↩ Accueil

Vue normale

Reçu aujourd’hui — 7 septembre 2025L'Express

Pourquoi les managers doivent d’urgence se former à la géopolitique : les résultats surprenants d’une étude

7 septembre 2025 à 19:00

"Dans le monde des hommes les arguments de justice n'ont de poids que si les forces des adversaires sont égales, écrivait Thucydide. Dans le cas contraire, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance et les plus faibles n’ont qu’à s’incliner." Les dirigeants d’entreprises seraient bien inspirés d’avoir toujours à portée de main un exemplaire de La guerre du Péloponnèse.

Nos temps sauvages rendent sa lecture bien plus instructive que celle des manuels de management. Le risque géopolitique s’impose à l’agenda. L’heure des prédateurs, selon l’expression de Giuliano da Empoli, a sonné. Les "néo-empires" (russe, chinois, indien, turque iranien) contre-attaquent. Donald Trump déclare la guerre commerciale. Prise en étau, l’Europe chancelle.

Ces chocs bouleversent les marchés et les chaînes de valeur. Toutes les entreprises en ont déjà subi les conséquences : hausse du prix des matières et de l’énergie, ruptures d’approvisionnement, cyberattaques… Mais leurs dirigeants ont-ils pris la mesure de ce grand basculement ? L’ont-ils suffisamment intégré dans leurs plans d’action ? Leurs managers sont-ils formés pour l’affronter ?

Non, s’il en croit le premier baromètre Géopolitique et Business de l’Essec, réalisé par OpinionWay, et dont L’Express est partenaire. Notre journal a en effet placé depuis longtemps la géopolitique au cœur de son traitement de l’actualité. Chaque jour, nous offrons un haut niveau d’expertise internationale à nos lecteurs.

La sidération, l’inquiétude et l’impuissance

"Avec cet outil, la célèbre école de commerce veut créer un point de repère pour comprendre la perception des risques géopolitiques par les dirigeants d’entreprise, et la stratégie qu’ils adoptent pour rester compétitifs dans un environnement international toujours plus brutal, plus complexe et plus incertain", selon son directeur général Vincenzo Vinzi.

L’Essec a développé une grande expertise dans ce domaine grâce à son Institut Géopolitique & Business regroupant trois centres de recherches reconnus : Irene pour la Négociation et Médiation, une référence depuis 1996 en matière de résolution des conflits et de diplomatie ; le Centre européen de droit et d’économie (2008), et le Centre géopolitique, Défense et Leadership (2021).

Le co-directeur académique de l’Institut, Aurélien Colson, souligne l’originalité de son baromètre : "Les études existantes sont focalisées sur les très grandes entreprises. Notre outil est élaboré à partir d’un échantillon bien plus représentatif du tissu économique français." Cent membres de comités directeurs ou de comités exécutifs d’entreprises de plus de 250 salariés ou plus ont participé à cette enquête. 50 % exercent dans le secteur des services, 31 % dans l’industrie et de la construction, et 19 % dans le commerce.

Les sentiments qui prédominent chez eux ? La sidération, l’inquiétude et l’impuissance. Notamment chez les dirigeants d’ETI. Une majorité des sondés adopte une posture attentiste. 49 % considèrent le risque géopolitique comme secondaire ou marginal dans la réflexion stratégique de leur entreprise. 6 % seulement des managers interrogés se disent déjà engagés dans une transformation.

"Nous sommes entrés dans la post-mondialisation"

"Nous vivons un moment de bascule, dont les dirigeants n’ont pas encore pris toute la mesure, note Aurélien Colson : nous sommes entrés dans la post-mondialisation. L’erreur consiste à croire que nous traversons une crise comme il y en a eu d’autres. Rien de plus faux. On ne reviendra jamais au "business as usual".

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump apparaît comme le risque le plus préoccupant (30 %), devant la perte de souveraineté sur les données (17 %). La guerre en Ukraine (13 %) et la menace russe sur l’Europe (8 %) viennent après. 8 % s’inquiètent du conflit entre Israël et l’Iran et 4 % des tensions dans le détroit de Taïwan.

Les menaces qu’y exerce la Chine constituent aux yeux d’Aurélien Colson le risque le plus sous-estimé. "80 % des produits à destination et en provenance d’Asie du Nord-Est transitent par le détroit de Taïwan", rappelle-t-il en citant une étude de Bloomberg (2024) indiquant qu’une guerre entre les deux pays coûterait dix points de PIB mondial (en cumulant les restrictions sur les semi-conducteurs, le commerce et la finance).

Le temps n’est plus à l’attentisme. "Pour les entreprises, la géopolitique représente la même révolution que la transition écologique et la révolution de l’IA", remarque Thomas Friang, le directeur exécutif de l’Institut Géopolitique & Business. Un chiffre du baromètre l’a frappé " 27 % des dirigeants interrogés déclarent ne pas s’informer dans ce domaine. Or, la culture géopolitique n’est pas un luxe dans ce monde. C’est le nouveau game changer de la compétitivité". Pourtant, la demande d’explications est forte chez les dirigeants. Mais le discours politique sur "l’économie de guerre" est jugé confus par 52 % des managers, et anxiogène à 42 %.

"Culture de la vigilance"

L’institut recommande aux entreprises d’accélérer leur préparation, sans attendre que le politique les y incite. Il y a urgence à développer en interne des compétences spécifiques et d’acquérir une "culture de la vigilance. "Ce n’est pas parce que vous recrutez un ancien premier Ministre et que vous avez un bon avocat international que vous allez comprendre le nouveau monde", souligne Thomas Friang.

Et de lancer une invitation à tous les dirigeants "qui ne veulent pas subir la menace". L’Essec va créer à leur intention un club exécutif pour réfléchir avec des responsables publics et des professeurs-chercheurs aux conséquences de la post-mondialisation sur les fonctions de l’entreprise. Parallèlement, l’école souhaite développer un "véritable référentiel de compétences" en ouvrant un nouveau champ académique. Forte de son implantation à Rabat et à Singapour, elle ambitionne de nouer un dialogue tricontinental sur ces enjeux".

"Un bon chef d’entreprise, estime Aurélien Colson, doit être capable de résister au confort de ses certitudes". Or, celles sur lesquelles reposait le monde d’après la chute du mur de Berlin s’effondrent les unes après les autres. "La période la plus prospère de l’humanité est terminée", annonce même dans L’Express Tina Fordham, ancienne analyste politique à Wall Street chez Citigroup. Les jours de tempête, il est bon de se tourner vers Churchill, qui disait : "Si vous traversez l’enfer, continuez".

.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Donald Trump et Vladimir Poutine à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025

Israël menace d'une action "unilatérale" en cas de reconnaissance d'un Etat palestinien

7 septembre 2025 à 18:22

Une reconnaissance d'un Etat palestinien par des pays occidentaux pourrait pousser Israël à prendre des "mesures unilatérales", a averti dimanche le chef de la diplomatie, Gideon Saar, après des informations sur des projets d'annexion de parties de la Cisjordanie occupée.

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé en juillet que Paris allait reconnaître un Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre. D'autres pays, dont le Canada, l'Australie et la Belgique, ont ensuite fait part de la même intention. Londres a dit en août qu'il leur emboîterait le pas si une trêve n'était pas conclue à Gaza, où Israël mène une guerre contre le Hamas en riposte à l'attaque lancée par ce mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

"Des Etats comme la France et le Royaume-Uni qui ont poussé à la soi-disant reconnaissance (d'un Etat palestinien) ont commis une énorme erreur", a dit M. Saaar lors d'une conférence de presse avec son homologue danois Lars Løkke Rasmussen en visite à Jérusalem. "Cela rendrait la paix encore plus difficile à atteindre", et "cela poussera Israël à prendre également des mesures unilatérales", a-t-il averti, sans préciser lesquelles.

Le roi Abdallah II de Jordanie a réaffirmé dimanche le "refus absolu" d'Amman de toute "mesure israélienne pour annexer la Cisjordanie" lors d'entretiens à Abou Dhabi avec le président émirati, Mohammed ben Zayed Al Nahyane. Ces deux dirigeants ont aussi exprimé leur opposition "aux projets d'expansion des colonies (israéliennes NDLR) en Cisjordanie", dénonçant les "positions et déclarations israéliennes qui constituent une menace pour la souveraineté des Etats de la région", selon le palais jordanien. 

"Violation des accords d'Oslo"

L'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, a de son côté déclaré dimanche, dans un entretien à la BBC, que la reconnaissance d'un État palestinien serait "désastreuse". "Déclarer unilatéralement un État palestinien constitue une violation des accords d'Oslo", conclus entre Israël et l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, a-t-il mis en avant. 

Une reconnaissance d'un Etat palestinien serait largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens. Ces derniers ambitionnent de l'établir sur les territoires de Cisjordanie et de la bande de Gaza, séparés par le territoire israélien.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a affirmé jeudi avoir prévenu Paris et les autres capitales concernées de possibles représailles de la part d'Israël sous la forme d'une annexion de territoires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Il a refusé de se joindre à la condamnation mondiale du dernier plan de colonisation en Cisjordanie approuvé par Israël en août, dont la mise en œuvre empêcherait la création d'un éventuel Etat palestinien doté d'une continuité territoriale.

Le ministre israélien d'extrême droite Bezalel Smotrich avait auparavant déclaré, à l'adresse des dirigeants européens qu'en cas de reconnaissance d'un Etat de Palestine la réponse sera "l'application de la souveraineté israélienne sur toutes les parties de Judée-Samarie", terme par lequel Israël désigne la Cisjordanie.

© afp.com/Menahem KAHANA

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à Jérusalem, le 10 novembre 2024

"Un seul missile russe pourrait vitrifier Paris, Marseille et Lyon" : les sombres prédictions du père de l’arme laser française

7 septembre 2025 à 18:00

Quel visage aura le monde en 2049 ? Comment la guerre se fera-t-elle ? L'Europe de la défense aura-t-elle (enfin) été constituée ? La Chine sera-t-elle redevenue la première puissance mondiale ? L'Ukraine a-t-elle encore une chance de remporter le conflit face à la Russie ? Ces questions qui se promènent dans les couloirs des chancelleries et macèrent dans la tête de nos dirigeants, Bernard Lavarini, père de l’arme laser tricolore et un des expert pour les questions de défense de Lionel Jospin à Matignon (1997-2002), y répond dans L’Occident sur le qui-vive ! (Harmattan, 2025). Une réflexion prospective sur la géopolitique de demain, conduite à partir, entre autres, d'une fine analyse du conflit russo-ukrainien, en cours depuis février 2022.

Au lendemain de la réunion de la coalition des volontaires à Paris, à l'issue de laquelle Emmanuel Macron a annoncé l'engagement de vingt-six pays à participer une "force de réassurance" en cas de cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie, L'Express a interrogé le spécialiste des questions de défense qui met en garde sur les risques d'une nucléarisation des conflits et souligne l'urgence d'accélérer le réarmement tricolore et de cheminer vers une véritable Europe de la défense. Entretien.

L’Express : Pourquoi avoir choisi l’année 2049 spécifiquement comme horizon de projection ?

Bernard Lavarini : 2049 correspond à l’objectif fixé par Xi Jinping, à savoir faire de la Chine, pour le centenaire du Parti communiste, la première puissance mondiale, comme elle l’a été durant dix-huit siècles. Et elle est en passe d’y parvenir. En 2023, le PIB chinois représentait déjà 82 % de celui des États-Unis. Pour 2025, la croissance est annoncée à 5,2 %, contre 2 à 3 % pour les Américains. Avec cet écart, les projections des économistes indiquent qu’en 2049, la Chine aura dépassé les États-Unis sur de nombreux plans économiques. Démographiquement, elle comptera encore largement plus d’un milliard d’habitants, contre 343 millions environ pour les États-Unis, malgré le déclin déjà amorcé de sa population. Cela crée une vulnérabilité pour Washington.

Sur le plan militaire, les chiffres sont controversés. Les Chinois annoncent 300 milliards de dollars de budget, mais certains services de renseignement estiment qu’il est en réalité équivalent à celui des Américains, autour de 1 000 milliards. Le défilé militaire à Pékin, mercredi 3 septembre, a montré des capacités impressionnantes : missiles capables d’atteindre directement les États-Unis depuis la Chine, drones terrestres, navals et aériens, et même des armes laser. Sauf effondrement interne - ce qui me paraît peu probable compte tenu du système de surveillance numérique - la Chine a de réelles chances d’atteindre son objectif.

Ce cycle perpétuel de l’histoire chinoise est fascinant ; chaque période de désunion est considérée comme une aberration, et chaque nouvelle dynastie cherche à rétablir la continuité en reprenant les principes de gouvernement de la précédente. C’est ce qui, selon moi, finira par se passer avec Taïwan.

Pensez-vous que la Chine soit en mesure d’envahir Taïwan ? Beaucoup soulignent la difficulté d’une telle opération, qu’elle soit menée par la mer ou par les airs.

Il existe plusieurs scénarios. L’option militaire d’abord, avec un débarquement qui, certes, pourrait être compliqué. Mais il ne faut pas non plus mettre de côté l’option politique, qui viserait à favoriser l’émergence à Taïwan d’un mouvement interne qui choisirait lui-même le rattachement à la Chine. En revanche, affirmer que les Etats-Unis interviendraient en cas d’invasion ou de changement de régime me semble présomptueux. Washington souffre d’une vulnérabilité croissante vis-à-vis de la Chine. Sur le plan économique et démographique, et bientôt militaire.

Pékin devrait atteindre le millier de têtes nucléaires en 2030 et posséder, vers 2035, un potentiel équivalent à celui de Washington. Or, la dissuasion ne fonctionne que si les vulnérabilités sont équivalentes des deux côtés. En raison de leur moindre poids démographique, les États-Unis doivent chercher à compenser par la technologie, notamment en couplant leur arsenal nucléaire à un bouclier antimissiles. Or, le "dôme d’or" de Trump est en réalité une extrapolation du système israélien, basé sur des missiles antimissiles tirés depuis le sol.

Un tel dispositif resterait insuffisant face à des frappes massives - un millier de têtes nucléaires pouvant viser les États-Unis. Pour qu’une dissuasion par empêchement soit crédible, il faudrait déployer des armes dans l’espace, laser et armes à énergie cinétique, un projet déjà esquissé à l’époque de Ronald Reagan. Cela nécessiterait des moyens colossaux, mais avec près de 1 000 milliards de dollars consacrés chaque année aux dépenses militaires, les États-Unis peuvent se donner les moyens de cette ambition.

Revenons-en au cœur de votre ouvrage. Pouvez-vous esquisser un portrait du monde de 2049 ?

Dans l’état actuel des choses, il est difficile d’être optimiste. L’avenir politique de l’Europe reste très incertain. Il n’existe pas, pour l’instant, de volonté d’aller vers une intégration plus poussée, qu’elle soit fédérale ou confédérale. Pourtant, l’Europe aurait intérêt à jouer un rôle comparable à celui de la Suisse, un tampon, en s’affirmant comme médiatrice entre les États-Unis et les pays du Sud, en particulier la Chine. Mais pour cela, il faudrait qu’elle existe politiquement, et qu’elle dispose d’une défense commune, ce qui reste aujourd’hui largement hors de portée. Quant aux États-Unis, ils s’éloignent progressivement du Vieux Continent pour se concentrer sur ce qu’ils considèrent comme leur problème numéro un, à savoir, la Chine.

