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Le brise-glace "Stalingrad", ce nouveau géant nucléaire construit à Saint-Pétersbourg

A Saint-Pétersbourg, un pan entier de la stratégie militaire russe vient de prendre forme sous l’objectif des médias nationaux. Ce mardi 18 novembre, le chantier naval de la Baltique a célébré le début de la construction d’un nouveau géant de l’Arctique, un brise-glace à propulsion nucléaire baptisé "Stalingrad". Le nom, chargé de mémoire, a donné à la cérémonie une dimension historique : parmi les invités, on remarquait la silhouette de Pavel Vinokourov, vétéran de la bataille de Stalingrad, qui s’apprête à souffler ses 103 bougies.

Vladimir Poutine, présent par visioconférence, a profité de l’événement pour marteler la souveraineté technologique de son pays : selon lui, aucune nation, hormis la Russie, n’est capable de produire en série des brise-glaces atomiques puissants et autonomes, fondés sur des technologies strictement nationales.

173 mètres de long et 34 mètres de large

Sous sa coque massive, le Stalingrad s’inscrit dans la lignée des navires du projet 22220, les plus impressionnants brise-glaces jamais construits. Long d’environ 173 mètres et large de 34 mètres, il embarque une puissance de 60 MW capable de propulser cette forteresse d’acier à près de 22 nœuds sur des eaux dégagées (environ 40 kilomètres-heure, NDLR) tout en brisant des glaces de trois mètres d’épaisseur. Sa longévité, pensée pour s’étirer sur quatre décennies, repose sur une architecture à double tirant d’eau et sur deux réacteurs nucléaires RITM-200 qui lui assurent presque sept ans d’activité sans recharge.

L’engin peut aussi bien se faufiler dans les zones profondes de l’océan Arctique que dans les eaux plus étroites et peu profondes à l’embouchure du Ienisseï ou dans la baie d’Ob, ce qui devrait permettre à la Russie d’optimiser les convois de gaz et de pétrole vers les marchés asiatiques. Sa largeur, plus conséquente que celle des générations précédentes, a été pensée pour lui permettre d’escorter les méthaniers et pétroliers les plus imposants actuellement en service.

Le 8e brise-glace nucléaire russe

Ce navire porte un nom inhabituel dans la flotte russe actuelle. Alors que l’appellation des unités nucléaires évoque le plus souvent les régions polaires, Stalingrad renoue de manière frontale avec l’ère soviétique. Le président russe a d’ailleurs salué cette symbolique : "Je suis sûr que le nouveau brise-glace Stalingrad portera dignement ce nom. Travailler dans les conditions difficiles de l’Arctique, ouvrir la voie à travers la glace, deviendra un autre symbole de talent, de force, d’énergie de notre peuple, de sa capacité à mettre en place et à mettre en œuvre les plans les plus audacieux, et à se lever dans les moments les plus difficiles", a-t-il déclaré lors de la pose de la quille du nouveau navire.

La Russie se targue de posséder aujourd’hui la flotte de brise-glaces nucléaires la plus importante au monde : sept unités sont déjà en activité, épaulées par plusieurs dizaines de navires diesel-électriques. Le projet 22220 constitue l’épine dorsale de cette flotte : son navire amiral, l’Arktika, et les trois autres, Sibir, Oural et Yakoutia escortent déjà les convois le long de la route maritime du Nord, assurant le transport de ressources vers l’Asie sans dépendre des détroits plus au sud. Deux autres unités, Tchoukotka et Leningrad, sont toujours en construction sur le chantier naval de la Baltique.

© AFP

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Le brise-glace "Stalingrad", ce nouveau géant nucléaire construit à Saint-Pétersbourg

A Saint-Pétersbourg, un pan entier de la stratégie militaire russe vient de prendre forme sous l’objectif des médias nationaux. Ce mardi 18 novembre, le chantier naval de la Baltique a célébré le début de la construction d’un nouveau géant de l’Arctique, un brise-glace à propulsion nucléaire baptisé "Stalingrad". Le nom, chargé de mémoire, a donné à la cérémonie une dimension historique : parmi les invités, on remarquait la silhouette de Pavel Vinokourov, vétéran de la bataille de Stalingrad, qui s’apprête à souffler ses 103 bougies.

