"Les tests décisifs sont désormais achevés", a déclaré Vladimir Poutine, dans une vidéo diffusée par le Kremlin, lors d'une réunion avec des responsables militaires, en ordonnant de commencer à "préparer les infrastructures pour mettre en service cet armement dans les forces armées" russes. "C'est une création unique que personne d'autre dans le monde ne possède", a assuré le maître du Kremlin, selon lequel le Bourevestnik ("oiseau de tempête en russe) a une "portée illimitée".
Lors du dernier essai le 21 octobre, le missile Bourevestnik a passé dans l'air "environ 15 heures", en survolant 14.000 km, a précisé pour sa part le chef de l'Etat-major russe, Valéri Guérassimov, en ajoutant que "ce n'est pas une limite" pour cet armement. "Les caractéristiques techniques du Bourevestnik permettent de l'utiliser avec une précision garantie contre des sites hautement protégés situés à n'importe quelle distance", a-t-il affirmé.
Vladimir Poutine avait annoncé le développement par l'armée russe de ces missiles, capables de surmonter selon lui quasiment tous les systèmes d'interception, en 2018.
Ce 16 octobre, au Kyiv International Economic Forum, grand raout rassemblant la crème des entrepreneurs et industriels de défense ukrainiens, tous se pressent pour assister à la prise de parole d’un "invité surprise". Au bout de quelques minutes d’attente, le suspense prend fin : apparaît sur scène Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien et architecte de ses opérations de plus haute volée, la moue imperturbable, comme à son habitude. L’accueil est digne d’une rock star.
A l’issue d’une petite demi-heure consacrée aux derniers développements du conflit, le maître espion, véritable bête noire des Russes, y va de son avertissement quant à l’avenir de l’économie ukrainienne après la guerre. "En 1991, nous avions hérité d’un énorme complexe de défense […]. Mais en 2014, quand la guerre a commencé, il n’existait plus, glisse le haut gradé. Nous ne devons pas refaire cette erreur." À la chute de l’URSS, l’Ukraine avait en effet hérité de 30 % de la gigantesque industrie d’armement soviétique. Deux ans plus tard, une bonne partie de ces actifs avait disparu - sur fond de fin de la guerre froide et de réorientation des ressources vers le secteur civil.
A l’approche du quatrième anniversaire de l’invasion de la Russie, cette leçon reste gravée dans toutes les têtes. Et le mastodonte de la défense qu’est redevenue l’Ukraine au fil du conflit entend bien, cette fois, le rester. Début octobre, le président ukrainien a annoncé la couleur. Il veut, dit-il, porter à "au moins 50 %" la part des armes d’origine ukrainienne utilisées sur le front - contre 40 % actuellement. Le secteur, qui ne comptait avant la guerre qu’une poignée d’entreprises majoritairement détenues par l’Etat, en recense aujourd’hui plus de 900. "Grâce à notre expérience du front, le matériel ukrainien est aujourd’hui mieux adapté à la guerre moderne que celui des Occidentaux, martèle, treillis sur le dos, Serhii Pozniak, commandant d’une unité de sniper au sein de la Garde nationale ukrainienne. Contrairement à nous, peu de pays ont la possibilité de tester leur équipement en conditions réelles."
Le matériel mis au point par l’Ukraine a eu l’occasion de faire ses preuves. Dernier coup d’éclat en date, la vaste campagne de frappes contre les raffineries russes entamée au mois d’août, qui a entraîné des pénuries de carburant dans plusieurs régions russes, comme la Crimée, et une hausse des prix de l’essence de plus de 10 % - soit la hausse la plus importante des 15 dernières années. Au total, jusqu’à 40 % des capacités de raffinage ont été endommagées. Significatif, quand on sait que plus de 20 % du budget fédéral dépend des revenus tirés de sa manne pétro-gazière.
Drones à longue portée
A la manœuvre derrière la plupart de ces frappes, le drone à longue portée ukrainien FP-1, capable de transporter une charge d’une soixantaine de kilos d’explosifs jusqu’à 1 600 kilomètres. Envoyés par vague de plusieurs dizaines d’aéronefs, ces engins plongent vers leur cible à la manière des Shahed utilisés en masse par Moscou. Produits à partir de 2024 par la société ukrainienne Fire Point, née après l’invasion russe, ces nouveaux engins répondent directement au besoin des Ukrainiens pour des armes à longue portée - que les Occidentaux rechignent à leur fournir par crainte d’une escalade avec Moscou. "C’est notre production nationale qui nous permet d’utiliser nos forces et nos moyens comme bon nous semble, affirme Kyrylo Boudanov. Et cela donne des résultats."
Pour frapper en profondeur, les Ukrainiens ont d’autres atouts. Fire Point a dévoilé cette année son premier missile de croisière à longue portée FP-5, plus connu sous le nom de "Flamingo", pour la couleur rose qu’arboraient ses tout premiers prototypes. Bien qu’il doive encore faire ses preuves sur le terrain, l’engin aurait une portée de 3 000 kilomètres et la capacité de transporter une charge explosive de plus d’une tonne. Mieux, à environ 500 000 dollars l’unité, il est quatre fois moins cher que son homologue américain Tomahawk, que Donald Trump se refuse pour l’heure de livrer à Kiev. "Si notre industrie a la possibilité d’en produire suffisamment, ce sera un avantage décisif pour gagner la guerre", s’enthousiasme le commandant Pozniak. A ce stade, Fire Point en produirait une cinquantaine par mois, avec pour ambition de monter à 200 d’ici à l’an prochain.