En tout état de cause, et pour éviter un conflit mondial nucléaire, il faudrait que les grandes puissances atomiques agissent de façon à limiter l’intensité et la durée des conflits dans leurs zones d’influence. C’est pourquoi j’estime urgente l’organisation d’une conférence, à la manière de Yalta, réunissant les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, mais aussi l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. L’objectif serait de fixer des zones d’influence afin de garantir une stabilité dans un nouvel ordre mondial, dont le centre de gravité se déplace déjà vers le Sud Global, au détriment de l’Occident…

Si conflit il devait éclater en 2049, à quoi ressemblerait-il ? Du point de vue technologique, la guerre de 1870 n’a pas été faite comme celle de 1914, qui a été elle-même conduite différemment à bien des égards à celle de 1945. Les progrès des complexes industrialo-militaires des dernières années ont fait émerger de nouvelles façons d’appréhender le combat.

La difference stratégique, à l’horizon 2049, reposera sur l’exploitation de deux domaines fondamentaux de la physique. D’une part, l’énergie nucléaire du noyau atomique, qui continuera de fonder la dissuasion ; d’autre part, la maîtrise des électrons, avec les armes laser et surtout les ordinateurs quantiques. À cela s’ajoute bien sûr l’intelligence artificielle - davantage un outil logiciel - mais qui jouera un rôle décisif.

Si l’on prend un peu de recul, l’histoire militaire montre que la vitesse a toujours été l’élément clef pour imposer sa volonté. Frédéric II faisait marcher ses troupes à marche forcée ; Napoléon en a tiré les leçons pour concentrer ses forces au bon endroit, au bon moment de la bataille, pour compenser son infériorité en nombre ; Stalingrad a encore démontré l’importance de cette logique. Au XXe siècle, c’est la mécanique et le moteur qui ont révolutionné la guerre. Demain, ce sera la "vitesse quantique", qui permettra d’atteindre une quasi-instantanéité dans la décision et l’action.

Quant au char de 4e generation Franco-Allemand (MGCS), il regroupera le char proprement dit, équipé d’IA et d’une hyper connectivité pour faciliter le soutien au renseignement, à la planification, au commandement et à la coordination des feux. Il sera accompagné d’autres véhicules, certains dotés de missiles antichar, d’autres robotisés dotés d’arme laser. Chaque vecteur de combat sera intégré dans un système où les données, transmises par les drones et analysées par l’IA et le quantique, offriront une vision en temps réel du champ de bataille. Concrètement, cela signifie que tout mouvement de troupe deviendra immédiatement observable, et les décisions pourront être prises en réaction instantanée. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles, en Ukraine, malgré la supériorité numérique et matérielle de la Russie, le front n’a pas été percé. L’usage intensif de drones, de capteurs et de traitements numériques perturbe et ralentit les offensives.

Dans votre ouvrage, vous distinguez deux types d’Etats : les sanctuarisés, protégés de toute attaque, en ce qu’ils détiennent l’arme nucléaire ; et les non-sanctuarisés qui, ne bénéficiant pas de la protection suprême, sont en proie à des conflits. Est-ce à dire que si tous les pays disposaient de l’arme nucléaire, les conflits ne se déclencheraient plus ?

Hélas, cela ne fonctionne pas ainsi (rires). Les États du Sud n’ont pas la même logique de pensée que nous. La Chine, par exemple, affiche clairement sa volonté de redevenir la première puissance mondiale. Le nationalisme y est très présent, comme en Inde. Le risque, dans ces régions, n’est pas la stabilité, mais au contraire la prolifération des armes nucléaires. La dissuasion n’est pas perçue de la même manière partout. En Iran par exemple, il existe une dimension idéologique et religieuse ; certains extrémistes considèrent le sacrifice de leur vie comme un accès au paradis. Avec cette logique, l’arme nucléaire pourrait être envisagée non pas comme un outil de dissuasion, mais comme une arme offensive. C’est ce qui la rend si inquiétante. Certains stratèges, comme le général Poirier, estimaient que si l’Iran obtenait la bombe, la dissuasion finirait par fonctionner. Mais je reste sceptique, car cette dimension de croyance dans "l’au-delà" modifie complètement le calcul rationnel de la dissuasion.

La guerre en Ukraine pourrait être, dites-vous, la première guerre nucléaire mondiale. Quelles lignes rouges franchies feraient basculer le conflit dans un conflit nucléaire ?

Le risque était très élevé au début, notamment lorsque les Ukrainiens ont réussi à repousser les troupes russes. Si leur progression s’était poursuivie jusqu’au rejet complet des forces russes hors des oblasts occupés, je pense que Moscou aurait alors utilisé l’arme nucléaire, pour "neutraliser" la menace. Aujourd’hui, ces oblasts occupés ont été intégrés à la Fédération de Russie ; ils sont désormais considérés comme des territoires russes à part entière, dotés de leurs institutions et de leur cadre juridique. Cela réduit, à court terme, le risque d’escalade nucléaire. En revanche, si des troupes françaises ou britanniques devaient un jour intervenir directement en Ukraine, alors là, le risque augmenterait très fortement.

Emmanuel Macron a annoncé hier l’engagement de 26 pays, pour l’essentiel européen, à participer à une "force de réassurance" avec des troupes déployées sur le sol, en mer ou dans les airs dans le cadre d’un éventuel cessez-le-feu russo-ukrainien. Existe-t-il un risque d’escalade qui pourrait conduire, selon vous, à une nucléarisation du conflit ?

Les Russes n’ont pas intérêt à signer un cessez-le-feu tant que la totalité des quatre oblasts ne sera pas acquise par la Russie. À la vitesse de progression du front, nous en parlerons encore dans un an, à moins d’un effondrement ukrainien dont il est difficile d’évaluer aujourd’hui sa probabilité.

Toute chose égale par ailleurs, si un cessez-le-feu avait lieu aujourd’hui, il est probable que des escarmouches surviendraient d’abord avec les 26 membres de la force de réassurance, hors France et Grande-Bretagne qui détiennent des armes nucléaires de représailles. Mais sur l’échelle d’un embrasement généralisé, le risque augmenterait considérablement. C’est pourquoi Donald Trump hésite à assurer les 26 de la présence américaine. Si un avion américain venait à être abattu au-dessus de l’Ukraine, ce pourrait être l’amorce d’un processus incontrôlable.

Vous fustigez les voix qui taxent de "Munichois" les partisans d’un accord de paix avec la Russie, en référence aux accords de 1938 qui ont vu la France et le Royaume-Uni céder les Sudètes à Hitler. Ne doit-on pourtant pas tirer une leçon de cet épisode, symbole de l’illusion des démocraties face à un dictateur ?

Emmanuel Macron est allé jusqu’à traiter certains de "lâches". Mais la comparaison ne tient pas, car à l’époque, Hitler n’avait pas l’arme nucléaire. Or, le nucléaire change radicalement les rapports de force entre États. C’est bien pour cela que Poutine ose et que Biden a craint d’aller trop loin. Quant à Trump, on ne sait jamais vraiment sur quelle planète il se situe, ce qui est plutôt inquiétant. Mais il faut avoir conscience des conséquences qu’un engagement des forces françaises pourrait avoir sur la suite du conflit. Surtout, prétendre que la France pourrait jouer le même rôle que les États-Unis - qui disposent de 11 porte-avions et de 14 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins - est illusoire.

Avec ses moyens conventionnels actuels, la France n’est pas en mesure de soutenir une guerre de haute intensité dans la durée, même au sein d’une coalition européenne. Regardez les chiffres : en 1969, quand le général de Gaulle a quitté le pouvoir, la France consacrait 4,14 % de son PIB à la défense. Cela lui permettait d’avoir à la fois une armée conventionnelle robuste et une force nucléaire crédible. Si nous avions maintenu cet effort budgétaire, nous aurions aujourd’hui investi 1 333 milliards d’euros supplémentaires dans nos armées. C’est ce qu’il faudrait pour disposer de la force nécessaire. À ce rythme, il nous faudrait encore une dizaine d’années avant de pouvoir tenir notre rang sur la durée.

Certes, notre force de dissuasion reste très performante. Notre dissuasion dispose de 3 000 cibles potentielles en Russie. Dans le dialogue établi entre Paris et Londres, il y a un partage de ces cibles pour éviter les doublons. Si les Anglais tirent, tant mieux. S’ils ne le peuvent pas parce que les Américains leur refusent l’autorisation, peu importe puisque nos propres missiles nous permettraient d’atteindre toutes les cibles choisies. Ce type d’accord passé avec Londres est bon car il vise à optimiser la capacité de destruction, pas à rendre la France dépendante. Mais il ne faut pas oublier que chaque grande ville française vit avec "un pistolet sur la tempe" : un seul missile russe pourrait vitrifier Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice…

Vous avez tenté d’évaluer la probabilité pour l’Ukraine de l’emporter dans la guerre contre la Russie. Quelles sont vos conclusions ?

J’ai pris pour comparaison la guerre de 14-18. La France n’a pu gagner que parce qu’elle a bénéficié du soutien massif des Britanniques, et surtout de l’arrivée des Américains. Sans eux, elle aurait perdu face à l’Allemagne. Aujourd’hui, la situation est similaire sauf que l’Ukraine est seule face à la Russie. Elle n’a pas d’allié prêt à s’engager directement sur le terrain. Or, Moscou dispose de l’arme nucléaire, avec toute la palette de son emploi, de l’usage "préventif" jusqu’aux armes mégatonniques. Pour la Russie, perdre cette guerre signifierait l’éclatement de la Fédération. Elle mettra donc tous les moyens pour imposer sa volonté, y compris le recours possible au nucléaire tactique. Raison pour laquelle je crains qu’une intervention de l’Otan au sol ne fasse qu’alimenter l’escalade.

Depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, les sommets se sont succédé, mais aucun n’est parvenu à acter un cessez-le-feu définitif. La diplomatie serait-elle devenue inefficace ?

À propos de la dissuasion nucléaire graduée, Henry Kissinger déclarait : "Si le recours à la force est devenu, en fait, impossible, la diplomatie peut, à son tour, perdre son efficacité". Aujourd’hui, c’est le rapport de force qui prime. Nous sommes entrés dans un monde qui ne se reconnaît plus dans l’ordre occidental fondé sur le droit international. La diplomatie, au sens classique - valoriser le droit, chercher par le dialogue à régler les conflits - n’a plus la même portée. Elle redeviendra utile, mais seulement pour négocier les termes d’un cessez-le-feu, une fois la défaite entérinée. Autrement dit : d’abord viendra le renoncement, ensuite la discussion.

Vous ne partagez pas la vision extensive de la dissuasion nucléaire d’Emmanuel Macron, qui a expliqué que "les intérêts vitaux de la France étaient indissociables de ceux de ses voisins". Vision que partageait Valéry Giscard d'Estaing. Protéger nos voisins n’est-ce pas une façon de se protéger soi-même ?

Imaginons le scénario - tout à fait possible - suivant : une guerre qui commence par une déflagration nucléaire. Si une seule rafale de missiles russes Oreshnik dotés, cette fois, de têtes nucléaires multiples, en moins de 15 minutes, paralysait les forces conventionnelles allemandes, que ferait la France ? Penser que sa frontière serait toujours sur l'Elbe est un leurre. Qu'elle soit sur le Rhin suffit à ses peines, alors que ses caisses sont vides et qu'elle doit se réarmer en urgence. Face à cette situation, l’intégration politique européenne aurait-elle atteint un niveau tel que, malgré tout, les Français seraient-ils prêts à accepter de prendre le risque d’un suicide collectif pour contribuer à défendre les Allemands ? Et vice versa pour les Allemands, ceux-ci seraient-ils prêts à mourir pour Paris ? En d’autres termes, les intérêts vitaux de Pierre seraient-ils devenus les intérêts vitaux de Paul ? Non ! Car, dans l’état actuel des choses, pour contigus qu’ils soient géographiquement, entre la France et l’Allemagne, les espaces ne sont pas stratégiquement continus ni homogènes au regard des fins politiques et des buts stratégiques qu’ils matérialisent : constants et invariants en France, contingents en Allemagne ou Pologne. Voilà pourquoi il nous faut nous apprêter à subir les tristes conséquences de la "solitude" nucléaire.

Concernant la dissuasion nucléaire de la Grande-Bretagne, il n’est pas raisonnable de la consolider avec celle de la France, car elle ne satisfait pas à l’ensemble des principes sur lesquels doit se fonder une dissuasion nucléaire. En effet, dans le cadre d’un accord d’interdépendance qui lie les Anglais aux Américains - suite aux difficultés rencontrées par les Anglais dans la mise au point des ogives mirvées - les missiles Trident II D-5 de la force stratégique britannique sont américains et les ogives nucléaires anglaises sont montées aux Etats-Unis sur ces missiles avant que cet ensemble soit intégré dans les sous-marins britanniques. Et lors de la mise en œuvre de leur tir, les Anglais, bien qu’ils soient opérationnellement autonomes, doivent "obtenir" l’accord des Américains. Il en ressort que les Anglais sont pieds et mains liés aux Américains, ce qui les prive d’une autonomie stratégique qui peut devenir critique pour eux et leurs alliés si les Etats-Unis se retiraient sur leur pré-carré comme ils sont en train de le faire aujourd’hui. Alors que la France, libre et indépendante, peut disposer quand elle le veut de sa force nucléaire de représailles. Dans ces conditions, que penser alors du pilier européen de l’Alliance ?

Vous croyez en revanche à l’Europe de la défense. À quoi pourrait-elle ressembler concrètement ?

Aujourd’hui, cela ne peut se faire qu’à travers des coalitions de forces. Pour bâtir une véritable défense intégrée, il faudrait une intégration politique fédérale ou confédérale. Concrètement, un président élu par l’ensemble des États, à l’image du modèle américain. Néanmoins la guerre russo-ukrainienne ne rendra pas inéluctable l’Europe de la défense. Il faudra une réelle volonté pour l’imposer. Mais si l’Europe veut peser dans le débat mondial, elle doit pourtant avancer vers cet objectif.

*L’Occident sur le qui-vive ! (Editions Harmattan, 2025), 30 euros

© via REUTERS

Le président russe Vladimir Poutine, le 4 septembre 2025.

Royaume-Uni : les demandeurs d'asile pourraient bientôt être logés dans "des sites militaires"

7 septembre 2025 à 17:27

Des demandeurs d'asile bientôt placés dans des "sites militaires" britanniques ? Le gouvernement travailliste de Keir Starmer "étudie" cette hypothèse, alors qu'un mouvement anti-immigration prend de l'ampleur au Royaume-Uni, sur fond de percée de l'extrême-droite. Ces derniers jours, plusieurs manifestations ont eu lieu devant des hôtels, après un fait divers impliquant un demandeur d'asile éthiopien, en juillet. Ce dernier, hébergé au Bell Hotel, un établissement situé à Epping, au nord de Londres, avait été arrêté pour une agression sexuelle sur une adolescente de 14 ans – des accusations qu'il nie.

