prudence diplomatique est devenue une morale de substitution. Dans cette symétrie héritée d’un pacifisme sentimental, le Hamas triomphe symboliquement, il se pare du masque de la victime et retourne la compassion mondiale à son profit, tout en orchestrant la souffrance de la population qui l’a élu.

Puis de la faute morale a découlé la faute politique qui a scellé l’impasse. En septembre 2025, dix États occidentaux, menés par la France, ont reconnu un "État de Palestine" sans condition. Ce geste, présenté comme celui de la "justice", comme une offrande à la paix, a été en réalité un renoncement, où l’Occident a consacré la stratégie du chantage et du sang.

Derrière cet humanisme d’apparat, une realpolitik frileuse : préserver le gaz qatari, ménager Riyad, ne pas froisser Ankara. Dans une Europe minée par les tensions communautaires et la montée d’une haine décomplexée des Juifs, la reconnaissance d’un État palestinien a été conçue comme un anesthésiant social, non comme un projet de paix. En consacrant cet État dans le sillage du plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah, l’Occident a envoyé le message le plus dangereux : la violence paie.

Cette faute historique trouve sa logique dans une incompréhension persistante : croire que le conflit israélo-palestinien est territorial. Depuis un siècle, on s’obstine à penser que la paix naîtra d’une ligne tracée sur une carte. Or, les refus des Arabes, puis des Palestiniens, n’ont jamais été géographiques mais ontologiques. Le Hamas, héritier de la collaboration de Mohammed Amine al-Husseini avec les nazis et du rejet arabe de 1947, ne lutte pas pour un État aux côtés d’Israël mais pour un État islamique à sa place. En traitant ce fanatisme comme un nationalisme frustré, l’Occident s’est condamné à proposer des solutions politiques à un mal métaphysique, qui ne pourra être surmonté que par la transformation du regard arabe sur la légitimité du fait juif au Proche-Orient.

Sous la pression des opinions publiques, les gouvernements occidentaux ont abandonné Israël au moment le plus critique de son opération pour détruire le Hamas. Les pauses humanitaires et les cessez-le-feu imposés ont offert au mouvement islamiste le répit nécessaire pour se reconstituer, sans jamais exiger sa reddition. Croyant sauver des vies, l’Occident en a prolongé les souffrances. Ce sont ceux qui se réclament de la paix qui ont, paradoxalement, contribué à la rendre impossible en sortant les terroristes de l’étreinte nécessaire à une résolution définitive du conflit.

En substituant la morale des intentions à la politique des réalités, en plaçant l’émotion au-dessus du discernement, les gouvernements européens ont transformé Gaza en champ d’épreuve de leur propre faillite. Ils ont non seulement validé la stratégie des boucliers humains, mais aussi celle des prises d’otages - avec un Hamas qui séquestre des civils comme gage de sa survie politique, convaincu que l’Occident finira toujours par tordre le bras d’Israël et plaider le compromis au nom d’un humanisme dévoyé.

La faute la plus profonde, enfin, est culturelle : celle d’une civilisation qui ne croit plus en ses propres valeurs, où les nations ne se comportent plus en puissances stratégiques, mais en ONG humanitaires géantes. L’Occident a perdu le courage de nommer l’ennemi, de défendre l’idée qu’une démocratie attaquée a le droit et le devoir de se protéger sans rougir de sa force, lorsque son existence est menacée.

En refusant de penser l’islamisme comme un totalitarisme, il s’est condamné à dialoguer avec l’inhumain. Le Hamas n’est pas un acteur local, c’est une idéologie transnationale, branche palestinienne des Frères musulmans, mue par une théologie de la haine et du martyre. Le traiter comme un interlocuteur raisonnable, c’est réhabiliter le fanatisme sous le masque de la diplomatie. L’islamisme ne négocie pas, il attend. Gaza est devenue le miroir des contradictions occidentales : on y contemple la détresse humaine, mais l’on refuse d’y voir le laboratoire d’une idéologie qui hait tout ce que nous sommes.

En n’établissant aucune condition à la reconnaissance d’un État palestinien, en n’agissant pas pour le démantèlement du Hamas et en délégitimant les opérations israéliennes allant dans ce sens, l’Occident s’est égaré, offrant au mouvement islamiste un répit et un espoir inespéré qui le confortent dans son irrédentisme.

Désormais, comment exiger des terroristes palestiniens qu’ils déposent les armes, alors qu’on vient de les inscrire dans l’ADN d’une nation artificielle à qui l’on a offert, par leur violence, un succès diplomatique historique ? Une fois de plus, l’histoire bégaie, car l’Occident refuse d’apprendre. Une fois de plus, le monde libre cède au chantage de la compassion et trace la route de la prochaine tragédie.

*Arié Bensemhoun est le directeur général d'Elnet France (European Leadership Network), une association vouée au renforcement des liens entre l’Europe et l’Etat d’Israël. Docteur en chirurgie dentaire, il a mené sa carrière dans le secteur privé en tant que conseil en communication stratégique, en affaires publiques et en relations internationales.

© afp.com/Omar AL-QATTAA

Des membres du Hamas et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans la ville de Gaza, lors d'une opération de recherche de corps d'otage, le 2 novembre 2025.
Reçu hier — 30 novembre 2025 L'Express

Israël : Benyamin Netanyahou demande une grâce présidentielle dans son procès pour corruption

30 novembre 2025 à 18:22

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a officiellement demandé une grâce présidentielle dans son procès pour corruption, pour mettre fin, selon lui, aux divisions suscitées dans le pays par ses démêlés judiciaires, fort du soutien de Donald Trump qui avait demandé un tel geste à son homologue israélien. Benjamin Netanyahou, qui nie toute faute dans ces affaires, est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquelles aucun jugement n'a encore été rendu.

Les services du président israélien Isaac Herzog ont annoncé dimanche qu'il avait adressé au président "une demande de grâce exceptionnelle". "Après réception de tous les avis", Isaac Herzog "examinera la requête avec responsabilité et sérieux". Tout en affirmant vouloir mener le procès à terme pour prouver son innocence, le Premier ministre a ensuite justifié cette demande au nom de "l'intérêt public" dans une vidéo diffusée par ses services, mettant en avant les "immenses défis" que le pays doit relever. 

Le président américain, Donald Trump, avait écrit à Isaac Herzog plus tôt ce mois-ci pour lui demander d'accorder une grâce à Benyamin Netanyahou. "La poursuite du procès nous déchire de l'intérieur, suscitant de vives divisions et intensifiant les fractures", a plaidé Benyamin Netanyahou, sur fond de vives divisions politiques entre ses partisans et détracteurs. "Je suis certain (...) que la fin immédiate du procès contribuera grandement à apaiser les tensions et à promouvoir la réconciliation générale" du pays.

"Culpabilité"

Rappelant que son procès avait débuté il y a près de six ans, il a aussi affirmé que témoigner trois fois par semaine était "une exigence impossible à satisfaire". Le ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé soutenir la demande de grâce pour "mettre fin à la déchirure profonde qui accompagne la société israélienne depuis une décennie". Dans l'opposition, les critiques contre cette demande n'ont pas tardé, le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, demandant au président Herzog de ne "pas accorder une grâce à Benyamin Netanyahou sans qu'il ne reconnaisse sa culpabilité, exprime des remords et se retire immédiatement de la vie politique". En septembre, Isaac Herzog avait laissé entendre qu'il pourrait lui accorder une grâce, déclarant dans un entretien à la radio de l'armée que le procès du Premier ministre "pes(ait) lourdement sur la société israélienne".

Benyamin Netanyahou est accusé, ainsi que son épouse, Sara, d'avoir accepté des produits de luxe d'une valeur de plus de 260 000 dollars (environ 225.000 euros), tels que cigares, bijoux et champagne, de la part de milliardaires, en échange de faveurs politiques. Dans deux autres affaires, il est accusé d'avoir tenté de négocier une couverture plus favorable dans deux médias israéliens.

"Accord de plaider-coupable" ?

A 76 ans, il est le Premier ministre israélien ayant passé le plus grand nombre d'années en exercice, avec plus de 18 ans à la tête d'Israël depuis 1996. Il a annoncé qu'il se présenterait aux prochaines élections, qui auront lieu avant la fin de l'année 2026.

Au cours de son mandat actuel, qui a débuté fin 2022, son parti a proposé des réformes judiciaires de grande envergure qui, selon ses détracteurs, visaient à affaiblir les tribunaux. Son projet a déclenché des manifestations massives qui n'ont pris fin qu'après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Selon Eli Salzberger, juriste et professeur de droit, une grâce est donnée à une personne déjà condamnée mais un précédent a eu lieu en 1986 avec le président Chaim Herzog, père de l'actuel président qui avait gracié deux agents du Shin Beth (l'agence israélienne de la sécurité intérieure) avant qu'ils ne soient jugés. S'exprimant lors d'une rencontre en ligne avec des journalistes, Eli Salzberger a précisé que Benyamin Netanyahou n'a pas reconnu sa culpabilité ni demandé pardon, ce qui est en général une condition pour obtenir une grâce présidentielle.

Bien que s'y étant opposé dans le passé, Benyamin Netanyahou "pourrait demander à la justice un accord de plaider-coupable en expliquant que les conditions ont changé" en cas de refus de Isaac Herzog de le gracier, affirme Eli Salzberger, opposant farouche à la réforme judiciaire du gouvernement.

Benyamin Netanyahou est le premier chef de gouvernement en fonction de l'histoire d'Israël à être mis en examen pour corruption. Dans le passé, l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, interrogé par la police dans une présumée affaire de corruption, avait démissionné en 2009 avant d'être jugé et condamné à 27 mois de prison pour fraude.

© afp.com/Jalaa MAREY

Le président américain Donald Trump (G) serre la main du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Knesset, à Jérusalem, le 13 octobre 2025

Gaza : pourquoi la force internationale voulue par Donald Trump n’arrive pas à se constituer

30 novembre 2025 à 16:49

Le plan de l’administration Trump pour Gaza, centré sur la création d’une force internationale de stabilisation, se heurte à un obstacle majeur : trouver des volontaires prêts à s’engager sur le terrain. Alors que Washington multiplie les appels à la coopération, les pays susceptibles de fournir des soldats se montrent de plus en plus hésitants. Les capitales étrangères redoutent notamment que leurs troupes soient contraintes à des confrontations armées avec les Palestiniens.

Une crainte qui pousse plusieurs nations à revoir leurs promesses initiales. Malgré ces difficultés, les responsables américains continuent de tenter de convaincre des pays de rejoindre cette initiative, considérée comme centrale dans la stratégie de paix imaginée par la Maison-Blanche.

Les pays de plus en plus réticents

L’enthousiasme initial de certains États commence à se dissiper. L’Indonésie, qui avait envisagé d’envoyer jusqu’à 20 000 soldats, prévoit désormais un déploiement beaucoup plus limité. Selon des sources proches du dossier à Jakarta, consultées par le Washington Post, un premier contingent d’environ 1 200 militaires pourrait être mobilisé, mais il faudrait près de six mois avant qu’il ne soit pleinement opérationnel. Les responsables indonésiens soulignent que la mission se concentrera sur des activités civiles telles que la santé et la reconstruction, car certains officiers craignent d’être entraînés dans des affrontements armés avec la population locale.

L’Azerbaïdjan, qui avait également accepté de fournir des troupes, conditionne désormais sa participation à la fin complète des hostilités. Dans le monde arabe, aucun pays n’a confirmé sa contribution. Les gouvernements du Golfe, initialement mentionnés comme partenaires possibles, se sont montrés réticents : les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar pourraient soutenir la mission depuis l’extérieur, mais aucun ne prévoit de déployer des soldats sur le terrain. Les inquiétudes portent sur l’absence de cadre clair et sur le risque que la force internationale se retrouve confrontée à des combats avec le Hamas, dont les intentions de désarmement restent ambiguës.

