Pourquoi Telegram et Signal menacent de quitter la France, voire l’Union européenne
Alors que la loi Narcotrafic a été adoptée par l’Assemblée Nationale aujourd’hui, un amendement a, lui, été rejeté : il aurait permis l’installation d’une backdoor dans les messageries chiffrées, permettant au gouvernement de lire les messages des utilisateurs. Pour éviter son adoption, plusieurs messageries chiffrées ont fait pression, certaines allant même jusqu’à diffuser un message à tous leurs utilisateurs.

WhatsApp, Signal, ou encore Telegram : tous ont été vent debout contre l’amendement de la loi Narcotrafic les obligeant à installer une porte dérobée, cassant ainsi le chiffrement de bout en bout des conversations sur leurs apps respectives. Mais certains ont été plus insistants que d’autres : Signal comme Telegram ont menacé de quitter la France si l’amendement venait à passer. Pour Meredith Whittaker, présidente de Signal, les choses ont le mérite d’être claires :
Nous ne pouvons accepter aucune porte dérobée, quelle que soit sa forme. Les communications ne respectent pas les limites juridictionnelles. Une faille créée en France devient donc un vecteur pour quiconque souhaite saper les solides garanties de confidentialité de Signal.
De son côté, Pavel Durov, patron de Telegram, n’en dit pas moins :
[...] il est techniquement impossible de garantir que seule la police puisse accéder à une porte dérobée. Une fois introduite, une telle porte peut être exploitée par d’autres – agents étrangers, hackers, etc. Résultat : les messages privés de tous les citoyens, même ceux qui respectent la loi, risquent d’être compromis. [...] C’est pourquoi Telegram a toujours été clair : nous préférons quitter un pays plutôt que de compromettre la sécurité de nos utilisateurs en installant des portes dérobées. Nous ne troquons pas la vie privée contre des parts de marché.

Si les deux entreprises peuvent souffler, le répit semble pour autant n’être que de courte durée : après la France, c’est la Commission européenne qui se penche sur les capacités de chiffrement des messageries, et pourrait pousser Telegram à partir, cette fois, de l’UE entière. Pavel Durov en est bien conscient, indiquant que « La bataille est loin d’être terminée. Ce mois-ci, la Commission européenne a présenté une nouvelle proposition visant à affaiblir le chiffrement à l’échelle du continent. ».