Les alliances et coalitions entre partis traditionnels et extrême droite participent aux succès électoraux de cette dernière, mais quel est son influence sur les programmes des partis traditionnels ? Voici la question que s’est posée une équipe de chercheurs du Berlin Social Science Center. Dans une étude publiée début octobre dans le European Journal of Political Research, ils ont établi un lien entre les sujets de société abordés par l’extrême droite allemande dans les médias "de masse" et le discours des partis allemands "mainstream".
Pour cela, les chercheurs ont analysé plus de 500 000 articles de presse de 1994 à 2021 pour refléter le débat "culturel" (racisme, Europe, intégration, Islam, sécurité…) présent dans les médias de masse. Ils ont pour cela choisi six journaux allemands aux lignes éditoriales différentes, mêlant médias régionaux et nationaux. Leurs résultats montrent un penchant progressif des partis appelés "traditionnels" par l'étude (le reste du spectre politique allemand, allant des chrétiens-démocrates à la gauche radicale) vers des sujets couverts par l'agenda politique d'extrême droite, surtout sur les questions d’Islam, d’intégration et d’immigration. Les chercheurs remarquent également que cette influence s’accentue depuis trente ans, les partis politiques traditionnels reprenant davantage les thématiques mises en avant par l’extrême droite. Et même s’il s’agit de commentaires critiques ou négatifs, ils donnent de la visibilité aux partis d’extrême droite et facilitent la mise à l’agenda de leurs préoccupations.
Tous les partis concernés
Selon les scientifiques, cette reprise du discours médiatique de l’extrême droite concerne tous le spectre politique, et pas seulement la droite, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Les partis les plus touchés par cet effet de contagion sont souvent les partis d'opposition, bien plus que ceux au pouvoir.
Par ailleurs, l’étude note un effet plutôt court terme de cette mise à l’agenda médiatique, puisque la médiatisation des sujets culturels mis en avant par l’extrême droite et repris par la classe politique décline généralement après un mois. Les actualités concernant l’Islam et l’intégration, en revanche, ont une durée de vie un peu plus longue, de deux à trois mois.
Selon Teresa Völker, chercheuse en sociologie et communication politique, le point clé de cette étude est que "la communication politique des partis mainstream joue un rôle central dans les succès électoraux de l’extrême droite". Dans un post LinkedIn, elle précise que "quand les partis traditionnels s’emparent de sujets d’extrême droite, ils aident à diffuser et légitimer leurs idées". Ceux qui déterminent l’agenda politique et médiatique "ont une influence sur ce que les électeurs pensent et pour qui ils votent", a-t-elle déclaré au Guardian.
"Même si tout le monde est choqué, cela fait les gros titres"
Si l’étude ne porte que sur l’Allemagne, il est probable que ses conclusions puissent s’appliquer à d’autres pays en Europe, commente le Guardian. Selon Daniel Saldivia Gonzatti, un des auteurs de l’étude, "quand l’extrême droite dit quelque chose, tout le monde en parle pendant une semaine, et même si tout le monde est choqué, cela fait les gros titres", notamment dans les médias allemands et britanniques. Les pays scandinaves sont toutefois une exception, les partis traditionnels ayant déjà normalisé voire adopté dans une certaine mesure l’agenda de l’extrême droite sur des questions comme l’immigration, avancent les chercheurs.
Ces derniers précisent également qu’ils ont mené leur étude dans un pays où l'AfD (Alternative pour l’Allemagne) n’est pas encore au gouvernement, et qu’il faudrait étudier la mise à l’agenda des sujets d’extrême droite dans des pays où elle gouverne déjà.
L’étude comporte également d’autres limites, notamment celle de ne pas expliquer comment les politiques reprennent le discours de l’extrême droite. Elle n’a pas non plus analysé les dynamiques d’autres plateformes comme les réseaux sociaux ou les débats parlementaires.
Une affiche de la codirigeante de l'AfD, Alice Weidel, et une casquette "Make Duisburg great again" sur un stand de campagne à Duisburg, dans l'ouest de l'Allemagne, le 22 février 2025
La nomination de Laurent Nuñez au ministère de l’Intérieur suscite un regard attentif, notamment à Alger, où les relations avec la France connaissent depuis plus d’un an une forte tension diplomatique. Invité sur l’émission "Questions politiques" ce dimanche, ce fils d'un pied-noir d'origine andalouse a insisté sur la nécessité d'un "bougé" dans le dialogue sécuritaire entre Paris et Alger, actuellement interrompu en raison notamment du refus algérien de reprendre certains ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). "On a 40% d'Algériens dans les centres de rétention administratives, a précisé le ministre. Il faudra évidemment qu'on ait de nouveau la reprise du flux des laissez-passer. Je vais m'y atteler", a ajouté le ministre de l'Intérieur, précisant qu'il n'avait pas encore pris contact avec son homologue algérien.
Interrogé sur un rapport parlementaire rendu public le 15 octobre qui proposait de remettre en cause les dérogations accordées aux Algériens dans le cadre de l'accord franco-algérien de 1968, Laurent Nuñez n'a pas souhaité se prononcer. "Il y a cet accord, il fonctionne, il n'est pas complètement parfait, je vous le concède, mais pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour", a-t-il expliqué. Présenté par les députés macronistes, Mathieu Lefèvre, devenu ministre délégué à la Transition écologique, et Charles Rodwell, le document propose de mettre fin au statut unique conféré aux Algériens en matière de circulation, de séjour, d'emploi et de protection sociale.
La "même fermeté" mais une "rupture dans la forme"
En pleine crise diplomatique, l'ancien ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait également dit à plusieurs reprises son souhait de le remettre en cause. Les Algériens occupent la tête des nationalités étrangères présentes en France - on y comptait 649 991 Algériens en 2024 - et la deuxième place pour les obtentions d'un premier titre de séjour. Ils sont également la première nationalité interpellée en France en situation irrégulière avec 33 754 personnes en 2024.
Sur le plan migratoire, Laurent Nuñez affiche une ligne ferme, affirmant vouloir poursuivre les politiques engagées par son prédécesseur Gérald Darmanin, en insistant sur la nécessité d’augmenter les reconduites à la frontière et de faire appliquer la loi avec rigueur. "J’aurai la même fermeté que Bruno Retailleau", a-t-il déclaré, tout en revendiquant une "rupture dans la forme" pour ne pas "diviser la société". "Il y a des mots que je n'utiliserai pas", a-t-il insisté. "Quand vous convoquez le débat sur l'assimilation... Je ne le ferai jamais. L'assimilation, c'est certes un mot qui existe dans le code civil, mais vous renvoyez forcément ça au débat 'intégration versus assimilation'. Moi, je crois à l'intégration. On s'intègre parce qu'on respecte les règles des valeurs républicaines", a-t-il expliqué.
Le ministre français de l'Intérieur, Laurent Nunez, écoute les discours lors d'un débat qui a suivi le discours de politique générale du Premier ministre français devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 14 octobre 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
"L’île de la paix." Voilà comment le président hongrois, Viktor Orbán, a décrit son pays après l’annonce d’une rencontre imminente entre les présidents russe et américain à Budapest, sa capitale. Jeudi 16 octobre, Donald Trump avait annoncé un sommet avec Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine "dans les deux prochaines semaines".
La perspective de la rencontre est l’occasion pour Viktor Orbán, au pouvoir depuis 2010, de s’ériger en artisan de la paix, lui qui est le plus proche allié à la fois de Donald Trump et de Vladimir Poutine au sein de l’Union européenne et un critique du soutien de l’Union européenne à Kiev dans sa guerre contre la Russie. "Budapest est le seul endroit approprié en Europe pour un sommet de paix entre les États-Unis et la Russie", a commenté le chef d’Etat hongrois sur X.
La Commission européenne favorable à la rencontre
Mais ce nouveau sommet russo-américain pourra-t-il seulement avoir lieu ? Vladimir Poutine n’a plus foulé le sol européen depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, qui s'est suivie de lourdes sanctions contre la Russie de la part des 27 Etats membres, dont la Hongrie fait partie. La Commission européenne a d’ailleurs adopté en septembre un 19e paquet de sanctions contre la Russie, qui doit encore être examiné par les Etats membres.
Vendredi, lors d’une conférence de presse menée par porte-parole Olof Gill, la Commission européenne a indiqué que les avoirs du président russe et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov étaient actuellement gelés, mais qu’il ne "leur était pas spécifiquement interdit de voyager" dans l’UE. Bien que très prudent sur la tenue d’un sommet dont il "n’a pas encore les détails" et qui "n’est pas encore confirmé", l’exécutif européen ne semble pas vouloir interférer dans cette rencontre.
Interrogé sur la posture de l’Union européenne à ce sujet, Olof Gill a répété que "toute réunion qui fait avancer le processus visant à instaurer une paix juste et durable en Ukraine est la bienvenue". "Nous vivons dans le monde réel, a souligné le porte-parole. Les réunions ne se déroulent pas toujours dans l’ordre ou le format que nous souhaiterions, mais si elles nous rapprochent d’une paix juste et durable pour l’Ukraine, alors nous devons les accueillir favorablement." Tout en précisant que l’UE était déterminée à maintenir la pression sur la Russie, et que la Commission "comptait sur la Hongrie" et les autres Etats-membres pour appuyer le dernier paquet de sanctions lancé en septembre.
Interdiction de survol d’avions russes
Si l’exécutif européen semble être favorable à une réunion pour la paix, la venue de Vladimir Poutine est également conditionnée à une autorisation de survol de l’Europe. Depuis 2022, l’UE interdit "aux transporteurs russes de tout type" d’accéder à ses aéroports et de survoler son espace aérien. Ainsi, tout aéronef immatriculé en Russie ou loués à des entités ou citoyens russes ne peut pas survoler l’Union européenne. La Commission européenne a certes indiqué que les Etats-membres pouvaient, individuellement, accorder une dérogation aux avions russes, mais l’avion de Poutine risque tout de même d’emprunter un long détour.
Survoler l’Ukraine n’est bien sûr pas une option. Restent donc la Pologne et la Slovaquie, le chemin le plus court depuis Moscou. Mais il est très peu probable que Varsovie donne son accord, en raison de ses relations très tendues avec la Russie, note la BBC. Le président russe pourrait donc passer par la mer Noire et la Turquie, puis la Bulgarie et la Serbie ou la Roumanie. La Serbie, qui ne fait partie de l’UE mais borde la Hongrie, offre des vols directs jusqu’en Russie qui traversent le territoire européen. Mais ce chemin est également incertain, puisque la Roumanie est devenue la plus grande base européenne de l’Otan, note la radio publique britannique. La Bulgarie est également en train d’en construire une. L’option la plus sûre, mais aussi très longue, serait donc de contourner les côtes européennes de la Méditerranée en passant par la Turquie, le sud de la Grèce, avant d’arriver au Monténégro puis en Serbie.
Quid du mandat d’arrêt international ?
Reste la question du droit international. Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour le transfert "illégal" d’enfants ukrainiens vers les zones occupées de Russie. Les Etats-Unis et la Russie ne reconnaissent pas la compétence de la CPI et la Hongrie a décidé de se retirer de cette institution, basée à La Haye (Pays-Bas). Mais son retrait ne sera effectif qu’en 2026, et jusque-là, le pays reste lié au tribunal, note Euronews. Or, la CPI, qui n’a pas le moyen d’appliquer seule ses mandats d’arrêt, s’en remet aux gouvernements, note la chaîne européenne. Et ce ne serait pas la première fois que Viktor Orbán défie le tribunal : en avril dernier, il avait déjà reçu le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lui aussi visé par un mandat d’arrêt. Interrogée sur la possibilité pour Vladimir Poutine de venir en Europe malgré ce mandat d’arrêt, la Commission européenne a botté en touche.
Malgré les freins juridiques à la venue du président russe, la Hongrie s’assurera qu’il puisse faire le déplacement en toute sécurité, a déclaré vendredi le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjarto. Selon ce dernier, "toutes les questions techniques, de l’emplacement au calendrier, restent à décider, mais dès que la date sera finalisée, nous fournirons bien sûr des informations". Quant à Viktor Orbán, il a assuré sur X que les préparatifs battaient leur plein.
Vladimir Poutine est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour le transfert "illégal" d'enfants ukrainiens vers les zones occupées de Russie.
L'Italienne Sofia Corradi, créatrice du programme européen Erasmus qui a permis à des millions de jeunes d'étudier dans d'autres pays d'Europe, est décédée à Rome à l'âge de 91 ans, ont rapporté les médias italiens samedi. Sa famille, qui a annoncé son décès selon les médias, a décrit l'universitaire comme une femme "d'une grande énergie et d'une grande générosité intellectuelle et émotionnelle".
Professeure de pédagogie à l'université Rome 3, Mme Corradi - surnommée "Mamma Erasmus" - a obtenu pendant ses études une prestigieuse bourse Fulbright américaine qui l'a conduite à l'université Columbia de New York, où elle a obtenu une maîtrise en droit. Son diplôme américain n'ayant pas été reconnu par le système éducatif italien à son retour, elle a proposé un programme d'échange, qu'elle a finalement lancé dans l'Union européenne en 1987.
La "génération Europe"
Quelque 16 millions d'étudiants ont participé au programme depuis lors, selon le site internet d'Erasmus. Le programme, géré par l'UE, promeut une coopération plus étroite entre les universités et les établissements d'enseignement supérieur à travers l'Europe. Sofia Corradi a raconté en 2018 que l'idée du programme, née pendant la guerre froide, était sa "mission pacifiste personnelle".
L'universitaire née et morte à Rome a mené des recherches sur le droit à l'éducation pour la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, l'Académie de droit international de La Haye et la London School of Economics (LSE). Pour le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui lui attribue "la naissance de la Génération Europe", elle "a inspiré la vie de millions de jeunes qui ont voyagé, étudié et embrassé différentes cultures".
"Elle avait rêvé d'une jeunesse européenne qui se rencontre et s'enrichit de ses différences. Des millions d'étudiants lui doivent un morceau de vie et un horizon", a réagi le président français Emmanuel Macron sur X. "Des générations de jeunes Européens lui disent merci", a renchéri le ministre délégué français aux Affaires européennes, Benjamin Haddad.
Le Hamas et Israël ont convenu la semaine dernière d'un accord de paix par étapes par lequel Israël devait mettre fin à son offensive militaire à Gaza en échange de la libération des otages encore détenus par le Hamas après l'attaque du 7 octobre 2023. La première phase de l'accord, impliquant la libération des otages vivants — et le retour des dépouilles des otages morts— est en cours de mise en œuvre.
Les autorités israéliennes ont annoncé avoir identifié la dépouille de Ronen Engel, un des deux otages décédés qui a été remis la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Le département d'Etat américain a indiqué samedi soir disposer d'"informations crédibles" selon lesquelles le mouvement islamiste palestinien Hamas préparait une attaque imminente contre des civils à Gaza, ce qui serait une "violation du cessez-le-feu", souligne-t-il. Le mouvement palestinien a voulu resserrer son emprise sur la bande de Gaza dévastée cette semaine avec une campagne de représailles et des exécutions de personnes soupçonnées d'avoir collaboré avec Israël.
15h53
Israël dit que le Hamas paiera "un lourd tribut" si ses soldats sont attaqués
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche que le Hamas paierait "un lourd tribut pour "chaque tir" visant les soldats israéliens et "chaque violation du cessez-le-feu à Gaza, selon un communiqué de son bureau.
"Le Hamas apprendra aujourd’hui à la dure que l’armée israélienne est déterminée à protéger ses soldats et à empêcher toute atteinte à leur intégrité", affirme le ministre, après des frappes aériennes israéliennes dimanche visant, selon Israël, à neutraliser une menace émanant de "terroristes" à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Ces incidents, survenus dimanche matin, menacent le cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre entre le Hamas et Israël.
