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Reçu hier — 23 octobre 2025 L'Express

"Grooming gangs" : au Royaume-Uni, l’affaire des viols en série sur mineurs dans la tourmente

23 octobre 2025 à 19:19

Faire la lumière sur une série de viols sur mineurs ayant fait plus de mille victimes en Angleterre depuis les années 1980. C'est l'objectif de l'enquête nationale lancée en juin par le gouvernement britannique. Mais avant même d'avoir commencé, cette enquête est plongée dans la tourmente.

Quatre victimes viennent d'annoncer qu'elles refusent d'y participer, à moins que la ministre chargée de la protection civile, Jess Philipps, n'accepte de démissionner. Elles reprochent, documents à l'appui, à la ministre d'avoir pris du retard dans la mise en place de cette enquête et d'avoir cherché à élargir sa portée à d'autres crimes, au risque de diluer les accusations initiales.

Quatre victimes de viols refusent de participer à l'enquête

Dans une lettre conjointe adressée à la ministre de l'Intérieur, publiée sur X, ces victimes accusent Phillips d'être "inapte" à diriger l'enquête. "Être publiquement contredites et écartées par une ministre alors qu'on est une victime disant la vérité, c'est se sentir à nouveau méprisé. C'est une trahison qui a détruit le peu de confiance qui subsistait", ajoutent-elles.

Philipps a aussitôt démenti les accusations portées à son encontre : "les allégations de retard intentionnel, de manque d’intérêt ou d’élargissement et de dilution de la portée de l’enquête sont fausses", a-t-elle déclaré devant la Chambre des communes.

Jess Philipps a reçu l'appui de plusieurs ministres de sa famille politique, comme Josh MacAlister (ministre de l'enfance), qui a déclaré qu'elle bénéficiait du "soutien sans réserve" du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur. "Jess restera en poste. Je connais Jess ; elle défend depuis toujours les jeunes filles victimes de maltraitance", a-t-il déclaré à Sky News. En revanche, d'autres personnalités de l'opposition notamment, à commencer par la dirigeante conservatrice Kemi Badenoch, se sont jointes à l'appel des quatre victimes, pour demander le départ de Jess Phillips.

Les deux favoris pour présider la commission d'enquête se retirent également

Outre la mise en retrait de plusieurs victimes, un autre événement a lui aussi secoué le processus. Les deux individus pressentis favoris pour présider la commission d'enquête - la travailleuse sociale Annie Hudson et l'ancien chef adjoint de la police Jim Gamble - ont à leur tour annoncé qu'ils se retiraient. Leurs raisons ? Le manque de confiance de certaines victimes à leur égard - lié selon eux à leurs précédentes occupations professionnelles - et la récupération politique de ce dossier.

Sur la BBC jeudi matin, Gamble a ainsi déclaré que tous les partis politiques, notamment le parti d'extrême droite Reform UK et les Conservateurs, étaient "responsables du chaos créé cette semaine", car ils avaient tous participé à un "marquage politique" de cette affaire, au lieu d'apaiser la colère.

Le gouvernement à la recherche d'un nouveau président pour la commission d'enquête

En réaction, Keir Starmer a mandaté Louise Casey - la rédactrice d'un rapport de 200 pages sur les scandales d'abus sexuels sur mineurs -, pour se mettre en quête d'un autre personne pour présider la commission d'enquête. "Les victimes n'ont toujours pas de président, de mandat et rien qui ressemble à la justice qu'elles méritent", a de son côté déploré le député libéral-démocrate Max Wilkinson, critiquant au passage le gouvernement pour les retards dans l'enquête.

L'enquête devrait notamment permettre de déterminer si les agences de l'Etat ont échoué à protéger les victimes, des gangs de pédophiles - pour la plupart composés d'hommes d'origine pakistanaise ou asiatique - par crainte d'être accusées de racisme ou par préjugés envers ces mineures. Une affaire qui était revenue sur le devant de la scène dans le sillage d’une série de tweets d’Elon Musk, en janvier 2025, dans lesquels il accusait Keir Starmer, ancien procureur de l’affaire, d’avoir "couvert des viols de masse".

La police britannique dans le viseur des victimes

Le Premier ministre britannique avait finalement promis de rouvrir une enquête. Lors de la séance de questions au gouvernement mercredi, il a souhaité rassurer les victimes, assurant que "la portée de l'enquête" ne serait "pas diluée" et que le gouvernement "n'éviterait pas les questions culturelles ou religieuses". Mais une chose est sure : ces scandales ne font qu'abîmer un peu plus l'image de la police britannique déjà largement écornée dans l'opinion, comme le rappelle Le Figaro.

Celle-ci est accusée, entre autres, de misogynie depuis l’affaire Sarah Everart, cette jeune femme vivant à Londres qui avait été enlevée, violée puis tuée par un policier effectuant sa ronde en 2021. Début octobre, une enquête de la BBC a relancé des accusations de misogynie institutionnalisée au sein de la police britannique. On y voit et entend notamment un sergent minimiser les viols subis par une femme enceinte frappée au ventre par son compagnon.

© Getty Images via AFP

Mohammed Zahid arrive au tribunal de Manchester, le 14 janvier 2025. Des procédures préliminaires sont en cours pour huit personnes accusées d'exploitation sexuelle d'enfant.

Donald Trump dit qu'il retirera son soutien si Israël devait annexer la Cisjordanie

23 octobre 2025 à 19:02

Mercredi 22 octobre, le parlement israélien a examiné de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie. Ce projet a été violemment critiqué de toute part, y compris par le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Dans un communiqué, le bureau fustige une "provocation politique délibérée de l’opposition" visant à "semer la discorde" pendant la visite de plusieurs membres de l’entourage de Donald Trump. Les Etats-Unis, par le biais de J.D. Vance, Marco Rubio et de Donald Trump en personne s’y sont fermement opposés. La proposition a également été condamnée par des nombreux pays arabes et musulmans comme le Pakistan et la Turquie par exemple.

Les infos à retenir

⇒ Plusieurs pays fustigent la proposition loi israélienne sur l’annexion de la Cisjordanie

⇒ Le bureau de Benyamin Netanyahou qualifie cette proposition de loi de "provocation" de l’opposition

⇒ Donald Trump menace de retirer son soutien à Israël si la Cisjordanie était annexée

Plusieurs pays arabes et musulmans condamnent la proposition de loi israélienne sur l’annexion de la Cisjordanie

Plusieurs pays arabes et musulmans, dont l’Arabie saoudite, ont condamné jeudi 23 octobre dans un communiqué conjoint l’examen par le parlement israélien de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie.

"L’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Indonésie, le Pakistan, la Turquie, Djibouti, Oman, la Gambie, la Palestine, le Qatar, le Koweït, la Libye, la Malaisie, l’Egypte, le Nigeria, la Ligue arabe et l’Organisation de coopération islamique condamnent avec la plus grande fermeté l’adoption par la Knesset (parlement israélien) de deux projets de loi visant à imposer une soi-disant "souveraineté israélienne" sur la Cisjordanie occupée et sur les colonies illégales israéliennes", affirme le communiqué relayé par l’agence de presse saoudienne, SPA.

Annexion de la Cisjordanie : le bureau de Benyamin Netanyahou dénonce une "provocation" de l’opposition

"Le vote de la Knesset sur l’annexion était une provocation politique délibérée de l’opposition, destinée à semer la discorde pendant la visite du vice-président J.D. Vance en Israël", affirme le bureau de Benyamin Netanyahu dans un communiqué.

Plus tôt jeudi, J.D. Vance avait estimé que cette initiative constituait une "insulte" et l’avait qualifiée de "manœuvre politique stupide". Le secrétaire d’Etat Marco Rubio, arrivé en Israël jeudi soir, s’est également insurgé que la Knesset se soit prononcée pour l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Donald Trump dit qu’il retirera son soutien si Israël devait annexer la Cisjordanie

Le président américain Donald Trump prévient qu’Israël perdrait "le soutien des Etats-Unis" en cas d’annexion de la Cisjordanie, dans une interview au magazine Time diffusée ce 23 octobre et réalisée le 15 octobre par téléphone.

Interrogé, le président aurait répondu "Cela n’arrivera pas. Cela n’arrivera pas parce que j’ai donné ma parole aux pays arabes", dans le cadre des négociations d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. "Et vous ne pouvez pas faire cela maintenant. Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait", a-t-il ajouté. Un tel projet nuit aux efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza, selon Washington.

Donald Trump a également détaillé la manière dont il a fait pression sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour le convaincre d’accepter son plan de paix. "Bibi, tu ne peux pas lutter contre le monde entier", a-t-il affirmé lui avoir dit lors d’un entretien téléphonique. "Vous savez, je l’ai arrêté parce qu’il aurait juste continué. Cela aurait pu durer des années".

Le président américain a également affirmé être convaincu que l’Arabie saoudite et l’Iran normaliseront leurs relations avec Israël d’ici la fin de l’année.

La famine à Gaza ne s’améliore pas depuis la trêve, la situation reste "catastrophique", dit l’OMS

L’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza est "insuffisante" et n’a pas permis une amélioration de la situation dans le territoire a alerté jeudi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"La faim est toujours présente car il n’y a pas assez de nourriture" qui parvient à la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et "la situation reste catastrophique", a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse en ligne depuis le siège de l’OMS à Genève.

Alors que l’accord négocié par Donald Trump prévoit l’entrée de 600 camions par jour, Tedros Adhanom Ghebreyesus a assuré qu’actuellement seuls 200 à 300 camions pénétraient quotidiennement et dont "un grand nombre […] sont commerciaux".

L’Organisation mondiale de la Santé a affirmé jeudi qu’elle prévoyait qu’au moins sept milliards de dollars seraient nécessaires pour la seule réhabilitation du système de santé de la bande de Gaza. "Il n’y a pas d’hôpitaux pleinement opérationnels à Gaza et seuls 14 sur 36 fonctionnent. Il y a une grave pénurie de médicaments, d’équipements et de membres du personnel de santé essentiels" a déclaré le directeur général de l’OMS.

Un ministre israélien présente ses excuses après ses propos "malheureux" sur l’Arabie saoudite

"Mes propos sur l’Arabie saoudite était malheureux" s’est excusé le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, sur X à la suite de vives réactions à une déclaration dans laquelle il avait conseillé à l’Arabie saoudite de continuer "à monter à chameau", plutôt que d’exiger la création d’un Etat palestinien en échange d’une normalisation des relations entre les deux pays.

© afp.com/SAUL LOEB

Le président américain Donald Trump parle à la presse à bord d'Air Force One avant son arrivée à la base Andrews, près de Washington, le 19 octobre 2025

Après Gaza, l’administration Trump veut régler le conflit du Sahara occidental

23 octobre 2025 à 17:56

60 jours. C’est le temps que s’accorde l’entourage du président des Etats-Unis pour instaurer la paix au Sahara occidental. Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient de Donald Trump, l’a annoncé à l’occasion d’une interview accordée à la chaîne américaine CBS News le 19 octobre. "Notre équipe travaille actuellement sur l’Algérie et le Maroc. Un accord de paix sera conclu entre ces deux pays d’ici soixante jours, à mon avis", a-t-il estimé aux côtés de Jared Kushner, gendre du président américain.

"Un demi-siècle d’une crise grave"

Une déclaration qui n’a pas manqué de surprendre, les tensions entre Rabat et Alger remontent à plusieurs décennies. En cause : un désaccord sur le statut du Sahara occidental, dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc qui l’administre depuis 1979 alors que l’Algérie soutient les indépendantistes du Front Polisario, mouvement créé en 1973 pour lutter contre l’occupation espagnole.

Comme le rappelle le quotidien Le Matin d’Algérie, cette annonce intervient alors que les tensions sont loin d’être apaisées : les deux voisins n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 2021. Et le quotidien de mettre en garde contre un tel accord qui "constituerait un tournant historique pour la région, rompant avec plus d’un demi-siècle d’une crise grave, avec fermeture des frontières, renvoi des ambassadeurs, le tout sur un fond trouble de rivalités politiques et géostratégiques." Alger ne s’est pas encore exprimé officiellement.

Une proposition déjà dans les rouages de l'ONU

Comme le rapporte en exclusivité le journal espagnol El Confidencial, Washington semble prêt à se positionner du côté du Maroc. Les Etats-Unis soumettront le 30 octobre une proposition au Conseil de sécurité des Nations unies pour "enterrer à la fin de ce mois l’autodétermination des Sahraouis et miserait plutôt sur le plan d’autonomie limitée que le Maroc offre depuis 18 ans au Front Polisario". Toujours selon El Confidential, la France aurait collaboré à la rédaction du texte, membre permanent du Conseil. Le 30 octobre 2024, Emmanuel Macron avait réaffirmé la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Lors du vote, seule la Russie pourrait empêcher l’approbation en y mettant son veto.

Conscient que faire basculer la Russie dans son camp est donc crucial, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine a pris la route de Moscou où il s’est entretenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour "tenter de le convaincre de s’abstenir lors du vote".

Dans le journal algérien d’Etat, L’Expression, pas question de s’en inquiéter. D’ailleurs le titre dément, affirmant que la question du Sahara occidental n’aurait même pas été abordée lors de la rencontre russo-marocaine. Au contraire, Moscou "fidèle à sa position immuable, considère que la question du Sahara occidental ne pourra être résolue que lorsque toutes les parties parviendront à un accord commun fondé sur les résolutions pertinentes de l'ONU".