L'affaire avait débouché sur une série de contestations devant plusieurs hôtels outre-Manche. Au Royaume-Uni, la loi impose au gouvernement en place de trouver un lieu d'accueil aux demandeurs d'asile dans le pays, le temps d'examiner leurs dossiers. En vertu de ce principe, 32 000 personnes étaient fin juin hébergées dans plus de 200 hôtels répartis sur le territoire britannique. Le 19 août, la justice avait ordonné l'interdiction temporaire de loger plus de 130 migrants au Bell Hotel, après un recours déposé par le conseil local d'Epping. Une décision finalement révoquée en appel vendredi 29 août, faisant repartir de plus belle les manifestations dans la rue.

Mouvement alimenté par l'extrême droite

Le mouvement est largement soutenu par le parti populiste Reform UK, dirigé par Nigel Farage. La figure pro-Brexit, actuellement en tête des sondages, utilise cette vague de mécontentement pour poursuivre sa percée dans l'opinion. "Nous en avons tous assez", a-t-il écrit, mi-août, dans une tribune publiée dans le Daily Telegraph, en référence à ce système d'hébergement hôtelier, par ailleurs critiqué pour son coût. L'opposition à la politique migratoire du pouvoir en place donne aussi l'occasion au chef de file d'extrême droite de déployer l'ensemble de ses arguments pour limiter le nombre d'immigrés au Royaume-Uni.

S'il accédait au 10 Downing Street, Nigel Farage promet ainsi d'expulser 600 000 clandestins du sol britannique en l'espace de cinq ans. Son parti affirme que les traversées de la Manche en bateaux pourraient aussi être interrompues en deux semaines. Un des cadres de Reform UK, Zia Yusuf, a même laissé entendre qu'un gouvernement issu de sa formation pourrait envisager de payer le pouvoir taliban en Afghanistan afin d'y renvoyer des migrants originaires de ce pays d'Asie centrale. Même position vis-à-vis du régime des mollahs en Iran.

Keir Starmer à la recherche de solutions

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, actuellement au pouvoir, tente de trouver des solutions pour limiter la grogne contre son action en matière migratoire. Impopulaire et fragilisé par un récent remaniement, le Premier ministre a assuré vouloir mettre un terme au système d'hébergement dans les hôtels de demandeurs d'asile d'ici à 2029. De quelle façon ? Le secrétaire à la Défense, John Healey, a laissé entendre ce dimanche que ceux-ci pourraient à l'avenir être logés sur des sites parfois liés à l'armée. "Nous étudions la possibilité d'utiliser des sites militaires et non militaires pour héberger temporairement les personnes qui traversent la frontière sur ces petites embarcations et qui n'ont peut-être pas le droit d'être ici", a lancé le responsable, lors d'une émission diffusée sur Sky News.

Le Royaume-Uni fait face à un nombre record de demandes d'asile. Entre juin 2024 et juin 2025, 111 000 personnes ont sollicité une procédure de ce type. Depuis l'arrivée de Keir Starmer, il y a un peu plus d'un an, 50 000 personnes sont par ailleurs arrivées sur le sol britannique en traversant la Manche. Londres a signé au mois d'août un accord avec Paris pour tenter de contenir ce phénomène. Début septembre, l'ex-ministre de l'Intérieur Yvette Cooper a également annoncé la suspension temporaire des demandes de regroupement familial pour les réfugiés présents au Royaume-Uni.

© NurPhoto via AFP

Le ministre britannique de la Défense, John Healey, répond aux questions des journalistes lors d'un point presse sur la place Sofiiska, à Kiev, en Ukraine, le 3 septembre 2025. Le ministre britannique de la Défense, John Healey, estime que la présence du dirigeant du Kremlin, Vladimir Poutine, au défilé militaire à Pékin ne fait que souligner la faiblesse et la dépendance de l'agresseur. (Photo de Danylo Antoniuk/Ukrinform/NurPhoto) INUTILE LA RUSSIE. INUTILE LA BIÉLORUSSIE. (Photo de Ukrinform/NurPhoto)

Syrie : l'Arabie saoudite lance un projet de reconstruction dans la région de Damas

7 septembre 2025 à 16:00

L’Arabie saoudite a annoncé dimanche des projets humanitaires pour la Syrie, dont le déblaiement des décombres de guerre autour de Damas, quelques semaines après avoir annoncé des investissements de plusieurs milliards de dollars pour aider à reconstruire les infrastructures du pays.

Riche en pétrole, le royaume du Golfe est l'un des principaux soutiens du nouveau gouvernement syrien, arrivé au pouvoir après l'offensive d'une coalition menée par des islamistes et qui a renversé en décembre l'ancien président Bachar al-Assad.

Lors d'un événement organisé dimanche à Damas, le Centre d'aide humanitaire et de secours du roi Mohammed ben Salmane (KSrelief), organisme public, a annoncé un programme d'aide comprenant un projet visant à retirer plus de 75 000 mètres cubes de décombres de la capitale et de ses environs. Le président de l'organisation saoudienne, Abdallah al-Rabiah, et le ministre syrien chargé des situations d'urgence et des catastrophes, Raed al-Saleh, ont signé un accord pour cette initiative, qui prévoit aussi le recyclage d'au moins 30 000 mètres cubes de débris issus de maisons et d'autres bâtiments détruits. M. Saleh a souligné que les décombres entravent les efforts humanitaires et la reconstruction, et que des "restes de guerre non explosés menacent la vie des civils".

Ryad a promis 6,4 milliards de dollars d'investissements en Syrie

D’autres accords conclus dimanche prévoient que Ryad soutienne la réhabilitation de 34 écoles dans les provinces d'Alep, Idleb et Homs, fournisse du matériel à 17 hôpitaux à travers le pays, aide à reconstruire quelque 60 boulangeries et remette en état les réseaux d'assainissement et d'eau à Damas.

Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, les nouvelles autorités syriennes cherchent à attirer des investissements pour la reconstruction des infrastructures détruites par 14 années de guerre civile. Fin juillet, Ryad avait déjà promis 6,4 milliards de dollars d'investissements et de partenariats avec la Syrie. La guerre a dévasté une grande partie des infrastructures syriennes, et l’ONU estime le coût de la reconstruction à plus de 400 milliards de dollars.

© afp.com/Bandar AL-JALOUD

Photo fournie par le Palais royal saoudien montrant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (d), le président américain Donald Trump (c) et le président syrien, Ahmad al-Chareh, le 14 mai 2025 à Ryad

Le "Tchernobyl volant", missile à propulsion nucléaire, en passe d’être déployé par la Russie ?

7 septembre 2025 à 15:49

C’est une arme maintes fois encensée par Vladimir Poutine. Régulièrement, le président russe présente de nouveaux types de munitions, prêtes à être déployées au sein de l’armée russe. Mais depuis quelques années, la mise au point d’un modèle de missile en particulier attire son attention : le "9M730 Burevestnik", plus souvent désigné comme… le "Tchernobyl volant". Cet équipement se distingue des autres armes de l’arsenal russe par ses caractéristiques uniques. En effet, ce missile de croisière fonctionnerait grâce à une propulsion nucléaire, capable de lui octroyer une autonomie en vol presque illimitée pour transporter ses ogives atomiques dans les airs.

"Invincible" et "sans équivalent au monde" : Vladimir Poutine ne tarit pas d’éloges sur cette technologie. Il assure que le "Tchernobyl volant" constitue un atout unique pour les forces militaires de son pays. "Le fait même de posséder une technologie aussi remarquable constitue aujourd’hui l’espoir le plus important et le plus fiable pour garantir la paix dans le monde", avait-il même avancé, en 2019. L’avantage numéro 1 de ce missile nucléaire, selon la Russie ? La difficulté pour les systèmes de défense antiaériens adverses pour suivre sa trajectoire, le repérer puis le neutraliser.

Mouvements sur une base d’essais nucléaires

Ces dernières semaines, la Russie a laissé transparaître quelques indices sur d’éventuelles avancées du développement du 9M730 Burevestnik. Début août, des mouvements ont été remarqués sur le site d'essais nucléaires russes de l’archipel de la Nouvelle-Zemble, situé dans l’océan Arctique, à l’extrême-Nord de l’Europe. Comme rapporté par la Gazeta Wyborcza, un quotidien polonais, plusieurs avions de chasse ont été envoyés sur place par le commandement russe. Quelques navires de guerre sont également postés à proximité de ce territoire. Début août, les États-Unis ont envoyé un appareil en reconnaissance dans la zone. Selon Newsweek, le modèle d’avion déployé, un WC-135R, est connu pour ses capacités de détection de potentiels "nuages" radioactifs.

Autre fait notable : le déplacement, le 22 août dernier, de Vladimir Poutine à Sarov, localité située à environ 400 kilomètres de Moscou. C’est ici que se trouve un important centre de recherches sur le nucléaire. Avant sa visite du site, le maître du Kremlin a étrangement disparu à l’aéroport pendant une heure, prenant du retard sur son programme initialement prévu. La raison de cette subite évaporation a ensuite filtré dans la presse russe. "Les chaînes locales Telegram ont rapporté que la discussion à l’aéroport portait sur l’avancement des tests du missile de croisière Burevestnik […] et sur la possibilité de son entrée en service dès 2025", relate le journal russe Kommersant, dans un papier faisant le compte rendu de ce voyage.

Échéance nébuleuse

Un déploiement du "Tchernobyl volant" dès les prochains mois ? Dans les faits, l’échéance avant un possible déploiement de ce missile dans le cadre d’un conflit, comme en Ukraine, reste nébuleuse. Le long développement de ce missile nucléaire a pour le moment accouché d’essais peu concluants. D’après les analyses de la Nuclear Threat Initiative, une ONG spécialisée dans les risques nucléaires, le bilan des tests de l’arme depuis 2016 fait état de seulement deux réussites partielles sur treize essais.

En 2019, un accident avait aussi pu perturber les recherches sur le missile. Il avait eu lieu dans une base du nord de la Russie où travaillaient plusieurs scientifiques sur des armes atomiques. Cinq d’entre eux avaient perdu la vie dans la catastrophe, sans que les autorités confirment que l’explosion mortelle était liée au développement du "Tchernobyl volant". Une hypothèse alors jugée "probable" par les États-Unis. À l’époque, la mairie de la ville voisine de Severodvinsk avait aussi "enregistré une brève hausse de la radioactivité", ce qui laisse facilement supposer que des travaux autour d’armes nucléaires étaient bel et bien en cause. L’agence atomique russe, Rosatom, assurait de son côté souhaiter "continuer le travail sur les nouveaux types d’armes, qui sera, dans tous les cas, poursuivi jusqu’au bout".

Les experts doutent par ailleurs de la réelle capacité de l’innovation à éviter les systèmes de défense antiaériens adverses, étant donné sa vitesse située en dessous de celle du son. "Il sera aussi vulnérable que tous les autres missiles de croisière", analysait il y a un an Hans Kristensen, chercheur américain spécialiste du nucléaire, alors interrogé par l’agence Reuters. "Plus il vole longtemps, plus il devient vulnérable, parce que ça laisse plus de temps pour le détecter. Je ne comprends pas la stratégie de M. Poutine." Le "Tchernobyl volant" fait partie d’une série de six technologies présentées en 2018 par le président russe comme des "nouvelles armes stratégiques" destinées à ouvrir "une ère de triomphe exceptionnelle pour la Russie". Les missiles hypersoniques Kinjal et Zircon faisaient aussi partie de cette liste.

© Mikhail METZEL / POOL / AFP

Le président russe Vladimir Poutine préside une réunion avec des membres du gouvernement par visioconférence au Kremlin, à Moscou (Russie), le 23 juillet 2025.

Le premier ministre japonais Shigeru Ishiba démissionne après la débâcle de son parti

7 septembre 2025 à 15:17

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé dimanche sa démission à la tête de son parti et de facto de son poste de chef de gouvernement, poussé par les principaux membres de son parti qui appelaient à un changement de direction après de mauvais résultats aux élections de la chambre haute cet été.

Cette décision n'est pas une surprise tant le chef du gouvernement était sous pression. Mais Shigeru Ishiba avait jusqu'à présent ignoré ces appels, déclarant mardi encore qu'il "prendrait une décision appropriée le moment venu". "J'ai décidé de démissionner de mon poste de président du Parti libéral-démocrate", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse organisée en fin d'après-midi. "Maintenant que les négociations sur les mesures tarifaires américaines sont arrivées à leur terme, je pense que c'est le moment approprié, a-t-il ajouté. J'ai décidé de me retirer et de laisser la place à la prochaine génération."

Cette décision intervient moins d'un an après que le dirigeant de 68 ans a pris la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), historiquement dominant, devenant le chef du gouvernement. Au Japon, le Premier ministre est traditionnellement le président du parti au pouvoir, en l'occurrence le PLD depuis des décennies quasiment sans interruption.

Selon la chaîne de télévision NHK, les parlementaires et responsables régionaux du PLD à travers le Japon, devaient appeler lundi à une nouvelle élection à la tête du parti. NHK affirme que M. Ishiba souhaite éviter les divisions au sein de son parti, tandis que le quotidien Asahi Shimbun a estimé qu'il ne pouvait plus résister aux appels croissants à son départ.

Samedi soir, Ishiba s'est entretenu avec le ministre de l'Agriculture Shinjiro Koizumi et l'ancien Premier ministre Yoshihide Suga, poids lourd du parti, qui l'ont exhorté à quitter son poste, ont affirmé des médias nippons. Il y a quelques jours, quatre hauts responsables du PLD, dont le secrétaire général Hiroshi Moriyama, avaient proposé leur démission, affaiblissant encore un peu plus la position de Shigeru Ishiba.

Contexte paradoxal

Ishiba, lui-même arrivé au pouvoir le 1er octobre 2024 après le départ de son prédécesseur Fumio Kishida, également démissionnaire, était sous le feu des critiques internes au PLD, après les mauvais résultats du PLD lors des derniers scrutins. Lors des élections sénatoriales du 20 juillet, la coalition dirigée par le PLD a perdu sa majorité, quelques mois seulement après avoir été contrainte de former un gouvernement minoritaire en raison de sa débâcle électorale à la chambre basse.

Cette démission intervient dans un contexte paradoxal puisque Shigeru Ishiba était en pleine remontée dans les sondages notamment après l'accord commercial avec les Etats-Unis. La cote de popularité de son gouvernement a connu un rebond surprise fin août atteignant 39% d'opinions favorables, soit une hausse record de 17 points par rapport à juillet, selon un sondage publié par le quotidien Yomiuri. D'après cette enquête, les Japonais étaient plus nombreux (50%) à vouloir que le Premier ministre reste en fonction qu'à demander sa démission (42%).

Et selon une enquête réalisée pour le quotidien Mainichi, 33% des Japonais le soutiennent, soit une hausse de quatre points, et la première fois qu'il dépasse les 30% depuis février. Le quotidien Yomiuri attribue cette remontée notamment à l'accord commercial conclu fin juillet avec les États-Unis --deux jours après les élections au Japon-- qui a réduit les droits de douane américains de 25% à 15%. Et le quotidien cite également les efforts du gouvernement pour freiner la récente flambée des prix du riz, qui alimente l'inflation au Japon.