Innovations en pagaille
A lui seul, le pays entend produire cette année plus de 4,5 millions de drones - soit un demi-million de plus qu’en 2024. "Ils sont très populaires parce qu’ils sont très efficaces, résume Stanislav Gryshyn, cofondateur de General Cherry, l’un des principaux fabricants ukrainiens de drones. C’est l’arme la plus adaptée à la protection de la ligne de front." En pleine croissance, son entreprise a annoncé le 20 octobre la production en série de son tout nouvel engin : le drone intercepteur Bullet. Avec ses 300 kilomètres-heure au compteur, ce petit aéronef profilé a été conçu spécifiquement pour détruire les Shahed envoyés par Moscou. Le tout, à un prix bien inférieur aux précieux missiles antiaériens fournis à Kiev par les Occidentaux.
Quelle sera la prochaine étape ? "Nous travaillons sur un système d’intelligence artificielle totalement autonome permettant aux drones de détruire leur cible sans opérateur, explique, à Kiev, Oleksandr Yakovenko, le fondateur de TAF industries, l’un des poids lourds du secteur. Mais il nous faudra encore au moins deux ans pour le mettre en œuvre." Son entreprise, qui avait commencé en 2022 comme fondation caritative avec pour mission d’aider l’armée, compte aujourd’hui plus de 800 salariés. D’ici à la fin de l’année, l’entrepreneur prévoit d’en embaucher 200 de plus et d’atteindre une production d’un demi-million de drones.
Le pilote de drone ukrainien Lafayette vérifie un drone avant un vol d'entraînement dans l'est de l'Ukraine, le 16 août 2025
Au-delà de ces seuls engins, l’Ukraine a considérablement musclé son industrie terrestre. Début octobre, Volodymyr Zelensky a claironné que la production nationale de canons automoteurs Bohdana (l’équivalent ukrainien du Caesar français) avait atteint 40 unités par mois - soit près de sept fois plus qu’en 2023. En parallèle, les Ukrainiens sont parvenus à fabriquer, dès 2024, plus de 2,4 millions d’obus d’artillerie et de mortier de différents calibres. "Aujourd’hui, l’industrie de défense ukrainienne est indéniablement la plus puissante d’Europe, se félicite, à Lviv, Yuri Lomikovskyi, cofondateur d’Iron, un réseau regroupant plus de 80 entreprises de défense. Sur certains segments comme les drones, nous produisons désormais beaucoup plus que l’ensemble des pays d’Europe réunis."
Sous-production
L’aide de ses alliés n’en reste pas moins cruciale pour l’Ukraine. "Son industrie de défense s’est vraiment spécialisée dans le low cost, pointe Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense. Mais sur d’autres segments, comme les hautes technologies, l’Ukraine accuse encore un retard." En témoigne l’absence de moyens propres pour lutter contre les missiles balistiques envoyés par Moscou. Pour y faire face, Volodymyr Zelensky a indiqué le 19 octobre vouloir finaliser un accord pour l’achat aux Etats-Unis de 25 systèmes de défense antiaérienne Patriot, à un milliard de dollars pièce.
"Nous manquons aussi cruellement de capital financier", ajoute Yuri Lomikovskyi. Selon les professionnels du secteur, l’industrie de défense ukrainienne n’a fonctionné l’an dernier qu’à 30 à 40 % de ses capacités de production totale, faute de carnets de commandes suffisamment remplis. En cause, les finances limitées de l’Etat ukrainien qui, malgré les 63 % de son budget consacré à la défense en 2025 (pour un total de 70,8 milliards de dollars), peine à suivre la cadence. A cet égard, le "modèle danois" fait l’unanimité dans le pays. En 2024, après avoir épuisé son stock d’armes livrables à Kiev, Copenhague avait été la première capitale à investir dans la production d’armes directement en Ukraine.
Prochaine étape, attirer dans le pays les industriels étrangers.Pour profiter de l’expérience du pays dans la guerre moderne, certains ont d’ores et déjà sauté le pas et commencé à y ouvrir des succursales. Ainsi de Quantum Systems, l’entreprise allemande spécialisée dans les drones, qui, cette année, a annoncé doubler sa capacité de production en Ukraine. "C’est une excellente chose que des entreprises ouvrent des installations, des bureaux ou des équipes de recherche et développement ici, car c’est la seule façon pour elles d’apprendre du conflit", glisse Yuri Lomikovskyi. En somme, un échange donnant-donnant. "Nous pouvons vous faire bénéficier de notre expertise et de nos technologies dans les drones, et vous pouvez partager avec nous des technologies plus sophistiquées", abonde Yehor Cherniev, député et vice-président de la commission de la sécurité nationale au Parlement ukrainien. A l’heure où les drones russes ont multiplié les survols de pays européens, le savoir-faire acquis par les Ukrainiens pour les intercepter est indéniablement une carte à jouer.
Des artilleurs de la 43e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes tirent sur une position russe avec un canon automoteur ukrainien Bohdana, dans la région de Kharkiv, le 21 avril 2024
Rajin, ville portuaire nord-coréenne, été 2024. Allongés sur des serviettes éponge à même le carrelage, une demi-douzaine de vacanciers russes se prélassent en maillot de bain au bord d’une piscine couverte. Le confort est spartiate, le décor lunaire : deux enceintes diffusent une musique zen pendant qu’un vieux téléviseur crache des images de missiles longue portée filant dans le ciel. Détente assurée. Bienvenue au royaume des Kim, dictateurs de père en fils, terre d’accueil de touristes russes en quête de sensations.