Le Maroc vend la peau de l’ours

Mais pour Rabat, pas de place pour le débat, l’issue est évidente : la Russie votera en faveur du Maroc. "La position russe s’inscrit dans un contexte international mouvant où Moscou, affaibli par son isolement occidental, cherche à renforcer son influence sur le continent africain", tranche le journal marocain proche de la couronne, Le Matin.

Sans grande surprise le titre s’est d’ailleurs félicité de la déclaration de Steve Witkoff. Dans ses colonnes, Le Matin estime que cette annonce constitue le signal que "le Maroc s’impose comme un partenaire clé : un Etat stable, doté d’institutions solides et d’une diplomatie équilibrée" aux yeux des Etats-Unis.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

L'émissaire américain Steve Witkoff (d) et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, à l'aéroport de Teterboro, dans le New Jersey, le 13 juillet 2025

Mossad, l’histoire secrète d’une revanche : de l'affront du 7-Octobre aux coups d'éclat

23 octobre 2025 à 17:00

"Au lendemain du 7-Octobre, la pression sur le Mossad est énorme" note l’historien Yvonnick Denoël, spécialiste du renseignement. Les services extérieurs israéliens sont alors sommés par Benyamin Netanyahou d’accélérer leurs opérations pour frapper vite et fort. Le compte à rebours est lancé.

Et la réponse du Mossad est pour le moins... spectaculaire. Les 17 et 18 septembre 2024, plusieurs milliers de bipeurset de talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, au Liban principalement, et dans une plus faible mesure en Syrie, explosent simultanément. Bilan : 42 morts et 3 500 blessés, dont plusieurs hauts responsables du mouvement chiite. Quelques jours plus tard, le 28 septembre, une frappe à Beyrouth tue le leader du mouvement, Hassan Nasrallah. Le 13 juin 2025, Israë bombarde massivement l'Iran, ces "frappes préventives" visant le programme nucléaire iranien. Enfin, le 9 septembre 2025, Israël frappe cette fois les négociateurs du Hamas au Qatar. Autant de coups d'éclat permis par les renseignements du Mossad et ses agents sur place, que ce soit au Liban, en Iran ou au Qatar.

Comment l'agence israélienne a-t-elle orchestré ces opérations spectaculaires ? Dans un nouveau long format vidéo, L’Express plonge dans le secret des services extérieurs israéliens. C’est à découvrir sur notre site, et tous nos réseaux sociaux.

© L'Express

Mossad : l’histoire secrète d’une revanche

La police de l'immigration de Donald Trump dépense sans compter

23 octobre 2025 à 16:37

La police fédérale américaine de l'immigration (ICE), déployée par Donald Trump dans l'ensemble du pays, dispose de moyens financiers colossaux et dépense des dizaines de millions de dollars pour l'achat d'armes, munitions, gilets pare-balles et technologies de surveillance, selon des documents comptables consultés par l'AFP. Ces dépenses d'armement et de technologie sont largement supérieures à ce qu'elles étaient sous la présidence Biden ou durant le premier mandat de Donald Trump.

Plus de 70 millions de dollars de commandes

L'ICE que ses détracteurs accusent de se transformer en force paramilitaire, a reçu pour mission d'expulser un nombre sans précédent de migrants en situation irrégulière sur le sol américain et dépense sans compter pour y parvenir. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier, l'ICE a passé pour plus de 70 millions de dollars de commandes dans la catégorie "fabrication d’armes légères, munitions et accessoires". A titre de comparaison, entre le 20 janvier et le 20 octobre 2024, l’agence avait dépensé 9,7 millions de dollars dans cette même catégorie, selon les mêmes documents officiels.

Rien qu’en septembre, l'ICE a commandé pour 10 millions de dollars d’armes à feu et de chargeurs à la société Quantico Tactical Incorporated et pour 9 millions de dollars de fusils et accessoires auprès du fabricant d’armes automatiques Geissele Automatics. L’agence a également acheté pour plus de 10 millions de dollars de gilets pare-balles, holsters et équipements associés au cours du même mois.

3,75 millions de dollars dépensés en logiciels de surveillance

Ces achats massifs de matériel s’accompagnent d’une frénésie de dépenses dans les logiciels de surveillance, selon les documents consultés par l'AFP. Ainsi, en septembre, l'ICE a dépensé 3,75 millions de dollars pour des logiciels et services associés auprès de la société de reconnaissance faciale Clearview AI.

Depuis le début du second mandat Trump, l’agence fédérale a également acheté des produits de Magnet Forensics et Cellebrite, deux sociétés qui fabriquent des logiciels d’extraction de données de téléphones portables, ainsi que des produits de Penlink qui fournit des données de localisation issues de centaines de millions de téléphones. S'ajoute à cela un contrat de 30 millions de dollars avec Palantir pour développer "Immigration OS", une plateforme tout-en-un destinée à cibler les migrants en situation irrégulière et identifier ceux en cours de retour volontaire vers leur pays d'origine.

Dans le même temps, l'ICE a réactivé un contrat de deux millions de dollars avec Paragon, un fournisseur israélien de logiciels espions. Ce contrat avait été suspendu sous l’administration Biden, après un décret de 2023 interdisant l’achat de logiciels espions présentant des risques pour la sécurité nationale.

Surveillance des réseaux sociaux 24h/24

Au-delà des contrats déjà signés, l’agence a lancé des appels d’offres pour renforcer sa surveillance des réseaux sociaux. Un appel d'offres, publié début octobre, recherche des prestataires capables de créer un centre de surveillance des réseaux sociaux, avec près de 30 analystes opérant 24h/24, pour "recueillir en temps réel des informations cruciales et spécifiques" sur des individus à partir des données partagées en ligne.

Si les opérations de surveillance jouent un rôle important dans les activités policières, les défenseurs des droits humains s’inquiètent depuis longtemps de l’ampleur des données collectées à l’ère des réseaux sociaux. "Une surveillance à grande échelle des réseaux sociaux menace la liberté d’expression", affirme Cooper Quintin, un expert en technologie. "Si les gens savent que l'ICE surveille les réseaux sociaux, à la recherche de toute personne exprimant une forme d’attachement à son pays d’origine, cela va en dissuader beaucoup de s’exprimer publiquement", a déclaré l'expert à l’AFP.

La possibilité d’acheter des données via des tiers permet aussi aux agences de surveiller un grand nombre de personnes sans mandat judiciaire, a-t-il fait remarquer. L'ICE n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Explosion du budget

Tous ces achats ont été rendus possibles par une enveloppe budgétaire massive votée par le Congrès contrôlé par les républicains. Le budget adopté en juillet a alloué à l'ICE un budget de fonctionnement de 75 milliards de dollars sur quatre ans, soit 18,8 milliards par an en moyenne. C’est presque le double du budget de 9,6 milliards de dollars de l’année fiscale 2024.

Alors que d’autres agences gouvernementales fonctionnent au ralenti en raison de la fermeture partielle de l’administration, l'ICE et son ministère de tutelle, la Sécurité intérieure, sont largement épargnés.

© afp.com/ETIENNE LAURENT

Un agent de l'ICE, la police fédérale de l'immigration, déployé à Los Angeles le 13 juin 2025

Trois hommes soupçonnés d'avoir aidé les services de renseignement russes arrêtés à Londres

23 octobre 2025 à 15:52

Trois hommes ont été arrêtés jeudi à Londres, soupçonnés d'avoir aidé les services de renseignement russes, a annoncé la police dans un communiqué. Ces hommes de 48, 45 et 44 ans "ont été arrêtés pour suspicion d'avoir aidé un service de renseignement étranger", indique la police, précisant que "le pays auquel se rapportent les infractions présumées est la Russie". Elle n'a pas précisé les nationalités des mis en cause, ni donné de détail sur les activités concernées.

Des perquisitions sont en cours aux trois domiciles où ces hommes ont été arrêtés ainsi qu'à une quatrième adresse dans l'ouest de la capitale. "Nous constatons un nombre croissant de personnes que nous décrivons comme des 'proxies' (intermédiaires) recrutés par des services de renseignement", a souligné Dominic Murphy, chef de l'unité antiterroriste de Londres, cité dans le communiqué.

Des conséquences "potentiellement très graves"

"Toute personne qui pourrait être contactée et tentée de se livrer à des activités criminelles au nom d'un Etat étranger ici au Royaume-Uni devrait y réfléchir à deux fois", a-t-il ajouté, prévenant que les conséquences de tels agissements seront "potentiellement très graves".

Mi-octobre, Ken McCallum, le chef des renseignements intérieurs britanniques (MI5) a mis en garde contre la menace quotidienne de l'espionnage chinois pour le Royaume-Uni, citant aussi la menace russe.

© Rasid Necati Aslim / ANADOLU AGENCY / Anadolu via AFP

Trois hommes ont été arrêtés jeudi à Londres, soupçonnés d'avoir aidé les services de renseignement russes, a annoncé la police dans un communiqué.

En Argentine, les Etats-Unis tentent de contrer l’influence de la Chine

23 octobre 2025 à 13:38

Les Etats-Unis et la Chine s’engageraient-ils dans une nouvelle bataille commerciale en Amérique du Sud ? C’est en tout cas ce que semblent dessiner les échanges des dernières semaines entre le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, et Luis Caputo, ministre argentin de l’Économie. Selon le Wall Street Journal, les deux hommes auraient évoqué la possibilité de limiter l’accès de la Chine aux ressources du pays, tout en permettant au contraire aux Etats-Unis de s’approvisionner à plus grande échelle en uranium, une ressource très importante en Argentine.

L’enjeu est de taille, car la Chine est le deuxième partenaire commercial de l’Argentine après le Brésil, et le premier acheteur de ses exportations agricoles. "Stabiliser l’Argentine, c’est "l’Amérique d’abord". Une Argentine forte et stable contribue à la prospérité de l’hémisphère occidental, ce qui est clairement dans l’intérêt stratégique des États-Unis", assure un porte-parole du Trésor auprès du journal américain.

D’autres responsables de l’administration tenteraient d’encourager les dirigeants argentins à conclure des accords avec des entreprises américaines pour relancer des projets d’infrastructures ou investir dans des secteurs clés comme les télécommunications. Car là encore, la Chine n’est pas loin : le géant téléphonique local, Telecom Argentina, a récemment accepté un prêt de 74 millions de dollars de la Banque de Chine, et Huawei, une entreprise technologique chinoise soumise à des restrictions d’activité aux États-Unis, exploite une entreprise de réseau mobile 5G en Argentine.

Un contexte tendu

Pour les Etats-Unis, limiter l’influence de la Chine dans les pays du sud du continent est aussi une question de sécurité nationale. Pékin "attaque les intérêts américains de toutes parts" en Amérique latine, a déclaré au Congrès l’amiral Alvin Holsey, chef du Commandement Sud des États-Unis, en février. "Vous pouvez faire du commerce, mais vous ne devriez certainement pas aller plus loin. Vous ne devriez certainement pas avoir quoi que ce soit en rapport avec l’armée chinoise. Et si c’est ce qui se passe, je serais très contrarié", a aussi lancé Donald Trump à Javier Milei, lors d’une réunion à la Maison-Blanche la semaine dernière.

Ces discussions interviennent dans un contexte tendu pour l’Argentine : l’administration du libertaire Javier Milei se heurte à des obstacles importants pour mener à bien son ambitieux programme de réforme économique et lutter contre une inflation galopante. Après avoir réduit les dépenses publiques et pris des mesures impopulaires pour combler le déficit budgétaire, l’administration Milei est désormais confrontée à une augmentation des paiements de sa dette pour l’année 2026 et à des caisses publiques vides. Les réserves de devises étrangères diminuent également, les Argentins se ruant sur le dollar pour se protéger des risques de turbulences économiques à l’approche des élections législatives de mi-mandat, ce dimanche 26 octobre.

Lundi, la banque centrale argentine (BCRA) a officialisé un accord d’échange bilatéral de devises avec les Etats-Unis, visant à "contribuer à la stabilité macroéconomique de l’Argentine, avec un accent particulier pour préserver la stabilité des prix et promouvoir une croissance économique durable", indiquait-elle dans un communiqué. En plus de cet accord de "swap", le Trésor américain a annoncé mercredi 15 octobre travailler depuis des semaines avec des acteurs privés à un autre dispositif de 20 milliards de dollars pour aider l’Argentine dans le remboursement de sa dette.

© afp.com/Kevin Dietsch

Javier Milei, ici le 14 octobre 2025 avec Donald Trump à Washington, assure à qui veut l'entendre que le soutien financier américain lui est acquis jusqu'à la fin de son mandat, "jusqu'à 2027". President Trump Meets With Visiting Argentine President Milei At The White House

Guerre en Ukraine : Kiev dévoile une nouvelle version de ses redoutables drones "Sea Baby"

23 octobre 2025 à 13:17

Kiev assure qu’il peut maintenant frapper n’importe où dans la mer Noire : les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont récemment dévoilé la dernière version du drone maritime "Sea Baby". Désormais, l’engin - qui ressemble bien plus à un bateau qu’à l’image traditionnelle du drone - est capable de transporter jusqu’à 2 000 kilos en charge utile, presque le double de son précédent modèle. Son nouveau rayon d’action, limité auparavant à 1 000 kilomètres, atteint les 1 500 kilomètres.

Une telle avancée technologique n’est pas sans importance dans la guerre contre Moscou, axée autour des drones. La Russie comme l’Ukraine ont particulièrement recours à ces armes opérées sans pilotes et bénéficiant d’une force de frappe considérable. Kiev a récemment révélé produire des millions de drones depuis le début de la guerre et a indiqué en utiliser près de 10 000 quotidiennement.

