Grand Pro Circuit : le retour à La Source



The Walt Disney Company a annoncé jeudi un investissement d’un milliard de dollars dans OpenAI. Il s’accompagne d’un accord de licence sur trois ans autorisant l’éditeur de ChatGPT et surtout de l’IA générative vidéo Sora à exploiter l’image de plus de 200 personnages issus des grandes franchises de l’empire Disney, de Mickey à Marvel en passant par Star Wars, Cendrillon ou le Roi Lion.
Avalanche de vidéos de sabres laser à la physique approximative en vue ? The Walt Disney Company a annoncé jeudi concéder à OpenAI le droit d’utiliser plus de 200 personnages issus de son immense catalogue cinématographique, en vue de nourrir son IA générative dédiée à la vidéo, Sora.
Le contrat prend la forme d’un accord de licence portant sur trois ans, selon les termes duquel Sora « pourra générer de courtes vidéos sociales à la demande des utilisateurs (…) en s’appuyant sur un ensemble de plus de 200 personnages animés, masqués et créatures de Disney, Marvel, Pixar et Star Wars, comprenant costumes, accessoires, véhicules et environnements emblématiques. »
Si les modèles Sora sont présentés comme les principaux bénéficiaires du contrat, celui-ci englobe également la création d’images au sein de ChatGPT, qui acceptera donc de traiter les prompts faisant allusion à des personnages de Disney.
Outre l’intégration aux modèles génératifs, Disney concède également à OpenAI l’autorisation de distribuer les contenus IA produits à partir de sa propriété intellectuelle. Une façon de garantir que les internautes utilisateurs de Sora auront bien le droit de diffuser les vidéos en question sur les réseaux sociaux.
L’accord n’intègre en revanche ni l’image, ni la voix des acteurs humains ayant pu incarner ou doubler les personnages en question, prennent bien soin de préciser les deux entreprises, qui affirment par ailleurs leur ambition de défendre aussi bien « la sécurité des utilisateurs » que « les droits des créateurs ».
Pour quel montant Disney, poids lourd mondial du divertissement, a-t-il accepté de laisser OpenAI exploiter de la sorte ses personnages, et ce alors que Sora 2 n’est pas exempt de défauts quant à des usages détournés ? La dimension financière de cet accord de licence est dissimulée au sein d’un contrat à plus grande échelle, qui conduit Disney à devenir à la fois client et investisseur d’OpenAI.
« Dans le cadre de cet accord, Disney investira 1 milliard de dollars en actions dans OpenAI et recevra des bons de souscription lui permettant d’acquérir des actions supplémentaires », indiquent les deux entreprises.
Disney s’engage dans le même temps à exploiter les outils d’OpenAI, à la fois via API, dans le développement de ses propres services, dont le service de streaming Disney+, mais aussi en interne, avec un déploiement programmé de ChatGPT auprès de ses salariés.
« L’essor rapide de l’intelligence artificielle marque un tournant important pour notre secteur, et grâce à cette collaboration avec OpenAI, nous étendrons de manière réfléchie et responsable la portée de nos récits grâce à l’IA générative, tout en respectant et en protégeant les créateurs et leurs œuvres », résume Bob Iger, CEO de The Walt Disney Company, dans un communiqué.
Cet accord d’une ampleur inédite souligne qu’après les grands quotidiens de la presse (en France, le Monde est partenaire d’OpenAI) ou les majors de la musique, les poids lourds du cinéma acceptent eux aussi de s’associer avec les acteurs de l’IA générative, plutôt que de devoir ferrailler en justice contre ces derniers. Jusqu’ici, Disney avait privilégié la voie du contentieux, comme en témoignent les poursuites engagées à l’encontre de MidJourney en juin dernier. En signant avec OpenAI, le groupe montre à l’ensemble du secteur qu’il est possible de trouver un terrain d’entente, ce qui suscitera sans doute d’autres accords entre studios hollywoodiens et acteurs de l’IA, même si tout le monde n’a pas le pouvoir de négociation d’un Disney.
OpenAI n’avait pas attendu de signer un contrat similaire pour utiliser le style des studios Ghibli.
Mal à l'aise depuis son arrivée l'été dernier au Stade de Reims, l'attaquant Antoine Leautey est de retour à l'Amiens SC.
Comme pressenti depuis le limogeage de Luis Castro, survenu la veille en fin de journée, Ahmed Kantari est devenu, ce jeudi, le nouvel entraîneur principal du FC Nantes. Un poste qu'il est censé occuper jusqu'à la fin de la saison.