Vladimir Poutine, présent par visioconférence, a profité de l’événement pour marteler la souveraineté technologique de son pays : selon lui, aucune nation, hormis la Russie, n’est capable de produire en série des brise-glaces atomiques puissants et autonomes, fondés sur des technologies strictement nationales.

173 mètres de long et 34 mètres de large

Sous sa coque massive, le Stalingrad s’inscrit dans la lignée des navires du projet 22220, les plus impressionnants brise-glaces jamais construits. Long d’environ 173 mètres et large de 34 mètres, il embarque une puissance de 60 MW capable de propulser cette forteresse d’acier à près de 22 nœuds sur des eaux dégagées (environ 40 kilomètres-heure, NDLR) tout en brisant des glaces de trois mètres d’épaisseur. Sa longévité, pensée pour s’étirer sur quatre décennies, repose sur une architecture à double tirant d’eau et sur deux réacteurs nucléaires RITM-200 qui lui assurent presque sept ans d’activité sans recharge.

L’engin peut aussi bien se faufiler dans les zones profondes de l’océan Arctique que dans les eaux plus étroites et peu profondes à l’embouchure du Ienisseï ou dans la baie d’Ob, ce qui devrait permettre à la Russie d’optimiser les convois de gaz et de pétrole vers les marchés asiatiques. Sa largeur, plus conséquente que celle des générations précédentes, a été pensée pour lui permettre d’escorter les méthaniers et pétroliers les plus imposants actuellement en service.

Le 8e brise-glace nucléaire russe

Ce navire porte un nom inhabituel dans la flotte russe actuelle. Alors que l’appellation des unités nucléaires évoque le plus souvent les régions polaires, Stalingrad renoue de manière frontale avec l’ère soviétique. Le président russe a d’ailleurs salué cette symbolique : "Je suis sûr que le nouveau brise-glace Stalingrad portera dignement ce nom. Travailler dans les conditions difficiles de l’Arctique, ouvrir la voie à travers la glace, deviendra un autre symbole de talent, de force, d’énergie de notre peuple, de sa capacité à mettre en place et à mettre en œuvre les plans les plus audacieux, et à se lever dans les moments les plus difficiles", a-t-il déclaré lors de la pose de la quille du nouveau navire.

La Russie se targue de posséder aujourd’hui la flotte de brise-glaces nucléaires la plus importante au monde : sept unités sont déjà en activité, épaulées par plusieurs dizaines de navires diesel-électriques. Le projet 22220 constitue l’épine dorsale de cette flotte : son navire amiral, l’Arktika, et les trois autres, Sibir, Oural et Yakoutia escortent déjà les convois le long de la route maritime du Nord, assurant le transport de ressources vers l’Asie sans dépendre des détroits plus au sud. Deux autres unités, Tchoukotka et Leningrad, sont toujours en construction sur le chantier naval de la Baltique.

© AFP

Des personnes assistent à la cérémonie de mise à l'eau du brise-glace nucléaire Yakutia au chantier naval Baltic à Saint-Pétersbourg, le 22 novembre 2020.
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Quand Donald Trump s'en prend aux Etats américains qui régulent l'IA

Mardi 18 novembre, sur Truth Social, Donald Trump n’a laissé aucune place au doute. En quelques lignes, écrites en lettres capitales, il a exigé une règle fédérale unique pour encadrer l’intelligence artificielle. "Nous DEVONS disposer d'une norme fédérale unique au lieu d'un patchwork de 50 régimes réglementaires étatiques. Si nous ne le faisons pas, la Chine nous rattrapera facilement dans la course à l'IA. Intégrez-la dans la NDAA ou adoptez un projet de loi distinct, et personne ne pourra jamais rivaliser avec les Etats-Unis." Et l’ordre n’est plus seulement politique : la Maison-Blanche a déjà signé une ordonnance obligeant le ministère de la Justice à poursuivre les Etats qui tenteraient de réguler l’IA à leur manière. Le républicain accuse notamment les Etats américains de freiner l’innovation. Et quoi de pire pour le chantre du MAGA que de risquer de voir son pays dépassé par la Chine.