Des drones assistés par l’IA

Selon les déclarations du général de brigade des services de sécurité ukrainiens, Ivan Loukachevitch, rapportées par Euronews, la version améliorée du Sea Baby est également équipée d’un système de ciblage assisté par l’intelligence artificielle. Elle pourra aussi lancer de petits drones d’attaque aérienne et des systèmes d’autodestruction multicouches afin d’empêcher toute capture par les forces russes. Sea Baby aura en plus la capacité de transporter des armes contrôlées à distance, comme des lance-roquettes par exemple.

Cette arme améliorée sera opérée depuis des centres de contrôle mobiles situés à l’intérieur d’une camionnette, grâce à plusieurs écrans. Comme l’a souligné le général Loukachevitch, le Sea Baby est ainsi passé d’un engin de frappe à usage unique à une plateforme réutilisable et polyvalente qui élargit les options offensives de l’Ukraine.

Une arme efficace en mer Noire

L’agence de presse américaine Reuters relève le succès considérable qu’a eu l’Ukraine en mer Noire en utilisant ces drones décrits comme étant "essentiellement des bateaux, petits, rapides et sans équipage". Cet engin a permis de cibler la flotte russe, neutralisant certains navires et forçant les autres à quitter la péninsule de Crimée pour s’établir sur la côte russe de la mer Noire. De quoi permettre à l’Ukraine de maintenir ouvertes les principales routes commerciales civiles vers l’Europe. "Nous avons besoin que notre flotte commerciale navigue, travaille, maintienne l’économie en activité", a de fait expliqué Ivan Loukachevitch, dans des propos rapportés par Reuters.

Le drone Sea Baby est également à l’origine des frappes sur le pont - construit illégalement par Moscou - qui relie la Crimée à la Russie entre la mer Noire et la mer d’Azov.

Une technologie bientôt en vente ?

Depuis le début de la guerre, Kiev a pris une avance incontestable sur le reste de l’Europe en matière de production de drones. Lors de son allocution aux Nations Unies en septembre dernier, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a indiqué qu’il lèverait prochainement la restriction qui pèse sur l’export d’armes dans son pays depuis l’instauration de la loi martiale.

La nouvelle version du drone maritime Sea Baby devrait faire partie des armes que l’Ukraine va ouvrir à la vente pour ses partenaires internationaux. Selon Euronews, le pays compte environ 800 producteurs d’armes, dont plus de 200 produisent des drones.

© NurPhoto via AFP

Les nouveaux drones Sea Baby peuvent transporter des charges de 2 000 kilos. Photo by Kyrylo Chubotin / NurPhoto via AFP)

Quand la France est obnubilée par ses retraites et en oublie les menaces du monde, par Marion Van Renterghem

23 octobre 2025 à 12:00

Dans le spectacle de cirque que la France persiste à offrir à ses voisins, le numéro le plus affligeant restera celui des acteurs politiques qui n’ont cessé de faire de la suspension de la réforme des retraites une question de vie ou de mort. Que ce soit pour ne pas en concéder un iota, ou pour finir par brader un principe qu’ils avaient dit intangible, les uns et les autres se sont distingués, sauf rares exceptions, par leur indifférence aux menaces du monde. Au moment où la souveraineté des Etats de l’Europe dépend de leur capacité à s’unir et à s’armer face à la Russie et au désengagement américain, on aurait pu espérer que la grande bataille politique s’articule autour d’un débat sur l’aide à l’Ukraine, le développement d’une industrie de défense comme nécessité existentielle et facteur de croissance dans l’économie, la contribution de la France au pilier européen de l’Otan. Mais non. L’enjeu d’une possible censure n’est pas de travailler plus pour financer le modèle social français et la capacité de l’Europe à se défendre, mais de ne pas travailler trop.

Entre l’énergie que les artistes de l’Assemblée consacrent à une durée de tra­vail dont l’allongement est une évidence à peu près partout ailleurs, et leur déni de la ­tempête extérieure qui risque d’emporter tout le chapiteau, le contraste est inquiétant. Quelle image de nous-mêmes renvoie à nos voisins européens ce désir collectif apparemment insurmontable de tra­­vailler moins longtemps que chacun d’eux, fussent-ils dirigés par des gouvernements de droite ou de gauche ? Par quelle magie espérons-nous préserver notre Etat social en évacuant la réalité du vieillissement et du déclin démographique, alors que, pour la première fois depuis 1945, le nombre de décès dépasse celui des naissances dans l’Hexagone ? Sa force de frappe indépendante fait de la France une voix influente dans le monde. Son endettement abyssal ajouté à la fragmentation des électeurs, son incapacité au compromis et la perte de toute majorité depuis le pari criminel de la dissolution sont en train de faire de ce grand pays le maillon faible de l’Europe, de moins en moins crédible et de plus en plus inadapté à la stature internationale dont les Français veulent continuer à se croire parés.

C’est bien le soutien à l’Ukraine et la sécurité de l’Europe qui sont en jeu derrière le vote d’un budget et la stabilité provisoire, derrière une éventuelle dissolution et l’élection présidentielle à venir. La France est un élément moteur de la mobilisation face à la guerre hybride menée par Poutine contre l’UE et l’Otan – après avoir beaucoup essayé de ne "pas humilier la Russie" en tentant de négocier avec elle, quitte à se faire donner une leçon d’histoire au bout d’une table de 6 mètres de longueur. Et ce, quoi qu’en disent les alliés du président russe, qui dénoncent contre toute évidence le "bellicisme" de l’UE et de l’Otan. L’initiative d’Emmanuel Macron, du Britannique Keir Starmer et de l’Allemand Friedrich Merz de former avec d’autres une coalition de volontaires pour garantir l’application d’un accord de cessez-le-feu entre Kiev et Moscou institue la naissance d’une identité stratégique de l’Europe, trop tardive mais désormais indispensable, à l’heure où les Etats-Unis amorcent leur repli du Vieux Continent.

Ligne de fracture

En France, la sécurité de l’Europe passe après l’abaissement de l’âge de la retraite. Que la question n’apparaisse même pas dans les accords actuels en dit long sur la dé­connexion des politiques face aux défis stratégiques essentiels. La ligne de fracture qui aurait dû être mise sur la table, c’est celle du soutien impératif à l’Ukraine, autour des deux frères en politique étrangère que sont le RN et La France insoumise. Lorsqu’il s’agit de voter les textes visant à maintenir la ligne de la France d’une mobilisation active pour l’Ukraine, les deux extrêmes s’y opposent plus ou moins frontalement – ambiguïté pour l’un, et hostilité pour l’autre – et retrouvent leurs fondamentaux : détestation de l’UE et de l’Alliance atlantique, indulgence envers les autocrates. Avant de confier la for­mation d’un gouvernement au RN, une considération devrait l’emporter : le peu de garantie que présente pour la sécurité de la France et de l’Europe le parti de Marine Le Pen, qui a maintes fois formulé son admiration pour Vladimir Poutine.

© afp.com/Anne-Christine POUJOULAT

Le Premier ministre Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale le 21 octobre 2025

Les Etats-Unis étendent leur campagne de frappes anti-drogue au Pacifique

23 octobre 2025 à 11:59

Les Etats-Unis ont frappé mardi et mercredi deux bateaux soupçonnés de trafic de drogue dans l’océan Pacifique, a annoncé mercredi 22 octobre le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth. Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, et qui ont fait respectivement deux et trois morts, sont les premières de ce type contre des navires dans l’océan Pacifique : les précédentes n’avaient jusqu’à présent eu lieu que dans les Caraïbes.

Une source militaire colombienne a affirmé à l’AFP que la frappe de mardi s’était produite "près" mais non à l’intérieur des eaux colombiennes. Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts. L’origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n’a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.

Today, at the direction of President Trump, the Department of War carried out yet another lethal kinetic strike on a vessel operated by a Designated Terrorist Organization (DTO). Yet again, the now-deceased terrorists were engaged in narco-trafficking in the Eastern Pacific.

The… pic.twitter.com/PEaKmakivD

— Secretary of War Pete Hegseth (@SecWar) October 23, 2025

Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu’il revendique comme une lutte contre le narcotrafic. La Maison-Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.

Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes. "Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n’y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré Peter Hegset. Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.

Donald Trump dit à Gustavo Petro de "faire attention"

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.

"Ce qui est en jeu, c’est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s’est alarmé mercredi l’ambassadeur colombien à Washington Daniel Garcia-Pena, dans un entretien à l’AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation. "Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme […] de ses relations internationales, dans lequel l’incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".

Mercredi, le président américain a qualifié son homologue colombien Gustavo Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L’élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine. Donald Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l’encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité Gustavo Petro à "faire attention". Le secrétaire d’Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".

Le Venezuela a pour sa part accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5 000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.

© Anadolu via AFP

Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth lors d'une conférence de presse au Pentagone, le 26 juin 2025.

La bande de Gaza coupée en deux ? Ce plan de Jared Kushner qui suscite l’inquiétude

23 octobre 2025 à 11:37

C’est une perspective qui inquiète les pays arabes, mais qui pourrait bien devenir réelle. Mardi 21 octobre, le vice-président américain, J.D. Vance, et le gendre du président Donald Trump, Jared Kushner, ont évoqué la possibilité d’une division en deux de Gaza à moyen et long terme, lors d’une conférence de presse en Israël consacrée au cessez-le-feu actuel.

Selon J.D. Vance, le territoire palestinien est actuellement séparé en deux zones, l’une relativement sûre contrôlée par Israël, l’autre extrêmement dangereuse dirigée par le Hamas, et l’objectif serait d’étendre géographiquement la première. D’ici là, aucun financement pour la reconstruction ne serait alloué aux zones encore sous contrôle de l’organisation terroriste, a précisé Jared Kushner, insistant sur la nécessité de la "démilitariser" d’abord et de mettre en place une force internationale de sécurité. "Des réflexions sont actuellement menées dans la zone contrôlée par Tsahal, pour autant que cela soit possible, afin de lancer la construction d’un nouveau Gaza et d’offrir aux Palestiniens qui y vivent un lieu où aller, un lieu où trouver du travail et un endroit où vivre", a-t-il encore ajouté.

Les médiateurs arabes, de leur côté, s’opposent fermement à l’idée de diviser Gaza, arguant qu’une telle séparation pourrait conduire à une zone de contrôle israélien permanent à l’intérieur de l’enclave. Or, dans le plan de paix de Donald Trump, la zone sous contrôle d’Israël doit se réduire à mesure que divers critères sont atteints, parmi lesquels la création d’un comité de technocrates pour administrer Gaza et celle d’une force internationale pour assurer la sécurité. Plusieurs gouvernements arabes souhaiteraient également que l’enclave soit supervisée par l’Autorité palestinienne, qui gouverne une grande partie de la Cisjordanie, mais le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’y oppose fermement.

@lexpress

🇮🇱 Depuis la signature de l’accord de paix entre Israël et le Hamas, les observateurs s’interrogent sur l’avenir politique du Premier ministre israélien. Pour Karim Emile Bitar, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis, Benyamin Netanyahou "sait que l'heure des comptes va peut-être venir". 🔗 Lien en bio #israel #monde #trump #netanyahou #news #newsattiktok #apprendresurtiktok #sinformersurtiktok

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Une opportunité d'affaiblir le Hamas

D’après le Wall Street Journal, des responsables de la Maison-Blanche ont affirmé que Jared Kushner était l’instigateur du plan de reconstruction divisée, qu’il aurait élaboré aux côtés de l’envoyé spécial Steve Witkoff. Mais ce projet doit encore résoudre des questions importantes pour devenir viable, à commencer par la fourniture de services quotidiens aux Palestiniens vivant dans une partie de Gaza occupée par Israël, dans le cas où ils seraient disposés à s’y réinstaller. Des inquiétudes subsistent également quant à la manière d’empêcher les membres du Hamas de pénétrer du côté israélien, plusieurs sources évoquant la mise en place d’un programme de vérification des antécédents mené par les autorités israéliennes.

Avec cette reconstruction divisée, certains analystes en Israël, au contraire, voient une opportunité d’affirmer leur domination sur le Hamas. "Le projet de renforcement des zones sous contrôle israélien à Gaza pourrait affaiblir politiquement l’organisation terroriste, tout en permettant à l’armée israélienne de mener des opérations qui érodent encore davantage la capacité de combat du groupe", a déclaré auprès du Wall Street Journal Ofer Guterman, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité nationale de Tel-Aviv.

En attendant, la priorité absolue des États-Unis reste de maintenir le respect du cessez-le-feu, remis en cause par une série d’incidents et de différends liés au fait que le Hamas n’ait pas encore restitué les corps de certains otages morts à Gaza. Le secrétaire d’État Marco Rubio est attendu en Israël ce jeudi.

© afp.com/Omar AL-QATTAA

Des Palestiniens marchent dans les ruines de Gaza-Ville le 22 octobre 2025.

Guerre en Ukraine : la Russie se dit "immunisée" contre les sanctions américaines

23 octobre 2025 à 10:28

L’idylle n’aura pas tenu très longtemps. Alors que le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine devaient se rencontrer à Budapest ces prochaines semaines, une réunion qui ne semble finalement plus d’actualité, Donald Trump a annoncé mercredi 22 octobre des sanctions pétrolières "énormes" contre la Russie. Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait annoncé des sanctions contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, "qui financent la machine de guerre du Kremlin", invoquant le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée".