15h27
Le Hamas dit avoir trouvé une 13e dépouille d'otage qu'il prévoit de rendre dimanche
La branche armée du Hamas a annoncé dimanche avoir trouvé une 13e dépouille d'otage dans la bande de Gaza, s'engageant "si les conditions le permettent" à la restituer dans la journée à Israël, selon un communiqué sur leur chaîne Telegram.
"Aujourd'hui, les Brigades Al-Qassam ont retrouvé le corps d'un des prisonniers israéliens lors d'opérations de recherche en cours", dit le texte.
La dépouille, qui doit être la 13e à être rendue depuis le début du cessez-le-feu le 10 octobre, "sera remise aujourd'hui si les conditions sur le terrain le permettent", ajoute le communiqué selon lequel "toute escalade" israélienne "entravera les opérations de recherche, d'excavation et de récupération, ce qui retardera la récupération des corps".
14h13
Le Hamas dit mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu et ne pas être au courant d'affrontements à Rafah
La branche armée du Hamas a assuré dimanche mettre en oeuvre l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza et ne pas être au courant d'affrontements à Rafah dans le sud du territoire palestinien. "Nous réaffirmons notre engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu un cessez-le-feu dans toutes les zones de la bande de Gaza", indiquent les Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un communiqué.
"Nous n'avons aucune connaissance d'incidents ou d'affrontements ayant lieu dans la région de Rafah, car il s'agit de zones rouges sous le contrôle de l'occupation (Israël, ndlr), et le contact avec le reste de nos groupes là-bas a été coupé depuis la reprise de la guerre en mars", ajoute le communiqué.
14h04
Netanyahu ordonne d'agir "avec force" contre les cibles "terroristes" dans la bande de Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné dimanche à l'armée d'agir "avec force" contre les cibles "terroristes" dans la bande de Gaza, accusant le Hamas de violation du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.
"A la suite de la violation du cessez-le-feu par le Hamas, le Premier ministre Netanyahu a tenu une consultation avec le ministre de la Défense et les responsables des services de sécurité et a donné instruction d'agir avec force contre des cibles terroristes dans la bande de Gaza", affirme le bureau du Premier ministre dans un communiqué.
13h45
L'armée israélienne confirme des frappes aériennes sur Rafah en réponse à des attaques la visant
L'armée israélienne a confirmé dimanche avoir effectué des "frappes aériennes" sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, en réponse à des attaques de la part de "terroristes" sur ses positions.
Dimanche, selon un communiqué de l'armée israélienne, "des terroristes ont tiré des missiles antichars et ouvert le feu sur les forces de Tsahal, qui agissaient pour détruire des infrastructures terroristes dans la zone de Rafah conformément aux conditions de l'accord".
L'armée israélienne "a lancé des frappes aériennes et des tirs d'artillerie dans la zone de Rafah pour neutraliser la menace", précise le communiqué qui qualifie l'incident de "violation flagrante du cessez-le-feu" en vigueur depuis le 10 octobre.
13h13
15 corps de Palestiniens ont été restitués par Israël
Le ministère de la Santé à Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, a annoncé dimanche que les dépouilles de 15 Palestiniens ont été restituées à Gaza par Israël, portant à 150 le nombre de corps rapatriés depuis le début de la semaine dans la bande de Gaza.
Dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu négocié par le président américain Donald Trump, Israël doit remettre les corps de 15 Palestiniens pour chaque Israélien décédé rendu.
Israël a annoncé dimanche avoir identifié les deux dépouilles d'otages remises la veille à Gaza par le Hamas, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu.
12h04
Deux frappes israéliennes sur le sud de la bande de Gaza, selon un témoin et des médias israéliens
Un témoin et des médias israéliens ont fait état dimanche de deux frappes aériennes israéliennes sur le sud de la bande de Gaza où, selon un responsable militaire israélien, le mouvement islamiste palestinien Hamas a ciblé des soldats.
"Des avions de combat ont mené deux frappes aériennes sur Rafah" dans une "zone sous contrôle militaire israélien", a indiqué à l'AFP un témoin alors qu'un second évoque "des affrontements" entre le Hamas et un autre groupe armé palestinien dans une zone "sous contrôle militaire israélien".
Selon une source militaire israélienne, le Hamas a mené "plusieurs attaques contre les forces israéliennes, notamment avec un "tir de lance-grenade" et "un tir de sniper" dans "une zone contrôlée par Israël".
11h41
Le deuxième otage décédé restitué samedi a été identifié
Les autorités israéliennes ont identifié le deuxième corps restitué samedi par le mouvement islamiste palestinien Hamas comme étant le Thaïlandais Sonthaya Oakkharasri, a annoncé dimanche le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le gouvernement "reste déterminé, engagé et travaille sans relâche pour rapatrier tous les otages" décédés, est-il ajouté dans un communiqué.
La mort de Sonthaya Oakkharasri avait été annoncée le 17 mai 2024, le jour où il aurait dû fêter son 31e anniversaire. Ce Thaïlandais était ouvrier agricole au kibboutz Beeri, dans le sud d'Israël, lorsqu'il a été tué lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. Son corps avait ensuite été transporté à Gaza.
01h18
Washington fait état d'"informations crédibles" sur une attaque préparée par le Hamas contre des civils à Gaza
Le département d'Etat a indiqué samedi disposer d'"informations crédibles" selon lesquelles le mouvement islamiste palestinien Hamas préparait une attaque imminente contre des civils à Gaza, ce qui serait une "violation du cessez-le-feu", souligne-t-il.
"Cette attaque planifiée contre des civils palestiniens constituerait une violation directe et grave de l'accord de cessez-le-feu et compromettrait les progrès significatifs réalisés grâce aux efforts de médiation", a déclaré le département d'État dans un communiqué. "Si le Hamas réalise cette attaque, des mesures seront prises pour protéger la population de Gaza et préserver l'intégrité du cessez-le-feu", ajoute-t-il.
Le communiqué ne détaille pas ces mesures, alors que le président Trump a déjà menacé le Hamas de représailles après l'exécution de civils cette semaine. "Si le Hamas continue à tuer des gens à Gaza, ce qui n'était pas prévu dans l'accord, nous n'aurons pas d'autre choix que d'aller les tuer", a écrit jeudi le président américain sur son réseau Truth Social. Il n'a pas précisé qui serait charger de cette potentielle opération.
22h23
Le Hamas dit que la fermeture du passage de Rafah retardera la remise des dépouilles d'otages
Le Hamas a affirmé samedi soir que la fermeture du passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, retarderait la remise des dépouilles d'otages qu'il doit remettre à Israël en vertu de l'accord de cessez-le-feu.
"La fermeture prolongée du point de passage de Rafah (...) bloque l'entrée des équipements spécialisés nécessaires pour localiser les personnes disparues sous les décombres (...)" et "entraînera des retards importants dans la récupération et la remise des dépouilles", a indiqué le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.
21h28
Netanyahu dit que la guerre prendra fin après la seconde phase du plan qui comprend le désarmement du Hamas
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré samedi soir que la guerre avec le Hamas prendrait fin une fois achevée la seconde phase de l'accord de cessez-le-feu en cours à Gaza qui prévoit le désarmement du Hamas.
La seconde phase "comprend également le désarmement du Hamas, ou plus précisément la démilitarisation de la bande de Gaza, et avant cela, la confiscation des armes du Hamas", a déclaré le dirigeant israélien lors d'une émission télévisée sur Channel 14.
"Lorsque cela aura été accompli avec succès — j'espère de manière simple, mais sinon, à la dure, — alors la guerre prendra fin", a-t-il ajouté.
GAZA CITY, GAZA - 19 OCTOBRE : La vie quotidienne se poursuit dans des conditions difficiles pour les Palestiniens déplacés au carrefour de Shuja'iyya, dans l'est de Gaza City, à Gaza, le 19 octobre 2025. Les Palestiniens tentent de s'abriter en installant des tentes avec leurs propres ressources. Khames Alrefi / Anadolu (Photo de Khames Alrefi / Anadolu via AFP)
De New York à Los Angeles, en passant par des petites villes du centre des Etats-Unis, environ 7 millions de personnes sont descendues dans les rues samedi 18 octobre dans plus de 2 700 rassemblements selon les organisateurs (soit 600 de plus qu'en juin), pour montrer leur opposition au président américain Donald Trump. Cette coalition d'associations ralliées sous le slogan "No Kings" ("Pas de rois"), avait déjà tenu mi-juin une mobilisation très suivie, avec selon elles environ 5 millions de manifestants, un chiffre impossible à vérifier. Il s'agissait néanmoins du plus grand mouvement de contestation observé dans le pays depuis le retour au pouvoir du républicain.
Dans d'importants cortèges ou par dizaines sur le bord des routes, les manifestants se sont mobilisés ce week-end dans une atmosphère joviale pour dénoncer ce qu'ils qualifient de "prise du pouvoir autoritaire" de Donald Trump et de ses proches. "Ils sont en train de détruire la démocratie", dénonce Isaac Harder, un lycéen rencontré par l'AFP à Washington, où entre 8 000 et 10 000 personnes ont manifesté, selon les estimations. "Ce n'est pas l'Amérique, c'est du fascisme", ajoute-t-il. "Nous sommes en pleine crise face à la cruauté de ce régime, à son autoritarisme", abonde Collen Hoffman, une retraitée venue manifester à New York, où plus de 100 000 personnes ont défilé "pacifiquement", selon la police locale.
"Haine de l'Amérique"
Au Texas et en Floride, fiefs des conservateurs, des manifestations se sont également tenues. "Combattez l'ignorance, pas les migrants", pouvait-on lire aussi sur une pancarte à Houston (Texas), où près d'un quart de la population est composée d'immigrants, selon les données d'un think thank spécialisé.
Face au camp républicain qui les accuse de promouvoir "la haine de l'Amérique" et est allé jusqu'à les assimiler à des terroristes, les manifestants ont répliqué sur le ton de l'humour. Certains d'entre eux ont ainsi défilé vêtus de costumes incongrus de pingouin, de homard ou encore d'hippopotame, d'autres brandissant fièrement le drapeau américain.
A travers le pays, diverses pancartes montrant Donald Trump grimé en Staline, en reine d'Angleterre ou encore en Roi Soleil ont été observées dans les cortèges, où résonnaient des chants appelant le républicain à quitter le pouvoir. Un carnaval pacifique qui ne semble pas émouvoir le président républicain. En réponse, Donald Trump a publié une série de vidéos générées par intelligence artificielle sur sa plateforme Truth Social, le représentant sous les traits d'un roi. Dans l'une d'elles, il apparaît coiffé d'une couronne et aux commandes d'un avion de chasse qui largue ce qui semble être des excréments sur des manifestants anti-Trump.
"Culte de la personnalité"
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a bouleversé l'équilibre démocratique américain en empiétant sur les pouvoirs du Congrès et des Etats et en menaçant ses opposants de représailles judiciaires, autant d'actions dénoncées avec force samedi. "Comment cela a-t-il pu arriver ?", s'émeut auprès de l'AFP Jennifer Bryant, une avocate rencontrée à Houston au Texas. "Les choses évoluent si rapidement, ils détruisent nos institutions, licencient des fonctionnaires et s'emparent des fonds publics".
Pour Paulo, croisé dans le cortège à Washington, la situation aux Etats-Unis lui rappelle son enfance sous la dictature militaire au Brésil. "J'ai une incroyable impression de déjà vu en ce qui concerne les mesures légales prises et le culte de la personnalité", déclare celui qui n'a pas donné son nom de famille.
Cette nouvelle journée de mobilisation survient par ailleurs en pleine paralysie budgétaire de l'Etat fédéral et alors que Donald Trump a déployé des militaires dans plusieurs fiefs démocrates pour selon lui lutter contre l'immigration illégale et la criminalité. En signe de contestation, plusieurs rassemblements se sont déjà tenus dans les villes où il a envoyé la Garde nationale, telles que Chicago ou Los Angeles.
Dans les cortèges toutefois se mêle un sentiment d'impuissance. Les manifestants le reconnaissent : sans opposition, le trumpisme a de beaux jours devant lui. Plusieurs figures de gauche, comme Bernie Sanders ou encore le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, étaient présents dans les cortèges. Mais depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, l’opposition démocrate est inaudible.
Un manifestant vêtu d'un costume se moquant du président américain Donald Trump participe à la journée nationale de manifestations "No Kings" à Los Angeles, Californie, le 18 octobre 2025
Au Qatar, les missiles israéliens n’ont pas fait trembler tout le monde, ce 9 septembre. Pendant huit minutes pourtant, ce jour-là, les avions de chasse de Tsahal pilonnent le QG du Hamas à Doha, dans le quartier des ambassades. L’objectif : éliminer les derniers dirigeants en exil du groupe terroriste palestinien. Ironie de l’histoire, au même moment, un membre des familles d’otages israéliens se trouve de passage dans la capitale du Qatar.
Le matin, il s’entretient avec le Premier ministre qatari puis file à l’hôtel pour faire une sieste. Vers 16 heures, son téléphone surchauffe avec des appels venant d’Israël, mais il sonne dans le vide. Sa famille et ses proches, qui viennent de voir leur propre pays bombarder Doha, s’affolent et passent alors par les diplomates qataris pour le joindre. "A son réveil, il nous a fait beaucoup rire en nous disant que ce genre d’explosions étaient devenues tellement courantes à Tel-Aviv qu’elles ne le dérangeaient plus", sourit une source au Qatar, qui en profite pour taquiner le gouvernement israélien : "L’ironie est aussi que les familles d’otages nous ont davantage rencontrés que leur propre Premier ministre…"
Un rôle central dans l’accord sur Gaza
Un mois plus tard, le 13 octobre, à Charm el-Cheikh. Des dirigeants du monde entier se réunissent en Egypte pour applaudir le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, la libération des derniers otages israéliens et participer à la tournée triomphale de Donald Trump dans la région. Sur la photo de famille, l’émir Al-Thani occupe une place de choix : au milieu, collé au président des Etats-Unis. Comme un symbole du rôle central du Qatar au Moyen-Orient et des liens réparés avec le protecteur américain. Le petit émirat respire enfin après un été agité. Et dangereux.
En juin, pendant la "guerre des douze jours" entre Israël et l’Iran, des missiles iraniens l’ont ciblé pour la première fois de son histoire. Tous ont été interceptés avant de toucher Doha, qui héberge la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient, Al-Udeid. "Donald Trump s’est servi de ces frappes iraniennes pour imposer un cessez-le-feu à Israël et à l’Iran, le Qatar a encaissé le coup pour que la paix se fasse à ce moment-là", estime l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi.
Trois mois plus tard, le 9 septembre, le Qatar découvre que le parapluie américain n’est plus aussi imperméable lorsque les missiles viennent d’Israël. Au lieu de se plaindre à Washington et menacer de trouver d’autres protecteurs, Russes ou Chinois, les Qataris soignent Donald Trump. Ils veulent le convaincre que Benyamin Netanyahou, en bombardant Doha sans l’avoir prévenu, l’a trahi directement. La manœuvre réussit : le 29 septembre, le président américain force le Premier ministre israélien à téléphoner à son homologue au Qatar, depuis la Maison-Blanche, pour lui présenter des excuses. Un mea-culpa inédit pour Netanyahou, une première victoire symbolique pour Doha.
Conférence de presse conjointe entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, à la Maison-Blanche le 29 septembre 2025.
Le Qatar accepte alors de reprendre les négociations entre Israël et le Hamas, pour leur faire signer le plan Trump. En découvrant les vingt points du projet américain pour Gaza, les Palestiniens ont d’abord une réponse très ferme : ce sera non. Mais, avec la sécurité de l’émirat désormais en jeu, les négociateurs qataris menacent de lâcher le Hamas. "Nous dormirions mieux sans eux à Doha", nous dit une source.
