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Reçu hier — 9 septembre 2025Sans catégorie

Accord UE-Etats-Unis : Ursula von der Leyen, la grande impopulaire

9 septembre 2025 à 20:21

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, doit prononcer au Parlement son discours annuel sur l’état de l’Union ce mercredi 10 septembre. Après six ans à la tête de la Commission, l’ancienne ministre allemande d’Angela Merkel, devrait faire face à de la défiance.

En effet, à la veille de son discours, un baromètre de l’Opinion publique européenne, publié par Cluster 17 et la revue Le Grand Continent, note très sévèrement l’action d’Ursula von der Leyen. Et pour cause : 75 % des répondants estiment qu’elle a mal défendu les intérêts européens. Pire, en Allemagne, dans son propre pays, 75 % des sondés considèrent que la présidente de la Commission a mal défendu les intérêts de l’Union, et 37 % d’entre eux considèrent même qu’elle les a "très mal" défendus.

Humiliation

Quelques mois après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’été européen a été dominé par la séquence de l’accord conclu entre les Vingt-Sept et les Etats-Unis sur les droits de douane. En majorité, l’accord de Turnberry, acté le 25 juillet et signé le 21 août dernier, est perçu comme une humiliation rapporte le sondage. Après des mois d’intenses négociations, Washington et Bruxelles avaient fini par arracher un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis seront taxés à 15 %, au lieu des 30 % annoncés au départ par le président américain, mais contre 1,47 % en moyenne auparavant.

Le sentiment d’humiliation est particulièrement marqué en France, où près des deux tiers des répondants (65 %) parlent d’"humiliation". Il est également majoritaire en Espagne (56 %) et en Italie (51 %). Seule la Pologne, moins informée du dossier et très atlantiste, se distingue : 49 % d’"indifférents" contre seulement 23 % d’"humiliés".

Conséquences négatives pour le continent

Pour près de 61 % des Européens, le principal responsable de cet accord douanier est la Commission européenne, et donc Ursula von der Leyen. Malgré la lourde responsabilité de plusieurs d’entre eux, la perception de la responsabilité des États membres arrive loin derrière (28 %), ajoute le sondage. Cette attribution de responsabilité est particulièrement forte dans trois des cinq pays sondés : 70 % des Espagnols, 66 % des Allemands et 64 % des Français pointent directement la Commission. Résultat : une majorité d’Européens (60 %), y compris Allemands (54 %), souhaite la démission de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Au-delà des 15 % de droits de douane sur les produits importés aux États-Unis, l’accord signé entre Washington et Bruxelles prévoit par ailleurs des achats d’hydrocarbures américains (gaz naturel, pétrole et combustibles nucléaires) pour 750 milliards de dollars sur trois ans, qui devraient permettre à l’UE d’éviter d’acheter à la Russie et de financer ainsi la guerre lancée par le Kremlin en Ukraine.

L’accord comporte aussi de nouveaux investissements européens aux Etats-Unis pour 60 milliards d’USD. Et Donald Trump s’est targué d’évoquer des "centaines de milliards de dollars" d’achats d’armement par les Européens. Le sondage du Cluster 17 et de la revue Le Grande Continent, révèle que les trois quarts des Européens déclarent vouloir s’y opposer, y compris la Pologne, pourtant très atlantiste, à une faible majorité (51 %). 68 % pensent que cela aura des conséquences négatives pour le continent. L’étude avance par ailleurs, que de nombreux Européens se déclarent nettement favorables à un boycott des produits américains bénéficiant d’un accès préférentiel au marché européen aux termes de l’accord.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président américain Donald Trump se serrent la main après avoir conclu un accord commercial, le 27 juillet 2025 à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Ecosse.

Attaque d’Israël contre le Hamas au Qatar : ce que l’on sait

9 septembre 2025 à 19:32

Israël a annoncé avoir ciblé, ce mardi 9 septembre, des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas dans des raids aériens à Doha, la première attaque du genre au Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Plusieurs explosions ont été entendues dans l’après-midi dans la capitale qatarie et de la fumée s’est élevée d’un quartier. La police a bouclé le secteur.

Un raid aérien en réponse à l’attentat de Jérusalem-Est

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré avoir ordonné les frappes après une attaque armée qui a fait six morts lundi à Jérusalem-Est. Celle-ci a été revendiquée mardi par le Hamas.

Après cet attentat, Benyamin Netanyahou "a donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. Aujourd’hui à midi, en raison d’une opportunité opérationnelle […] le Premier ministre et le ministre de la Défense (Israël Katz) ont décidé de mettre en oeuvre la directive", indique un communiqué conjoint de Netanyahou et Israël Katz. "L’armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre les membres de la direction de l’organisation terroriste Hamas", selon un communiqué militaire. "Depuis des années (ils) dirigent les opérations de l’organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7 octobre et ont orchestré et géré la guerre contre Israël."

Dans un communiqué distinct, Benyamin Netanyahou a affirmé que les raids avaient été "initiés et menés par Israël" qui "en assume l’entière responsabilité". Alliés d’Israël et du Qatar, les Etats-Unis ont été "informés à l’avance" par Israël des frappes contre les responsables du Hamas, a indiqué une responsable de la Maison-Blanche à l’AFP.

Un responsable du Hamas ayant requis l’anonymat a affirmé que l’attaque avait "ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président (Donald) Trump pour un cessez-le-feu à Gaza".

Un bilan incertain

Un responsable du Hamas a affirmé à la chaîne Al Jazeera que les frappes israéliennes avaient fait "plusieurs morts" mais que les dirigeants du mouvement islamiste palestinien avaient survécu. "Les dirigeants du Hamas ont survécu à cette lâche tentative d’assassinat", y compris le négociateur en chef Khalil al-Hayya, a déclaré le membre du bureau politique du mouvement, Souheil al-Hindi, à la chaîne qatarie. Mais l’attaque a fait "plusieurs martyrs", dont le fils de Khalil al-Hayya et le directeur de son bureau, a-t-il ajouté.

Le Qatar a annoncé de son côté, qu’un membre de ses forces de sécurité avait été tué, et d’autres blessés, dans ces frappes de Tsahal.

Des condamnations en série

L’attaque aérienne menée par Israël a suscité de vives critiques à l’international ainsi qu’une condamnation de l'ONU. "Je condamne cette violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Qatar", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Le Qatar a "condamné fermement l’attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels abritant des membres du bureau politique du Hamas".

En Egypte, pays médiateur comme le Qatar et les Etats-Unis dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza, la présidence a qualifié l’attaque de "violation flagrante du droit international" et de "précédent dangereux, développement inacceptable et attaque directe contre la souveraineté de l’Etat du Qatar".

Le président français Emmanuel Macron a jugé pour sa part les frappes "inacceptables quel qu’en soit le motif", en exprimant sa "solidarité au Qatar et à son émir". Le Premier ministre britannique Keir Starmer a lui aussi condamné le raid, estimant qu’il risque "d’intensifier l’escalade dans toute la région".

En Israël, le Forum des familles d’otages a dit son "inquiétude" pour les captifs retenus à Gaza après les frappes de Tsahal.

© afp.com/Jacqueline PENNEY

Une capture d'écran d'une vidéo de l'AFPTV montre la fumée qui s'élève, après des explosions à Doha, la capitale du Qatar, le 9 septembre 2025

Comment Vladimir Poutine manipule les Occidentaux : menaces, coups de bluff et méthode KGB

9 septembre 2025 à 18:00

La scène semble tirée d’un roman dystopique. En ce 3 septembre, trois dictateurs dotés de l’arme nucléaire marchent d’un même pas vers le balcon de la Cité interdite. A quelques minutes du coup d’envoi d’un immense défilé militaire en forme d’avertissement à Donald Trump, sur la place Tiananmen, au cœur de Pékin, le Chinois Xi Jinping, le Russe Vladimir Poutine et le Nord-Coréen Kim Jong-un paraissent d’excellente humeur.

"– Autrefois, les gens vivaient rarement jusqu’à 70 ans, mais aujourd’hui, à 70 ans, on est encore un enfant, lance Xi à Poutine, devant les caméras.

– Grâce aux progrès de la biotechnologie, les organes humains peuvent être transplantés à l’infini et les gens, vivre de plus en plus longtemps, voire atteindre l’immortalité, rebondit le Russe, âgé de 72 ans, comme son interlocuteur."

Tout est dit. Au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle et affranchi de toute réelle échéance électorale, Poutine est persuadé qu’il va gagner la bataille du temps face à des dirigeants occidentaux éphémères - il a déjà eu affaire à cinq présidents américains. Lui qui a commencé la guerre d’Ukraine il y a onze ans en soutenant les séparatistes pro-russes du Donbass, compte l’emporter à l’usure, et tant pis s’il met onze années supplémentaires. N’a-t-il pas signé une loi qui l’autorise à rester au pouvoir jusqu’en 2036 ?

Pour l’instant, force est de constater qu’il mène le jeu. Malgré les menaces de Trump, jamais suivies d’effets à ce jour, les Russes continuent de pilonner l’Ukraine - ils ont lancé plus de 800 drones et 13 missiles dans la nuit du 6 septembre, un record, et touché pour la première fois le siège du gouvernement à Kiev. Ce qui n’empêche pas Poutine d’affirmer qu’il est prêt à négocier, mais que le processus est bloqué par les Européens. Un stratagème pour éviter que Trump ne déclenche des sanctions. Et gagner encore du temps.

Maître du temps

Jusqu’ici, il s’est montré maître en la matière. Après leur rencontre à Anchorage (Alaska) à la mi-août, le "président Maga" se voulait optimiste, face à des dirigeants européens venus épauler Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche. Il promettait une rencontre prochaine entre les présidents russe et ukrainien. À l’en croire, la résolution du conflit était en bonne voie car Poutine voulait un "deal". Que s’est-il passé depuis ? Rien. Sinon des milliers de nouveaux morts en Ukraine.

En quelques semaines, Poutine s’est donné des marges de manœuvre. Prouesse diplomatique, les deux dirigeants les plus puissants de la planète lui ont littéralement déroulé le tapis rouge. En Alaska, Donald Trump, à qui il a imposé l’idée qu’un cessez-le-feu n’était nullement un préalable aux discussions de paix, lui a offert une légitimité inespérée en l’applaudissant comme un héros. Loin de se montrer plus conciliant, le chef du Kremlin s’est empressé de le narguer en s’affichant aux côtés de Xi, avec lequel il a signé un accord pour la construction d’un second gazoduc géant entre la Sibérie et la Chine ; tout en mettant en scène sa proximité avec le Premier ministre indien Narendra Modi. Isolé, Poutine ? Plus vraiment.

"Agitation vaine"

Malgré l’attitude martiale d’Emmanuel Macron, les Européens peinent à trouver la parade. Certes, la Coalition des volontaires a fièrement annoncé le 4 septembre s’être mise d’accord sur les garanties de sécurité à l’Ukraine. "Mais à Moscou, on considère cette agitation diplomatique comme vaine, purement politique et rhétorique, sans aucune chance d’aboutir", résume Tatiana Stanovaïa, fondatrice du cabinet d’analyse R. Politik. Quelques milliers d’hommes en plus sur le terrain ne changeront pas la donne. Surtout, ces garanties ne seraient déployées qu’une fois réunies deux conditions : un cessez-le-feu et un solide soutien américain. On en est loin. "Poutine sait très bien que les Européens n’entreront jamais en guerre contre lui", tranche la politologue. Qu’importe, il leur a rappelé une ligne rouge : tout soldat européen envoyé en Ukraine deviendrait une cible.

Menacer l’adversaire, exiger toujours plus sans jamais rien céder. La méthode, héritée de l’URSS, a beau être connue - les ministres des Affaires étrangères Molotov, puis Gromyko, la maîtrisaient à merveille -, elle fonctionne toujours. Récemment, on a pu apercevoir dans une vidéo le chef d’état-major russe Valeri Guerassimov s’adresser à ses généraux. Derrière lui, une carte de l’Ukraine indiquait les objectifs de guerre - Odessa, Kherson et Kharkiv -, qui échappent encore à son emprise. Un message clair envoyé aux Occidentaux : "Cédez à nos exigences (annexion totale du Donbass, démilitarisation de l’Ukraine) ou nous irons encore plus loin."

Sauf qu’après trois ans et demi de guerre, l’armée russe est toujours embourbée. En août, elle a progressé de 5 kilomètres carrés… mais en a perdu cinq fois plus à un autre endroit du front, selon les Ukrainiens. En bon joueur de poker, Poutine fait croire à ses adversaires qu’il a une "bonne main". Dans les faits, son armée perd 1 500 soldats par jour, d’après des sources militaires, et son économie envoie des signaux inquiétants, surtout depuis que les Ukrainiens ciblent les raffineries d’essence. Mais quelle importance quand on peut étouffer toute contestation ? "Aux yeux de Poutine, l’état de l’économie et la fatigue de la société russe ne constituent pas des obstacles, souligne Tatiana Kastouéva-Jean, de l’Institut français des relations internationales. D’autant que Moscou continue à vendre son pétrole et son gaz, y compris à l’Europe."

Encore faut-il que Donald Trump, qui se dit "très déçu" par l’attitude du chef du Kremlin, ne brise pas son élan. En réalité, Poutine évolue sur une ligne de crête, en menant trois objectifs de front : diviser les Européens, briser le moral des Ukrainiens et, surtout, détacher les Etats-Unis de Kiev, en essayant de dissuader les Américains d’apporter des garanties de sécurité, même limitées, aux Ukrainiens, comme le partage de renseignements ou des systèmes de défense antimissiles.

"Made in KGB"

Pour cela, Poutine utilise deux méthodes "made in KGB" : flatter l’ego surdimensionné de Trump - que les Russes ont identifié dès les années 1980 - et lui promettre de juteux contrats. "Poutine reprend une recette léniniste : l’utilisation de l’instrument économique pour atteindre des buts politiques, en premier lieu casser le front uni des impérialistes (aujourd’hui "l’Occident collectif"), analyse l’historienne Françoise Thom. En mai 1918, Lénine fait miroiter aux Américains des concessions en Sibérie orientale, laissant entendre que les Etats-Unis remplaceraient le Reich comme partenaire économique de Moscou. Les Bolcheviks veulent alors inciter les Américains à se détacher de l’Entente (comprenant notamment la France et le Royaume-Uni)." Et la chercheuse d’ajouter : "Aujourd’hui, les négociations entre Steve Witkoff (l’envoyé spécial de Trump) et Kirill Dmitriev (directeur du fonds souverain russe) sont un calque de ce procédé, la Russie faisant miroiter à Trump une participation dans le commerce du gaz russe en échange de l’abandon de l’Ukraine."

De quel côté le président américain va-t-il pencher ? "Beaucoup d’observateurs spéculent sur la manière dont Poutine manipule Trump. La réalité est plus compliquée : Trump défend ainsi le principe selon lequel l’Ukraine doit conserver son armée, à l’opposé des exigences de Moscou", note la politologue Tatiana Stanovaïa.

S’il se retire du jeu, les Européens seront confrontés à un choix cornélien : soit une paix indigne incluant de trop lourdes concessions ukrainiennes (avec le risque que le conflit redémarre) ; soit une guerre longue qu’ils ne pourront soutenir qu’un temps. A eux de convaincre les Américains d’infliger une nouvelle salve de sanctions à la Russie. Le monde comprendrait alors que Poutine n’est pas aussi fort qu’il veut le faire croire.

