La Commission européenne a annoncé ce vendredi 5 septembre infliger une amende de 2,95 milliards d’euros à Google, malgré les pressions de Donald Trump.
Les Etats-Unis ne sont "pas la tirelire du monde", avait cinglé le président des Etats-Unis, le 25 août, à l’égard des pays ou organisations régulant le secteur de la tech, agitant la menace des droits de douane et de restrictions à l’exportation. S’il n’a pas cité directement l’Union européenne, celle-ci a déjà infligé des amendes à plusieurs entreprises américaines comme Meta et Apple cette année.
La condamnation de Google repose sur le fait que l’exécutif européen a estimé que le géant de la tech avait abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne. Une sanction très attendue, d’autant que la Commission avait menacé en 2023 d’exiger la scission d’une partie des activités du groupe dans ce domaine de la publicité en ligne, ce qu’elle n’a pas décidé à ce stade.
"Une amende injustifiée"
Dans les minutes qui ont suivi le jugement, Google a vivement sa condamnation. "La décision de la Commission européenne concernant nos services publicitaires est mauvaise et nous allons faire appel", a affirmé la vice-présidente des affaires réglementaires de l’entreprise, Lee-Anne Mulholland.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, cette dirigeante a dénoncé "une amende injustifiée". La décision de Bruxelles, ajoute-t-elle, "exige des changements qui vont nuire à des milliers d’entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l’argent".
Cette amende est la troisième amende prononcée cette semaine contre Google. Mercredi 3 septembre, la filiale d’Alphabet a été condamnée aux Etats-Unis à verser 425,7 millions de dollars de dommages à près de 100 millions d’utilisateurs pour atteinte à leur vie privée.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer, en difficulté dans les sondages, a remanié ce vendredi 5 septembre en profondeur son gouvernement, après la démission de sa vice-Première ministre Angela Rayner emportée par une erreur fiscale.
Les rumeurs d’un remaniement se multipliaient ses derniers jours au moment où le dirigeant travailliste tente de se relancer, à la peine et dépassé dans les sondages par le parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK. Mais la démission d’Angela Rayner, sa vice-Première ministre, ministre du logement et figure de l’aile gauche du Labour, un véritable coup dur pour Starmer, l’a contraint à accélérer le tempo. Cette dernière a dû quitter le gouvernement et ses fonctions au sein du Labour après avoir reconnu avoir sous-payé un impôt lors de l’achat de son logement.
Une série de départs
Dans la foulée, plusieurs ministres - celui dédié à l’Ecosse, Ian Murray, et celle en charge des relations avec la chambre des Communes, Lucy Powell, - ont annoncé sur les réseaux sociaux avoir été évincés du gouvernement. L’actuel ministre des Affaires étrangères David Lammy est nommé vice-Premier ministre et ministre de la Justice.
L’actuelle ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, le remplace au Foreign Office, tandis que Shabana Mahmood, actuelle ministre de la Justice, s’installe au Home Office.
Le mpox, maladie infectieuse de la même famille que la variole, causée par un virus transmis à l’homme par des animaux infectés, n’est plus une urgence de santé publique internationale a annoncé le chef de l’OMS vendredi 5 septembre, faisant notamment valoir la baisse des décès et des cas.
Les chercheurs suspectent des rongeurs d’être à l’origine de cette épidémie, principalement les écureuils de forêt ou du rat de Gambie, mais le réservoir animal n’a pas encore été formellement identifié. "Il y a plus d’un an, j’ai déclaré l’urgence de santé publique de portée internationale concernant la propagation du mpox en Afrique, sur l’avis d’un comité d’urgence", mais ce jeudi 4 septembre, le comité a estimé que ce n’était plus le cas et "j’ai accepté cet avis", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.
"Une baisse soutenue du nombre de cas et de décès"
"Cette décision est fondée sur la baisse soutenue du nombre de cas et de décès en République démocratique du Congo et dans d’autres pays touchés, notamment le Burundi, la Sierra Leone et l’Ouganda", a-t-il indiqué.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a expliqué que les experts comprennent désormais également mieux les voies de transmission et les facteurs de risques. Par ailleurs, "la plupart des pays touchés ont développé une capacité de réponse durable", a-t-il relevé. Tedros Adhanom Ghebreyesus a toutefois averti que la levée de l’alerte "ne signifie pas que la menace a pris fin, ni que notre réponse va s’arrêter".
Une maladie qui a traversé les frontières en 2022
Le mpox se manifeste principalement par une forte fièvre et l’apparition de lésions cutanées, dites vésicules. Identifiée pour la première fois en République démocratique du Congo en 1970, la maladie est longtemps restée circonscrite à une dizaine de pays africains.
Elle a deux sous-types, clade 1 et clade 2. En 2017, une nouvelle forme de la maladie a été découverte au Nigeria, où le clade 2 sévit. Touchant quasi exclusivement les populations homosexuelles masculines, le virus s’est diffusé et a muté. Le variant "clade 2b", est apparu.
C’est cette souche du virus qui a traversé les frontières en mai 2022 lorsque le clade 2b, s’est propagé à travers le monde, affectant une fois encore, principalement les populations homosexuelles masculines. Ce variant, plus contagieux, a nécessité des mesures d’isolement et des campagnes de vaccination pour contenir l’épidémie.
En août 2024, L’Express relevait que le taux de létalité était estimé à 3,6 % en RDC, mais qu’il chutait à 1,7 %, lorsque les patients sont correctement pris en charge. Lors de l’épidémie de Mpox "clade 2b" de 2022, "la quasi-totalité des morts européens étaient, de fait, des hommes au VIH mal pris en charge".
Des infirmiers s'occupent de patients atteints de mpox, dans un centre de traitement situé à Kamituga, cité minière dans l'est de la République démocratique du Congo.
"Un gouvernement sur le point de s’effondrer, un budget hors de contrôle, des hausses d’impôt en urgence à venir et des émeutiers qui se préparent à envahir les rues… Pour la France, c’est presque business as usual", note avec ironie le Daily Telegraph. Mais pour le quotidien conservateur britannique, déjà peu versé dans la francophilie, l’heure est plus grave que d’ordinaire : "la France pourrait s’apprêter à faire s’effondrer l’économie mondiale".
Avec une dette qui atteint 116 % du PIB et la perspective d’un chaos politique imminent, le journal de Londres craint que la France ne sombre dans une crise économique similaire à la Grèce, dont "l’effet de contagion" avait fait tanguer l’Irlande et le Portugal en 2009. "Ces pays possédaient alors des économies très similaires, rappelle le quotidien. Il est vrai que la France est la plus fiscalement irresponsable de toutes les grandes économies développées du monde. Mais si elle s’effondre, d’autres pays – notamment le Royaume-Uni – seront très rapidement entraînés dans la tempête."
Le diagnostic, s’il paraît extrême, est largement partagé par la presse économique internationale, à l’approche du vote de confiance à l’Assemblée nationale, ce lundi 8 septembre, qui paraît mal embarqué pour le gouvernement de François Bayrou et sa cure d’austérité budgétaire. "Cela pourrait se transformer en bien plus qu’un simple drame politique à Paris, avertit le Telegraph. Avec les inquiétudes croissantes autour de la dette publique et l’accessibilité des systèmes de protection sociale fastueux, la France pourrait s’apprêter à déclencher un effondrement massif des marchés." Le journal britannique recommande de surveiller de près l’état des banques françaises, notamment la Société générale et BNP Paribas, dont une chute brutale des actions pourrait signifier la fin de la récréation pour Paris.
Les impossibles compromis des partis politiques français
La France, nouvel homme malade de l’Europe ? Après le Royaume-Uni des années 70, l’Allemagne des années 90, et plus récemment le Portugal et la Grèce, la presse étrangère s’accorde pour désigner Paris comme la capitale la plus mal en point du continent. "Au sein de l’Union européenne, un pays se trouve accablé par une énorme dette, des coûts d’emprunt en hausse et des gouvernements qui s’effondrent en quelques mois, et ce pays n’est pas l’Italie", signale The Wall Street Journal. La bible de l’économie américaine décrit le "cercle vicieux" qui ronge la France : "La détérioration des finances publiques alimente la fragmentation politique, ce qui empêche à son tour le pays de prendre des décisions difficiles sur la façon de résoudre son désordre fiscal".
Bref, "la France est bloquée", titre le Financial Times dans un article devenu viral, qui déplore la paralysie et le court-termisme de nos dirigeants. "Réduire les dépenses nécessiterait des compromis, écrit le journal économique britannique. Mais cela semble désormais impensable au sein de la classe politique française. La remarque d’Emmanuel Macron, après sa prise de fonction, selon laquelle la France n’était 'pas réformable', semble aujourd’hui juste."
Au-delà du constat des difficultés économiques françaises, les médias étrangers s’accordent pour blâmer l’ensemble des partis politiques, incapables de mettre de côté leurs différends pour l’intérêt national. "Plus encore que sa dépendance à la dépense publique ou son incapacité à créer de la croissance, le principal problème de la France repose sur l’irresponsabilité de sa classe politique", fustige le journal suisse Le Temps dans un éditorial titré : "Quand la France crée les conditions de sa propre chute".
"Les voyants ne sont sûrement pas tous au vert mais l’économie française et la capacité du pays à rembourser ses dettes ne se portent pas si mal, poursuit le quotidien de Genève. Le choc suprême ne devrait pas se profiler à court terme. Les Français et surtout leurs élus semblent cependant vouloir tout faire pour que le pays finisse par toucher le fond. Et si choc il doit y avoir, ce sera davantage l’inaptitude à se mettre d’accord et à prendre en main l’intérêt commun qui aura fait tomber la France."
Les sarcasmes contre la diplomatie française
De l’autre côté du Rhin, le quotidien Die Welt partage ce diagnostic inquiétant pour l’Hexagone, le qualifiant de "signal d’alarme" pour l’Allemagne. "Les marchés financiers se préparent déjà à de nouveaux mois de chaos dans la politique française, résume le journal conservateur. La France paie désormais aux investisseurs des taux d’intérêt plus élevés que ceux de la Grèce ou du Portugal. Bien que cette comparaison soit biaisée, car la dette d’Athènes est toujours partagée par ses partenaires de la zone euro, le message est clair : la France est devenue le nouveau cas problématique de la zone euro." Et le journal allemand de rappeler que Paris n’a pas connu un budget à l’équilibre depuis 1974, "une année lors de laquelle le président actuel, Emmanuel Macron, n’était pas encore né…"
La situation intérieure de la France suscite aussi les sarcasmes de tous ceux qui, sur la scène internationale, déplorent l’activisme diplomatique du président français. Ainsi, la presse israélienne, contrariée par la reconnaissance prochaine de l’Etat palestinien par Paris, ne retient pas ses coups. Le journal au plus fort tirage du pays, Yediot Aharonot, titre ainsi : "Pendant que Macron prétend sauver le monde, son pays coule." "La préoccupation croissante du président pour la guerre en Ukraine et la reconnaissance d’un Etat palestinien n’intéressent pas les Français", tranche le quotidien israélien, qui évoque un "tsunami social" à venir le 10 septembre, pour la journée de mobilisation syndicale contre les coupes budgétaires.
"Il ne fait aucun doute que l’année scolaire du président français commence dans la tempête, souligne le journal de Tel-Aviv. Le décalage de Macron par rapport aux affaires intérieures et son attention portée à la politique étrangère pourraient lui exploser au visage puisque, malgré l’importance du soutien européen à l’Ukraine et la tentative de trouver une solution à la guerre à Gaza, le peuple français exige qu’il tourne son regard vers l’intérieur et trouve des solutions pour eux avant de vouloir sauver le monde."
Elon Musk ne doit pas quitter le navire. Pour le retenir, le conseil d’administration de Tesla a proposé vendredi 5 septembre un plan de rémunération inédit qui pourrait lui rapporter plus de 1 000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise.
Le plan, qui a une durée de dix ans et doit être approuvé par les actionnaires, prévoit d’octroyer des actions à Elon Musk en fonction de la valorisation boursière qu’atteint Tesla, d’après un document publié sur le site du gendarme boursier américain (SEC).
Une rémunération conditionnée à "une croissance stratosphérique"
Le nombre maximal d’actions qu’il pourrait obtenir correspond à 12 % du capital actuel de l’entreprise, mais est conditionné à "une croissance stratosphérique" et une valorisation de 8 500 milliards de dollars en Bourse. Ce niveau de valorisation serait inédit et correspondrait à plus du double de la plus grosse capitalisation boursière au monde. Le record est tenu par le champion américain des puces pour l’intelligence artificielle Nvidia.
Tesla, qui est en difficulté depuis plusieurs mois, est valorisé aujourd’hui en Bourse à un peu plus de 1 000 milliards de dollars. Les ventes ont été impactées ces derniers mois par la gamme vieillissante et les prises de position politiques de son patron.
S’il atteint les objectifs les plus ambitieux, Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, atteindrait un niveau de patrimoine jamais vu dans l’histoire. Par la même occasion, il renforcerait son contrôle au capital de Tesla en portant sa participation aux alentours de 25 %. Le conseil d’administration a toutefois déterminé plusieurs tranches dans son plan de rémunération. Par exemple, si la capitalisation de Tesla atteint 2 000 milliards de dollars, Elon Musk obtiendra une rémunération en actions environnant les 20 milliards de dollars.