Les infos à retenir

⇒ Les Etats-Unis annoncent des sanctions contre la Russie, qui se dit "immunisée"

⇒ Donald Trump dénonce des discussions qui ne vont "nulle part" avec Vladimir Poutine

⇒ Les sanctions américaines n'ont pas d'impact significatif sur la Russie, assure le président russe

Les sanctions américaines "sérieuses" mais sans "impact significatif" sur la Russie, selon Vladimir Poutine

Le président Vladimir Poutine a estimé jeudi que les sanctions prises la veille par Washington contre le secteur pétrolier russe étaient "sérieuses" mais qu'elles n'auraient pas d'"impact significatif" sur l'économie de son pays. Il a d'ailleurs estimé qu'il était "impossible" de remplacer les produits pétroliers russes sur le marché mondial.

Malgré l'annonce par Donald Trump du report de la rencontre prévue avec lui à Budapest, Vladimir Poutine a plaidé pour la poursuite du "dialogue", tout en avertissant une nouvelle fois contre toute livraison de missiles américains Tomahawk à l'Ukraine.

Volodymyr Zelensky appelle l'UE à avancer sur l'utilisation des avoirs gelés russes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi à Bruxelles les dirigeants européen à utiliser les avoirs gelés russes pour soutenir son effort de guerre, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre Moscou.

"J'espère qu'ils prendront une décision politique, une décision positive d'une manière ou d'une autre pour aider l'Ukraine", a-t-il déclaré devant la presse, en marge d'un sommet des 27 où la question de l'utilisation de ces avoirs de la banque centrale russe sont au coeur des discussions.

Deux journalistes ukrainiens tués par un drone russe dans l'est de l'Ukraine

Deux journalistes ukrainiens de la chaîne Freedom TV, Aliona Gramova et Evguen Karmazine, ont été tués jeudi par un drone russe à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine. Un troisième journaliste, Alexandre Kolichev, a été blessé et hospitalisé, a indiqué Freedom TV.

"Il ne s'agit pas d'accidents ou d'erreurs, mais d'une stratégie délibérée de la Russie visant à faire taire toutes les voix indépendantes", a dénoncé le président Volodymyr Zelensky sur X.

Dix morts, douze disparus dans une explosion mercredi dans une usine en Russie

Une explosion dans une usine dans le centre de la Russie mercredi soir a fait au moins dix morts et douze disparus, a annoncé jeudi le gouverneur de la région de Tcheliabinsk, Alexeï Teksler. Des médias russes ont indiqué que cette usine fabriquait des explosifs destinés aux forces armées.

"Il ne s'agit pas d'une attaque de drone", a affirmé le gouverneur, mais la justice a néanmoins annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle. En riposte à l'offensive à grande échelle lancée par la Russie en Ukraine en février 2022, Kiev a régulièrement pris pour cible avec des drones des sites industriels russes.

Alimentation électrique rétablie pour la centrale nucléaire de Zaporijjia

L'alimentation électrique de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine a été rétablie après une panne record d'un mois depuis l'invasion russe, a déclaré jeudi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

La reprise de l'alimentation de la plus grande centrale d'Europe, occupée depuis mars 2022 par les forces russes est intervenue après la réparation d'une ligne à l'extérieur du site grâce à un cessez-le-feu local. Elle constitue "une étape cruciale pour la sûreté et la sécurité nucléaires", a indiqué l'organisme de surveillance nucléaire des Nations unies dans un message sur X.

Moscou et Kiev se sont accusés, réciproquement et à plusieurs reprises, de risquer une catastrophe nucléaire en attaquant le site et se rejettent la faute concernant la dernière coupure d'électricité.

Libération du cycliste français Sofiane Sehili qui était détenu en Russie

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été libéré jeudi par la justice russe après avoir été condamné à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" dans l'Extrême-Orient russe.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été "exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal" de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe) où a eu lieu l'audience, a-t-elle précisé.

Aucun Russe ou Bélarusse "ne devrait se qualifier" pour les Jeux 2026, a estimé le Comité international paralympique

Aucun athlète russe ou bélarusse "ne devrait se qualifier" pour les Jeux paralympiques d'hiver de Milan-Cortina (6-15 mars 2026) à la suite des prises de position des grandes fédérations, a estimé jeudi le Comité international paralympique (IPC).

Les positions prises par les trois premières fédérations (ski et snowboard, biathlon et curling) "signifient actuellement que les athlètes et les équipes de Russie et du Belarus ne peuvent participer à leurs événements, ce qui rend impossible leur qualification" pour les Paralympiques 2026, résume Andrew Parsons, le président de l'IPC, cité dans un communiqué.

Kiev annonce que la Russie a rendu 1.000 corps à l'Ukraine

La Russie a rendu jeudi à l'Ukraine 1.000 corps présentés comme ceux de soldats ukrainiens tués au combat, a annoncé l'administration ukrainienne chargée des prisonniers de guerre. "Les opérations de rapatriement se sont déroulées aujourd'hui" (jeudi) et portent sur "1.000 corps", a souligné cette administration sur Telegram, saluant l'aide apportée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Un travail d'identification des dépouilles doit désormais être mené par des médecins légistes et des enquêteurs, sous l'autorité de la justice ukrainienne.

A la mi-septembre l'Ukraine avait déjà annoncé avoir récupéré un millier de corps, comme en juillet et en août, signe de l'intensification des combats autour de la ligne de front dans l'est du pays. Par ailleurs début octobre, Moscou et Kiev avaient échangé 185 prisonniers de guerre de chaque camp.

Les échanges de dépouilles de militaires et de prisonniers de guerre constituent les seuls résultats des négociations entre les deux belligérants, plus de trois ans et demi après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

Des nouvelles sanctions américaines contre la Russie, qui se dit "immunisée"

Donald Trump a laissé éclater son exaspération envers Vladimir Poutine mercredi 22 octobre, et a annoncé des sanctions qualifiées "d’énormes" contre le secteur pétrolier russe, dans l’espoir d’amener Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Ce sont des sanctions énormes […] Et nous espérons qu’elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu’un terme sera mis à la guerre", a affirmé le président américain en recevant le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.

Mais Moscou a balayé ces sanctions jeudi matin, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères dénonçant une "démarche exclusivement contre-productive". "Notre pays a développé une immunité solide contre les restrictions occidentales et continuera à développer avec assurance son potentiel économique, y compris dans le domaine énergétique", a ajouté Maria Zakharova lors de son briefing hebdomadaire.

Les nouvelles sanctions américaines, qui visent les groupes pétroliers russes Rosneft et Lukoil, sont la conséquence selon Washington de "l’absence de volonté sérieuse de la Russie de s’engager dans un processus de paix afin de mettre fin à la guerre en Ukraine". Elles impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec les deux géants pétroliers russes. Le Trésor américain a dit être "prêt à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire".

"Nous avons attendu cela. Espérons que cela fonctionne, c'est très important", a salué ce jeudi Volodymyr Zelensky, estimant qu'il s'agissait d'un "message fort". En parallèle, l’Union européenne a annoncé avoir trouvé un accord pour durcir ses sanctions sur les hydrocarbures russes et tarir les ressources du Kremlin. L’UE prévoit notamment un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.

Donald Trump déplore des discussions qui tournent en rond

"A chaque fois que je parle avec Vladimir, nous avons de bonnes conversations mais ensuite elles ne vont nulle part", a affirmé le président américain, Donald Trump, après avoir annoncé de nouvelles mesures pour mettre la pression à la Russie.

Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait justifié les sanctions prises en invoquant le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée". "Le président Poutine n’a été ni franc, ni honnête à la table des négociations, comme nous l’aurions espéré", a déclaré le ministre lors d’une interview à la chaîne Fox Business, assurant que le président américain était "déçu de l’état actuel des pourparlers" sur la guerre en Ukraine.

Pour autant, les Etats-Unis ne ferment pas la porte à une rencontre avec les Russes, a assuré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio tard mercredi. "Nous serons toujours intéressés par un dialogue s’il existe une possibilité de parvenir à la paix", a-t-il déclaré à la presse.

La Belgique menace de bloquer la mobilisation des avoirs russes si elle n'obtient pas des garanties

La Belgique, où la plupart des avoirs russes gelés par les Européens sont conservés, a réitéré ce jeudi ses conditions à leur mobilisation pour aider l'Ukraine, menaçant sinon de s'opposer à cette mesure, qui figure au menu d'un sommet des 27 ce jeudi à Bruxelles.

"Je veux une mutualisation complète du risque", a déclaré le Premier ministre Bart de Wever, lors de son arrivée au sommet, soulignant qu'en cas de problème, "les conséquences ne peuvent pas être uniquement pour la Belgique". "Si l'argent doit être remboursé, (il faudra) que chaque Etat membre contribue", pour ne pas laisser la Belgique assumer seule ce risque, a-t-il ajouté. Enfin, il exige que cette mobilisation des avoirs soit également mise en œuvre dans les autres pays alliés de Kiev. "Nous savons qu'il y a de vastes sommes d'argent russe dans d'autres pays qui ont toujours gardé le silence à ce sujet", a-t-il relevé. "Si ces trois exigences, qui me semblent tout à fait raisonnables, sont satisfaites, alors nous pourrons aller de l'avant. Sinon, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir au niveau européen, ainsi qu'au niveau national, politiquement et légalement, pour bloquer cette décision", a-t-il martelé.

La Commission européenne a proposé un montage financier qui lui permettrait de continuer à financer Kiev en s'appuyant sur les avoirs de la banque centrale russe gelés depuis l'invasion de l'Ukraine, sans les confisquer. Les dirigeants de l'UE doivent discuter de ce "prêt de réparation" en faveur de Kiev lors d'un sommet à Bruxelles jeudi, et les responsables de la Commission espèrent qu'ils donneront le feu vert à l'élaboration d'une proposition juridique plus détaillée.

Des frappes russes sur l'Ukraine tuent un secouriste et endommagent une synagogue selon Kiev

Des frappes russes sur l'Ukraine menées dans la nuit et tôt jeudi matin ont causé la mort d'un secouriste, perturbé le trafic ferroviaire et endommagé une synagogue, ont annoncé les autorités ukrainiennes.

Des journalistes de l'AFP à Kiev ont entendu des sirènes d'alerte et des explosions pendant la nuit, durant laquelle la Russie a lancé 130 drones, selon l'armée de l'air ukrainienne. Un secouriste a été tué et cinq autres blessés, alors qu'ils intervenaient sur un incendie à la suite d'un bombardement sur un village de la région de Kharkiv (nord-est).

Dans la capitale, huit personnes ont été blessées, selon les autorités locales, tandis que le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga a fait état d'une frappe ayant endommagé une synagogue. "La terreur russe n'épargne personne, y compris les communautés religieuses", a-t-il fustigé sur X, assurant que depuis le début de l'invasion russe en février 2022, soixante-sept responsables religieux ont été tués et 640 lieux de culte endommagés.

© afp.com/Alexei Nikolsky

Les Etats-Unis ont décidé de sanctionner les géants russes Rosneft et Lukoil.

Guerre en Ukraine : Donald Trump durcit le ton et sanctionne le pétrole russe

23 octobre 2025 à 10:01

Elles sont "énormes" selon lui : Donald Trump a laissé éclater son exaspération mercredi 22 octobre envers Vladimir Poutine et annoncé des sanctions contre le secteur pétrolier russe, dans l’espoir d’amener Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Ce sont des sanctions énormes […] Et nous espérons qu’elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu’un terme sera mis à la guerre", a affirmé le président américain en recevant le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.

Alors que l’Union européenne a annoncé en parallèle avoir trouvé un accord pour durcir ses sanctions sur les hydrocarbures russes et tarir les ressources du Kremlin, Volodymyr Zelensky a salué ce jeudi un "message fort". "Nous avons attendu cela, espérons que cela fonctionne, c’est très important", a-t-il déclaré à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen. Avant lui, l’ambassadrice d’Ukraine aux Etats-Unis Olga Stefanishyna avait salué également une décision qui "s’aligne pleinement avec la position constante de l’Ukraine selon laquelle la paix ne peut être obtenue que par la force et en exerçant une pression maximale sur l’agresseur à l’aide de tous les outils internationaux disponibles".

Donald Trump, qui s’est refusé pendant de longs mois à décider de ces sanctions, a estimé que ses conversations avec le président russe n’allaient "nulle part", au lendemain du report sine die d’une rencontre entre eux envisagée à Budapest. "A chaque fois que je parle avec Vladimir, nous avons de bonnes conversations mais ensuite elles ne vont nulle part", a-t-il affirmé.

Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait annoncé des sanctions contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, "qui financent la machine de guerre du Kremlin", invoquant le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée". Et de prévenir que les Etats-Unis étaient "prêts à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire".

Interdiction de faire des affaires

Les sanctions impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec les deux géants pétroliers russes. Elles ont fait bondir jeudi de près de 3 % les cours du pétrole au début des échanges asiatiques, attisant les craintes de tensions sur l’offre d’or noir.

Pour autant, les Etats-Unis ne ferment pas la porte à une rencontre avec les Russes, a assuré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio tard mercredi. "Nous serons toujours intéressés par un dialogue s’il existe une possibilité de parvenir à la paix", a-t-il déclaré à la presse.

Ces annonces mercredi sont intervenues après une nouvelle nuit d’attaques russes dans toute l’Ukraine, avec plus de 400 drones et une trentaine de missiles, qui ont fait sept morts.