© via REUTERS

Le président russe Vladimir Poutine assiste à une réunion avec le gouverneur de la région de Primorsky, Oleg Kozhemyako, en marge du Forum économique de l'Est à Vladivostok, en Russie, le 5 septembre 2025.

Comment Boris Johnson a utilisé ses contacts en tant que Premier ministre pour des accords commerciaux

9 septembre 2025 à 17:35

Le journal britannique The Guardian publie depuis ce lundi 8 septembre, une série d’articles relatifs à ce qu’il appelle les "Boris Files". Soit une enquête, en plusieurs volés, autour d’une fuite de documents du bureau de l’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson, dont certains éléments indiquent de potentiels conflits d’intérêts.

Selon le quotidien britannique, qui serait le seul média à avoir eu accès à ces documents, les "Boris Files" sont une mine de données en provenance de l’actuel bureau de Boris Johnson qui mettent en lumière ses intérêts commerciaux depuis qu’il a quitté Downing Street en septembre 2022. Le quotidien explique avoir eu connaissance des fichiers via Distributed Denial of Secrets,"une organisation à but non lucratif enregistrée aux Etats-Unis qui archive les documents divulgués et piratés".

Une entreprise subventionnée

Au total, quelque 1 820 documents auraient fuité. "Une petite fuite", admet le journal. Il s’agit toutefois de courriels, de lettres, de factures, de discours ou encore de contrats commerciaux qui révèlent, entre autres, comment l’ancien dirigeant conservateur utilise les relations qu’il a forgées en tant que Premier ministre du Royaume-Uni pour profiter d’aides publiques et des contacts noués pendant qu’il était en poste pour "faciliter" son enrichissement et faire du lobbying. Et The Guardian de pointer que l’ancien Premier ministre "semble le faire par l’intermédiaire de son bureau privé, qui est subventionné par le public". Les fichiers "mettent en lumière le fonctionnement interne d’une entreprise subventionnée par l’Etat (appelée The office of Boris Johnson Limited) que Boris Johnson a créée après avoir quitté son siège de Premier ministre", écrit le Guardian dans un second article.

Au Royaume-Uni, lorsqu’un Premier ministre a terminé son mandat au 10 Downing Street, il peut bénéficier d’une enveloppe annuelle pouvant s’élever jusqu’à 115 000 livres sterling (soit un peu plus de 132 000 euros) pour financer son cabinet et notamment les salaires de ses employés. Cette subvention, connue sous le nom d'"allocation pour frais de service public" (PDCA), sert donc à soutenir les frais de fonctionnement d’un ancien Premier ministre. "Elle n’est pas destinée à être utilisée pour des activités privées ou commerciales", rappelle le Guardian. Selon les données officielles vérifiées par The Guardian, l’ancien Premier ministre aurait réclamé 182 000 £ (soit 210 000 euros) de paiements avec cette allocation depuis qu’il a quitté le gouvernement. Autrement dit, cette subvention ne devrait pas être utilisée si le cabinet de l’ancien Premier ministre opère d’autres activités que celle de sa représentation d’ancien chef de gouvernement, soit des obligations publiques et non privées.

Conférences et lobbying international

Pourtant, d’après les documents qui ont fuité, le cabinet de Boris Johnson, censé avoir des responsabilités limitées, a joué un rôle "dans la gestion de ses activités commerciales. Celles-ci incluent des contrats avec le tabloïd britannique Daily Mailet ou encore le média GB News", précise le Guardian. Les documents révélés suggèrent ainsi qu’entre octobre 2022 et mai 2024, la société de Boris Johnson a été payée environ 5,1 millions de livres sterling pour 34 discours, sans compter "les dépenses généreuses pour couvrir les vols de première classe et les séjours dans des hôtels cinq étoiles pour lui et son personnel". Si de nombreux anciens Premiers ministres britanniques épousent des carrières de conférenciers, cette fuite de documents pose des questions sur une possible "confusion des frontières", soulève le Guardian.

Outre ces rémunérations, un troisième article du Guardian publié ce mardi 9 septembre, indique que Boris Johnson a secrètement fait pression sur les Émirats arabes unis pour répondre à la demande d’une entreprise privée qui l’avait embauché comme facilitateur et conseiller principal, alors qu’il avait eu à rencontrer de nombreuses autorités émiraties pendant son passage à Downing Street. D’autres documents, issus de la fuite, ont aussi montré que Boris Johnson "a fait pression sur un haut responsable saoudien qu’il avait rencontré pendant son mandat". Il lui a demandé de "présenter une offre au prince Mohammed ben Salmane pour une entreprise qu’il copréside", ajoute le journal britannique.

Il n’est pas inhabituel ou contraire à toute règle que les anciens Premiers ministres parcourent le monde pour prononcer des discours rémunérés, mais il existe des restrictions sur les activités commerciales qu’ils peuvent entreprendre après avoir quitté le gouvernement, rappelle le journal. Il s’agit notamment des interdictions de lobbying des contacts développées pendant leur mandat dans des gouvernements étrangers et des organisations commerciales. Pour l’heure, Boris Johnson n’a pas répondu aux allégations du journal britannique.

© afp.com/JUSTIN TALLIS

L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson, le 22 mars 2023 à Londres

Explosions à Doha : Israël revendique une frappe contre le Hamas

9 septembre 2025 à 17:04

L’armée israélienne a annoncé ce mardi 9 septembre avoir mené une frappe contre des "hauts responsables" du mouvement islamiste palestinien Hamas, peu de temps après que des explosions ont été entendues à Doha au Qatar. "L’armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l’organisation terroriste Hamas", dit l’armée dans un communiqué, sans préciser le lieu de l’attaque.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé de son côté que la frappe contre des responsables du Hamas était une opération menée par Israël de "manière indépendante", selon un communiqué de son bureau. "L’action aujourd’hui contre les principaux chefs terroristes du Hamas a été une opération entièrement indépendante menée par Israël. Israël l’a initiée, Israël l’a menée, et Israël en assume l’entière responsabilité", a dit Benyamin Netanyahou, selon ce communiqué.

Une réunion du Hamas visée

Des explosions ont été entendues à Doha, la capitale du Qatar, ont rapporté des journalistes de l’AFP, qui ont également vu de la fumée se dégageant dans le ciel. Selon un responsable militaire israélien sous couvert d’anonymat, "il s’agissait de frappes aériennes". Les explosions ont eu lieu dans un complexe abritant le Hamas. Le Qatar a affirmé que les frappes israéliennes avaient visé les domiciles de dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas à Doha.

Un responsable du Hamas à Gaza a dit à l’AFP qu’Israël avait visé les négociateurs du mouvement islamiste palestinien réunis à Doha. "Dans un nouveau crime sioniste, la délégation des négociateurs du Hamas a été prise pour cible alors qu’elle était réunie à Doha pour discuter de la proposition du président Trump en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza", a dit ce responsable, qui n’a pas souhaité donner son nom.

Une "sage décision" d’après Israël

Le Qatar n’a pas manqué de réagir, condamnant une attaque "lâche". L’Iran a, de son côté, dénoncé une "violation flagrante" de la part d’Israël. "Cet acte extrêmement dangereux et criminel constitue une violation flagrante de toutes les règles et réglementations internationales, une atteinte à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale du Qatar", a déclaré à la télévision d’Etat le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï.

Un ministre israélien a d’ailleurs salué la "sage décision" de frapper de hauts responsables du Hamas. "Les terroristes n’ont et n’auront aucune immunité face au long bras d’Israël, où que ce soit dans le monde", a écrit Bezalel Smotrich sur X, ajoutant qu’il "saluait la sage décision et son exécution parfaite par l’armée et le Shin Bet". L’armée israélienne avait annoncé peu avant avoir "mené une frappe ciblée contre la haute direction de l’organisation terroriste Hamas". De leur côté, les Etats-Unis ont déclaré avoir été informés à l’avance de l’attaque israélienne au Qatar, selon un haut responsable de la Maison-Blanche.

A l’heure actuelle, la police a bloqué l’accès au lieu des explosions. L’ambassade des Etats-Unis au Qatar a appelé mardi ses ressortissants dans le pays à "rester à l’abri".

© REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé, mardi 9 septembre 2025, que la frappe contre des responsables du Hamas au Qatar était une opération menée par Israël de "manière indépendante".

Ukraine : Vladimir Poutine est prêt à envahir d’autres pays, estime le président polonais

9 septembre 2025 à 15:40

Vladimir Poutine ne semble pas vouloir s’arrêter à l’Ukraine. A en croire le président polonais Karol Nawrocki : le chef d’Etat russe est prêt à envahir d’autres pays, a-t-il affirmé ce mardi 9 septembre lors d’un déplacement en Finlande. Des propos qui font écho à ceux de la présidente de la Moldavie, Maia Sandu, qui a accusé la Russie d’avoir lancé une campagne d’ingérence sans précédent pour s’emparer de son pays.

Les infos à retenir

⇒ Le président polonais Karol Nawrocki affirme que Vladimir Poutine est prêt à envahir d’autres pays après l’Ukraine

⇒ La Russie a lancé une campagne d’ingérence sans précédent pour s’emparer de la Moldavie à l’occasion des élections le 28 septembre

⇒ Une frappe russe sur un village de la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, a causé la mort d’au moins 24 personnes

Vladimir Poutine prêt à envahir d’autres pays après l’Ukraine

Vladimir Poutine est prêt à envahir d’autres pays après l’Ukraine, a averti mardi le président polonais Karol Nawrocki lors d’une visite en Finlande. "Nous ne faisons pas confiance aux bonnes intentions de Vladimir Poutine", a déclaré Karol Nawrocki lors d’une conférence de presse avec son homologue finlandais Alexander Stubb à Helsinki.

La Pologne est frontalière de l’enclave russe de Kaliningrad, ainsi que de l’Ukraine et du Bélarus allié de Moscou, tandis que la Finlande partage une frontière longue de 1 340 kilomètres avec la Russie. Les deux pays membres de l’Otan sont sur le qui-vive depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022. "Tout en attendant, bien sûr, une paix à long terme, une paix permanente, qui est nécessaire à nos régions, nous pensons que Vladimir Poutine est prêt à envahir également d’autres pays", a déclaré le président nationaliste polonais récemment élu.

"C’est exactement la raison pour laquelle nous développons nos forces armées, notre partenariat et nos relations avec nos alliés", a-t-il ajouté, sans donner d’exemples particuliers. Il a estimé que "l’architecture de sécurité" dans toute la région avait changé et que le président américain Donald Trump était "le seul dirigeant du monde libre" qui pouvait forcer Vladimir Poutine à négocier.

Campagne "sans précédent" du Kremlin pour mettre la main sur la Moldavie, selon sa présidente

La Russie a lancé une campagne d’ingérence sans précédent pour s’emparer de la Moldavie à l’occasion des élections le 28 septembre, a dénoncé mardi devant le Parlement européen la présidente de ce pays candidat à rejoindre l’UE, Maia Sandu. "Aujourd’hui, nous faisons face à une guerre hybride illimitée d’une ampleur jamais vue depuis l’invasion (russe) de l’Ukraine", a-t-elle déclaré devant les eurodéputés à Strasbourg.

"L’objectif du Kremlin est clair, capturer la Moldavie par les urnes, l’utiliser contre l’Ukraine et faire de nous une rampe de lancement pour des attaques hybrides dans l’Union européenne", a-t-elle dénoncé. En défendant ce scrutin du 28 septembre contre la main mise de Moscou, "nous protégeons non seulement la Moldavie, mais aussi la sécurité et la stabilité régionale", a encore lancé la présidente moldave.

Chisinau et l’Union européenne dénoncent régulièrement les campagnes de désinformation et de manipulation de la Russie, dans la perspective de ces élections législatives. Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre polonais Donald Tusk avaient apporté fin août à Chisinau un "soutien déterminé" à la Moldavie en vue de son adhésion à l’Union européenne face aux "mensonges" et aux "ingérences" de Moscou, à la veille de ce scrutin.

La Moldavie a débuté l’an dernier des négociations d’adhésion à l’UE, fermement soutenues par sa présidente, réélue en novembre 2024. Ces discussions, concomitantes à celles ouvertes avec l’Ukraine, sont toutefois bloquées par l’opposition de la Hongrie, hostile à la candidature de Kiev. "Notre chemin européen n’est pas seulement une question de valeurs, c’est une question de survie, et précisément parce que nous avons beaucoup progressé sur ce chemin, la Russie a déchaîné son arsenal d’attaques hybrides contre nous", a encore souligné Maia Sandu.

Au moins 24 morts dans une frappe russe sur un village de l’est

Un bombardement russe en Ukraine a tué mardi au moins 24 personnes venues percevoir leurs allocations de retraite dans un village proche du front de la région de Donetsk, dans l’est du pays, selon les autorités. "Les Russes ont largué une bombe aérienne guidée sur le centre du village alors qu’une file de civils s’étaient rassemblés" pour recevoir leurs allocations de retraite, a écrit sur Telegram le ministre de l’Intérieur, Igor Klymenko.

Au moins 24 personnes ont été tuées et 19 autres blessées, a indiqué le ministère de l’Intérieur. Un précédent bilan faisait état d’au moins 20 morts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a diffusé une vidéo montrant des corps jonchant le sol, près d’une camionnette très endommagée de la poste publique ukrainienne, Ukrpochta. La poste utilise notamment ce type de véhicules pour distribuer les allocations de retraite dans des zones rurales.

Cette frappe, dont il a dénoncé la "brutalité", visait des "civils ordinaires", a souligné Volodymyr Zelensky. "De telles frappes russes ne doivent pas être laissées sans une réponse appropriée", a-t-il dit, exhortant notamment l’Europe et les Etats-Unis à réagir.

L’attaque s’est produite dans le village de Iarova, situé à moins de dix kilomètres du front et qui comptait environ 1.800 habitants avant l’invasion russe de l’Ukraine à grande échelle déclenchée en février 2022. La région de Donetsk forme avec celle, voisine, de Lougansk le Donbass, un bassin industriel limitrophe de la Russie et vu comme une priorité par le Kremlin. Elle est l’une des quatre régions ukrainiennes dont Moscou revendique l’annexion, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014.

© afp.com/Wojtek RADWANSKI

Le nouveau président polonais Karol Nawrocki lors d'une cérémonie officielle de prise de commandement des forces armées sur la tombe du soldat inconnu sur la place Pilsudski à Varsovie le 6 août 2025, après avoir prêté serment au parlement polonais

Dette publique : la France emprunte désormais aussi cher que l’Italie à 10 ans

9 septembre 2025 à 13:25

La sanction ne s’est pas fait attendre longtemps pour l’Hexagone. La France emprunte, depuis mardi 9 septembre, désormais aussi cher que l’Italie à échéance dix ans, au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou et à l’approche de la révision de la notation du pays vendredi par l’agence Fitch Ratings. Le rendement de l’emprunt français à dix ans était en hausse vers 09h40, à 3,48 %, lorsque son équivalent italien était tout juste en dessous, à 3,47 %.

