En Turquie, trois policiers tués dans une opération contre l’organisation Etat islamique

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En septembre, Pékin offrait au monde le spectacle d’un gigantesque défilé militaire. Dans les gradins, une vingtaine de chefs d’Etats étrangers, dont Vladimir Poutine et Kim Jong-un. Drones, véhicules sous-marins et même loups robots… Cette démonstration de puissance était-elle vouée à envoyer un message à l’Occident ? Si oui, il n’était pas des plus subtils. Comme l'illustre le petit nom attribué à l’un de ces nouveaux missiles balistiques : Guam killer - tueur de Guam - nom du territoire insulaire américain abritant une base militaire. Face à un tel spectacle belliqueux, une question s’impose : la Chine peut-elle désormais rivaliser avec les armées occidentales ? On décrypte.
Depuis quelques années, Pékin se renforce militairement, au point de se classer au rang de premier exportateur mondial. Mais celle que l’on surnomme l’usine du monde a longtemps peiné à lancer sa production dans un domaine : l’armement. Au début du siècle, la Chine était encore le plus gros importateur d’armes dans le monde, selon les données du Sipri - Stockholm International Peace Research Institute -. Ses premiers vendeurs : la Russie, suivie de la France puis de l’Ukraine.
Mais, depuis quelques années, les commandes chinoises se sont considérablement réduites. Entre 2019 est 2023, le Sirpri note une diminution de 44 % par rapport aux cinq années précédentes. Interrogé en 2024 par un journaliste du Quotidien du peuple - titre officiel du Comité central du Parti communiste chinois - sur la parution de ce rapport, le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, a invoqué l’attachement de son pays aux principes "d’autonomie et d’innovation indépendante". Et le responsable d’ajouter : Pékin "s’appuie principalement sur sa propre force pour la recherche, le développement et la production".
Une ligne tenue par le Parti communiste chinois (PCC) depuis 1949. L’organe politique n’a jamais cessé de clamer sa volonté d’atteindre l’indépendance militaire, comme le souligne le Wall Street Journal. Dans un effort impulsé par Mao Zedong, l’empire du Milieu est parvenu à développer ses propres missiles balistiques et à se doter du nucléaire, avant de stagner pendant de nombreuses années.
Et conformément aux propos avancés par Wu Qian, la Chine déploie des moyens financiers très importants pour développer son armée. Selon les estimations du Sipri - qui diffèrent des déclarations officielles du PCC - les dépenses militaires de Pékin seraient passées de 22,2 milliards de dollars en 2000 à 313,6 milliards en 2024. De quoi dépasser largement le budget français de la Défense - plus grosse puissance militaire de l’UE - fixé à 50,5 milliards d’euros, hors pensions. Six fois moins donc. Toutefois, la Chine est encore très loin de talonner les Etats-Unis, champions en la matière. En 2024, Washington a dédié 997,3 milliards de dollars à ses troupes.
Pour combler ses lacunes, la Chine n’hésite pas à injecter des fonds dans son industrie de l’armement. En 2018, les subventions accordées à l’entreprise publique China Electronics Technology Group Corporation (CETC) s’élevaient à plus de trois milliards de yuans - comptez plus de 300 millions d’euros -. Sur cette somme, 9,64 millions de yuans étaient dédiés à la "recherche" et à "l’innovation". Quant au reste des fonds accordés à la recherche, difficile de les estimer, faute de communication de Pékin.
Beaucoup d’argent donc… Et un peu d’espionnage. En 2016, un leader de l’aviation et de l’aérospatiale chinoise a plaidé coupable à Los Angeles "pour son rôle dans le complot criminel visant à voler des données techniques militaires, notamment des données relatives à l’avion de transport stratégique C-17 et à certains avions de combat produits pour l’armée américaine", selon le ministère de la Justice des Etats-Unis. Et l’affaire n’est pas une première dans l’aéronautique chinoise. Dans les années 2010, Pékin a cloné puis revendu le chasseur russe Sukhoi-27.
