Comment la Suède est passée de pays pionnier de la transition écologique à cancre de l’Europe

© Jeppe Gustafsson/Shutterstock/SIPA

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Donald Trump s’impatiente face au conflit ukrainien, et il le fait savoir. "Le président est extrêmement frustré par les deux camps impliqués dans cette guerre, et il en a assez des réunions qui n’ont d’autre but que de se réunir", a déclaré jeudi 11 décembre à la presse la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. "Il ne veut plus des paroles. Il veut des actes. Il veut que cette guerre prenne fin", a-t-elle poursuivi. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé de son côté que les États-Unis souhaitaient conclure un accord "le plus tôt" possible. Sous pression, l’Ukraine semble prête à faire une concession majeure : sa version amendée du plan américain pour la paix, qu’elle a remis à Washington mercredi, comporte en effet, selon plusieurs sources, un compromis majeur, Kiev acceptant une zone démilitarisée dans le Donbass, qui imposerait un recul des forces ukrainiennes et russes des deux côtés de la ligne de front.
Les infos à retenir
⇒ Avoirs gelés : la Banque centrale russe saisit la justice contre Euroclear
⇒ Russie : sept blessés dans une attaque de drone contre un immeuble résidentiel
⇒ La semaine à venir sera décisive pour l’Ukraine, prévient Ursula von der Leyen
La Banque centrale russe a déclaré ce vendredi saisir la justice à Moscou contre la société belge Euroclear, qui détient l'essentiel des avoirs gelés de la Russie que l'Union européenne veut utiliser pour financer l'aide à l'Ukraine.
La Commission européenne cherche actuellement à piocher dans les quelque 200 milliards d'euros d'avoirs de la Banque centrale russe, gelés dans l'UE en raison de sanctions prises par les 27 contre Moscou, afin de financer un prêt à l'Ukraine où la Russie mène depuis bientôt quatre ans une offensive à grande échelle. L'UE bute sur l'opposition de la Belgique, où se trouvent l'essentiel de ces avoirs et la société Euroclear, mais espère parvenir à un accord final lors d'une réunion la semaine prochaine.
La Banque centrale russe a déclaré vendredi qu'elle "déposait une plainte contre Euroclear au tribunal arbitral de Moscou", en accusant la société belge d'"actions illégales". "Les actions du dépositaire Euroclear ont causé un préjudice à la Banque de Russie en raison de l’impossibilité de gérer les liquidités et les titres" lui appartenant, a déclaré l'institution dans un communiqué.
Selon les médias publics russes, la plainte sera déposée vendredi, la somme revendiquée étant composée du montant des avoirs gelés et de l'indemnisation du manque à gagner. Moscou considère comme illégales les sanctions internationales à son encontre, notamment le gel de ses avoirs, et qualifie leur utilisation de vol. Euroclear n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat mais un porte-parole a déclaré que la société "se bat actuellement contre plus d'une centaine de recours juridiques en Russie".
L’immobilisation "aussi longtemps que nécessaire" des quelque 200 milliards d’actifs de la Russie placés en Europe est "une décision majeure" prise par l’UE, a estimé le chef de la diplomatie française alors que les 27 Etats membres de l’Union européenne doivent entériner une décision en ce sens ce vendredi.
Au début de la guerre de la Russie en Ukraine, ces actifs russes ont été immobilisés pour une durée de 6 mois, renouvelables tous les 6 mois, à condition que tous les 27 pays européens soient d’accord. "Ce qui suppose que si un pays s’y oppose, la Russie pouvait à tout moment récupérer ses sommes", a expliqué Jean-Noël Barrot sur France Info. "Ce que nous voulons, c’est la sécurité pour l’Europe et les Européens".
"C’est l’objectif de la décision que nous prenons aujourd’hui, qui est une décision majeure, qui va sans doute infléchir le cours de cette guerre et accélérer la paix", a-t-il dit. Selon lui, ces actifs seront immobilisés "jusqu’à ce que la Russie cesse sa guerre d’agression et verse des réparations à l’Europe".
Techniquement, les 27 pays de l’UE ont décidé jeudi de pérenniser les sanctions contre Moscou qui servent de base à leur immobilisation, avait annoncé jeudi la présidence danoise de l’UE. La décision doit être confirmée vendredi à l’issue d’une procédure écrite. Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 se réuniront ensuite en sommet à Bruxelles le 18 décembre pour discuter de leur plan de financement de l’Ukraine, avec l’utilisation éventuelle des avoirs russes gelés en Europe. Jusqu’ici, les Européens butent sur l’opposition de la Belgique, où se trouve l’essentiel de ces avoirs de la Banque centrale russe.
Sept personnes, parmi lesquelles un enfant, ont été blessées dans la nuit à la suite d’une attaque de drone ukrainienne à Tver, à environ 180 km au nord-ouest de Moscou, ont indiqué vendredi les autorités locales. "A Tver, on est en train de combattre les conséquences de la chute des débris d’un drone sur un immeuble résidentiel", a écrit sur Telegram le gouverneur régional par intérim, Vitali Koroliov. Selon lui, une vingtaine d’habitants ont dû être évacués en raison des dommages infligés à l’immeuble. D’après l’agence officielle Tass, la chute des débris du drone a provoqué un violent incendie dans un appartement, et les vitres de plusieurs autres ont été brisées.
Kiev mène régulièrement des frappes de drones en Russie, en disant cibler principalement les infrastructures militaires et énergétiques. Jeudi, la Russie avait annoncé avoir abattu plus de 300 drones ukrainiens dans la nuit, l’une des attaques ukrainiennes les plus massives. Des centaines de vols des aéroports de Moscou avaient été perturbées.
"La semaine à venir sera décisive" pour l’Ukraine, a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi soir, réitérant son appel à une "paix juste et durable". La cheffe de l’exécutif européen a indiqué avoir échangé avec les partenaires de la "coalition des volontaires", qui rassemble des soutiens de Kiev. "Malgré la pression, nous restons absolument fermes sur notre objectif : parvenir à une paix juste et durable pour l’Ukraine", a-t-elle insisté sur le réseau social X.
"Durable signifie qu’aucun accord de paix ne doit contenir les germes d’un conflit futur ni déstabiliser l’architecture de sécurité européenne dans son ensemble", a-t-elle ajouté. "Nous avons également discuté de la nécessité de garanties de sécurité robustes et crédibles". "J’ai informé les dirigeants de nos efforts pour sécuriser le financement de l’Ukraine pour 2026-2027. Nos propositions sont sur la table, et le sentiment d’urgence est partagé par tous", a-t-elle assuré.