Même les pays désireux de se rapprocher des États-Unis hésitent. L’Italie, par exemple, examine la manière la plus efficace d’apporter son soutien tout en contribuant à définir le mandat et les règles d’engagement.

Des modalités qui restent à préciser

La Force internationale de stabilisation (ISF) constitue le pivot du plan de paix élaboré par l’administration Trump, validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies le 17 novembre dernier. Sa mission : démilitariser Gaza, sécuriser ses frontières et protéger les civils ainsi que les opérations humanitaires. Conçue comme une solution de sécurité durable, cette force devrait intervenir immédiatement, mais ses modalités opérationnelles restent encore à préciser.

Selon des sources proches de l’administration américaine, interviewées par le Washington Post, l’ISF pourrait compter jusqu’à 15 000, voire 20 000 soldats, organisés en trois brigades. Elle s’inscrit dans la deuxième phase de la stratégie Trump, qui prévoit aussi la création d’un "Conseil de paix" supervisé par le président américain, un comité technocratique palestinien chargé de gérer le quotidien de l’enclave, la poursuite du retrait israélien et la démilitarisation du Hamas.

Sur le terrain, des questions subsistent : où seront stationnées les troupes ? Entreront-elles dans les zones encore sous influence du Hamas, ou resteront-elles uniquement dans les secteurs sous contrôle israélien ? L’armée israélienne, malgré l’accord de cessez-le-feu conclu en octobre, continue de contrôler un peu plus de la moitié de Gaza. Des documents internes indonésiens montrent que l’hypothèse de déployer des soldats dans les zones échappant à l’autorité israélienne est à l’étude, mais rien n’indique encore si la force sera chargée de protéger les zones civiles jugées "sûres" dans la partie sous contrôle israélien.

© afp.com/ANGELA WEISS

Les représentants auprès des Nations unies votent lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution américaine concernant le plan de paix pour Gaza, au siège de l’ONU à New York, le 17 novembre 2025.

Budget : les Socialistes mettent la pression sur le bloc central avant leur rencontre avec Sébastien Lecornu lundi

30 novembre 2025 à 16:38

Lundi midi, Sébastien Lecornu recevra les représentants du PS, dans le cadre des nouvelles concertations voulues par Matignon pour élaborer un compromis. Le temps presse : le projet de Budget de la Sécu (PLFSS) revient en séance mardi à l'Assemblée. Le vote en séance sur le PLFSS est prévu le 9 décembre.

Ce texte est retourné dès samedi en commission au Palais-Bourbon, après avoir été largement modifié au Sénat, dominé par la droite et le centre. Revenant notamment sur la suspension de la réforme des retraites concédée par Sébastien Lecornu aux socialistes en échange de sa non-censure.

A l'issue d'un examen express, la commission des Affaires sociales de l'Assemblée a rejeté le texte, signe de la difficulté qui attend le gouvernement en séance. Les socialistes se sont abstenus sur le vote final, tandis que les commissaires Les Républicains (LR) ont voté contre. Et dans le bloc central, les députés Horizons hésiteront en séance entre vote contre et abstention, selon le président de la Commission des affaires sociales Frédéric Valletoux.

16h09

Lecornu veut réformer la communication de l'État, vise 300 millions d'économies en 2026

Sébastien Lecornu entend "réformer structurellement la communication de l’État", visant en 2026 une réduction de 300 millions d'euros par rapport au milliard dépensé en 2024, a-t-on appris dimanche auprès de Matignon, confirmant une information du JDD.

"Dans le prolongement de la circulaire du 4 octobre 2025 relative au moratoire sur les dépenses de communication pour l’année 2025, et d'un état des lieux des dépenses de communication de l’Etat atteignant 1 milliard d’euros en 2024, le Premier ministre décide, sur proposition de la mission +Etat Efficace+, de réformer structurellement la communication de l’Etat au service de l’intérêt général et de renforcer la transparence sur les dépenses de communication", a indiqué Matignon dimanche.

La mission "Etat efficace", confiée en septembre à deux hauts-fonctionnaires, et le Service d'information du gouvernement (SIG) remettront au premier trimestre 2026 à Sébastien Lecornu "un projet de réforme structurelle" sur la communication gouvernementale et de l'Etat. Avec notamment pour commande de penser une "réallocation des ressources au sein d'une unité centralisée", ainsi que le regroupement de structures régionales.

Parallèlement, "de premières évolutions seront mises en œuvre dès le 1er janvier 2026", poursuit Matignon: création d'un "pôle d'expertise évènementielle au service de tous les ministères", "réduction du recours aux prestations externalisées", attribution des crédits sur la base d'un plan de communication annuel par ministère. "Les administrations centrales et déconcentrées auront l’obligation de rendre public le contenu détaillé de leurs dépenses de communication. Ces informations seront consolidées dans un document central annexé au projet loi de finance", ajoute Matignon.

Le Premier ministre donne par ailleurs "instruction en 2026 aux administrations et organismes concernés d’engager une forte réduction de leurs dépenses. Les ministères devront réduire leurs dépenses de communication de 20% par rapport à l’exercice budgétaire de 2024. Pour les opérateurs de l’Etat, cette réduction devra atteindre 40% par rapport à 2024". Avec un objectif lié à l'ensemble de ces mesures de "réduction de 300 millions d'euros par rapport à l'exercice budgétaire 2024".

Sébastien Lecornu avait annoncé fin septembre la suspension jusqu'à la fin de l'année des nouveaux frais de communications des ministères, opérateurs publics et agences de l'Etat, alors évalués à 450 millions d'euros en 2024 avant l'ensemble de revue des dépenses.

11h43

Budget de la sécu : Philippe Juvin (LR) a "très envie" de ne pas le voter

Le rapporteur général du Budget de l’État Philippe Juvin affirme dimanche dans une interview à Radio J qu'il a "très envie", à ce stade, de ne pas voter le budget de la Sécurité sociale dont l'examen commencera en nouvelle lecture mardi à l'Assemblée nationale. "A l'heure où je vous parle (...) j'ai très envie de ne pas voter ce budget de la Sécurité sociale", a déclaré le député (Les Républicains, LR) des Hauts-de-Seine.

Philippe Juvin explique être "très défavorable" à la suspension de la réforme des retraites que le Premier ministre Sébastien Lecornu a concédée aux socialistes en échange de leur non-censure. De plus, "j'ai l'impression que ce n'est pas pour solde de tout compte et que tous les jours il y a une demande nouvelle des socialistes qui arrive", fustige-t-il.

Interrogé sur le budget de l’État, actuellement discuté au Sénat, le député pense que la commission mixte paritaire réunissant sept députés et sénateurs, qui devrait être convoquée après le vote des sénateurs, pourrait être conclusive. Et il encourage fortement, comme il l'a déjà fait auprès du Figaro, le Premier ministre à utiliser l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter le budget. "Je dis au Premier ministre, je dis très, très, très fort à votre antenne, monsieur le Premier ministre, vous avez la possibilité, le droit d'utiliser le 49.3. J'ose dire que, dans la situation où nous sommes, vous n'en avez pas le droit, vous en avez le devoir. Donc utilisez-le", a-t-il dit.

Sébastien Lecornu a renoncé au 49.3 à la demande des socialistes, soucieux de faire vivre le parlementarisme. Mais l'ancien président de la République François Hollande a publiquement remis sur la table mercredi son utilisation, affirmant qu'il "ne faut jamais se priver d'une disposition constitutionnelle". Et le chef des députés Boris Vallaud n'a pas fermé la porte à l'hypothèse, dans une interview au Parisien, samedi, affirmant que cet outil est "dans les mains du Premier ministre". Avantage du 49.3: il permet à un groupe d'opposition de ne pas voter pour un texte mais de se contenter de ne pas censurer le gouvernement. Il permet aussi à l'exécutif de contraindre une majorité indisciplinée.

11h34

Pour Bregeon, "une forme d'incohérence" si le PS ne vote pas le budget de la Sécu

Sans vote positif du PS, le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) "ne passera pas", a déclaré la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. Et "je ne saurai pas expliquer aux Français que les socialistes ne votent pas favorablement pour un projet de finance de la Sécurité sociale qui suspend la réforme des retraites. Il y a une forme d'incohérence derrière que, à mon avis, les Français auraient un peu du mal à comprendre", a déclaré Maud Bregeon dimanche sur LCI. "Il n'y a pas de plan B. (...) Il n'y a pas de loi spéciale possible" sur le budget de la Sécu et "le déficit de la sécurité sociale atteindrait 30 milliards d'euros l'année prochaine", a insisté la porte-parole du gouvernement.

Maud Bregeon a de nouveau exclu que Sébastien Lecornu ait recours à l'article 49.3 de la Constitution, abandonné à la demande des socialistes, mais dont le retour est évoqué à l'Assemblée jusque dans les rangs du PS. "Ca revient pour les parlementaires à fuir leurs responsabilité" qui est de "voter un budget", a-t-elle répondu.

Dans le bloc central, le président de la commission des Affaires sociales Frédéric Valletoux a indiqué samedi que son groupe, Horizons, devrait hésiter entre vote contre et abstention. "Nous, ce qu'on leur dit, c'est qu'on veut avec eux arriver à trouver des compromis qui permettent de maintenir ce déficit (de la Sécurité sociale) sous les 20 milliards d'euros", a déclaré dimanche la porte-parole du gouvernement. "Si le projet de loi de finances de la Sécu n'est pas adopté le 9 décembre prochain, on pourra tous constater l'échec des discussions parlementaires" et "je crois qu'à la fin, on est tous perdants", a-t-elle mis en garde. "Ce sera un budget de compromis qui vise à tenir un an, un an en attendant les élections présidentielles. Voilà, on est tous adultes et capables d'arriver encore une fois à trouver ces compromis-là, dans l'intérêt supérieur du pays", a insisté Maud Bregeon.

01h02

Budget de l'Etat : les sénateurs rejettent la hausse de fiscalité sur deux biocarburants

Les sénateurs ont rejeté samedi soir une disposition du projet de budget de l'Etat qui vise à supprimer les avantages fiscaux accordés à deux biocarburants, le B100 et le E85. Un vote identique à celui des députés. Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 prévoit la suppression du tarif particulier pour le carburant B100 (biogazole à base de colza), surtout utilisé par les transporteurs. Mais aussi, la réduction progressive de l'avantage fiscal pour le carburant E85 (éthanol), produit notamment à partir de betteraves en France.

Les deux mesures ont provoqué une levée de boucliers au sein de la filière, des producteurs de betteraves ou colza aux industriels. La FNSEA, puissant syndicat agricole, en a fait un cheval de bataille.

Lors des débats à l'Assemblée nationale, la mesure avait également été supprimée. Le vote du Sénat, bien qu'identique, ne préjuge pas de l'issue des débats sur cette mesure, car le projet de loi de finances sera examiné jusqu'à mi-décembre au plus tôt au Parlement, entre députés et sénateurs.

23h27

Budget de l'Etat : le Sénat vote pour taxer plus le gaz, et moins l'électricité

Le Sénat a voté samedi pour diminuer les factures des ménages chauffés à l'électricité, compensées par une hausse sur les factures des chauffages au gaz, une proposition accueillie avec bienveillance par le gouvernement dans le cadre de l'examen du budget pour 2026. La droite sénatoriale, majoritaire à la chambre haute, a voulu lancer un message en vue de l'électrification des usages avec cette mesure.

Partant du principe que le prix du gaz est "très bas", le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (Les Républicains), a proposé cette mesure dans le but "d'accompagner à la transition énergétique". Le dispositif, qui agit sur les "accises", c'est-à-dire les taxes sur l'énergie, permettrait de réduire les factures d’électricité de ménages chauffés à l'électricité à hauteur de 11 à 45 euros par an selon les consommations. En contrepartie, la facture annuelle des ménages qui se chauffent au gaz pourrait augmenter de 12 à 80 euros par an (de 1 à 7 euros par mois), selon la commission des Finances du Sénat. La mesure serait sans impact sur les finances publiques, selon la même source.