De l’autre côté des Alpes, la nouvelle fait sourire : "Nous avions l’habitude de jouer les 'malades de l’Europe', le symbole de notre crise était le sourire d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy lorsque les obligations d’Etat italiennes se sont effondrés ", écrivait il y a quelques jours l’éditorialiste Nino Sunseri dans un article paru sur le site Panorama.

Cette situation est inédite depuis une quinzaine d’années au moins, alors que l’Italie a longtemps été considérée parmi les mauvais élèves à Bruxelles en termes de maîtrise de sa dette publique. Toutefois, alors que la situation budgétaire française se détériore, celle de l’Italie "s’est améliorée ces dernières années et le gouvernement Meloni s’est engagé à ramener leur déficit à 2,8 % d’ici 2026", décrypte Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.

À noter que plus une dette publique est jugée risquée par les marchés financiers, plus son taux de rendement est élevé. Ce renchérissement du coût de la dette française fait directement suite au vote de confiance perdu lundi par François Bayrou, qui l’avait sollicité à la suite de son annonce de plus de 40 milliards d’euros d’économies en juillet.

"Une nouvelle zone de turbulences"

"Le vote avait été annoncé le 25 août, ce qui a laissé aux marchés financiers le temps d’en digérer les implications. Depuis cette date, l’écart entre les obligations d’État françaises à 10 ans et celles de l’Allemagne s’est élargi, passant d’environ 70 points de base à environ 77 au 8 septembre 2025", et s’élargissait mardi matin à 82 points de base, commente Paul Jackson, directeur mondial de la recherche en allocation d’actifs chez Invesco. "Il faut rappeler que l’écart était d’environ 50 points de base avant que le président Macron ne déclenche l’instabilité en convoquant les élections législatives anticipées qui ont eu lieu en juin/juillet 2024", poursuit-il.

Si Emmanuel Macron a affirmé son intention de vouloir nommer un Premier ministre rapidement, la démission de François Bayrou prévue mardi augmente l’incertitude, ce qu’abhorrent les investisseurs. "La France vient de basculer dans une nouvelle zone de turbulences", a ainsi noté mardi John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank.

D’autant que l’image du pays est déjà écornée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale il y a plus d’un an et l’instabilité politique qui s’est ensuivie, faisant prendre à la Bourse de Paris un retard considérable sur les principales places financières du globe. Les investisseurs ont de plus les yeux rivés vers l’agence Fitch Ratings, qui doit actualiser la note de la France vendredi.

"L’agence a déjà placé la France sous perspective négative, un abaissement est désormais probable", estime John Plassard. Du côté des actions, l’indice vedette CAC 40 prenait 0,46 % vers 09h40, soit 35,23 points à 7 770,07 points.

© afp.com/Mandel NGAN

Le président français Emmanuel Macron à côté de la Première ministre italiennne Giorgia Meloni, à Borgo Egnazia lors du sommet du G7 organisé par l'Italie dans la région des Pouilles, le 13 juin 2024.

La "gauche de gouvernement" existe… mais en Europe du Nord

9 septembre 2025 à 12:58

Théoriquement pro-européens, ouverts sur l’avenir et aux idées nouvelles, les socialistes français regardent, semble-t-il, dans trois mauvaises directions : le passé, leur nombril et l’Elysée. Ils feraient mieux de se tourner en direction de l’Europe du Nord où les sociaux-démocrates gouvernent dans deux pays scandinaves sur trois (Danemark, Norvège) et où ils sont bien placés pour revenir au pouvoir en Suède en 2026. Donnés perdants voilà peu, les socialistes norvégiens viennent ainsi d’accomplir une remontada de dix points pour terminer en tête aux législatives du 8 septembre avec 27,7 % des suffrages.

En se débarrassant de leur allié centriste l’année dernière, ils ont clarifié leur positionnement. Et en offrant le portefeuille des Finances au très populaire Jens Stoltenberg – ancien Premier ministre et ex-secrétaire général de l’Otan – , ils ont boosté la crédibilité du chef du gouvernement Jonas Gahre Støre. Autre ajustement : leur rhétorique sur l’immigration s’est sensiblement affermie. L’objectif ? Ne pas laisser le champ libre au Parti du Progrès (populiste) qui, malgré tout, double son score pour devenir le deuxième parti du royaume pétrolier, avec un score de 20 %.

Un durcissement drastique des lois anti-immigration

Le cas norvégien ressemble à celui du Danemark où les sociaux-démocrates, guidés par la charismatique Mette Frederiksen, ont remporté la dernière élection avec 27,5 % des voix. Et cela, là encore, grâce au durcissement drastique des lois anti-immigration. Cette courageuse décision a coupé l’herbe sous le pied de l’extrême droite (aujourd’hui marginalisée) en préservant le modèle d’Etat-providence danois qui s’appuie sur des finances saines grâce, entre autres, à un recul de l’âge de la retraite : à 67 ans aujourd’hui, mais 68 ans à partir de 2030, 69 en 2035 et 70 en 2040.

La gauche suédoise, actuellement en cure d’opposition, s’est trouvée une vraie "boss" en la personne de Magdalena Andersson : elle est créditée de 30 % d’intentions de vote à un an des élections. Ébranlés par l’arrivée d’un nombre considérable de migrants en 2015, les sociaux-démocrates de Stockholm, eux aussi, sont en train de s’aligner sur ceux de Copenhague. Il faut dire que la poussée migratoire s’est accompagnée d’une guerre des gangs qui fait plus 100 morts par balles chaque année, d’une multiplication d’actes antisémites et – dernier soubresaut en date – d’une intense mobilisation des activistes propalestiniens qui, ces jours-ci, vont jusqu’à intimider les ministres du gouvernement en les poursuivant à pied aux abords du parlement en brandissant des drapeaux gazaouis.

Så här ser det ut en helt vanlig måndag när Sveriges statsminister och statsråd i Sveriges regeringen tar sig till och från riksdagen. Se och ställ er själva frågan om det är så här vi ska ha det i vårt land. pic.twitter.com/WzHzZRth5a

— Susanna Silfverskiöld (@susannasilfver) September 8, 2025

Reste que, de Copenhague à Oslo en passant par Stockholm, la recette de la gauche nordique est simple : maîtriser les dépenses publiques pour préserver le modèle social, écouter les électeurs qui réclament un frein à l’immigration, désigner des leaders capables d’incarner leurs idées au-delà de l’appareil politique. Tout cela, sans céder à l’extrême gauche. C’est peut-être ça un parti de gouvernement…

Mais il n’est pas encore venu le temps ou le PS français appliquera ce mode d’emploi. En juin dernier, un haut cadre du Parti socialiste, confiait avoir participé à une réunion avec ses homologues du Parti social-démocrate danois. "J’ai eu l’impression d’assister à une réunion du Front national", s’indignait-il, sans trop de subtilité et visiblement plus inspiré par le score d’Anne Hidalgo à la présidentielle 2022 (1,74 % des suffrages) que par la realpolitik que l’on observe du côté du modèle scandinave.

© afp.com/Javad Parsa

le Premier ministre travailliste Jonas Gahr Støre (2e d) lors de la veillée nocturne dans l'attente du résultat des législatives, à la Maison du peuple à Oslo, le 8 septembre 2025 en Norvège

L’offensive anti-immigration de Donald Trump monte encore d’un cran

9 septembre 2025 à 12:21

Donald Trump poursuit sa guerre sur le sol national. Son administration a annoncé lundi 8 septembre le lancement d’une opération de la police fédérale de l’immigration (ICE) à Chicago, visant selon elle "les pires des pires immigrés illégaux criminels", alors que le locataire de la Maison-Blanche menace d’y déployer la Garde nationale.

Baptisée Midway Blitz, l’opération doit cibler "les immigrés illégaux criminels qui terrorisent les Américains "dans l’Illinois, État abritant la troisième plus grande ville du pays, justifie le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) dans un communiqué. "À Chicago, au moins 150 000 personnes dans la ville de 2,7 millions d’habitants sont sans papiers, selon les estimations, ce qui représente environ 8 % des ménages", rappelle le New York Times.

La porte-parole du DHS, Tricia McLaughlin, a accusé le gouverneur démocrate de l’Illinois, JB Pritzker, de "libérer depuis des années des membres de gangs, des violeurs, des kidnappeurs et des trafiquants de drogue dans les rues de Chicago, mettant en danger la vie des Américains". Le ministère a publié les profils d’une dizaine d’hommes, accompagnés de photos, présentés comme ayant commis de multiples crimes mais libérés par les autorités locales.

Le président Trump a récemment intensifié sa rhétorique, qualifiant Chicago de "trou à rats" ou de "capitale mondiale du meurtre", et menaçant d’y déployer la Garde nationale, à l’instar de ce qu’il avait fait à Washington mi-août. Sur sa plateforme Truth Social, il a également publié une image générée par intelligence artificielle le montrant en tenue militaire devant un ciel en feu et des hélicoptères, sous le titre Chipocalypse Now, référence au film Apocalypse Now. "Je veux aider les habitants de Chicago, pas leur faire de mal. […] On peut agir rapidement et mettre un terme à cette folie" a-t-il écrit, critiquant le refus du gouverneur d’accepter l’aide fédérale.

"Un défilé de terreur raciale à Los Angeles"

Dans le même temps, la Cour suprême des États-Unis a provisoirement levé lundi certaines restrictions imposées aux opérations de l’ICE à Los Angeles, initialement mises en place pour prévenir les contrôles au faciès. La Cour n’a pas expliqué ce choix, qui a été pris malgré une forte dissidence des trois juges progressistes. "Nous ne devrions pas vivre dans un pays où le gouvernement peut saisir toute personne d’apparence latino-américaine, parlant espagnol et occupant un emploi mal rémunéré", a écrit Sonia Sotomayor, première juge hispanique à siéger à la Cour suprême. Si Tom Homan, responsable de la politique d’expulsions de l’administration Trump, a salué la décision comme "excellente", assurant que "nous n’employons pas le profilage racial", elle a provoqué une vive polémique en Californie.

Le gouverneur Gavin Newsom a dénoncé "un défilé de terreur raciale à Los Angeles" et un laissez-passer pour "cibler les Latinos". De son côté, la maire démocrate de Los Angeles, Karen Bass, s’est fendue lundi 8 septembre d’un communiqué : "Je veux que la nation entière m’entende quand je dis que ce n’est pas seulement une attaque contre les habitants de Los Angeles, c’est une attaque contre chaque personne dans chaque ville de ce pays." Le New York Times renchérit : "La majorité républicaine de la Cour permettra au gouvernement de continuer à recourir à des tactiques agressives lors de ses opérations de ratissage de l’immigration, tandis que le litige se poursuit lentement."

Les habitants d’origine latino-américaine se sont sentis injustement visés début juin lorsque l’ICE a multiplié les descentes dans la mégapole californienne. Donald Trump avait alors, contre l’avis du gouverneur, déployé sur place plusieurs milliers de militaires face aux manifestations. Beaucoup avaient dénoncé ces opérations coup de poing comme des contrôles aux faciès. "Lorsque ICE m’a arrêté, ils ne m’ont jamais montré de mandat ni expliqué pourquoi. J’ai été enfermé, dans le froid, affamé et sans avocat. Et maintenant, la Cour suprême dit que c’est normal ?", a réagi Pedro Vasquez Perdomo, l’un des plaignants. "Ce n’est pas de la justice. C’est du racisme avec un badge", a-t-il ajouté dans les colonnes du New York Times.

Pour les observateurs, cette double actualité illustre la stratégie nationale de l’administration Trump, qui combine opérations ciblées sur le terrain et soutien juridique via une Cour suprême à majorité conservatrice. "Ces mesures ne renforcent pas notre sécurité. Elles sont un gaspillage d’argent et alimentent la peur", a déploré le sénateur démocrate de l’Illinois Dick Durbin, soulignant le risque de tensions accrues entre le gouvernement fédéral et les États. À noter que l’immigration, y compris clandestine, fournit une main-d’œuvre essentielle au secteur agricole américain : 42 % des ouvriers agricoles n’ont pas d’autorisation pour travailler aux Etats-Unis, selon une étude du ministère de l’Agriculture de 2022.

© REUTERS

Un véhicule de l'ICE à Chicago, le 8 septembre 2025.

L’armée israélienne dit qu’elle va agir avec une "puissance accrue" dans la ville de Gaza

9 septembre 2025 à 13:53

L’armée israélienne poursuit ses déclarations d’intimidation à l’encontre du Hamas, mouvement armé palestinien que l’État hébreu s’est engagé à anéantir. Mardi 9 septembre, Tsahal a annoncé qu’elle mènerait ses opérations avec une "puissance accrue" dans la ville de Gaza, d’après un communiqué diffusé sur X. La veille au soir, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avait enjoint les habitants à "partir immédiatement" de cette agglomération, principal centre urbain de la bande de Gaza.

Les infos à retenir

⇒ La reconnaissance d'un Etat palestinien nuirait "à la stabilité régionale" dit Israël

⇒ L’armée israélienne dit qu’elle va agir avec une "puissance accrue" dans la ville de Gaza

⇒ La flottille vers Gaza affirme avoir été "frappée" par un drone au large de Tunis, la Tunisie dément

La reconnaissance d'un Etat palestinien nuirait "à la stabilité régionale" dit Israël

La reconnaissance d'un Etat palestinien nuirait "à la stabilité régionale", a affirmé ce mardi le ministre israélien des Affaires étrangères, à quelques jours de l'Assemblée générale de l'ONU où plusieurs pays ont déjà annoncé leur intention en ce sens. "L'initiative actuelle visant à reconnaître un supposé État palestinien (...) récompense le Hamas pour le massacre du 7 octobre" a déclaré Gidéon Saar depuis la Croatie, dont le ministre des Affaires étrangères avait auparavant souligné sa croyance dans une solution à deux Etats.

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé en juillet que Paris allait reconnaître un Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre. D'autres pays, dont le Canada, l'Australie et la Belgique, ont ensuite fait part de la même intention.

L’armée israélienne dit qu’elle va agir avec une "puissance accrue" dans la ville de Gaza

L’armée israélienne a affirmé mardi qu’elle allait opérer avec une "puissance accrue" dans la ville de Gaza dont elle a sommé les habitants de partir, selon un communiqué publié sur X. "A tous les habitants de la ville de Gaza […] l’armée de défense est déterminée à vaincre le Hamas et agira dans la zone de la ville de Gaza avec une puissance accrue", a écrit sur le réseau social le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée. "Evacuez immédiatement par l’axe al-Rachid", a-t-il ajouté alors que l’armée israélienne a déjà publié de nombreux ordres d’évacuation à destination des Gazaouis ces derniers jours, tout en intensifiant ses frappes sur la ville.

Lundi soir, c’est le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui a appelé les habitants de la ville de Gaza à "partir maintenant" de ce principal centre urbain du territoire palestinien. Cette annonce intervenue après que deux Palestiniens ont ouvert dans la matinée le feu sur une station d’autobus à Jérusalem-Est, tuant six Israéliens, l’une des attaques les plus meurtrières dans la ville depuis le début de la guerre à Gaza, il y a près de deux ans.