Une copie de l’ordonnance a été examinée par le Washington Post et le Wall Street Journal, et confirmée auprès de ces médias par une source proche de l’exécutif. Silence total, en revanche, du côté de l’administration Trump, qui refuse pour l’instant de commenter cette information.

Une offensive fédérale pour reprendre le pouvoir

Cette décision de Donald Trump n’était pas imprévisible. Depuis des mois, la Maison-Blanche cherche un moyen de neutraliser les initiatives étatiques. Dans les couloirs du Capitole, ses équipes jouent des coudes pour introduire une forme de moratoire national sur les lois des Etats, en l’associant au conséquent projet de dépenses de défense actuellement débattu.

Une première tentative d’adoption de décret avait tourné court en juillet dernier. Plusieurs élus républicains, dont l’ancienne figure trumpiste Steve Bannon et la sénatrice Marsha Blackburn, s’étaient rebellés. Ils craignaient que la dérégulation totale de l’intelligence artificielle expose les enfants à des risques accrus en ligne et menace de nombreux emplois.

Une proposition similaire voit aujourd’hui le jour. Selon cette dernière, le ministère de la Justice serait chargé de riposter devant les tribunaux contre toute loi jugée "trop restrictive" sur l’intelligence artificielle. En plus, un groupe de travail fédéral analyserait les textes déjà adoptés pour vérifier s’ils entravent, ou non, la liberté d’expression ou le commerce national. Et si un Etat n’obéit pas ? Le département du Commerce pourrait suspendre des financements essentiels, notamment pour l’accès à Internet haut débit. Un moyen de pression extrêmement efficace.

Donald Trump connaît bien cette approche. Ces derniers mois, Washington a poursuivi la Californie, New York et même le Vermont sur d’autres sujets. Objectif : imposer, coûte que coûte, les priorités présidentielles de ce second mandat.

"Un passage en force dissimulé"

Mais cette offensive crée des frictions jusque dans le camp des républicains. Car si Donald Trump parle au nom de la liberté d’entreprendre, des gouverneurs républicains refusent de céder une once de souveraineté. Ron DeSantis, en Floride, et Spencer Cox, en Utah, ont dénoncé publiquement sur X une "prise de pouvoir" du fédéral. "Un passage en force dissimulé dans une loi sur la défense : une insulte aux électeurs", fulmine Ron DeSantis.

Pendant ce temps, les géants technologiques applaudissent. Ils plaident pour un seul cadre juridique, qui leur éviterait de composer avec une mosaïque de règles contradictoires. Une plainte répétée par David Sacks, conseiller du président américain sur l’IA, qui voit dans la fragmentation actuelle un frein à l’innovation américaine.

Mais le risque juridique est bien présent puisque Washington pourrait empiéter sur les droits constitutionnels des Etats. Interrogé par le Washington Post, Travis Hall, du Center for Democracy and Technology, s’alarme : seul le Congrès peut décider d’une telle préemption. Dans le cas contraire, cela représenterait "un mépris des processus démocratiques". Et la promesse de longs combats devant les tribunaux. Une bataille déjà engagée… Et qui ne fait que commencer.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

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Quand Donald Trump s'en prend aux Etats américains qui régulent l'IA

Mardi 18 novembre, sur Truth Social, Donald Trump n’a laissé aucune place au doute. En quelques lignes, écrites en lettres capitales, il a exigé une règle fédérale unique pour encadrer l’intelligence artificielle. "Nous DEVONS disposer d'une norme fédérale unique au lieu d'un patchwork de 50 régimes réglementaires étatiques. Si nous ne le faisons pas, la Chine nous rattrapera facilement dans la course à l'IA. Intégrez-la dans la NDAA ou adoptez un projet de loi distinct, et personne ne pourra jamais rivaliser avec les Etats-Unis." Et l’ordre n’est plus seulement politique : la Maison-Blanche a déjà signé une ordonnance obligeant le ministère de la Justice à poursuivre les Etats qui tenteraient de réguler l’IA à leur manière. Le républicain accuse notamment les Etats américains de freiner l’innovation. Et quoi de pire pour le chantre du MAGA que de risquer de voir son pays dépassé par la Chine.