Pour lui succéder, certains observateurs placent notamment sa grande rivale Sanae Takaichi, considérée comme une nationaliste dure et arrivée en deuxième position lors de la dernière élection à la direction en 2024. Elle a d'ores et déjà déclaré qu'elle serait candidate. Un sondage du quotidien Nikkei réalisé fin août plaçait Takaichi comme la plus "appropriée" pour succéder à Ishiba, suivie par le ministre de l’Agriculture Koizumi.

© afp.com/TORU HANAI

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba lors d'une conférence de presse après avoir annoncé sa démission, le 7 septembre 2025 à Tokyo

Annexion de la Cisjordanie : la "ligne rouge" fixée par les Émirats arabes unis complique les plans d’Israël

7 septembre 2025 à 12:14

Une prise de position qui rebat les cartes du jeu géopolitique au Proche-Orient. En milieu de semaine, les Émirats arabes unis ont mis en garde Israël contre sa possible annexion de plusieurs zones de la Cisjordanie, envisagée au plus haut niveau par le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Cette décision constituerait une "ligne rouge" pour Abou Dhabi, a averti mercredi 3 septembre Lana Nusseibeh, ministre adjointe chargée des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, dans une déclaration transmise à l’AFP. Des propos d’importance pour Israël : signataires des accords d’Abraham en 2020, les Émirats arabes unis sont l’un des rares pays de la région à avoir normalisé leurs relations avec l’État hébreu.

La déclaration des Émirats, une "surprise" pour Israël

À l’époque, ce rapprochement avait été favorisé par Donald Trump lui-même, qui rêve de voir un jour l’Arabie saoudite reconnaître à son tour Israël. Mais cet objectif est pour le moment rendu impossible par la guerre meurtrière menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, ravagée par les bombardements et menacée par la famine. La perspective d’un potentiel éloignement d’Abou Dhabi, par ailleurs un partenaire proche des États-Unis, semble avoir pris de court le gouvernement Netanyahou. "Les Émirats ont déjà exprimé leurs inquiétudes concernant l’annexion par d’autres canaux, mais cette déclaration a été une surprise", a reconnu, anonymement, une source israélienne interrogée par le Washington Post.

De quoi faire hésiter Israël ? Le quotidien américain, qui cite plusieurs sources au fait du dossier, indique dans son article que la question de l’annexion de la Cisjordanie a été retirée de l’ordre du jour d’une réunion entre Benyamin Netanyahou et plusieurs responsables israéliens, jeudi, au lendemain de la déclaration émiratie.

Washington temporise

Interrogé sur la question, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a préféré temporiser. "En ce qui concerne la Cisjordanie et l’annexion, rien n’est définitif", a-t-il déclaré jeudi, lors d’un déplacement à Quito (Équateur). "C’est un sujet qui fait débat dans certains secteurs de la politique israélienne."

Le chef de la diplomatie de l’administration Trump a dans le même temps pointé le rôle de plusieurs puissances, comme la France ou le Royaume-Uni, qui devraient reconnaître en septembre l’État de Palestine. "Nous leur avons dit que cela donnerait lieu à ce type d’actions réciproques et que cela rendrait le cessez-le-feu difficile, a lancé le responsable. Le jour où les Français ont annoncé leur décision, le Hamas s’est retiré de la table des négociations." Malgré tout, la soudaine prise de position des Émirats arabes unis a de quoi inquiéter Washington. Donald Trump, toujours en quête du prix Nobel de la paix, pourrait voir d’un mauvais œil un éventuel détricotage des accords d’Abraham, pierre angulaire de sa politique au Proche et Moyen-Orient lors de son premier mandat.

Outre le retrait de l’ordre du jour de cette question lors de la réunion évoquée par le Washington Post, Israël n’a toutefois rien laissé entendre sur sa volonté ou non de poursuivre son projet d'annexion. Toujours selon une source interrogée par le quotidien nord-américain, lors de cette concertation, le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, aurait malgré tout discuté de cette perspective d’expansion avec le Premier ministre israélien, faisant fi de l’actualisation du programme des échanges du jour. "Le moment est venu d’appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie (le nom employé par le pouvoir israélien pour désigner la Cisjordanie, NDLR)", avait exhorté mercredi le ministre des Finances, le suprémaciste Bezalel Smotrich, avant cet épisode.

Les Émirats arabes unis, dans une position délicate vis-à-vis d’Israël depuis le début du conflit à Gaza, entendent désormais peser sur les décisions du pouvoir de Benyamin Netanyahou. "Nous appelons le gouvernement israélien à suspendre ces plans [de colonisation], a précisé auprès de Reuters Lana Nusseibeh. Les extrémistes, quels qu’ils soient, ne peuvent être autorisés à dicter la trajectoire de la région. La paix exige du courage, de la persévérance et le refus de laisser la violence définir nos choix." Preuve des intérêts en jeu, y compris sur le plan économique, le pays du Golfe a notamment conclu en 2022 un accord de libre-échange avec Israël à la suite des accords d’Abraham, également signés par Bahreïn, le Maroc et le Soudan – ce dernier ne l'ayant toutefois jamais ratifié.

© AFP

Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich (à gauche), partisan d'une annexion de la Cisjordanie, avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Jérusalem, le 25 juin 2023.

Attaque massive sur l'Ukraine : Vladimir Poutine "ne prend pas la paix au sérieux", dénonce Keir Starmer

7 septembre 2025 à 14:29

Moscou déploie à nouveau toute sa puissance. Dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 septembre, la Russie a lancé sa plus grande attaque aérienne sur le territoire ukrainien depuis du conflit, en février 2022. Le siège du gouvernement à Kiev a été touché. Près d’un mois après le sommet bilatéral entre Donald Trump et Vladimir Poutine, le président russe semble loin de rendre les armes. Cette semaine, la "Coalition des volontaires" formée par les alliés de Kiev a pour sa part réaffirmé son soutien à l’Ukraine, assurant être prête à mettre en place des "garanties de sécurité" pour le pays quand la guerre prendrait fin.

⇒ La Russie a lancé l’attaque aérienne la plus massive contre l’Ukraine depuis le début du conflit

⇒ Le siège du gouvernement ukrainien à Kiev a été touché par une frappe

⇒ Volodymyr Zelensky enjoint la Slovaquie à arrêter d’acheter du pétrole russe

Les dernières frappes sur l'Ukraine montrent que Poutine "ne prend pas la paix au sérieux", dénonce Keir Starmer

Les dernières frappes "lâches" de la Russie contre l'Ukraine montrent que le président russe Vladimir Poutine "ne prend pas la paix au sérieux", a dénoncé dimanche le Premier ministre britannique Keir Starmer.

"Pour la première fois, le cœur du gouvernement civil ukrainien a été touché. Ces frappes lâches montrent que Poutine se croit impuni. Il ne prend pas la paix au sérieux. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons maintenir fermement notre soutien à l'Ukraine et à sa souveraineté", a affirmé le chef du gouvernement britannique dans une déclaration transmise par Downing Street.

La Russie "s'enferme toujours un peu plus dans la logique de la terreur", fustige Macron

"La Russie s'enferme toujours un peu plus dans la logique de la guerre et de la terreur", a dénoncé dimanche Emmanuel Macron après la plus grande attaque aérienne lancée par Moscou depuis le début du conflit en Ukraine.

Le président français a dénoncé sur X des frappes "de manière indiscriminée, y compris (sur) des zones résidentielles et le siège du gouvernement", assurant que la France continuera "à tout faire pour qu'une paix juste et durable l'emporte".

La Russie assure avoir seulement visé des sites militaires

La Russie a assuré dimanche avoir visé seulement des sites militaires et des infrastructures lors de bombardements en Ukraine, après que Kiev a affirmé que le bâtiment abritant le siège du gouvernement avait été touché.

L’armée russe "a frappé des sites du complexe militaro-industriel ukrainien et des infrastructures de transport", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

La Russie revendique la prise d'un village dans la région de Dnipropetrovsk

La Russie a revendiqué dimanche la prise d'un village dans la région de Dnipropetrovsk, dans le centre-est de l'Ukraine, où les forces de Moscou ont opéré une percée depuis juillet.

L'armée russe a pris le contrôle du "village de Khoroshe dans la région de Dnipropetrovsk", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

La Russie a lancé son attaque aérienne la plus massive contre l’Ukraine depuis le début de la guerre

Des centaines de frappes russes lancées sur plusieurs régions ukrainiennes. Dans la nuit de samedi 7 à dimanche 8 septembre, Moscou a mis en œuvre son attaque aérienne la plus massive depuis le début du conflit. Au total, au moins 805 drones et 13 missiles sur l’Ukraine durant la nuit – du jamais-vu depuis l’invasion du pays en février 2022. "Les unités de l’armée de l’air ont détecté et suivi 818 vecteurs d’attaque aérienne", a précisé l’armée de l’air ukrainienne sur Telegram. Les défenses aériennes ont abattu ou neutralisé 747 drones et quatre missiles, selon la même source.

Kiev a été une nouvelle fois visée, quelques jours seulement après une précédente salve de bombardements sur la ville, fin août. Outre un bâtiment gouvernemental, des immeubles résidentiels ont été endommagés. Deux personnes ont été tuées dans la capitale, dont une fillette âgée d’un an. Trois autres victimes sont aussi décédées dans les régions de Dnipropetrovsk (centre-est), Soumy (nord-est) et Zaporijjia (sud-est), selon les autorités locales ukrainiennes. "De tels massacres, aujourd’hui, alors qu’une véritable diplomatie aurait pu commencer depuis longtemps, constituent un crime délibéré et une prolongation de la guerre", a dénoncé sur X le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Since last night, work has been ongoing to eliminate the consequences of Russian strikes – more than 800 drones, 13 missiles, including 4 ballistic. According to preliminary information, several drones crossed the border of Ukraine and Belarus.

In Kyiv, ordinary residential… pic.twitter.com/CefQOopLtD

— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) September 7, 2025

Le siège du gouvernement à Kiev incendié après des attaques aériennes russes

Une partie du siège du gouvernement ukrainien a subi un incendie consécutif à la série de frappes aériennes russes ayant touché Kiev et plusieurs régions ukrainiennes la nuit dernière. Dans le centre-ville, un journaliste de l’AFP a vu de la fumée s’élever du bâtiment abritant le conseil des ministres, des hélicoptères lâchant de l’eau sur le toit. L’édifice touché est situé non loin des bâtiments de la présidence ukrainienne et du Parlement du pays. "Pour la première fois, le toit et les étages supérieurs du siège du gouvernement ont été endommagés à cause d’une attaque ennemie", a regretté sur Telegram la Première ministre ukrainienne, Ioulia Svyrydenko.

Fin août, une vague massive de drones et missiles russes sur Kiev avait fait plus de 25 morts et endommagé les locaux de la délégation de l’Union européenne ainsi que le bureau du British Council. Mais les bâtiments officiels de la capitale avaient dans l’ensemble été épargnés des bombardements, qui visent quotidiennement le territoire ukrainien depuis trois ans et demi. Outre les deux personnes tuées dans la capitale lors de cette vague de frappes, au moins 18 blessés ont été pris en charge à Kiev, d’après les secours.

Volodymyr Zelensky demande à la Slovaquie de cesser ses achats de pétrole russe

Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré le Premier ministre slovaque, le populiste Robert Fico, aux liens affichés avec le Kremlin. Le dirigeant a d’ailleurs rencontré il y a quelques jours Vladimir Poutine à Pékin (Chine), en marge d’un défilé militaire organisé par le président chinois Xi Jinping. La Slovaquie, comme la Hongrie, sont fournies en pétrole par Moscou via un oléoduc, récemment visé par des attaques ukrainiennes dénoncées par Bratislava et Budapest.

Après ce tête-à-tête organisé à Oujgorod, dans l’ouest de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky est resté ferme sur sa position. "Le pétrole russe, tout comme le gaz russe, n’a pas d’avenir", a-t-il répété, affirmant être prêt à "garantir la stabilité énergétique de la Slovaquie". Robert Fico, lui, a constaté les divergences de point de vue de son pays avec son voisin ukrainien et défendu ses contacts avec Vladimir Poutine. Il estime que les relations entre Moscou et l’UE seront "normalisées" après la fin du conflit.

© Handout / Official Telegram channel of Ukrainian Prime Minister Yulia Svyrydenko / AFP

Le siège du gouvernement ukrainien a subi un incendie après une série de frappes russes à Kiev (Ukraine), dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 septembre 2025, comme le montre cette photographie partagée par la Première ministre ukrainienne Ioulia Svyrydenko sur Telegram.

En Europe, les filles moins fortes dans les filières scientifiques ? Ce que révèle une étude

7 septembre 2025 à 09:30

Dès le cours préparatoire (CP), des inégalités d’apprentissage se forment entre les garçons et les filles. La dernière édition de l’étude Timss qui évalue les résultats des écoliers de CM1 et de 4e en maths et en sciences démontre ainsi un écart qui s’accentue entre garçons et filles dans les matières scientifiques. Toute l’Europe est touchée dans une certaine mesure mais le phénomène est particulièrement prégnant en France : non seulement les scores moyens des écoliers français sont en deçà de ceux de nos voisins, mais l’écart entre le score des garçons et celui des filles est parmi les plus élevé du monde.

Les écolières sont toujours derrière leurs camarades masculins dans les filières scientifiques.
Les écolières sont toujours derrière leurs camarades masculins dans les filières scientifiques.

Ces disparités précoces entraînent des inégalités à l’âge adulte : dans certains pays européens comme l’Allemagne, la Belgique ou l’Autriche, moins de 30 % des femmes diplômées du supérieur l’ont été dans un domaine scientifique. Du côté des meilleurs élèves, on retrouve la Pologne, la Roumanie ou encore le Liechtenstein qui a largement investi dans la numérisation des écoles et l’enseignement des bases informatiques dès le plus jeune âge.

Réduire ce retard des écolières dans les domaines scientifiques est déterminant. En effet, les pays ou l’écart est le moins important dans les résultats de l’étude Timss sont aussi souvent des pays qui obtiennent les scores globaux élevés.

Les pays européens ne sont pas égaux quant à la part de femmes diplômées dans les filières scientifiques.
Les pays européens ne sont pas égaux quant à la part de femmes diplômées dans les filières scientifiques.

Pour tenter de remédier à cette situation, de nombreux organismes ont pris des initiatives. En Pologne par exemple, l’organisation non gouvernementale Perspektywy a créé le programme "Girls As Engineers !" qui parraine environ 200 000 lycéennes et étudiantes et les invite à participe à diverses activités. La Commission européenne finance des formations spécifiques via le programme "Girls Go Circular" tandis que le ministère de l’Education français a adopté en mai dernier, plusieurs mesures pour lutter contre les stéréotypes de genre et encourager les jeunes filles à poursuivre des études scientifiques. Ce plan, sobrement baptisé "Filles et maths" a été déployé dans les économies volontaires en cette rentrée 2025. Une généralisation est prévue à la rentrée 2026.

