Tesla a voulu forcer la main des Pays-Bas pour valider sa conduite autonome en Europe, ça ne s’est pas bien passé
La conduite entièrement autonome supervisée, comme Tesla l’appelle très sérieusement outre-Atlantique, arrivera-t-elle finalement en Europe en début d’année prochaine ? Le constructeur en est convaincu, nous beaucoup moins. Elon Musk en personne promettait l’arrivée du FSD (Full-Self Driving) dès la fin de l’année 2022. En septembre 2024, une autre rumeur évoquait sa disponibilité début 2025 et alors que les fêtes de fin d’année approchent, force est de constater que l’on n’a toujours rien de concret. On a l’habitude des chronologies optimistes, pour ne pas parler de mensonges, du milliardaire, même si cette fois, cela semble devenir plus concret.
En effet, le compte officiel de Tesla en Europe a publié il y a quelques jours un message sur X qui promettait la disponibilité du FSD en Europe dès février 2026. Ce long message commence par détailler tout le travail effectué pendant « plus de 12 mois » (on se demande bien ce qu’ils ont fait du travail certainement mené entre 2022 et aujourd’hui) pour adapter la conduite semi-autonome maison au cadre local, avant de se plaindre des règles européennes. C’est de bon ton de nos jours, surtout de la part d’une entreprise américaine, même s’il faut noter que la firme d’Elon Musk ne se prive jamais de reporter la faute sur les autorités, y compris dans son propre pays.
Quoi qu’il en soit, Tesla cherche à obtenir une approbation de la part de la RDW (Dienst Wegverkeer) néerlandaise, une agence gouvernementale qui régule le secteur automobile. Le constructeur automobile a des liens historiques forts avec les Pays-Bas, qui ont toujours été sa porte d’entrée vers l’Europe. De la même manière, si le pays approuve le FSD (Supervised) actuel, le système pourrait ensuite être approuvé par les autres pays membres de l’Union européenne. Tesla y a par ailleurs testé la conduite autonome dès avril 2025, comme en témoigne cette vidéo publiée à l’époque.
FSD Supervised in Europe, pending regulatory approval pic.twitter.com/PYkcATjSUN
— Tesla Europe & Middle East (@teslaeurope) April 5, 2025
Ce n’est pas le seul pays qui a vu circuler des Tesla avec le système actif pendant cette phase de tests : les Parisiens ont aussi pu croiser des véhicules en mai dernier, par exemple. Il faut dire que, comme l’explique le constructeur dans son message, il devait apporter des preuves concrètes de son bon fonctionnement. En un an, l’entreprise a ainsi fait rouler ses véhicules avec une bêta du FSD (Supervised) pendant un million de kilomètres et à travers 17 pays.
Tesla fait rouler sa conduite entièrement autonome (supervisée) autour de la Place de l’Étoile
Pour que son assistant à la conduite supervisé par un humain soit approuvé, Tesla doit convaincre les autorités que son système respecte les règles actuelles. Il lui faudra aussi obtenir des dérogations par rapport à la réglementation européenne. Il n’y a pas encore de cadre légal permettant une conduite autonome sans maintenir ses mains sur le volant hors des autoroutes et c’est justement tout l’intérêt de la fonctionnalité telle que le constructeur la propose dans son pays. Sachant probablement que le combat va être difficile à mener, l’entreprise d’Elon Musk a tenté de passer en force en indiquant dans sa communication que la RDW s’est engagée à répondre en février et surtout en incitant ses nombreux fans à faire pression en envoyant un message à l’agence pour réclamer l’approbation du système.
Sans trop de surprise, la réaction ne s’est pas faite attendre et l’autorité néerlandaise ne se laisse pas impressionner. Dans un communiqué publié deux jours après le coup de pression de Tesla, la RDW refuse de commenter les demandes en cours des constructeurs automobiles, tout en reconnaissant qu’elle coopère actuellement avec Tesla et qu’ils avaient en effet convenu ensemble d’une étape à l’échéance annoncée. L’entreprise américaine devra alors avoir démontré que son système répond aux exigences et si c’est bien le cas, le système pourra être approuvé. Le calendrier est toutefois moins assuré et le communiqué souligne même que des reports pourraient être nécessaires. L’agence termine en demandant au public de ne plus les contacter à ce sujet : cela ne servira pas à accélérer le dossier et ces messages de masse perturbent la prise en charge des autres demandes.
Sans aller jusqu’à conclure que Tesla a ainsi gâché sa chance de valider sa conduite autonome supervisée en Europe, on peut penser que les autorités néerlandaises auront au minimum un a priori négatif concernant la demande. Reste le plus dur de toute manière : prouver que cette assistance à la conduite qui est censée diriger la voiture en toute autonomie tout en exigeant une supervision constante d’un humain est suffisamment sûre pour les standards européens. Même si le cadre réglementaire actuel est probablement trop contraignant, il y a peu de chances pour que les autorités valident toutes les demandes sans s’assurer que des mesures de sécurité restent bien en place.
Est-ce que le FSD (Supervised) sera effectivement proposé en Europe l’année prochaine ? On aura peut-être un début de réponse en février, mais même si les Pays-Bas valident la demande à ce moment-là, il faudra ensuite un vote de l’Union européenne pour une validation à l’échelle du continent. Autant dire qu’il faudra faire preuve de patience même si Tesla a un dossier absolument béton, ce qui est déjà loin d’être garanti.