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Reçu aujourd’hui — 16 décembre 2025 6.2 📰 Infos Monde

Attentat de Sydney: condamnation et hommage au Parlement européen

16 décembre 2025 à 22:43
Au Parlement européen ce mardi 16 décembre, les députés ont condamné l’attentat terroriste antisémite survenu à Sydney et exprimé leur solidarité avec les victimes et leurs familles. L’eurodéputé Younous Omarjee (GUE/NGL) a notamment rendu hommage à Dan Elkayam, citoyen français tué dans l’attaque.

Chômage au plus haut depuis 2021, inflation… Donald Trump pris dans le piège du coût de la vie

16 décembre 2025 à 22:42
Le nombre de chômeurs aux Etats-Unis s’établit à 7,8 millions en novembre. Soit 700 000 de plus qu’il y a un an, mois de la réélection du président américain.

© CHIP SOMODEVILLA/Getty Images via AFP

Des fonctionnaires fédéraux, anciens et actuels, manifestent contre la politique de l’emploi de l’administration Trump, devant le ministère du travail, à Washington, le 5 septembre 2025.

Guerre en Ukraine : les affres de Donald Trump et sa "diplomatie du conditionnel"

16 décembre 2025 à 19:09

Huit heures, c’est la durée des discussions qui ont permis de donner une "chance réelle" au processus de paix, selon les mots du chancelier allemand Friedrich Merz, qui accueillait ses homologues européens et les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner à Berlin, le 15 décembre. Si le sujet territorial n’a guère progressé, Européens et Américains se sont en revanche accordés sur le principe d’offrir à Kiev des garanties de sécurité comparables à l’article 5 de l’Otan. "Un premier pas", tempère, à juste titre, Volodymyr Zelensky, qui connaît mieux que personne la versatilité du président américain.

Peut-il – encore - faire confiance à l’homme qui, en début d’année, l’humiliait dans le bureau Ovale, refusait, durant un G7, de qualifier la Russie d’agresseur, affirmait six mois plus tard que l’Ukraine avait les moyens de "revenir à ses frontières d’origine" et, trois mois plus tard, que Moscou a "toujours eu l’avantage" sur le plan militaire ?

Quelle sécurité peut accorder un président qui déclarait en juin dernier que l’article 5 de l’Otan pouvait "s’interpréter de plusieurs façons" et, ce 11 décembre, lâchait du bout des lèvres : "Ouais, ouais, nous pourrions apporter notre aide, notamment en matière de sécurité…"

Syndrome du jokari

Cette diplomatie au conditionnel pose une vraie question : comment bâtir une architecture de sécurité européenne durable sur un terrain aussi meuble ? Emmanuel Macron et ses pairs le savent bien, eux qui, selon le Spiegel, s’inquiètent du possible lâchage de leur "allié" américain qui, tel une balle de jokari, finir toujours par revenir aux thèses du Vladimir Poutine.

Car le président américain a beau assurer avoir eu une discussion "longue" et "très bonne" avec plusieurs dirigeants européens après la rencontre de Berlin, il ne serait prêt, si l’on en croit les informations qui ont filtré sur ces négociations, qu’à coordonner un système de surveillance qui donnerait l’alerte en cas de violation de l’accord de paix. Voire.

Que se passera-t-il si la Russie lance des opérations hybrides en Ukraine ou dans une zone tampon qui serait établie entre les deux pays ? Ou que la Russie, après avoir reconstitué ses forces, recommence à masser des troupes derrière la frontière ukrainienne ?

Poutine ne s’arrêtera pas

Scénario probable, si l’on en croit l’interview accordée par le président russe à India Today, avant sa rencontre avec le Premier ministre indien, Narendra Modi, début décembre. La Russie, a-t-il déclaré, libérera "le Donbass et la Novorossiya" (soit le sud de l’Ukraine jusqu’à la mer Noire) – par des moyens militaires ou autres. Poutine ne s’arrêtera pas aux oblasts de Loughansk et de Donetsk. En face, Trump, l’homme des volte-faces, ne rassure personne.

La question est : peut-on le contraindre à respecter ses engagements ? En exigeant par exemple que le Sénat américain ratifie le texte ? Ce serait déjà un net progrès par rapport au mémorandum de Budapest qui, en 1994, donnait juste à Kiev des "assurances" de la part de la Russie, des États-Unis et du Royaume-Uni pour sa sécurité si elle renonçait à son arsenal nucléaire. On a vu le résultat. En 2014, personne n’a volé au secours des Ukrainiens quand les "petits hommes verts" de Poutine ont annexé la Crimée. Nul doute que les juristes ukrainiens seront cette fois plus attentifs au choix des mots.