Pour soutenir le journaliste français, Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie, la Fédération française affichera son portrait devant son siège à Paris. Ancien patron de l’ANSSI, Guillaume Poupard s’apprête à quitter la direction générale adjointe de Docaposte au profit d’un poste à la tête d’Orange, en tant que Chief Trust Officer, soit responsable de la « confiance et souveraineté » à compter du 1er février 2026. L’opérateur a annoncé jeudi après-midi ce recrutement d’une personnalité emblématique du secteur français de la cybersécurité, confirmant l’information sortie la veille par l’Informé.
Guillaume Poupard sera rattaché directement à Christel Heydemann, directrice générale du groupe, et aura pour mission « de définir et d’incarner la stratégie d’Orange en matière de souveraineté et de confiance », indique un communiqué. À ce titre, il contribuera « à accélérer le développement d’offres innovantes en cybersécurité (B2C et B2B), cloud et IA de confiance, en étroite collaboration avec Orange Business et Orange Cyberdéfense ».
Cet ingénieur général de l’armement et docteur en cryptologie a précédemment occupé la tête de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), de 2014 à 2022, date à laquelle il a quitté ses fonctions pour rejoindre Docaposte, la branche des activités numériques du groupe La Poste. À l’ANSSI, Guillaume Poupard a été remplacé par Vincent Strubel, qui dirige toujours l’agence aujourd’hui.

Après la bagarre survenue en parcage visiteurs au Havre, dimanche (0-0), les membres du Old Clan, l'un des groupes de supporters ultras du Paris FC, a annoncé ce jeudi sa décision de se mettre en sommeil.
Les joueuses du Paris FC vont continuer leur parcours en Ligue des champions grâce à leur victoire mercredi soir à Oslo face à Valerenga (1-0). Avant de recevoir le FC Barcelone mercredi prochain, les Parisiennes sont assurées de disputer les barrages.
Perpignan a annoncé ce mercredi le recrutement pour les trois prochaines saisons de l'ailier international néo-zélandais de 28 ans Sevu Reece. Un invraisemblable transfert qui pourrait servir d'électrochoc dans sa course au maintien en Top 14. 

McDonald’s Pays-Bas a récemment diffusé une publicité de Noël aux séquences générées par IA. La vidéo a rapidement suscité des sarcasmes sur les réseaux sociaux, conduisant à son retrait. Les justifications de l’agence en charge de la création n’ont pas arrangé la situation, illustrant les tensions que l’IA générative pourrait faire peser un jour sur l’industrie de la publicité.
Baptisée It’s the Most Terrible Time of The Year, la vidéo de Noël de McDonald’s Pays-Bas, se voulait l’incarnation du nouveau champ des possibles ouverts par l’IA. Produite par l’agence hollandaise TBWA/Neboko, la mise en ligne de cette campagne s’est en effet accompagnée d’une communication visant à souligner le caractère novateur de cette création publicitaire, fruit d’une collaboration « avec un réseau international de partenaires spécialisés en IA ».
Le concept ? Une référence inversée à la célèbre chanson d’Andy Williams, pour souligner la façon dont les festivités de fin d’année peuvent se changer en autant de déconvenues, entre chutes sur un trottoir verglacé, cookies brûlés, guirlandes aux courts-circuits explosifs et paquets-cadeaux renversés… alors qu’il suffit bien sûr de passer les portes d’un restaurant McDonald’s pour être touché par la douce féérie de Noël.

Bref, le message est relativement classique, et la pub en question aurait sans doute fait l’objet d’une diffusion sans histoire si quelques détails n’étaient pas venus souligner de façon un peu trop flagrante le recours à des modèles d’IA générative, entre visages dignes de mannequins de cire, bras qui semble se désintégrer, ou chat qui saute selon une drôle de ligne droite avant de percuter puis de faire s’effondrer un sapin…
Le rythme haché, avec des scènes qui ne durent pas plus de trois ou quatre secondes, constituait si nécessaire un indice supplémentaire : les modèles spécialisés dans la vidéo peinent en effet à maintenir plus longtemps la cohérence visuelle sans artefacts visibles. Ici, il n’y avait cependant pas vraiment besoin de jouer les Sherlock, puisque le recours à l’IA a été publiquement assumé par l’agence en charge de la création.