Al-Jazeera, la chaîne de télévision qatarie qui donne le ton au Moyen-Orient, commence à critiquer l’organisation palestinienne, la rend coresponsable de la situation dramatique à Gaza. La pression s’accentue sur le Hamas. "Ces bombardements à Doha ont montré qu’Israël avait changé, qu’il pouvait se révéler imprévisible et frapper bien au-delà des frontières de ses ennemis habituels, souligne Yonatan Freeman, spécialiste des relations internationales à l’Université hébraïque de Jérusalem. Forcément, cela a semé la peur dans la région et a convaincu les pays arabes de contraindre le Hamas à abandonner sa carte maîtresse, à savoir les otages." Trump, lui, se charge de tordre le bras de Netanyahou. Deal : les vingt derniers otages israéliens contre un cessez-le-feu et près de 2000 prisonniers palestiniens. Un premier pas vers la paix.
Une installation pour l’armée de l’air du Qatar en Idaho
En parallèle, le Qatar négocie avec les Américains de nouvelles garanties de sécurité. Des diplomates font la navette vers Washington, avec l’objectif de se rapprocher de l’article V de la charte de l’OTAN, qui exige une intervention alliée en cas d’attaque. Le 29 septembre, Donald Trump signe un décret présidentiel qui assure que toute attaque contre l’émirat constitue "une menace pour la paix et la sécurité des Etats-Unis", et entraînera une réponse américaine. Une promesse qui n’a pas la force d’un traité, mais un signal fort tout de même.
Quelques jours plus tard, le ministre de la Guerre, Pete Hegseth, annonce que l’armée de l’air qatarie bénéficiera de sa propre installation dans une base militaire de l’Idaho, sur le territoire américain. Une nouvelle concession à Doha, qui déclenche une tempête chez les alliés "America First" de Donald Trump. De nombreux influenceurs d’extrême droite prétendent que l’émirat va ouvrir sa propre base militaire aux Etats-Unis et dénoncent la corruption du Qatar. Parfois jusqu’à l’outrance, comme la militante xénophobe Laura Loomer, pourtant proche du président : "On a vu ce qu’il s’est passé la dernière fois que nous avons donné des cours de pilotage à des musulmans sur notre territoire", poste-t-elle sur X, en référence aux attentats du 11 Septembre.
Malgré les critiques, l’administration Trump ne revient pas sur ces faveurs accordées à l’émirat. "Le Qatar est indispensable aux Etats-Unis non seulement pour leur base militaire d’Al-Udeid mais aussi pour tous les services qu’il peut leur rendre, notamment grâce à de nombreuses négociations encore secrètes", pointe Yonatan Freeman. Les Américains continuent de négocier avec les talibans au Qatar, comme nous avons pu le constater en croisant le ministre de la Défense afghan à Doha en septembre. D’après nos informations, l’émirat accueille aussi régulièrement des diplomates du Venezuela, alors que Donald Trump menace de partir en guerre contre Caracas. Comme si, après avoir attiré deux conflits sur son sol, le Qatar devait à tout prix retrouver les chemins de la paix.
Définitivement enterré. Le JCPoA (Joint comprehensive plan of action) – ou plus simplement l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien – expire ce samedi 18 octobre. Dix ans après sa signature en Autriche en 2015, l’héritage du texte, porteur d’espoir au moment de sa conclusion, est aujourd’hui réduit à peau de chagrin. Extrêmement fragilisé dès le premier mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’accord apparaît aujourd’hui comme un vestige d’une diplomatie d’une autre époque. Comment le JCPoA est-il peu à peu tombé à l’eau ? Retour sur dix années d’un dossier tumultueux.
Que prévoyait le JCPoA ?
En 2015, l’accord de Vienne a une ambition : empêcher l’Iran de développer une bombe nucléaire. À cette époque, les pays occidentaux s’inquiètent déjà de cette perspective. Cela fait alors plusieurs années que Téhéran laisse entrevoir des signes de ses velléités atomiques, tout en se défendant de vouloir accéder à l’arme suprême. La République islamique assure simplement mettre en place un programme atomique civil.
Au terme de douze ans de négociations, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne – trois pays européens réunis au sein du groupe dit "E3" – la Chine, la Russie et les États-Unis parviennent donc à trouver enfin un compromis avec l’Iran sur cette question ultrasensible du nucléaire. Un texte jugé à l'époque gagnant-gagnant. D’abord, avec des garanties de sécurité pour les puissances occidentales. "Avec cet accord, nous avons la possibilité de repousser pacifiquement une grave menace pour la sécurité régionale et internationale", se satisfait le président américain d'alors, Barack Obama.
Avec le JCPoA, Téhéran doit limiter l’enrichissement de son uranium à 3,67 %, bien loin des 90 % nécessaires à la confection d’une bombe A, et se soumettre à de stricts contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En échange, l’Iran compte sur cet accord pour lever les importantes sanctions internationales qui pèsent sur son économie. "Nous sommes prêts à ouvrir de nouveaux horizons pour affronter les défis importants et communs", soutenait de son côté le chef de la diplomatie iranienne de l’époque, Mohammad Djavad Zarif.
Pourquoi l’accord est-il devenu caduc au bout de deux ans ?
Un peu plus de deux ans après la signature de l’accord de Vienne, un événement majeur vient tout bouleverser : l’élection de Donald Trump comme président des États-Unis, en novembre 2017. Dès son arrivée au pouvoir, le milliardaire républicain affiche sa détestation du JCPoA. "Il s’agissait d’un abominable accord unilatéral qui n’aurait jamais dû être conclu", lance le locataire de la Maison-Blanche. "Il n’a pas apaisé la situation. Et il n’a pas apporté la paix. Et il ne l’apportera jamais", assène-t-il alors. Sous son impulsion, les États-Unis quittent l’accord, fragilisant de facto sa portée.
L’Iran réagit aussitôt. "Monsieur Trump, je vous le dis au nom du peuple iranien : vous avez commis une erreur", déclare le guide suprême iranien, Ali Khamenei. Malgré cette sortie américaine brutale d’un accord âprement négocié, les Européens ne renoncent pas immédiatement à l’application du traité. "Nos gouvernements restent déterminés à assurer la mise en œuvre de l’accord", assurent ainsi à l’unisson le président français Emmanuel Macron, la première ministre britannique Theresa May et la chancelière allemande Angela Merkel.
Rien n’y fait. Sans les États-Unis intégrés à l’accord, le JCPoA perd toute son envergure. Contrevenant à ses engagements, l’Iran reprend ses activités d’enrichissement. En 2021, la République islamique annonce produire de l’uranium enrichi à 60 %. Deux ans plus tard, des particules d’uranium atteignant un taux de 83,7 % sont relevées en Iran par l’AIEA, soit une mesure toute juste inférieure à celle nécessaire pour la fabrication de l’arme atomique. Téhéran se contente d’invoquer des "fluctuations involontaires" lors de ses opérations d’enrichissement.
La menace nucléaire iranienne inquiète de nouveau les États-Unis et leurs alliés. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche conduit les Américains à mener au printemps dernier de nouvelles négociations avec le régime des mollahs sur le dossier du nucléaire. Des discussions menées sous le regard circonspect d’Israël, ennemi juré de l’Iran, mais qui n’aboutissent pas. Au mois de juin, l’État hébreu finit par déclencher une offensive aérienne contre la République islamique, expliquant viser des sites liés à son programme nucléaire. Téhéran réplique, marquant le début de la "guerre des douze jours" entre les deux États.
Les dispositions du JCPoA apparaissent bien loin. Le 21 juin, Donald Trump ordonne le lancement d’une intervention aérienne américaine contre trois sites iraniens liés à l’enrichissement d’uranium. Les complexes de Fordo, Natanz et Ispahan sont touchés. L’Iran, de son côté, riposte en visant une base de l’US Army au Qatar. Mais ses dirigeants n’expriment aucune volonté de respecter les directives de l’accord de Vienne. Fin septembre, les membres de la coalition E3, déclenchent officiellement la clause de snapback prévue au sein du traité. Puisque l’Iran viole ses engagements, les sanctions occidentales vont donc faire leur retour contre son économie.
Y a-t-il aujourd’hui une perspective de négociation ?
Ce samedi, l’Iran a réagi à la date d’expiration du pacte de 2015. "Toutes les dispositions, y compris les restrictions prévues pour le programme nucléaire iranien et les mécanismes connexes, sont considérées terminées", a détaillé la diplomatie du pays, dans un communiqué. Durant l’été, Téhéran avait déjà interrompu sa coopération avec l’AIEA, après les frappes israéliennes et américaines sur son territoire.
L’agence onusienne a néanmoins trouvé un compromis pour réactiver les contacts, début septembre, lors d’une rencontre au Caire (Égypte), avec la partie iranienne. L’ambition aura fait long feu. À la fin du mois, le retour des sanctions actées par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont de nouveau suscité l’ire du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. "Les efforts de l’Iran pour relancer les échanges [avec l’AIEA] ayant abouti à l’accord du Caire ont […] été sabotés par les actions irresponsables des trois pays européens", a-t-il tempêté, estimant que le retour d’inspections de l’instance en Iran n’était en conséquence "plus pertinent".
Galvanisé par son succès diplomatique au Proche-Orient avec la signature d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, Donald Trump n’a pas tout à fait fermé la porte à de nouveaux échanges avec le pouvoir iranien. Lundi dernier, devant la Knesset, le Parlement israélien, le président américain a qualifié de "formidable" la perspective de faire la paix avec l’Iran.
De là à préparer un nouvel accord sur le nucléaire iranien ? "Nous sommes prêts" à un compromis "quand vous le serez", a lancé le républicain aux dirigeants du pays. Ces derniers lui ont adressé une fin de non-recevoir, Abbas Araghchi soulignant qu’il n’imaginait pas "à quel résultat positif" de nouvelles rencontres pouvaient aboutir.
Volodymyr Zelensky n’a pas caché sa déception à l’issue de sa visite à la Maison-Blanche, vendredi soir. Venu rencontrer son homologue américain Donald Trump afin de le convaincre de livrer à l'Ukraine des missiles Tomahawk, il a vite déchanté. Après une longue conversation téléphonique jeudi 16 octobre avec Vladimir Poutine, le président américain a réorienté sa priorité : négocier un cessez-le-feu plutôt que muscler l’arsenal de Kiev.
"J’espère que nous pourrons mettre fin à la guerre sans avoir à penser aux Tomahawk", a lancé Trump face à son homologue ukrainien, évoquant un président russe désormais "prêt à un accord". Le message est clair : l’heure n'est pas à l’escalade. Et ce, malgré les efforts répétés de Kiev pour convaincre Washington que seule la pression militaire pouvait faire plier Moscou. "La rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été très intéressante et cordiale, mais je lui ai dit, comme je l'ai par ailleurs fortement suggéré au président Poutine, qu'il était temps d'arrêter la tuerie et de trouver un ACCORD", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Donald Trump a même suggéré que les deux parties "s’arrêtent où elles sont", laissant à l’histoire le soin de trancher sur la victoire ou la défaite. "Respectez la ligne de front, où qu'elle se trouve, sinon cela deviendra trop compliqué", a-t-il jugé, face à des journalistes en Floride.
Donald Trump avait déjà exposé plus tôt sa réserve face à une potentielle livraison à l'Ukraine de ces missiles capables de frapper profondément en territoire russe, à laquelle Moscou est naturellement opposé. Mais pour Kiev, la volte-face américaine est un coup dur. Les Tomahawk étaient au cœur de la stratégie ukrainienne : frapper les installations pétrolières russes, peser sur l’économie de guerre du Kremlin et forcer Moscou à revenir à la table des négociations. Cette pression militaire, déjà partiellement efficace selon plusieurs analystes, devait consolider la position ukrainienne avant l’hiver. Mais en reculant, Donald Trump laisse son partenaire se débrouiller seul. Volodymyr Zelensky, lucide, a pris acte de ce revers.
Une répétition dangereuse ?
Cela dit, comme le rappelle à juste titre Volodymyr Zelensky, Donald Trump n'a pas dit "oui" aux livraisons de Tomahawk, mais il n'a pas dit "non" non plus. La menace, qui avait déjà fait réagir le président russe, reste donc en suspens. En renvoyant les deux belligérants dos-à-dos, Trump semble ménager délibérément Poutine tout en renforçant progressivement la pression sur la Russie : d'abord économiquement en empêchant l'Inde d'acheter du pétrole russe, et militairement via le renforcement de l'Otan.
Les Ukrainiens, eux, voient dans cette dynamique une répétition dangereuse : "Trump est retombé dans le piège de Poutine", accuse Oleksandr Merezhko, président de la commission des affaires étrangères du Parlement ukrainien, lors d'une interview après la réunion de vendredi pour le New York Times. Contrairement à ce qu'affirme Donald Trump, Volodymyr Zelensky répète que le président russe n'est "pas prêt" à la paix. Donald Trump a certes jugé "possible" que Vladimir Poutine essaie de jouer la montre, en réponse à la question d'une journaliste de l'AFP, mais il a ajouté : "Pendant toute ma vie, les meilleurs ont essayé de se jouer de moi. Et je m'en suis vraiment bien sorti."
Derrière cette décision, c’est la relation entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui intrigue à Kiev. Après leur entretien téléphonique de jeudi, décrit comme "très productif" par l'Américain et "empreint de confiance" par le Russe, les deux hommes ont annoncé une rencontre prochaine à Budapest. De quoi raviver les craintes d’un tête-à-tête déséquilibré, à l’image de celui d’Alaska en août, resté sans suite concrète.
Sur le terrain, la Russie intensifie ses frappes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, accentuant la pression à l’approche de l’hiver. Vendredi, elle a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens. Les experts espèrent que l’annonce d’un sommet russo-américain permettra au moins une accalmie temporaire, le Kremlin cherchant à se présenter sous un jour favorable avant les discussions. Un cessez-le-feu local a d’ailleurs été accepté près de la centrale de Zaporijia, pour permettre des réparations d’urgence.
Le Hamas a restitué vendredi soir à Israël une nouvelle dépouille d'otage, s'engageant à rendre toutes les autres qu'il détient encore à Gaza conformément à l'accord de cessez-le-feu.
Aux termes de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre après deux ans d'une guerre ayant dévasté la bande de Gaza, le Hamas devait libérer tous les otages, vivants et morts, qu'il détenait encore, au plus tard le lundi 13 octobre à 09h00 GMT. Il a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants mais n'a restitué depuis lundi que dix dépouilles sur les 28 qu'il retenait.
18h39
Israël conditionne la réouverture de Rafah au retour des dépouilles d'otages retenues à Gaza
Le poste-frontière de Rafah, entre Gaza et l'Egypte, restera fermé "jusqu'à nouvel ordre", a affirmé samedi le bureau du Premier ministre israélien, conditionnant sa réouverture à la remise des dépouilles d'otages encore retenues à Gaza par le Hamas.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu "a ordonné que le passage frontalier de Rafah reste fermé jusqu'à nouvel ordre", a indiqué son bureau dans un communiqué. "Sa réouverture sera envisagée en fonction de la manière dont le Hamas s'acquittera de ses obligations en matière de restitution des otages et des corps des défunts, et de mise en œuvre du cadre convenu", poursuit le texte.
Plus tôt samedi, l'ambassade de Palestine au Caire avait annoncé que le passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Egypte rouvrirait lundi afin de permettre aux Palestiniens vivant en Egypte de rentrer dans le territoire. Jeudi, les autorités israéliennes avaient précisé que lors de la réouverture du poste, seuls les déplacements de personnes seraient autorisés, et non le passage de l'aide humanitaire.
L'armée israélienne a pris le contrôle du côté palestinien du passage de Rafah début mai 2024, affirmant que l'installation était "utilisée à des fins terroristes" et pour la contrebande d'armes. A la suite de cette prise de contrôle, tout accès au point de passage a été suspendu, y compris celui du personnel des Nations unies. Le point de passage a été brièvement rouvert pendant le précédent cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entré en vigueur le 19 janvier 2025.
13h43
Israël restitue 15 dépouilles de Palestiniens à Gaza, selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas
Le ministère de la Santé à Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, a indiqué samedi qu'Israël avait restitué 15 dépouilles de Palestiniens, portant à 135 le nombre de corps rapatriés depuis lundi dans la bande de Gaza.