Un plan pour attirer l’attention d’Elon Musk sur Tesla
Ce nouveau plan de rémunération a été "conçu pour retenir et inciter" Elon Musk, indique le conseil d’administration. Selon Bloomberg, ce plan vise à maintenir l’attention d’Elon Musk sur Tesla alors que l’entreprise cherche à se développer sur de nouveaux marchés, tels que la robotique et l’intelligence artificielle. La proposition prévoit également que Tesla s’investisse dans la start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI.
Depuis des années, sa rémunération dans l’entreprise fait l’objet d’une bataille judiciaire. Un précédent plan de rémunération, validé par Tesla en 2018 et estimé, à l’époque, à 56 milliards de dollars, avait été annulé en janvier 2024 par une juge du Delaware, saisie par un actionnaire. Une décision fondée sur le fait que les actionnaires avaient reçu des informations "erronées" et "trompeuses". En juin 2024, le plan de rémunération a de nouveau été validé par les actionnaires de Tesla puis rejeté une fois de plus par la justice du Delaware en décembre. Tesla a fait appel de cette décision.
En attendant, le constructeur automobile a accordé 29 milliards de dollars d’action à son patron, en août. Ce matin à la Bourse de New York, les actions de Tesla ont augmenté de 2 %.
Lorsqu’il a sorti un fusil d’assaut AK-12 d’une cache d’armes à la périphérie de Kiev, il croyait défendre sa patrie. L’ordre qu’il avait reçu semblait clair : éliminer un agent russe infiltré, accusé de préparer des frappes de missiles sur la capitale. Pendant des semaines, l’ancien soldat de Kamianske avait surveillé sa cible, persuadé d’agir au nom de l’Ukraine. Mais au moment d’appuyer sur la détente, le piège s’est refermé. Une équipe du SBU l’a arrêté et la vérité est tombée comme un couperet : l’homme qu’il devait tuer n’était pas un traître, mais le capitaine Serhii Filimonov, du 1er régiment d’assaut distinct. Voici une histoire de manipulation russe contée dans les colonnes du Times.
Des recrues piégées par le FSB
Derrière ces prétendus "officiers du SBU" se cachaient en réalité des agents du FSB. Ils avaient minutieusement tissé leur toile : fausses convocations, menaces judiciaires, promesses de blanchiment d’affaires inventées. À force de pressions et de manipulations, le vétéran en était venu à croire qu’il servait l’Ukraine en visant l’un de ses plus valeureux officiers.
Cette méthode n’est pas isolée. Selon les services de renseignement ukrainiens, au moins quatre des six assassinats les plus retentissants de ces derniers mois ont été commis par des ressortissants ukrainiens, dupés ou instrumentalisés par Moscou. Andriy Parubiy, ancien président du Parlement, a ainsi été abattu à Lviv. L’auteur du crime, Mykhailo Stelnikov, un père de famille de 52 ans, aurait été convaincu qu’il pourrait récupérer le corps de son fils disparu près de Bakhmout en échange de ce meurtre.
Les exemples se multiplient. L’ancienne députée ultranationaliste Iryna Farion, tuée en juillet 2024 à Lviv, l’a été par un jeune de 18 ans, actif dans des groupes néonazis liés à la Russie. A Odessa, l’activiste Demyan Hanul a été abattu par un lieutenant ukrainien recherché pour désertion. A Kiev, Liudmila Chumerska, 45 ans, a tiré sur l’avocat et militant Serhii Sternenko après avoir été persuadée par un amoureux virtuel qu’elle visait un agent russe. Dans son désespoir, elle espérait même une aide pour une greffe de rein en échange de ce geste.
Pour le capitaine Serhii Filimonov, rescapé du complot qui le visait, la mécanique est claire : "La Russie tente de manipuler psychologiquement les personnes faibles pour les transformer en tueurs. Les Ukrainiens sont les plus en colère à cause des frappes de missiles et de drones sur les zones résidentielles et les infrastructures civiles. Cette colère est utilisée par les Russes comme principal moyen de recrutement", a-t-il expliqué au Times.
Une guerre de l’ombre qui s’intensifie
Cette stratégie relève d’une tactique nouvelle : l’"opération sous faux drapeau". Des agents du FSB se présentent comme membres du SBU, assignant de prétendues missions "patriotiques" qui consistent en réalité à cibler des Ukrainiens.
L’ancien soldat chargé de tuer Serhii Filimonov en est un exemple frappant. Tout a commencé par l’appel d’une femme se présentant comme enquêtrice du SBU. Elle l’accuse de financer indirectement l’armée russe en achetant des produits médicaux en ligne. Une fausse convocation suit, puis une proposition : collaborer pour effacer l’affaire. Peu à peu, l’homme est entraîné dans une spirale. Il loue un appartement dans l’immeuble de sa cible, observe ses allées et venues, se persuade qu’il traque un espion russe.
Depuis le printemps dernier, Moscou multiplie ses tentatives de manipulation et étend sa campagne de sabotage. Selon le SBU, cette dernière se joue essentiellement sur Telegram. Souvent, les Russes ciblent des jeunes, parfois des adolescents. Ils commencent par demander des photos de bâtiments officiels ou d’accrocher des tracts. Puis les missions s’alourdissent : incendier un véhicule, poser une bombe. A chaque étape, la dépendance psychologique et financière s’installe. Le procédé est rodé. Les recruteurs utilisent un langage familier, se font passer pour des Ukrainiens hostiles à la guerre, parfois flirtent ou apportent un soutien moral. Si la recrue hésite, la menace tombe : révélations aux autorités, diffusion de preuves compromettantes. Dans certains cas, un logiciel espion a permis de pirater le téléphone d’une adolescente et ses photos intimes deviennent une arme de chantage.
Selon le porte-parole du SBU, plus de 700 personnes ont été arrêtées depuis le début de 2024 pour sabotage, incendie ou terrorisme. Beaucoup étaient sans emploi, certaines mineures, parfois âgées d’à peine 11 ans. L’Ukraine est devenue un terrain d’expérimentation, dont les méthodes ont déjà franchi les frontières et touchent désormais l’Europe occidentale.
Image extraite d'un document diffusé par le Comité national antiterroriste le 24 juin 2024 et montrant des agents du service de sécurité russe du FSB au cours d'une opération antiterroriste au Daguestan
La vice-Première ministre britannique Angela Rayner a démissionné deux jours après avoir reconnu n’avoir pas payé un montant suffisant d’impôt lors de l’achat d’un appartement, un coup dur pour le gouvernement travailliste déjà en difficulté. "J’ai décidé de démissionner de mes fonctions de vice-Première ministre et de ministre du Logement […], ainsi que du poste de vice-présidente du Parti travailliste", a écrit l’élue dans un échange de lettres avec le Premier ministre Keir Starmer après plusieurs jours de controverse.
Cette figure de l’aile gauche du Labour, âgée de 45 ans, a dit "regretter profondément (sa) décision de ne pas avoir recherché des conseils fiscaux spécialisés supplémentaires", et assumer "l’entière responsabilité de cette erreur", liée à l’achat d’un appartement.
Près de 50 000 euros d’économies
Un rapport indépendant du conseiller en éthique du gouvernement, auquel elle avait signalé sa situation, a conclu vendredi 5 septembre qu’elle avait "enfreint le code" de conduite ministérielle. Elle aurait ainsi économisé 40 000 livres sterling (46 050 euros) d’impôt lié à l’acquisition de ce logement, en retirant son nom des titres de propriété d’un autre bien immobilier situé dans sa circonscription. En conséquence, le nouvel appartement était officiellement son seul bien immobilier.
Un coup dur pour Keir Starmer
Dans sa lettre acceptant sa démission, Keir Starmer, "très attristé", a assuré à Angela Rayner qu’elle demeurerait "une figure majeure" du parti travailliste, en difficulté dans les sondages un an seulement après son arrivée au pouvoir.
Souvent prise pour cible par les médias conservateurs, Angela Rayner a quitté l’école sans diplôme et, à 16 ans, est devenue mère célibataire. Elle a découvert le syndicalisme puis la politique après avoir travaillé dans le social, et a gravi les échelons du Labour jusqu’à devenir numéro deux du parti.
C’est une victoire importante, mais qui n’est pas près de clore la croisade initiée par le président américain contre les universités du pays. Mercredi 3 septembre, une juge a annulé le gel des 2,6 milliards de dollars de subventions octroyés à Harvard par l’administration Trump, ainsi que la révocation de sa certification permettant aux étudiants étrangers de venir étudier aux Etats-Unis.
Donald Trump, qui a promis de faire appel de cette décision, accuse depuis son retour à la Maison-Blanche la doyenne des universités américaines de servir de vivier à l’idéologie "woke", un terme utilisé par les conservateurs pour qualifier, la plupart du temps de manière péjorative, certaines idées progressistes. Grand soutien d’Israël, le président reproche également à Harvard de ne pas avoir protégé suffisamment ses étudiants juifs ou israéliens lors de manifestations sur le campus pour un cessez-le-feu à Gaza.
"L’antisémitisme, comme d’autres formes de discrimination ou de préjugé, est intolérable. Et il est clair, de l’aveu même de Harvard, que l’université a été en proie à l’antisémitisme ces dernières années et aurait pu (et dû) mieux traiter ce problème", concède la juge. Mais en "réalité, il existe peu de liens entre les domaines de recherches affectés par les gels de subventions et l’antisémitisme", poursuit-elle dans son jugement, estimant que l’antisémitisme est "un écran de fumée pour mener une attaque ciblée et idéologiquement motivée contre les universités les plus prestigieuses du pays".
Un avenir incertain
Malgré cette victoire, les perspectives de Harvard restent incertaines. L’université dépend en effet du soutien du gouvernement pour obtenir de futures bourses de recherche, accueillir des étudiants internationaux et conserver ses avantages fiscaux. "Peut-être que Harvard devrait perdre son exemption fiscale et être imposée comme une entité politique, si elle continue de défendre sa "folie" politique, idéologique, inspirée par/soutenant le terrorisme", avait écrit le président américain sur son réseau Truth Social, en avril. Le mois dernier, l’administration a également averti Harvard qu’elle pourrait saisir ses brevets, évalués à des centaines de millions de dollars, si une enquête révélait que l’université ne respectait pas la loi fédérale.
"Nous continuerons d’évaluer les implications de cet avis, de suivre l’évolution de la situation juridique et de rester attentifs à l’évolution du contexte dans lequel nous cherchons à remplir notre mission", a réagi de son côté le président de Harvard, Alan Garber, après le jugement. La situation pour l’université semble d’autant plus compliquée que la Cour suprême a donné à la Maison-Blanche des raisons d’être optimiste si l’affaire était portée devant elle, analyse Jodie Ferise, avocate au cabinet Church Hittle and Antrim, auprès du Wall Street Journal.
L’administration Trump a en effet soutenu que l’affaire Harvard ne constituait pas une question constitutionnelle, mais plutôt un litige contractuel qui devrait être jugé par une autre juridiction que la première instance. Dans une autre affaire concernant la suppression par l’administration des subventions des National Institutes of Health, les cinq juges les plus conservateurs de la Cour suprême ont indiqué le mois dernier qu’ils comprenaient la position du gouvernement selon laquelle un juge de première instance n’était pas compétent, et ne pouvait interférer avec la suppression des subventions par l’administration.
Des répercussions concrètes
Sous pression, Harvard a pourtant multiplié les concessions pour amadouer l’administration Trump, rappelle le New York Times : limogeage de responsables du Centre d’études sur le Moyen-Orient accusés d’antisémitisme, suspension d’un partenariat avec l’université palestinienne de Birzeit au profit d’institutions israéliennes, ou encore changement de nom de son Bureau de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’appartenance en simple Bureau de la vie communautaire et du campus. Officiellement, ces changements viseraient à rendre le campus "plus accueillant" et ouvert à la pluralité des opinions. Mais cette justification laisse sceptique de nombreux observateurs.
A l’heure actuelle, ces sanctions du président sont déjà tangibles sur le campus : les laboratoires se vident, et de nombreux projets de recherche sur certaines maladies neurodégénératives graves ou le cancer ont été amputés. Au total, "près de 1 800 membres du personnel et 1 500 étudiants diplômés et chercheurs postdoctoraux" dépendent partiellement ou totalement des fonds fédéraux, selon des documents judiciaires.
Des manifestants sur le campus d'Harvard, après un rassemblement contre les attaques du président américain Donald Trump contre l'université, le 17 avril 2025 à Cambridge, dans le Massachusetts
Il est antivax, il est complotiste, il a licencié des scientifiques, mais pour Donald Trump son ministre de la santé est surtout "quelqu’un de très bien". Robert Kennedy Jr. est un habitué des polémiques, et il n’est pas du genre à dissimuler ses théories fumeuses. Lors de la pandémie de Covid-19, il s’était illustré en affirmant que le virus a été"conçu pour cibler les Caucasiens et les Noirs", et que "les personnes les plus immunisées sont les Juifs ashkénazes et les Chinois". Dans son viseur se sont également retrouvés : les antidépresseurs, le VIH, l’eau potable, et bien sûr… les vaccins.