© afp.com/Alex WROBLEWSKI

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 18 août 2025 à la Maison Blanche

Chômage, destruction d’emplois, inflation… Donald Trump face au mur économique

16 décembre 2025 à 18:53

Donald Trump n’en démord pas, sa politique économique est un succès. D’ailleurs, dans un entretien accordé au Wall Street Journal, le président des Etats-Unis l’assure : si c’était à refaire, il ne changerait rien. "J’ai créé la meilleure économie de l’histoire. Mais il faudra peut-être un certain temps aux gens pour comprendre toutes ces choses-là." Cependant, sur le terrain, les chiffres racontent une tout autre histoire.

Retardés par la paralysie budgétaire - shutdown - de 43 jours, les chiffres de l’emploi du mois dernier ont finalement été publiés ce mardi 16 décembre. Au mois de novembre donc, le marché de l’emploi a montré des signes de dégradation.

Un chômage record depuis 2021

Désormais, le taux de chômage culmine à 4,6 %, un record depuis 2021. 64 000 emplois ont été créés en novembre, un résultat supérieur aux attentes des économistes de MarketWatch qui anticipaient 45 000 nouveaux postes. Mais cette donnée, certes encourageante, n’est pas suffisante pour remédier à la destruction massive emplois dans la bureaucratie et aux coupes budgétaires entreprises par le Département de l’Efficacité gouvernementale (Doge) d’Elon Musk. En octobre seulement, 105 000 postes ont disparu. Depuis le mois de janvier, date de retour au pouvoir de Donald Trump, 271 000 fonctionnaires ont quitté leur poste.

La publication de ces statistiques pour le mois de novembre intervient moins d’une semaine après la décision de la Réserve fédérale (Fed) d’abaisser de 0,25 point ses taux directeurs - le taux d’intérêt fixé par une banque centrale pour les prêts - afin de les maintenir dans une fourchette de 3,5 % à 3,75 %. En cause : les inquiétudes quant à la remontée des risques concernant le marché de l’emploi.

"On peut dire que le marché du travail a continué à ralentir progressivement, peut-être juste un peu plus progressivement que nous le pensions", a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, à l’issue de la dernière réunion du comité.

Une décision qui finit de présager la détérioration de la situation dans les mois à venir. D’ailleurs, Stephen Miran, président du Conseil des conseillers économiques des États-Unis, s’était positionné pour une baisse des taux plus prononcée, convaincu d’un risque de dégradation plus marqué.

Un résultat compromettant pour les Midterms

Un tel bilan fait craindre à Donald Trump de ne pas remporter les élections de mi-mandat - midterms - prévues pour mars 2026. Alors que le climat d’insécurité économique qui régnait en 2024 avait participé à propulser le candidat dans sa course vers la Maison-Blanche, les conséquences délétères de sa politique se font ressentir par les ménages. Interrogé par le Wall Street Journal sur ses pronostics pour les républicains dans les urnes, le président a répondu : "Je ne peux pas vous dire. Je ne sais pas quand tout cet argent va commencer à faire effet".

Et Suzan DelBene, élue de Washington de rétorquer : "Je pense que les politiques économiques du président ont fait leur effet et qu’elles ont augmenté les coûts pour les familles à travers le pays".

Car en plus des résultats décevants du chômage, l’inflation se fait ressentir aux Etats-Unis. Alors que les salaires n’ont augmenté que de 0,1 % en novembre, soit 5 cents en moyenne, les prix des produits de première nécessité continuent de grimper, accentuant la pression qui pèse sur de nombreux ménages. Selon les données de Novel Food Innovation Centre, le bœuf et du veau ont augmenté de 14,7 % de septembre 2024 à septembre 2025. Quant à l’ensemble des produits alimentaires, ils ont augmenté de 3,1 %. Et les dépenses risquent de continuer d’augmenter si les législateurs américains laissent expirer les subventions renforcées de l’Obamacare.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump participe à une table ronde à la Maison Blanche, à Washington, le 10 décembre 2025

"Il n’y aura pas d’accord de paix en Ukraine" : l’analyse percutante d’Olivier Zajec