Le ministre de l'Economie, Roland Lescure, a reconnu que la proposition des sénateurs avait "beaucoup de sens": il y a "une volonté de favoriser la consommation d'électricité qui est à la fois décarbonée et souveraine, au détriment de la consommation de gaz qui est carbonée et non souveraine", a-t-il résumé. Le ministre a rendu un avis de "sagesse", ni pour ni contre, sur cette proposition.

La gauche a vivement protesté. Cette mesure "ne doit en aucun cas se faire au détriment de ceux qui se chauffent au gaz, bien plus souvent par contrainte que par choix réel", s'est inquiété le socialiste Thierry Cozic. Ce vote est loin d'être définitif, car l'examen du projet de budget va se poursuivre jusqu'à la moitié du mois de décembre, au plus tôt.

© Hans Lucas via AFP

De gauche à droite : Frédéric Valletoux, député Horizons et président de la commission des affaires sociales ; Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et de la Solidarité ; Amélie de Montchalin, ministre de l'Action et des Comptes publics, lors du débat public sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026), discussion et vote sur l'article 45 bis, qui adopte la suspension de la réforme des retraites (l'âge de départ à la retraite est gelé à 62 ans et 9 mois), au Palais Bourbon, dans la salle de l'Assemblée nationale française, à Paris, FRANCE, 12 novembre 2025.
De gauche à droite, Frédéric Valletoux, député Horizons, président de la commission des affaires sociales, Jean Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités, Amélie de Montchalin, ministre de l'action et des comptes publics, lors de la séance publique de discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, PLFSS 2026, discussion et vote de l'article 45 bis, qui adopte la suspension de la réforme des retraites (l'âge de départ est gelé à 62 ans et 9 mois), au Palais Bourbon, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale française, à Paris, FRANCE, le 12 novembre 2025. (Photo de Xose Bouzas / Hans Lucas via AFP)

Plan de paix : pour Marco Rubio, les discussions visent à "ouvrir la voie" à une Ukraine souveraine

30 novembre 2025 à 16:19

Des négociateurs ukrainiens vont discuter dimanche aux Etats-Unis du plan américain visant à trouver une issue à la guerre avec la Russie, Kiev étant sous fortes pressions militaire et politique. Ils seront reçus par le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff.

Alors que l'armée russe progresse dans l'est de l'Ukraine, une attaque de drones a fait au moins un mort et 11 blessés dans la nuit de samedi à dimanche près de Kiev. Quelques heures plus tôt, Kiev avait revendiqué l'attaque de deux pétroliers en mer Noire, disant avoir frappé avec des drones navals des navires de la flotte fantôme russe.

Dans ce contexte tendu et trois jours après le que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé son chef de cabinet, Andriï Iermak, accusé de corruption, Emmanuel Macron recevra le président ukrainien de nouveau lundi à Paris.

13h52

Le Kazakhstan accuse l'Ukraine après une attaque contre un terminal pétrolier crucial en Russie

Les autorités du Kazakhstan ont appelé l'Ukraine dimanche à cesser ses frappes contre un terminal pétrolier majeur situé en Russie, endommagé samedi par une attaque de drones navals et crucial pour le transport de pétrole entre l'Asie centrale et l'Europe. Dans un communiqué, la diplomatie kazakhe "proteste contre une nouvelle attaque ciblée contre une infrastructure critique appartenant au Consortium international oléoduc caspien (CPC) Novorossiïsk" en Russie.

"Nous considérons cet incident comme un acte préjudiciable aux relations bilatérales entre le Kazakhstan et l'Ukraine, et attendons de la partie ukrainienne qu'elle prenne des mesures efficaces pour éviter de tels incidents à l'avenir", a déclaré Aïbek Smadiyarov, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité dans ce communiqué.

L'Ukraine n'a pas officiellement commenté cette attaque, qui a, selon le CPC, mis hors d'usage l'une des trois bouées d'amarrage du terminal permettant le chargement en mer des pétroliers.

Le Kazakhstan est allié de la Russie mais maintient une position neutre sur la guerre en Ukraine, dont il appelle régulièrement à respecter la souveraineté. Il s'agit de la quatrième attaque en 2025 touchant le CPC, l'un des oléoducs les plus importants au monde. Environ 80% de la production kazakhe de pétrole transite par cet oléoduc, qui part des champs pétrolifères kazakhs au bord de la mer Caspienne, où opèrent des majors occidentales, puis traverse la Russie avant d'être exporté via la mer Noire principalement en Europe.

01h09

Ukraine : un mort et 11 blessés dans une attaque de drones près de Kiev

Au moins une personne a été tuée et 11 autres, dont un enfant, ont été blessées dans la nuit de samedi à dimanche en Ukraine, dans une attaque de drones attribuée à la Russie près de Kiev, ont annoncé les autorités.

Mykola Kalachnyk, le chef de l'administration militaire de la région de Kiev, a déploré sur Telegram qu'une "attaque de l'ennemi sur Vychhorod ait tué une personne et en ait blessé 11, dont six ont été hospitalisées", évoquant une nouvelle offensive de "drones" russes, comme tout au long de la nuit de vendredi à samedi sur plusieurs quartiers de la capitale ukrainienne.

Ce responsable a précisé que les secouristes étaient en train d'évacuer les habitants d'une tour touchée par les frappes et dans laquelle les pompiers étaient à pied d'oeuvre. "Le nombre de blessés risque de grimper", a prévenu M. Kalachnyk.

Cette attaque attribuée à Moscou fait suite à celles revendiquées par Kiev de drones navals contre une infrastructure pétrolière majeure dans un port russe en mer Noire.

© AFP

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio (à gauche) s'exprime lors d'une réunion avec des responsables ukrainiens dirigée par Rustem Umerov (2e à droite) à Hallandale Beach, en Floride, le 30 novembre 2025. (Photo de CHANDAN KHANNA / AFP)

Immigration : malgré un solde migratoire en baisse, le Royaume-Uni reste persuadé d’être "submergé"

30 novembre 2025 à 12:39

Devant le Parlement britannique, la ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood, est catégorique : selon elle, le pays aurait été bousculé par un afflux de migrants d’une ampleur "déstabilisante". Un phénomène qu’elle juge inédit dans l’histoire récente du Royaume-Uni. Face aux députés, elle a martelé que ses réformes doivent mettre un coup d’arrêt à une dynamique qu’elle estime incontrôlée.

Depuis son arrivée au ministère, Shabana Mahmood multiplie les annonces : restrictions renforcées pour l’immigration légale, conditions plus dures imposées aux demandeurs d’asile, discours alarmistes sur les risques d’attractivité du pays. Un durcissement assumé, alors même que les données sur l’immigration publiées cette semaine racontent une histoire radicalement différente.

Loin de la perception d’un pays submergé par les arrivées, les chiffres montrent une réalité inversée : l’immigration chute à grande vitesse. Le solde migratoire du Royaume-Uni s’est effondré, tombant à un cinquième de son niveau record de 2023. En un an seulement, la migration nette a dégringolé de 649 000 à 204 000 personnes.

898 000 arrivées contre 1,3 million auparavant

Les derniers chiffres officiels confirment une tendance amorcée depuis plus d’un an : le Royaume-Uni attire désormais bien moins qu’autrefois. Selon le rapport publié jeudi 27 novembre par l’Office national des statistiques, la migration nette, c’est-à-dire la différence entre les arrivées et les départs, s’est presque amputée de moitié en 2024. Cette chute brutale doit autant aux règles restrictives imposées dans les derniers mois du gouvernement conservateur qu’à l’évolution générale des mouvements migratoires à l’échelle mondiale.

Sur un an, un peu moins de 898 000 personnes ont posé le pied au Royaume-Uni, contre près de 1,3 million auparavant. Dans le même temps, environ 693 000 individus ont quitté le territoire, dont des ressortissants non-européens et quelque 252 000 Britanniques. Les restrictions introduites avant l’arrivée des travaillistes au pouvoir en 2024 ont pesé lourd : durcissement des conditions d’installation, limitations du regroupement familial pour les étudiants et les travailleurs étrangers, hausse du salaire minimum exigé pour obtenir un visa de travail. Le gouvernement de Keir Starmer n’a pas infléchi cette trajectoire, au contraire : il a rehaussé les exigences financières des visas étudiants et relevé le niveau de qualification demandé dans plusieurs secteurs ouverts à l’immigration professionnelle.

Une opinion publique éloignée de la réalité

Malgré cette baisse historique, une grande partie de la population britannique reste convaincue que le pays n’a jamais accueilli autant d’étrangers. Une étude publiée cette semaine, réalisée par British Future et l’institut Ipsos, et mise en lumière par le New York Times, révèle que plus de la moitié des personnes interrogées pensent que l’immigration a augmenté au cours de l’année écoulée. Et rares sont ceux, à peine 16 %, qui imaginent une diminution prochaine du nombre total de migrants.

Même lorsqu’on leur présente les données officielles, beaucoup persistent à croire que l’immigration progresse : environ un Britannique sur cinq refuse d’admettre la baisse, proportion qui grimpe à un tiers chez les sympathisants de Reform UK, le parti populiste mené par Nigel Farage.

Notamment en cause : le discours politique qui nourrit cette impression d’urgence. Parmi plusieurs politiques, Nigel Farage agite régulièrement le spectre d’un pays au bord du chaos, évoquant une supposée "invasion". De son côté, la conservatrice Kemi Badenoch parle d’une Grande-Bretagne, "agressée" par l’arrivée de bateaux traversant la Manche. Depuis le Brexit, le débat a changé : autrefois tourné vers l’immigration européenne légale, il se concentre désormais sur l’irrégularité, perçue comme la source de tous les désordres.

© afp.com/Oli SCARFF

La ministre de l'Intérieur britannique Shabana Mahmood lors du congrès du parti travailliste, le 29 octobre 2025.
Reçu avant avant-hier L'Express

Guerre en Ukraine : les Américains et Volodymyr Zelensky proches du point de rupture

29 novembre 2025 à 19:22

Les négociateurs ukrainiens qui, ce samedi 29 novembre, volent vers les États-Unis pour discuter avec les Américains du plan de paix, doivent avoir le cœur bien lourd. Leur chef, Andriy Yermak, qui était chargé de mener des négociations probablement très délicates avec la Maison-Blanche, n’est pas avec eux. Et il ne le sera plus jamais. Hier, l’omnipotent chef de cabinet de Volodymyr Zelensky a fait ses cartons, en raison des graves soupçons de corruption qui pèsent sur lui.

Autant dire que l’accueil à Washington risque d’être glacial. "Yermak n’était guère apprécié dans l’entourage de Donald Trump, évoque un diplomate de haut rang, qui l’a souvent vu à l’œuvre dans des 'bilatéraux'. Les rapports avec lui pouvaient être très abrasifs, mais c’était un roc. Les Américains considéraient que c’était lui qui tenait les positions ukrainiennes."

Semaine à haut risque

Sa démission met Volodymyr Zelensky en situation de faiblesse à la veille d’une semaine à haut risque. Selon le Telegraph, Donald Trump serait prêt à reconnaître le contrôle de la Russie sur la Crimée et "d’autres territoires occupés" – expression qui pourrait désigner des oblasts de Donetsk et de Loughansk.

En début de semaine prochaine, ses fidèles émissaires, Steve Witkoff et Jaresh Kushner, devraient apporter la bonne nouvelle au chef du Kremlin. Près de quatre ans après le lancement de son invasion, Poutine pourrait donc voir ses principales exigences satisfaites par "l’ami américain" qui, en dépit de tous les efforts européens pour plaider la cause ukrainienne, n’a jamais dévié de son intime conviction.