"Les voyages en République populaire démocratique de Corée offrent des expériences inoubliables, un océan d’émotions, de nouvelles connaissances, des lieux intéressants, un programme riche, en toute sécurité" promettent les publicités de Vostok Intour, une agence de voyages russe spécialisée dans les séjours vers l’est. La photographe franco-russe Elena Chernyshova a embarqué pour deux de ces expéditions en tant que simple touriste, appareil en bandoulière. C’est elle qui a immortalisé la scène surréaliste à la piscine de Rajin. A ses côtés, des compatriotes assez curieux de ce pays frontalier pour se payer l’excursion.
Des touristes russes se détendent dans la salle de relaxation au bord de la piscine d'eau de mer de Rajin. Des images de missiles longue portée au décollage passent à la télévision, accompagnées d'une musique méditative.
Passage obligé à la Maison de l’amitié entre la Russie et la Corée du Nord, séance photo au monument dédié aux dirigeants nord-coréens… "Le voyage est calibré pour mettre en scène la sympathie entre Moscou et Pyongyang, raconte Elena Chernyshova. Il y a eu des moments insolites… Visiblement, nos hôtes étaient persuadés qu’il fallait nous passer des vidéos et des chants patriotiques russes de la Seconde guerre mondiale à tous les repas !"
Les meilleurs amis de Moscou
En janvier 2024, la Corée du Nord a rouvert ses frontières après quatre ans d’autarcie postpandémie de Covid-19. Les Russes ont été les premiers admis. Le tour operator Vostok Intour propose depuis une série de circuits "pour visiter ce pays fermé, hospitalier et mystérieux" : séjours à Pyongyang, à la mer ou au ski, et même colonies de vacances… "Entre eux, les Russes plaisantaient : ‘notre passeport nous sert enfin à quelque chose !’", s’amuse Elena Chernyshova. Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, l’Union européenne a restreint la délivrance de visas et rendu les destinations favorites des Russes plus difficiles d’accès. En trois ans et demi de guerre et de sanctions internationales contre Moscou, l’image des pays occidentaux en Russie s’est dégradée. Dans un mouvement inverse, la cote des alliés asiatiques du Kremlin a grimpé en flèche. "Avant 2022, seuls 5 % des Russes percevaient la Corée du Nord comme un pays ami. Ils sont aujourd’hui 30 %, c’est un bond considérable en trois ans" rapporte le sociologue Denis Volkov, directeur du centre Levada, seul Institut de sondages fiable exerçant encore en Russie.
Plus spectaculaire, le regard porté sur la Chine. En 2005, 12 % des Russes considéraient ce pays comme amical. Ils sont aujourd’hui 65 %, si bien que Pékin arrive à la seconde marche du podium des amis de la Russie. "Dorénavant, la Biélorussie, la Chine, le Kazakhstan, l’Inde et la Corée du Nord sont, aux yeux de nos sondés, nos meilleurs amis", résume Denis Volkov.
Le Kremlin ne ménage pas ses efforts pour convaincre sa population des bienfaits de ce "pivot" vers l’Asie, que Vladimir Poutine appelle de ses vœux depuis son retour à la présidence en 2012. "La réorientation de la Russie vers l’océan Pacifique et le développement dynamique de tous nos territoires orientaux constituent notre priorité pour l’ensemble du XXIe siècle" déclare-t-il devant les députés des deux chambres le 12 décembre 2013… Soit deux mois avant l’annexion de la Crimée. "Avant 2014, le'pivot'visait principalement à tirer parti de la croissance économique rapide en Asie. Mais les événements de 2014 lui ont donné une justification géopolitique plus explicite. Alors que les relations avec la communauté euroatlantique se détérioraient […], la nécessité pour Moscou de diversifier ses relations extérieures est devenue urgente" rappelle le chercheur Richard Connolly dans un rapport pour le Royal United Services Institute de 2021.
Partenariats tous azimuts
Pour soigner son flanc est, Vladimir Poutine a multiplié les partenariats tous azimuts, de la Chine à l’Inde en passant par le Vietnam et le Myanmar : ventes d’armes, coopération sécuritaire, accords énergétiques, diplomatie culturelle… et technologique. La Russie a trouvé en Asie de nouveaux débouchés pour ses logiciels de cybersécurité, tels que Kaspersky et Positive Technologies, aujourd’hui interdits aux Etats-Unis. Surtout, Poutine chérit "l’amitié sans limites" scellée le 4 février 2022 avec son homologue chinois Xi Jinping, deux semaines avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Une romance exhibée au grand public à la moindre occasion. Les deux pays ont désigné 2024 et 2025 des "années de la culture Chine-Russie". Début 2025, le centre-ville de Moscou se parait des couleurs de la Chine pour fêter le Nouvel an, une rame de métro dédiée y était inaugurée. Dans la capitale russe, il n’est pas rare de croiser des silhouettes cartonnées grandeur nature des deux autocrates côte à côte, devant une boutique pour touristes ou dans une vitrine. Kitsch à souhait et révélateur de ce rapprochement rapide et vital : car sans Pékin, l’économie russe ne pourrait pas survivre.