La flottille vers Gaza affirme avoir été "frappée" par un drone au large de Tunis, la Tunisie dément

La flottille vers Gaza a affirmé dans la nuit de lundi à mardi qu’un de ses bateaux avait été "frappé" par un drone au large de Tunis, ce que les autorités tunisiennes ont démenti en disant n’avoir détecté "aucun" engin. Le bateau "a été frappé par un drone dans les eaux tunisiennes", a écrit sur Instagram la "Global Sumud Flotilla", qui a pris la mer avec des militants et de l’aide humanitaire pour le territoire palestinien assiégé.

Elle a partagé une vidéo provenant d’une caméra de surveillance du bateau, sur laquelle on entend un vrombissement. Puis on peut voir un militant lever les yeux, s’exclamer et reculer avant qu’une explosion ne se fasse entendre. Un éclair de lumière illumine ensuite la zone. Un journaliste de l’AFP arrivé rapidement à Sidi Bou Saïd, près de Tunis, a pu voir le bateau entouré par d’autres embarcations mais le feu n’était plus visible.

La flottille a affirmé que les six personnes à bord étaient saines et sauves, faisant état de dégâts matériels et dénonçant "des actes d’agression visant à faire dérailler (sa) mission". Mais la Garde nationale tunisienne a affirmé à l’AFP n’avoir détecté "aucun drone". "Selon les constatations préliminaires, un incendie s’est déclaré dans les gilets de sauvetage", a dit à l’AFP Houcem Eddine Jebabli, son porte-parole. Les informations faisant état de la présence d’un drone "sont dénuées de tout fondement", a insisté la Garde nationale dans un communiqué sur sa page officielle sur Facebook, émettant l’hypothèse que le feu ait pu être déclenché par un mégot de cigarette.

Le chef de la diplomatie belge Maxime Prévot a réclamé mardi une enquête "complète et transparente" sur cet incident, la flottille se disant toujours "déterminée" à prendre la mer mercredi malgré une "attaque de drone".

L'Espagne interdit l'entrée de son territoire à deux ministres israéliens d'extrême droite

L'Espagne va désormais interdire l'entrée sur son territoire à deux ministres d'extrême droite du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères espagnol, au lendemain de l'annonce par Israël de la même mesure à l'encontre de deux ministres espagnoles. 

Les ministres israéliens Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ont été inclus "dans la liste officielle des personnes sanctionnées" et "ne pourront pas accéder au territoire espagnol", a annoncé José Manuel Albares, au lendemain d'échanges très vifs entre l'Espagne et Israël après la présentation par le Premier ministre espagnol de mesures destinées à "mettre un terme au génocide à Gaza".

Liban : l'armée achèvera le désarmement du Hezbollah près de la frontière avec Israël d'ici trois mois

L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah au sud du fleuve Litani, proche de la frontière avec Israël, d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères, Youssef Raggi.

Celui-ci a précisé que le plan soumis la semaine dernière par l'armée au gouvernement, visant à assurer le monopole des armes par l'Etat sur l'ensemble du Liban, comportait cinq phases. La première stipule que "le désarmement sera achevé au sud du Litani", à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, d'ici "trois mois" selon le ministre.

© afp.com/Omar AL-QATTAA

Des Palestiniens vérifient les décombres de la tour al-Ruya à Gaza-ville après son bombardement par l'armée israélienne le 8 septembre 2025.

Les secrets d’Exosens, le français roi de la vision nocturne qui équipe les armées européennes

9 septembre 2025 à 07:30

La mission est simple : il faut récupérer une grenade, un disque dur, des piles, et l’insigne militaire du soldat neutralisé. Le contexte l’est moins : la pièce à fouiller est plongée dans le noir. Une obscurité telle que l'on peine à distinguer petits objets et gros dangers. Les soldats chargés de la mission disposent toutefois d’un avantage : des lunettes de vision nocturne qui leur dévoilent quasiment tous les objets de la pièce sur un fond vert phosphorescent. Les cartons posés au sol et recouverts de tissus, les caisses d’équipement, les défauts du sol, le mur recouvert d’affiches : tous les détails se détachent et apparaissent clairement malgré l’opacité. Finalement, la mission est un succès : les hommes trouvent en quelques minutes les objets demandés et peuvent entamer le trajet du retour.

L’opération ne se déroule pas en Afghanistan ou dans les plaines ukrainiennes, mais en bordure de Brive-la-Gaillarde, dans les locaux d’Exosens. La mission n’en est d’ailleurs pas vraiment une, mais fait figure de test pour les lunettes de vision nocturne développées dans l’usine attenante. Elle a lieu dans une salle sombre, spécialement aménagée pour offrir l’équivalent d’une nuit noire.

Un savoir-faire technologique très poussé

Car c’est précisément dans ces moments d’obscurité qu’Exosens veut briller. L’entreprise française, connue jusqu’en 2023 sous le nom de Photonis, produit des tubes amplificateurs de lumière, essentiels aux équipements de vision nocturne militaires et civils. Ce sont ces petits cylindres de 32 mm de diamètre qui permettent aux équipements de véritablement "voir" dans la nuit. L’entreprise ne fabrique pas directement de jumelles de vision nocturne, mais ses tubes sont achetés par des équipementiers militaires et intégrés dans leurs produits. Le dernier modèle d’Exosens, le 5G, doit amener la vision nocturne encore plus loin.

"Nous avons réussi à améliorer les capacités du 5G de 30 % par rapport aux générations précédentes", explique Jérôme Cerisier, directeur général d’Exosens en arpentant les allées de l’usine de Brive. Une performance qui n’a rien d’un détail : dans le cadre d’opérations, voir quelques mètres plus loin que l’adversaire offre un avantage considérable. "Cela laisse un espace en plus pour se protéger, ou pour planifier les prochains mouvements", illustre-t-il. C’est aussi parfois une question de vie ou de mort, un fait dont les équipes d’Exosens ont parfaitement conscience. Les tubes 5G offrent du reste un champ de vision élargi, un gain de clarté et moins de "bruit" dans les images, rendant la vision plus claire.

Les forces spéciales de pays européens ont déjà précommandé plus de 5 000 exemplaires du 5G, fruit de plusieurs années de R & D, et d’un procédé technique complexe, perfectionné au fil des années. Les tubes amplificateurs fonctionnent par couches. La première, une photocathode, capte les photons de lumière et les transforme en électrons, qui sont accélérés avant de traverser une plaque de microcanaux. Cette pièce, de 18 millimètres de diamètre et de seulement 300 microns d’épaisseurs, est l’une des plus complexes à produire. Elle constitue le cœur des tubes Exosens. Dans les ateliers de Brive, des tubes constitués de deux couches de verre aux propriétés distinctes sont chauffés et étirés pour être affinés. Ce procédé est répété jusqu’à produire des millions de fibres de verre différentes, regroupées ensuite dans une galette. Celles-ci sont traitées chimiquement en vue d'obtenir 2 millions de trous, et coupées afin d'obtenir ces pièces. "Il faut entre six et sept semaines pour fabriquer une seule galette", précise Jérôme Cerisier.

Les électrons passent ensuite dans cette galette, où ils rentrent en collision avec les parois en verre de ces deux millions de trous, ce qui a pour effet de les multiplier et donc, et de produire, à la fin, une lumière "amplifiée". Après avoir traversé cette pièce, les électrons sont à nouveau accélérés par champ électrique, puis finalement projetés sur une plaque de phosphore — ce qui donne à l’image finale cette couleur verte distinctive.

Pour produire les tubes, il faut ainsi près d’un mois et d’innombrables opérations d’une précision chirurgicale. La moindre erreur peut rendre le produit inutilisable. Malgré tout, 120 000 tubes sortent chaque année des lignes d’usine. Un chiffre élevé qui devrait encore augmenter. Exosens se fixe pour objectif de tripler la production entre 2020 et 2026.

Un secteur porté par la situation géopolitique

Aujourd’hui leader du secteur, avec près de 70 % du marché mondial hors Etats-Unis (et 43 % avec les États-Unis), Exosens aurait pu connaître un tout autre destin. Car en 2020, celle qui s'appelait alors encore Photonis est convoitée par le géant de l’armement américain Teledyne. Bercy y a finalement mis son veto. Bien lui en a pris.

Rachetée depuis par le fonds d’investissement luxembourgeois HLD, l’entreprise affiche désormais une croissance et une santé insolentes : son chiffre d’affaires de 150 millions d’euros en 2020 a grimpé à 394 millions en 2024. Exosens est surtout aujourd’hui le seul acteur européen à posséder le savoir-faire technologique pour produire les tubes amplificateurs de lumières, si stratégiques pour les armées. Ses seuls concurrents directs, L3Harris et Elbit, sont tous les deux américains, et donc soumis aux accords d’exportation de Washington. Un argument de poids pour Exosens, qui ne dépend d’aucun fournisseur américain, au moment où les relations transatlantiques se tendent, et où l’Europe cherche à être souveraine.

Les tubes Photonis se retrouvent ainsi dans "quasiment toutes les armées de l’Union européenne", déclare avec fierté Jérôme Cerisier, assurant qu’ils seront bientôt présents dans la totalité de celles-ci. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le secteur européen de la défense est en pleine croissance. "Les armées se sont rendu compte qu’il fallait savoir se battre de nuit, et pour cela, les lunettes sont indispensables", souligne Frédéric Guilhem, le directeur des ventes.

Les perspectives de croissance sont conséquentes, estime Exosens : pour l'heure, les forces européennes sont peu équipées, les lunettes de vision nocturne étant surtout réservées à quelques unités d’élite et aux forces spéciales. La France est notamment peu fournie, avec 10 000 équipements sur les plus de 140 000 membres que comptait l’Armée de terre en 2023, selon Exosens. La bascule s'opère à la faveur des tensions géopolitiques. "L'augmentation des budgets de défense à 3,5 % du PIB va être très porteuse pour nous sur le long terme", présage Jérôme Cerisier. Les armées de plusieurs pays d’Europe du Nord, notamment la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Suède et la Finlande sont ainsi très bien outillées. L’Allemagne, les Etats-Unis et l’Australie visent désormais un taux d’équipement des soldats de 100 %.

© Exosens

Les tubes amplificateurs de lumière Photonis 5G d’Exosens équipent les forces armées de plusieurs pays

Sur les mers, Vladimir Poutine a beaucoup perdu : navires coulés, bases abandonnées…

9 septembre 2025 à 05:45

La séquence a été conçue pour l’entraînement, mais aussi pour impressionner. Du 23 au 27 juillet, la Russie a déployé plus de 150 navires de toutes tailles dans un exercice baptisé "Tempête de juillet". Au menu : coordination d’attaques, tests de missiles longue portée, de drones et de mesures de protections contre des systèmes sans pilote (évoluant dans les airs ou sur les eaux). De quoi rappeler au reste de la planète que le régime de Vladimir Poutine possède la 3e flotte mondiale, après celles des Etats-Unis et de la Chine.

Mais derrière ce déploiement de moyens, la réalité est plus cruelle pour la Russie. La guerre en Ukraine a affaibli sa position sur les mers. "Tempête de juillet" ne s’est pas déroulé dans des conditions optimales, puisque aucun exercice n’a pu être mené en mer Noire. Et pour cause : une vingtaine de bâtiments ont été endommagés, voir coulés. Si l’emblématique croiseur Moskva a sombré en avril 2022 après avoir été touché par des missiles antinavires, la plupart ont été frappés par des drones navals chargés d’explosifs.

"Avant le 22 février 2022, les Russes avaient quatre accès aux mers occidentales, via les ports de Mourmansk (océan arctique), Saint-Pétersbourg (mer Baltique), Sébastopol (mer Noire) et Tartous (mer Méditerranée), maintenant ils n’ont en plus qu’un et demi et ont beaucoup perdu en matière d’accès stratégique", a souligné le chef d’état-major de la marine française, Nicolas Vaujour, lors d’un échange avec l’Association des journalistes de défense, le 3 septembre. La flotte de la mer Noire a ainsi dû s’éloigner de Sébastopol pour rejoindre le port de Novorossisk, plus à l’Est. Aucune autre possibilité : la Turquie a fermé le détroit des Dardanelles aux bâtiments de guerre russe.

La mer Baltique, elle, est devenue un "lac otanien" avec l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Alliance Atlantique, en réaction à l’invasion de l’Ukraine. "La Russie est capable de [nous] nuire en Baltique", concède l’amiral Vaujour, en référence aux sabotages de câbles sous-marins. Mais selon lui "l’Otan est capable de bien pire", grâce à son contrôle de toutes les côtes à l’exception de celles de l’enclave de Kaliningrad et de la zone de Saint-Pétersbourg, et "sa capacité à faire pression sur le commerce russe en mer Baltique est réelle".

La perte d’accès la plus récente concerne la Méditerranée. Accaparée par la guerre en Ukraine, la Russie n’a pas été en mesure d’empêcher la chute rapide du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024. Résultat, elle a dû retirer ses moyens militaires de la base aérienne de Lattaquié, un hub essentiel pour ses opérations en Afrique, et du port de Tartous, où elle pouvait assurer la maintenance de ses navires et leur ravitaillement. "Tout le flux qui passait par Tartous et Lattaquié passe [dorénavant] par le nord et le long de nos côtes", constate l’amiral Vaujour.

Soit un déplacement beaucoup plus long, coûteux et usant pour les bateaux sollicités. C’est d’autant plus dommageable pour la Russie que sa marine de surface reste son parent pauvre. "Les Russes ont beaucoup de mal à financer, construire et entretenir leurs navires, précise Nicolas Mazzucchi, directeur de la stratégie navale du Centre d’études stratégiques de la Marine, et auteur de La Confrontation en mer, aux éditions du Rocher. La perte du Moskva a démontré qu’ils étaient mal entretenus et que leurs marins maîtrisaient mal leurs capacités, en se révélant incapables de continuer le combat après avoir été frappés."

La corvette Velikiy Ustyug de la flottille caspienne de la marine russe lors des exercices navals
La corvette Velikiy Ustyug de la flottille caspienne de la marine russe lors des exercices navals "Ocean-2024", le 10 septembre 2024, d’après des images diffusées par le ministère russe de la Défense.

La marine russe aura mis plus de vingt-cinq ans pour rénover entièrement son croiseur à propulsion nucléaire, l’Amiral Nakimov, qui a repris la mer en août. Son unique porte-avions, l’Amiral Kouznetsov, constamment en maintenance, pourrait être bientôt démantelé. Elle conserve néanmoins un certain savoir-faire en matière de corvettes avec leurs Bouïan M, "des petits navires côtiers très bien armés comme elle sait en produire assez rapidement", souligne Nicolas Mazzucchi. Ces bateaux peuvent basculer d’une mer à l’autre grâce aux systèmes de grands canaux reliant les mers froides du nord à la mer Noire, en empruntant des fleuves comme la Volga.

Priorité aux sous-marins

Mais si cette marine de surface se trouve dans de telles difficultés, c’est aussi parce que la priorité va, depuis l’époque soviétique, à la force sous-marine. "Les Russes ont continué leur dynamique de progrès, avec leurs nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) [de classe] Iassen, prévient l’amiral Vaujour. Nous travaillons avec nos alliés [de l’Otan] pour les suivre et savoir où ils sont" quand ils quittent leurs bases de Mourmansk. "C’est vrai en Atlantique nord, mais aussi en Méditerranée, où il reste quelques sous-marins russes", poursuit-il.