C’est avec cette dernière singularité que celui que l’on surnomme Bobby, a fini de se mettre à dos le Sénat américain, y compris des élus issus de son propre camp.
"Vous êtes un charlatan"
Auditionné par la chambre haute ce jeudi 4 septembre, Robert Kennedy Jr. a dû répondre aux accusations de limogeage qui planent au-dessus de sa tête. Pris dans une tempête médiatique suite au renvoi de Susan Monarez de la direction de la principale agence sanitaire du pays, le ministre s’est justifié devant les sénateurs en soutenant avoir "besoin d’une nouvelle direction audacieuse, compétente et créative". Une version divergente de celle rapportée par les avocats de l’ex-directrice qui affirme avoir été exclue à la suite de son refus de valider "des directives non-scientifiques et dangereuses".
Une audition tumultueuse, qui a rapidement basculé vers l’affrontement verbal. Accusé de vouloir éloigner les Américains de la vaccination, le ministre a attaqué les démocrates, leur reprochant d'"inventer des choses pour effrayer les gens" et d’être aux mains de l’industrie pharmaceutique. "Monsieur, vous êtes un charlatan, voilà ce que vous êtes", a scandé la sénatrice démocrate Maria Cantwell.
Fin août, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a restreint l’accès à la vaccination contre le Covid-19 pour les personnes de moins de 65 ans. Sans consultation préalable ou comorbidité, les individus en dessous de cette limite d’âge en seront privés. Une première.
Fait rare, des sénateurs républicains se sont également montrés houleux à l’égard de leur ministre : "En réalité, nous refusons la vaccination aux gens", a tranché amèrement le médecin Bill Cassidy après une longue liste de questions, narre le New York Times. "Vous vous trompez", s’est contenté de répondre Robert Kennedy Jr.
Une alliance stratégique
Cette séquence houleuse ne semble pourtant pas importuner le président des Etats-Unis. Le soir de l’audition, Donald Trump a réaffirmé son soutien à son ministre depuis la Maison-Blanche : "Il veut bien faire et il a des idées un peu différentes", a-t-il déclaré. Et d’abonder : "Si vous regardez ce qui se passe dans le monde en matière de santé, mais aussi dans notre pays […] J’aime le fait qu’il soit différent".
Même son de cloche du côté du côté de la communication de la Maison-Blanche : c’est "exactement pour cela que le président a nommé Robert Kennedy Jr. à la santé : pour réparer ce système cassé".
Une prise de position surprenante pour le président qui s’était tant vanté de son opération "Warp Speed" qui avait permis d’accélérer la vaccination contre le Covid-19 lors de son premier mandat. Mais depuis, le président a opéré un rétropédalage.
Conscient de sa popularité auprès des sympathisants de la droite radicale, Donald Trump, alors candidat, a effacé de sa communication les questions de vaccination, impopulaire après cette base électorale, rapporte le New York Times. Une fois élu, le président a maintenu son tournant, allant jusqu’à encourager les espoirs du ministre Robert Kennedy Jr. de révéler un lien entre la vaccination et l’autisme, une théorie largement réfutée par les experts.
Une fascination pour les Kennedy
Malgré des contestations en interne, Donald Trump ne se lasse pas de son ministre qui a su trouver une place dans son cercle proche, souligne CNN. Une complaisance qui pourrait s’expliquer par la fascination du président pour la famille Kennedy, et le prestige qui accompagne ce nom. Fin août, Chris Meekins, ancien employé du ministère de la santé témoignait dans le New York Times : "Pour quelqu’un qui a vécu la période du règne des Kennedy, avoir un membre de cette famille qui répond à ses ordres lui fait plaisir." Et l’analyste d’abonder : "Donald Trump gardera la laisse lâche sur Robert Kennedy Jr. jusqu’au moment où les dommages qu’il inflige au parti Républicain seront plus importants que les avantages qu’il apporte".
Pour l’instant, Donald Trump continue de jouir de la popularité de son ministre de la Santé qui se place en 6e position du classement de l’institut de sondage Gallup avec 42 % d’opinion favorable, légèrement au-dessus des 41 % du président. Tant que Donald Trump n’est pas immunisé à ses charmes, Robert Kennedy Jr. pourra continuer de se "lâcher sur la santé", comme son président lui a promis.
Lorsqu’à l’hiver 2024 Emmanuel Macron avait pour la première fois suggéré l’idée de déployer des troupes en Ukraine, la proposition avait suscité une levée de boucliers parmi les Européens. Un an et demi plus tard, les discours ont bien changé. A l’issue du sommet de la "coalition des volontaires", qui se réunissait à Paris ce 4 septembre, le président français a annoncé que 26 pays, essentiellement du Vieux Continent, s’étaient "engagés" à participer à une "force de réassurance" en déployant des troupes en Ukraine ou en étant "présents sur le sol, en mer ou dans les airs". L’objectif affiché : dissuader la Russie de toute nouvelle agression à l’issue d’une paix ou d’un cessez-le-feu - un enjeu au cœur des garanties de sécurité promises à l’Ukraine.
Le format de ladite force n’a toutefois pas été précisé. Interrogé sur les effectifs qui pourraient être engagés, Emmanuel Macron a préféré botter en touche pour ne "pas révéler le détail de notre organisation à la Russie". La question du nombre de soldats envoyés en territoire ukrainien n’en demeure pas moins centrale. En toile de fond, celle de la capacité des Européens à se montrer suffisamment dissuasifs aux yeux de Moscou. Au total, les armées nationales européennes, en comptant le Royaume-Uni, rassemblent aujourd’hui autour d’1,5 million de soldats en service actif. Ce nombre surpasse toutefois de loin les effectifs qui pourraient effectivement être déployés en Ukraine.
Une force de 25 000 hommes ?
Si à ce stade, le détail des pays prêts à participer et la nature de leur engagement restent incertains, le Premier ministre Britannique Keir Starmer avait évoqué en mars dernier - à l’époque où seule une poignée de pays avaient ouvert la porte à l’envoi de troupes - un déploiement de 10 000 hommes. "Avec la contribution de 26 pays, une force pleinement équipée de 25 000 soldats semble aujourd’hui atteignable, jauge le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale. Cela commencerait à être crédible dans la mesure où il s’agit avant tout de renforcer les capacités de l’armée ukrainienne qui en compte autour de 800 000."
En l’absence de chiffrage officiel, difficile toutefois d’être catégorique. A l’issue de la réunion, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a ainsi rappelé que son pays n’enverrait pas de militaires en Ukraine. Outre-Rhin, Berlin envisagerait par ailleurs, selon la presse allemande, de se concentrer sur le renforcement de la défense antiaérienne et des forces terrestres ukrainiennes, sans déployer de troupes au sol. Quid de l’engagement de l’Hexagone ? A court terme, selon plusieurs observateurs militaires, les forces françaises, dont l’armée de terre compte un total de 77 000 fantassins, auraient la capacité de mobiliser une brigade (autour de 5 000 soldats). Soit un nombre de soldats similaire à celui qui avait été déployé au plus fort de l’opération Barkhane au Sahel.
Les effectifs restent difficilement extensibles dans l’immédiat. "Avec les rotations et les repos, avoir un homme sur le terrain implique d’en avoir dans le même temps un deuxième qui se prépare à partir et un troisième revenant de mission, rappelle Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et expert des questions de défense. En parallèle, les forces françaises sont aussi engagées dans d’autres opérations extérieures comme au Tchad, en Côte d’Ivoire, à Djibouti, ou encore en Estonie et en Roumanie." S’ajoutent à cela environ 7 000 soldats mobilisés quotidiennement dans l’Hexagone dans le cadre de l’opération Sentinelle.
La question du soutien américain
Le nombre de troupes au sol n’est toutefois pas la seule donnée de l’équation. "Il faut garder à l’esprit que cette force serait soutenue par toute une composante aérienne, abonde Xavier Tytelman. Or ce soutien aérien est un démultiplicateur de force très important permettant d’être crédible et dissuasif même sans un volume de troupes gigantesque." In fine, sans doute l’une des grandes plus-values pour l’Ukraine du déploiement d’une éventuelle force européenne, capable d’engager une aviation massive et moderne, qui manque encore cruellement à Kiev.
Avant d’en arriver là, reste à préciser une donnée fondamentale : l’aide apportée par Washington - condition sine qua non fixée par de nombreux Européens pour participer à toute opération. Si Donald Trump a exclu le scénario d’un envoi de troupes de l’US Army au sol, le "soutien américain" aux garanties de sécurité doit être précisé "dans les prochains jours" a fait savoir la présidence française. Difficile pour les armées du Vieux Continent de faire sans l’appui de Washington. "L’autonomie stratégique européenne n’est pas totale en matière de renseignement et de logistique, souligne le général Pellistrandi. Cela inclut des capacités lourdes dont disposent les Américains, comme des avions gros-porteurs pour assurer le ravitaillement."
Aide américaine ou pas, à Moscou, le scénario d’un envoi de troupes européennes en Ukraine a sans surprise été catégoriquement rejeté. Au lendemain de l’annonce, Vladimir Poutine a même prévenu ce 5 septembre que toute force constituera une "cible légitime". La veille, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, avait estimé qu’il ne lui appartenait pas de "décider" à la place des Occidentaux. Le bras de fer ne fait que commencer.
Anutin Charnvirakul a cumulé 331 voix, obtenant ainsi une confortable majorité parmi les 492 députés siégeant à la chambre basse de l’Assemblée nationale de Thaïlande, indiquent les résultats finaux officiels. "Le Parlement approuve la nomination d’Anutin Charnvirakul au poste de Premier ministre", a déclaré le vice-président de la chambre, Chalad Khamchuang.
Quelques heures plus tôt, l’ancien Premier ministre (2001-2006) et homme d’affaires thaïlandais Thaksin Shinawatra, dont le vote a évincé son parti du pouvoir, avait quitté le pays à bord d’un jet privé. Sur X, M. Thaksin a déclaré avoir quitté la Thaïlande pour un examen médical à Singapour, mais avoir finalement bifurqué vers Dubaï en raison de la fermeture d’un aéroport.
La Thaïlande peinait à se doter d'un nouveau gouvernement depuis la destitution de sa Première ministre Paetongtarn Shinawatra, fille de M. Thaksin, en poste depuis août 2024 et démise définitivement de ses fonctions la semaine dernière pour sa gestion d'une récente crise avec le Cambodge.
Ayant obtenu au Parlement le soutien de l’opposition, Anutin Charnvirakul, autrefois allié du clan Shinawatra, était largement pressenti comme le prochain Premier ministre. "C’est normal de ressentir de l’excitation," avait-il déclaré à un groupe de journalistes à son arrivée au Parlement avant le vote, qui avait commencé vers 15H00 (08H00 GMT).
L'ancien ministre de 58 ans est connu pour avoir promu la dépénalisation du cannabis en 2022 tout en maintenant une ligne conservatrice. Il avait reçu mercredi le soutien clé du Parti du peuple, principal parti d’opposition, majoritaire au Parlement. Pendant des décennies, la dynastie Shinawatra s’est partagé le pouvoir avec l’élite conservatrice en Thaïlande, mais de récents revers juridiques ont fait décliner son influence.
Jugement attendu
Le parti Pheu Thai de cette puissante famille était au pouvoir depuis les élections de 2023. Après sa destitution, Mme Paetongtarn, héritière de la dynastie Shinawatra, avait cédé sa place à un Premier ministre intérimaire. Thaksin Shinawatra, également magnat des télécommunications, avait quant à lui été évincé du pouvoir lors d’un coup d’État en 2006 et passé 15 ans à l’étranger, avant de revenir en Thaïlande en août 2023. Il avait alors immédiatement été condamné à purger une peine de prison de huit ans pour corruption et abus de pouvoir, mais avait été transféré à l’hôpital pour des raisons de santé, puis gracié par le roi.
La semaine prochaine, un jugement de la Cour suprême devra décider si sa libération anticipée de prison était légale. Certains analystes estiment que cette décision, attendue le 9 septembre, pourrait entraîner une nouvelle incarcération pour le magnat. "Je prévois de retourner en Thaïlande au plus tard le 8 (septembre) afin de me rendre personnellement au tribunal", a cependant assuré M. Thaksin sur X. Il a précisé qu’il s’était rendu à Dubaï pour "rendre visite à des amis" là-bas, ainsi qu’à des médecins spécialisés en pneumologie et en orthopédie.
Même sans majorité, le parti Pheu Thai avait présenté son propre candidat au poste de Premier ministre, Chaikasem Nitisiri, qui a occupé le poste de ministre de la Justice (2013-2014) sous un précédent Premier ministre Shinawatra.
A la tête de son pays depuis 2024, le chef de l’Etat âgé de 57 ans s’est imposé dans l’actualité, notamment en raison de sa proximité avec Donald Trump avec qui il partage la passion commune du golf. Sportif émérite (il est aussi triathlète), Alexander Stubb a profité de son swing et la qualité de son "putt" pour parler des affaires du monde sur le green avec le président américain. Plusieurs fois ministre, ce polyglotte (finnois, anglais, suédois, français, allemand) est aussi lié à Zelensky par une histoire commune. Tout comme l’Ukraine aujourd’hui, la Finlande (5,6 millions d’âmes) a été attaqué par Moscou. C’était lors de la guerre d’Hiver de 1940-1941.