"Trump a une vision du monde qui s’est arrêtée à la fin des années 1980, regrette Camille Grand, chercheur et ex-secrétaire général adjoint de l’Otan. Contrairement à Obama, qui qualifiait Moscou de puissance régionale, lui est convaincu que la Russie est une superpuissance et que, par conséquent, elle ne peut pas perdre cette guerre." En outre, "le président américain connaît bien davantage les Russes, qu’il fréquentait déjà à l’époque de Gorbatchev ; en réalité, il n’a aucun respect pour les Ukrainiens, opine de son côté François Heisbourg, ancien diplomate et conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, à Paris. Trump aime les forts et veut passer pour le plus grand faiseur de paix de l’Histoire. Ces simples éléments suffisent à lui dicter son choix stratégique."

Le scandale qui, depuis quelques jours, éclabousse la présidence ukrainienne, n’arrange rien. Au contraire, il risque de braquer un peu plus l’administration "Maga" [NDLR : Make America Great Again] qui, pour une grande part, associe l’Ukraine à un pays corrompu. Et les Républicains ne sont pas les seuls à le penser. "J’ai passé un mois en Ukraine lorsque j’étais sénateur et vice-président. Il y avait une corruption importante. La situation était vraiment difficile", confiait Joe Biden au magazine Time en juin 2024, pour justifier son refus de soutenir l’intégration de Kiev dans l’Otan.

Pression américaine

Que peut-il se passer ces prochains jours ? Il est parfaitement possible que le président américain, pressé de se débarrasser de ce dossier, annonce qu’il est parvenu à se mettre d’accord avec la partie russe. Steve Witkoff en est en tout cas persuadé. "Je pense que nous allons y arriver […] et que le président me laissera beaucoup de marge de manœuvre afin de parvenir à un accord", assurait-il au conseiller diplomatique de Poutine, Iouri Ouchakov, dans une conversation téléphonique révélée par Bloomberg, la semaine dernière.

S’agira-t-il du plan américain, dévoilé le 21 novembre dernier, qui reprenait in extenso les desiderata russes ? Si tel est le cas, il sera très certainement rejeté par Kiev et les Européens, soulevant l’ire d’un Donald Trump qui mettra alors la pression sur ses "alliés" et menacera de couper son aide à l’Ukraine, notamment en matière de renseignements militaires. La balle sera alors dans le camp des Européens. "Encore faudrait-il que ceux-ci s’accordent pour présenter un plan alternatif ! critique Camille Grand. Pour l’instant, ils sont peu clairs sur ce qu’ils veulent faire. Le problème, c’est que les Européens sont davantage dans la réaction à Trump que dans l’action…" Pis, ils se déchirent parfois carrément entre eux – comme sur le sujet des avoirs russes gelés – plutôt que de présenter sous un front uni.

Tous ces sujets seront évoqués lundi, à Paris, lorsque Volodymyr Zelensky sera reçu par Emmanuel Macron. Le président ukrainien exposera sans doute à son homologue français les réformes d’ampleur qu’il vient d’annoncer pour moderniser le "plan ukrainien de défense" et mettre fin à la crise politique qui déchire le pays. Une manière de tenter de rassurer son allié dans ces heures cruciales.

© AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Ankara, le 19 novembre 2025.

Défense européenne : échec des négociations sur la participation britannique à un programme d’aide à l’industrie

29 novembre 2025 à 17:18

C’est un résultat "décevant", si l’on en croit le ministre britannique des relations avec l’Union européenne, Nick Thomas-Symonds. Vendredi 28 novembre, Bruxelles et Londres ont pris acte de l’échec de leurs négociations visant à inclure l’industrie britannique dans le nouveau programme de financement de la défense européenne, dénommé Safe (pour "Security Action for Europe").

Doté d’un budget de 150 milliards d’euros sous forme de prêts, ce programme, qui doit permettre aux Européens de lancer des appels d’offres pour l’achat de matériel militaire "made in Europe", illustre la volonté du vieux continent de se préparer à la menace russe et au risque de désengagement américain, après la série d’incidents d’espionnage, de sabotages et d’intrusions dans l’espace aérien européen attribués à Moscou par les services de renseignement occidentaux.

Des désaccords sur le montant

Les négociations ont principalement achoppé sur des questions d’argent, l’Union européenne réclamant un ticket d’entrée allant jusqu’à 6,5 milliards d’euros pour que Londres puisse bénéficier de ce programme d’aide. Mais les Britanniques, eux, n’offraient qu’environ 70 millions d’euros, selon le Financial Times. "La Commission a commencé avec un chiffre important afin d’obtenir, lors des négociations, une somme d’au moins 2 milliards d’euros. Mais la stratégie a échoué. Londres n’a pas suivi", commente un diplomate européen cité par Le Monde. "Les négociations ont été menées de bonne foi, mais notre position a toujours été claire : nous ne signerons que des accords qui servent l’intérêt national et offrent un bon rapport qualité-prix", a indiqué de son côté Nick Thomas-Symonds, tout en rappelant que les industriels britanniques de la défense pourraient tout de même "participer à des projets dans le cadre de Safe aux conditions applicables aux pays tiers".

"Même si aucun accord n’a pu être trouvé pour l’instant, n’oublions pas que le programme Safe est ouvert par nature. Sans accord, le Royaume-Uni peut toujours participer à des marchés publics européens, mais pas à plus de 35 % dans le cadre de Safe", a cherché aussi a rassuré la Commission européenne dans un communiqué. L’enjeu était d’autant plus important que le Royaume-Uni dispose d’une des industries militaires les plus importantes du continent aux côtés de la France et de l’Allemagne, avec des acteurs comme BAE Systems, Leonardo ou Rolls-Royce.

Des discussions avec le Canada

Mais si l’UE mise gros sur Safe, le programme est loin de représenter l’ensemble des dépenses que prévoient d’engager les Etats membres pour se réarmer. "C’est peut-être 10 % des investissements européens en matière de défense des prochaines années. Les Etats membres pourront toujours acheter britannique, sur leur propre budget [sans solliciter les prêts Safe]", explique une source diplomatique au Monde. Des discussions avec le Canada sont également en cours, ce qui pourrait, en cas d’accord d’ici au 30 novembre, compenser le revers essuyé par la Commission.

Ce lundi 1er décembre, les ministres européens de la défense doivent dans tous les cas se réunir pour échanger de nouveau sur le plan en 28 points proposé par les États-Unis pour l’Ukraine, "une ébauche" qui nécessite selon eux des efforts supplémentaires pour intégrer leurs exigences et celles de Kiev. Ces derniers ont notamment exprimé leur inquiétude quant à la suggestion de réduire les effectifs de l’armée ukrainienne dans le cadre d’un accord avec la Russie, et affirment que les points relatifs à la sécurité de l’Europe et de l’OTAN devraient d’abord être approuvés par l’Europe et ses alliés.

© afp.com/Alishia Abodunde

Le Premier ministre britannique Keir Starmer (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, le 24 avril 2025 à Londres

Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron recevra Volodymyr Zelensky lundi à Paris

29 novembre 2025 à 17:03

Le président français Emmanuel Macron recevra lundi à Paris son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, a annoncé samedi l'Elysée, alors qu'une équipe de négociateurs ukrainiens est partie pour les Etats-Unis afin de discuter du plan américain visant à mettre fin au conflit avec la Russie.

Des attaques de drones navals ont fortement endommagé samedi une infrastructure pétrolière dans un port russe en mer Noire, ont annoncé les autorités, tandis que Kiev a revendiqué des frappes contre deux pétroliers de la flotte fantôme qui permet au Kremlin de contourner les sanctions occidentales.

16h38

Macron recevra Zelensky lundi à Paris

Le président français Emmanuel Macron recevra lundi à Paris son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, a annoncé samedi l'Elysée, alors qu'une équipe de négociateurs ukrainiens est partie pour les Etats-Unis afin de discuter du plan américain visant à mettre fin au conflit avec la Russie.

"Les deux dirigeants échangeront sur la situation et sur les conditions d’une paix juste et durable, dans la continuité des discussions de Genève et du plan américain et d’une concertation étroite avec nos partenaires européens. Ils feront également le point sur le travail engagé sur les garanties de sécurité dans le cadre de la coalition des volontaires", a indiqué la présidence française.

Kiev a été la cible dans la nuit de vendredi à samedi d'une nouvelle attaque de drones russes, quelques heures après que M. Zelensky eut limogé son chef de cabinet, Andriï Iermak, bras droit extrêmement influent, à la suite d'une enquête anticorruption.

15h01

Des attaques de drones navals endommagent un important terminal pétrolier russe en mer Noire

L'Ukraine a revendiqué samedi l'attaque de deux pétroliers en mer Noire, disant avoir frappé avec des drones navals des navires de la "flotte fantôme russe" utilisée par Moscou pour contourner les sanctions occidentales.

Une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) a affirmé à l'AFP que ces pétroliers, le Kairo et le Virat, avaient été frappés par des drones "Sea Baby" lors d'une opération conjointe entre le SBU et la marine ukrainienne. Selon cette source, ils étaient vides au moment de l'attaque et "se rendaient au port russe de Novorossiïsk" pour être réalimentés en hydrocarbures.

Les attaques du Virat et du Kairos, deux pétroliers battant pavillon gambien, ont eu lieu à l'intérieur d'une zone économique spéciale (ZES) de la mer Noire, et non dans les eaux territoriales turques, a indiqué samedi le ministre turc des Transports, Abdulkadir Uraloglu. Le Virat, attaqué à quelque 35 milles nautiques (environ 65 kilomètres) des côtes turques, "a subi des dommages mineurs sur son flanc tribord, au-dessus de la ligne de flottaison", a précisé son ministère. "Aucun incendie ne s'est déclaré à bord et l'équipage est sain et sauf", a-t-il ajouté, soulignant que "les équipes de secours (turques) maintiennent une distance de sécurité avec le navire, faute d'appels d'urgence".

12h13

Des négociateurs ukrainiens en route vers les Etats-Unis pour discuter du plan américain

Une équipe de négociateurs ukrainiens est partie samedi pour les Etats-Unis afin de discuter du plan américain visant à mettre fin au conflit en Ukraine, a annoncé le président Volodymyr Zelensky.

"Le Secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine et chef de la délégation ukrainienne, Rustem Oumerov est déjà en route vers les Etats-Unis avec l'équipe", a indiqué M. Zelensy dans un message posté sur X.

9h40

Frappes russes en Ukraine: plus de 600.000 personnes privées d’électricité

Des frappes russes de missiles et de drones en Ukraine, qui ont commencé vendredi soir et se sont poursuivies samedi matin, ont privé de courant plus de 600.000 personnes, a annoncé le ministère ukrainien de l’Energie.

"A la suite de l’attaque, plus de 500.000 usagers à Kiev, plus de 100.000 dans la région de Kiev et près de 8.000 dans la région de Kharkiv se sont retrouvés sans électricité ce matin", a indiqué le ministère.

06h57

Une attaque "terroriste" russe de drones sur la capitale ukrainienne fait un mort et 11 blessés, selon Kiev

Une attaque "terroriste" russe de drones sur Kiev et sa banlieue tout au long de la nuit de vendredi à samedi a fait au moins un mort et 11 blessés, dont des femmes et un enfant, selon les autorités.

Samedi à l'aube, l'administration militaire de la ville de Kiev a averti également la population d'une "menace" d'attaque par un missile balistique tiré par un avion "MIG-31" russe sur la capitale ukrainienne, où des journalistes de l'AFP ont entendu de fortes explosions. "Il y a une menace de recours à un missile ennemi. Restez aux abris!", a sommé l'administration militaire de Kiev dans un communiqué sur Telegram.

Des premières puissantes détonations avaient secoué le centre de Kiev vers minuit et le maire de la ville, Vitali Klitschko, les avait aussitôt attribuées à une attaque de drones menée par les forces armées de Moscou. Le chef de l'administration militaire de Kiev, Tymur Tkachenko, a précisé qu'un "homme" avait perdu la vie dans un quartier de la gigantesque capitale urkrainienne. Il a dressé un bilan en constante évolution de "huit résidents de Kiev blessés et d'un tué". Pour l'administration militaire de Kiev, la ville a subi "une attaque terroriste cynique de la Fédération de Russie", au moyen de drones, ayant frappé neuf endroits différents de cinq quartiers.