"La Chine est le premier partenaire commercial de la Russie depuis 2014, sa part dans le commerce extérieur russe est passée de 11,3 % en 2014 à 33,8 % en 2024" note le Center for European Policy Analysis, qui parle d’une "coopération sous stéroïdes". Entre les deux pays, les échanges commerciaux ont atteint un niveau record de 245 milliards de dollars l’an passé. Premier acheteur de pétrole, de bois et de charbon russes, la Chine fournit des composants électroniques précieux pour fabriquer le matériel militaire qui sert à pilonner l’Ukraine. Dans la vie quotidienne des Russes aussi, les produits chinois sont partout, premiers bénéficiaires de la cessation d’activité d’un millier d’entreprises occidentales. Symbole de cette percée, le marché de l’automobile russe est inondé de véhicules provenant de Chine. Deux tiers des voitures neuves achetées par des particuliers sortent de ses usines. Même domination écrasante pour les smartphones : les appareils de marques Xiaomi et Realme sont dans toutes les mains.
Une touriste coiffée d'une chapka de l'armée soviétique pose avec des silhouettes en carton représentant le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping dans la rue touristique Arbat, dans le centre-ville de Moscou, le 24 juin 2025.
Pour les inconditionnels de l’iPhone, le dernier né d’Apple reste toutefois disponible dans les magasins de Moscou… Et là encore, les alliés chinois et indien n’y sont pas pour rien. "Le gouvernement autorise depuis le second semestre 2022 les importations parallèles, ce qui permet aux entreprises russes d’acheter quasiment tout sans le consentement des producteurs, indique l’économiste Vladislav Inozemtsev, installé aux Etats-Unis depuis 2023. Il est donc possible d’acheter des iPhone Apple en Chine, en Inde ou aux Emirats et de les expédier en Russie sans aucun contrôle. Il n’a fallu que quelques mois aux petites et moyennes entreprises russes pour créer et gérer ces nouvelles filières." Ces dernières ne concernent d’ailleurs pas que les importations parallèles. Des pans entiers de l’économie ont vu leurs chaînes d’approvisionnement modifiées.
Cours de mandarin
"Le business avec la Chine représente aujourd’hui 30 à 40 % dans certaines catégories de produits, contre 10 % avant 2022, témoigne le patron d’une chaîne de grossistes en produits ménagers en Sibérie. L’adaptation technologique s’est faite sans problème, nous travaillons avec des entreprises spécialisées dans les douanes, la logistique et les transactions bancaires avec la Chine. En revanche, les coûts de distribution ont augmenté."
Tout indique que cette nouvelle donne commerciale va durer. D’ores et déjà, les Russes prennent leurs dispositions. "Dans nos groupes de discussion, beaucoup de jeunes nous parlent du mandarin comme la langue du futur et se disent intéressés par son apprentissage" rapporte Denis Volkov, de l’Institut Levada. De fait, les entreprises recherchent de plus en plus de candidats maîtrisant cette compétence. Au printemps 2024, l’un des plus grands sites de recrutement en ligne, HeadHunter, enregistrait une hausse annuelle de 70 % de ces annonces, d’après une dépêche de l’agence de presse russe TASS. Les profils les plus recherchés ? Traducteurs, responsables logistiques, spécialistes des ventes et du service client et directeurs des achats. Pas étonnant, dès lors, que la demande en cours de mandarin augmente… et l’offre avec. Selon une enquête du média russe en exil IStories, le nombre d’enseignants de cette langue a doublé en 2024 dans les écoles russes. "La croissance la plus rapide a été enregistrée à Moscou, où le nombre d’enseignants est passé de 29 à 136. Le nombre d’écoles moscovites proposant l’enseignement du chinois a également augmenté au cours de l’année écoulée", rapporte le site d’investigation.
"La langue chinoise est perçue comme très difficile, reprend le sondeur Denis Volkov. L’idée qu’il faut commencer à l’apprendre très jeune revient dans nos panels." Rien de tel, pour cela, que d’embaucher des nounous chinoises, comme lorsque, au XIXe siècle, la noblesse russe faisait venir des préceptrices françaises pour former ses têtes blondes. La tendance prend de l’ampleur dans les familles privilégiées, jusque dans la garde rapprochée de Vladimir Poutine. "Certaines personnes de ma famille apprennent le chinois, a récemment confié à des journalistes le président, d’ordinaire si secret sur sa vie personnelle. Je pense à ma petite-fille, dont la gouvernante vient de Pékin, et avec qui elle parle couramment le chinois, vraiment couramment."
Mariage de raison
Contrairement à l’amitié affichée par Xi Jinping et Vladimir Poutine, l’engouement soudain d’une partie de l’intelligentsia russe pour son grand voisin n’est toutefois pas "sans limites". Il relève d’abord d’une adaptation sous contraintes, un mariage de raison. "Ce n’est pas le grand amour, loin de là, observe un homme d’affaires français installé dans la capitale russe depuis trente ans. Les Russes restent méfiants à l’égard de la Chine et se sentent plus européens qu’asiatiques." Un sentiment qui transparaît dans les enquêtes d’opinion de Levada. "Chez les partisans comme chez les réfractaires au rapprochement avec la Chine, on perçoit une inquiétude sur l’évolution de cette relation en un partenariat inégal, aux dépens de Moscou." Le rapport est déjà largement asymétrique, ne serait-ce que par la supériorité démographique du géant chinois - 1,4 milliard d’habitants contre 144 millions pour son voisin. Entre 2022 et 2024, la dépendance de la Russie à l’égard des produits chinois a explosé : leur part dans les importations totales est passée de 23 % en 2021 à 57 % en 2024. Sans commune mesure avec le poids de la Russie dans les achats de Pékin.