© afp.com/Bertrand GUAY

Les élèves entrent à l'école primaire publique Vigée-Lebrun pour le premier jour de classe à Paris le 1er septembre 2025
Reçu hier — 6 septembre 2025L'Express

Entre les Etats-Unis et le Venezuela, la lutte antidrogue vire à la confrontation militaire ouverte

6 septembre 2025 à 17:34

La tension continue de monter à vitesse grand V entre le Venezuela et les États-Unis. Et avec elle, le renforcement de la puissance militaire américaine dans le sud de la mer des Caraïbes. L’escalade a culminé mardi 2 septembre par une frappe contre un bateau de trafiquants de drogue parti du Venezuela, selon Washington, tuant 11 trafiquants. Loin de chercher l’apaisement, les secrétaires américains Pete Hegseth et Marco Rubio ont d’ores et déjà annoncé d’autres frappes dans les semaines à venir dans le cadre d’une campagne antidrogue et antiterroriste.

🇺🇸 ON VIDEO: U.S. Military Forces conducted a strike against Tren de Aragua Narcoterrorists. The strike occurred while the terrorists were at sea in International waters transporting illegal narcotics, heading to the U.S. The strike resulted in 11 terrorists killed in action. pic.twitter.com/iszHE0ttxQ

— The White House (@WhiteHouse) September 2, 2025

Jeudi 4 septembre, deux F-16 armés du gouvernement vénézuélien de Nicolás Maduro ont frôlé un destroyer américain, intensifiant les tensions. Un vol qualifié vendredi d'"hautement provocateur" par le Pentagone, qui a, en réponse, envoyé le jour même dix chasseurs furtifs F-35 à Porto Rico, prêts à contrer de nouveaux survols ou à mener des frappes contre des cibles sur le territoire même du Venezuela, si Donald Trump le décide.

Pourquoi les États-Unis mobilisent-ils des navires et des avions militaires ?

En juillet, Donald Trump a signé une directive secrète autorisant l’usage de la force militaire contre certains cartels latino-américains que son administration a récemment qualifiés de "terroristes". Peu après, son administration a désigné un groupe criminel vénézuélien comme organisation terroriste dirigée par Nicolás Maduro. Le Pentagone a alors déployé navires et avions pour surveiller et frapper ces cibles présumées. Une rupture nette avec la pratique habituelle consistant à intercepter et arraisonner les navires soupçonnés de trafic dans les eaux internationales, sous autorité de la Garde côtière.

Au cours de l’été, huit navires de guerre, plusieurs avions de surveillance P-8 et un sous-marin d’attaque ont été mis en place, selon le Pentagone. Le groupe amphibie Iwo Jima, transportant 4 500 marins et équipé d’avions d’attaque Harrier, naviguait près de Porto Rico avec la 22e unité expéditionnaire des Marines, soit 2 200 soldats.

Deux destroyers, l’U.S.S. Jason Dunham et l’U.S.S. Gravely, opèrent eux aussi dans le sud des Caraïbes. Le troisième destroyer U.S.S. Sampson pourrait bientôt se joindre, selon les sources du New York Times. Ces bâtiments sont équipés de plus de 90 missiles, y compris des missiles surface-air. Le croiseur Lake Erie et le navire Minneapolis-St. Paul opèrent également dans les Caraïbes.

Donald Trump veut-il renverser Maduro ?

Nicolás Maduro a promis de répondre à toute action américaine par un "combat armé", dénonçant "la plus grande menace en 100 ans" et évoquant huit navires armés de 1 200 missiles dirigés contre son pays. Le président vénézuélien a également annoncé le déploiement de 4,5 millions de miliciens, jurant de défendre "mers, cieux et terres" contre toute incursion.

"Le Venezuela a toujours été disposé à discuter, à dialoguer, mais nous exigeons du respect", a-t-il ajouté dans une déclaration diffusée sur toutes les chaînes du pays, peu de temps après l'avertissement américain vendredi. "Aucun des différends que nous avons et que nous avons eus [avec les Etats-Unis] ne justifie un conflit militaire", affirme-t-il, tentant de jouer l'apaisement. Il accuse Marco Rubio de vouloir piéger Donald Trump dans une guerre nuisible à son image. "Monsieur le Président, Donald Trump", a déclaré le dirigeant vénézuélien plus tôt cette semaine, "attention, car M. Rubio veut ensanglanter vos mains".

Certains observateurs estiment que l’objectif réel de Donald Trump pourrait être le renversement de Nicolás Maduro. Interrogée sur une éventuelle intervention terrestre, la porte-parole de la Maison-Blanche a récemment qualifié le président vénézuélien d’illégitime, rappelant son inculpation par la justice américaine pour trafic de drogue aux États-Unis. Donald Trump, a-t-elle affirmé, est "prêt à utiliser tous les éléments de la puissance américaine pour empêcher la drogue d’inonder notre pays et traduire les responsables en justice. Le régime Maduro n’est pas le gouvernement légitime du Venezuela. C’est un cartel narco-terroriste".

Selon des responsables militaires qui se confient au New York Times, l’armée américaine juge actuellement sa force insuffisante pour mener une invasion au Venezuela. "Mais les commandants des opérations spéciales affirment que des commandos pourraient lancer des raids ciblés ou des missions de capture ou d’élimination depuis les navires de la Marine", affirme le journal américain. Une telle frappe marquerait une escalade majeure. Alors que Washington a averti Caracas de ne pas entraver ses opérations militaires, le président vénézuélien menace quant à lui de répondre à une attaque armée au Venezuela par une "rébellion maximale".

© afp.com/FEDERICO PARRA, JIM WATSON

Selon les sources du New York Times, des des raids ciblés pourraient être menés par l'armée américaine en territoire vénézuélien.

Le fiasco de cette mission américaine top secrète en Corée du Nord, qui aurait pu déclencher une guerre

6 septembre 2025 à 13:47

La meilleure équipe de SEALs au monde, des mini-sous-marins, un dispositif d’écoute inédit… Et un fiasco total, qui aurait pu déclencher une guerre nucléaire. "Je ne sais rien à ce sujet. C’est la première fois que j’en entends parler", a réagi publiquement Donald Trump vendredi 5 septembre, interrogé au sujet de cette mission top secrète des forces spéciales américaines en Corée du Nord remontant à 2019, révélée par le journal américain New York Times (NYT) le même jour. Cette opération, qui avait mal tourné, avait alors mené à la mort de plusieurs Nord-Coréens non armés.

Le journal, à l’origine de ce récit reconstitué grâce à une vingtaine d’entretiens avec des sources anonymes accréditées à très haut niveau, relate dans un article de 13 pages comment par une nuit de l’hiver 2019, un groupe de Navy Seal (les forces spéciales de la marine de guerre américaine) a accosté une côte rocheuse de Corée du Nord. "Ils étaient en mission top secrète, si complexe et si lourde de conséquences que tout aurait dû se dérouler parfaitement", résume l’auteur.

L’objectif américain : implanter un dispositif électronique qui permettrait aux États-Unis d’intercepter les communications du dictateur Nord-Coréen, Kim Jong-un, en pleines négociations sur le nucléaire avec le président américain Donald Trump. Une manière de combler un angle mort stratégique pour les Etats-Unis, qui avaient constaté au fil des années précédentes l’impossibilité de recruter des sources de renseignement au sein de l’appareil nord-coréen, ou d’intercepter des communications de l’État insulaire.

Alors que les décisions de Kim Jong-un et sa relation avec Donald Trump étaient devenues plus imprévisibles et dangereuses que jamais, comprendre la logique nord-coréenne apparaissait à cette période comme une priorité absolue pour le gouvernement Trump, en particulier durant ces négociations ultrasensibles. Si cette mission pouvait fournir aux Etats-Unis un avantage stratégique sans-précédent, la manœuvre, si elle était détectée, pouvait également résulter en une prise d’otage, voire en l’escalade d’un conflit avec un ennemi doté de l’arme nucléaire et hautement militarisé.

Selon l’illustre journal américain, très peu de personnes, hormis le président américain qui l’aurait approuvée lui-même malgré ses démentis, avaient jusqu’ici connaissance de cette mission. Car non seulement l’opération n’a jamais été publiquement reconnue ni évoquée par la Corée du Nord ou les Etats-Unis auparavant, mais "l’administration Trump n’a informé ni avant ni après la mission les principaux membres du Congrès qui supervisent les opérations de renseignement. Cette absence de notification pourrait constituer une violation de la loi", affirme le NYT.

Mini-sous-marins et commando d’élite

En 2018 pourtant, les relations entre les deux nations semblaient s’apaiser. La Corée du Nord venait de suspendre ses essais nucléaires et balistiques, et les deux pays avaient enfin entamé des négociations. Mais les intentions du dictateur restaient trop opaques insondables pour l’administration américaine. C’était sans compter sur l’ingénuité des agences de renseignement américaines, pour qui la solution était toute trouvée : installer un appareil électronique capable d’intercepter les communications directes de Kim Jong-un. Mais qui pour fonctionner, nécessitait d’être planté sur place par un agent américain. Le plan prévoyait donc l’entrée clandestine en Corée du Nord de deux petites équipes de SEALS via un sous-marin américain à propulsion nucléaire déployé en eaux territoriales nord-coréennes, puis à l'aide de deux mini-sous-marins silencieux de la taille d’une orque pour atteindre le rivage et la zone visée.

L’opération nécessitait les meilleurs. C’est donc l’escadron rouge de la SEAL Team 6, la même unité responsable de la mort d’Oussama ben Laden, qui fut choisie pour la mener. L’opération fut préparée durant des mois, mais les obstacles furent nombreux. Plus habitués aux raids éclair dans des pays comme l’Afghanistan et l’Irak, les SEALs devaient cette fois, avant même d’atteindre les terres nord-coréennes, survivre pendant près de deux heures immergés dans une eau à 4 °C grâce à des combinaisons de plongée chauffantes. Puis, le groupe de huit soldats largués près de la plage devait nager jusqu’à la plage, armés, se faufiler entre les forces de sécurité terrestres pour atteindre la cible, réaliser une installation technique précise de l’appareil et d’écoute, et enfin s’échapper sans être repérés.

Le tout sans aucune surveillance par drone de leur centre de commandement et aucune écoute déjà mise en place des militaires ennemis, et donc, quasiment à l’aveugle. "Les planificateurs de la mission avaient tenté de compenser l’absence de vidéo aérienne en direct en passant des mois à observer les allées et venues des habitants de la zone. Ils avaient étudié les habitudes de pêche et choisi une période où la circulation des bateaux serait faible. Les renseignements suggéraient que si les SEALs arrivaient silencieusement au bon endroit, au cœur de la nuit hivernale, ils auraient peu de chances de rencontrer qui que ce soit", raconte le NYT.

Un petit bateau dans l’obscurité

Ça, c'est ce qui était prévu, mais trois erreurs décisives se sont enchaînées. La première a eu lieu alors que les SEALs s'approchaient du rivage dans des eaux claires et peu profondes. Les deux mini sous-marins étaient censés se poser dans le fond de l'eau dans la même direction, mais l'un est allé trop loin et a dû faire demi-tour, se garant ainsi dans le sens opposé à l'autre. "Le temps étant compté, le groupe a décidé de libérer l'équipe à terre et de corriger le problème de stationnement plus tard", raconte le NYT.

Les SEALs, équipés d'armes intraçables, sont donc sorties et ont commencé à nager silencieusement. Malgré leurs lunettes de vision nocturne conçues pour détecter la chaleur, les membres de la Team 6 n'ont d'abord rien remarqué. C'est la deuxième erreur, car à quelques mètres de là, flottait dans l'obscurité un petit bateau nord-coréen, balayant l'eau à l'aide de torche pour scruter les environs.

Alors que les SEALs atteignaient le rivage, les pilotes des deux mini sous-marins en profitaient pour repositionner les appareils pour les orienter dans la même direction, comme il était convenu. Troisième erreur. Lors des débriefings menés après l’opération, certains SEALs ont spéculé que le sillage du moteur avait pu attirer l'attention du sous-marin nord-coréen. C'est à ce moment que les équipes à terre ont repéré l'embarcation nord-coréen, la voyant se diriger droit sur les deux sous-marins, où les pilotes attendaient le retour des commandos.

Les Nord-Coréens braquaient leurs lampes torches et parlaient comme s’ils avaient remarqué quelque chose. Sans aucun moyen de communication entre l’équipe à terre et les pilotes, impossible de les prévenir. Incapable d’identifier le bateau comme une embarcation de pêcheur ou un hors-bord militaire, le groupe à terre était confronté à un choix crucial, qui sauverait ou mettrait en péril le reste de cette mission ultrasensible. "Tandis que l’équipe à terre observait l’embarcation nord-coréenne dans l’eau, le chef de la mission ajusta son fusil sans un mot et tira. Les autres SEAL firent de même instinctivement", poursuit le NYT.

Plus le temps d'installer l’engin de surveillance : les forces de sécurité nord-coréennes pouvaient arriver à tout moment, et en les identifiant, faire remonter à leur hiérarchie une information capable de déclencher une guerre entre les Etats-Unis, et un adversaire disposant d’environ 8 000 pièces d’artillerie et de lance-roquettes pointés sur les quelque 28 000 soldats américains présents en Corée du Sud, ainsi que de missiles à capacité nucléaire pouvant atteindre les États-Unis. Le plan prévoyait donc qu'ils abandonnent immédiatement leur mission s'ils rencontraient le moindre obstacle.

Fin des négociations entre Pyongyang et Washington

L’équipe à terre décida de nager jusqu’au bateau pour s’assurer que tous ses passagers étaient morts. Ils n’y trouvèrent ni arme, ni uniforme, seulement quelques indices supposant que l'équipage, décimé à présent, devait être composé de civils pêchant des coquillages. Ils coulèrent les corps pour les dissimuler aux autorités nord-coréennes, avant de regagner à la nage les mini-sous-marins et de rejoindre le sous-marin nucléaire qui s’était approché pour les récupérer.

Si tous les militaires américains sont sortis indemnes de cette opération à haut risque, les satellites américains ont détecté immédiatement après la mission une recrudescence de l’activité militaire nord-coréenne dans la région, selon les déclarations issues de responsables américains auprès du New York Times. La Corée du Nord n'ayant jamais fait aucune déclaration publique à propos de ces décès, impossible de savoir si les Nord-Coréens ont pu reconstituer les faits et les responsabilités.

En 2019, Donald Trump a fait des avances personnelles à Kim Jong-un, poussant pour une avancée décisive des discussions. Mais ces négociations ont échoué et le programme nucléaire nord-coréen s’est accéléré. Le gouvernement américain estime que la Corée du Nord dispose désormais d’une cinquantaine d’armes nucléaires et du matériel pour en produire 40 autres, ainsi que de missiles capables d’atteindre la côte ouest des Etats-Unis. Kim Jong-un s’est engagé à poursuivre l’expansion "exponentielle" de son programme nucléaire afin de dissuader ce qu’il appelle "les provocations américaines".

La première administration Trump n'a jamais informé les commissions parlementaires chargées de superviser les activités militaires et de renseignement de cette mission, ni avant, ni après, selon le New York Times. Des investigations militaires - classées top secret - sur l'opération ont conclu que les meurtres étaient justifiés et que son échec était lié à une succession d'événements malheureux qui n'auraient pas pu être prévus ou évités, précise le journal.