Selon l'accord de cessez-le-feu négocié sous l'égide du président américain Donald Trump, il est prévu que pour chaque dépouille d'otage israélien restituée, Israël remettra les dépouilles de 15 Gazaouis décédés. Le Hamas a depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre remis les restes de dix otages: neuf Israéliens et un étudiant népalais.
Le ministère de la Santé à Gaza assure que certains des corps rendus en échange par Israël portent des traces "d'abus, de coups, de menottes (...)". Il avait déjà fait des accusations similaires depuis qu'ont débuté mardi les premiers rapatriements de dépouilles de Palestiniens.
Il s'agit d'"allégations sans fondement" au service de "la propagande du Hamas", a réagi vendredi l'armée israélienne sollicitée par l'AFP. "Tous les corps restitués jusqu'à présent sont ceux de combattants de la bande de Gaza", a affirmé l'armée.
13h11
A Gaza, la Défense civile fait état de neuf morts dans des tirs israéliens vendredi
La Défense civile dans la bande de Gaza, opérant sous l'autorité du Hamas, a affirmé samedi avoir récupéré les dépouilles de neuf Palestiniens tués selon elle la veille dans des tirs israéliens contre un bus. "En coordination avec le bureau de la Croix-Rouge, les équipes de la Défense civile ont pu récupérer neuf martyrs après que l'occupation israélienne a pris pour cible hier un bus transportant des déplacés à l'est du quartier Zeitoun" à Gaza-ville, a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile. M. Bassal a déclaré que les victimes, parmi lesquelles des enfants, étaient toutes des membres de la famille Chaabane tués alors qu'ils "cherchaient à vérifier (l'état de) leur maison" après les bombardements israéliens durant la guerre.
L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "identifié" un véhicule "suspect en train de franchir la ligne jaune", référence à la ligne de repli des forces israéliennes à l'intérieur de la bande de Gaza convenue dans le cadre du cessez-le-feu. Après des tirs de semonce, les soldats ont "ouvert le feu pour éliminer la menace" et ce "conformément à l'accord" de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas entré en vigueur le 10 octobre.
8h36
Une nouvelle dépouille d'otage identifiée, le Hamas doit encore restituer 18 corps
Les autorités israéliennes ont annoncé samedi avoir identifié la dépouille de l'otage remis la veille par le Hamas, qui doit encore restituer les restes de 18 Israéliens aux termes de l'accord de cessez-le-feu.
L'armée israélienne a indiqué avoir "informé la famille de l'otage Eliyahu Margalit" du retour de ses restes en Israël. Agé de 75 ans, Eliyahu Margalit avait été tué au kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, jour de l'attaque du mouvement islamiste palestinien ayant déclenché la guerre, et son corps avait été emmené dans Gaza, selon l'armée.
Israël ne fera "pas de compromis" et "n'épargnera aucun effort jusqu'au retour de tous les otages décédés, jusqu'au dernier" d'entre eux, a déclaré le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le corps d'Eliyahu Margalit avait été remis par le Hamas à l'armée israélienne par l'intermédiaire de la Croix-Rouge.
Le Hamas a dit "respecter son engagement envers l'accord de cessez-le-feu" et "continuera à œuvrer pour mener à bien le processus d'échange de prisonniers", a annoncé vendredi Hazem Qasem, porte-parole du mouvement. Celui-ci a néanmoins souligné que "la question des corps est complexe et nécessite du temps", certains corps ayant "été enterrés dans des tunnels" détruits par l'armée israélienne, "tandis que d'autres restent sous les décombres de bâtiments qu'elle a bombardés".
23h54
Israël annonce avoir récupéré une nouvelle dépouille rendue par le Hamas
Israël a annoncé vendredi avoir récupéré la dépouille d'un otage remise dans la soirée par le groupe islamiste palestinien Hamas à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza, selon un communiqué du bureau du Premier ministre.
"Israël a reçu, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, le cercueil d'un otage décédé qui a été remis aux forces de l'armée israélienne et du Shin Bet (service de sécurité intérieure) dans la bande de Gaza", a indiqué le bureau du Premier ministre.
Le corps doit ensuite être transféré en Israël où il sera acheminé vers l'Institut national médico-légal pour être identifié, ajoute le texte.
23h43
Mandat d'arrêt contre Netanyahu: la CPI rejette une demande d'appel israélienne
La Cour pénale internationale (CPI) a rejeté vendredi la demande d'appel déposée par Israël contre une décision antérieure confirmant les mandats d'arrêt délivrés à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
Dans une décision qui a fait la Une de la presse internationale, la CPI a estimé en novembre qu'il existait des "motifs raisonnables" de croire que MM. Netanyahu et Gallant portaient une "responsabilité pénale" pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés liés à la guerre à Gaza.
Ces mandats d'arrêt ont suscité l'indignation en Israël et aux Etats-Unis, qui ont depuis imposé des sanctions à des hauts responsables de la CPI. Benjamin Netanyahu a qualifié cette décision d'"antisémite" et le président américain Joe Biden l'a jugée "scandaleuse".
En mai, Israël avait demandé à la CPI de rejeter ces mandats, alors que celle-ci examine une autre contestation visant à déterminer si elle est compétente dans cette affaire. La Cour a rejeté cette demande le 16 juillet, estimant qu'il n'y avait "aucune base juridique" pour annuler les mandats d'arrêt tant que la question de la compétence n'avait pas été tranchée.
Une semaine plus tard, Israël a demandé l'autorisation de faire appel de cette décision, mais les juges ont statué vendredi que "la question, telle que formulée par Israël, n'est pas susceptible d'appel". "La Chambre rejette donc la demande", a déclaré la CPI dans une décision complexe de treize pages.
Un homme tire en l'air avec son arme alors que des personnes transportent le corps d'un Palestinien libéré par Israël dans le cadre d'un cessez-le-feu et d'un échange d'otages à Gaza, lors de ses funérailles dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 18 octobre 2025. Israël a rendu les corps de 15 Palestiniens à Gaza le 18 octobre, portant à 135 le nombre total de corps remis, a déclaré le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas. (Photo : Eyad BABA / AFP)
Joyau du riche passé bourguignon dans la plaine flamande, Bruges est une cité de canaux pittoresques, de façades à pignon et de ruelles pavées qui forment un décor mélancolique. Dans cette ville suspendue dans le temps se trouve un creuset méconnu : l’école qui, depuis trois générations, forge les élites appelées à édifier l’Europe. Chaque année depuis sa création, en 1949, par des hommes politiques visionnaires qui entendaient unir les Etats du vieux continent après le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale, le Collège d’Europe accueille quelque 300 étudiants autour de cette ambition humaniste. "On ne vient pas ici juste pour étudier et trouver un emploi, explique Federica Mogherini, la rectrice. On vient ici parce qu’on est passionné par l’intégration européenne et qu’on veut y contribuer".
Ceux qui arrivent chaque année au début septembre, âgés en moyenne de 25 ans, ont déjà derrière eux au moins un master, ainsi qu’un processus de sélection exigeant. Pendant 10 mois, jusqu’en juin, ils vont compléter leur formation par des études dans une des filières proposées par l’école : droit européen, très cotée dans les milieux juridiques spécialisés, mais aussi économie, relations internationales ou sciences politiques. Ils ne vont pas seulement étudier : ils vont aussi habiter ensemble dans l’une des huit résidences réparties dans la ville, prendre leurs repas à la cantine commune, se frotter aux us et coutumes des autres nationalités, s’amuser en buvant des bières locales et discuter à profusion de leurs rêves européens. A Bruges, le soir, quand les cohortes de touristes sont parties et que les rues pavées sont désertes, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. "Parfois, je leur dis que pendant le dîner, ils ont le droit de parler de foot, de nourriture ou de n’importe quel autre sujet, confie Mogherini. Ils sont vraiment obsédés par l’Europe, c’est très rafraîchissant".
Une marraine symbolique
L’école vit au rythme des drames du continent. Dans le hall du siège principal de l’école au 11, Dijverstraat (rue des digues), on remarque un grand portrait de Victoria Amelina, l’écrivaine ukrainienne tuée à 37 ans par un missile russe qui a visé la pizzeria où elle dînait, en 2023 à Kramatorsk dans le Donbass. Les étudiants et le personnel de l’école l’ont choisie comme marraine symbolique de promotion cette année. Une cinquantaine de nationalités sont réunies ici ; plusieurs étudiants en cumulent deux ou trois. Les Etats membres de l’Union fournissent les trois quarts des effectifs. Le reste vient des pays candidats (Ukraine, Moldavie, Géorgie, Turquie, pays des Balkans) mais aussi de Suisse, du Royaume-Uni (malgré le Brexit, Londres continue à distribuer des bourses à des étudiants britanniques pour venir étudier à Bruges) d’Amérique, d’Afrique et parfois d’Asie.
Les Français constituent traditionnellement le contingent national le plus nombreux, devant les Espagnols et les Italiens, et c’est vrai cette année encore. Il faut dire qu’ils sont avantagés par leur langue, dans une école où l’enseignement est dispensé en français et en anglais. C’est le cas également sur les deux autres campus du Collège : celui de Natolin (120 étudiants), créé en 1992 sur les anciennes terres de chasse du roi de Pologne près de Varsovie, et celui de Tirana, en Albanie, le petit dernier, ouvert l’an dernier pour une quarantaine d’étudiants qui se spécialisent dans l’intégration des Balkans occidentaux.
Le prix est élevé, 29 000 euros pour l’année (27 000 à Tirana), études, logement et repas compris, mais plus des deux tiers des étudiants bénéficient d’une bourse, complète ou partielle, dispensée par l’école, par leur pays d’origine ou par des fondations pro-européennes. Selon la rectrice, la multiplication des bourses a permis de diversifier le profil socio-économique des élèves sous son mandat, entamé en 2020 et renouvelé l’an dernier. En réalité, l’école chiffre à 55 000 euros le coût réel de chaque étudiant. La Commission européenne couvre une grande part du surplus.
Pas d'attitudes eurobéates
Le regain de nationalisme à travers le continent ne nuit pas aux candidatures, toujours aussi nombreuses. Mais l’heure n’est plus trop aux attitudes eurobéates. La préoccupation domine. "Je suis inquiète au sujet de l’Union européenne, confie Susana Arias, étudiante néerlando-espagnole qui a étudié le droit à Utrecht avant de venir à Bruges. C’est pourquoi j’ai pensé qu’il était important de comprendre l’UE sous une perspective politique". "Je m’intéresse aux mouvements eurosceptiques, dit une de ses camarades, la française Hortense Roussel, qui a étudié à Paris et à Berlin. Je souhaite me spécialiser sur ce phénomène et comprendre les dynamiques dans les différents Etats membres. C’est aussi ça qui m’a conduite ici".
De son côté, Federica Mogherini observe que "nous n’avons pas vraiment d’antieuropéens dans notre collège mais certains étudiants se montrent très critiques envers l’UE, soit pour dénoncer certaines politiques, soit pour regretter la manière dont travaillent les institutions. Je leur explique qu’ici, ils peuvent acquérir les outils qui leur permettront de changer les choses". Les cours magistraux sont plutôt rassemblés au premier semestre, alors que le travail en groupe est privilégié au second semestre, avec en particulier des jeux de rôle reproduisant des débats qui ont lieu réellement au même moment au Parlement européen ou au Conseil. "Dans les institutions, il y a une valeur ajoutée lorsqu’on vient du Collège car on y acquiert non seulement la théorie, mais aussi la pratique des affaires européennes. Nos étudiants connaissent la réalité du travail de l’UE", souligne Mogherini.
Les professeurs permanents sont peu nombreux. En revanche, et c’est l’un des points forts du Collège, de nombreux hauts fonctionnaires de l’UE ou praticiens de l’Europe comme des avocats ou des représentants de groupes d’intérêts sont invités à intervenir au cours de l’année. Cela permet aux élèves d’être plongés dans le bain bruxellois. Beaucoup d’étudiants sont attirés par une carrière dans les institutions communautaires mais dans la réalité, seule une minorité pourra y accéder tant les places y sont chères. Beaucoup rejoignent des cabinets d’avocats, des corps diplomatiques nationaux, des organisations non gouvernementales, d’autres institutions (Otan, ONU…) ou des postes de chargés d’affaires publiques et européennes dans de grandes entreprises.
Certains font tout autre chose, tels Olivier Guez, l’écrivain lauréat du prix Renaudot en 2017 pour La disparition de Josef Mengele (Grasset), qui fit partie de la promotion 1998 de Bruges. "La carrière européenne n’était pas faite pour moi, raconte-t-il. J’avais envie de voyager, d’écrire des romans. Mais je me suis toujours considéré comme Européen et à Bruges, j’ai pu plonger dans une Europe charnelle, dans un concentré d’Europe. L’expérience était fabuleuse et je me suis créé des amitiés pour la vie".
Le réseautage pendant toute la vie professionnelle
Ce sentiment d’appartenir à une grande famille, né de l’intensité des contacts pendant l’année au Collège mais aussi d’une passion commune pour l’Europe, est partagé par nombre d’anciens et facilite le réseautage pendant toute la vie professionnelle. Catherine Ray, qui fut élève en 1998-1999 puis a fait carrière à la Commission avant de revenir certaines années au Collège comme enseignante, observe que "la force de Bruges, quand on veut travailler dans les affaires européennes, c’est son réseau. Pendant l’année d’études, on vit ensemble du matin au soir et vingt-cinq ans après, on est toujours aussi liés. Dans les institutions, ça reste une carte, même un quart de siècle après. Comme Bruxelles est un microcosme, l’effet du réseau est amplifié". A la Commission, certains parlent même de "la mafia de Bruges". La présidente du Parlement européen, la maltaise Roberta Metsola, le président finlandais, Alexander Stubb, mais aussi des commissaires, directeurs généraux, juges à la Cour européenne, ambassadeurs représentant leur pays à Bruxelles, sont des anciens.
La rectrice Mogherini, elle-même ancienne vice-présidente de la Commission, où elle fut haute représentante pour les affaires étrangères (2014-2019), après avoir été cheffe de la diplomatie italienne dans le gouvernement de Matteo Renzi (2014), a bien compris l’importance du réseau. "Grâce à leur passé commun, un fonctionnaire de la Commission peut appeler en cas de besoin un ami qui travaille au Quai d’Orsay, au ministère espagnol de la Défense ou à la Cour de justice de l’UE à Luxembourg. C’est très efficace". Tous les cinq ans, les anciens se retrouvent à Bruges. "J’en ai vu certains qui reviennent au bout de cinquante ans. Ils sont restés en contact pendant cinq décennies ! C’est impressionnant", dit-elle.
Pour amplifier encore l’effet réseau, elle a entrepris de rapatrier au sein de l’école l’association des anciens, sur le modèle des grandes universités américaines, afin de lui permettre d’utiliser les ressources administratives du Collège. Elle a étendu aussi les activités de l’école, en ouvrant une nouvelle filière, de formation professionnelle celle-là, pour de jeunes diplomates nationaux qui veulent approfondir leur expérience des affaires européennes. Le cursus est différent mais le principe est le même : les diplomates sont aussi invités à vivre ensemble pendant les cinq mois que dure leur formation. Une manière, là encore, d’étendre le réseau et l’influence d’un Collège au cœur d’une Europe assaillie de toutes parts.
Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a annoncé vendredi une rencontre avec le Vice-premier ministre chinois He Lifeng, en charge du commerce, la semaine prochaine pour préparer ces négociations, Pékin se disant prêt samedi à les entamer "dès que possible". Les tensions commerciales entre les deux premières économies mondiales sont remontées d'un cran depuis une semaine, après l'annonce par Pékin d'un renforcement des contrôles sur les exportations de terres rares et les technologies nécessaires à leur raffinage.
L'annonce chinoise a été vivement critiquée par le président américain Donald Trump, qui a annoncé dans la foulée sa volonté d'ajouter en représailles 100% de droits de douane sur les produits chinois, qui viendraient s'ajouter aux 30% minimum appliqués jusqu'ici. Il a également menacé de ne pas rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, comme prévu lors du prochain sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec).