Une chose demeure certaine, l’attention accordée par le PCC à son armée a finalement porté ses fruits. Car si la Chine a ralenti ses importations, c’est aussi grâce à sa récente capacité à répondre elle-même à ses besoins. Une situation qui s’aligne sur la vision autosuffisante que se fait Xi Jinping de son pays.
Depuis les années 2010, la Chine s’impose parmi les plus grands exportateurs d’armes à l’international, gravitant dans le top 5. 40 pays - dont une partie considérable est en Asie - s’en remettent désormais à elle pour leurs commandes. Selon le rapport du Sipri, Pékin représentait 5,8 % des exportations mondiales entre 2019 et 2023.
Désormais, certaines technologies made in China démontrent de meilleures performances que celles des pays les plus expérimentés dans le domaine militaire.
Entre autres, leurs missiles hypersoniques, capables de voyager à une vitesse au moins cinq fois supérieure à celle du son et d’échapper à la plupart des défenses aériennes, surpassent l’arsenal occidental. Et Pékin semble porter une attention singulière à ce type d’arme. Interrogé par la BBC, Alexander Neill, chercheur associé au Pacific Forum, analyse cette stratégie de dissuasion : puisque la Chine n’est pas en capacité de rivaliser avec la puissance de la marine américaine, elle développe des missiles capables de frapper ces "cibles faciles". Et Alexander Neill de poursuivre : Pékin crée une "capacité de seconde frappe" soit la possibilité de riposter en cas d’attaque.
Mais hormis la dissuasion et la riposte, les troupes chinoises sont-elles en capacité de rivaliser ? Difficile de trancher, mais à croire l’analyse de Michael Raska, professeur à l’université technologique Singapourienne de Nanyang, si les technologies présentées impressionnent, l’exécution est un autre sujet. Premièrement, les deux millions de soldats qui forment ses rangs - la France en compte 200 000 - n’ont jamais véritablement exercé, le pays n’ayant pas connu de grande guerre depuis de nombreuses années. Ensuite, la force des troupes américaines se trouve dans la culture "ascendante" qui permet à ses militaires d’évaluer une situation sur le terrain et de prendre des décisions. L’armée chinoise se construit, elle, autour de l’exact inverse : "Elle ne bougera pas le petit doigt tant qu’elle n’aura pas reçu d’ordre de ses supérieurs."
Aussi, le professeur conclu : "Au niveau opérationnel, certains événements ont montré qu’ils ne sont peut-être pas aussi bons qu’ils le prétendent." Référence, entre autres, à la collision entre deux navires de guerre chinois pendant l’été 2025. "Tout art de la guerre repose sur la duperie", écrivait ainsi Sun Tzu, le plus célèbre militaire chinois de l’histoire, au Ve siècle avant Jésus-Christ.

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Donald Trump a estimé, dimanche 28 décembre, être plus près que jamais d’un accord de paix en Ukraine, après une rencontre en Floride avec Volodymyr Zelensky et un entretien avec Vladimir Poutine, sans toutefois détailler aucune avancée concrète.
S’exprimant depuis sa résidence Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride, où il a reçu le dirigeant ukrainien en présence de plusieurs hauts-responsables des deux pays, le président américain s’est montré résolument optimiste mais évasif, assurant que les prochaines semaines diraient si la guerre peut prendre fin.
Les infos à retenir :
⇒ Washington a proposé à Kiev des garanties de sécurité "solides" pour 15 ans prolongeables, dit Volodymyr Zelensky
⇒ Donald Trump propose de s’exprimer devant le Parlement ukrainien sur son plan de paix
⇒ Emmanuel Macron annonce une réunion des alliés de Kiev début janvier à Paris
Les Etats-Unis ont proposé à l’Ukraine des garanties de sécurité "solides" pour une période de 15 ans prolongeable face à la Russie, a indiqué ce lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ajoutant avoir demandé à Washington une durée plus longue lors de sa rencontre dimanche avec Donald Trump.