Les sceptiques le savent, et insistent aussi sur le fossé culturel entre les deux pays. "La Chine ne peut pas servir de modèle, même dans le domaine du commerce, elle est tout simplement différente sur le plan culturel, souligne le directeur d’une enseigne de gros en Sibérie. Nous y achetons des produits dont nous avons besoin, point. Nous sommes habitués aux normes occidentales et nous y reviendrons avec plaisir."
En attendant, Pékin se sait indispensable… et prend ses aises. Jusqu’à s’octroyer une partie du territoire russe ! Fin août 2023, le ministère des Ressources naturelles chinois mettait ainsi en ligne la nouvelle édition des cartes officielles de la Chine. L’île Bolchoï Oussouriisk, 350 kilomètres carrés de terre posés sur le fleuve Amour, et partagés depuis 2004 entre les deux pays, y apparaît comme territoire chinois. Vladimir Poutine ne s’en est aucunement ému. Le scénario d’une vassalisation de la Russie ne semble pas davantage l’inquiéter. Un moindre mal, à en croire le chef du Kremlin, qui aime rappeler les exploits d’un lointain aïeul : le prince Alexandre Nevski, qui repoussa au XIIIᵉ siècle les chevaliers teutoniques… au prix d’une soumission à l’Empire mongol, appartenant alors à la Chine. "La Horde, aussi arrogante et cruelle fût-elle, n’a jamais menacé notre bien le plus précieux – notre langue, nos traditions, notre culture, autant d’éléments que les conquérants occidentaux cherchaient à détruire", lâchait-il en novembre 2023. Deux ans plus tôt, le président inaugurait une gigantesque statue du prince Nevski au bord du lac Peïpous, frontière naturelle avec l’Estonie. A l’endroit même, où, 780 ans plus tôt, il écrasait l’ennemi.
Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'Etat russe Sputnik, Vladimir Poutine marche aux côtés du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.
"Catherine sera une présidente pour nous tous et elle sera ma présidente." L’annonce officielle ne vient pas de l’heureuse gagnante, mais de sa rivale centriste, Heather Humphreys, déclarant sa défaite. Samedi 25 octobre, la candidate indépendante de gauche, Catherine Connolly, a remporté l’élection présidentielle en Irlande. Elle a reçu les félicitations du vice-Premier ministre irlandais, Simon Harris, centriste également.
Le résultat de l’élection ne faisait cependant pas beaucoup de doutes, cette ex-avocate de 68 ans, connue pour son franc-parler, ayant été donnée favorite. Elle devient ainsi la troisième femme présidente de l’histoire de l’Irlande. Les principaux partis d’opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein (autrefois vitrine politique de l’Armée républicaine irlandaise, l’IRA), lui ont apporté leur soutien.
Critique de l’UE et de l’Otan
Opposée à une augmentation des dépenses de défense, elle soutient la tradition de neutralité militaire de l’Irlande, qui a un programme de partenariat avec l’Otan mais n’en est pas membre.
En septembre, elle a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie. "Je n’ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c’est qu’un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer l’abus de pouvoir par quiconque – par la Russie et aussi par l’Amérique", a-t-elle déclaré.
Si elle s’est récemment dite pro-européenne, elle avait tenu des propos ambigus en 2016, après le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni. Elle est par ailleurs une voix pro-palestinienne de premier plan au parlement irlandais, où elle siège depuis 2016.
Critiques à droite
Quelque 3,6 millions d’électeurs étaient appelés à voter vendredi, pour élire le successeur de Michael Higgins, 84 ans, après deux mandats depuis 2011 à ce poste essentiellement honorifique.
Pour la première fois depuis 1990, seulement deux candidats, deux femmes, briguaient la présidence irlandaise : Catherine Connolly, et sa rivale Heather Humphreys, membre du parti de centre droit Fine Gael, pilier de la coalition au pouvoir.
Le scrutin, marqué par une faible participation (dont environ 13 % de votes nuls), a été critiqué au long de la campagne par des électeurs conservateurs, qui ne se sont pas sentis représentés. Leur candidate, Maria Steen, n’avait pas réuni suffisamment de soutiens parmi les parlementaires.
Il a quelques jours pour trouver un "deal" avec la Chine, avant l’expiration de la trêve commerciale entre Washington et Pékin, le 10 novembre prochain. Donald Trump est actuellement en visite en Asie du Sud-Est où il participe à un sommet de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), à Kuala Lampur (Malaisie), avant un passage par le Japon et la Corée du Sud. L’objectif : reprendre les négociations avec la Chine, à un moment de regain des tensions commerciales, et rassurer ses alliés régionaux, déstabilisés par la guerre économique à laquelle se livrent les deux géants, au moyen de taxes douanières.
"Pour les États-Unis, l’Asie du Sud-Est est précieuse non seulement en raison de la taille de son marché, mais aussi de son importance stratégique en tant que rempart contre la Chine", relève le New York Times. D’autre part, les Etats-Unis sont la première destination des exportations en provenance du Vietnam, des Philippines, de la Thaïlande ou encore du Cambodge. La plupart des pays d’Asie du Sud-Est ont été frappés par des droits de douane d’environ 20 % - un coup dur pour ces économies.
Trêve commerciale
"Les délégations chinoise et américaine se sont retrouvées samedi matin pour des discussions sur des questions économiques et commerciales", a rapporté l’agence officielle Chine-nouvelle, confirmant le démarrage des discussions. Elles se poursuivront jeudi, en marge du sommet de la Coopération économique Asie Pacifique (Apec) organisé dans la ville sud-coréenne de Gyeongju à partir du 31 octobre.