© afp.com/Sarah Meyssonnier

Le président français Emmanuel Macron, à droite, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à sa gauche, le 17 novembre 2025, à Paris

Une attaque américaine imminente au Venezuela ? Donald Trump annonce la fermeture "entière" de l’espace aérien du pays

29 novembre 2025 à 16:47

"À toutes les compagnies aériennes, pilotes, trafiquants de drogue et trafiquants d'êtres humains," a écrit samedi 29 novembre Donald Trump sur son réseau Truth Social, "veuillez considérer L'ESPACE AÉRIEN AU-DESSUS ET AUTOUR DU VENEZUELA COMME ENTIÈREMENT FERMÉ". Le président américain n'a pas donné de détails.

Cette déclaration intervient alors que l'administration Trump, dans sa lutte contre les cartels de la drogue, intensifie la pression sur le Venezuela avec un déploiement militaire majeur dans les Caraïbes, incluant le plus grand porte-avions du monde. Donald Trump accuse en particulier le Venezuela d'être un artisan du trafic de drogue qui inonde le marché américain. Caracas dément et insiste sur le fait que l'objectif véritable est un changement de régime et la mainmise sur les réserves pétrolières du pays.

Grave crise économique

Au pouvoir depuis 2013, le président socialiste Nicolas Maduro, héritier politique de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale en Amérique latine, a été réélu en 2024 à l'issu d'un scrutin contesté, marqué par des troubles et des arrestations massives. Il est accusé de dérive autoritaire par les États-Unis et l'Union européenne, qui ont sanctionné le régime.

Le Venezuela traverse une grave crise économique, qui a conduit plus de 7 millions de ses habitants, sur une population de 30 millions de personnes, à émigrer, selon les chiffres de l'ONU. Le pays a enregistré une contraction de son PIB de 80% entre 2013 et 2023.

Les forces américaines ont mené des frappes contre plus de 20 navires vénézuéliens soupçonnés de trafic de drogue dans la mer des Caraïbes et l'océan Pacifique Est depuis début septembre, tuant au moins 83 personnes. Washington n'a pas encore fourni de preuves que les navires ciblés étaient utilisés pour le trafic de drogue ou représentaient une menace pour les États-Unis. Et les tensions régionales se sont intensifiées en raison de cette campagne et du renforcement militaire qui l'accompagne. Ces derniers jours, une activité constante d'avions de combat américains a été enregistrée à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi des aéronefs.

Cartel des Soleils

La République dominicaine, voisine du Venezuela, a par ailleurs autorisé cette semaine les États-Unis à utiliser des installations aéroportuaires dans le cadre de son déploiement, tandis que l'État insulaire de Trinité-et-Tobago, éloigné d'une dizaine de kilomètres seulement du Venezuela, a accueilli récemment des exercices des Marines américains.

Le New York Times a indiqué vendredi que Donald Trump et Nicolas Maduro s'étaient récemment entretenus par téléphone et avaient discuté d'une possible rencontre aux États-Unis. Pourtant, avant le déploiement militaire dans les Caraïbes, la justice américaine avait porté à 50 millions de dollars la récompense pour des informations conduisant à la capture de Nicolas Maduro.

Washington a aussi intensifié la pression en désignant comme organisation terroriste étrangère le Cartel des Soleils, une organisation dont l'existence reste à démontrer selon de nombreux experts et qui, d'après Washington, serait dirigée par le président Maduro. Jeudi, le président américain avait déclaré que ses forces allaient très bientôt commencer à cibler des "trafiquants de drogue vénézuéliens" lors d'opérations terrestres, accentuant encore la pression sur Caracas. Dans ce contexte tendu, six compagnies aériennes, dont Iberia, TAP et Turkish Airlines, ont suspendu leurs liaisons avec le Venezuela, ce qui leur a valu de se voir retirer leurs licences par Caracas.

© afp.com/Jim WATSON

Le président américain Donald Trump pendant une visioconférence avec des militaires, le 27 novembre 2025 dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride

Daria Kaleniuk, ONG ukrainienne anti-corruption : "Yermak aurait dû être démis de son poste bien plus tôt"

29 novembre 2025 à 13:01

Deux semaines après la démission de deux ministres soupçonnés d’être impliqués dans le détournement de 100 millions de dollars dans le secteur énergétique, nouveau séisme au sommet de l’Etat ukrainien. Ce vendredi, le bras droit et puissant chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, a remis sa démission après la perquisition menée un peu plus tôt à son domicile par l’agence anti-corruption (NABU) et le parquet spécialisé anti-corruption (SAPO). En cause, sa possible implication dans cette affaire tentaculaire qui empoisonne la présidence ukrainienne au pire moment, alors qu’elle est engagée dans d’âpres négociations avec les Etats-Unis autour d’un plan pour mettre fin à la guerre avec la Russie.

"Sa destitution par le président offre néanmoins au pays une chance de se renforcer, de repenser sa gouvernance et de la rendre plus résiliente, en nommant des personnes intègres et compétentes aux plus hauts postes", juge Daria Kaleniuk, directrice exécutive de l’Anti-corruption Action Center (AntAC), l’une des ONG les plus en pointe en Ukraine dans la lutte contre la corruption. Entretien.

L’Express : Andriy Yermak a été limogé ce vendredi à la suite des perquisitions menées à son domicile. Était-ce inévitable ?

Daria Kaleniuk : C’est à mon sens une décision très positive. Je regrette simplement qu'elle ne soit pas arrivée avant. Volodymyr Zelensky s’appuyait beaucoup trop sur Andriy Yermak, tant en matière de politique intérieure que de politique étrangère. Il était ainsi devenu une sorte de directeur des ressources humaines pour tous les postes clés : ministres, vice-ministres, directeurs d’entreprises publiques, et même pour la nomination de certains responsables des forces de l’ordre. En cela, Andriy Yermak disposait de pouvoirs supérieurs à ceux d’un Premier ministre.

Mais l’enquête Midas a démontré que ce type d’approche ne fonctionne pas. Cela s’est traduit par le détournement d’au moins 100 millions de dollars, rien qu’en 2025, dans le seul secteur énergétique ukrainien. On peut supposer que d’autres cas de corruption à grande échelle ont eu lieu dans des secteurs clés de l’économie ukrainienne. Et cela, au beau milieu de la guerre. Par conséquent, Andriy Yermak aurait dû être démis de son poste bien plus tôt. Sa destitution par le président offre néanmoins au pays une chance de se renforcer, de repenser sa gouvernance et de la rendre plus résiliente, en nommant des personnes intègres et compétentes aux plus hauts postes. Rien n’est encore acquis, mais le départ d’Andriy Yermak nous donne des raisons d’espérer.

Pouvait-il ignorer la corruption révélée dans l’affaire Midas ?

C’est impossible, car toutes les décisions relatives à la gestion du pays - au niveau des vice-ministres, mais aussi à celui des dirigeants des entreprises publiques -, étaient filtrées par lui. Cela signifie qu’Andriy Yermak, à la position qui était la sienne, ne pouvait pas ignorer cette corruption à grande échelle. Et même dans l’hypothèse où il n’aurait pas eu connaissance de ces détournements de fonds, le fait d’avoir choisi des personnes qui s’y adonnent pour occuper des postes aussi importants le discrédite. Pour ces deux raisons, son limogeage est largement justifié.

Par ailleurs, lorsque la NABU et le SAPO effectuent des perquisitions, cela signifie généralement qu’il existe déjà des preuves qui ont été examinées par le tribunal et que celui-ci a autorisé ces investigations. Cela signifie donc que des éléments importants pour l’enquête pouvaient se trouver chez Andriy Yermak. Pour l’heure, il n’y a pas eu d’inculpation, mais nous en saurons davantage dans les jours ou semaines à venir.

Volodymyr Zelensky se retrouve-t-il dans une position particulièrement précaire après ces nouveaux développements ?

Il est toujours le président élu de l’Ukraine. Et je pense qu’il peut maintenir sa légitimité après ce limogeage. A vrai dire, le fait d’écarter des personnes dont l’intégrité faisait défaut me semble le placer dans une bien meilleure position. A l’issue de l’enquête et de ce type de décision, il pourra s’entourer de professionnels honnêtes et compétents, et ainsi renforcer sa présidence. J’applaudis donc sa décision de limoger Andriy Yermak. Mais j’espère aussi qu’il tirera les leçons du passé et qu’il ne reproduira pas les erreurs commises.

C’est en tout cas le plus grand scandale de corruption de sa présidence à ce jour…

Je dirais même que cela ne se limite pas à la période de la présidence de Zelensky. C’est l’enquête la plus complexe et la plus marquante menée par les organismes anticorruption ukrainiens depuis l’indépendance de l’Ukraine. L’Ukraine, en tant qu’État, n’a jamais connu d’enquête d’une telle ampleur au sein de l’entourage du président. Mais je tiens à souligner que cela signifie que les organismes anticorruption ukrainiens fonctionnent bien malgré la guerre. Et c’est un grand succès pour eux.

Volodymyr Zelensky a-t-il commis une erreur en tardant autant à limoger Andriy Yermak ?

C’est ce que je pense. Il aurait pu le limoger plus tôt, dès la révélation de l’enquête Midas. Cela fait deux semaines. C’était à mon sens le moment pour Zelensky de prendre la bonne décision. Mais mieux vaut tard que jamais. Du reste, d’autres personnes seront peut-être impliquées dans cette enquête, car NABU a souligné qu’il existe mille heures d’enregistrements audios, et ils n’en ont probablement reconstitué que dix pour cent, voire moins. Il est donc probable que l’enquête ne s’arrête pas là.

Cette crise survient en tout cas à un moment critique pour l’Ukraine, alors que Kiev est engagé dans des négociations très difficiles avec les États-Unis concernant le plan russo-américain pour mettre fin à la guerre. Cela ne risque-t-il pas d’affaiblir sa position dans les négociations ?

Je pense qu’en réalité, il n’y a que l’état de nos forces armées et de nos institutions qui puissent affaiblir la position de l’Ukraine dans les négociations. Et en bâtissant des institutions intègres, nous renforçons nos positions et nous devenons plus forts. La Russie n’a de toute façon aucune intention de faire la paix. Son intention réelle est de nous rayer de la carte. Par ailleurs, ce n’est pas à Washington et à la Maison Blanche de décider comment mettre fin à cette guerre, mais au peuple ukrainien, avec l’aide de ses partenaires européens. Et nous sommes très reconnaissants envers l’Europe pour son soutien, et espérons qu’il se poursuivra, afin de gagner cette guerre et empêcher toute capitulation. Car toutes ces discussions sur un accord de paix ne consistent en définitive qu’à vendre l’Ukraine à la découpe. Or nous ne sommes pas prêts à cela. Ce n’est pas la paix, mais l’anéantissement du pays.

Craignez-vous que la Russie n’essaie d’exploiter la situation ?

La Russie diffuse constamment un narratif selon lequel l’Ukraine est le pays le plus corrompu du monde. Et elle continuera de répandre ce type de message quoi que nous fassions. Mais peu importe ce que dit la Russie, car elle n’est autre que l’Etat agresseur. Ce qui m’importe, c’est de savoir que nos institutions sont capables d’enquêter sur la corruption à grande échelle, même en temps de guerre. Et elles ont prouvé qu’en Ukraine, nous disposons d’un système de contrôle et d’équilibre des pouvoirs. Il existe des institutions démocratiques capables d’identifier la corruption et de la sanctionner pénalement. En Ukraine, des individus ou des institutions ont la capacité de contester le président, et c’est une bonne chose. Et la réalité, c’est que la Russie ne peut pas en dire autant.

Pensez-vous que NABU et SAPO puissent être la cible de nouvelles attaques du pouvoir après ces récents développements ?