"Je voulais vraiment que ces garanties soient plus longues. Et je lui ai dit que nous voulons vraiment considérer la possibilité de 30, 40, 50 ans", a indiqué Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse en ligne, précisant que son homologue américain lui avait assuré qu’il allait réfléchir à cette possibilité. Selon Volodymyr Zelensky, l'obtention par Kiev de garanties de sécurité sera la condition pour la levée en Ukraine de la loi martiale en vigueur depuis le premier jour de l'invasion russe de février 2022 et qui interdit notamment aux hommes ukrainiens mobilisables (âgés entre 25 et 60 ans), sauf autorisation spéciale, de quitter le pays.
"Ça a été une négociation très difficile", a dit dimanche à Mar-a-Lago le président américain, évoquant de "nombreux progrès". "Je ne veux pas dire quand, mais je pense que nous allons y arriver", a-t-il poursuivi, proposant aussi de venir s’exprimer devant le Parlement ukrainien pour faire avancer son plan de paix.
Prenant la parole à ses côtés, Volodymyr Zelensky s’est également voulu enthousiaste, parlant de "grandes avancées", notamment "90 %" du plan de paix américain en vingt points "approuvé", des "garanties de sécurité" pour l’Ukraine "approuvées" pour certaines et "presque approuvées" pour d’autres, ainsi "un plan de prospérité en cours de finalisation". Une rencontre aux Etats-Unis avec Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens est prévue en janvier, a déclaré le président ukrainien.
Volodymyr Zelensky jouait gros à travers la rencontre avec son homologue américain, soucieux surtout d’obtenir l’imprimatur de Donald Trump sur une nouvelle version du plan de paix présenté par Washington il y a près d’un mois, retravaillé après d’âpres négociations réclamées par Kiev qui jugeait la première version beaucoup trop proche des revendications russes. "Il y aura des garanties de sécurité. Elles seront fortes. Et les pays européens sont très impliqués", a assuré dimanche le président américain sur le perron de Mar-a-Lago.
En parallèle, le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi une réunion des alliés de Kiev à Paris début janvier, autour des garanties de sécurité pour l’Ukraine dans le cadre d’un accord de paix.
"Nous réunirons les pays de la Coalition des volontaires à Paris début janvier pour finaliser les contributions concrètes de chacun", a écrit sur X Emmanuel Macron, qui avait auparavant échangé avec ses homologues ukrainien Volodymyr Zelensky et américain Donald Trump, aux côtés de plusieurs autres dirigeants européens. "Nous progressons sur les garanties de sécurité qui seront centrales pour construire une paix juste et durable", a affirmé le dirigeant français, qui s’est également entretenu seul avec Volodymyr Zelensky.
Quelques heures avant la rencontre, le président américain a eu un échange téléphonique avec Vladimir Poutine, qu’il a jugé "très productif". Mais tandis que l’Ukraine et les dirigeants européens n’ont de cesse d’accuser celui-ci d’être responsable de la poursuite de la guerre qu’il a lui-même initiée, Donald Trump a jugé le patron du Kremlin tout aussi "sérieux" que Volodymyr Zelensky dans sa volonté de mettre fin au conflit.
Le Kremlin pour sa part a de nouveau appelé l’Ukraine, "pour mettre fin" à la guerre, à prendre "la décision courageuse" de se retirer de la partie orientale de la région de Donetsk, dans le Donbass, qu’elle contrôle encore, condition majeure de la Russie pour arrêter les hostilités.

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5 mai 2021, nouveau message inattendu sur mon adresse email. "Cher Monsieur, nous avons lu avec grand intérêt votre enquête sur Sciences Po parue cette semaine dans l’Express", écrit un certain Varl Soudbarov. "consultant international". Cet émissaire veut parler d’un autre sujet : Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco, récemment cooptée au conseil d’administration de la grande école française. "Des diplomates de l’Unesco ont signalé que d’après son contrat avec l’Unesco, Audrey Azoulay ne peut occuper d’autres fonctions", prétend l’homme d’affaires. Problème, renseignements pris, cette incompatibilité n’en est pas une. D’ailleurs, Varl Soudbarov n’existe pas.