Après une résistance héroïque et des pertes considérables infligées à l’ennemi, la Finlande a malgré tout perdu 10 % de son territoire à la fin du conflit. De passage à Paris à l’occasion d’une réunion de la "coalition des volontaires" à l’Élysée, jeudi 4 septembre, en présence de nombreux chefs d’Etats et de gouvernement dont Donald Trump (en visioconférence) et Volodymyr Zelensky, Alexander Stubb a ensuite reçu L’Express à Paris, dans les murs de l’ambassade finlandaise. Une chose est sûre : sa parole est tranchante.
L'Express : La "coalition des volontaires" a promis d’offrir des "garanties de sécurité" à l’Ukraine. Mais quelle aide concrète apportera chaque pays ? Qui fera quoi ?
Alexander Stubb : Le principal résultat de notre discussion avec le président Trump est que nous sommes d’accord sur les "garanties de sécurité" [pour l’Ukraine]. Il s’agit d’une structure très simple reposant sur trois piliers. Premièrement, la responsabilité et l’engagement total de l’Ukraine et de l’armée ukrainienne. Avec 800 000 soldats, c’est en effet la plus grande armée d’Europe. Deuxièmement, le soutien de l’Europe dans les airs, sur terre, en mer et en matière de renseignement. Troisièmement, nous pouvons compter sur le soutien des Etats-Unis. Les modalités de ce soutien restent à déterminer. Mais nous sommes d’accord sur le principe.
Plus concrètement, à quoi ressemblerait la participation américaine dont les contours demeurent flous ?
Je ne peux pas parler au nom des Etats-Unis, mais leur bouclier aérien serait très utile car il créerait de facto un cessez-le-feu. Les Etats-Unis disposent de toutes les capacités de défense aérienne nécessaires. Leur aide en matière de renseignement est également capitale. Et je répète : nous avons maintenant un accord des garanties de sécurité militaire. Celui-ci sera mis en place politiquement aussitôt qu’un cessez-le-feu et la paix seront obtenus.
Combien de soldats au sol l’Europe serait-elle capable d’envoyer en Ukraine ?
Le président Macron a employé une formule intéressante pour donner un ordre de grandeur évoquant un volume des troupes au sol comparable à la présence américaine en Corée du Sud [NDLR : il y a actuellement près de 28 500 personnels de l’US Army dans ce pays]. Mais il ne faut pas se tromper de priorité ni se focaliser uniquement sur les chiffres et le nombre précis de militaires. Le signal envoyé à la Russie par la simple présence de troupes européennes sera aussi important que la taille de cette présence elle-même. L’essentiel est que le message soit suffisamment fort.
Poutine est un menteur pathologique
En matière de dissuasion, c’est le défenseur [l’Ukraine] qui a l’initiative mais celle-ci n’est pertinente et efficace qu’à une seule condition : il faut que l’ennemi, en l’occurrence la Russie, y croit. Si, par hypothèse, l’Europe envoie 12 000 soldats sur le terrain, cela restera un chiffre à rapporter à 800 000 militaires ukrainiens qui, de toute façon, constitueront le gros des forces. Au reste, l’armée de terre n’est qu’une composante parmi d’autres, au côté de l’armée de l’air, de la marine, de la force spatiale, du renseignement, etc.
L’activité diplomatique de ces dernières semaines – rencontre Trump-Poutine en Alaska ; présence des dirigeants européens dans le bureau Ovale – a-t-elle changé la dynamique de la relation transatlantique ?
Nous travaillons à une nouvelle forme de partenariat transatlantique. Pour ma part, j’ai toujours dit qu’il fallait mener la politique étrangère à partir du monde tel qu’il est, et non tel qu’on aimerait qu’il soit. Nous avons eu de bonnes réunions avec le président Trump avant la rencontre en Alaska. Nous avons des discussions constructives avec lui après sa rencontre avec Poutine. Et nous venons d’avoir un échange productif à l’Élysée cette semaine. Nous sommes soudés.
De nombreux observateurs estiment que Donald Trump est manipulé par Vladimir Poutine. Votre avis ?
Je vois bien qu’il existe des différences entre les attentes de l’opinion et les résultats immédiats produits par la diplomatie. Je comprends ce que les gens peuvent ressentir. Mais le président Trump fait tout ce qui est en son pouvoir pour tenter de mettre fin à cette guerre. C’est un négociateur coriace. Il essaye différentes choses et emprunte plusieurs chemins. Il faut bien comprendre que les négociations de paix fonctionnent selon un mouvement pendulaire. Parfois, nous allons dans la bonne direction, parfois dans la mauvaise. Mais sincèrement, Donald Trump essaie de mettre fin à cette guerre, avec les Européens à ses côtés. Et il est clairement du côté de l’Ukraine.
Donald Trump est un très bon golfeur
Quant au président Poutine, je n’ai aucune illusion sur son compte. Je l’ai dit de nombreuses fois au président Trump : on ne peut pas lui faire confiance.Le président Poutine est un menteur pathologique.Il continuera à jouer la montre pour gagner du temps. Il trouvera des excuses, prendra des mesures dilatoires. Car ses objectifs et ses idées n’ont évidemment pas changé. D’abord, il continue de dénier à l’Ukraine son droit à l’indépendance. Ensuite, il nie sa souveraineté. Et enfin, il veut s’emparer du territoire ukrainien pour rétablir la grandeur de la Russie. C’est quelqu’un qui demeure nostalgique de l’URSS et ne s’est pas remis de son effondrement. Voilà l’homme à qui nous avons affaire.
La situation que vous décrivez ressemble beaucoup à l’histoire de la Finlande attaquée par Staline durant la Seconde Guerre mondiale. En quoi l’expérience votre pays éclaire-t-elle le présent ?
La leçon à tirer est que l’État repose sur trois éléments : son indépendance, sa souveraineté, son intégrité territoriale. Après la guerre d’Hiver (1940-1941) et la guerre de Continuation (1944), la Finlande a conservé son indépendance, contrairement aux États baltes et à beaucoup d’autres. Mais nous avons perdu une partie de notre territoire et notre souveraineté de décision. Nous n’avons même pas pu adhérer à l’Association européenne de libre-échange (AELE) instituée en 1960 [NDLR : en raison du véto soviétique et d’une forme de tutelle qui a donné naissance au terme de "finlandisation" – vocable honni en Finlande]. Songez que nous n’avons pas pu rejoindre le Conseil de l’Europe [NDLR : qui réunit tous les pays européens, y compris ceux qui ne sont pas membre de l’UE] avant mai 1989. Y adhérer nous était interdit. Il y avait aussi des limitations qui pesaient sur la taille de notre armée. Cette situation ne doit jamais se reproduire en Ukraine.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Finlande a été amputée de 10 % de son territoire, annexé par l’Union soviétique. Pour parvenir à la paix en Ukraine, un scénario identique serait-il acceptable à vos yeux ?
Non. Cela ne doit pas arriver. Il ne faut pas que l’Ukraine en arrive là, comme nous après la Seconde Guerre mondiale. Et je suis certain que nous ne le permettrons pas. D’abord, nous devons obtenir un cessez-le-feu. Puis, nous négocierons sur la question du territoire. De jure (en droit), l’Ukraine n’acceptera jamais de perte de territoire. La situation de facto est une autre histoire. Mais nous ne devons jamais permettre qu’une conquête militaire et violente de territoires étrangers soit légitimée. Ce genre de choses appartient au monde d’avant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux accords de Yalta.
J’ai beaucoup d’admiration pour Emmanuel Macron
Au cours des années suivantes, l’acquisition de terres par la force a été rendue illégale par le droit international, puis entérinée par les accords d’Helsinki en 1975 avec la création de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Donc, en gros, le débat se résume à Yalta contre Helsinki. A Yalta, les grandes puissances décidaient des sphères d’influence ; à partir de la conférence d’Helsinki, c’est la communauté internationale qui fixe les règles et les normes internationales.
Face à la menace russe, à quoi ressemble le modèle de défense finlandais ?
Nous possédons l’une des plus grandes armées d’Europe, avec la Turquie, l’Ukraine et la Pologne. Nous avons un service militaire obligatoire : 900 000 hommes et femmes l’ont effectué, y compris moi-même et mon fils. Nous sommes ainsi capables de mobiliser 280 000 réservistes très rapidement en temps de guerre. Nous possédons plus de soixante avions de chasse F-18 et nous venons d’acheter 64 F-35.
Nous disposons aussi de missiles à longue portée, que nous pouvons tirer depuis les airs, la terre et la mer. Notre industrie de défense est robuste. Et nous sommes une superpuissance dans la fabrication de munitions ainsi que dans la production de poudre à canon. Enfin, nous possédons la plus grande artillerie d’Europe, avec la Pologne. Et ce n’est pas une menace venue de Stockholm qui nous inquiète…
La France a supprimé le service militaire obligatoire en 1997. Recommanderiez-vous de le rétablir, selon l’exemple finlandais ?
Je ne recommande rien du tout à qui que ce soit. Chaque pays prend les décisions qui lui correspondent. Mais nous travaillons tous ensemble, ce qui signifie que nous devons tous prendre soin de notre défense pour le bien collectif. C’est ce que nos pays ont fait au sommet de l’Otan à La Haye (Pays-Bas) en juin lorsque les 32 États membres ont pris l’engagement de porter leurs dépenses militaires à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) annuel d’ici à 2035.
La Finlande ne menace personne
Revenons à votre relation avec le président Trump, décrite dans les médias comme une "bromance". Comment la définissez-vous ?
Les relations diplomatiques reposent toujours sur deux piliers. Le premier, c’est la relation d’État à État, basée sur l’histoire, les valeurs, la géographie, les intérêts et la puissance. Le deuxième est personnel : c’est la manière dont vous vous entendez avec un dirigeant étranger. J’ai la chance d’avoir une bonne relation avec Donald Trump. Mon avantage, c’est que la Finlande n’est une menace pour personne. Je mène un dialogue suivi avec lui, mais aussi avec nos autres partenaires et alliés. Je me sens très proche du président Macron, j’ai beaucoup d’admiration pour lui, pour sa vision européenne et son travail dans le domaine des relations internationales.
En tant que président d’un petit pays, je me considère comme chanceux d’avoir un tel lien avec des dirigeants comme Macron et Trump. Mais je ne surestime pas mon rôle. Je suis surtout en coulisses, dans le "back-office". Les grands dossiers sont traités par les grandes puissances européennes : la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Si, en arrière-plan, je peux apporter mon aide, tant mieux.
Vous partagez avec le président Trump un vif intérêt pour le golf : est-il vraiment un bon golfeur ?
Oui. Il est très bon.
Si ce n’était pas le cas, le diriez-vous ?
Oui, absolument. Vous savez, il n’y a pas beaucoup de gens capables de jouer en dessous de leur âge [NDLR : au golf, réussir à faire un score inférieur à son âge témoigne d’un bon niveau de jeu. Par exemple, si un joueur de 70 ans réalise un score de 68 sur un parcours, on dit qu’il joue "en dessous de son âge". C’est une performance valorisée chez les golfeurs âgés, car plus l’on vieillit, plus ce sport devient difficile]. Or, il réalise des parcours en moins de 79 coups alors qu’il a 79 ans. C’est donc qu’il est un bon golfeur.
Concernant la guerre en Ukraine, un certain pessimisme régnait ces derniers mois. Croyez-vous encore à une issue favorable?
Aussi longtemps que les trois piliers fondamentaux de l’État ukrainien — indépendance, souveraineté et intégrité territoriale — sont respectés, je crois à une issue favorable. C’est ce à quoi nous travaillons. Mais je dois admettre qu’aucune paix n’est jamais parfaite.
Sans prendre des désirs pour des réalités, pensez-vous que la Russie puisse encore perdre cette guerre ?
A mon sens, Poutine a déjà perdu la guerre sur toute la ligne. Regardez quels étaient ses objectifs stratégiques. Un, rétablir la Russie en superpuissance. Raté ! Deux, prendre le contrôle de l’Ukraine. Raté ! Trois, diviser l’Europe. Raté ! Quatre, briser le partenariat transatlantique. Raté. Cinq, empêcher un élargissement de l’Otan. Raté ! Au contraire, avec l’adhésion de la Finlande (suivie par celle de la Suède), il a doublé la longueur de la frontière terrestre de la Russie avec l’Otan. Autrement dit, tous ses objectifs ont échoué. Poutine a commis l’une des plus grandes erreurs stratégiques militaires des temps modernes.
Selon le renseignement norvégien, la prochaine guerre de Poutine pourrait se dérouler en Arctique ou dans la région Baltique. Quelle est votre évaluation ?
Je suis probablement la seule personne en Finlande, en tant que président et chef d’État, à avoir accès à toutes les informations - militaires, civiles, etc. - concernant ce genre de sujets. Et je vous assure que je dors parfaitement bien la nuit.