Un appel entre le principal négociateur commercial chinois, He Lifeng, et le secrétaire au Trésor américain, a donné lieu à des échanges "francs, approfondis et constructifs", a indiqué l'agence Chine Nouvelle samedi. Scott Bessent a de son côté évoqué des discussions "franches et détaillées" sur X, annonçant une rencontre en personne "la semaine prochaine pour poursuivre (les) discussions". M. Bessent avait précédemment accusé la Chine de chercher à nuire au reste du monde en renforçant les restrictions sur les terres rares, qui sont essentielles à de nombreux secteurs économiques, des smartphones aux missiles guidés. Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a également participé à l'appel, selon l'agence de presse chinoise.
Quelques heures plus tôt, la chaîne américaine Fox News a publié des extraits d'une interview de Donald Trump dans laquelle il indique qu'il devrait rencontrer finalement son homologue chinois Xi Jinping au sommet de l'Apec à la fin du mois. Le président américain a déclaré à la chaîne que les 100% de droits de douane sur les produits chinois n'étaient pas viables. "Ce n'est pas viable, mais c'est le chiffre qui a été fixé... Ils m'ont forcé à faire cela", a-t-il déclaré.
Regrouper le G7
Washington s'est cette semaine efforcé de regrouper ses alliés. Les ministres des Finances du G7 ont décidé vendredi de coordonner la réponse des sept pays au nouveau défi que pose les restrictions sur l'accès aux terres rares pour leurs économies. "Nous nous sommes entendus, bilatéralement avec les Etats-Unis et dans le cadre du G7, pour coordonner notre approche et nous informer réciproquement de nos échanges avec nos homologues chinois", a indiqué à la presse le commissaire européen à l'Economie, Valdis Dombrovskis. "Le G7 a exprimé son désaccord vis-à-vis de l'approche chinoise", a de son côté confirmé le ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, lors d'une rencontre avec des journalistes.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva a déclaré vendredi souhaiter "qu'un accord soit rapidement trouvé pour abaisser les tensions" commerciales entre Pékin et Washington. Les tensions commerciales entre les deux pays se sont renforcées avec le retour du Donald Trump à la Maison-Blanche et sa volonté d'imposer des droits de douane sur l'ensemble des produits ent vrant aux Etats-Unis, début avril.
Pékin avait alors décidé de répliquer, entraînant de nouvelles représailles de Washington auxquelles la Chine a répondu à son tour, entraînant les droits de douane appliqués réciproquement bien au-delà de 100%. Les deux pays ont ensuite entamé une désescalade, mais les relations restent tendues.
Vote radical, repli sur soi, désinformation… Alors que nos sociétés paraissent de plus en plus divisées, et que les innovations comme l’intelligence artificielle peuvent être sources d’inquiétude, L’Express a choisi de sortir de cette vision pessimiste. Place aux "visionnaires" : des entrepreneurs et militaires, intellectuels, scientifiques et militants qui révolutionnent déjà le monde de demain.
Cette semaine, La Loupe brosse le portrait de quatre d’entre eux. Des combats féministes en Iran à la recherche sur les maladies génétiques ou sur l’intelligence artificielle aux Etats-Unis, en passant par la vie de la cheffe des services secrets britanniques, cette série vous offre un peu d’inspiration.
En 2023, le prix Nobel de la Paix est décerné à cette illustre opposante au régime des mollahs. Pour mieux saisir les luttes féministes en Iran aujourd’hui, on vous retrace son long parcours depuis les années 1990.
Professeur de biologie moléculaire à Harvard dès l’âge de 26 ans, détenteur de quelques 110 brevets et, surtout, inventeur de "l’édition" de l’ADN : voici le portrait de David Liu, précurseur dans la recherche sur les maladies génétiques.
Episode 3 : Sasha Luccioni, la chercheuse qui concilie IA et climat
La révolution de l’intelligence artificielle est en marche, et avec elle des besoins toujours croissants en énergie et en données. Dans le monde de la tech, où peu de chercheurs s’emparent de ces enjeux, une voix féminine commence à se faire entendre : celle de Sasha Luccioni.
Episode 4 : Blaise Metreweli, une révolution à la tête du MI6
C’est la seule espionne britannique officielle : une seule image d’elle est diffusée mais personne ne connaît encore sa voix. Blaise Metreweli vient de prendre les commandes du MI6, le service de renseignement intérieur britannique. Une première pour une femme, dont les parcours d’espionnes sont bien particuliers.
Le populisme nuit au climat. A travers l’Europe, l’essor des partis nationalistes et eurosceptiques s’accompagne d’un rejet croissant des politiques visant à enrayer le réchauffement de la planète. Dernier exemple en date, le parti Automobilistes ensemble, qui vient de faire élire 13 députés au parlement de la République tchèque, se pose en force d’appoint indispensable à l’entrepreneur populiste Andrej Babis, arrivé en tête du scrutin le 4 octobre, pour former un gouvernement.
Créé en 2022 à Prague, avec pour seul programme à l’époque la lutte contre les pistes cyclables, Automobilistes ensemble est devenu en à peine trois ans un parti qui compte au pays de Skoda. Il revendique aujourd’hui quatre postes de ministres. Son homme fort, le député européen Filip Turek, pressenti pour les Affaires étrangères, est pourtant peu recommandable. Dévoilés ces derniers jours, de vieux posts sur les réseaux sociaux témoignent des affinités néonazies de cet ancien coureur automobile de F4.
Retour de bâton environnemental
Cela ne semble pas effrayer ses électeurs. En Tchéquie comme ailleurs en Europe, le retour de bâton contre les réglementations vertes s’appuie sur un public surtout masculin, jeune et provincial, rétif à l’évolution des valeurs. La France en a fait l’expérience dès 2019 avec la révolte des gilets jaunes contre le projet de taxe carbone. Depuis, l’inquiétude s’est répandue. On l’a vu dans les mobilisations contre les zones à faible émission, contre les éoliennes ou contre les fermes de panneaux solaires. On l’a vu aussi dans l’insurrection contre l’imposition de modes de chauffage "propres" en Allemagne en 2023, ou encore dans les protestations d’agriculteurs contre des mesures visant à réduire le cheptel bovin aux Pays-Bas ou en Belgique afin de limiter la pollution aux nitrates.
Le volontarisme des politiques vertes et leur caractère souvent coercitif alimentent la grogne contre les excès de bureaucratie et l’interventionnisme des Etats. Les partis populistes de droite sont les premiers à avoir compris l’impact électoral d’une préoccupation pourtant manifeste, les enquêtes d’opinion en témoignent, à travers l’ensemble du spectre politique. La campagne de l’AfD allemande contre la "dictature écolo" a contribué à son succès aux élections fédérales de février dernier (20,8 % des suffrages exprimés, deux fois plus qu’au scrutin précédent de 2021). En Pologne aussi, le positionnement du candidat nationaliste Karol Nawrocki contre le Pacte vert européen a aidé à sa victoire lors de la présidentielle de juin 2025.
Avec du retard, la droite traditionnelle embraye. Le chancelier allemand Friedrich Merz, qui est chrétien-démocrate, entend désormais contraindre l’Union européenne à revenir sur sa décision d’interdire dès 2035 la commercialisation de véhicules à moteur thermique. Cette interdiction, prise en 2023 par le Parlement européen et les Etats membres, met les constructeurs automobiles européens à la peine face à la concurrence chinoise et américaine dans les véhicules à moteur électrique. L’Italienne Giorgia Meloni est sur la même ligne que Merz.
Les citoyens soucieux du climat
La généralisation des politiques écologiques après l’accord de Paris de 2015 a fait trop peu de cas de la survie de secteurs pourtant vitaux pour l’économie européenne, comme l’agriculture ou l’industrie automobile. C’est là un point faible de la transition verte : son coût financier, mais aussi social, a été sous-estimé par les gouvernements européens, qui ont ainsi nourri à la fois le scepticisme populaire contre les politiques technocratiques et l’essor électoral de la droite populiste.
L’opinion publique reste pourtant soucieuse du changement climatique. Le dernier sondage Eurobaromètre, publié en juin par la Commission européenne, montre que neuf citoyens européens sur dix sont favorables à une action renforcée de l’UE pour développer les énergies renouvelables et améliorer l’efficacité énergétique ; huit sur dix soutiennent l’objectif de neutralité carbone en 2050.
Il convient donc de maintenir le cap, tout en œuvrant à l’acceptabilité des politiques par l’opinion. Cela suppose de faire preuve de souplesse et de pragmatisme. Cela implique surtout d’éviter toute mesure qui renchérirait directement le coût de la vie, comme les taxes sur le carbone, ou toute décision visant à imposer telle ou telle technologie "propre" avec un calendrier contraignant, comme dans la loi européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments. Cela suppose enfin de s’abstenir de s’en prendre à un groupe particulier, comme les agriculteurs ou les automobilistes. Sinon, comme en Tchéquie ce mois-ci, le risque est grand d’un retour de bâton électoral.
Le parti Automobilistes ensemble est devenu en à peine trois ans un parti qui compte en Tchéquie. Ici, son leader, Petr Macinka, lors d'un rassemblement électoral à Prague, le 23 septembre 2025.
Michelle Bolsonaro va-t-elle reprendre le flambeau de son mari Jair, l'ex-président brésilien d'extrême droite inéligible et condamné à une lourde peine de prison ? Michelle Bolsonaro n'exclut pas d'être candidate à sa place à la présidentielle brésilienne en 2026, a-t-elle affirmé lors d'un entretien à l'AFP. "Toute décision concernant d'éventuelles candidatures passera par un débat approfondi avec mon mari (NDLR : Jair Bolsonaro) et sera le fruit de prières pour discerner la mission que Dieu voudra éventuellement me confier", a déclaré l'ancienne Première dame de 43 ans.
Fervente chrétienne évangélique, Michelle Bolsonaro, 43 ans, fait partie des personnalités pressenties pour représenter le camp conservateur dans les urnes l'an prochain, au même titre que le puissant gouverneur de l'Etat de Sao Paulo, Tarcisio de Freitas.
Assigné à résidence depuis début août et condamné à 27 ans de prison en septembre pour tentative de coup d'Etat, Jair Bolsonaro, 70 ans, ne pourra pas rééditer son duel du scrutin de 2022 face à Luiz Inacio Lula da Silva, son successeur et probable candidat de la gauche. Mais "il est et restera le plus grand leader de la droite au Brésil", martèle son épouse, qui déplore des tentatives d'"imposer (à son mari) la désignation anticipée de candidats" à sa succession. Également pressentie pour être candidate à la vice-présidence ou au Sénat, Michelle Bolsonaro affirme qu'il est encore "trop tôt" pour parler des élections de 2026.
Le féminisme "s'est dénaturé"
Troisième épouse de Jair Bolsonaro, de 27 ans sa cadette, elle préside la section féminine de son Parti libéral. Elle cherche ainsi à séduire cet électorat auprès duquel son mari, coutumier des dérapages machistes, n'est pas toujours en odeur de sainteté. Pendant le mandat de ce dernier, elle jouait un rôle politique significatif. "C'était Michelle qui mettait de l'ordre dans la maison", a déclaré l'ex-président au sujet de son propre gouvernement.
Au moment de l'investiture de Jair Bolsonaro, le 1er janvier 2019, la Première dame avait fait forte impression en faisant son discours en langage des signes, qu'elle utilisait pour s'adresser aux mal-entendants au cours de cultes évangéliques. Depuis, elle a développé ses talents d'oratrice. A la première manifestation en soutien de son mari après l'assignation à résidence de celui-ci, les organisateurs lui ont laissé l'honneur de faire en dernier son discours, truffé de références religieuses et prononcé sur son ton pastoral. Même si Michelle Bolsonaro se présente toujours en avocate de la cause des femmes, elle considère que le féminisme "s'est dénaturé". "Il a arrêté de s'attacher aux nécessités réelles des femmes pour se tourner vers les objectifs douteux de l'agenda woke", estime-t-elle.
Fervente chrétienne évangélique
Fille d'un chauffeur de bus et d'une femme au foyer, Michelle de Paula Firmo Reinaldo - son nom de jeune fille - est l'aînée de cinq frères et sœurs élevés dans un quartier pauvre de la capitale Brasilia. Dans sa jeunesse, elle a travaillé comme mannequin et dans un supermarché, tout en fréquentant assidûment une église évangélique.
Elle a rencontré Jair Bolsonaro en 2007, quand il était député et tandis qu'elle avait obtenu un poste de secrétaire auprès d'un autre parlementaire. Jair Bolsonaro l'a embauchée dans son cabinet et ils se sont mariés peu après. Après une vasectomie, l'ancien chef d'Etat avait subi une nouvelle opération afin d'avoir avec elle Laura, engendrée dans un moment de "faiblesse", a plaisanté un jour celui qui a eu auparavant quatre garçons issus de précédents mariages.
Il se dit catholique mais son épouse a largement contribué à l'introduire dans les cercles d'influence des puissantes églises évangéliques, un atout fondamental pour attirer une partie importante de l'électorat conservateur. Pendant la campagne de 2022, elle a affirmé que le "communisme" allait "persécuter les chrétiens du Brésil".
La condamnation de son mari ? Une "farce judiciaire"
Active et populaire sur les réseaux sociaux, Michelle Bolsonaro dénonce une "farce judiciaire" contre son mari. Selon elle, les Etats-Unis ont imposé des sanctions au Brésil "à cause de nos gouvernants" et des "autorités brésiliennes (...) qui violent les droits humains".
Invoquant une "chasse aux sorcières" contre son allié Jair Bolsonaro, le président américain Donald Trump a notamment ordonné d'appliquer une surtaxe punitive sur une partie des produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis.
Le Venezuela est sur le pied de guerre. Alors que l’administration Trump a autorisé, jeudi 16 octobre, des opérations clandestines de la CIA contre le régime de Caracas et que le Pentagone a mené, ces dernières semaines, plusieurs frappes en mer des Caraïbes sur des bateaux, tuant 27 narcotrafiquants présumés, la pression est maximale sur le président Nicolás Maduro. Sept navires de guerre américains ont été déployés depuis le mois d’août dans la zone, dont un dans le golfe du Mexique. Le 16 octobre, Caracas a renforcé sa présence militaire dans les Etats frontaliers avec la Colombie, dans le cadre de manœuvres impliquant près de 17 000 soldats. Une tension croissante, marquée par deux interrogations essentielles qui préoccupent l’ensemble de la région : les Etats-Unis envisagent-ils des frappes sur le territoire vénézuélien ? Sur ce sujet, le locataire de la Maison-Blanche entretient le doute : "Nous regardons du côté de la terre ferme à présent, car nous contrôlons très bien la mer…". Envisage-t-il par la même occasion de renverser son ennemi juré en Amérique latine ? "C’est une question ridicule qu’on me pose là. Enfin, ce n’est pas vraiment une question ridicule, mais ne serait-ce pas ridicule de ma part d’y répondre ?". Officiellement, Washington accuse le président vénézuélien et de son gouvernement de diriger une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis - un thème qui a d’ailleurs constitué l’un des arguments de campagne du candidat républicain. En parallèle, les cercles du pouvoir vénézuélien redoutent que Donald Trump ne cherche à mettre la main sur les importantes réserves de pétrole du pays.
A L’Express, Virginia Contreras ne cache pas son inquiétude même si, selon elle, Donald Trump agite un "nouvel écran de fumée". Cette ex-ambassadrice du Venezuela auprès de l’Organisation des Etats américains (OEA), à Washington, et ancienne avocate de Hugo Chávez, désormais fervente opposante au régime et exilée aux Etats-Unis, ne voit pas d’un bon œil la volonté interventionniste de Donald Trump dans les affaires de son pays. Entretien.
L’Express : Comment interprétez-vous la volonté du président Trump d’autoriser des actions clandestines de la CIA contre le Venezuela ?