Derrière ce pseudonyme se cache un service de renseignement. Après quelques échanges, les masques tombent : Soudbarov propose de me rediriger "en off" vers un diplomate, membre de la délégation à l’Unesco d’une grande puissance régionale, réputée pour l’agressivité de ses agents secrets. Son objectif ? Que j’écrive un article sur de soi-disant "collusions d’intérêts" d’Audrey Azoulay.
Les espions se sentent chez eux à l’Unesco. Ils ont raison de ne pas se considérer vraiment en France. Si l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture a son siège physique place de Fontenoy, dans le septième arrondissement de Paris, juridiquement, ses représentants possèdent un statut spécifique, similaire à celui de diplomate en ambassade. Les envoyés des 194 pays membres bénéficient de l’immunité pénale… sans même s’accréditer auprès de la France. "Toutes les institutions internationales connaissent ce phénomène d’espionnage, facilité par des procédures d’accréditation spécifiques. Comme l'ONU, qu’on appelle la maison de verre", pointe Laurent Stefanini, ambassadeur de France auprès de l’Unesco entre 2016 et 2019.
En principe, l’Unesco pourrait traquer ces faux diplomates. "En pratique, on n’a ni légitimité pour imposer quoi que ce soit aux États, ni parfois la conscience de ce qui se passe", invoque une source proche de l’organisation. La majorité des délégations n’est pas logée dans l’édifice principal en tripode, ce joyau d’architecture moderne inauguré en 1958, mais dans une annexe plus anonyme rue Miollis, à une dizaine de minutes à pied… et surtout à l’abri de la plupart des regards. "L’Unesco, c’est une couverture assez rêvée. La culture, ça permet d’aller partout, personne ne vérifie ce que vous faites, vous avez du temps libre", détaille Jérôme Poirot, ex-coordonnateur-adjoint du renseignement à l’Elysée.
En 2023, la Belgique expulse Igor Goriachev, "représentant commercial-adjoint" de l’ambassade de Russie à Bruxelles. Le diplomate est accusé de piloter une cellule du SVR, le renseignement extérieur russe. Son poste précédent ? Deuxième secrétaire de la délégation de Moscou à l’Unesco. Les services de Vladimir Poutine sont réputés particulièrement friands des facilités que permet l’organisation internationale à Paris. L’ombre de l’Unesco plane même sur la plupart des scandales de l’espionnage russe en France. Francis Temperville, ingénieur du CEA convaincu d’avoir livré des secrets nucléaires à l’URSS, en 1989 et 1990 ? Traité par Valentin Makarov, qu’il pensait Suédois, en réalité troisième secrétaire à la délégation soviétique à l’Unesco. Pierre-Charles Pathé, un journaliste qui écrivait sur commande du KGB ? Arrêté le 5 juillet 1979, alors qu’il échange des documents avec Igor Kouznetsov, diplomate à l’Unesco. Georges Pâques, la taupe du Kremlin au sommet de l’Otan, interpellé en août 1963 ? Manipulé par Vladimir Khrenov, deuxième conseiller à l’Unesco.
Le gouvernement français ne s’y trompe probablement pas, en avril 1983, lorsqu’il expulse quarante-sept espions soviétiques… dont douze à l’Unesco, où ils opèrent depuis des locaux discrets, rue de Prony, dans le dix-septième arrondissement parisien.
En 1989, le contre-espionnage tient également une belle prise lorsqu’il convainc Zhao Fusan, diplomate chinois et membre du conseil exécutif de l’Unesco, de faire défection afin de protester contre le massacre des manifestants de la place Tiananmen. Une manœuvre baptisée opération "Fu Manchu". Les policiers français ont eu moins de répondant en laissant, pendant des années, se développer une "filière roumaine" au sein de l’organisation. Le redoutable Mihai Caraman, chef des espions de Bucarest à Paris, y implante dans les années 1960 des agents au physique avantageux, afin de séduire des fonctionnaires bien placées lors de cocktails, relate le journaliste Thierry Wolton, dans Le KGB en France.
