Israël : vers une commission d’enquête sur le 7-Octobre à la main d’un Nétanyahou rattrapé par l’affaire du Qatar

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C’est une décision qui enflamme une grande partie de l’Afrique. Vendredi 26 décembre, Israël est devenu le premier pays au monde à reconnaître le Somaliland, un territoire situé à la pointe nord-ouest de la Somalie, comme un Etat "indépendant et souverain". De la taille environ de la Tunisie, cette république autoproclamée a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, et fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie, armée et police. Jusqu’à présent, elle n’était reconnue officiellement par aucun pays, ce qui la maintenait dans un certain isolement politique et économique malgré sa situation à l’entrée du détroit de Bab Al-Mandeb, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l’océan Indien au canal de Suez.
Très vite, la Somalie a condamné une "attaque délibérée contre sa souveraineté", estimant que cette reconnaissance par Israël exacerbait "les tensions politiques et sécuritaires dans la Corne de l’Afrique, la mer Rouge et le golfe d’Aden, le Moyen-Orient et la région au sens large", a averti le bureau du premier ministre somalien, Hamza Abdi Barre, dans un communiqué.
L’annonce israélienne a provoqué également un concert de condamnations dans la région, notamment de la part de Djibouti, de l’Egypte mais aussi de la Turquie qui a dénoncé la "politique expansionniste" d’Israël et une "ingérence manifeste dans les affaires intérieures de la Somalie". Le ministère des affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, lui, s’est inquiété de cette annonce de reconnaissance, affirmant qu’Israël avait "déjà évoqué le Somaliland comme destination pour l’expulsion de représentants du peuple palestinien, en particulier depuis la bande de Gaza". Sur ce sujet, la Somalie a réaffirmé son soutien "indéfectible" aux droits légitimes du peuple palestinien, "notamment à son droit à l’autodétermination et son rejet catégorique de l’occupation, des déplacements forcés." "A cet égard, la Somalie n’acceptera jamais de rendre le peuple palestinien apatride", a ajouté Mogadiscio.
Interrogé par le New York Post sur une éventuelle reconnaissance américaine, Donald Trump a de son côté simplement répondu "non", avant de nuancer : "Nous allons étudier cela", puis de conclure : "Est-ce qu’il y a vraiment des gens qui savent ce qu’est le Somaliland ?"
Quelle mouche a donc piqué Israël ? Selon une note de juillet du think-tank américain Atlantic Council, le renforcement des liens avec le Somaliland permmettrait en effet à Israël de "sécuriser son accès à la mer Rouge" pour faciliter sa lutte contre les rebelles houthistes du Yémen - des soutiens du Hamas qui ont mené plusieurs attaques contre des navires commerciaux et des cibles militaires - "et de contrebalancer l’influence régionale des puissances rivales, tout en consolidant la présence de ses alliés". "À ceux qui se moquent des raisons pour lesquelles Israël s’engagerait au Somaliland : regardez la carte. Le Somaliland est situé sur le golfe d'Aden, à proximité du détroit de Bab el-Mandeb, un point de passage stratégique pour le commerce et l’énergie mondiaux. De l’autre côté du golfe, les Houthis, soutenus par l’Iran, bombardent Israël et ses navires. Le Somaliland offre la stabilité, des ports, un accès aux renseignements et une plateforme non iranienne sur la mer Rouge", a commenté de son côté Mark Dubowitz, directeur général du think tank Foundation for Defense of Democracies, cité par Bloomberg.
Après cette annonce, Benyamin Nétanyahou a évoqué une "belle occasion d’élargir" un partenariat entre les deux pays, notamment dans les domaines économique et agricole. Une déclaration "conjointe et mutuelle" a été signée par les deux parties et le Somaliland a exprimé son intention de rejoindre les accords d’Abraham, un processus qui, en 2020, avait vu plusieurs pays arabes normaliser leurs relations avec Israël. Le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a déclaré vendredi que les deux pays allaient établir "des relations diplomatiques complètes, avec la nomination d’ambassadeurs et l’ouverture d’ambassades", et le président du Somaliland a été invité en Israël.

