Pourquoi Perplexity, et pas un autre ? La semaine Apple
AprĂšs une fĂȘte de la musique aussi chaude, il est temps de retourner aux affaires courantes : lâavenir dâApple. Tim Cook a-t-il sorti son short de plage ? Eddy Cue va-t-il sortir la toute derniĂšre Ferrari pour se balader sur la Riviera ? Pas sĂ»r : selon les grandes oreilles de Mark Gurman, il se pourrait bien que les prochains mois voient Apple sortir un (trĂšs) gros chĂšque !
(I Canât Get No) Satisfaction
Apple est dans une situation quâelle a trĂšs peu connue, et qui reste fort peu enviable : pour une fois, lâentreprise est Ă la traĂźne de lâinnovation. RĂ©veillĂ©e trop tard pour prendre le train de lâintelligence artificielle Ă la gare, elle tente depuis des mois de le prendre en marche. Mais le souci, câest quâil va vite, ce train : plutĂŽt quâun paisible RER de banlieue, il ressemble de plus en plus Ă un Shinkansen !

Et pour ce qui est de courir, Cupertino court, sans relĂąche. Mais ça ne suffit pas, comme le prouvent les maigres avancĂ©es prĂ©sentĂ©es Ă la WWDC 2025 : la carrosserie est refaite (et bien refaite), mais le moteur, lui, reste le mĂȘme. Pas de quoi rattraper les autres. La sociĂ©tĂ© commence Ă avoir de moins en moins dâoptions disponibles, et devrait finir par se rĂ©soudre Ă faire ce quâelle renĂącle Ă faire depuis sa crĂ©ation.
If You Really Want To Be My Friend
Lâacquisition : le chemin que Steve Jobs ne prenait quâen dernier recours, et jamais pour de gros montants. Ce nâest quâaprĂšs sa mort quâApple a rachetĂ© des entreprises sâapprochant voire dĂ©passant le milliard de dollars, et Ă chaque fois les choses ne se sont pas faites sans frictions :
Beats (3 milliards de dollars) : la plus grosse acquisition dâApple pour le moment. Si la marque est bien implantĂ©e et reste reconnue pour ses casques et Ă©couteurs dĂ©diĂ©s aux sportifs, lâachat semblait surprenant Ă lâĂ©poque. Mais ce nâĂ©tait pas le plus important pour la pomme : ce qui lâintĂ©ressait vraiment, câĂ©tait Beats Music, le service de streaming naissant du fabricant, qui allait devenir quelques mois plus tard Apple Music. Le matĂ©riel nâĂ©tait quâun bonus.
La branche modems dâIntel (1 milliard de dollars) : voulant sâĂ©manciper de Qualcomm, Apple avait peu dâautres possibilitĂ©s que de racheter lâĂ©quipe dĂ©diĂ©e aux modems dâIntel, le domaine Ă©tant trĂšs cloisonnĂ© par les diffĂ©rents brevets. La culture dâentreprise Ă©tant trĂšs diffĂ©rente, les choses ont pris du temps, mais 6 ans plus tard, ça commence Ă porter ses fruits, avec le premier modem maison dâApple, le C1.
Lâinvestissement dans DiDi (1 milliard de dollars) : la plus grosse catastrophe financiĂšre dâApple dans les rachats. Alors que lâentreprise avait les moyens de devenir le « Uber chinois », tout a volĂ© en Ă©clats quand le gouvernement a dĂ©cidĂ© de bloquer la sociĂ©tĂ©, lui interdisant le recrutement de nouveaux clients et faisant supprimer son app des App Stores, le temps dâune enquĂȘte. 18 mois plus tard, les restrictions sont levĂ©es, mais le mal est fait : DiDi doit rattraper son retard, et son action aura du mal Ă sâen remettre.
De leur cÎté, les concurrents ne se privent pas : Google rachÚte Motorola Mobility en 2011 pour 12,5 milliards de dollars, Facebook se paie WhatsApp pour 19 milliards en 2014, et Microsoft se déleste de 69 milliards de dollars en 2023. Une paille !

Microsoft conclut finalement l'acquisition d'Activision pour 69 milliards de dollars
Ceci dit, la frilositĂ© dâApple lui a permis de sâĂ©viter quelques soucis, mĂȘme si elle a aussi quelques beaux actes manquĂ©s Ă son palmarĂšs :
Beaucoup pressaient Tim Cook de racheter Netflix, ou un gros studio de production. Au final, Apple a monté son service Apple TV+ de toutes piÚces, et est partie pour un succÚs lent à monter, mais qui progresse de maniÚre solide.
Avant lâacquisition de Beats et de son petit service Beats Music, beaucoup voyaient en Spotify la prochaine cible dâApple. Ă la place, Cupertino a rachetĂ© Beats, et a fait de son petit service de streaming le plus gros concurrent actuel de Spotify. Au vu des conflits de personnalitĂ© entre les directions dâApple et de Spotify, on imagine mal comment lâalchimie aurait pu prendre en cas de rachat. Certains voyaient aussi Apple racheter Pandora : au vu de ce quâest devenue lâentreprise...
Le plus gros acte manquĂ© dâApple reste sĂ»rement la possibilitĂ© de racheter Tesla : alors que lâentreprise Ă©tait encore dâune taille raisonnable, et coinçait Ă la rĂ©alisation de la Model 3, Apple aurait eu plusieurs fois lâoccasion de racheter le constructeur automobile, et ainsi se faciliter la crĂ©ation de lâApple Car. Mais lâacquisition nâest jamais allĂ©e plus loin quâune discussion brĂšve, et Apple a fini par enterrer le projet Titan, et ses rĂȘves dâautomobile avec.