A ces SNA s’ajoutent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, capables de tirer des missiles portant des ogives nucléaires à des milliers de kilomètres. La Russie continue d’en sortir de ses arsenaux à échéances régulières. C’est aussi le cas de submersibles à propulsion électrique, alimentés par des moteurs diesel, comme les Kilo. L’un d’entre eux a fait surface près d’un chalutier français, cet été, au large des côtes bretonnes. "C’est du signalement stratégique envers la France, de tels sous-marins étant capables de tirer des missiles Kalibr", explique Nicolas Mazzuchi. Ceux-ci font partie de la panoplie de vecteurs utilisés pour frapper les villes ukrainiennes.

Ce n’est pas tout. La Russie possède également des capacités d’agressions visant les fonds marins. En plus de navires prétendument scientifiques comme le Yantar, capables de déployer des robots et des drones atteignant les profondeurs et les câbles de communication, elle possède des sous-marins dédiés à ce type de missions discrètes, comme le Belgorod. Des outils de perturbation stratégique qui restent une priorité pour Vladimir Poutine.

© NurPhoto via AFP

Le président russe Vladimir Poutine assiste au défilé organisé à l’occasion de la Journée de la Marine russe, à Saint-Pétersbourg, le 30 juillet 2017.
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Affaire Epstein : des élus démocrates rendent publique une lettre embarrassante pour Donald Trump

8 septembre 2025 à 21:31

Une lettre que Donald Trump aurait écrite à Jeffrey Epstein pour son anniversaire en 2003 a été rendue publique ce lundi 8 septembre par des parlementaires démocrates, alors que le président américain en avait démenti l’existence en juillet, en pleine polémique sur ses liens avec le délinquant sexuel.

La lettre, obtenue par les membres démocrates d’une commission de la Chambre des représentants, montre une esquisse de buste féminin avec des citations attribuées à tour de rôle à Jeffrey Epstein, le financier mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels, et à Donald Trump, alors figure comme lui de la jet-set new-yorkaise, avec la signature du futur président américain au pied de la note.

Remember when Trump said the birthday card he signed and sent to Epstein “doesn’t exist”?

Anyway, here it is: pic.twitter.com/QdpTKe25lz

— The Lincoln Project (@ProjectLincoln) September 8, 2025

Retour de flamme

L’administration Trump est accusée de manque de transparence dans l’affaire Jeffrey Epstein, ce financier new-yorkais mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels.

Car après avoir pendant des mois promis à ses partisans des révélations fracassantes sur cette affaire, Donald Trump subit un retour de flamme depuis que son gouvernement a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires ou le lancement d’une nouvelle enquête. Le président américain multiplie depuis les initiatives pour tenter d’éteindre la polémique, qui touche particulièrement sa base électorale.

© afp.com/ROBERTO SCHMIDT

Des manifestants lors de la conférence de presse des victimes de Jeffrey Epstein devant le Capitole, à Washington, le 3 septembre 2025

Liban : un an après la guerre contre Israël, où en est le désarmement du Hezbollah ?

8 septembre 2025 à 20:01

Ces dernières semaines, sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement libanais semble avoir dynamisé son discours pour le désarmement de la milice chiite pro-iranienne du Hezbollah. Son désarmement serait en effet prévu dans le cadre du fragile accord de cessez-le-feu, dont certains contours restent encore flous un an après sa mise en œuvre, entre Israël et le mouvement chiite, négocié par les Etats-Unis et entré en vigueur le 27 novembre 2024.

La dernière démonstration date de ce vendredi 5 septembre, lorsque le gouvernement libanais, par la voix de son ministre de l’Information, Paul Morcos, a annoncé que l’armée régulière allait mettre en œuvre un plan de désarmement du Hezbollah. Un mois plus tôt, en août, sous la forte pression des Etats-Unis et la crainte d’une intensification des bombardements israéliens au Liban, le gouvernement de Nawaf Salam avait ainsi ordonné à l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le mouvement chiite pro-iranien d’ici la fin de l’année 2025. Une injonction suivie par l’armée donc.

"Un compromis mesuré"

Un mois après la décision "historique" de consacrer le monopole des armes aux mains de l’Etat, le Conseil des ministres dit avoir "bien accueilli" le plan mis en place par l’armée pour démanteler les arsenaux des milices, à commencer par le Hezbollah, note le journal libanais L’Orient-Le Jour. Néanmoins, le célèbre quotidien souligne que si le plan de désarmement a été "bien accueilli", il n’a toutefois pas été "adopté" officiellement. "Un compromis à la libanaise", commente encore le journal de Beyrouth, soit un "compromis mesuré", enveloppé dans une sémantique cherchant à ne froisser aucune des parties, avec d’un côté le mouvement chiite et de l’autre la communauté internationale, américains en tête.

La veille de cette annonce du gouvernement libanais, l’administration Trump, cherchant à mettre la pression, avait averti Beyrouth sur son manque de temps pour désarmer le groupe militant, rapporte The New York Times. Et Washington de faire planer la menace pour Beyrouth de perdre le soutien financier des Etats-Unis et des pays arabes du Golfe, et même une nouvelle campagne militaire israélienne. Répondant aux questions de journalistes vendredi, le ministre de l’Information Paul Morcos a affirmé que "l’armée libanaise allait entamer la mise en œuvre du plan (de désarmement du Hezbollah), mais dans la limite des moyens disponibles, qui sont restreints sur les plans logistiques, matériel et humain". Le gouvernement a décidé de garder les détails du plan "secrets", selon la déclaration lue par le ministre, ajoutant que l’armée "présenterait au gouvernement un rapport mensuel sur la question".

Une question qui divise le pays

Dans le pays, la question du désarmement du pays divise. Selon plusieurs médias libanais, dont L’Orient-Le Jour, les cinq ministres chiites du gouvernement, parmi lesquels des représentants du Hezbollah et du mouvement Amal, son allié, ont quitté la réunion de vendredi à l’arrivée du chef de l’armée pour présenter son plan. Le Hezbollah "ne renoncera" à ses armes "en aucune circonstance ni sous aucun prétexte", a déclaré samedi le député du Hezbollah, Hassan Ezzedine, selon l’agence de presse officielle libanaise ANI. De quoi susciter un certain nombre de blocages, alors qu’une décision prise en l’absence des chiites du gouvernement, serait "non conforme au pacte national", selon l’un d’entre eux, interrogé par L’Orient-Le Jour.

De son côté, le mouvement chiite a réitéré son refus catégorique de se désarmer. Il conditionne toute discussion sur ses armes à un retrait israélien du sud du Liban, à l’arrêt des attaques israéliennes, à la libération de prisonniers et au lancement de la reconstruction. Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024, Israël maintient des troupes dans cinq positions frontalières jugées stratégiques dans le sud du Liban et mène régulièrement des frappes, principalement contre des sites et des cadres du Hezbollah, qui ne riposte pas.

Le mouvement "gravement meurtri mais pas vaincu"

Mis à part ces annonces, peu de mesures concrètes ont été prises pour désarmer le mouvement depuis un an. Mais le Hezbollah dispose toujours d’armes, de combattants et d’influence, selon The New York Times. Le journal new-yorkais cite ainsi un rapport publié en février par l’International Crisis Group, une organisation à but non lucratif de résolution des conflits, qui estimait que, malgré ses lourdes pertes face à Israël, le Hezbollah était probablement "gravement meurtri, mais pas vaincu".

Selon des responsables américains cités par The New York Times, le plus grand risque pour le Liban, en cas de retard ou de demi-mesures d’un désarmement du Hezbollah, est qu’Israël conclue qu’il doit "finir le travail", notamment par une nouvelle campagne militaire qui pourrait entraîner des dégâts et des pertes considérables. Le quotidien Le Monde note de son côté que le plan de désarmement du Hezbollah pourrait rapidement se retrouver dans une impasse. Et pour cause : Beyrouth, tout comme le mouvement chiite, conditionne son succès à l’arrêt des violations israéliennes. Or l’Etat hébreu exige sa mise en œuvre avant toute mesure de réciprocité. Rien que ce lundi 8 septembre, au moins cinq personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans des frappes israéliennes qui ont visé le nord-est du Liban, a déclaré le ministère libanais de la Santé, Israël disant avoir visé des positions du Hezbollah.

© afp.com/ANWAR AMRO

Un Casque bleu de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) se tient près de munitions dans un secteur tenu auparavant par le mouvement pro-iranien Hezbollah, dans la vallée de Khraibeh à el-Meri, dans le sud du Liban, le 27 août 2025.

Six morts, assaillants "neutralisés"… Ce que l’on sait de l’attentat à Jérusalem-Est

8 septembre 2025 à 16:17

C’est l’une des attaques les plus meurtrières dans la ville de Jérusalem depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. Ce lundi 8 septembre en fin de matinée, six personnes ont été tuées par balles dans une attaque à l’est de la ville, et huit autres blessées, dont cinq grièvement, selon le Magen David Adom, équivalent de la Croix-Rouge.

D’après les premières informations, deux assaillants ont ouvert le feu à l’entrée du quartier de Ramot, dans le secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël. Selon un communiqué de presse de la police israélienne, les deux assaillants seraient arrivés en voiture et auraient ouvert le feu sur un arrêt de bus au carrefour de Ramot. "Les secouristes et ambulanciers ont constaté le décès de quatre personnes, un homme d’environ 50 ans et trois hommes dans la trentaine", a indiqué le Magen David Adom. Le décès d’une femme et d’un autre homme ont été annoncés plus tard par des hôpitaux de la ville. Les identités de quatre des victimes, des hommes israéliens ultraorthodoxes, ont été publiées.

"Scène difficile"

"C’était une scène très difficile", a déclaré Fadi Dekaidek, un infirmier, dans un communiqué du Magen David Adom. "Les blessés étaient allongés sur la route et le trottoir près d’un arrêt de bus, certains d’entre eux étaient inconscients". Présents sur les lieux de l’attaque, "un agent de sécurité et un civil ont immédiatement réagi, ont riposté et neutralisé les assaillants", originaires de Cisjordanie, indique un communiqué de la police, précisant que "leurs décès ont été confirmés". Présents sur les lieux de l’attaque, "un agent de sécurité et un civil ont immédiatement réagi, ont riposté et neutralisé les assaillants", indique un communiqué de la police, précisant que "leurs décès ont été confirmés".

Dans la foulée, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a tenu une réunion "avec les responsables des services de sécurité", selon son bureau. En déplacement sur les lieux de l’attentat, il a ensuite déclaré que "nous sommes en guerre contre le terrorisme sur plusieurs fronts". Le président Isaac Herzog a de son côté affirmé sur X que "cette attaque horrible nous rappelle que nous luttons contre le mal absolu".

"À la recherche de suspects"

Depuis l’attaque, des renforts ont été déployés sur place et plus largement dans la région, tandis que les routes ont été fermées par mesure de sécurité. L’armée israélienne a également affirmé que ses forces "étaient à la recherche de suspects" dans la zone de l’attaque et encerclaient des villages palestiniens dans la région de Ramallah en Cisjordanie occupée.

Le Hamas, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, a par ailleurs salué l’attaque en affirmant que les auteurs étaient des Palestiniens. "Nous affirmons que cette opération est une réponse naturelle aux crimes de l’occupation et au génocide qu’elle mène contre notre peuple", indique le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

Tandis qu’à Gaza, la guerre continue de faire des morts, par dizaines. Lundi, la Défense civile de l’enclave a fait état d’au moins 16 Palestiniens tués dans des bombardements israéliens, dont trois enfants, dans des frappes ayant touché des tentes de déplacés à Gaza ville (nord). "Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas […] : libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré le ministre de la Défense Israël Katz, en soulignant que "l’armée se prépare à étendre ses opérations pour conquérir Gaza ville".

Condamnations internationales

Sur X, le président français Emmanuel Macron a dit "condamner avec la plus grande fermeté l’attentat" qui vient de se produire à Jérusalem-Est, adressant ses "plus sincères condoléances aux familles des victimes et à tout le peuple israélien". Le chef de la diplomatie allemande, Johann Wadephul, a lui, critiqué un "lâche attentat terroriste". "Je suis profondément choqué par le lâche attentat terroriste de Jérusalem. Mes pensées sont avec les proches des victimes", a-t-il écrit sur X.

De son côté, la Commission européenne a condamné l’attaque meurtrière, estimant qu’elle "montrait" à quel point un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas était "nécessaire". "Les civils des deux camps, Palestiniens et Israéliens, souffrent depuis trop longtemps", a déploré un porte-parole de l’exécutif européen, Anouar El-Anouni. "Il est grand temps de briser ce cycle de violence", a-t-il affirmé.

© afp.com/Menahem Kahana

Des forces de sécurité israéliennes sur les lieux d'une fusillade au carrefour de la route de Ramot, à Jérusalem-Est, le 8 septembre 2025

Un cycliste d’endurance français placé en détention provisoire en Russie

8 septembre 2025 à 15:17

Un ressortissant français a été arrêté en Russie et placé en détention provisoire, a-t-on appris lundi de sources diplomatiques françaises. "Nous avons été informés de l’arrestation et du placement en détention provisoire de l’un de nos ressortissants en Russie, dans la région de l’Extrême-Orient russe", ont indiqué ces sources, ne souhaitant ni préciser la date, ni les circonstances de son arrestation.

Un cycliste d’endurance âgé de 44 ans

Les sources diplomatiques n’ont pas non plus précisé l’identité du ressortissant. Selon le quotidien Le Monde, il s'agit d'un cycliste d'endurance français âgé de 44 ans.

"Sofiane Sehili (...) a été arrêté à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe, au terme de son projet de battre le record du monde de la traversée eurasienne à vélo, un parcours reliant Lisbonne à Vladivostok", écrit le journal, précisant qu'il serait "accusé de franchissement illégal de la frontière".

"Notre consulat général à Moscou a pris attache avec les autorités russes et sollicité l'exercice de la protection consulaire", ont simplement précisé les sources diplomatiques à l'AFP.

Spécialisé dans l’ultracyclisme

Le 2 septembre, le Français, parti de la capitale portugaise le 1er juillet, avait, selon le quotidien sportif L’Equipe, affirmé sur son compte Instagram qu’il était bloqué à la frontière sino-russe après avoir tenté de pénétrer sur le territoire russe deux fois.

Ancien documentaliste au magazine Telerama, Sofiane Sehili s’est spécialisé dans l’ultracyclisme, fait d’épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres. Sur son site internet, il dit avoir remporté 11 des plus de 25 courses auxquelles il a participé depuis 2016. En 2017, il a notamment relié Paris à Taïwan (16.000 km) en trois mois.

© PAVEL PAVLOV / ANADOLU AGENCY / Anadolu via AFP

Un drapeau russe flottant à Moscou, le 1er septembre 2022.

Guerre à Gaza : Israël accuse l’Espagne de mener une "campagne antisémite", Madrid se défend

8 septembre 2025 à 14:43

La tension est encore montée d’un cran ce lundi 8 septembre entre Tel-Aviv et Madrid. Le ministre des Affaires étrangères israélien, Gidéon Saar, a accusé l’Espagne de mener "une campagne antisémite". "Le gouvernement espagnol adopte une ligne hostile et anti-israélienne, avec une rhétorique violente et empreinte de haine", a affirmé le ministre des Affaires étrangères.