Les sanctions européennes, dont l’adoption formelle est prévue jeudi, prévoient quant à elles un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.

S’exprimant devant la presse, Mark Rutte a estimé que cette pression collective accrue sur Moscou était à même de "changer les calculs" de Vladimir Poutine et de "l’amener à la table des négociations" en vue d’un cessez-le-feu. "J’en suis absolument convaincu, ce ne sera peut-être pas aujourd’hui ni demain, mais nous y arriverons", a-t-il dit.

© afp.com/Jim WATSON

Donald Trump et Mark Rutte, le secrétaire général de l'Otan, le 22 octobre 2025 à la Maison-Blanche

Russie : incarcéré depuis septembre, le cycliste français Sofiane Sehili libéré

23 octobre 2025 à 08:28

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été libéré jeudi 23 octobre après avoir été condamné à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l’agence publique russe RIA Novosti.

Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l’a condamné "à une amende de 50 000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l’agence.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l’amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.

Selon les images diffusées sur Telegram par le service de presse unifié des tribunaux régionaux, Sofiane Sehili, vêtu d'un pull et d'un pantalon bleus, a écouté le jugement dans une cage en métal réservée aux prévenus, avant d'être libéré. Contactée par l’AFP, l’avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n’était pas joignable dans l’immédiat.

Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, Sofiane Sehili risquait jusqu’à deux ans de prison. Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l’étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l’attente de son procès.

"Il ne pensait qu’à son exploit sportif"

Le cycliste d’endurance français de 44 ans avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n’était franchissable qu’en train ou en autocar, selon un responsable d’une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine. Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d’effort.

Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe. Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu’ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté. "Il ne pensait qu’à son exploit sportif", avait-elle expliqué.

Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s’est spécialisé dans l’ultracyclisme, fait d’épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.

Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l’offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.

© PAVEL PAVLOV / ANADOLU AGENCY / Anadolu via AFP

Un drapeau russe flotte dans les airs à Moscou, le 1er septembre 2022.

"Les Etats-Unis n’ont pas besoin de l’Otan" : le jour où l'Alliance a failli disparaître raconté par Jens Stoltenberg

23 octobre 2025 à 07:00

"Je quitte cette réunion, lance un Donald Trump courroucé, je n’ai aucune raison de rester". La phrase du président américain fige tous les chefs d’Etat et de gouvernement réunis autour de lui, au sommet de l’Alliance atlantique le 12 juillet 2018 à Bruxelles. Le secrétaire général de l’Otan croit assister en direct à la fin de son organisation, qui garantit depuis plus de sept décennies la sécurité de l’Europe ; il cherche désespérément un moyen de faire revenir Trump sur sa décision de partir. Les mémoires des hommes politiques sont souvent fastidieux à lire mais ceux de Jens Stoltenberg font exception. Le récit que le Norvégien livre de son mandat à la tête de l’Otan, de 2014 à 2024, est vif, haut en couleur et surtout instructif (Vigie du monde, à la tête de l’Otan en temps de guerre, Flammarion, 496 pages, 24,90 €).

Des trois présidents américains qu’il a côtoyés pendant ces dix années (Barack Obama, Donald Trump, Joe Biden) l’hôte actuel de la Maison-Blanche l’a le plus marqué. Soigner l’ego surdimensionné de l’Américain a occupé le Norvégien pendant des semaines entières. Son compte rendu du sommet de 2018 montre combien la survie de l’Otan tenait alors à un fil. Stoltenberg restitue sans filtre le coup de colère de Trump, qui reprochait à l’Allemagne de ne pas payer assez pour sa défense. "J’ai parcouru la salle du regard, écrit l’auteur. Tous étaient en état d’alerte maximale, certains appuyaient plus fort sur leur oreillette pour mieux entendre, d’autres, plus proches de Trump, l’avaient retirée pour entendre directement ses propos […]. Ce sommet pourrait bien marquer la fin de l’Otan".

Stoltenberg montre bien à quel point Trump est insensible aux tourments des Européens, qui comptent avant tout sur Washington pour leur sécurité. "Les Etats-Unis n’ont pas besoin de l’Otan, explique le président américain à ses homologues ce jour-là. Pourquoi devrais-je continuer à payer pour cette organisation si je n’en ai pas besoin ?" Et s’adressant directement à Angela Merkel, la chancelière allemande, il lance : "Angela, toi, tu peux payer les 2 % (NDLR : du produit intérieur brut) dès maintenant ! J’ai vu ton budget, tu as un excédent. Moi, j’emprunte pour assurer la défense, y compris celle de l’Allemagne, pendant que toi, tu fais des économies en comptant sur moi pour te protéger".

"Nous avions réussi à gagner du temps"

Selon le récit de Stoltenberg, c’est le Premier ministre néerlandais Mark Rutte (devenu depuis l’an dernier le successeur du Norvégien à l’Otan) qui sauve la mise des Européens ce jour-là. Rutte prend la parole pour souligner que les alliés des Américains avaient dépensé collectivement 33 milliards de dollars de plus l’année précédente pour leur défense. Il prend soin d’expliquer à l’adresse de Trump que cette hausse est la conséquence "de ton leadership". Quelques instants plus tard, en conférence de presse, Trump affirme aux journalistes : "Les Alliés dépenseront 33 milliards de plus, qui s’ajouteront aux engagements pris antérieurement". En réalité, aucun nouvel engagement n’avait été pris par quiconque lors du sommet. Mais pour Stoltenberg, l’essentiel était atteint : "Nous avions réussi à gagner du temps".

Les pages que Stoltenberg consacre aux préparatifs par la Russie de l’invasion de l’Ukraine en 2022, et à la guerre qui fait rage depuis, sont éclairantes. Il justifie le refus de l’Otan d’imposer une zone d’exclusion aérienne aux avions russes au-dessus de l’Ukraine, réclamée dès l’invasion par Volodymyr Zelensky, par le souci d’éviter que le conflit dégénère en troisième guerre mondiale. "Nous soutenions les Ukrainiens, mais nous n’étions pas prêts à mourir pour eux", résume le Norvégien. Il révèle qu’il a tenté de convaincre Volodymyr Zelensky d’accepter de renoncer à une partie des territoires occupés par la Russie en échange de la paix, sur le modèle de ce que la Finlande avait accepté après la guerre de 1939-1940 contre l’URSS. "Les Finlandais avaient dû céder 10 % de leur territoire et leur deuxième plus grande ville, Vyborg, à l’Union soviétique. Mais la Finlande avait survécu en tant qu’Etat indépendant".

Pour lui, l’essentiel est que l’Ukraine, elle aussi, survive comme Etat indépendant et démocratique, "avec des frontières sûres et une puissance militaire lui permettant de se défendre et d’avoir une force de dissuasion crédible contre de nouvelles attaques dans le futur". Et à ses yeux, une chose ne fait pas de doute : l’Ukraine "doit devenir membre de l’Union européenne et de l’Otan". "Si la guerre se terminait ainsi, ce serait une défaite pour Vladimir Poutine, même s’il continuait de contrôler la Crimée et le Donbass. Et une grande victoire pour l’Ukraine". Pas sûr que les Ukrainiens voient les choses de la même façon.

© AFP

Donald Trump et le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, le mardi 4 décembre 2019 lors d'un sommet de l'Otan à Watford.

Yehor Cherniev, député ukrainien : "Il est juste d’utiliser l’argent russe contre Moscou"

23 octobre 2025 à 05:45

Plus de trois ans et demi après le début de la guerre, le scénario d’une paix en Ukraine - si chère à Donald Trump et sa quête du Prix Nobel - semble encore bien hypothétique. Mardi, Washington a fait savoir que la rencontre prévue à Budapest entre le président américain et son homologue russe n’aurait pas lieu dans "un avenir proche". Alors que sur le front la bataille continue de faire rage et les frappes russes de pleuvoir sur les villes ukrainiennes, L’Express s’est entretenu avec Yehor Cherniev, député ukrainien et vice-président de la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement à la Rada, pour faire le point sur les récents développements diplomatiques et militaires.

Le sommet entre Trump et Poutine est reporté sine die. Aura-t-il lieu ?

Yehor Cherniev : Je pense que Donald Trump a compris que Poutine cherche à gagner du temps, mais il voulait lui donner une dernière chance de montrer qu’il est prêt à mettre fin à cette guerre. Toutefois, si le président russe refuse d’avancer vers la paix en proposant des mesures concrètes, cela pourrait se retourner contre lui et ouvrir la voie à une livraison de Tomahawk à l’Ukraine et à de nouvelles pressions sur l’économie russe. Et cela me semble être le chemin à suivre. Parce qu’il est clair que Poutine veut seulement poursuivre la guerre. Rien n’indique un quelconque intérêt de sa part pour la paix. Cependant, avec nos partenaires, nous pouvons l’y forcer. En détruisant l’économie russe, par des sanctions et des frappes en profondeur.

Les États-Unis n’ont pas livré de missiles Tomahawk à l’Ukraine à l’issue de la rencontre Trump-Zelensky à Washington, le 17 octobre. Pour quelle raison ?

C’est une bonne question - même si la réponse appartient sans doute davantage à Donald Trump. Toutefois, on ne peut pas dire que la question des Tomahawk n’est plus à l’ordre du jour. En réalité, elle l’est toujours, mais elle est suspendue à une éventuelle rencontre entre le président américain et Vladimir Poutine. A mon sens, la question de la livraison des missiles Tomahawk à l’Ukraine constitue avant tout un moyen de pression sur Poutine. S’il accepte de faire marche arrière et de mettre fin à la guerre, alors les missiles Tomahawk ne seront probablement pas livrés. En revanche, s’il refuse, je pense que Trump sera, à terme, prêt à franchir le pas.

Mais la non-livraison des Tomahawk est un coup dur pour l’Ukraine…

Je reconnais qu’il serait formidable de disposer d’une nouvelle arme pour faire pression sur la Russie, avec des frappes en profondeur sur ses infrastructures critiques et sa production militaire. Pour l’instant, nous nous contenterons de continuer à le faire avec nos propres missiles et drones. Nous disposons de nos propres armes pour atteindre cet objectif, à l’instar de nos nouveaux missiles de croisière Flamingo, qui ont déjà porté des coups sévères à l’économie russe en détruisant des raffineries. Il s’agit de notre premier missile de croisière à longue portée et nous prévoyons de faire rapidement monter la production avec l’aide de nos partenaires.

L’Ukraine accepterait-elle vraiment de céder le Donbass aux Russes comme l’aurait, selon la presse américaine, suggéré Donald Trump ?

Non, même si le président Trump a contredit cette affirmation et indiqué avoir seulement mentionné les territoires déjà occupés par les Russes. Quoi qu’il en soit, la cession du Donbass n’est pas une option pour nous. Nous ne trahirons pas notre peuple qui vit encore là-bas. Et nous n’abandonnerons pas un territoire que la Russie n’a toujours pas réussi à conquérir depuis plus de douze ans - car c’est précisément dans le Donbass qu’a commencé la guerre en 2014. L’Ukraine refusera donc catégoriquement une telle option.

Selon Volodymyr Zelensky, la pénurie d’essence en Russie atteindrait 20 % des besoins russes. La campagne de frappes ukrainiennes fonctionne-t-elle mieux que les sanctions économiques ?

Je ne sais pas si cela fonctionne mieux, mais il est certain que cela ajoute une pression sur les infrastructures énergétiques russes. Et c’est l’un de leurs grands points faibles. Lorsque nous détruisons les raffineries russes, cela pèse lourdement sur leur secteur pétrolier. Ils ont ainsi récemment arrêté d’exporter de l’essence. De plus, les Russes se retrouvent avec un surplus de pétrole brut – ce qui fait baisser les recettes qu’en tire l’Etat russe. Détruire la source de financement la plus rentable de leur budget me semble être une bonne décision.

Les sanctions sont-elles efficaces ?

Je pense que détruire les raffineries fonctionne simplement plus rapidement que les sanctions, qui, une fois qu’elles sont décidées, prennent un certain temps avant d’avoir des effets. Il s’agit davantage d’un poison lent. De plus, les Russes ont eu le temps de s’y préparer, comme le montre l’exemple de leur flotte fantôme. Nous allons donc continuer à détruire leurs différentes installations - même si bien sûr cela restera des cibles d’intérêt militaire. Le but de cette campagne est de mettre un terme à ce conflit en détruisant leur capacité à poursuivre la guerre. Cela implique de détruire leur base industrielle de défense et leurs raffineries – qui alimentent l’une comme l’autre les besoins de leur armée sur le front.

Avec toutes les nouvelles armes qu’elle développe, l’industrie de défense ukrainienne est-elle en train de devenir l’une des plus puissantes d’Europe ?

Si l’on parle en termes de quantités produites, et de certaines technologies nouvelles comme les drones, la réponse est oui. Toutefois, nous ne sommes pas en mesure de couvrir tout le spectre de l’armement. Nous n’avons par exemple toujours pas notre propre système de défense antiaérienne, notre propre avion de combat ou nos propres navires de guerre. Parce qu’il s’agit d’armes très sophistiquées qu’il serait particulièrement long et complexe à développer. C’est précisément la raison pour laquelle nous proposons à nos partenaires des coopérations industrielles : afin d’échanger des technologies de part et d’autre. Nous pouvons vous faire bénéficier de notre expertise et de nos technologies dans les drones, et vous pouvez partager avec nous des technologies plus sophistiquées comme les défenses antiaériennes.