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Pour permettre au plan de paix américain de se déployer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait part jeudi 11 décembre d’une importante concession que pourrait faire l’Ukraine, exigeant toutefois des garanties de sécurité.
Kiev a remis ce mercredi une version amendée du plan de Donald Trump, qui reprenait des exigences majeures de Moscou, comprenant des contre-propositions. Le président ukrainien a confirmé jeudi que les États-Unis souhaitaient conclure un accord "le plus tôt" possible.
Selon Volodymyr Zelensky, les deux questions essentielles restant à négocier sont le contrôle de la région orientale de Donetsk, où se déroule l’essentiel des combats, et le statut de la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par Moscou dans le sud de l’Ukraine. Le président ukrainien a assuré aux journalistes, dont ceux de l’AFP, que Washington "voit les forces ukrainiennes se retirer" de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent encore et qui serait transformée en "zone économique libre" ou "zone démilitarisée".
En échange, l’armée russe se retirerait des zones sous son contrôle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est), mais se maintiendrait dans celles de Kherson et Zaporijia (sud). Pour rappel, la région de Donetsk, contrôlée à plus de 80 % par la Russie, et celle voisine de Lougansk, presque totalement sous son contrôle, sont l’objectif prioritaire du Kremlin en Ukraine. Moscou revendique depuis 2022 leur annexion, tout comme celle de deux autres régions du sud, celles de Kherson et Zaporijia, que les forces russes occupent partiellement.
L’idée d’une zone démilitarisée dans des territoires que la Russie n’a pas réussi à conquérir en près de quatre ans d’intenses combats représenterait une concession majeure de Kiev, qui éviterait cependant d’y renoncer formellement. Le conseiller ukrainien pour la paix, Mikhaïlo Podoliak, a semblé la justifier en déclarant au journal Le Monde qu'"une zone démilitarisée devra exister de part et d’autre de la ligne" où serait déployé "un contingent étranger" : "C’est un format naturel de fin de conflit, sachant qu’une partie du territoire restera malheureusement sous occupation de facto de la Russie et qu’une ligne de séparation sera fixée de toute façon." "Il faudra décrire, de manière logique et juridique, si tous les types d’armements doivent être retirés ou uniquement les armes lourdes. Pour prévenir d’éventuelles violations, des représentants de missions de surveillance et un contingent étranger devront être présents afin de veiller au respect des principes et des accords", a-t-il également déclaré.
Volodymyr Zelensky a assuré que dans tous les cas, une "élection" ou un "référendum" sera nécessaire en Ukraine pour trancher sur les questions territoriales. Mardi, il s’était dit prêt à organiser une présidentielle si la sécurité du scrutin pouvait être assurée par les États-Unis, avec les Européens.
Néanmoins, il n’est pas certain que Moscou accepte la proposition, ni même qu’elle soit soutenue par les États-Unis. Deux sources américaines interrogées par le journal en ligne Politico, ont ainsi exprimé leur scepticisme quant au fait que la Russie soutiendrait le plan, élaboré cette semaine avec la contribution des dirigeants européens. Quant à Donald Trump, ces sources font remarquer qu’il considère toujours l’Ukraine comme la partie la plus faible et la plus malléable dans le conflit, en particulier à la suite d’un scandale de corruption qui a forcé le chef d’état-major de longue date de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, à démissionner.
Donald Trump, qui semblait sceptique quant aux perspectives de percée dans les commentaires du bureau Ovale mercredi, "est au courant" du dernier plan de 20 points que l’Ukraine a envoyé à Washington mercredi, a déclaré jeudi la porte-parole Karoline Leavitt. La Maison-Blanche n’a toutefois pas précisé ce que Trump pense de la proposition révisée, ou s’il comptait envoyer des assistants pour participer à des conversations supplémentaires avec des responsables européens et ukrainiens prévues ce week-end à Paris. En outre, Donald Trump a suggéré que les garanties de sécurité que l’Ukraine recherche, visant à dissuader la Russie d’attaquer à nouveau l’Ukraine, devraient venir principalement d’Europe.

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