En France, on parle davantage de la Finlande qu’auparavant. La chaîne Canal + diffuse la série Conflict, où votre pays est attaqué par une force militaire inconnue. Un best-seller récent a été consacré à la Guerre d’Hiver (1). Comment expliquez-vous cet intérêt ?
Dans le nouveau monde, post-guerre froide, la Finlande est devenue très intéressante du point de vue géopolitique. Nous sommes des gens qui prenons la politique au sérieux, nous ne faisons pas de bruit et, quand les gens lisent à notre sujet et s’intéressent à nous, ils aiment ce qu’ils découvrent. Au-delà de la Finlande, c’est toute la région nordique qui est plus intéressante – et sans doute plus importante – que par le passé. Nous menons d’ailleurs une coopération militaire étroite entre pays nordiques. C’est un changement de donne à deux niveaux. D’abord, la Finlande et la Suède ont enfin rejoint l’Otan après l’agression russe contre l’Ukraine (personnellement, cela fait trente ans que je prône l’adhésion de la Finlande à l’Otan, mais j’étais alors dans le camp minoritaire). Ensuite, nous deux pays ont renforcé leurs capacités militaires sur tous les fronts, dans tous les domaines et de façon unie. Nous coopérons entre pays nordiques du pourtour de la mer Baltique ; avec les armées européennes et au sein de l’Otan.
Dans un récent article, vous insistez sur le fait que le "Sud global" est un acteur majeur – quoique négligé par l’Occident – de la reconfiguration mondiale entre "l’Ouest global" et "l’Est global". Pourquoi mettre l’accent sur cette partie du monde ?
L’ère post-guerre froide s’est achevée avec la guerre en Ukraine. Nos raisonnements d’hier ne tiennent plus. Nous pensions que la mondialisation conduirait à la paix. Que l’économie de marché mènerait au libre-échange. Que notre aspiration à la liberté serait contagieuse. L’Occident a gagné la guerre froide mais il a échoué à convaincre le reste du monde du bien-fondé ses valeurs. L’Occident voudrait conserver l’ordre mondial tel qu’il est, avec ses institutions et ses normes, tandis que l’Est global entend le briser, ainsi qu’on vient de le voir lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, réunissant Poutine, Xi et l’Indien Modi. Si nous voulons que la démocratie l’emporte sur l’autoritarisme, nous devons repenser nos relations avec le Sud global. Car c’est lui qui arbitrera le match. Nous devons donc mener avec lui une politique étrangère différente et digne.
(1) Les guerriers de l’hiver, par Olivier Norek (Michel Lafon, 2024)
C’est encore un coup dur pour l’Europe, alors que les dirigeants européens attendent toujours que le président américain se positionne sur les garanties de sécurité en Ukraine. Selon un article du Washington Postpublié jeudi, Donald Trump souhaite supprimer plusieurs de ses programmes d’aide à la sécurité en Europe, parmi lesquels l’initiative visant à fortifier le flanc oriental du continent contre une éventuelle attaque russe, avec la fourniture de fonds pour les infrastructures et la formation militaires de l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.
Dans un communiqué, la Maison-Blanche a expliqué que cette décision, qui aurait un impact sur des centaines de millions de dollars d’aide militaire dont dépendent ces membres les plus vulnérables de l’Otan, était "coordonnée" avec les Européens et conforme au décret présidentiel de Donald Trump publié plus tôt cette année, visant à réévaluer l’aide étrangère américaine, ainsi qu’à sa "volonté constante de garantir une plus grande responsabilité de l’Europe en matière de défense". "Nous sommes satisfaits que les alliés européens prennent davantage d’initiatives en matière de défense", poursuit le texte, suscitant le désarroi chez certains de ses conseillers.
Des signaux contradictoires
Au Congrès dominé par les républicains, où le soutien bipartisan à l’OTAN et à l’Ukraine reste fort, plusieurs d’entre eux ont en effet exprimé leur confusion quant au plan de l’administration. Il faut dire que le ton employé par le Pentagone sous Donald Trump varie d’un jour à l’autre : si en juillet, le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, s’est montré chaleureux avec les dirigeants des trois pays baltes limitrophes de la Russie – l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie – dont il a salué les efforts dans la hausse de leurs dépenses militaires, le bureau des politiques du ministère de la Défense s’est montré bien plus agressif en coulisses pour mettre radicalement fin à certains programmes de soutien, révèle le journal américain.
D’après ses informations toujours, un conseiller du Sénat a indiqué que le ministère de la Défense n’avait pas informé les législateurs de la réduction des aides, malgré les demandes en ce sens. David Baker, responsable de la politique européenne et de l’Otan au Pentagone, a quant à lui abordé cette décision avec un groupe de responsables européens de la défense seulement en fin de semaine dernière, attribuant ce changement à l’évolution des priorités au sein de l’administration. D’après lui, l’attention des Etats-Unis serait désormais tournée vers la sécurité des frontières et la défense de son territoire, alors que Pékin mène un renforcement rapide de sa défense.
"Les Russes ne se soucient réellement que des dollars américains, des troupes américaines et du drapeau américain", a alors déclaré un responsable européen auprès du Washington Post, inquiet du signal qu’une réduction de l’aide américaine enverrait à Moscou. Les pays baltes, eux, n’ont pas encore réagi à cette annonce, mais lors de leur réunion avec Pete Hegseth en juillet dernier, ces derniers avaient insisté sur l’importance d’avoir une présence militaire américaine permanente sur leur territoire.
Dans une interview donnée à Politico, le président estonien Alar Karis a déclaré que des pays comme l’Estonie "doivent être prêts à faire face à tous les scénarios". S’il affirme avoir été rassuré par la promesse de Donald Trump de maintenir les troupes américaines en Pologne, le dirigeant estonien a souligné qu’il était encore "très difficile de prédire" ce que Washington ferait dans les pays baltes. Les États-Unis ont actuellement quelque 2 000 soldats stationnés dans les Etats baltes dans le cadre d’un renforcement militaire à la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Le Pentagone revoie actuellement le déploiement de ses forces à l'échelle mondiale, sous la direction du sous-secrétaire à la Défense chargé de la politique, Elbridge Colby, fervent partisan d'une réduction de la présence américaine en Europe. Les résultats devraient être dévoilés à la fin du mois.
Cela pourrait être "une catastrophe sanitaire", préviennent des élus démocrates. Mercredi 3 septembre, le directeur de la santé publique de Floride, Joseph Ladapo, a annoncé que l’Etat américain "va s’efforcer de mettre fin à toutes les obligations vaccinales, toutes sans exception, jusqu’à la dernière", les comparant à de "l’esclavage", lors d’un discours à l’école chrétienne Grace Christian School, à Valrico.
"Qui suis-je, moi qui me tiens ici devant vous, pour vous dire ce que vous devez mettre dans votre corps ? Qui suis-je pour vous dire ce que votre enfant doit mettre dans son corps ? Je n’ai pas ce droit. Votre corps est un don de Dieu", a-t-il renchéri, alors que le ministère de la Santé de Floride impose actuellement des exigences strictes en matière de vaccination, obligeant les enfants à avoir reçu une série de vaccins contre plusieurs maladies pour être inscrits dans une école publique.
Un antivax de longue date
Joseph Ladapo, choisi par le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, est un antivax de longue date, et a déjà été accusé de colporter des "absurdités scientifiques" par les défenseurs de la santé publique. Ce dernier avait par exemple falsifié les données d’une étude de 2022 sur les vaccins contre la Covid afin d’exagérer le risque pour les jeunes hommes qui en ont bénéficié, et estimé que le scepticisme croissant à l’égard des vaccins était "le reflet de la lumière de Dieu contre les ténèbres de la tyrannie et de l’oppression". En 2023, il avait également exhorté les habitants de Floride à refuser les rappels d’ARNm, affirmant à tort qu’ils n’avaient pas été testés sur des humains.
Joseph Ladapo n’a fourni aucun détail ni calendrier concernant l’abrogation proposée, mais a déclaré que son ministère collaborerait avec les législateurs et l’administration DeSantis pour la concrétiser. "Ce serait formidable pour la Floride d’être le premier Etat à le faire", a-t-il continué, alors que ce projet a été salué par Robert W. Malone, un médecin conservateur et anti-vaccin membre du nouveau comité consultatif sur les pratiques de vaccination, nommé par le non moins complotiste secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr.
Une alliance sanitaire
Sous la houlette de ce dernier, les Etats-Unis ont en effet amorcé une profonde refonte de la politique vaccinale, en restreignant l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ou en coupant des fonds pour en développer de nouveaux. Pourtant, le pays a connu la pire épidémie de rougeole en plus de trois décennies, avec environ 1 400 cas concentrés dans une communauté mennonite ultraconservatrice du Texas. Selon un rapport des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) publié l’année dernière, la vaccination systématique des enfants aura permis, en outre, d’éviter environ 508 millions de cas de maladie, 32 millions d’hospitalisations et 1,13 million de décès chez les enfants nés aux États-Unis entre 1994 et 2023.
Face à cette situation inquiétante, la Californie et deux autres Etats de l’Ouest ont riposté, en annonçant mercredi la formation d’une "alliance sanitaire", destinée à fournir à leurs résidents des recommandations vaccinales ainsi que des informations sur l’efficacité et la sûreté des vaccins "élaborées par des scientifiques, des médecins et d’autres responsables de santé publique de confiance". Le même jour, plus d’un millier d’employés et d’anciens personnels du ministère de la santé américain ont aussi signé une lettre adressée aux parlementaires demandant la démission de Robert Kennedy Jr, accusé de "mettre en danger" la population.
Le président américain Donald Trump a signé jeudi un décret abaissant les droits de douane sur les automobiles japonaises à 15 %, au lieu de 25 % jusqu’ici, et prévoyant que ceux appliqués à la majorité des produits japonais ne dépasseront pas ce nouveau taux. Ces surtaxes entreront en vigueur sept jours après la publication du nouveau décret au journal officiel américain, qui n’est pas encore intervenue, et confirment l’interprétation que le gouvernement japonais avait donnée de l’accord signé avec Washington en juillet.
Tokyo a salué le décret vendredi, le secrétaire général du gouvernement Yoshimasa Hayashi estimant que celui-ci marquait "la mise en œuvre fidèle et concrète de l’accord" conclu entre les deux pays. Selon le décret, l’accord avec le Japon prévoit un plafond de 15 % de droits de douane pour la majorité des produits japonais exportés vers les Etats-Unis, ceux étant déjà concernés par une surtaxe au-delà de cette limite voyant leurs taux inchangés.
Certains secteurs, à l’image de l’aéronautique, des matières premières non disponibles aux Etats-Unis ou des médicaments génériques sont exempts de ce taux de 15 %, précise le décret. En voyant la surtaxe imposée à ses automobiles fixée à 15 %, contre 25 % pour la majorité des véhicules entrant désormais aux Etats-Unis, le Japon obtient un traitement similaire à celui accordé à l’Union européenne.
Le document, publié sur le site de la Maison-Blanche, lève les doutes sur les conditions de l’accord signé fin juillet entre Tokyo et Washington. Le gouvernement japonais assurait que ce dernier prévoyait un taux maximal de 15 %, à l’image de celui signé ensuite entre Washington et Bruxelles, alors que les Etats-Unis défendaient que ces 15 % s’ajoutaient au contraire aux droits de douane déjà existants sur les différents produits japonais. Le décret valide ainsi la version de Tokyo.
Signé le 22 juillet, l’accord prévoit certaines contreparties de la part des entreprises japonaises, notamment via des investissements à hauteur de "550 milliards de dollars" dont "90 % des bénéfices générés resteront aux Etats-Unis", avait assuré le président américain.
Certains points toujours en suspens
Malgré la signature de l'accord, Washington a tardé à publier le décret le formalisant, suscitant l'inquiétude du gouvernement japonais. Le négociateur chargé des droits de douane s'est ainsi rendu jeudi dans la capitale américaine afin de pousser Donald Trump à signer le texte, six semaines après la fin des négociations. "Il est nécessaire que les Etats-Unis publient un décret présidentiel dès que possible pour modifier les droits de douane réciproques et réduire les surtaxes sur les automobiles et les pièces automobiles", avait déclaré Ryosei Akazawa avant son voyage.
Par ailleurs, certains points restent en suspens, notamment concernant les investissements japonais annoncés par M. Trump, Tokyo estimant de son côté qu'il s'agira majoritairement de prêts et de garanties.
Outre ces investissements, le Japon s'est aussi engagé à acheter "pour huit milliards de dollars de produits américains", sans préciser de calendrier, et les deux pays doivent étudier les conditions d'achat de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d'Alaska. Enfin, Tokyo a promis d'acheter "des avions commerciaux de fabrication américaine, notamment 100 Boeing", selon la Maison-Blanche, ainsi que de "lever les restrictions de longue date" qui empêchaient l'accès des automobiles américaines au marché japonais.
L'accord ne prévoit en revanche pas de modification des droits de douane américains appliqués à l'acier et à l'aluminium, qui sont désormais de 50 %.Le Japon cherche dans le même temps à diversifier ses marchés, Tokyo s'étant notamment engagée le 29 août à investir 68 milliards de dollars en Inde, avec qui elle a convenu d'approfondir ses relations, tant commerciales qu'en matière de sécurité.
