Festival de Cannes 2025 : un palmarès juste et très politique
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Le Festival de Cannes 2025 s'achève
Clap de fin pour cette 78e édition du Festival de Cannes. Au terme d'une dizaine jours où le cinéma a été redécouvert, fêté, débattu, où il s'est fait souvent surprenant, plus rarement décevant mais toujours vivant et fascinant, l'heure du palmarès de la Compétition est arrivée. Un palmarès juste, équilibré et très politique puisque le jury présidé par Juliette Binoche a distingué des films portant sur des problématiques très actuelles, collectives comme intimes.
Il y avait bien dans cette édition 2025 de l'audace, partout, et des élans de cinéma surprenants et renversants pour magnifier le 7e art. Resurrection de Bi Gan, film-fleuve fantasmagorique sur le cinéma comme transcendance de l'expérience humaine, a ainsi été le premier récipiendaire de la soirée, distingué d'un Prix spécial pour son formidable effort artistique. Autre film à l'identité visuelle très précieuse, faillible mais extraordinaire dans ses temps forts, Alpha de Julia Ducournau, qui avait remporté la Palme d'or en 2021 Titane, est lui reparti bredouille.
Cette année, il fallait ainsi raconter le monde au plus proche. Ses souffrances, ses espoirs, son émouvante résilience et le regard résolument neuf de sa jeunesse. Il y avait donc une génération nouvelle et consistante de cinéastes en Compétition, qui a tiré son épingle du jeu.
Palme d'or
La récompense suprême est attribuée à Un simple accident, comédie noire autour d'une vengeance aussi personnelle que politique. Réalisé par Jafar Panahi, cinéaste iranien persécuté dans son pays et longtemps assigné à résidence, Un simple accident se développe avec un dispositif brillant, rassemblant dans un van des victimes du régime des mollahs et celui qu'ils pensent être leur tortionnaire. Sont-ils sûrs que c'est bien lui ? Ont-ils tous le même désir de vengeance ? Comment faire justice sans tomber dans la violence, celle-là même qu'ils veulent dénoncer ?
Drôle, puissamment émouvant, brillant dans sa mise en scène et les interprétations de son formidable casting, Un simple accident reçoit la deuxième Palme d'or attribuée à un film iranien, 28 ans après Le Goût de la cerise d'Abbas Kiarostami.
Grand prix
Autre grand favori de la Compétition avec Un Simple accident, le film Sentimental Value de Joachim Trier reçoit lui le Grand prix. Une histoire touchante de famille et de cinéma animée par un formidable casting, dont l'actrice norvégienne Renate Reinsve et l'américaine Elle Fanning.
Prix du jury
C'est un Prix ex-aequo qui a été remis, saluant deux jeunes cinéastes. Film sans doute le plus inattendu et radical de la compétition, le road movie Sirat du franco-espagnol Oliver Laxe, porté par Sergi Lopez, a été un choc et un spectacle de cinéma renversant. Il partage le Prix du jury avec Sound of Falling de la jeune allemande Mascha Schilinski, grands portraits de quatre femmes sur plusieurs générations, mis en sons avec brio.
Prix de la mise en scène
Il s'était distingué dès sa présentation sur la Croisette et, à défaut de recevoir la Palme d'or pour lequel il était un des favoris, le film L'Agent secret de Kleber Mendonça Filho est distingué du Prix de la mise en scène. À la réalisation, le cinéaste brésilien montre en effet un savoir-faire exceptionnel pour raconter avec subtilité, liberté et une féroce créativité la dictature brésilienne (1964-1985).
Prix du scénario
Les frères Dardenne et le Festival de Cannes, c'est une histoire d'amour qui n'en finit plus. Leur nouveau film, Jeunes mères, est leur dixième entrée au Festival et s'est vu décerner le Prix du scénario. Un septième prix pour les deux frères, cinéastes belges dont la perfection du geste ne cesse de ravir les différents jurys qui se succèdent sur la Croisette. Avec Jeunes mères, ils suivent quatre très jeunes mères de Liège, formidables jeunes filles en lutte avec leurs fragiles destins.
Prix d'interprétation féminine
Le Prix d'interprétation féminine est remis à Nadia Melliti, révélation saisissante de La petite dernière, nouveau film de la déjà immense actrice et réalisatrice Hafsia Herzi. Dans ce film, portrait d'une étudiante cherchant à concilier son homosexualité et sa foi musulmane, la jeune actrice - dont c'est le tout premier rôle au cinéma - dévoile un jeu tout en intériorité, faits de regards désarmants et de silences hurlants.
Prix d'interprétation masculine
L'acteur brésilien Wagner Moura, 48 ans et maintenant définitivement à compter parmi les plus grands de sa génération, est distingué du Prix d'interprétation masculine pour sa performance dans le rôle-titre de L'Agent secret, thriller de Kleber Mendonça Filho qui croise avec brio plusieurs genres.