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Déployés aux côtés des Russes sur le front ukrainien, blessés au combat puis faits prisonniers, les deux soldats nord-coréens captifs en Ukraine rêvent à présent d'une "nouvelle vie" en Corée du Sud. Un souhait qu'ils ont formulé dans une lettre, pour la première fois avec leurs mots. "Grâce au soutien du peuple sud-coréen, de nouveaux rêves et de nouvelles aspirations ont commencé à prendre racine", expliquent-ils dans ce texte, daté de fin octobre et adressé à une ONG de Séoul qui l'a transmis à l'AFP mercredi. Début novembre, Gyeore-eol Nation United, un groupe d'aide aux transfuges, avait déjà rapporté que ces militaires voulaient faire défection en Corée du Sud. Cette fois en revanche, ils s'expriment directement dans un écrit signé de leurs noms, qui sont gardés secrets pour les protéger.
Les deux hommes, prisonniers depuis janvier après avoir été blessés sur le champ de bataille, remercient ceux qui leur viennent en aide en les "encourageant" et en "voyant cette situation non pas comme une tragédie, mais comme le début d'une nouvelle vie". "Nous croyons fermement que nous ne sommes jamais seuls et considérons les Sud-Coréens comme nos propres parents et frères et sœurs, et nous avons décidé de trouver leur étreinte", ajoutent les soldats.
Du Sud ou du Nord, tous les Coréens sont considérés comme des citoyens de Corée du Sud à part entière, en vertu de la Constitution. Même si les deux Corées sont techniquement toujours en guerre, leur conflit s'étant soldé en 1953 par un armistice et non un traité de paix. Les Nord-Coréens captifs ont remis leur lettre lors du tournage fin octobre d'un entretien, co-organisé par Gyeore-eol Nation United, pour un documentaire, en un lieu dont l'emplacement n'est pas connu. "Les deux ont demandé au producteur, à la fin de l'interview, de les emmener au Sud", avait alors dit à l'AFP Jang Se-yul, directeur de Gyeore-eol Nation United. "Ils ont supplié l'intervieweuse de promettre qu'elle reviendrait les chercher", avait poursuivi Jang Se-yul, qui a lui-même fui la Corée du Nord dans les années 2000. La vidéo de cette interview n'est pas encore disponible, mais devrait être publiée en janvier, selon Jang Se-yul.
Le Nord a activement participé à l'effort de guerre de Moscou depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, fournissant du matériel à son allié et, selon le renseignement sud-coréen, quelque 10 000 troupes. Les soldats de Pyongyang ont notamment été déployés dans la région russe de Koursk, partiellement occupée par les forces ukrainiennes entre août 2024 et le printemps 2025.
Mi-décembre, l'agence officielle de Pyongyang avait fait état de la mort de neuf soldats d'une unité du génie militaire nord-coréenne qui avait été déployée pour déminer la région de Koursk. Mais au total, selon les estimations sud-coréennes, au moins 600 militaires nord-coréens sont morts et des milliers ont été blessés. Le renseignement de Séoul a de plus indiqué que les militaires de Pyongyang avaient pour ordre de se suicider afin d'éviter d'être capturés.
Le parlementaire sud-coréen Yu Yong-weon, qui a rendu visite aux prisonniers en Ukraine en février, a raconté que les deux soldats avaient vu des camarades se faire exploser avec des grenades. Les renvoyer en Corée du Nord serait donc comme "une condamnation à mort", a-t-il prévenu. A Séoul, le ministère des Affaires étrangères a appelé l'Ukraine à ne pas "rapatrier de force les prisonniers de guerre nord-coréens", et demandé que leur volonté de rallier le Sud soit respectée.
Pyongyang n'a reconnu avoir envoyé des troupes en Russie qu'en avril, et concédé que certains étaient morts. Les analystes pensent que le Nord reçoit une aide financière, des technologies militaires et des livraisons de nourriture et d'énergie de la part de la Russie en échange de son appui.

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