© afp.com/-

L'opération de 2019 comprenait l'approche de la côte nord-coréenne à bord d'un sous-main à propulsion nucléaire américain.

Joël Rubinfeld : "Nous sommes la dernière génération juive à vivre en Belgique"

6 septembre 2025 à 12:00

Il ne fait plus bon être juif en Belgique. De nombreux juifs pratiquants, y compris le grand rabbin de Bruxelles, Albert Guigui, préfèrent sortir dans la rue la tête couverte d’une casquette plutôt qu’une kippa, de peur d’être insultés ou agressés. Un écrivain a été acquitté après qu’il a fait part dans une chronique de son "envie d’enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque juif qu'(il) rencontre". Le tribunal de Gand a estimé le 11 mars que le propos d’Herman Brusselmans n’enfreignait nullement la législation réprimant le racisme et le négationnisme. A Bruxelles, des pavés de mémoire rappelant le souvenir de victimes de la Shoah ont été tagués d’un "Gaza" rageur. Chaque jour depuis les massacres du Hamas du 7 octobre 2023, des manifestants se réunissent dans la capitale pour réclamer la création d’une Palestine "libre du fleuve (Jourdain) à la mer".

En août, les étudiants du master 2 de droit et criminologie de l’Université libre de Bruxelles (ULB) se sont choisis comme marraine de promotion l’eurodéputée française Rima Hassan (LFI), elle qui a déclaré que l’action du Hamas était "légitime du point de vue international". Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme et ancien président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, nous expose son analyse lucide de la situation et prédit la quasi-disparition, à terme, de la communauté juive du royaume. Entretien.

L'Express : Que nous dit l’affaire Rima Hassan de la Belgique aujourd’hui ?

Joël Rubinfeld : D’abord, que l’Université libre de Bruxelles, l’ULB, a basculé. Elle qui incarnait les lumières a rejoint les ténèbres. Elle a été fondée en 1834 par des libéraux francs-maçons et libres penseurs, en réaction à l’université catholique. Le slogan non officiel, mais le plus connu, de l’ULB, était "à bas la calotte". Aujourd’hui, ce slogan pourrait être "vive le voile". Il faut comprendre que parmi les étudiants de la promotion 2025 de droit et de criminologie, qui ont choisi Rima Hassan comme marraine, il y a ceux qui, demain, en tant que magistrats, auront à juger les affaires d’antisémitisme en Belgique…

Pourtant, bien que je sois partisan de la tolérance zéro, je ne me suis pas élevé publiquement contre cette décision avalisée par le conseil de l’université. Car je trouve que l’incident permet une clarification nécessaire sur le changement de paradigme que nous vivons depuis le 7-Octobre (NDLR : les massacres du Hamas en Israël). L’ULB traduit très bien le changement que nous vivons, qui concerne les juifs dans leur ensemble. Elle qui fut à la pointe du progressisme est aujourd’hui au cœur du nouvel antisémitisme.

Quel est l’impact de ces incidents sur la communauté juive de Belgique ?

Je pense que nous sommes la dernière génération juive à vivre en Belgique. Les jeunes partent, les vieux restent et ils finiront par mourir. Dans 25 ans, il restera peut-être 2 000 à 3 000 juifs seulement dans le royaume, contre environ 30 000 aujourd’hui… Nous avons vécu une période d’accalmie de 80 ans mais la fenêtre est en train de se refermer. Ce que nous vivons, mon père l’a vécu, et avant lui mon grand-père. Chacun d’eux a dû quitter son pays de naissance. Pourquoi notre génération serait-elle privilégiée ? Je vois cependant une différence. Quand mon père a reçu à 13 ans, en 1942, un rouleau d’étoiles jaunes à coller sur ses vêtements, il n’avait nulle part où aller. Aujourd’hui c’est différent. L’État d’Israël est aussi un refuge pour les juifs.

Dans quelle mesure le système politique belge favorise-t-il, selon vous, la passivité de l’État face à l’antisémitisme ?

Je dois d’abord souligner qu’il existe quand même des politiques belges qui se dressent contre l’antisémitisme. Je pense surtout à Georges-Louis Bouchez, le chef du Mouvement réformateur (NDLR : le parti libéral francophone). Il est aujourd’hui l’ultime rempart, l’ultime bouclier des Belges juifs.

A-t-il un équivalent côté flamand ?

Je pourrais citer Bart De Wever (NDLR : le Premier ministre belge et ancien maire d’Anvers) mais avec des réserves car son parti, la N-VA (NDLR : nationaliste flamand), est malheureusement divisé sur le sujet.

Et les autres politiciens du royaume ?

En Belgique, nous comptons très peu d’hommes d’État qui pensent à la prochaine génération. La plupart de nos politiques pensent à la prochaine élection. En outre, ils ont souvent une vision raciste : pour résumer, ils considèrent leurs compatriotes juifs comme des Israéliens et leurs compatriotes musulmans comme des Palestiniens. Ils savent qu’en Belgique, il y a 30 000 citoyens juifs et probablement autour de 900 000 citoyens musulmans. Dans l’électorat, le rapport est ainsi d’environ 30 musulmans pour un juif. La lutte contre l’antisémitisme rassemble les gens motivés par l’éthique, pas ceux qui se laissent gouverner par l’arithmétique.

Ceux-ci sacrifient les juifs sur l’autel de l’électoralisme. Car être antisémite sans en avoir l’air est devenu un atout électoral dans la capitale de l’Europe. Et à mes yeux, la plus grande trahison politique est celle du Parti socialiste. Ce parti qui fut sincèrement engagé dans la lutte contre l’antisémitisme il y a 40 ou 50 ans est devenu l’une des principales courroies de transmission de l’antisémitisme contemporain. L’accusation est lourde mais je l’assume. Ce parti n’a d’ailleurs pas seulement trahi les juifs mais aussi un des socles fondateurs du socialisme belge, la laïcité.

Il y a aussi des accusations qui visent les écologistes…

Certes, mais venant d’eux cela ne m’étonne pas, ils n’ont jamais varié dans leur communautarisme, ils sont gangrenés par l’islamisme. Quant aux communistes, ils ont toujours été ontologiquement antisémites. Il suffit de se rappeler des écrits de Karl Marx ou de Joseph Proudhon sur les juifs. Mais le Parti socialiste belge, lui, fut naguère un grand parti humaniste… Je prédis que ses dirigeants se souviendront un jour de l’avertissement lancé par le révolutionnaire français Pierre Victurnien Vergniaud avant de mourir sur l’échafaud : que la révolution finit toujours, comme le dieu Saturne dans la mythologie romaine, par dévorer ses propres enfants. Ils vont l’expérimenter à leurs dépens.

Que disent les statistiques officielles qui mesurent l’antisémitisme ?

Nous avons un organisme para-étatique, Unia, qui traite tout ce qui a rapport à l’antisémitisme, au racisme, mais aussi aux discriminations en général, ce qui malheureusement dilue la question de la lutte contre l’antisémitisme. Unia assume parfois son rôle lorsque l’auteur de l’acte antisémite est un mâle blanc, chrétien, de plus de 50 ans.

Mais dès qu’il s’agit du nouvel antisémitisme issu de la communauté musulmane, je ne sais pas si c’est par mauvaise volonté ou par complicité, mais disons qu’ils ne sont pas très efficaces pour appréhender le problème. Ils recensent moins de 100 incidents par an. Pourtant, tous les jours, depuis 2023, des manifestants se rassemblent devant la Bourse de Bruxelles, pour scander "de la rivière à la mer", slogan qui implique la destruction d’Israël. Ça, l’Unia ne l’intègre pas dans ses chiffres. C’est un jeu de dupes. Au niveau gouvernemental, il n’y a pas de volonté de prendre ce problème à bras-le-corps.

La décision du gouvernement, début septembre, de reconnaître sous conditions l’État palestinien, contribue-t-elle à échauffer les esprits ?

Cette décision ressemble au tableau de Magritte montrant une pipe avec l’inscription : "Ceci n’est pas une pipe". Le gouvernement nous dit que ce n’est pas une reconnaissance officielle mais en même temps, que c’en est une. Et à la fin de son communiqué, il écrit : "Et nous nous engageons à renforcer la lutte contre l’antisémitisme" ! Ce n’est pas crédible. Le nouvel antisémitisme a beau se déguiser sous le couvert de l’antisionisme, c’est toujours la même haine, cette même vieille passion triste avec laquelle on n’a toujours pas rompu… Car le sionisme, c’est tout simplement le droit à l’autodétermination du peuple juif sur sa terre ancestrale. Ça se limite à ça. Donc, à partir du moment où on est contre, effectivement, on est antisémite. Et depuis le point de bascule du 7-Octobre, j’ai l’impression que les juifs n’ont plus leur place en Belgique, et peut-être aussi en France d’ailleurs. Mais au moins, en France, vous avez certains médias où il est encore possible de s’exprimer. En Belgique, c’est devenu presque impossible !

Pourquoi dites-vous que les médias belges, en particulier l’audiovisuel public francophone (RTBF), minimisent le phénomène ?

Avant le 7-Octobre, il n’y avait pas une semaine où je n’étais pas soit interviewé, soit publié dans un des médias belges. C’est fini. C’est comme si j’avais été placé sur une liste noire. Il faut savoir que dans nos médias, il y a trois catégories de journalistes : une petite minorité de vrais antisémites, qui vont déverser toute leur haine des juifs, sur l’État juif. Puis une partie plus significative, formée de militants de gauche ou d’extrême gauche. Et enfin la plus grosse partie, les conformistes, qui n’osent pas dire un mot s’écartant de la doxa officielle, car ils pourraient se faire taper sur les doigts et leur carrière pourrait en pâtir. Et ces gens-là composent la chaîne publique qui informe la population belge sur les affaires nationales et internationales ! C’est inquiétant.

A vous écouter, toutes les grandes institutions du royaume, la justice, l’université, les médias publics, la classe politique, etc. sont unies pour détourner les yeux de l’antisémitisme ?

En fait, il n’y a pas de contre-pouvoir. Aux gens qui m’interrogent pour comprendre ce que nous sommes en train de vivre, je leur conseille de lire 1984, le roman d’Orwell. C’est exactement à ça qu’on a affaire : au ministère de la vérité, à la police de la pensée. C’est effrayant, c’est un totalitarisme soft. Et nous sommes vulnérables, parce que nous les Belges avons une tradition de la docilité, du compromis, de la bonhomie. Et Bruxelles est ciblée par les islamistes parce qu’elle est la Washington de l’Europe. Ce n’est pas pour rien que Mohammed Khatib, le coordinateur européen de Samidoun (NDLR : une organisation pro-palestinienne radicale, interdite en Allemagne), s’est établi en 2015 à Bruxelles. Voilà pourquoi je m’inquiète pour les Belges dans leur ensemble, pas seulement pour les Belges juifs, car ceux-ci ont déjà compris ce qu’il se passe et sont mieux préparés à le gérer.

© afp.com/Alex MARTIN

Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme et ancien président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, nous expose son analyse lucide.

L'armée israélienne détruit une nouvelle tour à Gaza-ville, qu'elle appelle à évacuer

6 septembre 2025 à 15:55

L'armée israélienne a détruit samedi une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza, dont elle a appelé la population à partir vers une zone qu'elle a déclarée "humanitaire", en prévision d'un assaut au sol à près de 23 mois de guerre.

Tsahal a appelé samedi matin les habitants de la ville de Gaza à l'évacuer vers une zone déclarée "humanitaire" plus au sud, en prévision d'un assaut au sol sur cette agglomération, la plus grande du territoire palestinien dévasté par près de 23 mois de guerre. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de Tsahal, a lancé cet appel sur les réseaux sociaux alors que l'ONU, qui estime à environ un million les résidents de la région, a averti d'un "désastre" à venir en cas d'expansion de l'offensive sur Gaza-ville.

L'armée a ensuite annoncé avoir frappé une tour -identifiée par des témoins auprès de l'AFP comme la tour Soussi- dans un périmètre du sud-ouest de la ville qu'elle avait appelé un peu plus tôt à évacuer, au lendemain du bombardement d'un bâtiment similaire. "Nous continuons", a écrit sur X le ministre de la Défense, Israël Katz, reprenant une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et montrant le bâtiment d'une quinzaine d'étages s'effondrer dans un grand nuage de poussière.

L'armée israélienne, qui dit contrôler environ 75 % de la bande de Gaza et 40 % de cette agglomération, affirme vouloir s'en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu'il retient encore. L'appel à évacuer intervient après que le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient "en négociation approfondie avec le Hamas", dont l'attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre. "Nous leur disons: Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement", sinon "ça va être terrible", a-t-il dit.

M. Trump a également avancé que certains des otages pourraient être "morts récemment". L'armée israélienne estime à ce stade que 25 des 47 captifs restants à Gaza - sur 251 enlevés le 7-Octobre - sont morts.

Le mouvement islamiste palestinien avait donné son accord en août à une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Egypte, Etats-Unis et Qatar). Le gouvernement de Benyamin Netanyahou exige qu'il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza.

"L'armée ment"

Dans son message, le colonel Adraee précise que pour "faciliter le départ des habitants" de la ville de Gaza, le secteur côtier d'Al-Mawasi, dans le sud du territoire, est déclaré "zone humanitaire". Selon l'armée, cette zone comprend des "infrastructures humanitaires essentielles", et est approvisionnée "en nourriture, tentes, médicaments et équipements médicaux".

Depuis le début de la guerre, qui a ravagé la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20 % du territoire selon l'ONU, l'armée a souvent bombardé des zones déclarées "humanitaires" et "sûres", affirmant y viser des combattants du Hamas. "L'armée ment aux gens, quand nous allons chercher de l'aide (...) ils ouvrent le feu", s'indigne Abdelnasser Muchtaha, 48 ans, déplacé à l'ouest de la ville de Gaza après avoir quitté son quartier pilonné de Zeitoun. Il affirme vouloir "pour l'instant" rester sur place. Déja déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, assène que la zone n'est "ni humanitaire ni sûre". "C'est là qu'il y a chaque jour le plus de martyrs, il n'y a pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d'eau, pas d'assainissement, pas d'aide alimentaire", dit-il.

Vendredi, l'armée israélienne a encore intensifié ses opérations dans la ville de Gaza bombardant, après un appel à évacuer, une tour d'immeuble dans le centre, qui s'est écroulée comme un château de cartes. Selon l'armée, le Hamas y avait installé "des infrastructures" pour "préparer et mener des attaques" la visant. Elle avait auparavant prévenu qu'elle ciblerait "dans les jours qui viennent" des "infrastructures terroristes", en particulier dans des tours d'immeubles. Le Hamas a rejeté comme "des prétextes fallacieux et des mensonges éhontés" les affirmations d'Israël selon lesquelles il utilisait ces bâtiments.

"Propagande diabolique"

La Défense civile du territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait état de 42 personnes tuées vendredi par des tirs ou bombardements israéliens, dont la moitié dans la ville de Gaza. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile.