Une copie de l’ordonnance a été examinée par le Washington Post et le Wall Street Journal, et confirmée auprès de ces médias par une source proche de l’exécutif. Silence total, en revanche, du côté de l’administration Trump, qui refuse pour l’instant de commenter cette information.

Une offensive fédérale pour reprendre le pouvoir

Cette décision de Donald Trump n’était pas imprévisible. Depuis des mois, la Maison-Blanche cherche un moyen de neutraliser les initiatives étatiques. Dans les couloirs du Capitole, ses équipes jouent des coudes pour introduire une forme de moratoire national sur les lois des Etats, en l’associant au conséquent projet de dépenses de défense actuellement débattu.

Une première tentative d’adoption de décret avait tourné court en juillet dernier. Plusieurs élus républicains, dont l’ancienne figure trumpiste Steve Bannon et la sénatrice Marsha Blackburn, s’étaient rebellés. Ils craignaient que la dérégulation totale de l’intelligence artificielle expose les enfants à des risques accrus en ligne et menace de nombreux emplois.

Une proposition similaire voit aujourd’hui le jour. Selon cette dernière, le ministère de la Justice serait chargé de riposter devant les tribunaux contre toute loi jugée "trop restrictive" sur l’intelligence artificielle. En plus, un groupe de travail fédéral analyserait les textes déjà adoptés pour vérifier s’ils entravent, ou non, la liberté d’expression ou le commerce national. Et si un Etat n’obéit pas ? Le département du Commerce pourrait suspendre des financements essentiels, notamment pour l’accès à Internet haut débit. Un moyen de pression extrêmement efficace.

Donald Trump connaît bien cette approche. Ces derniers mois, Washington a poursuivi la Californie, New York et même le Vermont sur d’autres sujets. Objectif : imposer, coûte que coûte, les priorités présidentielles de ce second mandat.

"Un passage en force dissimulé"

Mais cette offensive crée des frictions jusque dans le camp des républicains. Car si Donald Trump parle au nom de la liberté d’entreprendre, des gouverneurs républicains refusent de céder une once de souveraineté. Ron DeSantis, en Floride, et Spencer Cox, en Utah, ont dénoncé publiquement sur X une "prise de pouvoir" du fédéral. "Un passage en force dissimulé dans une loi sur la défense : une insulte aux électeurs", fulmine Ron DeSantis.

Pendant ce temps, les géants technologiques applaudissent. Ils plaident pour un seul cadre juridique, qui leur éviterait de composer avec une mosaïque de règles contradictoires. Une plainte répétée par David Sacks, conseiller du président américain sur l’IA, qui voit dans la fragmentation actuelle un frein à l’innovation américaine.

Mais le risque juridique est bien présent puisque Washington pourrait empiéter sur les droits constitutionnels des Etats. Interrogé par le Washington Post, Travis Hall, du Center for Democracy and Technology, s’alarme : seul le Congrès peut décider d’une telle préemption. Dans le cas contraire, cela représenterait "un mépris des processus démocratiques". Et la promesse de longs combats devant les tribunaux. Une bataille déjà engagée… Et qui ne fait que commencer.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump lors du sommet sur l'IA "Winning the AI Race" à Washington, aux Etats-Unis, le 23 juillet 2025.
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Russie : des soutiens de Vladimir Poutine désormais visés par sa politique de répression

La répression orchestrée par Vladimir Poutine, jusqu’ici dirigée contre les opposants, semble désormais se retourner contre ses propres défenseurs. Une purge silencieuse s’abat sur ceux qui, il y a encore peu, célébraient la guerre et faisaient l’éloge du Kremlin. Etre loyal envers le régime devient aujourd’hui un risque : les partisans du président russe se retrouvent dans le collimateur de l’appareil répressif qu’ils servaient.

Les soutiens désormais ciblés

Pendant des années, certaines figures pro-Kremlin ont incarné la ferveur patriotique que Moscou cherchait à promouvoir. Parmi elles, un commentateur médiatique qui louait la grandeur de Poutine sur les chaînes étrangères, un blogueur militant collectant des fonds pour les troupes russes et prônant une rhétorique génocidaire contre l’Ukraine, et un volontaire ukrainien de l’armée russe, commentateur pour RT, qui regrettait que l’invasion n’ait pas commencé plus tôt.