16 décembre 2025 à 18:00

C’est un expert que l’on entend peu, et qui pourtant est l’un des plus pertinents en France sur les questions de géopolitique et de stratégie militaire : Olivier Zajec, enseignant à l’Université Lyon III où il a fondé l’Institut d’Etude de Stratégie et de Défense, est le troisième invité de la nouvelle émission de L’Express, "Les grands entretiens d’Anne Rosencher". Un armistice est-il à portée de main en Ukraine ? Quelle est la stratégie poursuivie par Donald Trump ? Que cherche la Russie de Poutine ? L’Europe doit-elle se préparer à la guerre ? A quel degré est-elle dépendante des Etats-Unis ? Voici un extrait de ces échanges, dont l’intégralité est à retrouver sur YouTube et Dailymotion, mais aussi en audio sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Castbox ou encore Podcast Addict.

L’Express : En janvier, cela fera un an que Donald Trump a été investi pour la seconde fois président des Etats-Unis. Derrière la forme, qui stupéfie, voyez-vous une cohérence dans sa stratégie sur le dossier ukrainien ?

Olivier Zajec : Stupéfiant est le bon mot : face à Donald Trump, c’est comme si l’on cessait de réfléchir pour ne voir que l’apparence. On est fascinés au mauvais sens du terme, comme un oiseau le serait par les circonvolutions d’un serpent. On prend Trump, d’emblée, pour un dingue qui avance à l’aveugle. Dans l’affaire ukrainienne, c’est symptomatique : on commente ses coups de barre tactiques jusqu’à s’en donner le tournis, sans voir le schéma stratégique dans lequel il agit. A savoir qu’il ne se préoccupe que d’une chose : la place des Etats-Unis dans un système international en train de se reconfigurer totalement. Historiquement, il y a trois piliers dans la défense de l’intérêt national américain : la puissance militaire, la prospérité économique et l’exemplarité morale. Trump est le premier à ne pas citer l’exemplarité morale, à ne pas l’intégrer dans son équation. Mais les deux autres sont ses boussoles de long terme. Son schéma, c’est la défense des intérêts américains, partout, avec qui que ce soit, y compris "contre" ses alliés et dans n’importe quelles circonstances.

Comment cette cohérence de long terme – en gros : " America First" – s’applique-t-elle au dossier ukrainien ?

Trump est fatigué de cette guerre. Il considère que l’Ukraine – qui a été héroïque – ne tient que grâce aux Etats-Unis et aux fournitures d’armes occidentales, et il cherche les leviers pour mettre fin à un conflit qu’il ne juge pas essentiel pour son pays. Trump tient à fermer ce front sur l’échiquier mondial, pour se concentrer le plus rapidement possible sur ce qui lui paraît plus structurant pour les Etats-Unis : l’affrontement ou du moins la compétition avec la Chine. Comme il est impatient, il veut le faire vite, et obtenir un deal avec les Russes sans pour autant tout leur lâcher.

Si la morale n’entre pas dans son équation, pourquoi ne leur lâche-t-il pas tout ? A certains moments, on a eu l’impression qu’il était au bord de le faire…

C’est une affaire d’équilibre de la puissance. Trump est ce qu’on appelle un "néo-réaliste offensif" : tout ce qui peut être pris doit être pris, parce qu’il part du principe qu’on ne sort jamais du dilemme d’incertitude, c’est-à-dire qu’on ne peut jamais savoir ce qui est vraiment dans la tête de son partenaire, allié, adversaire, ennemi. Dans cette perspective, vous devez toujours vous renforcer. Cela veut dire, dans le cas du dossier ukrainien, que les Russes ne peuvent pas aller trop loin ; Kiev ne doit pas tomber ; les équilibres sur le continent européen ne doivent pas être bouleversés. Par ailleurs, Trump est très sensible à quelque chose que les Européens négligent trop pour eux-mêmes : la réputation. Laisser l’Ukraine être avalée – comme certains le plaident dans son entourage - porterait atteinte à la crédibilité des Etats-Unis. Lui cherche une paralysie à la coréenne. Pas un accord de paix, donc, mais un armistice, avec création d’une zone militarisée – une de plus, mais cette fois, en plein cœur de l’Europe, alors qu’on avait cru tout cela derrière nous.

Au début de la guerre, il y avait beaucoup d’analystes pour dire que les Ukrainiens ne tiendraient pas. Puis, pour dire que la Russie ne tiendrait pas, qu’elle s’affaiblissait trop vite, notamment d’un point de vue économique. Pourquoi les a-t-on sous-estimés, les uns comme les autres ?