Le président américain Donald Trump salue le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba à son arrivée devant l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 février 2025.
Au lendemain de la coalition des volontaires, qui a vu se réunir une vingtaine de dirigeants européens à Paris pour évoquer l’issue du conflit, la Russie a réaffirmé vendredi 5 septembre son opposition aux garanties militaires américaines et européennes offertes à l’Ukraine pour sa sécurité. Le président américain Donald Trump, qui a échangé plus tôt avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs chefs d’Etats européens, a dit jeudi qu’il parlera prochainement à Vladimir Poutine.
Les infos à retenir
⇒ Le Kremlin accuse les Européens d’"entraver le règlement" du conflit
⇒ Donald Trump annonce qu’il parlera bientôt à Vladimir Poutine
⇒ Une frappe russe fait trois morts dans la région de Kharkiv
Des "milliers" de militaires occidentaux pourraient être déployés en Ukraine
Des "milliers" de soldats occidentaux pourraient être déployés en Ukraine, dans le cadre des garanties de sécurité fournies par les alliés de Kiev face à la Russie, a déclaré ce vendredi le président Volodymyr Zelensky. Ces militaires devraient se compter "en milliers. C’est un fait, mais il est encore un peu tôt pour en parler" en détail, a assuré Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil européen Antonio Costa dans l’ouest de l’Ukraine.
La Chine "s’oppose fermement" à toute pression des USA ou des Européens
La Chine a dit vendredi "s’opposer fermement" à toute coercition après l’appel du président américain Donald Trump aux dirigeants européens à faire pression économiquement sur Pékin au sujet de la guerre en Ukraine.
"La Chine n’est pas à l’origine de cette crise, pas plus qu’elle n’en est partie prenante. Nous nous opposons fermement à cette tendance qui consiste à invoquer la Chine à tout propos et nous nous opposons fermement à de prétendues pressions économiques exercées à son encontre", a indiqué devant la presse Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
N’importe quelle force occidentale sera une "cible légitime" pour l’armée russe
N’importe quelle force occidentale en Ukraine sera une "cible légitime" pour l’armée russe, a prévenu vendredi le président russe Vladimir Poutine, au lendemain d’une réunion des alliés européens de Kiev consacrée aux garanties de sécurité. "Si des forces, quelles qu’elles soient, y mettent les pieds, surtout maintenant au moment où des combats sont en cours, nous partirons du principe qu’elles seront des cibles légitimes" pour l’armée russe, a déclaré Vladimir Poutine, lors d’un Forum économique de l’Est à Vladivostok (Extrême-Orient).
"Et si des décisions sont obtenues pour aboutir à la paix, à une paix durable, je ne vois tout simplement pas de sens à leur présence" sur le territoire ukrainien, a ajouté Vladimir Poutine, en appelant à ce que "personne ne doute que la Russie respecte pleinement" les futures garanties de sécurité pour l’Ukraine.
Arrêt de l’aide militaire américaine à des pays d’Europe de l’Est
Washington prévoit de mettre fin à son aide militaire de longue date aux pays européens géographiquement proches de la Russie, alors que Donald Trump pousse le continent à jouer un rôle plus important dans sa propre défense, a rapporté la presse jeudi.
Des responsables américains ont informé la semaine dernière des diplomates européens de la décision de mettre fin au financement par les Etats-Unis de programmes de formation et d’équipement des armées de pays d’Europe de l’Est, a rapporté le Financial Times. Selon le Washington Post, cette aide s’élèverait à plusieurs centaines de millions de dollars.
Un responsable travaillant pour la Maison Blanche n’a pas confirmé les détails de cette décision. Il a néanmoins déclaré que la mesure avait été "coordonnée avec les pays européens", conformément à un décret signé en janvier par Donald Trump sur la réévaluation de l’aide étrangère américaine.
Les garanties américaines et européennes de nouveau rejetées par Moscou
La Russie a réaffirmé, vendredi, son opposition aux garanties militaires américaines et européennes offertes à l’Ukraine pour sa sécurité.
"Les étrangers, en particulier les contingents militaires européens et américains, peuvent-ils fournir et garantir la sécurité de l’Ukraine ? Absolument pas, ils ne le peuvent pas", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à l’agence d’Etat Ria Novosti.
"Les Européens entravent le règlement en Ukraine. Ils n’y contribuent pas", a-t-il appuyé dans un entretien au quotidien russe Izvestia, en accusant l’Europe de "poursuivre ses tentatives" de faire de l’Ukraine "le centre de tout ce qui est antirusse".
Donald Trump dit qu’il parlera prochainement à Vladimir Poutine
Donald Trump a déclaré, jeudi, qu’il s’entretiendrait bientôt avec le président russe Vladimir Poutine, après avoir parlé plus tôt dans la journée avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens. "Oui, je lui parlerai", a dit le président américain à une journaliste qui lui demandait s’il dialoguerait prochainement avec le dirigeant russe, en marge d’un dîner avec les plus grands patrons de la tech aux Etats-Unis.
"Cela peut être organisé rapidement en cas de nécessité", a confirmé, vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à l’agence Ria Novosti. Vladimir Poutine et Donald Trump s’étaient rencontrés en Alaska, le 15 août, lors d’un sommet qui a mis fin à l’isolement du président russe depuis l’invasion de l’Ukraine mais n’a pas débouché sur un cessez-le-feu.
Une frappe russe fait trois morts dans la région de Kharkiv
Une frappe de drones russes a fait trois morts dans la région de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, a indiqué le gouverneur régional Oleg Synegoubov jeudi soir. "Deux hommes âgés de 40 ans sont morts" dans cette attaque et "une civile de 25 ans a également été tuée", a-t-il détaillé.
Plus tôt jeudi, deux démineurs ukrainiens du Conseil danois pour les réfugiés ont été tués au cours d’une attaque russe dans le nord de l’Ukraine, dans une zone qui avait été occupée par les forces de Moscou au début de l’invasion, ont rapporté les autorités ukrainiennes et l’ONG.
Le ministère russe de la Défense a de son côté fait état de "la destruction d’un point de préparation et de lancement de drones à longue portée des forces armées ukrainiennes dans la région de Tcherniguiv", démentant que les victimes étaient des humanitaires.
Il y a ceux qui répondent du bout des lèvres, masquant avec difficulté leur lassitude à parler de Franco. Ceux qui soupirent d’exaspération, à peine le nom du Caudillo est-il prononcé. Et puis ceux, comme Juan Francisco Fuentes, professeur à l’université Complutense de Madrid et membre de l’Académie royale d’histoire, qui éconduisent d’une phrase couperet : "J’ai décidé de ne pas donner d’interviews sur le sujet, sinon je ne ferais rien d’autre dans la vie." En Espagne, nombreux sont les historiens à afficher gêne et perplexité face aux commémorations de la mort de Francisco Franco. En novembre prochain, il y aura un demi-siècle que le "généralissime" est mort, après avoir dirigé d’une main de fer une Espagne sous cloche pendant près de quatre décennies.
Des conférences et des expositions
L’actuel chef de l’exécutif, le socialiste Pedro Sanchez, y voit l’occasion de mener un nouveau travail de mémoire, à travers des dizaines de conférences, expositions et programmes audiovisuels dans toute la péninsule. "Tous les citoyens, sans distinction d’idéologie, de sexe, de race ou d’origine sont invités à participer", indique le site d'"España en libertad", nom donné à ces événements organisés tout au long de l’année.
En 1975, expliquent les autorités, "l’Espagne a entamé un long et difficile chemin pour retrouver la liberté et la démocratie". Cinquante ans plus tard, il s’agit de "se souvenir de ce début de succès collectif" et de célébrer "le pays prospère, pluriel et démocratique" que le royaume est devenu. La droite, dans l’opposition, s’insurge et dénonce une manigance politicienne destinée à rassembler la gauche derrière un gouvernement dont la majorité au Congrès des députés, depuis les législatives de juillet 2023, ne tient qu’à un fil, grâce à l’appui des indépendantistes basques et catalans.
En mars, la polémique a pris un tour acerbe lorsque la presse ibérique a révélé que ces célébrations allaient coûter la bagatelle de 20 millions d’euros au budget de l’Etat. "Il y a en Espagne le sentiment général que cette opération relève d’une instrumentalisation politique. Remettre Franco dans les pattes de la droite, c’est le meilleur moyen de réactiver la gauche en l’absence d’échéance électorale à court ou moyen terme", estime l’historien français Benoît Pellistrandi, spécialiste de l’Espagne contemporaine.
Ce dernier pointe au passage le risque de "simplification à l’extrême" d’une période déjà "très étudiée" par sa discipline, les pionniers de l’histoire contemporaine étant parvenus en leur temps à la conclusion que ce qui s’est produit en Espagne après la guerre civile (1936-1939) "n’a pas été une anomalie mondiale en soi". D’après Benoît Pellistrandi, "l’anomalie, c’est que la dictature ait duré jusqu’en 1975, jusqu’à la mort de Franco dans son lit, laquelle a agi comme un bouchon de champagne qui saute". De fait, le franquisme a pris fin trente ans après la Seconde Guerre mondiale et la déroute du fascisme italien et du nazisme allemand, sans échec militaire face à un camp allié contre Madrid.
Le retour de la démocratie en Espagne
Il n’en demeure pas moins que l’initiative du gouvernement Sanchez est jugée salutaire par d’autres historiens. Tel est le cas de l’Italien Steven Forti, spécialiste de l’extrême droite à l’Université autonome de Barcelone. "La question est de savoir ce que l’on célèbre", dit-il. En clair : la mort de Franco en 1975 n’a pas sonné la fin de la dictature, mais le commencement de la fin. Il faudra en effet attendre l’organisation d’élections en 1977 et l’adoption d’une nouvelle Constitution, en 1978, pour que soit scellé le retour de la démocratie en Espagne. "L’idée de prendre pour repère la mort de Franco est symbolique. Le 20 novembre 1975 a marqué le début d’un long et complexe processus de transition qui mènera en 1982 à l’arrivée au pouvoir du socialiste Felipe Gonzalez, un novice en politique, cinquante ans plus jeune que Franco. C’est important de le rappeler, dans le contexte mondial actuel où la démocratie recule et où émerge l’extrême droite", relève Steven Forti.
Car tel est bien le sujet central aujourd’hui. Apparu en 2013 dans le paysage politique, à l’initiative de transfuges de la droite libérale, le parti ultranationaliste et conservateur Vox est crédité de 14,1 % des intentions de vote par le baromètre de l’institut 40dB paru début avril dans le quotidien El Pais. Trois points de plus que le résultat obtenu aux dernières élections générales. En y additionnant les 2,7 % que pourrait récolter de son côté Se Acabo La Fiesta ("La fête est finie"), coalition populiste née sur les réseaux sociaux à l’occasion du scrutin européen de juin 2024, l’extrême droite espagnole pèse désormais potentiellement près de 17 %. Du jamais vu depuis la mort de Franco.
Cette extrême droite n’a pas connu la dictature et incarne pourtant la nostalgie du franquisme, comme elle l’a montré en 2019 lors de l’exhumation de Franco sur décision du Congrès des députés. A la suite du transfert des restes du Caudillo du mausolée monumental de la vallée de Los Caidos (au nord-ouest de Madrid) au cimetière de Mingorrubio, quelque 300 000 personnes avaient défilé en deux jours dans la chapelle ardente qui y avait été dressée. "On peut parler de résurgence, car pendant quarante ans l’Espagne s’était parfaitement passée de Franco. Désormais, on entend fréquemment que "c’était mieux sous Franco", en réaction aux exagérations du discours de la gauche", note Benoît Pellistrandi.
A mesure que l’extrême droite monte dans les sondages, le Parti populaire (PP), qui représente la droite présumément "modérée", renoue pour sa part avec les vieux démons de la formation dont il est l’héritier, Alliance populaire, et de son fondateur Manuel Fraga, ancien ministre très puissant de l’époque franquiste. "Le PP reste mal à l’aise avec le thème de la dictature. Jamais, même quand il a été au pouvoir avec José Maria Aznar [1996-2004] ou Mariano Rajoy [2011-2018], il n’a souhaité faire l’inventaire du franquisme et le condamner explicitement. Sa rhétorique consiste à dire qu’on ne parle pas des vieilles blessures pour ne pas les réveiller", analyse l’historien français.
Des youtubeurs d'extrême droite populaires
Malgré les lois mémorielles adoptées sous les gouvernements de gauche de José Luis Zapatero (2004-2011) et de Pedro Sanchez (aux commandes du pays depuis 2018) pour rétablir les droits des victimes de la guerre civile et de la dictature, les saluts et autres chants fascistes ont le vent en poupe, notamment en milieu scolaire. "Grâce aux réseaux sociaux, se réjouit Manuel Mariscal, député de Vox, beaucoup de jeunes sont en train de découvrir que le franquisme n’a pas été une période sombre, comme le gouvernement nous le fait croire, mais une période de reconstruction, de progrès et de réconciliation pour parvenir à l’unité nationale."