Mais la loyauté ne protège plus. Ces personnalités, ainsi que d’autres fidèles du Kremlin, ont été récemment étiquetées comme "agents étrangers", une appellation qui servait autrefois uniquement à stigmatiser les voix critiques de Vladimir Poutine. Cette désignation les oblige à se déclarer publiquement, sur les réseaux sociaux. En conséquence, cela les plonge dans des difficultés financières importantes.

Parmi eux, Sergueï Markov, analyste politique proche des élites azerbaïdjanaises, est tombé en disgrâce après la détérioration des relations entre Moscou et Bakou. Il a rapidement contesté cette étiquette, qualifiant sa situation de "malentendu". Roman Alyokhin, blogueur pro-guerre, a, lui, été accusé de détourner des fonds destinés aux troupes russes, après avoir exposé sur ses réseaux une voiture de sport et une montre de luxe. Ce retournement montre que même les soutiens les plus engagés du Kremlin ne sont désormais plus à l’abri.

"Discréditation de l'armée russe"

Les purges continuent également de frapper ceux qui ont longtemps été considérés comme des ennemis du régime. La commentatrice d’origine ukrainienne Tatiana Montyan a été récemment qualifiée de "terroriste et extrémiste", une désignation réservée aux adversaires les plus redoutés du président russe. Elle fait également l’objet d’enquêtes pour détournement de fonds, rejoignant le sort d’anciens collaborateurs d’Alexeï Navalny.

En octobre, la chanteuse Diana Loguinova dite Naoko, le batteur Vladislav Leontiev et le guitariste Sacha avaient été placés en détention durant deux semaines, d'après Le Temps. "Leur 'crime' ? Avoir interprété dans les rues de la 'capitale du Nord' russe des morceaux de certains de leurs aînés, des musiciens bannis du pays pour leur opposition à l’invasion de l’Ukraine, comme Zemfira, le groupe Monetotchka ou le rappeur Noize MC", écrit le quotidien suisse. Leur détention a ensuite été prolongée, les accusations initiales de "hooliganisme" et de "trouble à l’ordre public" étant désormais complétées par celles, plus graves, de "discréditation de l’armée russe".

Moscou n’a pas commenté ces mesures, mais l’ironie de la situation n’échappe pas à l’opposition de longue date. "Il est amusant de constater comment ceux qui n’ont jamais protesté contre l’emprisonnement des libéraux découvrent soudain que la justice en Russie est sélective, que n’importe qui peut être jeté en prison sans raison", observe Ivan Philippov, chercheur et spécialiste du mouvement pro-guerre en Russie dans les colonnes du Guardian. Pour beaucoup, ces purges rappellent la leçon cruelle de l’époque stalinienne : même les plus fidèles ne sont jamais à l’abri du régime.

© afp.com/MAXIM SHIPENKOV

Le président russe Vladimir Poutine, le 4 novembre 2025 à Moscou.
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Guerre en Ukraine : cette nouvelle bombe russe à propulsion qui redéfinit la stratégie du Kremlin

Dans le ciel de Kamianske, trois silhouettes rapides ont filé avant que le grondement des explosions ne secoue la ville. En quelques secondes, des colonnes de fumée se sont élevées au-dessus des immeubles : pour la première fois, cette cité industrielle de la région de Dnipro venait d’être frappée par des bombes guidées à réaction de type UMPK/Grom (KAB). L’information a été révélée par la chaîne Telegram Monitor le 25 octobre, qui a fait état de ces frappes inédites au cœur de l’Ukraine.

Ce nouveau mode d’attaque s’inscrit dans une série d’expérimentations menées par Moscou depuis le début du mois d’octobre. Le 17 puis le 18, des bombes similaires avaient visé pour la première fois Mykolaïv et Lozova, cette dernière frappée par une munition UMPB-5R ayant parcouru 140 kilomètres avant d’exploser dans un quartier résidentiel. Six personnes avaient été blessées et onze bâtiments endommagés. La semaine suivante, l’armée de l’air ukrainienne alertait sur un projectile du même type dirigé vers Berestyn, dans la région de Kharkiv, sans que les conséquences n’aient été révélées.