Récemment, de nombreux pays européens ont été victimes de survols de leurs territoires par des appareils russes. Qu’est-ce que les Européens peuvent apprendre de l’Ukraine dans la protection de leur ciel ?

Tout d’abord, nous sommes prêts à vous fournir notre expérience et certaines des solutions que nous utilisons. Par exemple, nous avons développé des drones dont la mission est d’en intercepter d’autres, comme les Shahed. La Pologne, qui a été survolée par une vingtaine de drones le mois dernier, s’est déjà positionnée pour en acquérir. Nous pouvons également vous expliquer ce que nous utilisons et comment nous l’utilisons. Typiquement, pour détruire les drones Shahed que Moscou produit en masse, nous essayons de ne pas utiliser de munitions trop coûteuses. Parce que cela viderait nos réserves et serait extrêmement onéreux. Nous privilégions donc les missiles air-air tirés depuis des avions, les drones intercepteurs, ou les hélicoptères.

Les Européens pourraient s’accorder jeudi sur une utilisation des avoirs gelés russes au profit de l’Ukraine. Comment pourraient être utilisées ces ressources ?

Cela ouvrira une nouvelle source de financement pour cette guerre. Et nous en avons besoin car il est très difficile de la poursuivre au même niveau que les années précédentes sans les dons de matériel militaire américain. Nous ne disposons malheureusement pas de ressources suffisantes pour financer la guerre et acheter des armes, car nos partenaires européens ne peuvent pas couvrir tous nos besoins sur le champ de bataille. Donc je pense qu’il est juste d’utiliser l’argent russe contre la Russie, et pas seulement le nôtre ou celui de nos alliés.

Quelle est votre évaluation de la situation sur le front ?

La situation est assez difficile, toutefois notre ligne de front est encore loin de s’effondrer. Les Russes poussent dans notre direction, mais nous parvenons également à reprendre quelques territoires. La situation est dynamique, mais il n’y a pas de percées. Les Russes utilisent des masses de soldats sans se soucier des pertes. De temps en temps, ils ont un succès qui consiste à pénétrer dans notre ligne de front avec un petit groupe de soldats, mais nous les retrouvons et les neutralisons rapidement.

La saison de chauffe va bientôt commencer en Ukraine. Vous attendez-vous à une intensification des frappes russes contre vos infrastructures énergétiques ?

Il est difficile d’être complètement prêt face à cela. Nous nous sommes préparés ces derniers mois et avons l’expérience des dernières années. Mais la Russie va continuer à frapper nos infrastructures énergétiques et essayer de provoquer des black-out dans nos villes. Et c’est pour cela que nous demandons plus de défenses antiaériennes à nos partenaires, et de l’aide pour réparer certains dommages causés à nos installations.

© afp.com/Alexander KAZAKOV

Le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion télévisée avec des membres de son Conseil de sécurité, le 22 septembre 2025 au Kremlin
Reçu avant avant-hier L'Express

Crise de la natalité en Italie : pourquoi Giorgia Meloni n’arrive pas à inverser la tendance

22 octobre 2025 à 20:02

Même en pleines Première et Seconde Guerres mondiales, les Italiens faisaient plus d’enfants - deux fois plus qu’aujourd’hui même, souligne Massimiliano Valerii, chercheur du centre Censis, dans le Corriere della Sera. Selon les données de l’Institut national des statistiques italien (Istat), le nombre de naissances a continué de chuter en 2024 et la fécondité moyenne a atteint le niveau le plus bas historique, avec 1,18 enfant par femme. Un coup dur pour la politique nataliste de Giorgia Meloni, qui avait fait de la crise démographique italienne une priorité politique.

Concrètement, environ 370 000 naissances ont été enregistrées en 2024, contre 380 000 l’année précédente, soit une baisse de 2,6 %. Il y a un peu plus de quinze ans, en 2008, c’était 576 000 bébés qui avaient vu le jour de l’autre côté des Alpes. Et depuis, ce nombre n’a fait que diminuer.

"Ce déclin s’est accentué, car non seulement le nombre d’enfants par femme diminue, mais aussi le nombre de femmes potentiellement en âge d’avoir des enfants. Les Italiennes âgées de 18 à 50 ans sont nées alors que la natalité avait déjà commencé à baisser", explique le quotidien italien. En parallèle, la naissance du premier enfant se fait de plus en plus tard : 32 ans.

Un phénomène partagé en Europe

Mais l’Italie n’est pas un cas isolé : Malte a ainsi le taux de fécondité le plus bas de l’Union européenne (1,06 naissance par femme en 2023, ), suivi de l’Espagne (1,12) et de la Lituanie (1,18), selon Eurostat. En France, (pas si mal positionnée dans le classement européen avec 1,66 enfant par femme), le gouvernement parle, quant à lui, de "réarmement démographique".

L’UE a connu une baisse quasi continue de la natalité depuis 2010, tombant à 1,38 naissance par femme en moyenne en 2023. Au contraire, on estime "qu'un taux de fécondité total d’environ 2,1 naissances par femme est le niveau de remplacement dans les pays développés […] en l’absence de migration", et qu’au-dessous de 1,3 enfant par femme, la tendance s’approfondit dangereusement, explique l’office de statistique.

Problème, "le déclin démographique menace la pérennité du système de retraite, la croissance économique et les services publics essentiels", résume le Forum des associations familiales italiennes dans le Corriere. Le vieillissement de la population s’est parallèlement poursuivi en Italie, l’âge moyen de la population au 1er janvier 2025 étant de 46,8 ans, en hausse de 0,2 point sur un an. Le pays pourrait perdre 12 millions d’habitants, d’ici 2070, selon l’Istat.

"Priorité absolue"

Pourtant, inverser la balance faisait partie de la "priorité absolue" de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui rejette la solution migratoire. Et pour cause, son mouvement, Fratelli d'Italia, adhère à la théorie du "grand remplacement" des Européens par les immigrés, voyant les problèmes de natalité non plus seulement sous un prisme socio-économique, mais également comme un problème civilisationnel.

Mais alors que le gouvernement avait annoncé de grandes mesures de soutien aux familles, "le budget 2025 prévoit des dispositifs de portée limitée, dont une aide financière aux jeunes parents et une extension des congés parentaux", remarquait Le Monde en janvier dernier.

Problèmes structurels

Tandis que 260 000 places en crèche et en maternelle devaient ouvrir, le gouvernement a revu ces objectifs à 150 000. "Pas de quoi relancer la démographie dans un pays grevé par une dette publique abyssale (134,8 % du produit intérieur brut en 2023), limitant les marges de manœuvre", note le quotidien français. Le gouvernement multiplie donc les campagnes politiques en faveur de la procréation, avec un accent moralisateur concernant la famille et la maternité. "Sono una madre" répète en boucle Giorgia Meloni, mettant en avant son rôle de cheffe de famille.

Mais les causes sont plus profondes : économiques, d’abord, avec 10 % des Italiens qui vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’Istat, mais aussi la difficulté pour les femmes à concilier vie professionnelle et vie familiale. Les infrastructures, comme les maternelles publiques, sont trop peu nombreuses, faisant grimper la facture pour les familles. En clair : "en Italie, soit tu veux gagner de l’argent, avoir une carrière, soit tu veux devenir mère. Mais les deux sont incompatibles", résumait l'an passé Francesca, mère d’une trentaine d’années, dans un article du Parisien consacré à la question.

© Eliano Imperato / Controluce via AFP

L'Italie connaît parmi les taux de fécondité les plus faibles de l'Union européenne (Photo d'illustration).

L'armée française doit être "prête à un choc dans trois, quatre ans" face à la Russie

22 octobre 2025 à 17:16

L'armée française doit être "prête à un choc dans trois, quatre ans" face à la Russie, qui "peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent", a affirmé mercredi 22 octobre le chef d'état-major des Armées français, le général Fabien Mandon, pour justifier "l'effort de réarmement" du pays.

La Russie serait prête à "entrer en conflit militaire direct avec l'Otan", selon les services secrets allemands

"Le premier objectif que j'ai donné aux armées, c'est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test - peut-être le test existe déjà sous des formes hybrides - mais peut-être (quelque chose de) plus violent", a déclaré le plus haut gradé français devant les députés de la commission de la Défense. "La Russie est un pays qui peut être tenté de poursuivre la guerre sur notre continent et c'est l'élément déterminant dans ce que je prépare", a ajouté le général qui a pris la tête des armées françaises le 1er septembre.

Son analyse rejoint notamment celle des services secrets allemands qui ont mis en garde la semaine passée contre la Russie, prête selon eux à "entrer en conflit militaire direct avec l'Otan", une menace qui pourrait se concrétiser avant 2029.

Augmentation du budget militaire

Moscou a la "perception d'une Europe collectivement faible", selon le général Mandon, qui observe une "désinhibition du recours à la force" côté russe. Pourtant, "on a tout pour être sûrs de nous", a-t-il martelé, rappelant que du point de vue économique, démographique ou industriel, les Européens l'emportaient sur la Russie.

"La Russie ne peut pas nous faire peur si on a envie de se défendre", a-t-il lancé. L'augmentation du budget militaire est donc pour lui "fondamentale, déjà dans les perceptions". "Si nos rivaux potentiels, nos adversaires perçoivent que nous consacrons un effort pour nous défendre et que nous avons cette détermination, alors il peut renoncer. S'il a le sentiment qu'on n'est pas prêt à se défendre, je ne vois pas ce qui peut l'arrêter", a-t-il développé.

Le projet de budget de la défense prévoit de le porter à 57,1 milliards d'euros pour 2026, soit une hausse de 13 %, portant l'effort budgétaire pour les armées à 2,2 % du PIB, selon la ministre française des Armées Catherine Vautrin. Au-delà de la menace posée par la Russie, ce réarmement est selon le général Mandon rendu nécessaire par la superposition des crises et des menaces, du terrorisme au Moyen-Orient. Selon lui, "ça craque de partout".

© Ludovic MARIN / AFP

Le chef d'état-major des Armées français, le général Fabien Mandon (à droite), le 22 octobre 2025 à Paris.

Allemagne : l'extrême droite accusée d'espionner au profit de la Russie

22 octobre 2025 à 16:35

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), en plein essor, s'est vu accusé mercredi 22 octobre d'espionnage au profit de la Russie et d'autres Etats autoritaires, des adversaires politiques pointant du doigt des questions parlementaires "problématiques". Ce parti prorusse et anti-migrants a rejeté ces accusations, mais plusieurs de ses personnalités entretiennent des liens étroits et parfois controversés avec la Russie ou la Chine.

Cette fois-ci, des élus de la région orientale de Thuringe, où l'AfD est la première force politique, sont suspectés d'utiliser leurs fonctions pour obtenir des informations sensibles sur la police, l'armée ou les infrastructures susceptibles d'intéresser des puissances étrangères.

La Russie est pour sa part accusée, malgré ses dénégations, d'une vaste campagne d'espionnage, de désinformation et de sabotage en Allemagne comme ailleurs en Europe. "L'AfD abuse du droit parlementaire de poser des questions pour enquêter manifestement sur nos infrastructures critiques", a accusé Georg Maier, le ministre de l'Intérieur du Land de Thuringe, partageant son "inquiétude croissante" avec le journal économique Handelsblatt. "L'impression qui se dégage est que l'AfD travaille, avec ses questions, à partir d'une liste commandée par le Kremlin", selon lui.

Un intérêt particulier pour la défense antidrones

Le président de la commission de contrôle des services secrets au Bundestag, le conservateur Marc Henrichmann, a lui appelé les services de renseignement allemands à enquêter plus précisément sur ces "menaces internes et externes". "Ce qui sera crucial, c'est de déterminer si, ou dans quelle mesure, l'AfD continuera à se faire mener en laisse par le Kremlin", a-t-il jugé. D'après Georg Maier, issu du parti social-démocrate (SPD), l'AfD en Thuringe a posé ces 12 derniers mois 47 questions sur les infrastructures critiques, avec "une intensité et une précision croissantes".

Infrastructures de transport ou numériques, approvisionnement énergétique ou en eau... Le parti montre notamment "un intérêt particulier pour les technologies et équipements de la police", en particulier pour la défense antidrones, mais aussi pour l'armée et la protection civile, selon lui.

Interrogé par l'AFP, Konstantin von Notz, député des Verts et vice-président de la commission de contrôle des services de renseignement, a relevé qu'en avril 2024, lors d'un débat au Bundestag, des "questions parlementaires problématiques" de l'AfD avaient déjà été signalées, avec le soupçon qu'elles soient posées au nom "d'États autoritaires".

Selon lui, la même tactique a été constatée dans d'autres pays européens, preuve d'une "démarche ciblée à l'échelle européenne". "Il semble se confirmer que des représentants de l'AfD participent délibérément à cette stratégie de déstabilisation de notre pays, orchestrée par plusieurs États autoritaires", a-t-il dit à l'AFP, appelant les autorités allemandes à agir "avec détermination".

Des accusations rejetées par l'AfD

Le premier secrétaire du groupe AfD au Bundestag, Bernd Baumann, interrogé par l'AFP, a rejeté ces accusations, visant selon lui à décrédibiliser l'AfD, arrivée 2e aux législatives en février et en plein essor dans les sondages depuis. Les questions des élus "sur l’architecture et les infrastructures de sécurité de notre pays (...) sont posées par l'AfD dans l’intérêt des citoyens", a-t-il affirmé. "Les faits révélés ne sont en rien secrets (...) Que les autres partis cherchent maintenant à en faire une activité d'espionnage est totalement ridicule et reflète leur désespoir face aux intentions de vote en faveur de l'AfD", a ajouté le député.