"La tentative du gouvernement corrompu de Pedro Sánchez de détourner l’attention de graves affaires de corruption par une attaque anti-israélienne et antisémite continue apparaît évidente", a-t-il encore dit. Il a ajouté que la vice-Première ministre et ministre du Travail espagnole, Yolanda Díaz, se verrait interdire l’entrée dans le pays et qu’Israël "ne maintiendra aucun contact avec elle".

"Des mesures pour mettre fin au génocide"

Les déclarations du ministre des Affaires étrangères israélien sont intervenues tout juste quelques dizaines de minutes après que le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé lundi une série de mesures "pour mettre fin au génocide à Gaza". Il a notamment évoqué un embargo sur les ventes d’armes vers Israël ou l’interdiction d’accueillir dans les ports espagnols des navires de carburant pour les soldats israéliens. Les mesures incluent également l’interdiction d’entrée sur le territoire espagnol des personnes "qui participent directement au génocide", l’interdiction des produits "provenant des colonies illégales de Gaza et de Cisjordanie", ainsi que la limitation des services consulaires espagnols aux personnes résidant dans ces colonies.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères a immédiatement fermement rejeté lundi les "accusations fausses et calomnieuses d'antisémitisme" de la part d'Israël, dans un nouvel épisode de tension entre les deux pays. Le gouvernement espagnol, une des voix européennes les plus critiques à l’égard de l’action israélienne à Gaza, "a décidé de franchir une nouvelle étape et de mettre en œuvre immédiatement neuf mesures supplémentaires pour mettre un terme au génocide à Gaza, pour poursuivre ses exécutants et pour soutenir la population palestinienne", a annoncé Pedro Sánchez dans une déclaration depuis le siège du gouvernement à Madrid.

"Exercer une pression sur Benyamin Netanyahou"

"Nous savons que toutes ces mesures ne suffiront pas à stopper l’invasion, ni les crimes de guerre, mais nous espérons qu’elles contribueront à exercer une pression sur le Premier ministre (Benjamin) Netanyahou et son gouvernement pour alléger une partie des souffrances que subit la population palestinienne", a poursuivi le dirigeant socialiste. Il a aussi déclaré que l’Espagne augmentera son aide aux Palestiniens et à l’agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). "Ce n’est pas se défendre" ni "attaquer, c’est exterminer un peuple sans défense, c’est enfreindre toutes les lois du droit humanitaire", a fustigé le dirigeant espagnol à propos des opérations menées par Israël à Gaza.

La position du gouvernement espagnol, dans un pays où ont fréquemment lieu des manifestations pro-palestiniennes comme celles qui ont perturbé ces derniers jours le Tour cycliste d’Espagne, a provoqué des tensions avec Israël, qui n’a plus d’ambassadeur à Madrid depuis la reconnaissance de l’Etat de Palestine par le gouvernement de Pedro Sánchez en mai 2024.

© afp.com/Menahem KAHANA

Bâtiments détruits dans la bande de Gaza photographiés depuis une position à la frontière entre Israël et le territoire palestinien, le 2 septembre 2025

Législatives en Norvège : l’impôt sur la fortune au coeur des débats

8 septembre 2025 à 13:14

Les Norvégiens ont commencé à voter, lundi 8 septembre, pour des élections législatives très disputées. Dans cette nation prospère de 5,6 millions d’habitants, la campagne a été marquée non seulement par les tensions géopolitiques — liées à la guerre en Ukraine ou à l’ombre de Donald Trump — mais aussi par des questions domestiques brûlantes : coût de la vie, inégalités, services publics et, surtout, fiscalité. Au cœur des débats, l’impôt sur la fortune, ou "formuesskatt", cristallise les divisions entre la gauche et la droite. A tel point qu’il pourrait peser sur un scrutin annoncé très serré, opposant le centre-gauche de Jonas Gahr Støre, Premier ministre depuis 2021, à une droite emmenée par les conservateurs et le Parti du progrès, formation populiste et anti-immigrés.

Pour le Parti travailliste, l’impôt sur la fortune reste un pilier de la politique fiscale. Introduit en 1892, quelques années avant que la Norvège obtienne son indépendance totale de la Suède, cet impôt frappe les patrimoines supérieurs à 1,7 million de couronnes (environ 144 000 euros), à un taux de 1 %, et de 1,1 % pour ceux dépassant 20,7 millions de couronnes. L’impôt est perçu annuellement et calculé en additionnant la valeur des biens immobiliers, de l’épargne, des investissements et des actions, et en déduisant les dettes. Les sociétés privées sont comptabilisées dans le patrimoine de leurs propriétaires. Des réductions sont possibles : "par exemple, seuls 25 % de la valeur d’une résidence principale sont imposables", précisent nos confrères britanniques du Guardian.

Au total, l’impôt sur la fortune rapporte à la Norvège environ 32 milliards de couronnes par an (2,7 milliards d’euros), un montant modeste pour la majorité des 720 000 contribuables concernés, mais essentiel pour financer l’État-providence norvégien. Selon les défenseurs de cette taxe, il constitue la pierre angulaire d’une politique sociale qui a permis à l’Etat de rester l’un des plus égalitaires d’Europe.

Une campagne féroce entre lobbying agressif et désinformation

Sur le volet politique, l’un des fervents défenseurs de l’impôt sur la fortune est Jens Stoltenberg, ancien Premier ministre et ex-secrétaire général de l’OTAN. Rappelé en février par Jonas Gahr Støre pour occuper le poste stratégique de ministre des Finances, il a promis la création d’une commission multipartite chargée de réexaminer l’ensemble du système fiscal. Populaire et expérimenté, son retour a dopé le Parti travailliste, qui a gagné près de dix points dans les sondages depuis son entrée au gouvernement.

Pourtant, la taxe suscite une forte opposition portée par la droite et le Parti du progrès. Celui qui talonne le parti travailliste dans les intentions de vote promet sa réduction, voire sa suppression, arguant qu’elle pénalise les entrepreneurs et freine l’investissement. Sylvi Listhaug, cheffe du Parti du progrès et fille d’agriculteurs, dénonce un impôt qui frapperait des patrimoines importants mais dont les revenus réels sont parfois faibles : "L’argent versé au titre de l’impôt sur la fortune aurait pu être consacré à la création d’entreprises, à l’innovation et à l’emploi", écrit-elle dans un courrier adressé à Associated Press.

Face à cette contestation, les entrepreneurs mènent des campagnes de lobbying et investissent massivement dans la publicité en ligne, tandis que des chansons de protestation circulent sur les réseaux sociaux. "Ne venez pas en Norvège, on vous taxera jusqu’à ce que vous soyez pauvre, et quand vous n’aurez plus rien, on vous taxera un peu plus", déplore un consultant en affaires dans une vidéo publiée sur LinkedIn. Enième preuve que le débat sur l’impôt sur la fortune sert de démarcation politique, la cheffe du parti de la Gauche socialiste a érigé un "mur de la honte" dans son bureau, affichant les noms des contribuables qui s’opposent à la taxe ou cherchent à l’éviter.

"Soit vous êtes très contre, soit très pour"

La question a même provoqué une vague de désinformation : économistes et statisticiens sont la cible de critiques et de menaces en ligne. Annette Alstadsæter, directrice du centre Skatterforsk de l’Université norvégienne des sciences de la vie, est connue pour ses positions en faveur de la taxe et a rédigé une série d’articles sur l’évasion fiscale et la richesse offshore. Selon le Guardian, elle pèse désormais soigneusement ses déclarations publiques et s’est retirée des réseaux sociaux en raison du risque d’abus en ligne. "Les gens sont tellement en colère. Soit vous êtes très contre, soit très pour", soupire-t-elle. Reste à savoir quel camp l’emportera.

© afp.com/Erik Flaaris Johansen

Le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Store s'est positionné en faveur du maintien de l'impôt sur la fortune lors de ce scrutin.

Argentine : Javier Milei essuie un revers lors de son premier grand test électoral

8 septembre 2025 à 10:48

Le président argentin Javier Milei a subi dimanche 7 septembre un net revers lors d’une élection dans l’importante province de Buenos Aires, à valeur de test en vue des législatives de mi-mandat en octobre, mais a pour autant promis "d’accélérer" le cap de ses réformes ultralibérales.

Selon des résultats officiels à 93 % des votes décomptés, La Libertad Avanza (LLA), parti libertarien de Javier Milei, a obtenu un peu moins de 34 % des voix, contre plus de 47 % à l’opposition péroniste de Fuerza Patria (centre-gauche) dans la province de Buenos Aires, qui compte plus du tiers de l’électorat argentin. La province étant un fief péroniste, une victoire de LLA au scrutin n’était guère envisagée, mais l’écart a priori important, de l’ordre de 13 points de pourcentage voire plus, a fait mentir la plupart des sondages, qui prévoyaient une course serrée.

Une "claire défaite"

Il s’agissait du premier grand test électoral pour Javier Milei, depuis le début de sa présidence en décembre 2023, sur un programme de relance d’une économie engluée dans une inflation et un endettement chroniques, en sabrant dans les dépenses publiques.

Pour autant, le parti de Javier Milei, qui pour cette élection provinciale avait fait alliance avec le parti PRO de l’ex-président libéral Mauricio Macri (2015-2019) devrait gagner du terrain au sein de l’assemblée de la province de Buenos Aires, que ce scrutin renouvelait. Il devrait y doubler son contingent de 12 sièges (sur 92).

Javier Milei a reconnu sans détour dimanche que "sur le plan politique (c’était) une claire défaite". Mais "le cap pour lequel nous avons été élus en 2023 ne va pas changer […] nous allons l’approfondir et accélérer", a-t-il lancé au QG électoral de son parti à La Plata (sud de Buenos Aires). "Il faut qu’on apprenne de ça", déclarait à l’AFP Diego Valenzuela, un candidat LLA. Estimant que le résultat "tient à la volonté (de Milei) de ne pas faire de populisme en économie, ce qui est nouveau en Argentine".

L’ambiance atone, décalée, au QG de LLA, avec quelques partisans rapidement dispersés après le discours du chef de l’Etat, contrastait avec l’exubérance au QG péroniste, où le gouverneur de la province, Axel Kicillof, a été accueilli aux cris de "Ça se sent, ça se sent, Axel président !", en référence à l’élection présidentielle de 2027, a constaté l’AFP.

Un virage notable sur le plan économique

"Il va devoir changer de cap !" a lancé Axel Kicillof en réponse directe au président, "Milei, le peuple vient de te donner un ordre […] gouverne pour le peuple !". Axel Kicillof, 53 ans, un des chefs de file de l’opposition, est perçu comme son seul présidentiable possible, a fortiori depuis que l’ex-présidente et icône de la gauche argentine, Cristina Kirchner, 72 ans, purge à domicile depuis juin une peine de prison et d’inéligibilité à vie, après sa condamnation pour administration frauduleuse pendant ses mandats (2007-2015).

Le scrutin de dimanche survenait dans une période délicate pour le gouvernement Milei, malgré ses résultats éloquents, bien qu’à un fort coût social, depuis deux ans contre l’inflation, ramenée à 17,3 % sur sept mois depuis janvier, contre 87 % sur la même période en 2024. L’exécutif a été secoué en août par un scandale de présumés pots-de-vin au sein de l’Agence nationale pour le Handicap, qui implique Karina Milei, sœur du président et secrétaire générale de la présidence. Qui à ce stade n’a toutefois pas été directement mise en cause par la justice.

Mais Javier Milei a aussi subi un important revers législatif jeudi, lorsque le Parlement, pour la première fois de sa présidence, a annulé un veto présidentiel, sur une loi de financement accru des personnes handicapées. Au nom, selon l’exécutif, d’un sacro-saint équilibre budgétaire, qu’il a de nouveau promis dimanche de ne sacrifier en rien.

En outre, sur le plan économique, le gouvernement, en un virage notable, a commencé cette semaine à intervenir sur le marché des changes pour enrayer la dépréciation du peso, qui s’était accélérée récemment, sur fond de nervosité préélectorale des marchés financiers. Leur réaction lundi au revers électoral de Javier Milei était une des inconnues post-scrutin. Pour autant, le résultat provincial de dimanche ne préfigure pas nécessairement des élections nationales d’octobre (qui renouvelleront un tiers du Sénat et la moitié des députés). Les sondages suggèrent avec constance un noyau dur d’approbation de Javier Milei autour de 40 % voire davantage.

© afp.com/STRINGER

Le président argentin Javier Milei s'exprime à La Plata, dans la province de Buenos Aires, le 7 septembre 2025

Ukraine : le "monsieur sanctions" de l’UE attendu à Washington pour discuter du sort de la Russie

8 septembre 2025 à 16:47

La paix semble encore loin en Europe de l’est. La Russie a lancé, dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 septembre, sa plus grande vague de drones et missiles sur l’Ukraine depuis le début de la guerre, faisant au moins cinq morts et frappant pour la première fois le siège du gouvernement. Après cette attaque record, le président américain Donald Trump a tapé du poing sur la table, se disant dimanche prêt à lancer une nouvelle phase de sanctions contre la Russie : "Je ne suis pas content. Je ne suis pas content de la situation dans son ensemble".

Les infos à retenir

⇒ Donald Trump menace la Russie de nouvelles sanctions après l’attaque record contre l’Ukraine

⇒ L’Ukraine compte "sur une réponse forte de la part des Etats-Unis"

⇒ Donald Trump annonce des réunions aux Etats-Unis avec des dirigeants européens

Le "monsieur sanctions" de l’UE à Washington après les menaces de Trump contre Moscou

Le "monsieur sanctions" de l’Union européenne va rencontrer lundi à Washington des responsables américains après les déclarations du président Donald Trump appelant à resserrer l’étau sur la Russie, a indiqué un responsable européen. L’envoyé spécial de l’UE pour les sanctions David O’Sullivan va discuter dès lundi soir de nouvelles sanctions contre la Russie après les menaces lancées ce week-end par l’administration américaine, selon ce responsable ayant requis l’anonymat. Les échanges devraient se poursuivre mardi, a-t-on précisé de même source.

Dimanche, Donald Trump s’est déclaré prêt à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie après une attaque aérienne d’une ampleur sans précédent contre l’Ukraine qui a touché pour la première fois le siège du gouvernement. Interrogé à la Maison-Blanche par un journaliste sur le fait de savoir s’il était prêt à lancer une nouvelle phase de sanctions contre la Russie, le président américain a répondu : "Oui, je le suis". "Je ne suis pas content. Je ne suis pas content de la situation dans son ensemble", a par la suite insisté Donald Trump auprès de journalistes qui l’interrogeaient sur l’attaque survenue dimanche matin, répétant : "Je ne suis pas ravi de ce qui se passe là-bas". Dans la nuit de samedi à dimanche, la Russie a tiré 810 drones et 13 missiles sur l’Ukraine, selon l’armée de l’air ukrainienne. Il s’agit de l’attaque aérienne la plus importante depuis le début de la guerre en février 2022.

