InvestAI : une alliance et jusqu’à 200 milliards d’euros potentiels pour l’IA en Europe
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L’Union européenne s’est engagée mardi à débloquer 50 milliards d’euros en faveur du développement de l’économie de l’IA en Europe. Via ce nouveau plan baptisé InvestAI, l’institution accompagne les promesses formulées par une alliance de plus de 60 grandes entreprises, pour former un investissement public-privé susceptible d’atteindre 200 milliards d’euros. Si tout le monde semble aligné sur l’objectif, les avis divergent quant au meilleur moyen pour y parvenir.
Alors que la France caracole avec ses projets d’investissements dans l’IA et que JD Vance, vice-président des États-Unis, vient de prévenir que son administration ferait tout le nécessaire pour que l’Amérique reste leader de la course à l’IA, Ursula von Der Leyen ne pouvait pas venir à Paris les mains vides. Mardi à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’IA, elle a annoncé que l’Union européenne allait engager 50 milliards d’euros supplémentaires dans la course à l’intelligence artificielle sur le Vieux continent, au travers d’une nouvelle initiative baptisée InvestAI.
20 milliards d’euros dédiés à des « gigafactories » de l’IA
Cette enveloppe irriguera notamment un nouveau fonds européen, doté de 20 milliards d’euros et dédié à la création de giga-usines dédiées à l’intelligence artificielle : des datacenters équipés d’au moins 100 000 GPU.
« Le fonds InvestAI de l’UE financera quatre futures giga-usines d’IA dans l’ensemble de l’UE. Les nouvelles giga-usines d’IA seront spécialisées dans la formation des modèles d’IA les plus complexes et les plus volumineux », indique la Commission européenne dans un communiqué. Le reste des 50 milliards d’euros évoqués mardi devrait quant à lui intervenir comme un prolongement des programmes de financement européens disposant déjà d’une composante numérique, dont Horizon Europe et InvestEU.
« En l’espace de quelques mois, nous avons mis sur pied 12 usines d’IA, un record. Et nous y consacrons 10 milliards d’euros d’investissement. Il ne s’agit pas d’une promesse, mais bien de ce qui se passe en ce moment même, à savoir le plus grand investissement public au monde en faveur de l’IA. Il permettra de multiplier par plus de dix ce montant en investissements privés », a affirmé Ursula von Der Leyen.
Comme souvent, c’est sur le potentiel de l’action combinée du public et du privé que se sont portés les calculs. À Paris mardi, la présidente de la Commission européenne a ainsi mis l’accent sur la façon dont InvestAI allait permettre de mobiliser non pas 50 milliards, mais 200 milliards d’euros en faveur de l’IA en Europe.
150 milliards d’euros d’investissements privés…
Ursula von Der Leyen a pour ce faire emboîté le pas à une autre annonce, formulée lundi matin, en ouverture du Sommet : la création de l’alliance « EU AI Champions ». Cette fois, l’initiative est privée. Elle réunit plus de 70 entreprises européennes, parmi lesquelles de grands acteurs de la tech (ASML, SAP, Dassault Systèmes, Infineon), des opérateurs (Orange, T-Mobile), des startups de l’IA (Mistral, Pigment) et des poids lourds de l’économie allant de L’Oréal à Publicis en passant par Renault, TotalEnergies ou BNP Paribas.
Ensemble, ces entreprises qui revendiquent un poids cumulé de l’ordre de 3 000 milliards d’euros et 3,7 millions de salariés, se disent prêtes à soutenir le développement de l’IA à l’échelle européenne. Dans un manifeste publié sur leur site, elles se disent prêtes à s’investir, et donc à investir. « Alors que la course mondiale au développement et au déploiement de l’IA s’intensifie, l’Europe doit agir de manière décisive pour définir son rôle. Nous devons emmener le mouvement avec vision et détermination, sinon nous risquons d’être laissés pour compte ».
Dans un communiqué (PDF), l’alliance estime que par son entremise, plus de vingt gestionnaires d’actifs internationaux sont prêts à investir en Europe, à hauteur de 150 milliards d’euros sur cinq ans. « Cela souligne l’immense potentiel de transformation de l’IA dans la région et attirera encore plus de talents et de capitaux, accélérant ainsi l’adoption de l’IA dans les industries européennes ».
… mais pas sans conditions
C’est cette somme que reprend Ursula von Der Leyen dans son discours, et qui permet d’arriver aux fameux 200 milliards d’euros :
« Je me félicite de l’initiative « EU AI Champions », qui s’engage à hauteur de 150 milliards d’euros provenant des fournisseurs, des investisseurs et des acteurs du secteur. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’annoncer que nous pouvons ajouter à cela 50 milliards d’euros grâce à notre initiative InvestAI. Nous avons donc pour objectif de mobiliser un total de 200 milliards d’euros d’investissements dans le domaine de l’IA en Europe ».
L’addition est juste, mais elle occulte cependant une partie du discours tenu par l’alliance EU AI Champions. Cette dernière accompagne en effet ses promesses d’investissements potentiels d’un certain nombre de demandes, liées notamment à la simplification des lois européennes en matière de technologies. Elle appelle ainsi explicitement à la création d’un « cadre réglementaire de l’IA drastiquement simplifié », vœu auquel les RGPD et autres AI Act ne répondraient manifestement pas.
L’initiative EU AI Champions est notamment incarnée par l’Allemande Jeannette zu Fürstenberg, dirigeante historique d’un fonds allemand spécialisé dans les startups et l’IA, aujourd’hui absorbé par General Catalyst, un grand gestionnaire d’actifs américain.