Contacté par l'AFP, le renseignement extérieur allemand n'a pas souhaité commenter. Le renseignement intérieur n'a pas immédiatement répondu. Un porte-parole de la chancellerie s'est lui borné à dire avoir pris connaissances des accusations pesant contre l'AfD. Le chancelier allemand Friedrich Merz a désigné lundi le parti d'extrême droite comme son "principal adversaire" à l'aube d'une année électorale chargée, avec cinq des 16 Länder allemands qui se rendront aux urnes. L'AfD espère au moins gagner dans deux d'entre eux, à l'Est, et atteindre des scores records dans les autres.

© afp.com/Tobias SCHWARZ

L'entrée d'un bâtiment abritant le siège du parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD) à Berlin, le 2 mai 2025

Stress post-traumatique, alcoolisme, pensées suicidaires : la guerre en Ukraine ronge les soldats russes

22 octobre 2025 à 16:17

"Depuis deux mois, je me réveille en sueur, à cause du même rêve. Je suis capturé, je vois des hommes autour de moi se faire tuer, et puis je suis tué aussi". Ce récit anonyme publié sur un réseau social russe, serait celui d’un militaire, déclaré inapte au combat après son passage par le front ukrainien.

En cette quatrième année d’invasion russe en Ukraine, de plus en plus de soldats russes se voient diagnostiquer des maladies psychiatriques : stress post-traumatique, alcoolisme, pensées suicidaires… Une étude menée par une quinzaine de psychiatres et médecins, et relayée par The Moscow Times, documente l’ampleur du problème.

On apprend ainsi que, sur près de 150 militaires admis dans un hôpital psychiatrique de Moscou, entre 2023 et 2024, environ la moitié présente un syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Le symptôme le plus fréquent, rapporté par 70 % de ces patients, était des flash-backs intrusifs de combats.

Pensées suicidaires

Les autres malades, à qui il n’était pas directement diagnostiqué un SSPT, souffraient quant à eux "de troubles mentaux causés par des lésions cérébrales (26 %), de troubles affectifs (20 %), de troubles de type schizophrènes ou délirants (15 %) ou de dépendance à l’alcool (10 %)", liste The Moscow Times. 75 % souffraient d’anxiété, et la moitié de dépression et d’insomnie. Les psychiatres ont également noté des difficultés de communication avec leurs proches et des abus d’alcool.

L’âge moyen de ces soldats est de 34 ans. Certains avaient déjà combattu dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, avant l’invasion russe de 2022.

"Comment puis-je être libéré pour raisons médicales ?", s’interroge un soldat sur un forum. "Plus précisément, comment prouver [à mes commandants] que je ne suis pas stable et que je perds la raison ? […] Trois ans sans repos ni famille, et parfois, au combat, on perd la boule. J’ai besoin d’un psychiatre ou d’un sanatorium", appelle-t-il à l’aide.

Sentiment de déconnexion

Une autre étude, réalisée entre 2022 et 2024 dans un hôpital psychiatrique de Novossibirsk (Sibérie), a établi que parmi 130 militaires internés, 24 % avaient été admis après une tentative de suicide. Chez les soldats présentant des symptômes de stress post-traumatique, "le risque de suicide était multiplié par cinq".

Selon les psychologues, un aspect qui revient souvent dans les discussions avec les patients est le sentiment de déconnexion du reste de la population russe, presque étrangère à la guerre. "Lorsque les militaires sont soignés à Moscou, les passants les remercient parfois pour leur rôle. Mais dans les villes plus petites, ils ont l’impression d’être délaissés, comme si leur contribution ne valait rien", a déclaré un psychologue russe qui travaille avec des vétérans.

Si de plus en plus de soldats revenant du front présentent ces symptômes, il reste difficile de quantifier le phénomène, les soldats cherchant rarement une aide psychologique par eux-mêmes. Cela s’explique par la pression "liée aux notions traditionnelles de masculinité", la méfiance envers le système de santé mentale russe et la crainte que cela n’impacte leur carrière militaire, explique le quotidien russe.

© afp.com/Kirill KUDRYAVTSEV

Des soldats russes se préparent à la répétition générale du défilé du Jour de la Victoire, le 7 mai 2025 à Moscou

Syrie : les forces pro-gouvernementales encerclent un camp de djihadistes français

22 octobre 2025 à 13:17

Un camp de djihadistes français encerclé par les forces gouvernementales en Syrie. Les autorités du régime d’Ahmed al-Charaa mènent ce mercredi 22 octobre une opération visant le groupe emmené par Oumar Diaby, alias Omar Omsen, djihadiste franco-sénégalais. Ce dernier est accusé d’avoir enlevé une fillette des mains de sa mère, dans le nord-ouest de la Syrie. Depuis, il s’est retranché avec plusieurs autres djihadistes et leurs familles dans un camp, situé proche de la frontière avec la Turquie.

Un groupe de djihadistes français

Le général Ghassan Bakir, commandant des forces de la sécurité intérieure de la province d’Idleb, a indiqué que les autorités avaient demandé à Oumar Diaby de se livrer, mais qu’il avait refusé. Les forces gouvernementales l’accusent aussi de leur tirer dessus et "d’utiliser les civils comme boucliers humains". Le fils d’Oumar Diaby, un djihadiste qui se fait appeler Jibril al-Mouhajer, a déclaré à l’AFP que "les affrontements ont commencé après minuit et se poursuivent". Toujours auprès de l’agence de presse, un habitant de la région a par ailleurs assuré entendre des explosions et avoir vu les forces gouvernementales acheminer des renforts vers le camp depuis mardi.

Oumar Diaby, ancien délinquant, est devenu prêcheur en Syrie. Qualifié en septembre 2016 par les États-Unis de "terroriste international", il est soupçonné d’avoir convaincu de nombreux Français de rejoindre la Syrie. Dans le pays, les djihadistes originaires de l’Hexagone se font appeler "Firqat al Ghouraba" (le groupe des étrangers). Beaucoup ont afflué durant la guerre civile, qui a éclaté après la répression par l’ex-président Bachar el-Assad d’un soulèvement populaire en 2011. Le conflit a pris fin après le renversement du dictateur par Ahmad al-Charaa et les rebelles qui lui étaient affiliés, en décembre 2024.

Passif entre Oumar Diaby et l’ex-groupe d’Ahmed al-Charaa

Le nouveau président syrien est lui-même un ancien djihadiste. Avant son accession au pouvoir, il se trouvait à la tête du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), issu d’une ancienne branche d’Al-Qaïda. Comme d’autres groupes extrémistes, le groupe d’Oumar Diaby semble être tombé en disgrâce depuis l’accession au pouvoir d’Ahmad al-Charaa, qui tente aujourd’hui de faire oublier son passé djihadiste. Le terroriste français avait eu des déboires avec cette organisation, qui contrôlait l’enclave rebelle d’Idleb. HTC a été dissoute au moment de l’accession au pouvoir à Damas du chef rebelle, autrefois connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani.

Selon les chiffres transmis par des sources sécuritaires françaises en décembre 2024 à l’AFP, une "petite cinquantaine" de personnes feraient partie du groupe d’Oumar Diaby. Celui-ci fait par ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la justice française. "Sur les 1 500 Français qui sont partis faire le djihad dans les années 2000, on compte 390 revenants en France, 500 décédés, une grosse centaine dans la poche d’Idleb, environ 150 détenus ou retenus dans le nord-est syrien et en Irak, mais aussi 300 disparus", avait détaillé le procureur antiterroriste français, Olivier Christen, dans un entretien au Figaro publié peu après la chute de Bachar el-Assad.

© AFP

Des forces gouvernementales syriennes dans le sud du pays, le 21 juillet 2025. (Photo d'illustration)

Renseignement : les Pays-Bas "ne partagent plus certaines choses" avec les États-Unis

22 octobre 2025 à 12:35

Des craintes qui se renforcent. Les Pays-Bas restreignent désormais l’accès des États-Unis aux informations collectées par leurs agences de renseignement. "Parfois, nous ne partageons plus certaines choses", a souligné Peter Reesink, chef du renseignement militaire néerlandais, dans une interview accordée samedi 18 octobre au journal De Volkskrant. Un entretien réalisé de manière conjointe avec son homologue de la sécurité intérieure, Erik Akerboom. "Nous ne pouvons pas dire ce que nous partageons ou non" avec les États-Unis, a complété ce dernier. "Mais nous pouvons dire que nous sommes plus critiques [qu’il y a un an]."

Méfiance assumée

Ces propos constituent pour la première fois un signe d’une méfiance assumée de la part de services de renseignement européens vis-à-vis de leurs partenaires américains. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les liens des 27 membres de l’Union européenne avec Washington se sont étiolés. Le discours virulent tenu en février dernier à Munich (Allemagne) par le vice-président américain J.D. Vance à l’égard de ses alliés du Vieux continent incarne ce climat de suspicion grandissant.

L’étrange contexte lié à cette relation transatlantique dégradée se répercute ainsi sur les rapports entre agences de renseignement. Certes, Peter Reesink explique avoir été rassuré par une visite réalisée "il y a quelques mois" à la NSA et à la CIA américaines. "Nos liens sont bons et le resteront", assure-t-il. Avant d’immédiatement contrebalancer : "Cela ne change rien au fait que nous évaluons régulièrement notre collaboration". Le limogeage au printemps dernier de l’ex-patron de la NSA, Timothy Haugh, sur ordre de l’administration Trump, paraît avoir échaudé le responsable du renseignement militaire néerlandais, qui fait part de sa "grande tristesse" à ce propos.

"Politisation" du renseignement

Questionné au sujet du partage avec les États-Unis de renseignements néerlandais liés à la Russie, Peter Reesink explique aussi que la pertinence de celui-ci "sera pesée" avant tout envoi. Son collègue du renseignement intérieur constate de façon plus générale un changement de méthode du côté américain ces derniers mois, contraignant les autorités néerlandaises à réévaluer leurs pratiques vis-à-vis de Washington. "Nous ne jugeons pas politiquement ce que nous voyons, mais nous analysons nos expériences avec les services", précise Erik Akerboom. Et nous sommes très attentifs à la politisation de nos services de renseignement et aux violations des droits humains."

Les Pays-Bas sont traditionnellement de proches alliés des États-Unis. Mais la reconfiguration des relations diplomatiques de part et d’autre de l’Atlantique conduit Amsterdam, comme beaucoup d’autres nations du continent, à adopter de nouvelles tactiques en matière de renseignement. Ce mercredi, Politico rapporte ainsi que la mise à distance américaine de l’Europe a poussé les agences spécialisées des 27 à réinventer leur façon de travailler ensemble, en particulier via différents nouveaux groupes de partage, réunissant chacun une poignée de pays.

Vers une CIA européenne ?

Mais le rôle de Bruxelles dans cette transmission de données sensibles demeure aujourd’hui limité. Comme relevé par le média américain, l’ex-président finlandais Sauli Niinistö avait rendu l’an dernier à la Commission européenne un rapport promouvant la création d’une agence de renseignement à l’échelle européenne, sur le modèle d’une structure de type CIA. L’objectif ? Mettre en place un "service de coopération en matière de renseignement à part entière au niveau de l’UE, qui peut répondre à la fois aux besoins stratégiques et opérationnels".

"Nous devons nous faire confiance", exhortait Sauli Niinistö au moment de la remise de son travail, préconisant cette solution notamment face aux risques liés à la menace russe à l’est du continent. Preuve du caractère inflammable d’un tel projet, le Premier ministre tchèque Petr Fiala avait à l’époque d’emblée rejeté la proposition, la jugeant "pas réaliste".

© Robin van Lonkhuijsen / ANP / AFP

Erik Akerboom, directeur des services de renseignement intérieur néerlandais, ici lors d'une prise de parole à Zoetermeer (Pays-Bas), le 17 avril 2023

Gaza : J.D. Vance dit que la tâche sera "très difficile" pour désarmer le Hamas

22 octobre 2025 à 13:54

En visite en Israël, le vice-président américain J.D. Vance, qui doit rencontrer ce mercredi 22 octobre Benyamin Netanyahou, s’est dit mardi "très optimiste" sur le maintien du cessez-le-feu à Gaza, sur fond de pressions maximales sur le Hamas, que les Etats-Unis et Israël ont accusé de violer l’accord de paix, ce que le mouvement palestinien a démenti. "Chaque fois qu’il y a un acte de violence, il y a cette tendance à dire : 'oh, c’est la fin du cessez-le-feu, c’est la fin du plan de paix'. Ce n’est pas la fin", a déclaré J.D. Vance. Celui-ci a aussi affirmé que Washington n’avait pas fixé de date butoir pour le désarmement du groupe islamiste, prévu par le plan du président américain Donald Trump, et que les Etats-Unis n’enverraient pas de troupes sur le terrain.

Les infos à retenir

⇒ J.D. Vance dit que la tâche sera "très difficile" pour désarmer le Hamas

⇒ Israël a identifié les corps de deux nouveaux otages restitués par le Hamas

⇒ La Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

Le plan de trêve à Gaza est insuffisant face au "génocide", selon l'experte de l'ONU Francesca Albanese

L'experte des droits de l'homme de l'ONU, Francesca Albanese, a critiqué mercredi le plan de cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis à Gaza comme étant insuffisant pour répondre à ce qu'elle a qualifié de "génocide" du peuple palestinien par les Etats-Unis et Israël.