On se trompe systématiquement lorsqu’on réduit une équation stratégique à ses constituants matériels. Certains comptent le nombre de chars, le nombre de systèmes de missiles, regardent le PIB du pays, ses réserves de change, etc. Or, dans un conflit armé, c’est la tension de volonté qui fait tout. C’est elle qui conditionne la capacité à durer alors que votre vie bascule, que le confort n’existe plus… Vous êtes en guerre. Sur le papier, les Etats-Unis auraient dû gagner au Vietnam en moins d’un an. Pourtant, ils en sont partis perdants. Quand un petit pays n’a pas le choix, quand son existence est en jeu – pas celle de son Etat, mais celle de son peuple -, eh bien, il ne lâche rien jusqu’au bout. Alors, oui, nous n’avons pas mesuré la tension de volonté des Ukrainiens. Mais nous n’avons pas mesuré, non plus, celle des Russes. Parce que, quoi qu’on en pense sur le fond, on n’a pas voulu voir que cette guerre était aussi pour eux une guerre "existentielle". Les Russes considèrent qu’ils sont à proximité de leur barycentre stratégique ; que la perte de leur influence sur l’Ukraine signifierait leur sortie du groupe de polarités de premier niveau ; qu’ils ne feraient plus dialogue égal avec la Chine, les Etats-Unis, etc. Et ça, ils ne l’acceptent pas. Ils ont le sentiment d’avoir été "clochardisés" pendant dix ans après la chute de l’URSS. Ils ont vécu une période noire dont ils se souviendront toujours, et dont l’élection de Poutine était en partie une conséquence. Et donc, les deux nations considèrent cette guerre comme existentielle. L’Ukraine, qui a une identité historique, ne veut pas être avalée par la Russie. Elle ne veut pas, non plus, du destin de "zone tampon", c’est-à-dire de "zone neutre" à laquelle Poutine consentirait au mieux la réduire.

Qu’est-ce qui est encore négociable aujourd’hui ? Compte tenu du rapport de force, et du temps qui ne joue pas en faveur de l’Ukraine… Est-il par exemple encore possible que Poutine rende le Donbass ?

Je ne le pense pas. Il y aura, bien sûr, des analyses différentes de la mienne sur cette question. Mais je pense que Poutine fera du Donbass une ligne rouge. D’autant plus qu’il n’aura jamais un président américain plus ouvert à ses demandes qu’aujourd’hui.

Si Poutine réussit à acter une telle avancée de la frontière russe par un accord de paix, ce sera dramatique pour l’Europe en termes de crédibilité, non ?

D’abord, c’est déjà dramatique. Ensuite, il n’y aura pas d’accord de paix. Ce serait une grave erreur de la part des Etats-Unis, de l’Europe etc. d’entériner le résultat d’une agression militaire, en violation du droit international. En revanche, il peut y avoir un armistice, une sorte de gel du front sans accord de paix, ce qui n’implique pas de reconnaître les conquêtes. Je crois que c’est ce qui aura lieu. Quelles sont les alternatives ? Que les Européens entrent directement en guerre avec la Russie ? Qu’ils convainquent Trump qu’il fait fausse route et qu’il faut aider les Ukrainiens à reprendre l’offensive ? Avec quels leviers ? Aujourd’hui, sur le terrain, militairement, la situation est très difficile pour les Ukrainiens. Ils ne rompent pas, ils se battent, mais le temps joue contre eux. Ils ont atteint le point culminant de leur capacité de négociation – c’est-à-dire la maximisation de ce qu’ils pouvaient obtenir compte tenu des rapports de force – en 2023, lorsque la Russie a reculé. Il y a eu des négociations à Istanbul où l’Ukraine pouvait obtenir bien plus que ce qu’elle ne le pourra, me semble-t-il, aujourd’hui. Mais elle a été incitée par des gens qui n’ont pas vraiment l’esprit stratégique à passer le point culminant. De Gaulle disait : "la proportion rompue entre les moyens et le but, les combinaisons du génie sont vaines". C’est la question de la lucidité que vous conservez dans l’épreuve de force, qui n’est pas seulement une question de moyens matériels, mais aussi un affrontement entre des volontés.

Cette guerre a révélé de façon assez crue, voire cruelle, la dépendance militaire et stratégique de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Quels sont le degré et la nature de cette dépendance ?