Ce risque me semble limité aujourd’hui, parce qu’ils n’ont plus d’ennemis clairement identifiés. Je crois qu’il est donc peu probable que des attaques, telles que celles de l’été dernier, lorsqu’une loi sapant l’indépendance des instances anticorruption avait été votée, avant que le pouvoir ne fasse marche arrière sous la pression, se reproduisent. A mon sens, ce type d’attaque portrait la marque d’Andriy Yermak, mais il n’est plus en poste aujourd’hui.

Que devrait faire Volodymyr Zelensky pour renforcer la lutte contre la corruption en Ukraine ?

Il doit suivre les recommandations du rapport d’adhésion à l’UE. A cet égard, il me semble nécessaire de restructurer le Bureau du Procureur général et le Bureau d’enquêtes d’État. Les responsables de ces services de police doivent être sélectionnés dans le cadre d’une procédure concurrentielle et rigoureuse. Jusqu’à présent, le Procureur général, Ruslan Kravchenko, obéissait aux ordres illégaux d’Andriy Yermak et lançait des attaques contre les organismes anticorruption en fabriquant des accusations contre eux. Il doit donc démissionner, tout comme Andriy Yermak.

De plus, le Parlement doit voter une loi en bonne et due forme, prévoyant la nomination d’un nouveau Procureur général. C’est ce que prévoit le rapport d’adhésion à l’UE. Il devrait en être de même pour le Bureau d’enquêtes d’État. Ce service menait également des persécutions, notamment politiques, contre des agents de NABU et SAPO, ainsi que contre notre organisation, et en particulier contre notre président, Vitaly Chabounine. Il est donc essentiel d’assainir tous ces services.

Comment la lutte contre la corruption s’inscrit-elle dans le combat plus large que mène l’Ukraine contre la Russie ?

La lutte contre l’agression russe et celle contre la corruption sont étroitement liées. Pour le comprendre, prenons l’exemple de l’affaire Midas. Lorsqu’il y a détournement de fonds dans les infrastructures énergétiques critiques, cela signifie que ces mêmes infrastructures ne seront pas aussi bien préparées qu’elles devraient l’être pour faire face aux attaques régulières de missiles et de drones russes. Et que par là même, cela entraînera davantage de coupures de courant aux conséquences graves et parfois mortelles dans certaines situations.

De même, s’il y a détournement de fonds dans le secteur de la défense, cela signifie que l’Ukraine ne produira, par exemple, pas autant d’armements et d’équipements qu’elle le pourrait. Et que l’armée ne recevra de facto pas tout le matériel qu'elle aurait dû avoir en temps voulu. Ce qui, là encore, peut se traduire par davantage de morts au sein de nos forces. La lutte contre la corruption et celle contre l’envahisseur russe sont donc étroitement liées. La corruption, comme l’incompétence au sein de nos institutions étatiques, est une chose que nous ne pouvons pas nous permettre. Cela contribue à notre affaiblissement. Toutes nos décisions doivent reposer sur le professionnalisme, l’intégrité, le patriotisme, et la volonté de servir le peuple en temps de guerre. Pas sur l’intérêt particulier d’une poignée d’individus.

© AFP

Andriy Yermak, le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, à Paris le 26 mars 2025.

Derrière des promesses d’embauche en Russie, des Sud-Africains enrôlés de force dans l’armée

29 novembre 2025 à 13:00

Comme d’autres, il pensait suivre une formation d’un an de garde du corps en Russie. Père de trois enfants, sans emploi : l’homme de 46 ans a vu une opportunité pour résoudre ses difficultés. D’autant que la proposition, séduisante, émane de Duduzile Zuma-Sambudla, la fille de Jacob Zuma, l’ancien président sud-africain : à l’issue de cette période d’un an à apprendre le métier, elle lui promet qu’il pourra travailler en tant qu’agent de sécurité pour le parti politique de son père.

Mais une fois sur place, le rêve devient cauchemar : les "formateurs" donnent au quadragénaire un treillis militaire et un fusil, et l’emmènent à Rostov, dans le sud du pays. Peu de temps après, le voilà en première ligne de la guerre en Ukraine, dormant dans des tranchées au milieu des champs de bataille du Donbass, des chars et des drones. "On nous a menti. Il n’y a pas eu d’entraînement pour les gardes du corps. On partait à la guerre", témoigne-t-il au New York Times ce 29 novembre, amer. Au total, 17 autres hommes seraient tombés dans un piège similaire.

Une enquête ouverte

En Afrique du Sud, cette affaire a progressivement pris de l’ampleur, au point que le président, Cyril Ramaphosa, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de leur "recrutement". La police sud-africaine a annoncé samedi avoir interpellé à l'aéroport de Johannesburg quatre homme en route pour la Russie et soupçonnés de partir rejoindre les rangs de l'armée russe. Les quatre hommes, interpellés jeudi et vendredi, doivent comparaître lundi devant un tribunal près de Johannesburg. Ils sont soupçonnés par la police d'avoir enfreint la loi sud-africaine interdisant aux citoyens du pays de rejoindre des armées étrangères, sauf avec une autorisation du gouvernement.

Une unité d’élite de la police, elle, examine la possibilité de poursuites pénales contre Duduzile Zuma-Sambudla, visée aussi par une plainte de sa sœur, Nkosazana Zuma-Mncube. Dans un communiqué publié le 22 novembre, cette dernière accuse Duduzile Zuma-Sambudla et deux autres personnes de trafic d’êtres humains, d’escroquerie et de soutien à une armée étrangère, assurant que huit membres de leur propre famille auraient été illégalement enrôlés dans l’armée russe. L’Alliance démocratique, deuxième parti politique d’Afrique du Sud, a également porté plainte, après avoir présenté des captures d’écran de ce qu’ils ont décrit comme des échanges de SMS entre Duduzile Zuma-Sambudla et certains de ces recruteurs.

De son côté, la principale mise en cause, aussi députée du premier parti d’opposition, Umkhonto we Sizwe (MK), a démissionné de son poste, déclarant sous serment qu’elle pensait que ces hommes se rendaient en Russie pour un entraînement "légal". La fille de l’ex-président avait elle-même participé à un de ces fameux stages en Russie pendant un mois, affirmant n’avoir jamais été exposée à des combats. "Ces personnes sont arrivées environ une semaine après moi. J’ai partagé des informations innocemment : je n’ai persuadé ni fait pression sur aucune d’entre elles. Le fait que des membres de ma propre famille aient choisi de participer prouve que je n’avais aucune raison de soupçonner que le programme était dangereux", mentionne-t-elle dans sa déclaration à la police, consultée par le média sud-africain Daily News.

Nathi Nhleko, organisateur national du MK, a assuré de son côté que le parti n’était "pas impliqué dans l’affaire russo-ukrainienne", et a souligné que la démission de l’ancienne députée ne constituait en aucun cas un aveu de culpabilité. La loi sud-africaine criminalise en effet le fait de servir dans une armée étrangère sans autorisation gouvernementale.

Une réputation sulfureuse

Au cœur de ce dossier brûlant, Duduzile Zuma-Sambudla a une réputation sulfureuse. L’ancienne élue est actuellement jugée pour trahison, incitation au terrorisme et à la violence, en raison de son rôle présumé dans les émeutes meurtrières qui ont secoué le pays en 2021, après l’arrestation de son père, ayant fait plusieurs centaines de morts. Depuis plusieurs années, Jacob Zuma entretenait des liens étroits avec le gouvernement russe, et Duduzile Zuma-Sambudla elle-même a exprimé à plusieurs reprises son soutien à la Russie sur les réseaux sociaux. La Direction des enquêtes sur les crimes prioritaires, connue en Afrique du Sud sous le nom de Hawks, a confirmé qu’elle enquêtait actuellement sur elle, bien que les charges restent encore à déterminer, ont précisé les autorités.

En dehors de cette affaire, l’Ukraine a accusé à plusieurs reprises la Russie de recourir à la ruse pour recruter des combattants à travers l’Afrique, où de nombreux gouvernements entretiennent des liens étroits avec le Kremlin, hérités du soutien apporté par l’Union soviétique aux mouvements d’indépendance africains. Andrii Sybiha, ministre ukrainien des Affaires étrangères, a publié ce mois-ci sur les réseaux sociaux que plus de 1 400 citoyens de 36 pays africains combattaient pour la Russie, des chiffres néanmoins impossibles à vérifier de manière indépendante.

© AFP

La fille de l'ancien président Jacob Zuma, Duduzile Zuma-Sambudla, assiste à la conférence de presse de l'uMkhonto we Sizwe (MK) au siège du parti à Durban, le 28 novembre 2025. Une fille de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma a démissionné du Parlement après avoir été accusée d'avoir recruté des hommes pour rejoindre les mercenaires russes dans la guerre en Ukraine, a déclaré vendredi son parti.
La semaine dernière, la police a déclaré enquêter sur des allégations selon lesquelles Duduzile Zuma-Sambudla, députée du parti Umkhonto we Sizwe (MK) de son père, aurait attiré 17 Sud-Africains en Russie « pour combattre dans la guerre en Ukraine à leur insu et sans leur consentement ». (Photo par RAJESH JANTILAL / AFP)

Menaces, pressions… Aux Etats-Unis, une vague de départs d'élus républicains inquiète le camp MAGA

29 novembre 2025 à 10:51

C’est une démission qui a fait l’effet d’une petite bombe dans le camp de Donald Trump. Le 21 novembre dernier, l’une des plus virulentes représentantes du mouvement MAGA (Make America Great Again), Marjorie Taylor Greene, a quitté le Congrès américain, après avoir ouvertement critiqué la gestion de l’affaire Epstein par le président américain. Si ce dernier l’a désavouée en retour, il est pour autant de plus en plus contesté dans ses rangs, au point que 41 élus républicains à la Chambre, sur 435, prévoient de ne pas se représenter en novembre 2026, un chiffre inhabituellement élevé à un an de l’échéance.

"La lune de miel est finie", a commenté auprès de l’AFP Andrew Koneschusky, ex-conseiller parlementaire du chef démocrate Chuck Schumer, pour qui certains républicains sont aujourd’hui profondément déçus par la seconde administration Trump. Parmi les griefs, l’ancien politique cite "la crise croissante du coût de la vie", "la concentration du pouvoir dans l’exécutif", "la diminution des pouvoirs du Congrès" ou, là encore, l’affaire du criminel sexuel Jeffrey Epstein, l’administration Trump ayant longtemps tergiversé avant de promulguer une loi contraignant à rendre public l’ensemble des documents relatifs au dossier.

Interrogé par Axios, le représentant du Nebraska, Don Bacon, qui prendra sa retraite en 2027, a quant à lui déclaré être "tellement en colère" contre le plan de paix pour l’Ukraine proposé par Donald Trump la semaine dernière qu’il avait "envisagé" de démissionner. Le document, qui comportait 28 points, prévoyait notamment la cession par l’Ukraine de territoires n’étant même pas occupés par la Russie et son renoncement à intégrer l’Otan, des propositions qui ont suscité un tollé à l'international. "Nous détestons […] jeter l’Ukraine, qui aspire à la liberté et à l’indépendance, sous le bus de Poutine", a écrit Don Bacon sur les réseaux sociaux, dénonçant un "plan de reddition […] écœurant". Le sénateur du Kentucky Mitch McConnell a pour sa part estimé que le président russe Vladimir Poutine avait "passé l’année à faire passer Trump pour un imbécile", enjoignant le président américain à trouver de nouveaux conseillers.

Une explosion des menaces

Au-delà de la politique menée par Donald Trump, les parlementaires assurent que les menaces à leur encontre ont explosé, notamment après l'assassinat du militant conservateur Charlie Kirk. "C'est éprouvant", concède à Axios le représentant du Tennessee, Tim Burchett, assurant que cette violence avait pesé dans la décision de certains membres de quitter leurs fonctions - Marjorie Taylor Greene l’ayant elle-même évoqué. "Vous ne pouvez pas exercer un jugement politique indépendant sans risquer des représailles", appuie Andrew Koneschusky, évoquant les pressions en interne que subissent aussi les élus. "De nombreux républicains semblent estimer n’avoir que deux options : accepter ou se retirer de la scène", poursuit le consultant politique, et ce alors que Donald Trump multiplie les décrets, fragilisant encore le pouvoir des deux chambres.