De 150 à 200 kilomètres de portée

Derrière l’abréviation KAB, acronyme de Korrektiruyemaya Aviabomba, ou "bombe aérienne corrigée", se cache une génération d’armes issues des bombes de l’ère soviétique, profondément modifiées. Conçues à l’origine comme de simples bombes à chute libre, elles ont été transformées en engins intelligents : des ailes pour la portance, un système de guidage GPS ou laser pour la précision, et désormais un moteur à réaction qui leur confère une allonge redoutable.

D’après le Financial Times et les dires de Vadym Skibitskyi, chef adjoint du renseignement militaire ukrainien, certaines de ces munitions expérimentales atteignent aujourd’hui entre 150 et 200 kilomètres de portée, soit plus du double de leurs versions antérieures, limitées à environ 80 kilomètres. Un essai aurait d’ailleurs frôlé les 193 kilomètres. Une performance rendue possible par l’ajout d’un moteur chinois SW800Pro-Y, un petit turbojet comparable à celui d’une mini-fusée, dont le coût n’excéderait pas 18 000 dollars, selon l’analyse du média britannique.

Cette adaptation permet aux avions russes, notamment les Su-34, de larguer leurs charges à très grande distance, sans s’exposer aux défenses aériennes ukrainiennes. Désormais, des villes situées à plus de cent kilomètres de la ligne de front, autrefois considérées comme des zones d’arrière relativement sûres, sont directement exposées à cette nouvelle menace. Les ogives, elles, varient entre 300 kilos et plus d’une tonne et demie, capables d’anéantir des immeubles entiers. Selon les experts ukrainiens, ces bombes laissent derrière elles des cratères de vingt mètres de large pour six de profondeur.

Un danger pour l’Ukraine ?

Cette évolution n’est pas apparue du jour au lendemain : dès 2023, la Russie avait amorcé une transformation de ses "bombes idiotes" en engins semi-guidés. Mais avec l’ajout de la propulsion, la KAB franchit un cap technologique majeur, devenant une véritable bombe planante motorisée, hybride entre la bombe classique et le missile de croisière.

Si Moscou a misé sur cette innovation, c’est avant tout pour compenser son incapacité à dominer dans le ciel ukrainien. "Le recours à la propulsion traduit, paradoxalement, le succès des défenses ukrainiennes", observe Wes Rumbaugh, chercheur au Center for Strategic and International Studies dans les colonnes du Kyiv Independent. Incapables d’approcher les zones cibles, les bombardiers russes n’ont d’autre choix que d’étendre la portée de leurs munitions. Cette évolution technologique coïncide avec une intensification des attaques aériennes visant les infrastructures énergétiques et civiles, à l’approche de l’hiver.

Pour l’armée ukrainienne, la menace reste contenue mais préoccupante. "Ces armes ne changent pas fondamentalement la donne, elles reprennent la même logique qu’une bombe classique lancée depuis un Su-34 ou un Su-24", explique Yurii Ihnat, porte-parole de l’armée de l’air, sur la chaîne Suspilne. "Leur trajectoire ressemble à celle d’un missile de croisière, ce qui les rend théoriquement interceptables par nos systèmes de défense", a-t-il continué. Mais le problème est ailleurs : les stocks de missiles antiaériens s’amenuisent et chaque interception coûte infiniment plus cher que le lancement d’une KAB motorisée.

© afp.com/Marina MOISEIENKO

Désormais, des villes situées à plus de cent kilomètres de la ligne de front, autrefois considérées comme des zones d’arrière relativement sûres, sont directement exposées à cette nouvelle menace.
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New York, Californie… Avec leurs victoires, les démocrates donnent enfin une "preuve de vie"

"Une ascension spectaculaire", titre le Los Angeles Times. Mardi 4 novembre, Zohran Mamdani a été élu maire de New York. A 34 ans, le démocrate a devancé l’ancien gouverneur Andrew Cuomo et le républicain Curtis Sliwa, s’imposant grâce à une campagne centrée sur l’accessibilité financière et les services publics. Le Los Angeles Times le souligne : le socialiste laissera son empreinte dans l’histoire "comme le premier maire musulman de la ville, le premier d’origine sud asiatique et le premier né en Afrique", mais aussi "le plus jeune maire de la ville depuis plus d’un siècle".