Virginia Contreras : Cela relève presque de la plaisanterie : ce type d’opération est, par définition, secret. Dès lors qu’on l’annonce publiquement, cela cesse de l’être… Cette mise en scène semble surtout destinée à créer un écran de fumée et à projeter une image de puissance des Etats-Unis. Il serait naïf de croire que la CIA n’est pas présente au Venezuela depuis longtemps. A l’époque, Hugo Chavez dénonçait régulièrement la présence de la CIA. Ce n’est donc pas une révélation. Ce service de renseignement a toujours opéré dans de nombreux pays d’Amérique latine, participant à plusieurs coups d’Etat, notamment celui contre Salvador Allende au Chili, qui permit l’arrivée au pouvoir d’Augusto Pinochet.
L’annonce d’une possible intervention de la CIA au Venezuela vise probablement à exercer une pression sur le président Maduro tout en cherchant à galvaniser l’opposition. Si l’on ajoute à cela la récompense de 50 millions de dollars promise par le gouvernement américain pour la capture de Nicolás Maduro, ainsi que la destruction récente de bateaux transportant de présumés narcotrafiquants, il est clair que la pression s’intensifie. Néanmoins, il est peu probable que ces actions entraînent un changement dans la politique du gouvernement vénézuélien à court terme.
Pourquoi ?
Nicolás Maduro n’est pas seul. Il bénéficie d’aide des services de renseignement russe, iranien, cubain et sans doute chinois. Si la CIA avait réellement été efficace, ni Nicolás Maduro ni même Hugo Chávez n’auraient conservé le pouvoir ; leur chute aurait été provoquée bien avant. Je ne crois pas que l’entourage de Maduro souhaite son départ, car cela entraînerait l’effondrement du pouvoir en place. Ceux qui détiennent leurs privilèges et de l’argent grâce à lui ne peuvent se résoudre à le voir partir. Il a une administration solide - bien que corrompue -, issue du chavisme, qui demeure loyale et refuse de se détacher de lui. Si Maduro part, où iront ces gens ?
Le Venezuela prend cette menace très au sérieux. Il a créé le Conseil national pour la souveraineté et la paix en septembre pour gérer cette crise. Comment peut régir le gouvernement vénézuélien ?
Le gouvernement vénézuélien a déjà annoncé la mise en détention des étrangers entrant sur le territoire, en particulier des ressortissants américains. Cette politique pourrait servir à justifier l’arrestation d’Américains, y compris innocents, sous prétexte qu’ils agissaient pour le compte de la CIA. Ce type de pratique n’est pas inédit. À plusieurs reprises sous l’administration Biden, des citoyens américains ont été arrêtés puis échangés contre des ressortissants vénézuéliens. On se souvient notamment de deux neveux de l’épouse du président Maduro, condamnés pour trafic de drogue et incarcérés à New York, avant d’être libérés en échange de citoyens américains détenus au Venezuela. Des échanges comparables avaient déjà eu lieu sous l’administration Trump.
Si Donald Trump ne met pas sa menace à exécution. Quels sont les autres moyens de rétorsion à sa disposition ?
Parallèlement, les mesures prises par Donald Trump à l’égard des Vénézuéliens, y compris de ceux résidant légalement aux Etats-Unis, se sont durcies. Certains, ayant déposé une demande de protection temporaire ou d’asile, ont vu leurs démarches rejetées, tandis que d’autres ont été expulsés, notamment vers le Salvador Autrement dit, rien n’indique une quelconque bienveillance des Etats-Unis envers les ressortissants vénézuéliens, contrairement à ce que continuent malheureusement de penser de nombreux opposants au régime de Caracas.
Le président Trump exploite la bonne foi des Vénézuéliens qui aspirent à un changement démocratique. Il est difficile de croire qu’un dirigeant qui, aux Etats-Unis, manifeste un mépris constant pour l’Etat de droit et pour le principe de séparation des pouvoirs, puisse sincèrement vouloir défendre les droits des citoyens ailleurs. Il apparaît dès lors contradictoire de prétendre être le VRP de la démocratie au Venezuela tout en fragilisant ses fondements mêmes sur le sol américain. Cela n’a tout simplement aucun sens.
Nicolás Maduro est-il fragilisé ?
Maduro est considérablement affaibli en raison d’un problème majeur d’illégitimité. Le gouvernement vénézuélien a très mal géré les élections de l’année dernière, c’est indéniable. Il n’a pas été en mesure de fournir des résultats clairs. De nombreux observateurs estiment que la candidate (NDLR : Corina Yoris, une universitaire de 80 ans sans expérience politique) soutenue par María Corina Machado aurait remporté le scrutin. De surcroît, le gouvernement vénézuélien a aggravé la situation par une gestion catastrophique : au lieu de répondre aux critiques des autres chefs d’Etat, il s’est montré intransigeant et s’est isolé. Lors des frappes contre les bateaux, il est intéressant de souligner que, bien que certains Etats se soient exprimés, notamment le Brésil, la Colombie, la Chine et la Russie, alliés stratégiques du Venezuela, aucune déclaration forte et décisive n’a été formulée en appui du gouvernement de Maduro. A chaque fois, le Venezuela fait le choix de s’isoler en répondant par des insultes ou en rompant les relations diplomatiques. Cela s’est encore vu lorsque le Venezuela a confirmé avoir fermé son ambassade à Oslo, trois jours après l’attribution du prix Nobel de la paix à Maria Corina Machado.
Donald Trump fait preuve d’un appétit géopolitique féroce depuis qu’il est de retour à la Maison-Blanche. Redoutez-vous qu’il ait des visées sur les ressources du Venezuela ?
Je doute sérieusement de la volonté du président Trump de mener une véritable lutte internationale contre le trafic de drogue. Donald Trump ne prévoit pas d’intervenir au Mexique, où circulent des cartels de fentanyl, ni d’actions contre la Colombie, principal producteur de cocaïne en Amérique latine… Derrière cet affichage, il y a évidemment un grand intérêt du gouvernement américain pour les minerais, les terres rares, le pétrole "lourd" vénézuélien qui convient aux raffineries américaines… Il y a une forme d’hypocrisie car malgré toutes les tensions, le Venezuela continue de fournir du pétrole aux Etats-Unis. Et le sous-sol vénézuélien contient un pétrole inexploité qui pourrait être exploité pendant des siècles, un domaine d’intérêt stratégique majeur pour les Etats-Unis.
A qui s’adresse Trump lorsqu’il parle de guerre contre les narcos ?
Il parle à son électorat - notamment hispanique - qui l’a soutenu. Cela prend encore plus de sens dans ce contexte de crise, où tous les sondages le montrent en position très fragile aux Etats-Unis. Dans cette crise, il convient de souligner que Trump fait éliminer des individus sans qu’aucune information ne soit disponible sur leur identité ni sur les crimes qu’ils auraient pu commettre, et ce, sans le moindre procès. C’est criminel. Il y a une inquiétude bien légitime au sein du Pentagone. Ceux qui ont exécuté ces ordres pourraient tôt ou tard être traduits en cour martiale…
Donald Trump serait-il, selon vous, la pire personne pour régler les problèmes du Venezuela ?
Je ne soutiendrai jamais une action menée par un pays étranger - pas même le Vatican ! - contre le Venezuela pour résoudre ses problèmes. Les difficultés du pays doivent être réglées par les Vénézuéliens eux-mêmes, ce qui suppose une tolérance et un dialogue entre toutes les parties impliquées. À ma connaissance, aucun pays au monde n’a jamais vu ses problèmes résolus par une intervention du gouvernement américain.
Mais la situation politique reste paralysée au Venezuela. Et le gouvernement Maduro discrédité fait preuve de résilience. Quelle pourrait être l’alternative ?
Il existe plusieurs groupes d’opposition, mais aucun ne parvient à trouver un consensus. Ces différents groupes devront un jour s’asseoir ensemble et parvenir à un accord, car il est inutile que chacun reste de son côté en se considérant comme un petit roi. Face à Nicolás Maduro, une telle fragmentation n’a aucun sens. Il est triste de penser que, durant la Seconde Guerre mondiale, des puissances aussi différentes que l’Union soviétique, le Royaume-Uni et les États-Unis aient réussi à s’unir autour d’une même table pour lutter contre l’Allemagne nazie, alors qu’aucun compromis solide ne parvient à être établi aujourd’hui au Venezuela. Il faut le faire parce que Maduro, même s’il obtient une part minime des voix, va continuer de tricher, c’est certain.
Comment ces tensions avec les Etats-Unis sont-elles perçues dans la population vénézuélienne avec qui vous avez contact ?
On observe deux positions extrêmes. D’un côté, certains optimistes pensent que le président Maduro est sur le point de fuir, peut-être vers la Russie, la Chine ou l’Iran, et considèrent déjà le gouvernement comme fini. De l’autre, et c’est mon cas, beaucoup restent sceptiques, rappelant que la situation perdure depuis près de trente ans. Ils ne croient donc pas aux solutions miraculeuses. L’histoire vénézuélienne est tumultueuse : des invasions, des attentats, des élections remportées par l’opposition, des coups d’État, la mort de Chávez… À chaque événement, les attentes se sont effondrées, et la désillusion s’est installée.
Malgré les difficultés de la vie au Venezuela, la population survit. Il ne s’agit évidemment plus du pays que j’ai connu, où je suis né et ai grandi. Les services publics sont aujourd’hui dans un état déplorable, leur qualité est insuffisante et la corruption y est omniprésente. Néanmoins, les Vénézuéliens parviennent chaque jour à se réinventer. Ils sont un exemple de résilience.
Le ministère chinois de la Défense a indiqué vendredi que des enquêtes pour corruption avaient été lancées contre le numéro trois des armées, le général He Weidong, ainsi que huit autres responsables militaires de haut rang. Le général He Weidong et les huit autres hommes sont les derniers en date à être rattrapés par la vaste campagne anticorruption lancée par le président Xi Jinping dans les milieux civils et militaires.
Le général He Weidong, jusqu'alors vice-président de la Commission militaire centrale (CMC), n'a plus été vu en public depuis plusieurs mois, une absence qui avait suscité les spéculations.
La CMC est l'organe de commandement militaire suprême de l'appareil chinois. Sa position de vice-président de la CMC faisait du général He Weidong le troisième plus haut responsable des armées, le premier étant le chef de l'Etat Xi Jinping.
Neuf officiers supérieurs expulsés de l'armée
Le général He Weidong était absent de la grande parade militaire donnée le 3 septembre à Pékin pour célébrer la victoire contre le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans. Le Financial Times avait rapporté en avril qu'il avait été arrêté et démis de ses fonctions de vice-président de la CMC. C'est la première fois que le pouvoir confirme officiellement sa disgrâce, sans donner aucune information sur une éventuelle détention.
Les neuf officiers supérieurs ont été expulsés de l'armée, a indiqué dans un communiqué un porte-parole du ministère de la Défense, Zhang Xiaogang. He Weidong et sept autres, membres par ailleurs du comité central du Parti communiste, en ont également été exclus, ajoute le porte-parole. "La punition sévère infligée à He Weidong, Miao Hua, He Hongjun et aux autres démontre une fois de plus la détermination inébranlable du comité central du parti et de la CMC à lutter contre la corruption", dit le porte-parole.
Xi Jinping a fait de la lutte anticorruption une priorité
L'agence officielle Chine nouvelle avait déjà annoncé en juin que l'amiral Miao Hua avait été démis de ses fonctions pour de "graves violations de la discipline", une formule généralement utilisée pour désigner des faits de corruption ou plus rarement de déloyauté.
Depuis son arrivée à la tête du parti en 2012, Xi Jinping a fait de la lutte anticorruption une priorité, à tous les échelons de l'Etat et du Parti communiste. Les partisans de cette campagne affirment qu'elle favorise une gouvernance saine. D'autres estiment qu'elle permet d'écarter de potentiels rivaux politiques.
Les dernières mises à l'écart sont annoncées trois jours avant une session plénière de quatre jours du comité central, un important rendez-vous politique au cours duquel le parti doit définir les grands objectifs économiques, mais aussi politiques ou sociaux pour cinq ans à partir de 2026.
Le président chinois Xi Jinping, également secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois et président de la Commission militaire centrale, passe en revue les troupes lors de son inspection de la garnison de l'Armée populaire de libération de la Chine stationnée dans la Région administrative spéciale de Macao, dans le sud de la Chine, le 20 décembre 2024. (Xinhua/Li Gang)
C’est une autre guerre que mène à bas bruit Moscou contre les pays de l’Otan. Selon le fabricant de logiciel Microsoft, au cours de l’année dernière, la Russie a intensifié de 25 % ses attaques contre des Etats membres de l’Alliance atlantique, peut-on lire dans un rapport annuel sur la cybersécurité. L’entreprise informatique constate que, parmi les dix pays les plus ciblés par les hackers russes, neuf font partie de l’Otan, le 10e étant l’Ukraine.
Les principales cibles sont les plateformes des autorités, les universités et organismes de recherche, les think tanks ainsi que les ONG. Les Etats-Unis sont le pays le plus victime d’attaques (20 %), suivis par le Royaume-Uni (12 %) et l’Ukraine (11 %).
Quel est le but recherché ? La Russie mène actuellement une "guerre hybride", combinant à la fois l’offensive militaire directe contre l’Ukraine, avec une série d’attaques non conventionnelles contre des membres de l’Otan : attaques de drone, sabotage, et aussi… cyberattaques, alertent plusieurs observateurs.
"C’est une guerre d’un autre genre mais l’hostilité, les cyberattaques, les attaques physiques, le travail de renseignement sont considérables", prévenait le mois passé Eliza Manningham-Buller, ancienne dirigeante des renseignements britanniques, le MI5, selon Skynews.
Amy Hogan-Burney, vice-présidente chargée de la cybersécurité chez Microsoft, a pour sa part indiqué à The Guardians’attendre à ce que la Russie "poursuive ses activités dans de nombreuses zones relevant de l’Otan" à l’avenir.
Réseaux criminels
Le rapport explique que, pour élargir leurs attaques, les hackers russes n’hésitent pas à aller au-delà de leur propre réseau, et "s’appuient de plus en plus sur l’écosystème cybercriminel" local (logiciels malveillants, proxies). C’est le cas notamment pour les opérations visant à extorquer des fonds ou les "rançongiciels", ciblant des entreprises et institutions publiques.
Les buts recherchés sont variés : certaines attaques sont motivées par l’appât du gain, tandis que d’autres poursuivent des missions de sabotage et de perturbations, comme celles visant par exemple le trafic aérien. Ce sont particulièrement les petites entreprises dans les pays alliés de l’Ukraine qui sont visées, car elles sont perçues comme des points d’entrées plus faciles à percer, dans le but d’atteindre ensuite des organisations plus importantes.
Pour lutter contre ces attaques, le rapport de Microsoft préconise plusieurs solutions : renforcer la sécurité des authentifications des systèmes informatiques (la majorité des attaques étant des violations de mot de passe) ; utiliser l’intelligence artificielle pour débusquer d’autres logiciels malveillants utilisant ce même type de technologie…
Mais surtout, élever la cybersécurité à un niveau "stratégique" par les Etats, en coopération plus étroite avec le secteur privé et ne pas hésiter à sanctionner les hackers, dans un but de dissuasion. "Les gouvernements doivent mettre en place des règlements qui prévoient des conséquences crédibles pour les activités malveillantes qui enfreignent les règles internationales", indique Microsoft.
Lundi 13 octobre, l’heure était à l’euphorie en Israël. Après 738 jours de captivité, les 20 derniers otages vivants étaient libérés par le Hamas. Puis, le décompte macabre des dépouilles a débuté. Conformément aux termes de l’accord de cessez-le-feu conclu avec l'Etat hébreu - sur la base du plan de Donald Trump - le mouvement islamiste devait remettre tous les otages encore détenus à Gaza, vivants ou morts, dans les 72 heures suivant la cessation des hostilités, soit au plus tard lundi à 9 heures. Sur les 28 dépouilles encore retenues à Gaza, seulement neuf ont été restituées à ce jour. Alors que les familles d’otages intensifient les pressions sur le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, Israël menace de reprendre la guerre.