Pour Vladimir Poutine, la conquête de l’Ukraine n’est "qu’un début", accuse Friedrich Merz

La conquête de l’Ukraine ne serait "qu’un début" pour la Russie de Vladimir Poutine, dont les attaques hybrides contre l’Allemagne sont "de plus en plus intenses et agressives", a accusé ce lundi le chancelier allemand Friedrich Merz.

Cette mise en garde intervient alors que le chef du gouvernement allemand a fait du réarmement de l’Europe une priorité absolue, afin que le continent puisse faire face à la menace russe, mais aussi s’adapter au désengagement américain, depuis l’élection de Donald Trump. "Tout indique que le plan impérialiste de Poutine ne se terminerait pas avec la conquête de l’Ukraine, mais que ce ne serait qu’un début", a-t-il déclaré lors de la conférence annuelle réunissant les ambassadeurs allemands.

La Russie a "trois fois plus" de ressources sur le front, selon l’armée ukrainienne

La Russie a au minimum "trois fois plus" de forces et des ressources que l’Ukraine sur la ligne de front, a estimé lundi le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky. "Actuellement, l’ennemi bénéficie de trois fois plus de forces et de ressources" et, dans "les secteurs principaux" du front, jusqu’à "quatre à six fois" plus, a-t-il expliqué dans un communiqué sur Facebook faisant le bilan du mois d’août.

"L’ennemi utilise la tactique de l’avancée (rampante) avec de petits groupes d’infanterie essayant d’infiltrer les villages, utilisant l’espace entre les positions et évitant le combat direct", a déclaré Oleksandre Syrsky. Mi-août, la Russie avait réussi, avec cette tactique, une percée aux alentours de la ville de garnison de Dobropillia, dans la région orientale de Donetsk, avançant de 10 km en peu de temps avant d’être stoppée quelques jours plus tard par l’armée ukrainienne.

L’Ukraine compte "sur une réponse forte de la part des Etats-Unis"

Le président Volodymyr Zelensky a indiqué dimanche compter sur une "réponse forte" des Etats-Unis après l’attaque aérienne russe d’une ampleur inédite qui a visé l’Ukraine au cours de la nuit, faisant au moins cinq morts. "Il est important que les partenaires réagissent de manière globale à cette attaque […] Nous comptons sur une réponse forte de la part des Etats-Unis", a espéré le chef de l’Etat ukrainien dans son adresse quotidienne diffusée sur les réseaux sociaux.

Donald Trump annonce des réunions aux Etats-Unis avec des dirigeants européens

Le président américain Donald Trump a affirmé dimanche que des dirigeants européens effectueraient individuellement des visites aux Etats-Unis au cours des quarante-huit prochaines heures pour discuter de moyens pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

S’exprimant devant des journalistes à son retour à Washington après avoir assisté à la finale masculine de l’US Open - le tournoi de tennis new-yorkais -, Donald Trump a assuré également qu’il s’entretiendrait bientôt avec son homologue russe Vladimir Poutine. "Certains dirigeants Européens vont venir individuellement, lundi ou mardi, dans notre pays", a fait savoir le président américain, sans que l’on ne sache dans l’immédiat de quels dirigeants il s’agit. La Maison-Blanche n’a pas répondu à une demande de commentaire.

© afp.com/SAUL LOEB

Le président américain Donald Trump dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche, le 3 septembre 2025 à Washington.

Ekaterina Kurbangaleeva : "Dans trois à cinq ans, la Russie sera méconnaissable"

7 septembre 2025 à 08:45

Ekaterina Kurbangaleeva n’a pas poussé la porte de son appartement moscovite depuis janvier 2022. Partie avec sa famille pour un séjour qu’elle pensait durer quelques semaines aux Etats-Unis, la politologue russe a assisté devant sa télévision sur CNN aux premiers bombardements de l’armée de Vladimir Poutine en Ukraine, le 24 février de la même année. Elle n’a jamais remis les pieds dans son pays. Aujourd’hui chercheuse invitée à l’Université George-Washington, elle poursuit son analyse politique de la Russie, un pays "en voie de soviétisation". "Dans trois à cinq ans, la société russe sera méconnaissable", présage-t-elle dans un entretien accordé à L’Express.

L’Express : Comment la guerre change-t-elle la Russie depuis trois ans et demi ?

Ekaterina Kurbangaleeva : J’observe des évolutions dans trois sphères : sociale, économique, et internationale. D’abord, sur le plan social, on assiste à une nouvelle mobilité sociale pour certaines catégories de la population dont la situation était jusqu’à présent peu enviable. C’est le cas des ouvriers et des employés techniques. Ils sont désormais très demandés, mieux payés, et socialement plus respectés. Il est encore trop tôt pour parler de l’émergence d’une nouvelle "classe moyenne". Traditionnellement, celle-ci est définie par trois critères : le revenu, l’éducation et le statut social. En ce sens, la formation d’une classe moyenne nécessite au moins dix à quinze ans, voire une génération entière.

Le deuxième aspect est économique. Pendant longtemps, l’expression "malédiction pétrolière" a été utilisée pour décrire la Russie comme un pays accro aux hydrocarbures. Les régions industrielles, qui étaient sinistrées, connaissent aujourd’hui une croissance de leur production. Les immenses usines construites à l’époque soviétique ont connu un déclin progressif au cours des trois dernières décennies de la Russie moderne. Aujourd’hui, l’industrie manufacturière reprend une place significative.

La plupart de ces régions "gagnantes" sont situées en Russie centrale, autour de la Volga et dans l’Oural. Elles sont peu peuplées et l’activité économique y est très concentrée sur la défense et la construction mécanique. J’ai analysé leur développement en observant la hausse de leurs recettes fiscales entre 2021 et 2024 : + 100 % pour la Tchouvachie, + 79 % pour Smolensk, + 73 % pour l’Oudmourtie. Avant de quitter la Russie, j’ai beaucoup voyagé à travers le pays. Dans certaines régions centrales, des habitants me disaient : "Nous nous souvenons de l’époque où, à 5 heures du matin, toute la ville s’animait, les usines tournaient à plein régime. Ces dernières années, tout a changé, il n’y a plus de travail…" Les gens survivaient tant bien que mal. Aujourd’hui, la demande est revenue, et avec elle des salaires multipliés par trois ou quatre.

Le dernier bouleversement est d’ordre géopolitique : il s’agit du pivot vers l’Est. Les liens culturels et éducatifs avec l’Occident s’éteignent à toute allure. Je ne peux pas dire si ce processus est irréversible, mais il est en cours et s’accélère. Un exemple frappant est la fermeture récente des programmes de baccalauréat international, qui facilitaient l’accès des jeunes Russes aux universités occidentales après le lycée. Désormais, de plus en plus de passerelles se font vers l’Asie. Actuellement, des terminaux de transport et des entreprises axées sur le marché chinois sont en cours de construction. Par exemple, la région de l’Amour, dont le centre administratif est situé à moins d’un kilomètre de la Chine, a, selon mes calculs, quadruplé ses revenus depuis 2021. Par ailleurs, les cours de mandarin sont de plus en plus demandés.

Ces trois changements peuvent-ils durablement remodeler la société russe ?

Les opinions divergent sur cette question. Certains estiment que la Russie s’éloigne radicalement de ce qu’elle était. D’autres affirment que rien n’a changé. J’ai des amis et des connaissances restés en Russie qui racontent que leur vie n’a pas changé, qu’elle est agréable, qu’ils ne sont pas touchés par la guerre…

À la question "Êtes-vous personnellement touché par la guerre ?", 78 % des Ukrainiens répondent oui (que ce soit directement ou par des amis mobilisés, des proches réfugiés…). En Russie, seulement 16 % des personnes interrogées se disent concernées [NDLR : selon les données du projet de recherche PROPA de l’université d’Helsinki]. Ce sont deux mondes différents.

Vous avez parlé des catégories "gagnantes", celles qui profitent de l’économie de guerre. Ces groupes n’ont peut-être pas intérêt à ce que les hostilités cessent ?

Oui, bien sûr. Pour les ouvriers et employés techniques – ceux que j’appelle les "cols bleus" et les "cols gris" –, la guerre et la relance industrielle ont apporté de meilleurs salaires et une reconnaissance sociale. Ils ne sont pas nécessairement partisans de la guerre, ils ne pointent pas à tous les rassemblements patriotiques, mais leur situation sociale s’améliore et ils n’ont certainement pas envie que cela s’arrête. A l’inverse, les enseignants, les médecins ou les retraités ne bénéficient pas de ces retombées.

Ces nouvelles dynamiques peuvent-elles créer des tensions sociales ?

Pour l’heure, je vois surtout émerger des tensions entre les anciennes élites locales (bureaucrates, notables régionaux) et les soldats revenus du front. En effet, le pouvoir cherche à intégrer ces vétérans aux structures partisanes du parti de Vladimir Poutine, Russie unie. Le Kremlin veut en faire une base sociale fidèle. Cela génère une lutte souterraine avec les élites établies, qui voient leur pouvoir contesté.

Pourquoi le régime cherche-t-il à intégrer ces soldats à Russie Unie ? Un pouvoir aussi répressif en a-t-il besoin ?

C’est le souhait pressant de Vladimir Poutine. Les soldats qui reviennent du front ne retrouveront pas les revenus mirobolants qu’ils touchaient en tant que militaires. Leur avenir doit donc dépendre directement du chef de l’Etat. C’est une stratégie pour les contrôler, en faire un groupe de loyalistes et les "recycler "politiquement.

Les ouvriers qui ont vu leur niveau de vie s’améliorer sont-ils désormais plus loyaux à l’égard des autorités ?

Certainement. Ce n’est pas facile à déterminer avec précision, car les sondages en Russie ne sont pas systématiques, mais il semble que ce groupe soit en train de devenir un socle du pouvoir en place. Auparavant, la plupart d’entre eux étaient abstentionnistes ou protestataires.

Les grandes usines sont un environnement idéal pour la propagande, car les ouvriers y sont regroupés et plus faciles à encadrer. Cela rappelle les ressorts du régime soviétique, qui s’appuyait essentiellement sur le prolétariat.

Comment imaginez-vous la société russe dans cinq à dix ans ?

Il est impossible de prédire l’avenir, le risque de se tromper est trop grand ! Beaucoup espéraient, il y a deux ans, que tout rentrerait dans l’ordre rapidement. Pour ma part, je pense que dans trois à cinq ans, la société russe sera méconnaissable. Je crains que la militarisation de la société s’enracine, car elle offre des incitations économiques et du prestige social.

Par ailleurs, selon mes estimations, l’Etat contrôle désormais autour de 65 % de l’économie, contre 56 % en 2018. Les nationalisations se multiplient à un rythme effarant. La Russie replonge dans son passé soviétique.

Enfin, les autorités russes sont en train de créer un immense arsenal de surveillance de masse numérique. Lorsque j’ai dit à certaines personnes ici, aux Etats-Unis, qu’il était désormais possible de passer les tourniquets du métro de Moscou en montrant simplement son visage, elles ont été surprises. Quand les autorités disposent d’énormes bases de données de reconnaissance faciale numérique, de moyens de suivi de l’activité sur Internet et du rouble numérique, contrôler la population devient une tâche routinière.

On entend souvent que la population est passive, "zombifiée" par la propagande. Mais vous décrivez un contrôle de plus en plus massif de la population, qu’il s’agisse des soldats de retour du front, des entreprises, ou du grand public. Est-ce seulement la paranoïa d’un régime autoritaire ou une vraie inquiétude du pouvoir en place ?

Les deux. A l’heure actuelle, les autorités russes semblent inébranlables. Elles comptent sur le soutien de la majorité. Ce soutien est réel, et n’est pas dû qu’à la propagande. Il est également lié à des incitations économiques très importantes offertes à de vastes catégories de gens. Et encore une fois, la majorité des Russes ne subit pas directement les affres de la guerre.

Mais la grande force de Poutine peut aussi être une grande faiblesse. L’histoire russe a montré combien la loyauté des masses peut changer radicalement. Les autorités le savent et ont tiré des leçons du passé.

Le Kremlin ne se préoccupe pas vraiment du soutien des élites, car ces dernières sont généralement dévouées aux dirigeants russes. A l’heure actuelle, elles n’ont pas d’autre choix, elles ne peuvent pas se réfugier dans les pays occidentaux, car cette voie leur est fermée. Que leur reste-t-il donc ? Déménager dans les pays du tiers-monde ? Ce n’est pas une option pour elles.

En revanche, le soutien du peuple est très capricieux. Aujourd’hui, il est votre partisan, votre admirateur et votre fan, mais demain, il peut descendre dans la rue.

Peut-on parler d’un début de "crise pétrolière" avec les frappes ukrainiennes contre les raffineries et les files d’attente dans certaines stations-service russes ?

Pas encore. La pénurie de carburant est ponctuelle et régionale, elle ne touche pas la majorité de la population. Pour l’instant, ce n’est pas un problème dans le centre de la Russie. De plus, la Russie a temporairement gelé ses exportations d’essence. Toutefois, les frappes de l’Ukraine contre ces raffineries ont probablement un impact sur la capacité de la Russie à poursuivre la guerre, car l’approvisionnement en carburant est essentiel pour l’armée.

© AFP

Sur cette photo diffusée par l’agence d’État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors du défilé militaire du Jour de la Victoire sur la Place Rouge, dans le centre de Moscou, le 9 mai 2025.

Israël : un attentat à Jérusalem-Est fait au moins six morts

8 septembre 2025 à 14:00

Un possible tournant dans le conflit au Proche-Orient ? Le Hamas s’est dit, dimanche 7 septembre, disposé à reprendre "immédiatement" les négociations après avoir reçu une nouvelle proposition de la part de Washington. "Nous avons reçu, via des médiateurs, quelques idées de la part des Américains afin de parvenir à un cessez-le-feu […] et le Hamas affirme être prêt à s’asseoir immédiatement à la table des négociations", a écrit le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué. Plus tôt, le président américain Donald Trump a annoncé avoir envoyé un "dernier avertissement" au Hamas pour un retour des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, assurant avoir "averti" le mouvement armé "des conséquences en cas de refus".

Les infos à retenir

⇒ Au moins six morts dans une attaque à l’arme à feu à Jérusalem-Est

⇒ Le ton montre entre l’Espagne et Israël

⇒ Donald Trump et Israël lancent un "dernier avertissement" au Hamas

Au moins six morts dans une attaque à l’arme à feu à Jérusalem-Est

Les services de secours israéliens ont annoncé que six personnes avaient été tuées et plusieurs blessées ce lundi dans une attaque à l’arme à feu à Jérusalem-Est, une des plus meurtrières dans la ville depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. "Les secouristes et ambulanciers ont constaté le décès de quatre personnes, un homme d’environ 50 ans et trois hommes dans la trentaine", a indiqué le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge. Le décès d’une femme et d’un autre homme ont été annoncés plus tard par des hôpitaux de la ville. Huit autres personnes ont été blessées selon le Magen David Adom dont cinq grièvement.

L’attaque s’est déroulée à l’entrée du quartier de Ramot, à Jérusalem-Est, la police ayant affirmé que les assaillants ont tiré sur une station d’autobus. "Un agent de sécurité et un civil présents sur les lieux ont immédiatement réagi, ont riposté et neutralisé les assaillants", indique un communiqué de la police, précisant que "leurs décès ont été confirmés".