"L’Unesco, c’est aussi des cocktails, des colloques tous les jours, où vous pouvez faire de l’approche. Ça fait naturel", note Bernard Squarcini, ex-directeur du contre-espionnage français. Le 6 avril 2025, la police française a d’ailleurs retenu une diplomate russe à Roissy pendant 24 heures pour des vérifications. Elle se rendait… à une conférence à l’Unesco. Les espions de l’Est n’ont pas le monopole de la méthode. En mai 1992, Henri Plagnol, haut fonctionnaire au conseil d’Etat, profite d’un cocktail place Fontenoy lorsqu’il est abordé par Mary-Ann Baumgartner, cheffe d’entreprise américaine… et agente clandestine de la CIA. Elle sera expulsée du territoire français trois ans plus tard.
Malgré leur relation tourmentée avec l’institution, les Etats-Unis suivent de très près ce qui s’y joue. Dans L’Unesco racontée par ses anciens, un livre publié en 2006, Raymond Johnson, fonctionnaire américain de l’organisation pendant les années 1960, détaille comment il a dérobé le dossier d’un candidat soviétique, dans les archives du siège : "J’entrai, admiratif, dans la grande pièce où se trouvaient les rayonnages de dossiers ; j’y cherchai et trouvai celui du méchant soviétique. Je le portai ensuite (nerveux… car quand même…) à ma Délégation. […] Deux jours après je le récupérai et le remis en place, sans que personne ne s’en rendît compte. Petite victoire américaine dans la guerre Froide de l’époque – grâce à ma très humble personne."
"L’Unesco promeut un programme mondialiste et idéologique", a cinglé le département d’Etat américain dans son communiqué de retrait de l’Unesco, en juillet 2025, Will Scharf, conseiller de Donald Trump, brocardant un "biais antiaméricain". Soit… exactement le discours tenu à la fondation de l’institution, en 1945. "L’Unesco est en danger de tomber aux mains du Komintern", écrit Jefferson Caffery, ambassadeur des Etats-Unis en France, au département d’Etat, en mars 1947. L’URSS n’y adhère pourtant qu’en 1954.
A cette époque, si les tentatives de noyautage soviétique ne font aucun doute, les Américains ne sont pas en reste. Dans sa thèse consacrée à l’Unesco de 1945 à 1974, l’historienne Chloé Maurel exhume le pacte secret entre la diplomatie américaine et… Vittorino Veronese, directeur général de l’organisation de 1958 à 1961. Cet avocat italien transmet des éléments confidentiels sur l’URSS aux Etats-Unis, et va jusqu’à quitter son poste à un moment qu’il juge opportun pour Washington. "La démission de Veronese, loin d’être improvisée sous le coup de la maladie et de la fatigue, est un geste tactique mûrement pesé, qui vise à favoriser l’élection d’un nouveau directeur général favorable au camp atlantiste", écrit Chloé Maurel. Clin d’œil cinématographique, dans Charade (1963), le thriller d’espionnage de Stanley Donen, avec Audrey Hepburn et Cary Grant, l’héroïne officie comme interprète à l’organisation Euresco… ou plutôt à l’Unesco, puisqu’une scène est jouée devant le bâtiment de la place Fontenoy.
Depuis une vingtaine d’années, les luttes d’influence prennent des formes renouvelées. Au sein de l’Unesco s’est développé un étonnant trafic de passeport diplomatique, contre lequel l’institution ne peut rien, souveraineté des Etats oblige. Une dizaine d’îles des Caraïbes ou du Pacifique se choisiraient comme ambassadeur des personnalités sans aucun lien avec le pays… mais au compte en banque bien fourni. Un récent article du Parisien chiffre le tarif de ces combines à un million d’euros par nomination.
Effet pervers, ces personnalités ou leur numéro deux mettraient volontiers leur vote aux enchères, un marchandage apprécié par la Russie ou la Chine. "Ce phénomène des désignations de complaisance simplifie l’entrisme de certains pays", remarque le consultant Nicolas Hénin, spécialiste des guerres d’influence. Comme une continuation de l’ingérence par d’autres moyens.

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