Dans son communiqué de quatre pages, Marjorie Taylor Greene avait dénoncé ce "complexe politico-industriel" plus enclin à servir les élites que les électeurs américains, et fustigeait le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, plus occupé selon elle à soumettre au vote des projets de loi dénués de sens et à tester la loyauté des élus, qu’à réellement mettre en application les promesses de campagne de Donald Trump. "Le moral n’a jamais été aussi bas", a soutenu un autre membre de la majorité à Punchbowl News, évoquant une "bombe à retardement". Car avec une petite poignée seulement de sièges d’avance à la Chambre - actuellement de 219 contre 213 -, le parti présidentiel ne peut se permettre de perdre beaucoup d’élus.

© afp.com/DANIEL HEUER

L'élue républicaine Marjorie Taylor Greene parle devant le Capitole avant un vote pour publier tous les documents et archives sur l'affaire Jeffrey Epstein, le 18 novembre à Washington

Etats-Unis : Donald Trump annonce l'annulation de certains décrets signés par Joe Biden

29 novembre 2025 à 09:10

Donald Trump a affirmé vendredi qu'il annulait les décrets et autres documents signés par son prédécesseur démocrate Joe Biden avec une machine à signer, des déclarations aux conséquences juridiques incertaines. "Tout document signé par Joe l'endormi à l'aide de la machine à signer (...) est par la présente annulé et n'a plus aucune force ni effet", a écrit le président républicain sur sa plateforme Truth Social.

Les conséquences concrètes de cette déclaration, et notamment la question de savoir si le président républicain a le pouvoir d'annuler les documents signés par son prédécesseur ou si l'utilisation d'une machine à signer, appelée aussi stylo automatique, est un motif d'invalidation, n'étaient pas claires dans l'immédiat.

"Joe l'endormi"

La machine à signer est un angle d'attaque régulièrement employé par Donald Trump pour tenter de discréditer son prédécesseur Joe Biden et réduire à néant ses décisions. Il s'agit d'un automate équipé d'un stylo qui permet de reproduire la signature d'un individu, préalablement enregistrée. Cet appareil est utilisé par le gouvernement américain mais aussi par des entreprises pour signer des documents en grand nombre.

Dénonçant "l'un des plus gros scandales" de l'histoire américaine, le milliardaire républicain soutient, sans avancer de preuves, que des collaborateurs de Joe Biden utilisaient la machine à signer pour signer des textes qu'il n'avait pas approuvés. Il avait ordonné en juin le lancement d'une enquête contre l'entourage de l'ancien président, accusé d'avoir "comploté" pour masquer son déclin et usurper son pouvoir.

Joe Biden avait dénoncé des allégations "ridicules et fausses". "Les gauchistes cinglés qui entouraient Biden (...) lui ont retiré la présidence", a écrit vendredi Donald Trump sur Truth Social, assurant que "les personnes qui ont utilisé la machine à signer l'ont fait illégalement". "Joe Biden n'a pas été impliqué dans le processus de la machine à signer et, s'il dit qu'il l'a été, il sera poursuivi pour parjure", a-t-il menacé.

© afp.com/Chip Somodevilla

Donald Trump serre la main à Joe Biden quelques minutes avant de prendre ses fonctions, au Capitole de Washington, le 20 janvier 2025

La stratégie de la Suède face à la menace russe : "Chacun doit être capable de survivre en autarcie pendant une semaine"

1 décembre 2025 à 15:23

Dans les guerres modernes, il n’y a plus vraiment de "planqué". Au contraire, c’est lorsque toute la société civile participe – chacun à son niveau – à la résistance, y compris à l’arrière dans des tâches non-combattantes, qu’une guerre peut être gagnée sur la ligne du front. Voilà ce que le ministre suédois de la Défense civile est venu dire aux décideurs français en présentant, la semaine dernière à Paris, le concept de Totalförsvar, ou "défense totale".

Mis en œuvre par Stockholm pendant la guerre froide, ce modèle a été réactivé peu après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et mis en œuvre dans des proportions inédites depuis un an. A noter que dans la Finlande voisine, ce même système fonctionne déjà parfaitement car il n'a pas été abandonné dans les années 1990 mais maintenu jusqu'à ce jour.

"En temps de paix, c’est l’armée qui protège les civils, explique Carl-Oskar Bohlin, dont le portefeuille (ministre de la Défense civile, rattaché au ministre de la Défense) est unique en Europe. Mais en temps de guerre, c’est le contraire." Sans la résilience et la solidité d’une société sur laquelle s’appuyer, les combattants du front n’ont aucune chance de l’emporter. Le ministre à barbe de Viking a donc fait distribuer à chaque foyer suédois un livret de 32 pages détaillant les bons réflexes à adopter et les stocks à constituer en prévision d’une guerre ou une crise grave.

Traduit en anglais, le livret de 32 pages, distribué à tous les foyers suédois, détaille les dispositions a prendre en prévision d'une guerre ou d'une crise majeure.
Traduit en anglais, le livret de 32 pages, distribué à tous les foyers suédois, détaille les dispositions a prendre en prévision d'une guerre ou d'une crise majeure.

De plus, la Suède (10,5 millions d’habitants) a créé une Agence pour la défense psychologique. Celle-ci est chargée de la lutte contre les campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux. La résistance, ça commence dans les têtes, nous dit en substance Bohlin, comme en écho à la polémique née des déclarations du général Mandon, le chef d’état-major des armées français, dont les propos auraient parfaitement été bien acceptés s’ils avaient été tenus devant des Suédois.

L’Express : La Suède connaît la paix. Pourtant, vous sensibilisez fortement vos compatriotes au risque de guerre. Que leur recommandez-vous ?

Carl-Oskar Bohlin : De prendre leurs précautions. Dans la brochure envoyée il y a un an aux millions de foyers suédois, nous énumérons les bons réflexes à avoir en cas de guerre ou de crise majeure. Notre recommandation principale est que chacun prévoit tout ce qui est nécessaire à son foyer pour vivre en autonomie pendant une semaine. Cela inclut de la nourriture en conserve et des réserves d’eau pour sept jours, mais aussi des couvertures, des bougies, des allumettes, des réchauds à gaz ou encore des transistors (ainsi que des piles en quantités suffisantes) – ceci afin de rester connecté avec le monde extérieur et informé en cas, par exemple, de panne informatique ou électrique géante due à une cyberattaque.

Il est essentiel que chaque famille pourvoie au besoin en calories de tous ses membres – y compris les animaux de compagnie – en partant du principe qu’elle ne recevra aucune aide extérieure. Cette brochure de 32 pages contient d’autres conseils, comme prévoir de l’argent en cash pour une semaine ou écrire à l’avance les numéros de téléphone les plus importants sur un morceau de papier. Notre brochure a été bien accueillie par les Suédois.

Ce livret sert aussi de préparation mentale…

En effet. Stocker des boîtes de conserve n’est que la moitié du travail de préparation. L’autre moitié concerne le mental. Chacun doit prendre conscience de ce que signifie le fait de vivre dans un environnement de sécurité détérioré. Notre démarche s’inspire de ce qui existait pendant la guerre froide en Suède. Notre pays, qui était neutre, avait mis en place le concept de "défense totale". Chacun, au sein de la société civile, savait à quelle fonction il était assigné en cas de conflit. Il y avait des abris antiaériens partout.

Traduit en anglais, le livret de 32 pages, distribué à tous les foyers suédois, explique par exemple la façon d'administrer les premiers secours en cas de blessure.
Traduit en anglais, le livret de 32 pages, distribué à tous les foyers suédois, explique par exemple la façon d'administrer les premiers secours en cas de blessure.

En 2018, quatre ans après l’annexion de la Crimée, nous avons réactivé ce modèle et envoyé à tous les foyers une première version de cette brochure. La nouvelle édition (novembre 2024) reflète mieux la situation actuelle. Plus complète, elle comprend des informations sur la façon de poser un garrot sur une plaie, d’accéder aux abris protégés ou d’identifier les différentes sonorités et significations des sirènes d’alerte. En cas de crise à grande échelle ou, dans le pire des cas, de guerre contre la Suède, chacun doit savoir se gérer soi-même afin d’alléger le travail des autorités.

Votre conseil, c’est rester chez soi ou courir vers un abri ?

Cela dépend. Si vous entendez la sirène d’alerte aérienne, il faut se rendre dans un abri. S’il n’y en a pas à proximité, il existe d’autres moyens de maximiser sa sécurité. Le principe de la "défense totale", c’est que personne ne devienne un poids pour la société ni n’entrave les missions essentielles des militaires. Les personnes en bonne santé qui, dans des circonstances normales, savent s’autogérer, doivent continuer à le faire. En prévoyant les scénarios du pire, la transition de l’état de paix à l’état de crise (ou de guerre) devient gérable.

La société civile doit être prête psychologiquement

Dans ces circonstances, les données du problème s’inversent. En temps de paix, les civils comptent sur l’armée pour les protéger. Mais en temps de guerre, c’est l’inverse : c’est le bon fonctionnement et la résilience de la société civile qui permettent à l’armée de se consacrer aux tâches prioritaires. En cas de conflit, tout pays fait face à une cascade de problèmes. Et cela, dans un contexte où les ressources se raréfient. L’armée ne peut pas gérer seule tous les problèmes en même temps. La société civile doit être psychologiquement prête à affronter l’ennemi. Sans cette préparation mentale et sans organisation, il n’y a pas de dissuasion crédible. L’exemple de l’Ukraine est éloquent. En 2022, les Russes ont déclenché une "guerre totale" et les Ukrainiens y ont répondu par une "défense totale".

Votre brochure est intitulée : "Si la crise ou la guerre survient". Quels sont les scénarios envisagés ?

En Suède, nous vivons en paix depuis deux cent onze ans et nous avons bien l’intention de continuer ainsi. Une guerre totale sur notre territoire n’est pas le plus probable. Néanmoins, les conséquences d’un tel scénario seraient si graves qu’il faut prévoir cette éventualité. D’où notre planification rigoureuse. En tout cas, il est raisonnable de penser que, dans les mois et années à venir, nous serons soumis à des attaques hybrides de plus en plus fréquentes. Aujourd’hui déjà, nos adversaires nous testent quotidiennement en nous attaquant dans le cyberespace.

Oui, il y a eu des sabotages en Suède

A quelle fréquence surviennent ces attaques ?

La plupart d’entre elles sont déjouées ; je ne peux donc pas vous répondre précisément. Mais je puis vous dire que les attaques contre la société civile sont fréquentes. Elles sont le fait d’acteurs antagonistes, soit purement criminels, soit soutenus par des États.

Constatez-vous des actes de sabotage ?

Oui. Il y a eu des actes de sabotage contre notre réseau de fibre optique terrestre et contre notre réseau d’eau. Pour l’instant, il nous est impossible d’en attribuer la paternité. Mais nous enquêtons très sérieusement sur ces cas parce que nous ne pouvons rester passifs face à de telles actions qui visent des infrastructures essentielles.

Pourquoi avoir créé un poste de ministre de la Défense civile qui n’existait pas jusqu’à présent ?

Le concept suédois de Totalförsvar, ou défense totale, a été abandonné après la fin de la guerre froide. Après l’annexion de la Crimée, il a été réactivé, mais timidement. En arrivant au pouvoir il y a trois ans, le Premier ministre Ulf Kristersson [NDLR : centre droit] a estimé qu’il fallait accélérer les choses, compte tenu de la détérioration rapide du climat de sécurité en Europe. Un poste de ministère pour la Défense civile a été créé. C’est un portefeuille sans ministère placé sous l’autorité du ministre de la Défense, Pål Jonson. Autrefois, ces questions étaient placées sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur. Or il y avait une séparation entre les ministères de la Défense et de l’Intérieur, cela compliquait la planification. La nouveauté, c’est que nous travaillons maintenant dans le cadre d’une gestion intégrée au sein du ministère de la Défense.