Apple aurait cherchĂ© Ă acquĂ©rir Tesla en 2013, dâaprĂšs un analyste
You Canât Always Get What You Want
Reste que si Apple devait racheter une entreprise dans le domaine de lâintelligence artificielle, pourquoi mettre le focus sur Perplexity, et pas un autre ? Tout est question de taille, de convergences et dâintĂ©rĂȘts.
- OpenAI : trop gros, avec une valorisation Ă 300 milliards de dollars, un tel rachat serait bien trop consĂ©quent, mĂȘme pour Apple, qui nâa « que » 130 milliards de dollars de liquiditĂ©. De plus, les liens avec Microsoft sont trĂšs forts.
- Anthropic (Claude) : bien que plus raisonnablement cotĂ©e Ă 60 milliards de dollars, ce sont ses clients avec Amazon et Google qui pourraient poser de gros soucis. Mais rien quâau niveau financier, engloutir quasiment la moitiĂ© des liquiditĂ©s de Cupertino serait un gros pari.
De plus, lâachat de lâune de ces deux sociĂ©tĂ©s lĂšverait Ă nâen pas douter quelques sourcils chez le rĂ©gulateur amĂ©ricain, qui nâa pas besoin de ça pour venir accuser Apple dâabus de position dominante.

Il y a beaucoup dâautres petites start-up dans le domaine, comme Sierra Ai, Cohere, Databricks ou Mistral, mais leurs propriĂ©tĂ©s sont bien moins intĂ©ressantes pour Apple, leurs recherches Ă©tant bien moins avancĂ©es et les rĂ©sultats concrets trop faibles. Mistral pourrait tout de mĂȘme ĂȘtre une cible correcte, mais son domaine de compĂ©tence est plus liĂ© aux modĂšles Ă haute performance et Ă portĂ©e scientifique, plus Ă©loignĂ© du grand public que certains de ses concurrents.

Apple aurait fortement envie de racheter Perplexity
De son cÎté, Perplexity semble la cible parfaite, sur plusieurs points forts :
- son produit est dĂ©jĂ existant, et apprĂ©ciĂ© : lâoutil de recherche mis en ligne par Perplexity est dĂ©jĂ largement utilisĂ© par le grand public, que ce soit Ă travers son site web ou ses apps. Son interface, sa commande vocale sont proches du feeling habituel dâApple. Il pourrait ĂȘtre facilement intĂ©grĂ© Ă Safari, Spotlight, et en peu de temps Ă Siri.
- il répond à un besoin clair et urgent : Apple veut améliorer son LLM, et le rendre utilisable et intégré à ses systÚmes. Cupertino souhaite par-dessus tout un moteur de recherche efficace et un bot conversationnel fonctionnel. Ce que propose Perplexity.
- une Ă©quipe de taille raisonnable : avec 250 employĂ©s, lâĂ©quipe de Perplexity est Ă la fois consĂ©quente, sans ĂȘtre trop grosse Ă absorber pour Apple. Les talents sont dĂ©jĂ lĂ et pourraient rapidement aider Apple Ă amĂ©liorer Siri et son IA en gĂ©nĂ©ral.
- un coĂ»t raisonnable : Ă 14 milliards de dollars, la valorisation de Perplexity est dĂ©jĂ forte, mais reste dans le domaine du faisable. Câest Ă la fois une entreprise assez importante pour ĂȘtre utile et marquante, tout en Ă©tant encore Ă©loignĂ©e des valeurs stratosphĂ©riques des autres gros du secteur.
- câest le bon moment : alors quâApple risque de perdre le contrat qui la lie Ă Google, acheter Perplexity lui permettrait de trouver une porte de sortie, et de ne pas perdre trop de plumes dans lâhistoire, tout en prĂ©parant lâavenir.

Si les deux entreprises ne sont pas encore en lien direct pour discuter dâun rachat, Apple serait en train de passer au peigne fin tous les atouts et faiblesses de lâentreprise, afin de valider lâintĂ©rĂȘt quâelle prĂ©sente. Quoi quâil en soit, Perplexity nâa jamais cachĂ© son attrait pour Apple, et Eddy Cue en a ouvertement parlĂ© durant le procĂšs opposant le DoJ Ă Google comme Ă©tant une entreprise impressionnante, avec laquelle Apple a engagĂ© des discussions.

Perplexity met une mĂ©chante claque Ă Apple en montrant ce quâils pourraient faire de Siri
Hot Stuff
Si aucune des deux parties ne confirmera la moindre discussion avant que quelque chose soit dĂ©cidĂ©, les rumeurs vont bon train concernant un rapprochement des deux entreprises, et lâavenir devrait rapidement nous dire si elles Ă©taient fondĂ©es ou non. Câest certes un gros morceau pour Apple, mais il est clair aussi que lâentreprise a besoin dâun gros coup de pouce pour revenir dans la course, et ce rachat pourrait bien ĂȘtre la planche de salut inespĂ©rĂ©. En attendant, je vous souhaite une bonne semaine, et Ă dimanche prochain !
- Dis Siri, mets-moi les Rolling Stones.
- Jâadore lâodeur du napalm au petit matin.
- ???