Dès janvier prochain, le futur maire de New York sera confronté à un défi de taille : concrétiser ses promesses ambitieuses, jugées parfois irréalistes par ses détracteurs. Parmi celles-ci, la gratuité des transports en commun, celle de la garde d’enfants, ou encore la création de magasins alimentaires gérés par la ville.

La victoire de Zohran Mamdani s’inscrit dans une série de succès démocrates. Dans la soirée, d’autres candidats de son bord politique ont remporté des postes clés sur la côte Est et au-delà. Les électeurs ont ainsi porté Abigail Spanberger à la gouvernance de Virginie et Mikie Sherrill à celle du New Jersey. En Californie, un référendum approuvé redessine les circonscriptions électorales, ce qui pourrait "coûter leurs sièges à cinq républicains " et améliorer les chances démocrates lors des élections de mi-mandat de 2026, note USA Today.

"Le Parti démocrate n’est pas vaincu"

Le quotidien national qualifie ainsi la soirée de "preuve de vie" donnée par le parti, soulignant que "même sans base de pouvoir national, sans candidat en tête pour la prochaine présidentielle, sans stratégie cohérente contre Trump et avec des classements historiquement bas auprès des électeurs, le Parti démocrate n’est pas vaincu".

Le Wall Street Journal voit dans ces résultats un avertissement pour les républicains : "Les démocrates inversent la donne sur la question du pouvoir d’achat, surtout lorsqu’ils évitent les pièges culturels de l’aile gauche." Les candidats démocrates ont en effet centré leurs campagnes sur des préoccupations concrètes et quotidiennes : l’augmentation des coûts du logement, des soins de santé et de l’énergie, ainsi que l’accès aux services publics essentiels. Comme le souligne USA Today, c’est cette stratégie qui a permis à des candidats comme Abigail Spanberger et Mikie Sherrill de s’imposer dans leurs Etats respectifs.

Pas de garantie pour 2026

Les analystes du Wall Street Journal expliquent également ces victoires par la désaffection croissante envers l’actuel président : sa cote de popularité, à 44 % dans le New Jersey et 42 % en Virginie selon les sondages à la sortie des urnes, illustre le coût de ses positions politiques controversées, dont la récente fermeture partielle du gouvernement. CNN résume la situation : ces élections étaient "une première opportunité pour les électeurs de se prononcer sur Trump depuis l’élection présidentielle".

L’issue reste toutefois incertaine pour les élections de mi-mandat de 2026. Comme le note le Wall Street Journal, "les élections de Virginie et du New Jersey ont toujours été des courses difficiles (à remporter, NDLR) pour le parti au pouvoir à la Maison-Blanche". Une question posée par USA Today reste donc sur toutes les lèvres : "Les démocrates pourront-ils le refaire l’année prochaine ?". Pour le New York Times, il ne reste plus qu’à patienter pour connaître la réponse : "La question de savoir si les dirigeants démocrates sont prêts à faire de la place à un large éventail d’idéologies au sein du parti […] est une question ouverte sur laquelle les mi-mandats de 2026 feront la lumière."

© afp.com/Leonardo Munoz

Zohran Mamdani, vainqueur de la course à la mairie de New York, vote dans le quartier du Queens, le 4 novembre 2025 à New York.
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Etats-Unis : ces quatre élections que les démocrates comptent bien remporter ce mardi

Quatre scrutins décisifs ont lieu ce mardi 4 novembre aux États-Unis. À New York, la capitale économique du pays choisit son nouveau maire ; en Virginie et dans le New Jersey, les électeurs élisent leurs gouverneurs ; en Californie, un référendum pourrait bouleverser la carte électorale. Des tests pour mesurer l’influence de Donald Trump, mais surtout un moment clé pour le Parti démocrate, qui tente de regagner du terrain après sa défaite de l’an dernier lors de l’élection présidentielle.