A un degré très élevé. La majorité des pays européens a accepté de dépendre sur le plan technologique et des moyens de défense des Etats-Unis. A travers les importations, les orientations de budget, etc. Notamment dans tout ce qui concerne "les capacités stratégiques hautes", c’est-à-dire la puissance aérienne, les moyens spatiaux, les centres de commandement, de contrôle, le renseignement, la défense antimissile… Tout ce qui permet à un acteur politique et stratégique de décider pour lui-même, d’orienter son destin. Quant à la nature de cette dépendance, pour la toucher du doigt, il faut se remémorer le spectacle que nous avons donné au sommet de l’Otan à La Haye en juin dernier, via le secrétaire général de l’Alliance, le Néerlandais Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas. Ce dernier été applaudi par un certain nombre de pays européens pour avoir mis en scène, devant les yeux du monde entier, un exercice de soumission assumé qu’il a nommé la "Daddy diplomacy".

La "diplomatie du papa" ?

Oui, en gros, l’idée est de retenir Trump dans l’Alliance, et pour ce faire, aucun agenouillement n’est superflu. C’était tellement embarrassant ! Dans un article qui a suivi le sommet, une plume mythique du New Yorker, Susan Glasser a décrit un "exercice volontaire d’auto-émasculation" qui a tant gêné les journalistes présents (dont elle), qu’ils ont été "soulagés quand Trump a repris la parole". C’est dire, quand on sait à quel point Glasser ne porte pas Trump dans son cœur. La "Daddy diplomacy", c’est : tout plutôt que de voir le parrain stratégique américain, qui est en fait devenu un souteneur abusif, lâcher l’Europe. C’est catastrophique. En termes de réputation, de crédibilité, les Européens passent pour des acteurs politiques certes prospères, mais engoncés dans une vision très confortable de leur être au monde et qui ne se réveilleront jamais. Parce que si l’on ne se ne réveille pas après deux mandats Trump, si l’on ne comprend pas que l’autonomie stratégique européenne n’est plus une question de choix idéologique, mais une question de survie, dans un échiquier des relations internationales où chacun est en train de prendre ses gains et de combattre pour son propre intérêt, on est complètement aveugles. Il n’y pas trente mille choix : soit on est puissants et protégés par sa propre puissance, soit on est protégés par un puissant. Pour l’instant, l’Europe persiste dans la deuxième solution. Sauf que ce "puissant" est aussi un prédateur.

Ces douze derniers moins, certains pays de l’Union européenne ont néanmoins décidé d’augmenter considérablement leurs dépenses militaires – on pense à l’Allemagne, à la Pologne ou encore la France…

C’est très bien de consacrer davantage de pourcentage de son PIB à la défense. Mais ça ne fait pas tout. Il y a une différence entre investissement et dépense : aujourd’hui, l’Europe dépense. Elle achète des chars coréens, elle achète les systèmes de défense anti-missiles américains, elle achète des avions de combat F-35 qu’elle ne maîtrise pas – et je pense que ceux qui les ont achetés vont déchanter dans les quinze à vingt ans qui viennent, car même s’ils sont des merveilles technologiques, ce sont des pièges stratégiques et politiques. Investir aujourd’hui stratégiquement dans le domaine de la défense, c’est acheter européen. Et si l’on n’a pas ce qu’il faut en "stock", il faut le développer, il faut investir. Alors certains pointent qu’il y aura un délai avant que l'Europe ne puisse produire, fournir ce dont nous avons besoin. Oui. Il faut accepter une fenêtre de vulnérabilité. Sinon, on n’en sortira pas. Quand on achète américain ou israélien ou coréen, on en reprend pour 25 ans de subordination et de dépendance en termes de maintenance, de pièces de rechange, de logiciels… En fait, on continue dans la même direction. Je ne vois tours pas venir le sursaut européen, cette volonté collective de se sevrer, d’arrêter cette drogue-là.

Le nouveau chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, a provoqué la polémique en disant qu’il fallait se préparer "à perdre nos enfants pour protéger ce que l’on est". Qu’est-ce que cela a suscité pour vous ?