Le Hamas a dans le même temps diffusé une vidéo montrant deux otages - Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel - au moment où les proches et soutiens de ces captifs se mobilisaient à travers Israël pour marquer leurs 700 jours de détention et réclamer leur retour. La séquence montre M. Gilboa-Dalal demandant à M. Netanyahou de ne pas mener d'offensive dans la ville de Gaza. "Aucune vidéo de propagande diabolique ne nous affaiblira ni n'émoussera notre détermination", a réagi le Premier ministre israélien, après s'être entretenu avec les parents des deux hommes, selon son bureau.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 64 300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

© afp.com/Eyad BABA

Des Palestiniens fuyant vers le sud sur la route côtière près du camp de réfugiés de Nusseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 5 août 2025

Donald Trump accueillera le sommet du G20 dans l'une de ses propriétés américaines en 2026

6 septembre 2025 à 10:36

Le sommet des dirigeants du G20 2026 aura lieu à Miami en Floride, a annoncé vendredi Donald Trump. "Nous ne gagnerons pas du tout d'argent avec ça", a assuré le dirigeant républicain en faisant valoir que le site retenu pour l'an prochain, le "Trump National Doral Miami", était "le meilleur endroit". Pendant son premier mandat (2017-2021), il avait voulu accueillir un sommet du G7 au même endroit mais avait reculé face à une vague d'accusations de corruption. "Ce sera vraiment magnifique", a assuré le milliardaire de 79 ans pendant un échange avec la presse dans le bureau Ovale, faisant valoir que la propriété était proche de l'aéroport et assurant que "chaque pays aurait son propre bâtiment".

Donald Trump a aussi dit qu'il "aimerait" que les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping participent à ce rassemblement l'an prochain. La présidence tournante du G20, qui rassemble les plus puissantes économies mondiales, est assurée cette année par l'Afrique du Sud.

Promouvoir les intérêts économiques de la famille Trump

Donald Trump avait déclaré fin juillet qu'il ne se rendrait "probablement pas" au rassemblement de chefs d'Etat et de gouvernement prévu en novembre dans ce pays qu'il accuse de persécuter les personnes blanches. Il a confirmé cette décision vendredi. "J.D. (Vance) ira", a déclaré le président américain, "je n'irai pas."

Donald Trump est accusé par l'opposition démocrate de profiter de son retour au pouvoir pour promouvoir les intérêts économiques de sa famille dans divers secteurs, qu'il s'agisse de l'immobilier ou des cryptomonnaies. Formellement, le président américain n'est plus impliqué dans les affaires familiales, désormais gérées principalement par ses fils.

© afp.com/Mandel NGAN

Donald Trump évoque le G20 en 2026 en Floride à la Maison Blanche, le 5 septembre 2025

Avec son "ministère de la Guerre", Donald Trump veut envoyer un message "de force"

6 septembre 2025 à 10:20

"Les mots comptent", a déclaré le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le bureau Ovale, assurant que cette nouvelle appellation - du ministère de la Défense en "ministère de la Guerre" - devait permettre de "restaurer une éthique guerrière", le président déclarant lui-même vouloir envoyer un "message de victoire" et "de force" au reste du monde.

Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation "supplémentaire", selon un document distribué dès jeudi par la Maison-Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait "plus clair" au fur et à mesure de sa mise en place.

Peu après la signature du décret présidentiel, les mots "ministère de la Défense" ont été immédiatement retirés d'un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme "ministre de la Guerre" sur X. "Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès", a prévenu Donald Trump. "Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu'ils aient besoin de le faire."

"Trop défensif"

Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d’étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier.

Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. "Défense, c'est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs", a déclaré celui qui aspire toujours au prix Nobel de la paix. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l'armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires.

Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d'une dérive autoritaire.

Contre le "politiquement correct"

Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l'armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l'a qualifié d'"aspirant dictateur". Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat.

Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s'entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d'un discours viriliste et d'opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l'objectif de l'armée américaine était d'atteindre "une létalité maximale, pas une létalité tiède". Il a dit vouloir aller à l'encontre du "politiquement correct".

© AFP

(ARCHIVES) Vue du Pentagone le 13 décembre 2024, à Washington, DC. Le président Donald Trump va changer le nom du ministère de la Défense en « ministère de la Guerre », a annoncé la Maison Blanche le 4 septembre 2025, après que le dirigeant américain ait suggéré à plusieurs reprises un changement d'image afin de projeter une image plus puissante. Trump signera un décret autorisant l'utilisation du nom « Département de la Guerre » comme « titre secondaire » pour ce vaste département, selon un document de la Maison Blanche, son titre officiel étant établi par le Congrès. (Photo de Daniel SLIM /’AFP)

Avant Trump et Poutine, ces duos de dirigeants russes et américains qui ont écrit l’histoire

6 septembre 2025 à 09:00

Donald Trump et Vladimir Poutine forment un étonnant duo : parfois très alignés, et à d’autres moments en totale opposition. A l’image de ce tandem, les liens entre dirigeants russes et américains ont défini les trajectoires des deux pays et du monde, depuis Franklin Roosevelt et Joseph Staline. De la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la fin de la guerre froide, La Loupe brosse le portrait de quatre binômes et de leur influence, avec Andreï Kozovoï, professeur à l’Université de Lille, spécialiste des relations internationales, auteur du livre Les services secrets russes, des tsars à Poutine (Tallandier).

Episode 1 : Kennedy et Khrouchtchev, un réchauffement fragile

Ils sont à l’origine du fameux "téléphone rouge". Une ligne de communication directe entre le Kremlin et la Maison-Blanche créée en 1963 après la crise des missiles de Cuba. Dans ce premier épisode, la Loupe revient sur cet événement qui avait placé le monde au bord du précipice nucléaire.

Episode 2 : Entre Brejnev et Nixon, la détente

"Docteur Jekyll et Mister Hyde". Voilà comment Richard Nixon a surnommé son homologue russe lors de sa visite à Moscou en 1972. Car Leonid Brejnev s’est d’abord montré très froid, avant de devenir beaucoup plus amical… Dans ce deuxième épisode, on vous raconte la stratégie bien ficelée du dirigeant soviétique, pour tirer parti d’une détente entre les deux Grands.

Episode 3 : Avec Gorbatchev et Reagan, la fin de la guerre froide

Un fervent anticommuniste, diabolisé en URSS : rien ne prédestinait le président américain et son homologue soviétique à mettre fin à un monde divisé en deux blocs opposés. Dans ce troisième épisode, le professeur Andreï Kozovoï analyse comment les deux dirigeants vont pourtant réussir à s’entendre et à signer des accords majeurs.

Episode 4 : Eltsine et Clinton, une amitié donnant-donnant

Chute du mur de Berlin, démantèlement de l’URSS… La guerre froide est officiellement terminée et le premier président de la Russie est élu. Dans ce dernier épisode, on s’intéresse aux relations nouvelles qui naissent avec les dirigeants américains… jusqu’à un certain Vladimir Poutine.

RETROUVEZ ICI TOUS LES EPISODES DE LA LOUPE

Abonnez-vous à La Loupe sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, YouTube Music, Podcast Addict et Amazon Music.

Inscrivez-vous à notre newsletter.

Comment écouter un podcast ? Suivez le guide.

© L'Express

Dans "Les hommes du téléphone rouge", La Loupe brosse le portrait de quatre binômes de présidents russes et américains et de leur influence dans le monde.
Reçu avant avant-hierL'Express

2,95 milliards d’euros d’amende : l’UE sanctionne Google malgré les menaces de Donald Trump

5 septembre 2025 à 18:02

La Commission européenne a annoncé ce vendredi 5 septembre infliger une amende de 2,95 milliards d’euros à Google, malgré les pressions de Donald Trump.

Les Etats-Unis ne sont "pas la tirelire du monde", avait cinglé le président des Etats-Unis, le 25 août, à l’égard des pays ou organisations régulant le secteur de la tech, agitant la menace des droits de douane et de restrictions à l’exportation. S’il n’a pas cité directement l’Union européenne, celle-ci a déjà infligé des amendes à plusieurs entreprises américaines comme Meta et Apple cette année.

La condamnation de Google repose sur le fait que l’exécutif européen a estimé que le géant de la tech avait abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne. Une sanction très attendue, d’autant que la Commission avait menacé en 2023 d’exiger la scission d’une partie des activités du groupe dans ce domaine de la publicité en ligne, ce qu’elle n’a pas décidé à ce stade.

"Une amende injustifiée"

Dans les minutes qui ont suivi le jugement, Google a vivement sa condamnation. "La décision de la Commission européenne concernant nos services publicitaires est mauvaise et nous allons faire appel", a affirmé la vice-présidente des affaires réglementaires de l’entreprise, Lee-Anne Mulholland.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, cette dirigeante a dénoncé "une amende injustifiée". La décision de Bruxelles, ajoute-t-elle, "exige des changements qui vont nuire à des milliers d’entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l’argent".

Cette amende est la troisième amende prononcée cette semaine contre Google. Mercredi 3 septembre, la filiale d’Alphabet a été condamnée aux Etats-Unis à verser 425,7 millions de dollars de dommages à près de 100 millions d’utilisateurs pour atteinte à leur vie privée.

© afp.com/SEBASTIEN BOZON

Google a été condamné à sa troisième amende de la semaine.

Royaume-Uni : Keir Starmer contraint d'opérer un vaste remaniement de son gouvernement

5 septembre 2025 à 17:44

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, en difficulté dans les sondages, a remanié ce vendredi 5 septembre en profondeur son gouvernement, après la démission de sa vice-Première ministre Angela Rayner emportée par une erreur fiscale.

Les rumeurs d’un remaniement se multipliaient ses derniers jours au moment où le dirigeant travailliste tente de se relancer, à la peine et dépassé dans les sondages par le parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK. Mais la démission d’Angela Rayner, sa vice-Première ministre, ministre du logement et figure de l’aile gauche du Labour, un véritable coup dur pour Starmer, l’a contraint à accélérer le tempo. Cette dernière a dû quitter le gouvernement et ses fonctions au sein du Labour après avoir reconnu avoir sous-payé un impôt lors de l’achat de son logement.

Une série de changements

Aux postes clés, la ministre britannique de l'Intérieur Yvette Cooper a été nommée ministre des Affaires étrangères, succédant à David Lammy, qui passe à la Justice et devient vice-Premier ministre en remplacement d'Angela Rayner.

Le très sensible dossier migratoire revient à Shabana Mahmood, qui quitte le ministère de la Justice pour le Home Office à la place d'Yvette Cooper.

Outre trois départs, douze ministres ont changé de poste. Parmi eux, Pat McFadden, le ministre responsable de la supervision de l'action du gouvernement, prend le portefeuille du Travail, et Peter Kyle devient ministre du Commerce. Deux postes-clés au moment où le gouvernement s'efforce péniblement de relancer l'activité économique. La ministre des Finances Rachel Reeves, critiquée depuis des mois, a quant à elle sauvé sa tête.

© afp.com/Oli SCARFF

Keir Starmer et Angela Rayner, à Liverpool, le 8 octobre 2023

Le mpox n’est plus une urgence de santé internationale, annonce l’OMS

5 septembre 2025 à 17:02

Le mpox, maladie infectieuse de la même famille que la variole, causée par un virus transmis à l’homme par des animaux infectés, n’est plus une urgence de santé publique internationale a annoncé le chef de l’OMS vendredi 5 septembre, faisant notamment valoir la baisse des décès et des cas.

Les chercheurs suspectent des rongeurs d’être à l’origine de cette épidémie, principalement les écureuils de forêt ou du rat de Gambie, mais le réservoir animal n’a pas encore été formellement identifié. "Il y a plus d’un an, j’ai déclaré l’urgence de santé publique de portée internationale concernant la propagation du mpox en Afrique, sur l’avis d’un comité d’urgence", mais ce jeudi 4 septembre, le comité a estimé que ce n’était plus le cas et "j’ai accepté cet avis", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.

"Une baisse soutenue du nombre de cas et de décès"

"Cette décision est fondée sur la baisse soutenue du nombre de cas et de décès en République démocratique du Congo et dans d’autres pays touchés, notamment le Burundi, la Sierra Leone et l’Ouganda", a-t-il indiqué.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a expliqué que les experts comprennent désormais également mieux les voies de transmission et les facteurs de risques. Par ailleurs, "la plupart des pays touchés ont développé une capacité de réponse durable", a-t-il relevé. Tedros Adhanom Ghebreyesus a toutefois averti que la levée de l’alerte "ne signifie pas que la menace a pris fin, ni que notre réponse va s’arrêter".

Une maladie qui a traversé les frontières en 2022

Le mpox se manifeste principalement par une forte fièvre et l’apparition de lésions cutanées, dites vésicules. Identifiée pour la première fois en République démocratique du Congo en 1970, la maladie est longtemps restée circonscrite à une dizaine de pays africains.

Elle a deux sous-types, clade 1 et clade 2. En 2017, une nouvelle forme de la maladie a été découverte au Nigeria, où le clade 2 sévit. Touchant quasi exclusivement les populations homosexuelles masculines, le virus s’est diffusé et a muté. Le variant "clade 2b", est apparu.

C’est cette souche du virus qui a traversé les frontières en mai 2022 lorsque le clade 2b, s’est propagé à travers le monde, affectant une fois encore, principalement les populations homosexuelles masculines. Ce variant, plus contagieux, a nécessité des mesures d’isolement et des campagnes de vaccination pour contenir l’épidémie.

En août 2024, L’Express relevait que le taux de létalité était estimé à 3,6 % en RDC, mais qu’il chutait à 1,7 %, lorsque les patients sont correctement pris en charge. Lors de l’épidémie de Mpox "clade 2b" de 2022, "la quasi-totalité des morts européens étaient, de fait, des hommes au VIH mal pris en charge".

© afp.com/Glody MURHABAZI

Des infirmiers s'occupent de patients atteints de mpox, dans un centre de traitement situé à Kamituga, cité minière dans l'est de la République démocratique du Congo.

"La France pourrait faire s’effondrer l’économie mondiale" : la crise politique vue par la presse étrangère

5 septembre 2025 à 16:45

"Un gouvernement sur le point de s’effondrer, un budget hors de contrôle, des hausses d’impôt en urgence à venir et des émeutiers qui se préparent à envahir les rues… Pour la France, c’est presque business as usual", note avec ironie le Daily Telegraph. Mais pour le quotidien conservateur britannique, déjà peu versé dans la francophilie, l’heure est plus grave que d’ordinaire : "la France pourrait s’apprêter à faire s’effondrer l’économie mondiale".

Avec une dette qui atteint 116 % du PIB et la perspective d’un chaos politique imminent, le journal de Londres craint que la France ne sombre dans une crise économique similaire à la Grèce, dont "l’effet de contagion" avait fait tanguer l’Irlande et le Portugal en 2009. "Ces pays possédaient alors des économies très similaires, rappelle le quotidien. Il est vrai que la France est la plus fiscalement irresponsable de toutes les grandes économies développées du monde. Mais si elle s’effondre, d’autres pays – notamment le Royaume-Uni – seront très rapidement entraînés dans la tempête."