Les deux plus grandes puissances économiques du monde se livrent une âpre bagarre commerciale depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier. Après une période de relatif apaisement, les tensions sont remontées d’un cran en octobre depuis l’annonce par la Chine d’un renforcement des contrôles sur les exportations de terres rares et les technologies nécessaires à leur raffinage.
Donald Trump a de son côté brandi en réponse la menace de 100 % de droits de douane supplémentaires pour les produits chinois. Il avait néanmoins adouci par la suite son discours et les deux parties étaient convenues de nouvelles négociations. Une série de précédents pourparlers à Genève, Londres, Stockholm et Madrid ont permis pour l’instant d’éviter aux deux puissances de mettre à exécution leurs menaces de droits de douane punitifs respectifs.
"M. Xi aborde probablement les négociations avec le sentiment que la Chine a le dessus. Les nouvelles règles d’exportation des terres rares, indispensables à la quasi-totalité des technologies modernes, lui confèrent un puissant levier. L’Amérique est encore loin de trouver des alternatives appropriées", commente David Pierson, correspondant à Hong Kong du New York Times.
Donald Trump devrait également profiter de la réunion de l’Asean pour faire approuver, dimanche, un accord commercial avec la Malaisie, mais aussi un accord de paix entre la Thaïlande et le Cambodge, dont il s’attribue la paternité.
Rassurer les alliés japonais et sud-coréens
Le président américain se rendra par la suite au Japon, où il rencontrera la nouvelle première ministre Sanae Takaichi. Cet été, Tokyo a bénéficié d’une légère baisse des droits de douane sur ses exportations, généralisés à 15 %, en échange de s’engager à injecter 550 milliards de dollars dans l’économie américaine. Mais les détails et la manière dont le Japon réalisera ces investissements sèment encore la discorde avec la Maison-Blanche.
Un accord similaire a été conclu avec Séoul, qui s’engage à investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, en échange de droits de douane moins élevés sur ses exportations. Washington veut en effet éviter de mettre face au mur son allié sud-coréen, puisque le pays abrite la plus grande base militaire américaine à l’étranger. Un atout pour dissuader aussi bien l’ennemi nord-coréen que la Chine.
Des nations "prises entre deux feux"
Mais l’économie de la Corée du Sud, qui repose sur ses exportations, dépend également du commerce avec Pékin, raison pour laquelle son président, Lee Jae-myung, ne souhaite pas s’opposer frontalement à la Chine. Lors d’une visite à Washington cet été, il avait reconnu qu’il devenait de plus en plus difficile de maintenir un équilibre face à la concurrence entre les deux géants : "Il n’est plus possible de maintenir ce genre de logique."
"Les gouvernements d’Asie sont de plus en plus contraints de choisir leur camp. Les pays pris entre deux feux, comme la Thaïlande, Singapour et l’Indonésie, doivent déterminer comment tirer profit de la concurrence sans en être les otages", analyse David Pierson. "Pékin a cherché à tirer profit de cette incertitude en proposant des accords commerciaux à ses voisins."
La Chine souhaite en effet profiter de la crise de confiance et l’instabilité générée par la guerre tarifaire qu’appliquent les Etats-Unis (y compris à leurs alliés historiques) pour s’affirmer comme la seule puissance capable de concurrencer leur hégémonie dans la région. Une logique que la visite de Donald Trump cherche à contrer.
Le président vénézuélien dénonce une tentative d'"inventer une nouvelle guerre". Washington va déployer un porte-avions dans les Caraïbes, officiellement pour lutter contre le narcotrafic, une montée en puissance considérable des moyens militaires américains dans la région.
Les Etats-Unis de Donald Trump - qui avait promis pendant la dernière campagne présidentielle de mettre fin aux interventions militaires extérieures - mènent depuis début septembre, essentiellement dans les eaux caribéennes, des frappes aériennes contre des embarcations présentées comme celles de narcotrafiquants. Jusque-là, dix ont été revendiquées, tuant au moins 43 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres du gouvernement américain.
"Ils inventent une nouvelle guerre éternelle, ils ont promis de ne plus jamais entrer en guerre et ils inventent une guerre que nous allons éviter", a réagi le président vénézuélien, Nicolas Maduro, lors d'une allocution radio-télévisée.
Le porte-avions Gerald R. Ford, le plus grand du monde, et la flotte qui l'accompagne, vont venir "renforcer les moyens actuels pour déjouer le trafic de stupéfiants et démanteler des organisations criminelles transnationales" dans la zone de commandement correspondant à l'Amérique centrale et à l'Amérique du Sud, a annoncé le Pentagone sur X vendredi, sans préciser davantage sa destination. Il s'agit de "consolider la capacité des Etats-Unis à détecter, surveiller et stopper acteurs et activités illicites", a-t-il ajouté.
Le Gerard R. Ford doit rejoindre dans les prochains jours un dispositif déjà composé de huit navires et d’avions de combat F-35. D'après le Washington Post, cette expansion militaire "devrait presque doubler le nombre de soldats américains dans la région", avec environ 6 000 militaires répartis sur huit navires de guerre. Le quotidien américain rapporte également la création d’une nouvelle force opérationnelle interarmées, placée sous le commandement du lieutenant-général Calvert Worth, du Corps des Marines, pour superviser l’ensemble des opérations.
"Dernier ressort"
Cette annonce du Pentagone intervient peu après la dernière frappe américaine connue dans les Caraïbes, menée dans la nuit de jeudi à vendredi. "Dans la nuit, sur ordre du président Trump, le ministère de la Guerre a mené une frappe létale contre une embarcation utilisée par Tren de Aragua", un gang vénézuélien classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, a indiqué le ministre de la Défense Pete Hegseth.
Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a confirmé vendredi qu’une nouvelle frappe avait été ordonnée contre un bateau utilisé par le gang vénézuélien "Tren de Aragua", classé "organisation terroriste" par Washington. "Les six hommes narcoterroristes à bord ont été tués", a-t-il affirmé, assurant que l’opération avait été menée dans les eaux internationales.
La légalité de ces frappes américaines, sans preuve avancée sur les cibles visées, est largement mise en doute par les experts. "Selon le droit international, le recours intentionnel à une force létale n'est permis qu'en dernier ressort contre un individu représentant une menace imminente pour la vie", a souligné auprès de l'AFP le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme. "Sinon, cela constituerait une violation du droit à la vie", a-t-il mis en garde.
"Enflammer l'Amérique du Sud"
Les opérations militaires américaines ont fait grimper les tensions régionales, en particulier avec le Venezuela, mais aussi avec la Colombie. Washington a imposé vendredi des sanctions économiques au président colombien Gustavo Petro, accusé de ne rien faire contre la production de cocaïne dans son pays. Celui-ci, qui avait déjà qualifié les frappes américaines d'"exécutions extrajudiciaires", a assuré sur X qu'il ne comptait pas faire de "pas en arrière", ni se mettre "à genoux".
Donald Trump a estimé la veille ne pas avoir besoin d'un accord du Congrès pour valider des opérations contre le Venezuela ou d'autres pays impliqués selon lui dans le narcotrafic. "Je pense qu'on va simplement tuer les gens qui font entrer de la drogue dans notre pays, ok ?", a-t-il lancé, en comparant les cartels de la drogue au groupe jihadiste Daech. "La prochaine étape, c'est l'opération terrestre", a-t-il menacé.
Caracas accuse Washington de chercher à renverser le président Nicolas Maduro et affirme disposer de 5 000 missiles antiaériens portables de fabrication russe pour contrer les forces américaines.
Le Brésil, puissance majeure dans la région, a exprimé son inquiétude face à ces frappes aériennes menées "sans preuve". "Nous ne pouvons pas accepter une intervention extérieure" qui "pourrait enflammer l'Amérique du Sud", a averti dans un entretien à l'AFP le conseiller spécial du président Lula pour les Affaires étrangères, Celso Amorim.
(ARCHIVES) L'USS Gerald R. Ford, le plus grand porte-avions au monde, photographié en mer du Nord lors de l'exercice Neptune Strike 2025 de l'OTAN, le 24 septembre 2025. Washington déploie un groupe aéronaval pour lutter contre les organisations de trafic de drogue en Amérique latine, a annoncé le Pentagone le 24 octobre 2025, marquant ainsi une augmentation massive de la puissance de feu américaine dans la région. Les États-Unis ont lancé début septembre une campagne militaire visant les bateaux soupçonnés d'être utilisés pour le trafic de stupéfiants, détruisant au moins 10 navires lors d'une série de frappes. (Photo de Jonathan KLEIN / AFP)
Le passage à l’heure d’hiver, dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre, sera-t-il le dernier ? C’est ce qu’espère le gouvernement espagnol, qui vient de lancer une offensive remarquée contre le changement d’heure, instauré sur le Vieux Continent dans les années 1970 pour atténuer les effets des chocs pétroliers. "Franchement, cela n’a plus de sens ! s’est exclamé lundi 20 octobre Pedro Sanchez sur le réseau social X. Cela ne contribue guère à économiser de l’énergie et a un impact négatif sur la santé et la vie des gens." Dans tous les sondages où l’on interroge les Espagnols et les Européens, "la majorité se déclare opposée au changement d’heure deux fois par an", a-t-il rappelé. Profitant d’une réunion du Conseil européen des transports, des télécommunications et de l’énergie qui se tenait à Luxembourg, le Premier ministre socialiste a annoncé que l’Espagne proposait à l’Union européenne de "mettre fin au changement d’heure saisonnier" dès 2026, en mettant immédiatement en branle "le mécanisme de révision compétent". Il a aussitôt reçu le soutien de la Pologne, de la Finlande et de la Commission européenne, laquelle avait mis le sujet sur la table en 2018. Cette année-là, une consultation publique menée à l’initiative de Bruxelles avait révélé qu’une immense majorité des Européens (84 % des personnes interrogées, sur un échantillon de 4,6 millions de personnes) était en faveur de l’abolition du changement d’heure bi annuel.
Si les Grecs et les Chypriotes se montraient peu enthousiasmés par l’idée, les Finlandais, les Polonais, les Lituaniens et les Espagnols, l’étaient à plus de 90 %. L’argument le plus souvent mis en avant par les abolitionnistes touchait à la santé, le changement d’heure étant perçu comme perturbant inutilement l’horloge biologique (sommeil, concentration), notamment chez les plus âgés. L’année suivante, le Parlement européen en avait tiré les conséquences, en votant, pour une application en 2021, la fin de cette tradition consistant à retarder sa montre d’une heure le dernier week-end d’octobre, et de l’avancer d’une heure le dernier week-end de mars. Un coup d’épée dans l’eau : les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept n’avaient pas réussi à se mettre d’accord entre eux pour entériner ce projet. Avec le déferlement de la pandémie de Covid, le dossier a été sagement rangé dans un tiroir. Et s’il ressortait maintenant au grand jour ? Les députés européens en ont remis une couche jeudi 23 octobre à Strasbourg, en interpellant la Commission et la présidence danoise du Conseil de l’UE sur l’urgence à sortir de l’impasse. "Le temps est venu de mettre enfin un coup d’arrêt au changement d’heure", a convenu en séance plénière le commissaire européen aux Transports durables et au Tourisme, Apostolos Tzitzikostas. Ce système "nous concerne tous, agace la plupart d’entre nous, et je dirais même plus, nous fait du mal", alors qu’il "ne génère même plus d’économies d’énergie", a-t-il martelé.