Dans un communiqué, le Hamas a salué l’attaque en affirmant que les assaillants étaient des Palestiniens. "Nous affirmons que cette opération est une réponse naturelle aux crimes de l’occupation et au génocide qu’elle mène contre notre peuple", indique le communiqué du mouvement islamiste palestinien.

La France "condamne avec la plus grande fermeté l’attentat qui vient de survenir à Jérusalem-Est", a déclaré lundi Emmanuel Macron, présentant ses "plus sincères condoléances aux familles des victimes et à tout le peuple israélien". "La spirale de la violence doit prendre fin. Seule une solution politique permettra le retour de la paix et de la stabilité pour tous dans la région", a ajouté sur le réseau X le président français, dont les relations sont plus que tendues avec les autorités israéliennes en raison de sa décision de reconnaître l’Etat palestinien.

Le ton montre entre l’Espagne et Israël

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé lundi une série de mesures "pour mettre fin au génocide à Gaza", dont un embargo sur les ventes d’armes vers Israël, ou l’interdiction d’accueillir dans les ports du pays des navires de carburant pour les soldats israéliens.

Le gouvernement espagnol, une des voix européennes les plus critiques à l’égard de l’action israélienne à Gaza, "a décidé de franchir une nouvelle étape et de mettre en œuvre immédiatement neuf mesures supplémentaires pour mettre un terme au génocide à Gaza, pour poursuivre ses exécutants et pour soutenir la population palestinienne", a annoncé Pedro Sánchez dans une déclaration depuis le siège du gouvernement à Madrid.

De son côté, Israël a accusé l’Espagne de mener une "campagne antisémite", avant d’interdire l’entrée dans le pays à la vice-Première ministre espagnole. "Le gouvernement espagnol adopte une ligne hostile et anti-israélienne, avec une rhétorique violente et empreinte de haine", a affirmé le ministre des Affaires étrangères israélien, Gidéon Saar.

L’UE "n’encourage pas" le départ de flottilles vers Gaza

La Commission européenne "n’encourage pas" le départ de flottilles chargées d’aide humanitaire à destination de Gaza, a déclaré lundi une de ses porte-paroles."Nous n’encourageons pas ce genre de flottille, car cela peut fondamentalement aggraver la situation et met également leurs participants en danger", a expliqué cette Eva Hrncirova. "Nous pensons que la meilleure façon de fournir l’aide humanitaire est par le biais de nos partenaires. C’est ce que nous essayons d’obtenir", a-t-elle ajouté.

Une flottille chargée d’aide humanitaire, menée notamment par la militante suédoise Greta Thunberg, a quitté Barcelone il y a une semaine en direction du territoire palestinien en guerre avec l’objectif de "rompre le blocus illégal de Gaza", selon ses organisateurs. Les embarcations de la Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui ont prévu d'atteindre Gaza à la mi-septembre, ont fait étape dimanche en Tunisie où les militants à bord ont été accueillis par plus d'un millier de personnes à Sidi Bou Saïd, selon l'AFP. Les bateaux devraient repartir mercredi.

Gaza : l'ONU dénonce la "rhétorique génocidaire" de dirigeants israéliens

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l’homme a dénoncé lundi la "rhétorique génocidaire" de dirigeants israéliens sur Gaza, appelant la communauté internationale à prévenir un génocide dans ce "cimetière" qu’est devenu le territoire palestinien. "Je suis horrifié par l’utilisation sans détour d’une rhétorique génocidaire et la déshumanisation honteuse des Palestiniens par de hauts responsables israéliens", a déclaré Volker Türk, à l’ouverture de la 60e session du Conseil des droits de l’homme de l'ONU à Genève.

Il a appelé à "agir maintenant pour mettre fin au carnage", estimant que la communauté internationale "manque à son devoir". "Nous manquons à notre devoir envers la population de Gaza. Où sont les mesures décisives pour prévenir un génocide ? Pourquoi les pays ne font-ils pas davantage pour prévenir les atrocités criminelles ?" a-t-il poursuivi. "La région réclame la paix. Gaza est un cimetière", a-t-il dit.

Dimanche, c’est le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, qui avait alerté que le temps presse pour arrêter la propagation de la famine à Gaza. "Il y a une fenêtre étroite, jusqu’à fin septembre, pour empêcher la propagation de la famine à Deir al Balah (centre) et à Khan Younès (sud). Cette fenêtre est en train de se fermer rapidement"

Gaza : Donald Trump et Israël lancent un "dernier avertissement" au Hamas

Donald Trump a annoncé dimanche avoir envoyé un "dernier avertissement" au Hamas pour un retour des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, le mouvement palestinien se disant pour sa part prêt à négocier sur la base de nouvelles propositions américaines. "Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d’accepter également. J’ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n’y en aura pas d’autre !", a écrit le président américain sur Truth Social. La Maison-Blanche n’a pas donné plus de détail sur la nature de ces conditions.

Quelques heures après le message du président américain, le mouvement palestinien a confirmé avoir "reçu, via des médiateurs, quelques idées de la part des Américains afin de parvenir à un cessez-le-feu". Le mouvement assure être "disponible" pour "s’asseoir immédiatement à la table des négociations afin de discuter de la libération de tous les prisonniers en échange d’une déclaration claire de la fin de la guerre, d’un retrait complet de la bande de Gaza, et de la formation d’un comité de Palestiniens indépendants pour gérer la bande de Gaza, qui commencerait ses fonctions immédiatement".

Ce lundi, c’est Israël qui a adressé "un dernier avertissement" au Hamas, le sommant de se rendre et libérer les otages sous peine d’être anéanti. "Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas à Gaza et dans les hôtels de luxe à l’étranger : libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré le ministre de la Défense Israël Katz sur X. "Aujourd’hui, un ouragan dévastateur frappera le ciel de la ville de Gaza et les toits des tours terroristes trembleront", a-t-il ajouté. "L’armée se prépare à étendre ses opérations pour conquérir Gaza."

© REUTERS

Des policiers israéliens et des experts médico-légaux travaillent sur les lieux d’une fusillade dans la banlieue de Jérusalem, le 8 septembre 2025.

Comment nos IA du quotidien peuvent relayer la propagande du Kremlin

8 septembre 2025 à 06:00

Solène Alifat : Pour préparer cette série sur le côté obscur de l’IA, je me suis dit que j’allais directement poser la question au premier concerné, c’est-à-dire une intelligence artificielle. En l’occurence, je suis allée sur Chat GPT, et je vous propose, chers auditeurs, de vous partager ses réponses. Ce sont ses vraies réponses qu’on a enregistrées et vous allez entendre la "voix" du chatbot. J’ouvre l’application et je lui demande : "Est-ce que tu penses que l’IA a des faces sombres ?"

Chat GPT : C’est une question qui fait beaucoup débat, je dirais. Comme toute technologie l’intelligence artificielle a des aspects positifs et des aspects qui peuvent être un peu plus complexes ou éthiquement discutables, mais ça dépend vraiment de l’utilisation qu’on en fait je pense.

Solène Alifat : Et selon toi, quelles sont ces faces sombres ?

Chat GPT : On entend souvent parler par exemple de la question de la vie privée avec l’utilisation des données personnelles, ou encore les biais algorythmiques qui peuvent reproduire certaines discriminations. Et puis il y a aussi les préoccupations autour de l’automatisation qui peut avoir un impact sur certains emplois. Il y a aussi le risque de désinformation, et il y a toujours la question de la dépendance aux technologies qui peut avoir un impact sur nos compétences humaines, notre autonomie, etc.

Solène Alifat : Je souhaite justement réaliser une série de podcasts sur les faces sombres de l’intelligence artificielle. En tant qu’IA, ça ne te pose pas de problème ?

Chat GPT : Pas du tout, je trouve ça même super intéressant que tu explores ces sujets-là, parce que c’est important d’en parler et de sensibiliser le public. Moi en tant qu’IA je suis là pour aider et accompagner, donc je suis ravie de pouvoir contribuer à la réflexion. Je peux t’aider de plein de façons, par exemple en t’aidant à faire des recherches sur certains sujets, en te donnant des exemples, en t’aidant à formuler des questions, ou même à structurer tes épisodes. Je peux aussi être une sorte de partenaire de brainstorming si tu veux ; je suis là pour ça en tout cas.

Solène Alifat : Je vous rassure, chers auditeurs, ce podcast a été écrit sans intelligence artificielle. Vous allez y entendre les journalistes de L’express spécialistes du sujet qui ont enquêté sur les faces sombres de cette révolution. On va commencer par un des aspects que ChatGPT a lui-même évoqué quand je lui ai posé la question : la désinformation.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Solène Alifat et réalisé par Jules Krot.

Crédit : KBSFTV

Musique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio Torrent

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EXCLUSIF. Menace russe, invasion de Taïwan… Pourquoi les managers doivent d’urgence se former à la géopolitique

8 septembre 2025 à 09:28

"Dans le monde des hommes les arguments de justice n'ont de poids que si les forces des adversaires sont égales, écrivait Thucydide. Dans le cas contraire, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance et les plus faibles n’ont qu’à s’incliner." Les dirigeants d’entreprises seraient bien inspirés d’avoir toujours à portée de main un exemplaire de La guerre du Péloponnèse.

Nos temps sauvages rendent sa lecture bien plus instructive que celle des manuels de management. Le risque géopolitique s’impose à l’agenda. L’heure des prédateurs, selon l’expression de Giuliano da Empoli, a sonné. Les "néo-empires" (russe, chinois, indien, turque iranien) contre-attaquent. Donald Trump déclare la guerre commerciale. Prise en étau, l’Europe chancelle.

Ces chocs bouleversent les marchés et les chaînes de valeur. Toutes les entreprises en ont déjà subi les conséquences : hausse du prix des matières et de l’énergie, ruptures d’approvisionnement, cyberattaques… Mais leurs dirigeants ont-ils pris la mesure de ce grand basculement ? L’ont-ils suffisamment intégré dans leurs plans d’action ? Leurs managers sont-ils formés pour l’affronter ?

Non, s’il en croit le premier baromètre Géopolitique et Business de l’Essec, réalisé par OpinionWay, et dont L’Express est partenaire. Notre journal a en effet placé depuis longtemps la géopolitique au cœur de son traitement de l’actualité. Chaque jour, nous offrons un haut niveau d’expertise internationale à nos lecteurs.

La sidération, l’inquiétude et l’impuissance

"Avec cet outil, la célèbre école de commerce veut créer un point de repère pour comprendre la perception des risques géopolitiques par les dirigeants d’entreprise, et la stratégie qu’ils adoptent pour rester compétitifs dans un environnement international toujours plus brutal, plus complexe et plus incertain", selon son directeur général Vincenzo Vinzi.

L’Essec a développé une grande expertise dans ce domaine grâce à son Institut Géopolitique & Business regroupant trois centres de recherches reconnus : Irene pour la Négociation et Médiation, une référence depuis 1996 en matière de résolution des conflits et de diplomatie ; le Centre européen de droit et d’économie (2008), et le Centre géopolitique, Défense et Leadership (2021).

Le co-directeur académique de l’Institut, Aurélien Colson, qui sera l’invité du prochain "Jeudi de L’Express - spécial Géopolitique" le jeudi 18 septembre à midi en ligne, explique la particularité du baromètre "Les études existantes sont focalisées sur les très grandes entreprises. Notre outil est élaboré à partir d’un échantillon bien plus représentatif du tissu économique français." Cent membres de comités directeurs ou de comités exécutifs d’entreprises de plus de 250 salariés ou plus ont participé à cette enquête. 50 % exercent dans le secteur des services, 31 % dans l’industrie et de la construction, et 19 % dans le commerce.

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Les sentiments qui prédominent chez eux ? La sidération, l’inquiétude et l’impuissance. Notamment chez les dirigeants d’ETI. Une majorité des sondés adopte une posture attentiste. 49 % considèrent le risque géopolitique comme secondaire ou marginal dans la réflexion stratégique de leur entreprise. 6 % seulement des managers interrogés se disent déjà engagés dans une transformation.

"Nous sommes entrés dans la post-mondialisation"

"Nous vivons un moment de bascule, dont les dirigeants n’ont pas encore pris toute la mesure, note Aurélien Colson : nous sommes entrés dans la post-mondialisation. L’erreur consiste à croire que nous traversons une crise comme il y en a eu d’autres. Rien de plus faux. On ne reviendra jamais au "business as usual".

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump apparaît comme le risque le plus préoccupant (30 %), devant la perte de souveraineté sur les données (17 %). La guerre en Ukraine (13 %) et la menace russe sur l’Europe (8 %) viennent après. 8 % s’inquiètent du conflit entre Israël et l’Iran et 4 % des tensions dans le détroit de Taïwan.

Les menaces qu’y exerce la Chine constituent aux yeux d’Aurélien Colson le risque le plus sous-estimé. "80 % des produits à destination et en provenance d’Asie du Nord-Est transitent par le détroit de Taïwan", rappelle-t-il en citant une étude de Bloomberg (2024) indiquant qu’une guerre entre les deux pays coûterait dix points de PIB mondial (en cumulant les restrictions sur les semi-conducteurs, le commerce et la finance).

Le temps n’est plus à l’attentisme. "Pour les entreprises, la géopolitique représente la même révolution que la transition écologique et la révolution de l’IA", remarque Thomas Friang, le directeur exécutif de l’Institut Géopolitique & Business. Un chiffre du baromètre l’a frappé " 27 % des dirigeants interrogés déclarent ne pas s’informer dans ce domaine. Or, la culture géopolitique n’est pas un luxe dans ce monde. C’est le nouveau game changer de la compétitivité". Pourtant, la demande d’explications est forte chez les dirigeants. Mais le discours politique sur "l’économie de guerre" est jugé confus par 52 % des managers, et anxiogène à 42 %.

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"Culture de la vigilance"

L’institut recommande aux entreprises d’accélérer leur préparation, sans attendre que le politique les y incite. Il y a urgence à développer en interne des compétences spécifiques et d’acquérir une "culture de la vigilance. "Ce n’est pas parce que vous recrutez un ancien premier Ministre et que vous avez un bon avocat international que vous allez comprendre le nouveau monde", souligne Thomas Friang.

Et de lancer une invitation à tous les dirigeants "qui ne veulent pas subir la menace". L’Essec va créer à leur intention un club exécutif pour réfléchir avec des responsables publics et des professeurs-chercheurs aux conséquences de la post-mondialisation sur les fonctions de l’entreprise. Parallèlement, l’école souhaite développer un "véritable référentiel de compétences" en ouvrant un nouveau champ académique. Forte de son implantation à Rabat et à Singapour, elle ambitionne de nouer un dialogue tricontinental sur ces enjeux".

"Un bon chef d’entreprise, estime Aurélien Colson, doit être capable de résister au confort de ses certitudes". Or, celles sur lesquelles reposait le monde d’après la chute du mur de Berlin s’effondrent les unes après les autres. "La période la plus prospère de l’humanité est terminée", annonce même dans L’Express Tina Fordham, ancienne analyste politique à Wall Street chez Citigroup. Les jours de tempête, il est bon de se tourner vers Churchill, qui disait : "Si vous traversez l’enfer, continuez".

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© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Donald Trump et Vladimir Poutine à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025
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