Le diagnostic, s’il paraît extrême, est largement partagé par la presse économique internationale, à l’approche du vote de confiance à l’Assemblée nationale, ce lundi 8 septembre, qui paraît mal embarqué pour le gouvernement de François Bayrou et sa cure d’austérité budgétaire. "Cela pourrait se transformer en bien plus qu’un simple drame politique à Paris, avertit le Telegraph. Avec les inquiétudes croissantes autour de la dette publique et l’accessibilité des systèmes de protection sociale fastueux, la France pourrait s’apprêter à déclencher un effondrement massif des marchés." Le journal britannique recommande de surveiller de près l’état des banques françaises, notamment la Société générale et BNP Paribas, dont une chute brutale des actions pourrait signifier la fin de la récréation pour Paris.

Les impossibles compromis des partis politiques français

La France, nouvel homme malade de l’Europe ? Après le Royaume-Uni des années 70, l’Allemagne des années 90, et plus récemment le Portugal et la Grèce, la presse étrangère s’accorde pour désigner Paris comme la capitale la plus mal en point du continent. "Au sein de l’Union européenne, un pays se trouve accablé par une énorme dette, des coûts d’emprunt en hausse et des gouvernements qui s’effondrent en quelques mois, et ce pays n’est pas l’Italie", signale The Wall Street Journal. La bible de l’économie américaine décrit le "cercle vicieux" qui ronge la France : "La détérioration des finances publiques alimente la fragmentation politique, ce qui empêche à son tour le pays de prendre des décisions difficiles sur la façon de résoudre son désordre fiscal".

Bref, "la France est bloquée", titre le Financial Times dans un article devenu viral, qui déplore la paralysie et le court-termisme de nos dirigeants. "Réduire les dépenses nécessiterait des compromis, écrit le journal économique britannique. Mais cela semble désormais impensable au sein de la classe politique française. La remarque d’Emmanuel Macron, après sa prise de fonction, selon laquelle la France n’était 'pas réformable', semble aujourd’hui juste."

Au-delà du constat des difficultés économiques françaises, les médias étrangers s’accordent pour blâmer l’ensemble des partis politiques, incapables de mettre de côté leurs différends pour l’intérêt national. "Plus encore que sa dépendance à la dépense publique ou son incapacité à créer de la croissance, le principal problème de la France repose sur l’irresponsabilité de sa classe politique", fustige le journal suisse Le Temps dans un éditorial titré : "Quand la France crée les conditions de sa propre chute".

"Les voyants ne sont sûrement pas tous au vert mais l’économie française et la capacité du pays à rembourser ses dettes ne se portent pas si mal, poursuit le quotidien de Genève. Le choc suprême ne devrait pas se profiler à court terme. Les Français et surtout leurs élus semblent cependant vouloir tout faire pour que le pays finisse par toucher le fond. Et si choc il doit y avoir, ce sera davantage l’inaptitude à se mettre d’accord et à prendre en main l’intérêt commun qui aura fait tomber la France."

Les sarcasmes contre la diplomatie française

De l’autre côté du Rhin, le quotidien Die Welt partage ce diagnostic inquiétant pour l’Hexagone, le qualifiant de "signal d’alarme" pour l’Allemagne. "Les marchés financiers se préparent déjà à de nouveaux mois de chaos dans la politique française, résume le journal conservateur. La France paie désormais aux investisseurs des taux d’intérêt plus élevés que ceux de la Grèce ou du Portugal. Bien que cette comparaison soit biaisée, car la dette d’Athènes est toujours partagée par ses partenaires de la zone euro, le message est clair : la France est devenue le nouveau cas problématique de la zone euro." Et le journal allemand de rappeler que Paris n’a pas connu un budget à l’équilibre depuis 1974, "une année lors de laquelle le président actuel, Emmanuel Macron, n’était pas encore né…"

La situation intérieure de la France suscite aussi les sarcasmes de tous ceux qui, sur la scène internationale, déplorent l’activisme diplomatique du président français. Ainsi, la presse israélienne, contrariée par la reconnaissance prochaine de l’Etat palestinien par Paris, ne retient pas ses coups. Le journal au plus fort tirage du pays, Yediot Aharonot, titre ainsi : "Pendant que Macron prétend sauver le monde, son pays coule." "La préoccupation croissante du président pour la guerre en Ukraine et la reconnaissance d’un Etat palestinien n’intéressent pas les Français", tranche le quotidien israélien, qui évoque un "tsunami social" à venir le 10 septembre, pour la journée de mobilisation syndicale contre les coupes budgétaires.

"Il ne fait aucun doute que l’année scolaire du président français commence dans la tempête, souligne le journal de Tel-Aviv. Le décalage de Macron par rapport aux affaires intérieures et son attention portée à la politique étrangère pourraient lui exploser au visage puisque, malgré l’importance du soutien européen à l’Ukraine et la tentative de trouver une solution à la guerre à Gaza, le peuple français exige qu’il tourne son regard vers l’intérieur et trouve des solutions pour eux avant de vouloir sauver le monde."

© afp.com/Thibaud MORITZ

Le Premier ministre François Bayrou le 26 août 2025, à Boissy-la-Rivière, dans l'Essonne

1 000 milliards de dollars sur 10 ans : le plan de Tesla pour retenir Elon Musk

5 septembre 2025 à 15:48

Elon Musk ne doit pas quitter le navire. Pour le retenir, le conseil d’administration de Tesla a proposé vendredi 5 septembre un plan de rémunération inédit qui pourrait lui rapporter plus de 1 000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise.

Le plan, qui a une durée de dix ans et doit être approuvé par les actionnaires, prévoit d’octroyer des actions à Elon Musk en fonction de la valorisation boursière qu’atteint Tesla, d’après un document publié sur le site du gendarme boursier américain (SEC).

Une rémunération conditionnée à "une croissance stratosphérique"

Le nombre maximal d’actions qu’il pourrait obtenir correspond à 12 % du capital actuel de l’entreprise, mais est conditionné à "une croissance stratosphérique" et une valorisation de 8 500 milliards de dollars en Bourse. Ce niveau de valorisation serait inédit et correspondrait à plus du double de la plus grosse capitalisation boursière au monde. Le record est tenu par le champion américain des puces pour l’intelligence artificielle Nvidia.

Tesla, qui est en difficulté depuis plusieurs mois, est valorisé aujourd’hui en Bourse à un peu plus de 1 000 milliards de dollars. Les ventes ont été impactées ces derniers mois par la gamme vieillissante et les prises de position politiques de son patron.

S’il atteint les objectifs les plus ambitieux, Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, atteindrait un niveau de patrimoine jamais vu dans l’histoire. Par la même occasion, il renforcerait son contrôle au capital de Tesla en portant sa participation aux alentours de 25 %. Le conseil d’administration a toutefois déterminé plusieurs tranches dans son plan de rémunération. Par exemple, si la capitalisation de Tesla atteint 2 000 milliards de dollars, Elon Musk obtiendra une rémunération en actions environnant les 20 milliards de dollars.

Un plan pour attirer l’attention d’Elon Musk sur Tesla

Ce nouveau plan de rémunération a été "conçu pour retenir et inciter" Elon Musk, indique le conseil d’administration. Selon Bloomberg, ce plan vise à maintenir l’attention d’Elon Musk sur Tesla alors que l’entreprise cherche à se développer sur de nouveaux marchés, tels que la robotique et l’intelligence artificielle. La proposition prévoit également que Tesla s’investisse dans la start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI.

Depuis des années, sa rémunération dans l’entreprise fait l’objet d’une bataille judiciaire. Un précédent plan de rémunération, validé par Tesla en 2018 et estimé, à l’époque, à 56 milliards de dollars, avait été annulé en janvier 2024 par une juge du Delaware, saisie par un actionnaire. Une décision fondée sur le fait que les actionnaires avaient reçu des informations "erronées" et "trompeuses". En juin 2024, le plan de rémunération a de nouveau été validé par les actionnaires de Tesla puis rejeté une fois de plus par la justice du Delaware en décembre. Tesla a fait appel de cette décision.

En attendant, le constructeur automobile a accordé 29 milliards de dollars d’action à son patron, en août. Ce matin à la Bourse de New York, les actions de Tesla ont augmenté de 2 %.

© Getty Images via AFP

Elon Musk, ici à la Maison-Blanche le 30 avril 2025, Washington, DC.

Ces Ukrainiens manipulés par le FSB pour tuer leurs compatriotes

5 septembre 2025 à 15:40

Lorsqu’il a sorti un fusil d’assaut AK-12 d’une cache d’armes à la périphérie de Kiev, il croyait défendre sa patrie. L’ordre qu’il avait reçu semblait clair : éliminer un agent russe infiltré, accusé de préparer des frappes de missiles sur la capitale. Pendant des semaines, l’ancien soldat de Kamianske avait surveillé sa cible, persuadé d’agir au nom de l’Ukraine. Mais au moment d’appuyer sur la détente, le piège s’est refermé. Une équipe du SBU l’a arrêté et la vérité est tombée comme un couperet : l’homme qu’il devait tuer n’était pas un traître, mais le capitaine Serhii Filimonov, du 1er régiment d’assaut distinct. Voici une histoire de manipulation russe contée dans les colonnes du Times.

Des recrues piégées par le FSB

Derrière ces prétendus "officiers du SBU" se cachaient en réalité des agents du FSB. Ils avaient minutieusement tissé leur toile : fausses convocations, menaces judiciaires, promesses de blanchiment d’affaires inventées. À force de pressions et de manipulations, le vétéran en était venu à croire qu’il servait l’Ukraine en visant l’un de ses plus valeureux officiers.

Cette méthode n’est pas isolée. Selon les services de renseignement ukrainiens, au moins quatre des six assassinats les plus retentissants de ces derniers mois ont été commis par des ressortissants ukrainiens, dupés ou instrumentalisés par Moscou. Andriy Parubiy, ancien président du Parlement, a ainsi été abattu à Lviv. L’auteur du crime, Mykhailo Stelnikov, un père de famille de 52 ans, aurait été convaincu qu’il pourrait récupérer le corps de son fils disparu près de Bakhmout en échange de ce meurtre.

Les exemples se multiplient. L’ancienne députée ultranationaliste Iryna Farion, tuée en juillet 2024 à Lviv, l’a été par un jeune de 18 ans, actif dans des groupes néonazis liés à la Russie. A Odessa, l’activiste Demyan Hanul a été abattu par un lieutenant ukrainien recherché pour désertion. A Kiev, Liudmila Chumerska, 45 ans, a tiré sur l’avocat et militant Serhii Sternenko après avoir été persuadée par un amoureux virtuel qu’elle visait un agent russe. Dans son désespoir, elle espérait même une aide pour une greffe de rein en échange de ce geste.

Pour le capitaine Serhii Filimonov, rescapé du complot qui le visait, la mécanique est claire : "La Russie tente de manipuler psychologiquement les personnes faibles pour les transformer en tueurs. Les Ukrainiens sont les plus en colère à cause des frappes de missiles et de drones sur les zones résidentielles et les infrastructures civiles. Cette colère est utilisée par les Russes comme principal moyen de recrutement", a-t-il expliqué au Times.

Une guerre de l’ombre qui s’intensifie

Cette stratégie relève d’une tactique nouvelle : l’"opération sous faux drapeau". Des agents du FSB se présentent comme membres du SBU, assignant de prétendues missions "patriotiques" qui consistent en réalité à cibler des Ukrainiens.

L’ancien soldat chargé de tuer Serhii Filimonov en est un exemple frappant. Tout a commencé par l’appel d’une femme se présentant comme enquêtrice du SBU. Elle l’accuse de financer indirectement l’armée russe en achetant des produits médicaux en ligne. Une fausse convocation suit, puis une proposition : collaborer pour effacer l’affaire. Peu à peu, l’homme est entraîné dans une spirale. Il loue un appartement dans l’immeuble de sa cible, observe ses allées et venues, se persuade qu’il traque un espion russe.

Depuis le printemps dernier, Moscou multiplie ses tentatives de manipulation et étend sa campagne de sabotage. Selon le SBU, cette dernière se joue essentiellement sur Telegram. Souvent, les Russes ciblent des jeunes, parfois des adolescents. Ils commencent par demander des photos de bâtiments officiels ou d’accrocher des tracts. Puis les missions s’alourdissent : incendier un véhicule, poser une bombe. A chaque étape, la dépendance psychologique et financière s’installe. Le procédé est rodé. Les recruteurs utilisent un langage familier, se font passer pour des Ukrainiens hostiles à la guerre, parfois flirtent ou apportent un soutien moral. Si la recrue hésite, la menace tombe : révélations aux autorités, diffusion de preuves compromettantes. Dans certains cas, un logiciel espion a permis de pirater le téléphone d’une adolescente et ses photos intimes deviennent une arme de chantage.

Selon le porte-parole du SBU, plus de 700 personnes ont été arrêtées depuis le début de 2024 pour sabotage, incendie ou terrorisme. Beaucoup étaient sans emploi, certaines mineures, parfois âgées d’à peine 11 ans. L’Ukraine est devenue un terrain d’expérimentation, dont les méthodes ont déjà franchi les frontières et touchent désormais l’Europe occidentale.

© afp.com/Handout

Image extraite d'un document diffusé par le Comité national antiterroriste le 24 juin 2024 et montrant des agents du service de sécurité russe du FSB au cours d'une opération antiterroriste au Daguestan

Royaume-Uni : la numéro deux du gouvernement démissionne après un scandale fiscal

5 septembre 2025 à 14:56

La vice-Première ministre britannique Angela Rayner a démissionné deux jours après avoir reconnu n’avoir pas payé un montant suffisant d’impôt lors de l’achat d’un appartement, un coup dur pour le gouvernement travailliste déjà en difficulté. "J’ai décidé de démissionner de mes fonctions de vice-Première ministre et de ministre du Logement […], ainsi que du poste de vice-présidente du Parti travailliste", a écrit l’élue dans un échange de lettres avec le Premier ministre Keir Starmer après plusieurs jours de controverse.

Cette figure de l’aile gauche du Labour, âgée de 45 ans, a dit "regretter profondément (sa) décision de ne pas avoir recherché des conseils fiscaux spécialisés supplémentaires", et assumer "l’entière responsabilité de cette erreur", liée à l’achat d’un appartement.

Près de 50 000 euros d’économies

Un rapport indépendant du conseiller en éthique du gouvernement, auquel elle avait signalé sa situation, a conclu vendredi 5 septembre qu’elle avait "enfreint le code" de conduite ministérielle. Elle aurait ainsi économisé 40 000 livres sterling (46 050 euros) d’impôt lié à l’acquisition de ce logement, en retirant son nom des titres de propriété d’un autre bien immobilier situé dans sa circonscription. En conséquence, le nouvel appartement était officiellement son seul bien immobilier.

Un coup dur pour Keir Starmer

Dans sa lettre acceptant sa démission, Keir Starmer, "très attristé", a assuré à Angela Rayner qu’elle demeurerait "une figure majeure" du parti travailliste, en difficulté dans les sondages un an seulement après son arrivée au pouvoir.

Souvent prise pour cible par les médias conservateurs, Angela Rayner a quitté l’école sans diplôme et, à 16 ans, est devenue mère célibataire. Elle a découvert le syndicalisme puis la politique après avoir travaillé dans le social, et a gravi les échelons du Labour jusqu’à devenir numéro deux du parti.

© afp.com/Paul ELLIS

Angela Rayner à l’ouverture du congrès annuel du Labour, le 8 avril 2023 à Liverpool
❌