Jeudi 17 octobre, Benyamin Netanyahou s’est à nouveau dit "déterminé" à ramener "tous les otages", lors de la commémoration officielle de l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023. Le dirigeant est sous la pression du Forum des Familles d’Otages et de Disparus, qui a déclaré dans un communiqué publié jeudi que "l’accord ne peut continuer à être appliqué sans que le Hamas ne restitue tous les otages". Une prise de position inédite de la part de ce mouvement qui appelait jusqu’à présent à un arrêt des hostilités mais dont les déclarations font écho à celles de l’Etat hébreu, qui accuse le Hamas de violer l’accord de cessez-le-feu.
La livraison d’aide humanitaire menacée
Mercredi soir, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, s'est de fait montré menaçant à l'égard du mouvement islamiste : "Si le Hamas refuse de respecter l'accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale", a-t-il déclaré.
De son côté, Itamar Ben Gvir, le ministre israélien de la Sécurité intérieure - qui tient les mêmes positions que son Premier ministre sur le cessez-le-feu - accuse le Hamas de jouer la montre. Le 15 octobre, cette figure de l’extrême droite israélienne a de nouveau appelé Benyamin Netanyahou à couper totalement l’aide humanitaire pour Gaza. Les accès à Gaza, tous contrôlés par Israël, restent très restreints. Après le cessez-le-feu et la libération des otages, Israël doit en principe ouvrir à l’aide humanitaire le point de passage de Rafah, entre l’Egypte et le territoire palestinien, crucial pour l’entrée de l’aide humanitaire. Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar a annoncé jeudi qu’il pourrait ouvrir dimanche.
Mercredi, Donald Trump avait semblé appeler à la patience. "C’est un processus macabre […] mais ils creusent, ils creusent vraiment" et "trouvent beaucoup de corps", avait affirmé le président des Etats-Unis à la presse.
Une fouille difficile
Le Hamas a réaffirmé ce vendredi "son engagement" envers la "mise en œuvre" de l’accord de cessez-le-feu et à "remettre tous les corps restants" des otages. Le mouvement islamiste argue que son retard est dû aux difficultés qu’il rencontre pour retrouver les corps enfouis, et soutient que les neuf dépouilles restituées sont les seuls corps auxquels il a pu accéder. Il affirme aussi avoir besoin d’un "équipement spécial" pour poursuivre sa tâche. "Le processus de restitution des corps des prisonniers israéliens pourrait prendre un certain temps, car certains de ces corps ont été enterrés dans des tunnels détruits par l’occupation (israélienne, NDLR), tandis que d’autres restent sous les décombres de bâtiments qu’elle a bombardés et démolis", a précisé le Hamas sur Telegram.
La Turquie, proche des dirigeants politiques du Hamas et qui entend jouer un rôle dans l’application du cessez-le-feu à Gaza a annoncé jeudi y envoyer des spécialistes pour participer aux recherches des corps ensevelis, "y compris des otages". Selon les autorités turques, une équipe de 81 secouristes habitués des terrains difficiles, notamment des tremblements de terre, se trouve sur place et attend le feu vert d'Israël pour entrer à Gaza.
Une étude satellite de l’université de l’Oregon citée par le Wall Street Journal estime que Gaza est confronté à un niveau de destruction inégalé depuis la seconde guerre mondiale. Depuis le début de la guerre, les bombardements israéliens auraient endommagé ou détruit 60 % des battements du Territoire palestinien. La Croix-Rouge a qualifié la recherche des corps de "défi immense". Selon le journal américain, "certains ne seront peut-être jamais trouvés".
En échange du retour des dépouilles d’otages, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Une étape ultérieure du plan prévoit notamment le désarmement du Hamas et l’amnistie ou l’exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.
Une femme réagit au milieu de la foule rassemblée sur la "Place des otages" à Tel-Aviv, quelques heures après que le Hamas a remis des corps d'otages dans la bande de Gaza, le 20 février 2025
Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront prochainement à Budapest, une annonce surprise faite à la veille d’une entrevue à la Maison-Blanche entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, ce vendredi 17 octobre. Ce dernier espère obtenir des missiles Tomahawk de la part des Etats-Unis, alors que la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine.
La rencontre avec Vladimir Poutine a été décidée pendant un échange téléphonique jeudi entre les dirigeants russe et américain, dont le maître du Kremlin a profité pour avertir que la livraison de ces armes américaines "nuirait considérablement" à la relation entre Moscou et Washington. Le sommet aura lieu "dans les deux prochaines semaines", a précisé Donald Trump jeudi pendant un échange avec la presse dans le bureau Ovale.
Les infos à retenir
⇒ Un sommet Trump-Poutine prévu à Budapest dans les prochaines semaines
⇒ Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis, pour négocier plus de livraisons d’armes
⇒ L'UE favorable à une rencontre Trump-Poutine à Budapest, si elle fait "avancer le processus de paix"
Vladimir Poutine pourrait être en train de jouer la montre en Ukraine, selon Donald Trump
Le président américain, Donald Trump, a reconnu vendredi que son homologue russe pourrait être en train de jouer la montre dans le conflit en Ukraine, tout en estimant que Vladimir Poutine voulait un accord.
"Oui je le suis", a-t-il lancé comme on lui demandait s'il était inquiet de la possibilité que le maître du Kremlin cherche à gagner du temps. "C'est possible. Oui, un peu de temps", a-t-il ajouté devant la presse en recevant son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison-Blanche. "Mais je pense que je suis assez bon pour ce genre de trucs. Je crois qu'il veut conclure un accord".
Donald Trump dit espérer que la guerre se termine sans que l'Ukraine ait besoin de missiles Tomahawk
Le président américain, Donald Trump, a suggéré vendredi qu'il serait prématuré de fournir à l'Ukraine des missiles Tomahawk, au cours de la visite de son président Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche.
"J'espère qu'ils n'en auront pas besoin. J'espère que nous pourrons mettre fin à la guerre sans avoir à penser aux Tomahawk", a déclaré à la presse Donald Trump, assis face à Volodymyr Zelenzky à la Maison-Blanche.
Vladimir Poutine n'est "pas prêt" à la paix selon Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé vendredi que le président russe Vladimir Poutine n'était "pas prêt" à la paix, Donald Trump jugeant le contraire. "Je pense que le président Poutine veut mettre fin à la guerre", a déclaré Donald Trump en recevant son homologue ukrainien à la Maison-Blanche.
Il s'agit de la troisième visite à la Maison-Blanche de Volodymyr Zelensky depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier. Elle intervient au lendemain d'une longue conversation téléphonique entre les présidents américain et russe et de l'annonce d'un prochain sommet entre les deux chefs d'Etat à Budapest.
L'UE propose de mobiliser les avoirs russes pour aider l'Ukraine à s'équiper principalement d'armes européennes
Bruxelles propose que le prêt de 140 milliards d'euros qu'elle veut octroyer à l'Ukraine, grâce à la mobilisation des avoirs russes gelés, soit utilisé principalement par Kiev pour acheter des armes à des fabricants européens, dans un document consulté vendredi par l'AFP.
La Commission européenne projette depuis le mois dernier un montage complexe qui permettrait à l'UE de financer un "prêt de réparations" en faveur de l'Ukraine, en s'appuyant sur plus de 200 milliards d'euros d'avoirs de la banque centrale russe, qui sont gelés depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
L'UE favorable à une rencontre Trump-Poutine à Budapest, si elle fait "avancer le processus de paix"
La Commission européenne a accueilli favorablement vendredi la perspective d'une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Budapest, à la condition qu'elle fasse "avancer le processus de paix" en Ukraine. Bruxelles a indiqué que les avoirs du président russe et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov étaient actuellement gelés, mais qu'il ne "leur était pas spécifiquement interdit de voyager" dans l'UE.
"Nous vivons dans le monde réel", a souligné Olof Gill, porte-parole de l'exécutif européen. "Les réunions ne se déroulent pas toujours dans l'ordre ou le format que nous souhaiterions, mais si elles nous rapprochent d'une paix juste et durable pour l'Ukraine, alors nous devons les accueillir favorablement", a-t-il ajouté.
Le président russe est visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) en raison du transfert "illégal" d'enfants ukrainiens vers la Russie.
Le Kremlin évoque "de nombreuses questions" à résoudre avant la rencontre Poutine-Trump
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a affirmé vendredi qu'il restait de "nombreuses questions" à résoudre avant un possible sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump à Budapest, tout en confirmant la "volonté" d'une rencontre entre les deux dirigeants. "Lavrov et Rubio (les chefs des diplomaties russe et américaine, NDLR) vont commencer à travailler sur la question. D'abord, ils vont s'appeler, se rencontrer et commencer à discuter de toutes les questions, et il y a de nombreuses questions", a déclaré Dimitri Peskov à la presse.
Un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine aura lieu "dans les deux prochaines semaines", a précisé le président américain jeudi soir pendant un échange avec la presse dans le bureau Ovale. La rencontre a été décidée pendant un échange téléphonique entre les deux dirigeants, dont le maître du Kremlin a profité pour avertir que la livraison de ces armes américaines "nuirait considérablement" à la relation entre Moscou et Washington. "Vladimir Poutine a réitéré son point de vue : les Tomahawk ne modifieront pas la situation sur le champ de bataille mais nuiront considérablement aux relations entre nos deux pays. Sans parler des perspectives de règlement pacifique" en Ukraine, a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a lui jugé cet échange "très productif". "Nous avons décidé qu’une réunion de nos conseillers de haut niveau aurait lieu la semaine prochaine. Les premières réunions seront dirigées par le secrétaire d’Etat Marco Rubio pour les Etats-Unis" dans un lieu encore à définir. "Puis le président Poutine et moi-même nous réunirons dans un endroit déjà convenu, Budapest, en Hongrie, pour voir si nous pouvons mettre fin à cette guerre sans gloire entre la Russie et l’Ukraine".
"Toute réunion qui fait avancer le processus visant à instaurer une paix juste et durable en Ukraine est la bienvenue", a salué vendredi matin affirmé Olof Gill, porte-parole de l'exécutif européen. Le choix de Budapest pour cette rencontre ne s’est pas fait au hasard : Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, dont la Hongrie a décidé de se retirer. Ce retrait sera effectif le 2 juin 2026. "Nous sommes prêts !" a commenté sur X le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, allié du chef d’Etat américain et proche du Kremlin.
Kiev veut convaincre les Etats-Unis de lui livrer des missiles Tomahawks
Volodymyr Zelensky s’entretiendra avec Donald Trump à la Maison-Blanche, ce vendredi lors d'une rencontre prévue à 13h00 (19h00 heure française). Le président ukrainien veut convaincre son homologue de lui fournir plus d’armes, dont des missiles Tomahawk, un engin pouvant voler jusqu’à 1 600 kilomètres, alors que la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine. Il a d'ailleurs indiqué ce matin sur un réseau social avoir rencontré des représentants du fabricant américain des systèmes de missiles Tomahawk et Patriot.
Le président américain s’est toutefois montré très prudent sur l’éventuelle livraison de ces missiles de croisière à Kiev. "Nous ne pouvons pas appauvrir (les réserves de) notre propre pays", a dit Donald Trump, ajoutant : "Nous en avons besoin aussi, donc je ne sais pas ce que nous pouvons faire."
Peu après son arrivée à Washington jeudi, Volodymyr Zelensky a dit espérer que la dynamique de paix au Proche-Orient aidera à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Demain (vendredi), une réunion avec le président Trump est prévue, et nous espérons que l’élan pour freiner le terrorisme et la guerre qui a porté ses fruits au Proche-Orient aidera à mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine", a-t-il écrit sur X.
🇷🇺 Après des incursions de drones ou d'avions militaires en Pologne, en Roumanie, au Danemark, en Allemagne et en Belgique, quelle sera la prochaine étape de Vladimir Poutine ? La séquence du mois de septembre est particulièrement révélatrice, voire humiliante, pour les Européens. Face aux provocations russes, le constat est clair : l'Europe n'est pas prête à faire face aux prochaines attaques. Notre journaliste Clément Daniez vous explique en vidéo. 🔗 Lien en bio #russie#monde#international#defense#europe#ukraine#news#newsattiktok#apprendreavectiktok#sinformersurtiktok
La Russie revendique la prise de trois villages dans l'est de l'Ukraine
La Russie a revendiqué vendredi la prise de trois villages dans les régions de Kharkiv et Dnipropetrovsk, dans l'est de l'Ukraine, notamment des zones que Kiev avait reprises il y a trois ans lors d'une contre-offensive surprise. L'armée russe a annoncé sur Telegram s'être emparée des localités de Pichtchané et Tykhe dans la région de Kharkiv, ainsi que de Pryvillia, dans la région de Dnipropetrovsk.
Les forces russes gagnent progressivement du terrain au cours de combats acharnés dans les régions dévastées de la partie orientale de l'Ukraine. Fin septembre, la Russie exerçait un contrôle total ou partiel de 19% du territoire ukrainien, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).
L’Europe s’accorde sur un projet de soutien à l’industrie de la défense
L’Union européenne est parvenue jeudi à trouver un accord au terme d’une longue négociation pour mettre en place un programme d’aide à l’industrie de défense en Europe, a annoncé le Conseil de l’UE. Doté d’une enveloppe initiale de 1,5 milliard d’euros sous forme de dons, ce programme, baptisé Edip, doit permettre de favoriser le lancement de projets communs en matière de défense, sur la période 2025-2027, selon un communiqué.
"Cet accord constitue une étape majeure pour la sécurité du continent européen et le développement de notre industrie de défense", s’est félicité l’eurodéputé français François-Xavier Bellamy (droite), co-rapporteur du projet au Parlement européen. "Edip va renverser la logique d’importation qui prévalait en Europe pour soutenir concrètement le renforcement de notre base industrielle", a-t-il ajouté.
L’accord a été trouvé après de laborieuses discussions qui ont longtemps achoppé sur la question de la préférence européenne. Certains Etats membres étaient favorables à une plus grande flexibilité devant permettre à ce programme de financer également des investissements en armement hors de l’UE, notamment en provenance des Etats-Unis. Un compromis a finalement été trouvé qui limite le coût des composants fabriqués en dehors de l’UE ou dans certains pays partenaires comme la Norvège, à 35 % du coût total de l’investissement recherché. L’Ukraine sera également partie prenante du projet en bénéficiant de 300 millions d’euros au sein de l’enveloppe globale.
Washington, États-Unis | AFP | vendredi 17/10/2025 - 19:33 UTC+2 | 52 mots
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé vendredi 17 octobre 2025 à la Maison Blanche pour rencontrer son homologue américain Donald Trump qu'il veut convaincre de livrer des missiles Tomahawk à l'Ukraine.
Une semaine après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, dans le cadre de l’accord basé sur le plan de Donald Trump pour la paix à Gaza, le mouvement palestinien s’est engagé ce vendredi 17 octobre à rendre à l’Etat hébreu tous les corps des otages. Seules neuf dépouilles sur 28 ont été restituées jusqu’ici, provoquant la colère en Israël, le ministère israélien de la Défense menaçant de reprendre les combats.
Les infos à retenir
⇒ "Il faudra du temps" pour remédier à la famine à Gaza, dit l'ONU
⇒ Le Hamas s’engage à rendre à Israël tous les corps d’otages
⇒ L'UE envisage d'aider au désarmement du Hamas
L'UE envisage d'aider au désarmement du Hamas
L'Union européenne (UE) envisage de fournir des financements et son expertise pour aider à désarmer le Hamas, dans le cadre du plan de paix pour Gaza du président Donald Trump, selon un document consulté vendredi par l'AFP. Selon ce document préparé par le service diplomatique de l'UE, les États membres devraient "évaluer et explorer les moyens de financer et de fournir une expertise pour le désarmement" à Gaza.
Les 27 discutent du rôle qu'il pourrait jouer après que l'UE a été mise sur la touche lors des négociations ayant abouti à un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. La première phase de cet accord a permis un arrêt des combats, après deux années de guerre entre Israël et l'organisation palestinienne.