Inquiets de la popularité des youtubeurs d’extrême droite, les historiens mettent en garde contre le révisionnisme ambiant et la tendance à raconter que Franco ne fut pour rien dans le déclenchement de la guerre civile qui devait conduire à la dictature. Un retournement qui fait écho à la réécriture de la genèse de la guerre en Ukraine par Vladimir Poutine et Donald Trump.
Xi Jinping a revêtu un costume gris, à la Mao. Un immense tapis rouge a été déroulé pour accueillir les prestigieux invités du jour à Pékin. Parmi eux, il y a surtout Kim Jong Un, le dirigeant nord-coréen, qui a fait le voyage en train. Le dernier arrivé, chaleureusement salué par le président chinois, c’est Vladimir Poutine. Les deux s’installent au milieu d’une vingtaine d’autres dirigeants. La photo est historique.
Tous ont fait le déplacement pour assister au défilé militaire, célébrant les 80 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale. En début de semaine, nombre d’entre eux s’étaient déjà réunis pour le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai. A cet important forum régional, on a pu noter la présence du président iranien, Massoud Pezeshkian, du turc, Recep Tayyip Erdogan, du biélorusse, Alexandre Loukachenko, ou encore de Narendra Modi le Premier ministre indien.
L’occasion pour Xi Jinping de faire passer plusieurs messages et notamment afficher la puissance militaire de la Chine.
Cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, montre le président russe Vladimir Poutine marchant avec le président chinois Xi Jinping, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin le 3 septembre 2025
Le président finlandais Alexander Stubb a rencontré L’Express à la sortie de la réunion organisée, ce jeudi 4 septembre, à l’Elysée en présence de Volodymyr Zelensky, Donald Trump (en visioconférence) et plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement appartenant à la "coalition des volontaires".
A chaud, le président nordique – connu pour sa récente "bromance" avec Donald Trump avec qui il partage la passion du golf – a résumé l’essentiel de la réunion pendant laquelle 26 pays se sont engagés à être présents "sur le sol, en mer ou dans les airs" en cas de cessez-le-feu en Ukraine. "Le principal enseignement à tirer de la réunion de la "coalition des volontaires" aujourd’hui et de la discussion avec le président Trump est que nous sommes d’accord sur les garanties de sécurité [pour l’Ukraine]. Il s’agit d’une structure très simple reposant sur trois piliers. Premièrement, la responsabilité et l’engagement total de l’Ukraine et de l’armée ukrainienne. Avec 800 000 soldats, c’est la plus grande armée d’Europe. Deuxièmement, le soutien de l’Europe, dans les airs, sur terre, en mer, en matière de renseignement. Troisièmement, nous pouvons compter sur le soutien des Etats-Unis. Les modalités de ce soutien restent à déterminer. Mais nous sommes d’accord sur le principe."
"Donald Trump essaie sincèrement de mettre fin à cette guerre"
Mais à quoi ressemblerait concrètement cette participation américaine dont les contours demeurent flous ? "Je ne peux pas parler au nom des Etats-Unis, mais leur bouclier aérien serait très utile car il créerait de facto un cessez-le-feu. Les Etats-Unis disposent de toutes les capacités de défense aérienne nécessaires. Leur aide en matière de renseignement est également capitale. Et je répète : nous avons maintenant un accord des garanties de sécurité militaires. Celles-ci seront mises en place politiquement aussitôt qu’un cessez-le-feu et la paix seront obtenus."
Une interrogation demeure sur la participation, en nombre de soldats, des pays européens de la coalition. Combien chacun d’entre eux serait-il disposé à en envoyer en Ukraine ? "Le président Macron a fait référence à une présence comparable, en volume, à celle des troupes américaines en Corée du Sud", révèle Alexander Stubb tout en estimant qu’il ne faut pas trop se focaliser, à ce stade, sur le nombre exact de militaires. Selon lui, "le signal envoyé à la Russie par la simple présence de troupes européennes au sol est aussi important que le volume de cette présence" : "L’essentiel est que le message soit suffisamment fort. Si, par hypothèse, l’Europe envoie 12 000 soldats sur le terrain, cela restera un chiffre à rapporter à 800 000 militaires ukrainiens qui, de toute façon, constitueront le gros du régiment. Au reste, l’armée de terre n’est qu’une composante parmi d’autres, au côté de l’armée de l’air, la marine, la force spatiale, le renseignement, etc."
"Donald Trump est clairement du côté de l’Ukraine"
Il n’en demeure pas moins que les inquiétudes des Européens persistent au sujet de la fiabilité de Donald Trump, jugé versatile par beaucoup et, aussi, sous l’influence de Vladimir Poutine. A ce sujet, le président finlandais se veut rassurant. "Le président Trump fait tout ce qui est en son pouvoir pour tenter de mettre fin à cette guerre. C’est un négociateur coriace. Il tente différentes choses et emprunte différents chemins. Il faut bien comprendre que les négociations de paix fonctionnent selon un mouvement pendulaire. Parfois, nous allons dans la bonne direction, parfois dans la mauvaise. Mais sincèrement, Donald Trump essaie de mettre fin à cette guerre, avec les Européens à ses côtés. Et il est clairement du côté de l’Ukraine."
À l’issue du sommet pour l’Ukraine qui a réuni les membres de la "coalition des Volontaires" à Paris ce 4 septembre, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont annoncé, lors d’une conférence de presse, que 26’ pays s’engageaient dans des garanties de sécurité militaires auprès de l’"Ukraine’.
Sur Vladimir Poutine qui partage avec lui une frontière commune de 1 300 kilomètres, Alexander Stubb ne se fait, dit-il, "aucune illusion. "J’ai dit à plusieurs reprises au président Trump qu’il ne fallait pas lui faire confiance. Le président Poutine est un menteur pathologique. Il continuera à jouer la montre pour gagner du temps. Il trouvera des excuses, prendra des mesures dilatoires. Mais il est évident que son objectif et ses idées n’ont pas changé. D’abord, il continue de nier à l’Ukraine son droit à l’indépendance. Ensuite il nie sa souveraineté. Et enfin, il veut s’emparer du territoire ukrainien pour rétablir la grandeur de la Russie. C’est quelqu’un qui demeure nostalgique de l’URSS et ne s’est pas remis de son effondrement. Voilà l’homme à qui nous avons affaire."
Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont "formellement engagés" à soutenir militairement l’Ukraine au "sol, en mer ou dans les airs" dans le cadre d’un futur cessez-le-feu, a annoncé Emmanuel Macron à la presse à la sortie du sommet pour l’Ukraine qui a réuni ce jeudi 4 septembre la "coalition des volontaires", qui a été suivie par un appel avec Donald Trump. Durant la rencontre, ces pays ont "formalisé très précisément leur contribution et officialisé leur volonté de "déployer comme force de réassurance des troupes en Ukraine ou à être présents sur le sol, en mer ou dans les airs", a déclaré le président français, qui dirige la coalition avec le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient" a promis Emmanuel Macron, que ce soit via un "cessez-le-feu", un "armistice" ou un "traité de paix". Il ne s’agit donc pas selon lui "de mener quelque guerre contre la Russie" mais de la dissuader d’attaquer à nouveau l’Ukraine à l’avenir. Les garanties de sécurité "visent d’abord à ce que, dans la négociation, il n’y ait aucune limitation de format ou de capacité pour l’armée ukrainienne", a-t-il rappelé. "C’est ce que nous défendons, ce que nous défendrons jusqu’au bout."
26 nations engagées mais pas de détails sur la contribution par pays
Le président français a refusé de donner le détail de ce plan militaire, et de préciser les contributions pays par pays. Il a tout de même assuré que l’Allemagne, l’Italie et la Pologne étaient des "contributeurs importants" parmi les 26. Ces trois poids lourds européens avaient émis des réserves sur un engagement, qu’ils lient notamment à un "filet de sécurité" robuste de Washington.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a d’ailleurs répété à l’issue de la réunion que Rome n’enverrait pas de troupes en Ukraine. L’Allemagne entend quant à elle plutôt participer au renforcement de la défense antiaérienne de l’Ukraine et à l’équipement de ses forces terrestres, ont dit des sources gouvernementales à l’AFP.
Le chef de l’Etat français a rappelé qu'"en février 2024, dans cette même salle, […] nous étions deux à dire que peut-être on serait prêts un jour à mettre des troupes sur le terrain. Il y avait la Lituanie et la France. Deux. Et je rappelle que l’atmosphère était assez négative".
Le plan du "backstop" américain reste flou
Le soutien, ou "backstop" américain était l’enjeu d’une visioconférence avec le président Donald Trump dans la foulée du sommet, auquel a aussi en partie pris part son émissaire spécial Steve Witkoff, présent au palais de l’Elysée. Mais aucune annonce sur l’engagement américain n’a fait suite à cet appel, laissant penser qu’une décision n’a pas encore été prise par les Etats-Unis.
Donald Trump avait promis, au cours d’une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles. Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l’envoi par les Etats-Unis de troupes au sol.
"Nous comptons sur le backstop des Etats-Unis", a pourtant répété le président ukrainien Volodymyr Zelensky pendant la même conférence de presse. Les dirigeants européens ont fait part au président américain de "leur espoir que les Etats-Unis contribueraient de manière substantielle", s’est aussi borné à rapporter le porte-parole du chancelier allemand Friedrich Merz. Emmanuel Macron s’est voulu plus optimiste. Il a assuré que le "soutien américain" serait finalisé "dans les prochains jours" et que les Américains avaient "été très clairs" sur leur participation. "Il n’y a pas de doute sur ce sujet", a-t-il martelé.
De nouvelles "mesures punitives" conjointes avec Washington ?
À la clôture des travaux, Emmanuel Macron a aussi assuré que les Européens prendraient de nouvelles sanctions "en lien avec les Etats-Unis" si Moscou continuait de refuser la paix. Il a évoqué un "travail conjoint" avec Washington, concernant aussi des mesures punitives contre les pays "qui soutiennent" l’économie russe ou aident la Russie à "contourner les sanctions". "Et à ce titre, la Chine a été évoquée", a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Mais les Européens réclament ces sanctions américaines depuis des mois, jusqu’ici sans succès. Ce sommet serait-il le bon ? Mercredi dernier, Donald Trump, se disant "très déçu" par son homologue russe, a averti qu’il "se passerait quelque chose" si Moscou ne répondait pas à ses attentes de paix, laissant entier le suspense.
La Russie ne tolérera "aucune intervention étrangère"
En face, la Russie martèle qu’elle n’acceptera aucune "intervention étrangère quelle qu’en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen". "Ce n’est pas à eux de décider", a rétorqué jeudi le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte.
Le président ukrainien quant à lui, a salué l’engagement pris par 26 pays "26 pays ont convenu de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine. Je pense qu’aujourd’hui, pour la première fois depuis un long moment, c’est la première avancée concrète aussi sérieuse", a déclaré le président ukrainien depuis Paris, aux côtés de son homologue français.
À l’issue du sommet pour l’Ukraine qui a réuni les membres de la "coalition des Volontaires" à Paris ce 4 septembre, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont annoncé, lors d’une conférence de presse, que 26’ pays s’engageaient dans des garanties de sécurité militaires auprès de l’"Ukraine’.
Le ministre des Affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a affirmé, ce jeudi 4 septembre, qu’une visite du président français Emmanuel Macron en Israël n’était pas à l’ordre du jour tant qu’il ne reviendrait pas sur sa décision de reconnaître un Etat palestinien.
Dans un entretien avec son homologue français Jean-Noël Barrot, Gideon Saar a appelé la France à "reconsidérer" son initiative visant à reconnaître un Etat palestinien, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. "Tant que la France poursuivra ses efforts et initiatives allant à l’encontre des intérêts d’Israël, une telle visite (de Macron en Israël) n’aura pas lieu d’être", a-t-il ajouté.
Une demande d’Emmanuel Macron rejetée ?
La chaîne publique israélienne Kan, citant l’ancien député français Meyer Habib, a annoncé mercredi que Benyamin Netanyahou avait rejeté une demande d’Emmanuel Macron de se rendre en visite en Israël.
Emmanuel Macron coprésidera le 22 septembre avec le prince saoudien une conférence au siège de l'ONU à New York sur la "solution à deux Etats" au cours de laquelle Paris doit formaliser, de concert avec plusieurs autres pays comme l’Australie, la Belgique ou le Canada, sa reconnaissance de l’Etat de Palestine. Israël considère que reconnaître un Etat palestinien revient à accorder "une récompense au Hamas", après les massacres du 7 octobre 2023 commis par le mouvement islamiste palestinien, quand Emmanuel Macron affiche l’objectif de "rassembler la plus large contribution internationale à la solution à deux Etats, seule à même de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens".
Sept voix contre quatre. Le 29 août 2025, une cour d’appel fédérale a jugé illégaux la plupart des droits de douane de Donald Trump. En cause : l’IEEPA (la loi relative aux pouvoirs du président en temps d’urgence nationale ou de guerre) ne lui confère pas le pouvoir de fixer des droits de douane. L’exécution de l’arrêt est toutefois gelée jusqu’au 14 octobre, afin que Donald Trump puisse faire appel. L’administration n’a pas perdu de temps pour saisir la Cour suprême et lui a demandé de dire d’ici au 10 septembre si elle se saisit du dossier ou non, avec de possibles audiences début novembre.