A New York, la gauche sous les projecteurs

À l’aube, les premiers électeurs new-yorkais glisseront leur bulletin dans l’urne. De 6 heures du matin à 21 heures (soit de 12 heures à 3 heures du matin en France), la mégalopole élit son 111e maire. Depuis des mois, un nom domine les sondages : Zohran Mamdani, 34 ans, musulman d’origine indienne et figure montante de la gauche du Parti démocrate. Farouche opposant à Donald Trump, il promet des loyers encadrés, des crèches gratuites et un réseau de bus public sans frais : un programme social-démocrate qui divise jusqu’au sein de son propre camp.

Face à lui, l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, battu lors de la primaire démocrate et revenu en indépendant, joue sa survie politique. Donald Trump, lui, a pris un malin plaisir à s’inviter dans la bataille : "Entre un mauvais démocrate et un communiste, je choisis le mauvais démocrate", a-t-il lancé dimanche sur CBS, visant tour à tour Andrew Cuomo et Zohran Mamdani. "Si le candidat communiste Zohran Mamdani remporte l’élection pour devenir maire de New York, il est très peu probable que je contribue avec des fonds fédéraux, à l’exception du strict minimum requis", a-t-il aussi menacé lundi soir sur son réseau Truth Social.

Malgré ces attaques, Zohran Mamdani fait toujours la course en tête, tandis que la participation bat déjà des records : plus de 735 000 votes anticipés, quatre fois plus qu’en 2021. L’ancien président Barack Obama lui-même a salué sa campagne, tout en dénonçant les "attaques islamophobes" venues des partisans d’Andrew Cuomo. Dans un État longtemps acquis aux démocrates, mais où Donald Trump avait spectaculairement réduit l’écart à la dernière présidentielle, l’élection du jour vaut test : celle d’une gauche new-yorkaise capable, ou non, de tenir face à la marée conservatrice.

En Virginie et au New Jersey : deux scrutins tests pour Donald Trump

Un an après la réélection de Donald Trump, la Virginie et le New Jersey votent pour leurs gouverneurs. Des scrutins régionaux en théorie, mais en réalité, de véritables sondes politiques du second mandat du président républicain. En Virginie, une page d’histoire pourrait s’écrire : la démocrate Abigail Spanberger, ex-agente de la CIA, est donnée favorite pour devenir la première femme à diriger l’État. Son adversaire, la républicaine Winsome Earle-Sears, ancienne Marine, paie une campagne chaotique et un manque criant de fonds.

Dans le New Jersey, la partie s’annonce plus serrée. La démocrate Mikie Sherrill, ex-pilote d’hélicoptère de la marine, affronte l’homme d’affaires Jack Ciattarelli, 63 ans, soutenu par Donald Trump. Le soixantenaire joue à un jeu dangereux : mobiliser la base trumpiste sans effrayer les électeurs centristes. Il y a quatre ans, Joe Biden avait remporté ces deux États haut la main. Mais lors de la dernière présidentielle, Donald Trump a réduit l’écart face à Kamala Harris. Autant dire que le verdict de ce mardi pèsera lourd.

En Californie, la riposte démocrate

À l’autre bout du pays, la Californie s’apprête à contrer Donald Trump. Le "Golden State" vote sur la "Proposition 50", un référendum qui vise à modifier sa Constitution afin de permettre un redécoupage électoral. Une réponse directe à la manœuvre enclenchée cet été au Texas, où les alliés du président américain ont remodelé les circonscriptions pour faire élire cinq républicains supplémentaires.

Les redécoupages n’interviennent normalement que tous les dix ans aux États-Unis. Mais pour contrer la manœuvre inhabituelle des républicains au Texas, la Californie organise donc un référendum extraordinaire. Objectif : modifier sa Constitution pour pouvoir, elle aussi, modifier sa carte électorale au bénéfice du camp démocrate. Face à ce qu’ils jugent comme une offensive sans précédent du camp républicain, le gouverneur Gavin Newsom et son camp, soutenus par Barack Obama, ont choisi de riposter. Et le public suit : les sondages annoncent une victoire large du "oui", au point que le gouverneur a suspendu sa levée de fonds une semaine avant le vote.

© afp.com/ANGELA WEISS

Le candidat à la mairie de New York Zohran Mamdani lors d'un événement à Brooklyn, New York, le 30 octobre 2025
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