Selon le plan en 20 points de Trump pour Gaza, les prochaines phases de la trêve devraient inclure le désarmement du Hamas, une offre d'amnistie aux militants du Hamas acceptant de déposer les armes, et la mise en oeuvre d'une nouvelle gouvernance. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE doivent discuter du rôle que pourrait jouer l'Union dans ce processus, lors d'une réunion lundi à Luxembourg.
Le document préparé par les services de la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas, qui sera sur la table des ministres, précise aussi les autres champs d'action possibles pour l'Union, principal donateur international à Gaza. "La priorité est d'assurer la livraison immédiate d'une aide à grande échelle à Gaza et dans tout le territoire conformément au droit humanitaire international", indique ainsi ce texte.
L'UE a déjà indiqué être prête à redéployer une mission de surveillance au point de passage de Rafah avec l'Égypte lorsqu'il sera ouvert et pourrait aider à former une future force de police à Gaza. En tant que principal soutien financier international des Palestiniens, l'UE devrait également jouer un rôle dans le financement de la reconstruction, mais aux côtés des pays du Golfe, appelés à prendre les devants, selon des diplomates à Bruxelles.
"Il faudra du temps" pour remédier à la famine à Gaza, dit l'ONU
Remédier à la situation de famine dans la bande de Gaza "prendra du temps", a estimé vendredi le Programme alimentaire mondial, appelant à l’ouverture de tous les points de passage vers ce territoire pour "l’inonder de nourriture".
"Il faudra du temps pour réduire la famine" constatée depuis fin août par l'ONU dans une partie du Territoire palestinien, a annoncé devant la presse à Genève Abeer Etefa, porte-parole du PAM. "Nous disposons actuellement de cinq points de distribution opérationnels, plus proches des populations […] Notre objectif est d’en déployer 145" pour "inonder Gaza de nourriture", a-t-elle précisé.
"Les conditions à Gaza sont extrêmement difficiles. L’accès routier, la capacité d’entreposage, le fait que la communauté se déplace et que les gens rentrent chez eux, l’approvisionnement alimentaire dont nous avons besoin à grande échelle... Nous sommes encore loin du compte", a encore expliqué Abeer Etefa.
A ce jour, a-t-elle indiqué, seuls les points d'entrée de Kerem Shalom (sud) et de Kissoufim (centre-est) sont ouverts. Pour le PAM, "le plan est d'augmenter progressivement l'aide pour atteindre 1,6 million de personnes à l'intérieur de Gaza au cours des trois prochains mois".
Le Hamas s’engage à rendre à Israël tous les corps d’otages
Le Hamas a réaffirmé ce vendredi "son engagement" envers la "mise en œuvre" de l’accord de cessez-le-feu à Gaza négocié avec Israël sous l’égide des Etats-Unis, et s’est à nouveau engagé à "remettre tous les corps restants" des otages. "Le processus de restitution des corps des prisonniers israéliens pourrait prendre un certain temps, car certains de ces corps ont été enterrés dans des tunnels détruits par l’occupation (israélienne, NDLR), tandis que d’autres restent sous les décombres de bâtiments qu’elle a bombardés et démolis", a précisé le mouvement islamiste palestinien sur Telegram.
Israël accuse le Hamas de violer l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre, qui prévoyait un retour de tous les otages, vivants et morts, avant lundi matin. Dans le cadre de cet accord, le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, mais n’a remis jusqu’ici que neuf dépouilles sur les 28 qu’il retient. Le Hamas soutient que ce sont les seuls corps auxquels il a pu accéder, disant avoir besoin d’un "équipement spécial" pour poursuivre sa tâche.
La Turquie, proche des dirigeants politiques du Hamas et qui entend jouer un rôle dans l’application du cessez-le-feu à Gaza a annoncé jeudi y envoyer des spécialistes pour participer aux recherches des corps ensevelis, "y compris des otages".
Liban : un mort et sept blessés dans des frappes israéliennes
Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et sept blessés jeudi, l’armée israélienne affirmant avoir ciblé le Hezbollah et ses alliés tandis que le président libanais déplore des frappes contre des "installations civiles" et condamne ce qu’il considère comme une violation du cessez-le-feu négocié l’année dernière. "L’agression israélienne répétée s’inscrit dans le cadre d’une politique systématique visant à détruire les infrastructures productives, à entraver la reprise économique et à saper la stabilité nationale sous de faux prétextes sécuritaires", a déclaré Joseph Aoun.
L’Iran a condamné ce vendredi ce qu’il a aussi qualifié de "violation du cessez-le-feu". Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a accusé la France et les Etats-Unis, garants du cessez-le-feu, de "continuer à rester inactifs" envers Israël face à ce qu’il a qualifié de "violations répétées" de l’accord.
Un camion transportant une aide fournie par le Programme alimentaire mondial (PAM) circule sur une route à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 15 octobre 2025
C’est une décision pour le moins "abrupte et surprenante", relève le Washington Post. Jeudi 16 octobre, l’amiral Alvin Holsey, le responsable militaire chargé de superviser les opérations américaines au large du Venezuela, a annoncé sa retraite anticipée, après 37 ans de carrière. Cette démission intervient alors que les Etats-Unis intensifient leurs frappes, officiellement contre des navires de néo-trafiquants, ce que certains voient comme le prélude à une invasion américaine, qui ne fait pas l’unanimité.
L’amiral, chargé de l’Amérique Centrale et du Sud, sera resté un an en poste seulement, contre les trois années prévues normalement. Il a annoncé "prendre sa retraite de la Marine" à partir du 12 décembre, sur le réseau social X, sans expliquer les raisons de son départ précipité.
Mais le Washington Post, citant deux personnes proches du dossier, estime que "Pete Hegseth [le secrétaire de la Défense, NDLR] avait des divergences croissantes avec Holsey et voulait qu’il parte". Ce retrait intervient alors que les Etats-Unis déploient des moyens militaires importants - sept navires et des avions de combat furtifs - au service de ce qu’ils présentent comme une lutte contre le narcotrafic dans les Caraïbes.
Légalité douteuse
Au moins 27 personnes ont ainsi été tuées au cours de cinq frappes connues jusque-là au large du Venezuela, menées depuis début septembre. La légalité de ces frappes dans des eaux étrangères ou internationales, contre des suspects ni interceptés ni interrogés, fait débat.
Certains y voient la préparation à une invasion plus large. Washington accuse le président vénézuélien Nicolás Maduro et son gouvernement d’être à la tête d’une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis. Caracas dément vigoureusement et accuse Washington d’utiliser le trafic de drogue comme prétexte "pour imposer un changement de régime" au Venezuela et s’emparer des importantes réserves de pétrole du pays.
"Qui aux Etats-Unis a envie de se lancer dans une guerre contre le Venezuela ? Pas grand monde", affirme le député démocrate Adam Smith, soulignant les divergences suscitées par ce projet. Le sénateur américain Jack Reed a également vivement réagi : "La démission de l’amiral Holsey ne fait que renforcer ma crainte que cette administration ignore les leçons durement acquises lors des précédentes campagnes militaires américaines".
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mené une purge chez les plus hauts gradés de l’armée américaine en désaccord avec l’administration, ou trop favorables à son goût aux politiques touchant à l’inclusion et la diversité. Il l’a d’ailleurs répété le 30 septembre, lors d’une réunion sans précédent de hauts responsables militaires : "Si ce que je dis ne vous convient pas, vous pouvez quitter la salle – bien sûr, votre grade en dépend, et votre avenir en dépend".
"Mépris de la constitution"
Alvin Holsey, qui est par ailleurs "l’un des seuls officiers noirs à avoir obtenu le grade de quatre étoiles dans l’armée", remarque le Washington Post, rejoint ainsi une longue liste de militaires purgés. A commencer par le chef d’état-major interarmées, le général Charles "CQ" Brown, lui aussi évincé sans explication en février.
D’autres hauts responsables, à la tête de la Marine et des garde-côtes, de l’agence de renseignement NSA, ou encore un amiral en poste à l’Otan, ont aussi été démis de leurs fonctions. Le chef d’état-major de l’armée de l’air a également annoncé mi-août son départ anticipé, après deux ans au lieu de quatre.
Au moment de sa démission après 24 ans de service, Doug Krugman, colonel des Marines, a lui expliqué dans une tribune au Washington Post : "J’ai abandonné ma carrière par souci pour l’avenir de notre pays", critiquant notamment le mépris de Donald Trump de la Constitution et un possible "effondrement du système gouvernemental américain conventionnel". Pour lui, l’armée "devrait oser remettre en question les ordres potentiellement immoraux ou illégaux". Doug Krugman a également dénoncé le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes démocrates, pour s’arroger le pouvoir, en "tirant parti de lois vagues afin d’assumer des pouvoirs d’urgence", qu’il a qualifié "d’immoral".
La Russie suit de près les activités des opposants à la guerre en Ukraine, même au-delà de ses frontières. Mardi 14 octobre, le service de renseignement russe FSB a annoncé l’ouverture d’une enquête contre 23 dissidents en exil qui forment le "comité russe antiguerre".
Le Kremlin accuse le groupe de chercher à renverser le gouvernement et de former une "organisation terroriste", selon Reuters. Le comité antiguerre a été fondé en 2022 par le magnat du pétrole Mikhail Khodorkovsky - qui a passé dix ans en prison pour des motifs politiques selon ses avocats - en opposition à l’invasion de l’Ukraine.
Les "ennemis de l’étranger"
L’ouverture de cette enquête n’a rien de fortuit. Elle intervient quelques jours après l’annonce par le Conseil de l’Europe de la mise en place d’une "plateforme de dialogue avec les forces démocratiques russes en exil". L’institution, indépendante de l’Union européenne et qui réunit 46 pays, veut ainsi permettre à un groupe de participants d’échanger avec elle sur des "questions d’intérêt commun". Les personnes choisies devront, entre autres, "reconnaître la souveraineté de l’Ukraine, son indépendance et son intégrité territoriale" et "œuvrer pour un changement de régime" en Russie, écrit le Conseil de l’Europe dans un communiqué.
La FSB n’a pas attendu que le Conseil de l’Europe sélectionne et annonce les membres de cette plateforme pour réagir. Le service de renseignement a accusé l’organe intergouvernemental de vouloir "installer une alternative aux structures de pouvoir" en Russie, rapporte le New York Times. Interrogé par Reuters sur l’opportunité pour le comité antiguerre d’utiliser la plateforme de dialogue pour prendre le pouvoir en Russie, le porte-parole du Kremlin a indiqué qu’il y avait "des ennemis du pays au sein du pays et des ennemis à l’étranger". "Ils se livrent à des activités hostiles, et nos agences prennent donc les mesures nécessaires", a poursuivi Dmitri Peskov.
D’anciens conseillers du Kremlin en exil
La décision du FSB est à la fois un avertissement pour l’opposition russe à l’étranger et pour toute tentative occidentale de les reconnaître officiellement. Pour Mikhail Khodorkovsky, l’émergence d’une opposition coordonnée et organisée inquiète Vladimir Poutine, qui craint qu’elle ne le remplace un jour. "Le principal danger pour le Kremlin et pour Poutine est le suivant : qu’en cas de transition de pouvoir, ce groupe devienne l’une des alternatives légitimes au Kremlin", a déclaré à Reuters celui qui vit désormais en exil à Londres (Royaume-Uni).
Le comité russe antiguerre rassemble plusieurs personnalités de la société civile, tels que des politiques en exil ou des professeurs de droit, détaille le New York Times. Certains ont même conseillé le gouvernement russe avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Parmi eux, Mikhail Kasyanov, ancien premier ministre de Vladimir Poutine de 2000 à 2004, le doyen de la London Business School et économiste Sergeï Guriev, ou encore Iekaterina Schulmann, politologue. Le groupe n’a pas émis d’appels publics à la violence, précise le journal américain.
La liste continue de s’allonger. Un ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump lors de son premier mandat, John Bolton, est devenu jeudi 16 octobre la troisième personnalité ciblée par le président américain à être inculpée depuis son retour à la Maison-Blanche. John Bolton, 76 ans, a été inculpé par un jury du Maryland, près de Washington, de 18 chefs d’accusation de divulgation ou de rétention de documents relevant de la défense nationale, selon l’acte d’accusation. "C’est un sale type, c’est dommage. Mais c’est comme ça", a réagi le président républicain, interrogé sur cette inculpation par des journalistes à la Maison-Blanche.
Donald Trump a maintes fois exprimé pendant la campagne électorale sa volonté, une fois revenu au pouvoir, de se venger de tous ceux qu’il considère comme des ennemis personnels. John Bolton est de ceux-là, lui qui avait publié en juin 2020 un livre au vitriol sur ses 17 mois passés comme conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, décrit comme "inapte" à diriger les Etats-Unis. La Maison-Blanche avait à l’époque tenté en vain de bloquer en justice la publication de ce livre, invoquant notamment des impératifs de sécurité nationale.
L’inculpation de John Bolton suit celle de l’ancien directeur de la police fédérale (FBI) James Comey et de la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James. "Quiconque abuse d’une position de pouvoir pour mettre en péril notre sécurité nationale devra rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi", a réagi dans un communiqué la ministre de la Justice Pam Bondi, qui avait déjà commenté dans des termes similaires les inculpations de James Comey et Letitia James.
Partage de documents et piratage
Il est reproché à John Bolton d’avoir "abusé de sa position de conseiller à la sécurité nationale en partageant plus d’un millier de pages de documents sur ses activités au quotidien" dans ces fonctions avec deux personnes de son entourage ne disposant pas d’une accréditation de sécurité.
Ces deux personnes, non identifiées dans l’acte d’accusation, seraient son épouse et sa fille, rapportent des médias américains, dont CNN. Il aurait partagé ces informations confidentielles avec elles via ses messageries électroniques personnelles non sécurisées, selon l’acte d’accusation.
Circonstance aggravante, en juillet 2021, un représentant de l’ex-conseiller à la sécurité nationale a informé le FBI que l’un des comptes de messagerie électronique qu’il utilisait avait été piraté après son départ du gouvernement par un hacker lié selon lui à l’Iran, pays envers lequel John Bolton prônait une ligne dure. Mais à aucun moment il n’a alerté les autorités sur le fait qu’il avait partagé sur ce compte "des informations relevant de la défense nationale, y compris des informations classifiées", soulignent les procureurs.
Par ailleurs, lors d’une perquisition en août au domicile de John Bolton, le FBI y a découvert des documents relevant de la défense nationale, selon l’accusation.
Pressions de Donald Trump
En septembre, Donald Trump avait publiquement fait pression sur sa ministre de la Justice, Pam Bondi, s’étonnant sur sa plateforme Truth Social que James Comey, Letitia James et une autre de ses bêtes noires, le sénateur démocrate Adam Schiff, n’aient toujours pas été inculpés.
Après avoir poussé à la démission le procureur du district est de Virginie, lui reprochant implicitement son manque de zèle pour engager ces poursuites, le président républicain l’avait aussitôt remplacé à ce poste stratégique par Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison-Blanche. C’est cette dernière qui a personnellement lancé les poursuites ayant conduit à l’inculpation de James Comey le 25 septembre, puis de Letitia James le 9 octobre.
L’ancien directeur du FBI a plaidé non coupable d’entrave à une commission d’enquête parlementaire et fausses déclarations au Congrès en septembre 2020. Son avocat a annoncé qu’il introduirait des recours en annulation des poursuites, faisant valoir qu’elles étaient motivées par une volonté de vengeance.
Letitia James, accusée de déclaration mensongère dans une demande de prêt immobilier, a dénoncé des "représailles politiques" de la part de Donald Trump, qu’elle avait fait condamner à une amende de près d’un demi-milliard de dollars en février 2024.
John Bolton, alors conseiller américain à la sécurité nationale, écoute le président Donald Trump parler à la presse avant une rencontre avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, à la Maison-Blanche à Washington, le 13 mai 2019