Pour le moment, l’avenir de nombreuses taxes est incertain. La décision confirme celle du tribunal de commerce et s’ajoute à un jugement distinct rendu à Washington fin mai. Si la Cour suprême confirme l’illégalité, la Maison-Blanche pourrait devoir rendre aux entreprises américaines plus de 200 milliards de dollars de surtaxes déjà perçus.
Ce que dit le droit américain
La Constitution fixe la règle : l’article 1 confie au Congrès le pouvoir de lever impôts et droits de douane et de réguler le commerce extérieur. Au fil du temps, le législatif a délégué des marges d’action au président, mais ces habilitations sont limitées et encadrées. Dans ce cadre, Donald Trump a voulu recourir à l’IEEPA, une loi de 1977 pensée pour gérer des urgences nationales et encadrer des transactions financières. Le texte ne mentionne toutefois pas les droits de douane et n’avait jamais servi à en imposer jusqu’à maintenant. L’exécutif a pourtant tenté de l’utiliser, via des décrets, pour fixer des taxes, puis pour les alourdir contre des pays ayant riposté.
Le tribunal de commerce international a d’abord tranché. Trois juges, à l’unanimité, ont estimé que, puisque la Constitution attribue expressément le pouvoir tarifaire au Congrès, l’IEEPA ne confère pas au président une autorité illimitée en matière de taxes. Le décret annonçant des droits de douane "globaux" a été jugé illégal. L’ordre imposant des taxes supplémentaires contre des pays qui avaient répliqué aussi. Un troisième décret visant les marchandises du Mexique et du Canada a connu le même destin, mais pour une autre raison encore : les droits de douane ainsi établis ne traitaient pas réellement l’urgence invoquée pour les justifier.
La cour d’appel fédérale a confirmé ce raisonnement le 29 août par sept voix contre quatre. Elle a précisé que la question n’était pas de savoir si les tarifs douaniers sont efficaces, mais de savoir si la loi fédérale permettait au président de procéder ainsi. Réponse : non, pas sur la base de l’IEEPA. Pour éviter un choc économique, la cour a toutefois autorisé le maintien provisoire des taxes concernées jusqu’au 14 octobre, laissant à l’administration Trump la possibilité de saisir la Cour suprême.
Certains droits de douane persistent
Tous les droits de douane ne sont pas concernés. Les mesures prises au titre de l’article 232 telles que les taxes sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, restent en place après une enquête de "sécurité nationale" du Département du commerce. Celles fondées sur l’article 301 subsistent également car elles répondent à des pratiques commerciales déloyales et ont déjà été utilisées sur des importations chinoises allant des composants solaires aux produits électroniques, en passant par des fournitures médicales.
Si, au terme du pourvoi, les droits de douane fondés sur l’IEEPA sont invalidés, deux conséquences s’imposent. D’abord, l’administration ne pourra plus percevoir ces taxes. Ensuite, elle sera confrontée à des demandes de remboursement des montants déjà versés. Plus de 210 milliards de dollars auraient été perçus en surtaxes depuis le printemps : si la Cour suprême confirme l’illégalité, la question de la restitution deviendra centrale. Deux scénarios commencent déjà à circuler : un remboursement massif décidé par l’Etat fédéral, ou des actions au cas par cas engagées par les entreprises. Dans les deux cas, l’incertitude budgétaire est forte et la perspective d’une pression inflationniste supplémentaire n’est pas écartée.
Quels leviers resteront alors à portée de la Maison-Blanche pour agir en cas d’illégalité des droits de douane ? Le premier est déjà mobilisé : l’article 232, qui suppose une justification de sécurité nationale. Le deuxième est l’article 301, qui autorise des mesures de rétorsion mais exige des enquêtes et des procédures plus longues. Un troisième outil, plus exceptionnel, existe dans la loi sur le commerce : en cas de crise "importante et grave" de la balance des paiements, il est possible d’instaurer des taxes temporaires à l’importation jusqu’à 1 % pour 150 jours au maximum, afin de corriger un déséquilibre extérieur ou d’éviter une dépréciation imminente et importante du dollar. Ce mécanisme est puissant sur le papier, mais il requiert des conditions strictes, ce qui limite son usage. Si la Cour suprême infirme, l’exécutif conservera son outil, mais au prix d’une controverse juridique persistante et d’un climat d’incertitude prolongé.
Le chiffre ne cesse de grandir et les théories complotistes explosent. En l’espace de quelques semaines seulement, la mort de six candidats du parti nationaliste et anti-immigration allemand "Alternative fur Deutschland" (AfD), qui se présentaient aux élections municipales du 14 septembre en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, a été annoncée. Si la police allemande assure que ces décès sont pour la majorité naturels, sur les réseaux sociaux, des centaines d’internautes suggèrent des "assassinats déguisés".
Cette théorie est encouragée par des membres du parti lui-même. Sa codirigeante au niveau national, Alice Weidel, a laissé entendre le 31 août que ces décès étaient suspects. Une telle coïncidence est "presque impossible statistiquement", a-t-elle estimé dans un post X, citant la publication d’un ancien économiste. Elle a rapidement été soutenue par le propriétaire de X lui-même, le politicien milliardaire et proche de l’extrême droite allemande Elon Musk, qui a relayé la publication.
Le parti allemand avait réalisé une percée aux dernières législatives de février, obtenant 20,1 % des voix et devenant ainsi le premier parti d’opposition au parlement. Depuis, l’agence allemande de renseignement intérieur a déclaré le parti "extrémiste" en mai, sur la base d’un rapport de 1 100 pages. Cette décision permet à l’agence d’utiliser des méthodes secrètes pour surveiller le parti, notamment le recrutement d’informateurs confidentiels et l’interception des communications.
Cinq morts naturelles, un suicide
Quatre candidats aux élections locales sont d’abord décédés dans un intervalle de 13 jours, selon le quotidien allemand Der Spiegel. Puis au cours de cette dernière semaine, le vice-président de l’AfD dans le Lander de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Kay Gottschalk, a annoncé que deux candidats de réserve étaient également décédés, lors d’une interview avec le podcast Berlin Playbook de Politico.
La police allemande affirme, après enquêtes, que cinq de ces politiques sont morts "naturellement", rapportent les médias allemands, tandis que le sixième s’est suicidé. "Nous déplorons aussi six cas de décès dans d’autres formations politiques, notamment le Parti de défense des animaux, des Électeurs libres, le Parti libéral et les Verts", a souligné le porte-parole de la direction régionale chargée de l’organisation des élections, selon Le Parisien. "De tels décès se produisent à chaque élection, indépendamment des partis".
Tous au sein de l’AfD ne sautent pas aux conclusions complotistes : le vice-président régional Kay Gottschalk tente quant à lui de désamorcer les rumeurs. Dans les pages du journal national Der Spiegel, il essaie de raisonner : "Pour l’instant, rien ne permet de supposer qu’il ne s’agit pas d’un hasard. Mais nous allons tout de même examiner tous ces cas de près", et ce "sans tomber immédiatement dans le domaine des théories du complot" assure-t-il.
Plus de 20 000 candidats se présenteront aux élections du 14 septembre dans l’ensemble de l’État, qui compte une population de 18 millions d’habitants. Ces décès ont des conséquences sur le déroulement des élections : les bulletins de vote doivent être réimprimés rapidement, et les électeurs par correspondance doivent voter à nouveau. Les certificats de vote déjà délivrés dans le district électoral concerné perdent leur validité.
"Trou à rat", "capitale mondiale du meurtre"… Donald Trump ne manque pas d’inspiration pour qualifier Chicago sur sa plateforme Truth social. Jugeant que l’insécurité a atteint son paroxysme, le président a promis, ce mardi 1er septembre, de déployer ses forces armées dans la ville de l’Illinois. Certain de pouvoir "régler rapidement le problème", Donald Trump a interpellé le gouverneur démocrate de l’Etat : "Pritzker a désespérément besoin d’aide, il ne le sait juste pas encore".
Une annonce qui n’a pas manqué de faire bondir J.B. Pritzker, qui analyse dans la démarche du président une volonté de "créer du spectacle politique pour dissimuler sa corruption". Et l’élu d’abonder, "il n’y a aucune urgence qui justifie le déploiement de militaires".
48 % de meurtres en moins qu’il y a 4 ans
"Oui, Chicago a un problème de criminalité", a pourtant tranché la Maison-Blanche sur son site Internet. Dans un article publié le 25 août, l’institution dresse une série de constats sur la ville, appuyés sur des données parfois contestables.
Donald Trump joue avec les chiffres. Parmi ceux qu’il mobilise, certains sont avérés, frappants, voire choquants, et permettent de soutenir sa campagne martiale. Par exemple, on peut y lire que "depuis 13 années consécutives, Chicago est la ville qui compte le plus de meurtres aux Etats-Unis", c’est vrai. Mais la Maison-Blanche omet de préciser que les chiffres du crime sont en chute libre dans la ville venteuse.
Le département de police de Chicago recense 278 plaintes pour meurtre depuis le début de l’année 2025, contre 410 en 2024, soit 31 % de moins. Une tendance qui se confirme au fil des années. En 2023, l’autorité recensait 433 plaintes pour meurtre, 464 et 2022, et 534 en 2021. En quatre ans, il y a donc 48 % moins d’homicides à Chicago.
Dans leur ensemble, les statistiques du crime ont également chuté dans la ville depuis 2023. Seuls les vols relevant du délit ont accru cette année… de 1 %.
Des données mensongères
D’autres chiffres, quant à eux, relèvent de l’affabulation. Entre autres, le billet présidentiel prétend que "depuis sept années consécutives, Chicago compte le plus grand nombre de meurtres par habitant". Une affirmation tout simplement fausse : la mégapole de l’Illinois se positionne bien plus loin dans le classement. Si les statistiques de la criminalité peuvent paraître vertigineuses à Chicago, cela s’explique, en partie, par le fait que la ville est la troisième plus peuplée du pays. Une fois rapportés à la population, les chiffres sont en réalité plutôt bas en comparaison avec ceux d’autres grandes villes américaines.
Contrairement aux affirmations de Donald Trump, c’est St. Louis, ville républicaine du Missouri avoisinant les 300 000 résidents, qui enregistre le plus de crimes par habitant.
En 2022, 7 838 actes de criminalité ont été recensés pour 100 000 habitants à St. Louis. Un chiffre supérieur de près de 2 000 par rapport à Chicago, qui comptabilisait 5 496 crimes pour 100 00 habitants. En 2023, alors que la tendance nationale était à la baisse en matière de criminalité, St. Louis maintenait sa position sur le podium : 6 945 crimes pour100 000 habitants, contre 6 441 à Chicago.
Les conclusions sont similaires pour la ville de Washington, où Donald Trump a déployé ses troupes. Contrairement aux affirmations de la Maison-Blanche, la ville n’est pas "hors de contrôle". Comme à Chicago, le taux de crime par habitant de la capitale des Etats-Unis est largement inférieur à d’autres villes et la criminalité est en chute libre.
Des campagnes politiques ?
Si Chicago est la dernière métropole à s’être retrouvée dans le collimateur du président, elle suit une longue liste.
Pourtant, les villes les plus affectées par la criminalité précédemment évoquées n’ont pas su attirer l’attention du président. Leur particularité ? Avoir un gouverneur républicain. Un traitement de faveur qui n’a pas échappé aux élus des municipalités visées par Donald Trump. Dans une lettre ouverte, l’Association des Gouverneurs Démocrates (Democratic Governors Association), condamne les agissements du chef de l’Etat : "Plutôt que d’aborder véritablement le problème de la criminalité, le président Trump a réduit le budget fédéral des forces de l’ordre sur lequel nos Etats reposent, et continue de politiser notre armée en essayant de saper l’autorité des gouverneurs".
Une prise de position réaffirmée par le gouverneur de l’Illinois, J.B. Pritzker, et son homologue Wes Moore, à la tête du Maryland, qui accusent Donald Trump de "fabriquer des crises" pour justifier l’envoi de forces fédérales dans des Etats démocrates.
Des critiques balayées par Abigail Jackson, porte-parole de la Maison-Blanche, qui y perçoit une "manœuvre publicitaire".
Même son de cloche du côté du président qui ne prend pas grand soin de dissimuler son hostilité aux démocrates sur Truth Social, publiant une citation de son conseiller à la Maison-Blanche : "Eux (les criminels dans les villes gérées par les démocrates) ne restent jamais en prison".
Une bataille juridique
Malgré l’indifférence de Donald Trump à ces protestations, le maire de Chicago, Brandon Johnson, a pris un arrêté visant à limiter l’autorité d’éventuelles forces de l’ordre fédérales dans sa ville. "Nous allons mener ce combat à travers toute l’Amérique, mais nous devons d’abord nous défendre chez nous", avait lancé l’édile au cours d’une manifestation ce 1er septembre.
Une bataille juridique qui s’est déjà engagée sur d’autres fronts : le déploiement des forces armées à Los Angeles était illégal, a tranché un juge fédéral de Californie. Cette décision, qui pourrait freiner l’élan martial du président entrera en vigueur le 12 septembre. Selon la BBC, Il reste néanmoins probable que l’administration Trump fasse appel.