En quoi consiste votre job ?

A mettre en place et à coordonner de manière cohérente une architecture de défense civile. Comme le sujet traverse toute la société, 12 secteurs différents (sécurité alimentaire, santé, énergie, communication, transport, etc.) ont été identifiés. Chaque branche, sous la tutelle de différents ministères, doit s’organiser et se configurer pour faire face à des scénarios de crise ou de guerre.

Concrètement, cela se traduit comment ?

Notre gouvernement a décidé de consacrer 2 milliards d’euros à la défense civile, ce qui représente une multiplication par sept des dépenses dans ce domaine. Par exemple, nous rénovons les anciens abris antiaériens datant de la guerre froide (actuellement, nous avons de quoi abriter 7 millions de Suédois sur 10,5 millions). Nous constituons des stocks de céréales. Nous recrutons et augmentons notre capacité à réparer les infrastructures énergétiques. Nous améliorons notre système d’assainissement d’eau ainsi que notre capacité à détecter d’éventuels empoisonnements.

Nous construisons aussi des antennes-relais amovibles afin de maintenir en activité notre réseau de téléphonie mobile au cas où les antennes fixes venaient à être détruites. Sur le volet humain, nous avons lancé plusieurs programmes de formation. Par exemple, certains pompiers reçoivent des formations complémentaires pour apprendre l’art du déminage.

Quelles leçons avez-vous apprises de la guerre en Ukraine ?

Il y en a plusieurs. Nous observons, par exemple, que la stratégie russe consiste à viser prioritairement le réseau énergétique dans le but de casser cette colonne vertébrale du pays. Nous mettons donc l’accent sur ce domaine, notamment en renforçant les équipes techniques chargées de la maintenance.

Les autres pays nordiques disposent-ils de ministères ou d’agences similaires avec un ministre dédié, comme vous ?

La réponse courte est : non, la plupart n’en ont pas. En Finlande, ces questions relèvent principalement du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Défense. Au Danemark, il y a un ministre de la Préparation, mais ses responsabilités sont partagées entre deux ministères. En Norvège, c’est le ministère de l’Intérieur qui a la responsabilité de ce sujet.

La Suède a récemment accueilli la première conférence de l’Otan sur la défense civile. Quels résultats ?

Environ 200 participants en provenance des 32 pays de l’Alliance atlantique étaient présents. L’objectif était de faire suite au sommet de l’Otan de Washington en juin 2024. Il avait alors été décidé de généraliser le concept de "planification civile" en l’intégrant à la planification militaire de l’Otan. Il s’agit tout simplement d’améliorer la coopération entre acteurs civils et défense militaire. C’est essentiel.

L’État suédois a aussi créé une agence pour la défense psychologique. De quoi s’agit-il ?

Cette agence se consacre au blindage psychologique des Suédois. Elle les prépare à faire face aux campagnes d’information malveillantes fomentées à l’étranger dont l’objectif est de saper le moral de la société en la divisant. Cette agence ne menace en rien la liberté d’expression à laquelle nous sommes très attachés mais elle surveille les campagnes de désinformation – tout comme le fait, en France, Viginum, avec qui nous collaborons. Notre agence aide à améliorer l’éducation aux médias et aux réseaux sociaux, car c’est sur ce terrain que sont menées les campagnes malveillantes. Notre démarche n’est pas offensive mais défensive. Nous ne livrons pas une guerre psychologique, nous organisons notre défense psychologique. Ceci afin de préserver notre démocratie et les valeurs fondamentales qui la font.

De quel genre de campagne de désinformation la Suède est-elle la cible ?

Nous avons par exemple été visés par une campagne de désinformation ourdie par des islamistes. Ceux-ci affirmaient que nos services sociaux kidnappaient des enfants d’origine musulmane ! C’est évidemment totalement faux. L’objectif était d’alimenter la défiance et la peur des gens d’origine musulmane à l’égard des autorités suédoises. Un autre exemple concerne la diffusion de fausses informations concomitantes avec un épisode de profanation du Coran.

Lors du processus d’adhésion de la Suède à l’Otan, en 2023-2024, un individu avait profané des corans en Suède. Or sur les réseaux sociaux, des acteurs étatiques – liés à l'Iran, pour être précis – accusaient le gouvernement suédois d’être derrière la profanation. Là encore, c’était faux. Il s’agissait de mobiliser une partie de la communauté musulmane contre l’Etat. L’objectif des auteurs est toujours le même : semer la division dans la société pour affaiblir notre cohésion nationale. C’est dangereux et inacceptable. Nous avons donc fait publicité de ces agissements.

La Russie est-elle impliquée dans ce genre de manœuvre ?

Moscou propage volontiers et renforce des messages mensongers existants. Mais la démarche des Russes est opportuniste : ils saisissent l’occasion quand elle se présente, sans nécessairement avoir élaboré un plan machiavélique dès le départ.

Face à la Russie, quel est l’état d’esprit des Suédois ? Sont-ils effrayés ?

Je ne dirais pas qu’ils ont peur, mais ils sont davantage conscients de la situation sécuritaire en Europe qu’il y a deux ou trois ans. C’est positif, car la prise de conscience conditionne l’action. L’on constate que la volonté de défendre la Suède est en hausse. C’est lié à cette prise de conscience. Nos compatriotes sentent bien que la situation internationale se tend.

Vous avez récemment dénoncé l’antisémitisme en Suède. Est-il en augmentation ?

Malheureusement, oui. L’on observe une montée d’un antisémitisme au sein d’une partie de la population suédoise originaire du Moyen-Orient. Les choses se sont aggravées après les événements du 7 octobre 2023. Des insultes antisémites sont par exemple proférées en pleine rue, ce qui est inacceptable et doit être stoppé. Les juifs de Suède traversent une période difficile. Notre gouvernement prend cela très au sérieux. Nous avons ainsi augmenté le budget consacré à leur sécurité. La vie juive en Suède fête son 250e anniversaire. Les juifs font partie intégrante de l’histoire et de la culture suédoises. Et nous, l’Etat, serons toujours à leur côté.

© Photo: Kristian Pohl/Government Offices of Sweden

Carl-Oskar Bohlin, ministre de la Défense civile de la Suède depuis 2022. Il est le premier titulaire de ce nouveau poste.

Démission du bras droit de Volodymyr Zelensky : ce scandale de corruption qui secoue l'Ukraine

28 novembre 2025 à 17:57

Volodymyr Zelensky a limogé vendredi 28 novembre son chef de cabinet, Andriy Yermak, considéré comme son bras droit et l'un des hommes les plus influents d'Ukraine, après la perquisition de son logement par les enquêteurs de l'agence anticorruption. Cette démission, qui risque de déstabiliser la présidence, arrive à un moment très difficile pour l'Ukraine, alors que ses soldats sont à la peine sur le front et qu'elle négocie avec les Etats-Unis sur un plan visant à mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.

Le deuxième homme le plus influent d'Ukraine

Âgé de 54 ans, Andriy Yermak était justement à la tête de la délégation ukrainienne pour ces pourparlers et l'un des membres les plus importants de l'équipe du président Zelensky. Sa démission intervient deux semaines après la révélation d'un scandale de corruption d'ampleur dans le secteur énergétique, déjà mis à mal par les bombardements russes.

"Le chef du cabinet, Andriy Yermak, a présenté sa démission", a annoncé Volodymyr Zelensky dans son message quotidien à la population diffusé sur les réseaux sociaux, le remerciant d'avoir "toujours représenté la position de l'Ukraine" et "toujours adopté une position patriotique". Il a précisé qu'il s'entretiendrait samedi avec les personnes susceptibles de remplacer Andriy Yermak à la tête de la présidence. Un décret de Volodymyr Zelensky a validé dans la foulée sa démission.

Le président a appelé les Ukrainiens à "ne pas perdre (leur) unité", alors que de nombreuses voix s'interrogeaient depuis quatre ans sur l'influence croissante de Andriy Yermak sur le président, qualifiés par certains d'"hypnotique", et sur son contrôle des accès à Volodymyr Zelensky.

Dans la matinée, l'agence anticorruption ukrainienne (NABU) et le parquet spécialisé dans ces affaires (SAP) avaient mené des perquisitions au domicile d'Andriy Yermak, sans préciser pour quelle raison. Ce dernier, nommé à la présidence en 2020, deux ans avant le début de l'invasion russe de l'Ukraine, avait confirmé ces fouilles et assuré coopérer "pleinement" avec les enquêteurs.

L'un des pires scandales de corruption

Ces perquisitions sont liées, selon des députés d'opposition, à l'un des pires scandales de corruption de la présidence Zelensky, qui avait mené début novembre à la destitution de deux ministres et à plusieurs arrestations. Le NABU avait alors mis au jour un "système criminel", orchestré selon les enquêteurs par un proche du président, qui a permis de détourner environ 86 millions d'euros dans le secteur énergétique.

Acculé par ces révélations, Volodymyr Zelensky avait introduit des sanctions contre l'organisateur présumé, Timour Minditch, son ancien associé d'affaires et considéré comme son ami proche. Selon un député d'opposition, Andriy Yermak serait indirectement mentionné sur des enregistrements de conversations entre les suspects comme ordonnant des pressions sur les structures anticorruption. Il y figurerait sous le pseudonyme d'"Ali Baba", qui reprend les premières lettres de son prénom et son patronyme, Andriï Borysovytch.

Ancien producteur de cinéma et juriste spécialisé en propriété intellectuelle, Andriy Yermak avait travaillé avec le président ukrainien à l'époque où ce dernier était un comédien très populaire. Il était considéré comme le deuxième homme le plus influent du pays, après Volodymyr Zelensky. Depuis le début de l'invasion russe il y a bientôt quatre ans, il a mené plusieurs sessions de négociations avec les Américains à Washington, ou encore le week-end dernier à Genève.

"Cette situation affaiblit" la position ukrainienne dans les négociations et la Russie exploitera "sans aucun doute" ce scandale, a commenté auprès de l'AFP l'analyste politique ukrainien Volodymyr Fessenko.

Volodymyr Zelensky sous "hypnose"

L'influence d'Andriy Yermak sur Volodymyr Zelensky est un sujet très discuté en Ukraine depuis le début de la guerre et qui suscite des interrogations jusqu'au sein de l'équipe présidentielle. Les voix critiques accusent le chef de cabinet de concentrer trop de pouvoir, prenant de facto la direction de la politique étrangère du pays et contrôlant l'accès au président.

Son influence sur Volodymyr Zelensky, "c'est comme de l'hypnose", estimait sarcastiquement en novembre auprès de l'AFP une source haut placée au sein du parti présidentiel. Andriy Yermak a "écarté le ministère des Affaires étrangères" des négociations avec Washington, selon cette source. Andriy Yermak "ne permet à personne d'approcher Zelensky, sauf les gens loyaux" et cherche à "influencer presque toutes les décisions de la présidence", a renchéri auprès de l'AFP un ancien haut responsable ayant travaillé avec le chef de l'Etat.

Parfois surnommé "vice-président", Andriy Yermak accompagne Volodymyr Zelensky à quasiment tous les évènements officiels. Selon des médias, les lits des deux hommes se trouvent même côte à côte dans le bunker souterrain de la présidence, ce qui a suscité de nombreuses blagues sur les réseaux sociaux. Ils passent aussi du temps libre ensemble pour faire du sport ou regarder des films.

© STR / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

Cette démission, qui risque de déstabiliser la présidence, arrive à un moment très difficile pour l'Ukraine, alors que ses soldats sont à la peine sur le front et qu'elle négocie avec les Etats-Unis sur un plan visant à mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.
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