Le prix de la mémoire vive en très forte hausse : +170 %, et ça ne risque pas de s'arrêter
Nous en parlions il y a quelques semaines, le prix de la mémoire vive (et celui de la mémoire flash) est en très forte hausse actuellement, de l'ordre de 170 % sur le prix des composants. Et ce n'est visiblement pas près de s'arrêter.

Le premier point à comprendre, c'est comment fonctionne ce marché. Les fabricants de puces de mémoire vendent des puces, dont le prix a justement augmenté assez fortement ces dernières semaines. Ensuite des fabricants de barrettes (qui peuvent être les mêmes que ceux qui fabriquent les puces) les intègrent. Puis les barrettes sont soit intégrées dans des ordinateurs, soit vendues seules. Cet enchaînement implique toujours un délai entre la hausse de la mémoire et le prix des barrettes chez votre revendeur préféré, mais elle est bien visible depuis quelques semaines.
Des hausses prévues sur la mémoire flash, les disques durs et la mémoire vive
Si vous prenez un produit assez standard, un kit de deux barrettes de DDR5-4800, d'une capacité de 32 Go, il est affiché actuellement à environ 120 €. Si vous remontez quelques mois en arrière, il était vendu à peine 80 €. La différence est même plus importante pour de la mémoire rapide, comme de la DDR5-6000 : un kit vendu 160 € actuellement se trouvait pour moins de 100 € il y a quelques semaines. La hausse touche en effet plus durement les versions haut de gamme, généralement plus récentes : les puces sont plus onéreuses et les fabricants ont moins de stocks à écouler.

Une hausse qui ne touche pas que les produits finis : MiniMachines rapporte que Minisforum, un fabricant de mini PC, augmente ses prix à cause de la hausse de la mémoire vive. Car là aussi, les petits fabricants sont plus touchés que les gros, à cause d'une particularité du marché de la mémoire : les contrats d'approvisionnement.
Samsung ne prend plus de contrats
Dans le monde de la mémoire vive et de la mémoire flash, les grands fabricants de PC (HP, Lenovo, Dell, etc.) signent habituellement des contrats avec les fabricants de mémoire, pour s'approvisionner à un prix fixe sur une durée déterminée. C'est une solution qui permet d’éviter les hausses inattendues (par exemple liée à un problème dans une usine) mais qui empêche aussi de profiter des éventuelles baisses. Mais pour les fabricants, c'est intéressant, car ils peuvent anticiper les coûts.
Et ce système est en train de craquer : comme nous sommes dans une période où la demande est extrêmement forte à cause de l'IA (et en partie à cause des smartphones), Samsung a décidé de ne plus prendre de contrats de ce type, selon DigiTimes. Un choix qui a évidemment un impact sur le prix des appareils qui intègrent de la mémoire vive — PC portables, smartphones, etc. — en grande quantité, avec un effet secondaire gênant. Comme les fabricants de produits finis ne peuvent pas obtenir un prix fixe et que le cours de la mémoire est volatile, ils utilisent une estimation artificiellement élevée, pour éviter de perdre de l'argent, ce qui augmente le prix des appareils dans les étals.

Compte tenu de la demande actuelle dans le monde de l'IA et de l'arrivée des fêtes, qui amènent souvent des pics de ventes sur les produits finis, les hausses ne sont donc pas terminées. Et si d'autres constructeurs suivent la voie de Samsung, le marché de la mémoire pourrait être totalement désorganisé.
Le cas Apple
Le cas d'Apple est un peu particulier. Dans le domaine de la mémoire flash, Apple utilise des puces propriétaires, dont le prix est nettement plus élevé que la moyenne. C'est aussi en partie le cas (dans une moindre mesure) pour la mémoire vive : la société est moins touchée par les variations de l'offre et la demande car elle emploie des puces peu courantes. Le dernier MacBook Pro M5, par exemple, intègre de la mémoire LPDDR5X-9600, récente, dans un format compact, avec l'équivalent de plusieurs puces de DDR5 classiques empilées.

Et puis il faut bien avouer que même si le prix de la DDR5 en barrette explose, il reste assez loin de ce qu'Apple facture. Sur un MacBook Pro M5, le passage de 16 à 32 Go de RAM est par exemple facturé 500 €. Même en partant du principe que la LPDDR5X rapide est plus onéreuse au départ que la DDR5 classique, il faudrait une hausse bien plus forte pour que le prix de la mémoire s'approche de celui facturé par Apple… en supposant que la société ne modifie pas ses prix.