L’annonce de la vidéo, puis son relais par des comptes spécialisés dans le suivi des campagnes de création publicitaire, a rapidement suscité quelques critiques sur les réseaux sociaux, avec des messages s’étonnant par exemple de la « créativité » revendiquée par l’agence. La vidéo initialement publiée sur YouTube a quant à elle reçu un ratio J’aime / Je n’aime pas très largement défavorable, ainsi que des commentaires peu amènes établissant des parallèles entre cette pub et les qualités gustatives des sandwichs de l’enseigne. Résultat des courses, la vidéo en question a été rapidement dépubliée, même s’il en subsiste de nombreux miroirs.
McDonald's has released an AI-generated Christmas ad
— Culture Crave
The studio behind it says they 'hardly slept' for several weeks while writing AI prompts and refining the shots — 'AI didn't make this film. We did'
Comments have been turned off on YouTube pic.twitter.com/Es5ROvI7n2(@CultureCrave) December 8, 2025
L’affaire aurait sans doute pu en rester là si les prestataires en charge de la réalisation n’avaient pas vigoureusement défendu leur travail. Le studio The Sweetshop, responsable de la production via sa branche spécialisée dans l’IA, The Gardening.club, s’est d’abord exprimé dans un message, supprimé depuis, dont la teneur véhémente, reproduite par d’autres médias spécialisés, a certainement contribué à la formation d’un effet Streisand.
« Pendant sept semaines, nous n’avons quasiment pas dormi, avec jusqu’à dix de nos spécialistes internes en IA et post-production chez The Gardening Club travaillant en étroite collaboration avec les réalisateurs », défend le studio, avant de décrire un long processus de production, puis de post-production, avec des « retouches à l’échelle du pixel », des « milliers d’itérations », la correction d’effets physiques, la suppression d’artefacts, etc. Et de conclure, avec un joli sens de la formule :
« Je ne vois pas ce spot comme une simple curiosité ou une expérience saisonnière amusante. Pour moi, c’est la preuve de quelque chose de bien plus important : lorsque le savoir-faire et la technologie se conjuguent à une intention précise, ils peuvent créer une œuvre d’une véritable dimension cinématographique. Alors non, ce n’est pas l’IA qui a fait ce film. C’est nous. »
« L’avenir est là, et il ne s’annonce pas bien », réagit de façon ironique un utilisateur d’Instagram. Quoi que l’on pense de ce spot aux couleurs de McDonald’s, la position du studio souligne en effet un état de fait : l’IA générative s’est officiellement frayé un chemin dans le processus de production des agences de publicité, qui revendiquent d’ailleurs des moyens humains significatifs.
Ainsi, Coca-Cola aurait, via agences, fait plancher 100 personnes autour de l’assemblage de 70 000 segments vidéo pour parvenir à la réalisation de son propre spot de Noël « full IA », vilipendé par la presse comme par les internautes. « La publicité la plus fructueuse de l’histoire de Pepsi », ironise l’un d’entre eux sur YouTube, liké plus de 20 000 fois.
Interrogé début novembre, lors de la publication de cette vidéo, Coca-Cola a refusé de révéler quel budget avait été consacré à la production de cette campagne, dont la diffusion était prévue dans 140 pays. Son directeur marketing a cependant admis que la production avait été à la fois plus rapide et plus économique que si le spot avait été réalisé sans recours à l’IA.
Quels seront les effets sur les métiers de la création publicitaire ? « Il est raisonnable de conclure que la créativité IA est désormais la norme et non plus l’exception, laissait déjà entendre cet été le cabinet d’analyse Forrester. « Une agence a accéléré sa mise sur le marché de 80 % ou plus par rapport à ses projets sans IA. D’autres agences ont réduit leurs coûts de production de 40 à 50 %. Et les marques internationales qui intègrent l’IA à l’ensemble de leur stratégie marketing ont vu leurs performances publicitaires augmenter jusqu’à 70 % ».
En attendant de voir si les publicitaires des Pays-Bas ont toujours les moyens de venir manger chez McDo, l’enseigne pourra régler avec son agence un autre litige potentiel. Sur LinkedIn, où la boîte de production a reproduit son message de défense dans une version édulcorée, un directeur artistique français souligne, lien à l’appui, que le concept même de la publicité est une reprise éhontée d’un spot de Noël élaboré en 2018 par Publicis pour Orange.


Créateur de l’emblématique montre connectée Pebble, Eric Migicovsky a présenté mardi sa dernière création : une bague connectée faisant office de dictaphone.