Une trêve fragile est actuellement en vigueur dans le cadre d'un accord visant à mettre fin à deux ans de guerre entre Israël et le Hamas, qui implique aussi la récupération des otages, la livraison de davantage d'aide à Gaza et la reconstruction à terme du territoire palestinien dévasté.

Le plan est "absolument inadéquat et il n'est pas conforme au droit international", a déclaré Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés. Il faudrait un engagement à "mettre fin à l'occupation, mettre fin à l'exploitation des ressources palestiniennes, mettre fin à la colonisation", a-t-elle dit à des journalistes.

Les troupes israéliennes contrôlent actuellement près de la moitié du territoire palestinien. "Ce n'est pas une guerre, c'est un génocide où il y a une détermination à détruire un peuple en tant que tel", a souligné Mme Albanese, qui est mandatée par les Nations Unies mais ne parle pas en leur nom.

La Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain J.D. Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne. "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison-Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi. Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre. Selon les médias, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait ordonné aux députés de son parti de s'abstenir pendant les votes.

Marco Rubio est attendu jeudi en Israël

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est attendu jeudi en Israël, dans la foulée de la visite du vice-président américain J.D. Vance, a annoncé mercredi le gouvernement israélien. "Le secrétaire d'Etat Marco Rubio est de retour en Israël cette semaine", a indiqué Shosh Bedrosian, la porte-parole du bureau du Premier ministre, lors d'un point presse.

"Il va arriver jeudi" et une rencontre avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou est prévue vendredi, selon la même source, alors que le vice-président J.D. Vance et l'envoyé spécial Steve Witkoff sont en Israël pour promouvoir le plan proposé par l'administration de Donald Trump censé apporter une paix durable à Gaza.

J.D. Vance dit que la tâche sera "très difficile" pour désarmer le Hamas

Le vice-président américain, J.D. Vance, a affirmé mercredi depuis Jérusalem que la tâche sera "très difficile" pour désarmer le Hamas dans la bande de Gaza, ainsi que pour reconstruire le territoire palestinien. "Nous avons une tâche très, très difficile devant nous, qui est de désarmer le Hamas et de reconstruire Gaza, de rendre la vie meilleure pour les gens de Gaza, mais aussi de s'assurer que le Hamas ne soit plus une menace pour nos amis en Israël", a déclaré J.D. Vance à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

De nombreux points du plan censé apporter la paix à Gaza, présenté par Donald Trump en septembre restent en suspens, dont la question du désarmement du mouvement islamiste. J.D. Vance a néanmoins affirmé que l'accord de cessez-le-feu représentait "une opportunité" pour Israël de renforcer ses liens avec des pays du Moyen-Orient. Cela pourrait permettre, selon lui, "une structure d'alliance au Moyen-Orient qui perdure, qui résiste, et qui permet aux bonnes personnes de cette région, du monde, de prendre les choses en main".

"Nous sommes en train de créer un lendemain incroyable avec une vision complètement nouvelle" sur "comment avoir un gouvernement civil, sur la manière d'assurer la sécurité là-bas", a déclaré à ses côtés Benyamin Netanyahou. "Ce ne va pas être facile" et cela "va nécessiter beaucoup de travail", mais je pense que c'est possible", a-t-il ajouté.

Le Hamas est en train de "reprendre le contrôle" de Gaza, juge le gouvernement français

Le mouvement islamiste palestinien Hamas est en train de "reprendre le contrôle de Gaza", a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement français, en appelant dans ce contexte à une mise en oeuvre "urgente" des mesures de sécurisation et gouvernance du territoire.

"Le Hamas reprend le contrôle du territoire, des administrations et mène une campagne de répression contre ses opposants après que les Américains lui ont laissé entendre qu'il aurait un peu de temps pour stabiliser la bande de Gaza", a relevé Maud Bregeon à l'issue du Conseil des ministres. "Dans ce contexte, il est urgent de mettre en œuvre la seconde phase du cessez-le-feu, avec donc les trois priorités (...) humanitaire, sécurité et enfin gouvernance", a-t-elle ajouté.

Mardi, Emmanuel Macron avait estimé que le cessez-le-feu restait "très fragile" et appelé à la réouverture des points d'entrée vers le territoire, "une urgence absolue", pour faire entrer l'aide humanitaire.

Israël annonce avoir identifié les corps des otages Tamir Adar et Aryeh Zalmanovich

L’armée israélienne a annoncé mercredi matin avoir identifié deux corps d’otages récupérés à Gaza comme étant ceux de Tamir Adar et Aryeh Zalmanovich.

Tamir Adar, 38 ans, est mort lors de l’attaque en Israël du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023. Aryeh Zalmanovich (également orthographié Arye Zalmanovitz), 85 ans au moment de sa mort selon l’armée israélienne, était agriculteur de profession et un des fondateurs du kibboutz Nir Oz. Il était apparu en 2023 dans une vidéo du Hamas annonçant qu’il avait fait une crise cardiaque, sans que cela puisse être vérifié. Sa mort avait été confirmée en décembre 2023 par le kibboutz Nir Oz.

Aux termes de l’accord qui a instauré le cessez-le-feu, le Hamas a libéré au 13 octobre les 20 otages vivants qu’il détenait depuis son attaque du 7-Octobre. Il devait aussi rendre à cette date tous les corps d’otages, mais il n’en a restitué jusque-là que 15 sur les 28 qu’il retient. En échange des deux nouveaux corps rendus, Israël a restitué ce mercredi 30 corps de Palestiniens, pour un total de 195.

Des militaires britanniques participent à la mission de surveillance du cessez-le-feu

Un "petit nombre" de militaires britanniques participent en Israël à la mission menée par les Etats-Unis de surveillance du cessez-le-feu à Gaza, a indiqué mardi le ministère britannique de la Défense. "Un petit nombre d’officiers britanniques chargés de la planification ont été intégrés au Centre de coordination militaro-civile (CMCC) dirigé par les Etats-Unis", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué envoyé à l’AFP.

Le ministre britannique de la Défense, John Healey, avait déclaré lundi que la Grande-Bretagne jouerait un "rôle central" dans les efforts déployés à la demande de Washington. "Nous pouvons contribuer à la surveillance du cessez-le-feu", avait-il dit lors d’un événement organisé dans le centre de Londres. "Nous avons également, en réponse à la demande américaine, affecté un officier deux étoiles au commandement civil et militaire en tant que commandant-adjoint".

Aide humanitaire à Gaza : la CIJ statue sur les obligations d’Israël

La plus haute juridiction de l'ONU va statuer mercredi sur les obligations d’Israël envers les organismes fournissant une aide aux Palestiniens à Gaza, où les organisations humanitaires s’efforcent d’intensifier leur assistance après le cessez-le-feu.

L'ONU a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye de clarifier les obligations d’Israël, en tant que puissance occupante, envers les Nations unies et d’autres organismes, "y compris s’agissant d’assurer et de faciliter la fourniture sans entrave d’articles de première nécessité essentiels à la survie" des Palestiniens. Un avis de la CIJ n’est pas juridiquement contraignant, mais la cour estime qu’elle a "un grand poids juridique et une grande autorité morale".

En avril, les juges ont entendu pendant une semaine des témoignages de dizaines de pays et d’organisations, dont une grande partie concernait le statut de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens. Israël n’a pas participé aux audiences. Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, les a qualifiées de "partie intégrante d’une persécution et d’une délégitimation systématiques d’Israël".

Israël a interdit à l’UNRWA d’opérer sur son sol après avoir accusé certains de ses employés de participation à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.

© afp.com/Nathan HOWARD

Le vice-président américain J.D. Vance arrive à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, le 21 octobre 2025

Gaza : vouloir désarmer le Hamas, c’est se bercer d’illusions, par Arié Bensemhoun

22 octobre 2025 à 12:00

Alors que la première phase du "Plan Trump" a permis un cessez-le-feu dans la bande de Gaza ainsi que la libération des derniers otages israéliens vivants contre celle de milliers de prisonniers palestiniens, un point demeure inextricable pour la suite du processus : l’avenir du Hamas, son désarmement et son exclusion de toute future gouvernance palestinienne – ce que l’organisation terroriste refuse catégoriquement.

La question du démantèlement du Hamas, plus qu’un impératif sécuritaire pour Israël ou un préalable technique indispensable à la reconstruction de Gaza, est d’abord un enjeu ontologique, qui touche à la nature même du mouvement islamiste. Lui demander de déposer les armes revient à lui demander de cesser d’être ce qu’il est.

Un acte de guerre sainte

Fondé en 1987, au cœur de la première Intifada, le Hamas n’a jamais été un mouvement politique au sens classique du terme. Il ne résulte pas d’un projet de gestion ou d’émancipation nationale, mais d’un acte de guerre sainte — une extension armée des Frères musulmans, portée par la conviction que la violence est la seule voie légitime vers la "libération de la Palestine" et, plus encore, vers la restauration d’un califat islamique mondial.

Dans cet imaginaire, les armes ne sont pas un outil, elles sont un credo. Elles incarnent la foi, la résistance et l’identité collective. Elles structurent la société gazaouie, façonnent son économie et imprègnent sa culture politique. Chaque roquette, chaque tunnel, chaque uniforme participent d’un récit quasi mystique d’un peuple élu pour combattre les juifs jusqu’à la fin des temps, tel que le proclame la charte du Hamas de 1988 – jamais abrogée.

Renoncer à cet arsenal reviendrait donc pour le Hamas à se renier lui-même, à briser le lien entre sa légitimité religieuse et sa survie politique. Cette connexion est d’autant plus vitale que son pouvoir repose non sur la représentativité démocratique, mais sur la coercition et la peur.

Un État mafia

Au fil des années, le Hamas s’est mué en véritable État mafia, contrôlant les flux d’aide humanitaire, les importations de carburant et les matériaux de construction, tout en prélevant des taxes sur chaque transaction à Gaza pour financer ses ambitions génocidaires contre Israël. Les tunnels, présentés comme des instruments de résistance, sont aussi des circuits de contrebande hautement lucratifs qui enrichissent sa nomenklatura. Et chaque cessez-le-feu, chaque trêve, chaque phase de reconstruction n’est pour le Hamas qu’une pause stratégique — une opportunité de reconstituer son arsenal et de reconsolider son emprise sur la population qui l’a élu.

Le fusil est le ciment du pouvoir, le Hamas le sait. Sans armes, il cesse d’être craint ; sans crainte, il cesse d’être obéi. Les armes ne servent pas seulement à combattre Israël : elles protègent un système d’exploitation totalitaire, garantissent l’impunité de ses dirigeants, et maintiennent la population sous un régime de terreur et de dépendance, en contrôlant les rues, les mosquées, les écoles et les médias tout en réduisant au silence toute opposition. Cette dynamique est flagrante depuis le cessez-le-feu, alors que les exécutions publiques et les affrontements avec des clans rivaux cherchant à renverser son autorité se multiplient.

La confrontation permanente

Le "prestige" du Hamas s’est construit sur la confrontation permanente, sur sa prétention à incarner la seule "résistance authentique" face à un Fatah jugé corrompu et domestiqué par les accords d’Oslo. Dans cette logique, le désarmement n’est pas une concession, mais une capitulation idéologique. Il signifierait reconnaître la légitimité d’Israël, renoncer à la lutte armée, admettre la faillite de quarante ans de djihad ; et donc se dissoudre dans un processus politique contraire à son ADN.

Or, les terroristes palestiniens ne raisonnent pas en victoire ou défaite militaire, mais en termes de martyre et de continuité eschatologique. Ils s’inscrivent dans une temporalité religieuse où la destruction terrestre n’est qu’une étape vers la victoire spirituelle finale — d’où leur capacité à absorber des pertes colossales sans jamais infléchir leur stratégie.

C’est pourquoi le désarmement serait pour le Hamas une honte éternelle, un renoncement à la mission sacrée confiée par Dieu. Mieux vaut mourir debout que vivre sans djihad. Cette mentalité sacrificielle rend tout compromis sincère impossible. Le Hamas n’est pas un acteur rationnel au sens diplomatique occidental du terme, mais un mouvement millénariste pour qui la paix avec les "mécréants" n’est pas un objectif mais une hérésie.

Exiger du Hamas qu’il se désarme, c’est espérer la conversion d’un fanatisme en pragmatisme. C’est ignorer que son existence repose sur la perpétuation du conflit, sur l’entretien d’une guerre infinie qui seule justifie sa domination. Tant qu’il conservera ses armes, il restera maître de Gaza et du récit de la "résistance". Mais s’il les perd, il s’effondrera — non seulement militairement, mais spirituellement.

Cette impasse existentielle rend tout processus de paix illusoire tant que le Hamas subsiste : il ne peut ni gagner, ni disparaître. Il ne peut qu’entretenir la guerre comme condition de sa survie. Et tant que cette logique perdurera, aucune solution durable à Gaza ne pourra émerger, quelle que soit la pression des acteurs extérieurs. Le retour de la guerre n’est donc qu’une question de temps.

*Arié Bensemhoun est le directeur général d’ELNET France (European Leadership Network), une association vouée au renforcement des liens entre l’Europe et l’État d’Israël. Docteur en chirurgie dentaire, il a mené sa carrière dans le secteur privé en tant que conseil en communication stratégique, en affaires publiques et en relations internationales.

© afp.com/Eyad BABA

Un membre des forces de sécurité intérieure loyales au groupe palestinien Hamas salue de s enfants dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 octobre 2025
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