CENI - La Chine vient de mettre en service l'héritier d'ARPANET
Vous vous souvenez d'ARPANET, ce réseau militaire américain des années 60-70 qui a donné naissance à Internet ? En 2006, les États-Unis ont remis le couvert avec GENI, un autre réseau de recherche afin de tester les technologies futures du web et qui a fonctionné durant plus d'une décennie avant de s'éteindre progressivement jusqu'en 2023.
Et aujourd'hui, devinez qui vient de prendre le relais ?
La Chine, évidemment !
Le pays vient en effet d'annoncer la mise en service officielle de CENI, pour China Environment for Network Innovation, qui est ni plus ni moins que la première infrastructure nationale chinoise dédiée à l'innovation dans les technologies réseau. Et les specs font un peu peur je dois dire...
Il s'agit d'un réseau qui relie 40 villes chinoises via plus de 55 000 km de fibre optique et qui a nécessité plus de 10 ans de construction. Le truc est capable de supporter 128 réseaux hétérogènes simultanément et de mener 4 096 tests de services en parallèle... Niveau chiffres, c'est assez costaud.
Pour vous donner une idée de ce que ça peut faire, ils ont effectué un test de transfert avec le radiotélescope FAST dans la province du Guizhou. Résultat, 72 téraoctets de données transférées vers la province du Hubei en à peine 1,6 heure sur une distance d'environ 1 000 km. Un calcul rapide nous donne un débit proche des 100 Gbit/s soutenu sur la durée... Sur une connexion fibre grand public à 1 Gbit/s, ce même transfert aurait pris environ une semaine.
Mais le plus impressionnant, c'est la stabilité du bouzin. D'après Liu Yunjie, le chef scientifique du labo Zijin Mountain, CENI affiche zéro perte de paquets lors des tests avec une gigue de latence inférieure à 20 microsecondes, même à pleine charge, sur un backbone de 13 000 km traversant 13 provinces et gérant 10 000 services déterministes. Ce sont des performances qu'on ne voit pas tous les jours...
Et côté applications, c'est le feu ! Huawei et Baidu sont déjà sur le coup pour tester leurs technos respectives, notamment pour des modèles d'IA avec 100 milliards de paramètres, dont chaque itération ne prend que 16 secondes grâce aux débits de CENI pour synchroniser les GPU. Y'a aussi le support des technologies 5G-A et 6G qui est prévu, ainsi que des applications pour l'industrie, l'énergie, la santé et l'éducation.
Et leur prochaine étape, ça va être de connecter 100 universités et entreprises leaders au réseau.
L'objectif avoué de CENI, c'est donc de développer des innovations "5 à 10 ans en avance sur l'industrie" et de, je cite, "prendre l'initiative dans la compétition internationale en matière de cyberespace". Bref, c'est aussi une question de souveraineté technologique et de positionnement géopolitique.
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La Chine reprend donc explicitement le flambeau des projets de recherche réseau américains désormais abandonnés. ARPANET a ouvert la voie dans les années 70, GENI a pris le relais jusqu'en 2023, et maintenant c'est CENI qui devient le laboratoire mondial pour les architectures réseau du futur.
Et avec ses 221 brevets déposés, 139 droits d'auteur logiciels et 206 normes internationales et nationales, le projet a déjà une belle base de propriété intellectuelle...
Donc on verra bien ce qui en sortira dans les années à venir...











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