Baptisée Pebble Index 01, disponible en trois coloris (argent, noir, or) et en plusieurs tailles, l’accessoire se veut une réponse simple à une problématique simple : enregistrer des notes au moment où l’idée survient, sans se soucier d’avoir à chercher son smartphone ou son bloc-notes. La bague présente un unique bouton, situé sur sa face supérieure, qui permet de déclencher un enregistrement audio, avec un clic sensible pour éviter les activations involontaires.
Les séquences enregistrées (jusqu’à cinq minutes peuvent être stockées sur la bague) sont ensuite transmises de façon chiffrée au smartphone de l’utilisateur via l’application Pebble, disponible en open source, sur Android ou iOS. C’est cette dernière qui se charge de les convertir en texte grâce à des modèles, eux aussi open source, exécutés en local.

Si les performances ne sont pas suffisantes, une option payante permet d’accéder à un modèle text-to-speech exécuté dans le cloud. À ce niveau, Eric Migicovsky a pour l’instant fait le choix de Whisper en local, et de Wispr Flow pour les traitements à distance.
Le fondateur de Pebble, qui a relancé ses célèbres montres connectées en début d’année, promet une approche très ouverte de son hardware. La Pebble Index 01 doit notamment permettre de paramétrer ses propres actions sur le bouton (par exemple, le déclenchement à distance de l’appareil photo de son smartphone), ou même de programmer des interactions vocales grâce à MCP (Model Context Protocol).
« L’Index 01 est avant tout conçue pour vous aider à mémoriser des informations. Nous souhaitons qu’elle soit parfaitement fiable dans sa fonction principale. Cependant, nous laissons la possibilité de la personnaliser et de créer de nouvelles interactions et actions », résume Eric Migicovsky.
Sur le plan physique, la conception de la bague présente toutefois une contrainte de taille : elle ne dispose pas d’une batterie rechargeable mais d’une pile à l’oxyde d’argent non remplaçable. « L’ajout d’un circuit de charge et l’intégration d’un chargeur rendraient le produit plus volumineux et plus cher », justifie Migicovsky. Il affirme que son entreprise assurera le recyclage des produits renvoyés par les clients, sans préciser les modalités de retour ou de traitement.

La durée de vie ne serait cependant pas un problème selon lui. La pile embarquée autorise en effet 12 à 15 heures d’enregistrement, ce qui offrirait une autonomie de plus de deux ans, dans un scénario dans lequel l’utilisateur procéderait à dix ou vingt enregistrements de trois à six secondes par jour.
La Pebble Index 01 est dès à présent proposée à la précommande pour 75 dollars, avec des livraisons prévues aux alentours de mars 2026. Son prix public s’établira ensuite à 99 dollars.
Donald Trump a fièrement annoncé lundi la fin de l’interdiction à l’export vers la Chine des puces dédiées à l’IA H200 de NVIDIA. Cette autorisation, qui exclut les modèles les plus récents, se fait cependant sous conditions, et au prix d’une taxe de 25 % prélevée par l’administration américaine. La déclaration du président intervient alors que des sénateurs tentent de durcir les conditions d’export de composants IA vers la Chine, et que cette dernière semble vouloir jouer la carte de la préférence nationale.
Comme souvent avec Donald Trump, l’annonce a précédé les textes officiels. Le président des États-Unis a déclaré lundi avoir informé son homologue Xi Jinping de sa décision d’autoriser à nouveau la vente de puces NVIDIA H200 vers la Chine. La levée des restrictions jusqu’ici en vigueur ne va cependant pas sans conditions : la vente ne sera possible qu’au profit d’entreprises dûment « approuvées », et la transaction devra intégrer le versement d’une taxe équivalente à 25 % du chiffre d’affaires généré au profit de l’administration états-unienne.
Quels seront les critères de sélection des entreprises chinoises susceptibles d’acheter ces composants, et quelles seront les éventuelles restrictions en matière de volumes, de délai de livraison ou d’usages finaux ? « Le département du Commerce finalise actuellement les détails, et la même approche s’appliquera à AMD, Intel et aux autres grandes sociétés américaines », promet Donald Trump.