Je trouve qu’il y a eu de la mauvaise foi et de l’excès des deux côtés de la polémique. Le chef d’état-major des armées est dans son rôle lorsqu’il rappelle qu’une nation – et donc : l’armée de cette nation – doit préparer ses soldats à accepter le risque de la mort comme hypothèse de combat. Tout en mettant tout en œuvre, bien sûr, pour que ce soit l’adversaire qui succombe. La force morale nécessite un entraînement. La volonté, ça se sculpte, ça se prépare, ça se tend. Qu’un chef d’état-major des armées en France, en 2025, le rappelle, étant donné l’environnement international, je n’y trouve rien de choquant. En même temps, ceux qui se sont saisi de ces paroles pour dire "il a raison, vive le général Mandon, allons nous battre contre la Russie tout de suite" étaient également dans le faux. Ils décrédibilisent le discours militaire. "Le patriotisme, c’est de soutenir son pays quoi qu’il arrive, mais son gouvernement seulement quand il le mérite", disait Mark Twain. Dans un Etat démocratique, une stratégie, ça se démontre, et une vision politique de cet ordre-là doit être débattue. Il doit y avoir un débat sur notre prise en compte du court, du moyen et du long terme. Un débat, sur notre dépendance aux Etats-Unis. Un débat sur notre relation à long terme avec la Russie. Car oui, il faut le dire : les Russes ne vont pas déménager, ils vont rester pour l’éternité aux portes de notre continent européen. Que fait-on de cette relation dans les temps qui viennent ? Comment gère-t-on ce couple russo-chinois qui est en train de se former ? La déclaration du chef d’état-major des armées n’est pas une déclaration qui tue le débat géopolitique, mais simplement le rappel d’une évidence stratégique.

© L'Express

Olivier Zajec était l'invité d'Anne Rosencher.

Un boîtier espion trouvé sur un ferry en Méditerranée, la DGSI enquête

16 décembre 2025 à 17:49

La découverte est digne d’un gadget de supervilain dans James Bond. Un système informatique a été repéré sur un ferry accosté à Sète (Hérault), qui permettrait une prise de contrôle à distance du navire. Selon l’AFP qui confirme une information du Parisien, un citoyen letton suspect a même été placé en détention provisoire et mis en examen à Paris ces derniers jours, soupçonné d'espionnage.

Selon un renseignement transmis par les autorités italiennes, le système informatique du navire aurait pu être infecté par un dispositif malveillant de type RAT (remote access tool) qui permet de prendre les commandes à distance. Le navire, baptisé Fantastic, appartient à la compagnie italienne GNV et peut embarquer un peu plus de 2 000 passagers pour des croisières en Méditerranée.

D’abord immobilisé et placé sous scellé, le Fantastic a été fouillé en urgence par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce qui a permis de saisir un certain nombre d’éléments. Il a ensuite repris la mer, une fois les constatations techniques réalisées et tout danger écarté pour les personnes à bord.

Un membre d’équipage "proxy" de la Russie ?

Deux membres de l’équipage, un Letton et un Bulgare, identifiés par les autorités italiennes, ont été interpellés et placés en garde à vue la semaine dernière. A l’issue de celles-ci, le suspect letton a été mis en examen et placé en détention provisoire. Le Bulgare a lui été remis en liberté sans qu’aucune charge ne soit retenue à son encontre.

Selon Le Parisien, l’une des hypothèses des agents de la DGSI est que cet homme aurait agi pour le compte d’un service secret étranger. "En tête de la liste des pays suspects : la Russie. Les services du Kremlin recrutent régulièrement des "proxys" - exécutants - originaires de pays d’Europe de l’Est pour commettre des actions d’ingérence, d’espionnage ou violentes sur le sol français pour déstabiliser le pays" détaille le média à l’origine de la révélation.

Selon le parquet de Paris, l’information judiciaire a effectivement été ouverte pour "atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère, participation à une association de malfaiteurs". Des perquisitions ont aussi été menées en urgence en Lettonie avec le soutien d’Eurojust et des autorités lettones.

© afp.com/GERARD JULIEN

L'une des hypothèses de la Direction générale de la sécurité intérieure est qu'un membre d'équipage aurait agi pour le compte d’un service secret étranger.

Automobile : l’Europe acte la fin du tout-électrique en 2035 afin de soutenir son industrie

16 décembre 2025 à 21:06
La Commission a présenté, mardi, un paquet de mesures destinées à aider un secteur en crise. Elle allège notamment les exigences du réglement sur la décarbonation des voitures, un texte emblématique du pacte vert.

© JOHN MACDOUGALL/AFP

Un stator, composant du moteur électrique Volkswagen équipant les modèles ID, sur une chaîne de montage de l’usine Volkswagen de Salzgitter, en Allemagne, le 18 mai 2022.
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