Dans son message d’annonce, le président ne se prive pas, en revanche, d’égratigner son prédécesseur Joe Biden, dont l’administration a mis en place d’importantes restrictions à l’export sur les composants informatiques et électroniques, au nom de la sécurité nationale. « L’administration Biden a forcé nos grandes entreprises à dépenser des milliards de dollars pour fabriquer des produits « dégradés » dont personne ne voulait, une idée désastreuse qui a ralenti l’innovation et nui aux travailleurs américains », tacle Donald Trump, en référence aux puces H20, versions castrées des H200, que NVIDIA avait effectivement développées spécifiquement pour le marché chinois.
Ce faisant, le président oublie de rappeler qu’il a lui-même donné un tour de vis restreignant la commercialisation des H20 vers la Chine, en imposant à NVIDIA l’obtention d’une licence préalable. L’avantage concurrentiel des États-Unis serait quant à lui garanti par le fait que la vente des puces IA les plus récentes ou à venir, Blackwell puis Rubin, n’entre pas dans le cadre de l’accord.

NVIDIA a accueilli positivement la nouvelle. « Nous saluons la décision du président Trump, déclare un porte-parole cité par Techcrunch. L’ouverture du H200 aux clients commerciaux agréés, sélectionnés par le ministère du Commerce, constitue un juste équilibre, excellent pour l’Amérique. »
À Washington, le Congrès devrait examiner de près les modalités décidées par le département du Commerce. Et pour cause : les représentants doivent prochainement examiner un projet de loi bipartisan (en l’occurrence, cosigné par deux sénateurs, l’un républicain, l’autre démocrate), déposé le 4 décembre dernier, qui vise précisément à durcir les possibilités d’export vers la Chine. Le texte préliminaire exige une suspension des ventes pour une durée de trente mois, valable notamment pour les puces IA de NVIDIA, dont l’actuelle Blackwell, mais aussi la génération H200 (Hopper) évoquée lundi par Trump.
Baptisé Secure and Feasible Exports (SAFE) Chips Act, le texte présente l’accès aux composants IA haut de gamme comme un enjeu majeur de sécurité nationale, mais aussi comme un levier pour conserver le leadership technologique et donc économique.
« Alors que la Chine s’efforce de combler son retard en matière d’IA, nous ne pouvons pas lui confier les clés technologiques de notre avenir (…). Ce projet de loi bipartisan protégera l’avantage américain en matière de puissance de calcul afin que les modèles d’IA de nouvelle génération les plus performants au monde soient développés sur le sol américain par des entreprises américaines et que l’infrastructure mondiale repose sur l’expertise technologique américaine », expose par exemple le sénateur démocrate du Delaware, Chris Coons.
Dans la présentation de leur texte, les deux sénateurs font valoir que la Chine a fait de l’IA générative un sujet stratégique aux ambitions duales, à la fois civiles et militaires, et soulignent qu’elle dépend, dans cette course, « de la contrebande ou des exportations légales de puces de pointe en provenance des États-Unis ».
L’achat par la Chine de puces haut de gamme par des voies détournées est communément admis comme une hypothèse plausible depuis le lancement retentissant des premiers modèles de DeepSeek. Pourtant, ces voies détournées n’empêchent pas les grands industriels chinois de travailler d’arrache-pied à la fabrication de leurs propres composants dédiés à l’IA.
Résultat des courses ? La principale opposition à la décision de Donald Trump ne viendra peut-être pas du Congrès américain… mais de la Chine ! D’après le Financial Times, Pékin envisagerait en effet de mettre en place ses propres restrictions sur l’import de puces non chinoises. L’idée, non confirmée à ce stade, serait que les entreprises qui désirent acheter des H200 soient obligées de montrer patte blanche, et notamment de justifier en quoi la production nationale n’est pas capable de répondre à leur besoin.
Ce faisant, le gouvernement de Xi Jinping chercherait logiquement à doper la demande pour les puces IA produites en Chine, et ainsi à réduire sa dépendance aux technologies venues des États-Unis.


Amazon sonne une nouvelle fois la charge contre les frais de port obligatoires sur les livres. Le géant du e-commerce affirme dans une tribune que cette « taxe sur la lecture » représente un surcoût de 100 millions d’euros pour les consommateurs français et porte préjudice aux libraires. Ces mêmes libraires qui reprochent depuis des mois à Amazon de contourner la loi…
Le remède serait-il pire que le mal ? Frédéric Duval, directeur général d’Amazon France, a publié lundi une tribune pour dénoncer les excès de la loi Darcos, qui impose depuis 2023 des frais de port de 3 euros pour toute commande en ligne de moins de 35 euros intégrant un ou plusieurs livres neufs.
« Cette mesure qui devait soutenir les libraires laisse une addition salée aux Français, qui ont déjà déboursé à ce titre plus de 100 millions d’euros auprès des différents détaillants de livres en ligne. Pour quel résultat ? Les ventes de livres continuent de baisser fortement en France, y compris en librairie », fait valoir Frédéric Duval.
Sous sa plume, Amazon France développe l’idée selon laquelle cette augmentation indirecte du coût du livre participerait à l’érosion générale du marché du livre en France. Selon GFK, ce dernier s’établissait à 4,4 milliards d’euros en 2024 (- 1 % en valeur), pour 339 millions d’exemplaires papiers vendus (- 3,24 % en volume), avec des ventes en ligne en baisse de 4 % sur un an.
Pour Amazon, la loi Darcos n’a pas provoqué l’effet de report escompté vers les commerces physiques et le monde de la librairie n’aurait pas gagné au change. « Lorsque les lecteurs se déplacent dans des magasins physiques pour éviter les frais de port, seulement 26% d’entre eux privilégient des librairies indépendantes, tandis que 70% choisissent les hypermarchés et les grandes chaînes culturelles », écrit Frédéric Duval.
Il évalue à 100 millions d’euros l’enveloppe globale engendrée par ces frais de port obligatoires, et invite à la considérer comme un manque à gagner pour le secteur. « 100 millions d’euros, cela représente 12 millions de livres de poche, et 3% du chiffre d’affaires annuel de l’édition en France », déclare-t-il, avant d’inviter les pouvoirs publics à trouver d’autres leviers pour soutenir le monde du livre.
Les principaux représentants de la vente physique de livres en France ont de leur côté déjà procédé à leur propre évaluation de la situation. Une étude réalisée par leurs soins, présentée le 5 février dernier par l’intermédiaire d’un communiqué (PDF), constate une progression des ventes au niveau des enseignes physiques.
« L’année qui a suivi l’adoption de la loi Darcos, la part de marché des magasins physiques (tous types d’enseignes confondus) a en effet augmenté de 2,3 points en volume, et de 3,2 points en valeur ; un retournement de tendance remarquable, puisque, l’année pré-Darcos, cette part de marché s’étiolait encore de respectivement 0,9 point et 1,1 point (soit un delta de 3,2 et 3,9 points en dynamique). »
Emmené par le Syndicat de la librairie française, ce groupement d’acteurs conclut que la loi Darcos « semble avoir réussi à trouver un point d’équilibre assez remarquable », dans la mesure où elle soutient l’activité des enseignes physiques, sans pénaliser ni le marché dans son ensemble, ni l’avantage concurrentiel des grandes plateformes. « Trois euros ne couvrent pas les frais de livraison des petits libraires, les pure players qui offraient hier la gratuité restent plus compétitifs tout en augmentant de fait leurs marges à périmètre de vente identique », soulignent les libraires.
Le prix unique du livre et les conditions de livraison sont définis par la loi Lang de 1981. Cette dernière dispose que les frais de port d’une commande de livres ne peuvent être nuls, « sauf si le livre est retiré dans un commerce de vente au détail de livres ». Or Amazon exploite depuis 2024 cette subtilité du texte pour proposer la livraison gratuite dans ses casiers automatisés, les fameux lockers.
Officiellement, seuls les casiers « situés dans les magasins français vendant des livres » (par exemple, un supermarché) sont éligibles, indique le marchand. Ce faisant, il assimile son service de retrait de colis au commerce qui l’héberge. Un raccourci vigoureusement dénoncé par le Syndicat de la librairie, qui a sollicité et obtenu à deux reprises un avis du médiateur du livre, sur saisine du ministère de la Culture. En février, puis en mai, ce dernier a conclu que les pratiques d’Amazon constituaient « un réel défi à la mise en œuvre de la loi ».
Pas de quoi décourager Amazon. Le 16 octobre dernier, l’entreprise a annoncé qu’elle appliquerait désormais une remise de 5 % sur le prix public d’un livre, en plus de la livraison gratuite, si ce dernier est bien récupéré dans l’un des points de retrait « éligibles ».
Une mesure immédiatement dénoncée (PDF) par les libraires, qui ont fait part de leur détermination à « à mobiliser tous les moyens de recours juridiques pour contraindre la multinationale américaine à exercer son activité dans le strict respect du cadre légal français ».