Le changement d’heure, bientôt supprimé en Europe ?
Exception européenne
La Commission a commandé une nouvelle analyse, afin de conforter ses efforts en vue de l’abolition. Ailleurs dans le monde, de nombreux pays ont abandonné le système bi annuel ces dix dernières années, après l’avoir longtemps appliqué. Parmi eux, l’Islande, la Turquie, la Russie, mais aussi l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique… Quant aux pays proches de l’équateur comme l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, la Somalie, le Kenya, la Tanzanie, la Colombie et le Venezuela, où la luminosité est constante et où la durée d’une journée varie très peu d’une saison à l’autre, ils ne se sont jamais laissés séduire par le changement d’heure.
Heure d’été ou heure d’hiver ?
Si l’abolition était enfin décrétée en Europe, resterait une question épineuse : faudrait-il se caler définitivement sur l’heure d’été ou sur l’heure d’hiver ? Les scientifiques prônent l’adoption définitive de l’heure d’hiver, jugé plus cohérente avec les cycles de la lumière naturelle. En Espagne, pays aligné en longitude sur le Portugal, l’Irlande et le Royaume-Uni sans appartenir au même fuseau horaire, on considère que l’heure d’été, adoptée sous Franco en 1940 pour rapprocher les horloges de celles de l’Allemagne nazie, est une anomalie.
Difficile de savoir ce que la population en pense. Selon le sondage de 2018 de la Commission européenne, une majorité d’Européens (56 %) préférerait un calage définitif sur l’heure d’été, mais l’engouement varie fortement d’un pays à l’autre, et sans rapport avec leur position plus orientale, là où le soleil se lève plus tôt, ou plus occidentale, là où il se couche plus tard. Les Portugais et les Polonais y seraient ainsi les plus favorables. En 2023, une enquête de l’institut britannique YouGov (Eurotrack) a confirmé une nette préférence pour l’heure d’été, exception faite des Suédois attachés aux levers de soleil précoces que permet l’heure d’hiver. Les plus enthousiasmés par les couchers de soleil tardifs seraient, d’après cette autre source, les Britanniques, les Espagnols, les Français et les Italiens. L’Europe qui se lève tôt contre l’Europe des couche-tard ?
Palais de l’Elysée, jeudi 16 octobre. Sous les dorures du salon des ambassadeurs, qui donne sur le jardin, Emmanuel Macron reçoit, en début de soirée, une poignée de députés de son camp. Au cours de ces échanges informels, on discute du budget et on souffle collectivement un bon coup : le gouvernement Lecornu II, qui a échappé à la censure quelques heures plus tôt, vivra plus longtemps que le premier. L’inquiétante perspective d’une dissolution s’éloigne. Puis le président, soucieux de montrer aux députés qu’il suit leurs travaux, félicite l’un d’eux. "Charles, ton rapport est à la fois excellent et effarant", glisse le chef de l’Etat au député Charles Rodwell, auteur d’un rapport explosif, qu’il a présenté la veille, sur le coût de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968.
"Excellent", sans doute, puisque pour la première fois, deux parlementaires - l’ex-député Mathieu Lefèvre, nommé depuis ministre délégué à la Transition écologique, en est le coauteur - ont exploré pendant des mois les moindres détails de cet accord qui offre aux ressortissants algériens des avantages "en cascade" en matière de circulation, de séjour et d’emploi. "Effarant", en prime, puisque ce document d’une centaine de pages nous tend un miroir de nos propres faiblesses et nous amène à cette conclusion : rien ne justifie aujourd’hui une telle exception, qui offre aux ressortissants algériens un véritable régime juridique dérogatoire et coûte, selon leur estimation, au moins deux milliards d’euros à la France par an.
Ce fameux accord, qui n’a rien de "bilatéral" puisqu’il ne contient aucune clause de réciprocité, enflamme le débat depuis des années. En juin 2023, Edouard Philippe est le premier à sortir du bois, en appelant, dans un entretien à L’Express, à sa "dénonciation".
En janvier 2025, Gabriel Attal lui emboîte le pas afin, dit-il, de "poser les limites et assumer le rapport de force avec l’Algérie." Un pied de nez, parmi d’autres, à Emmanuel Macron, pour qui il n’en a jamais été question. Au même moment, Charles Rodwell, qui incarne de façon assumée l’aile droite de la Macronie, se saisit du sujet. Pendant des mois, il y consacre ses journées et une partie de ses nuits ; s’arrache les yeux en constatant "l’aveuglement systémique" d’un "Etat désarmé pour évaluer la portée de ce type d’accord pour nos finances publiques, notamment en matière de dépenses sociales." Les administrations et les organismes concernés sont incapables de lui communiquer les statistiques dont il a besoin. Lorsqu’il cherche à connaître le nombre de bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat (AME), par exemple, la direction de la Sécurité sociale lui répond que cette information n’est pas collectée. "Les organismes de la Sécurité sociale n’ont le droit de collecter que les données strictement nécessaires. Or la nationalité n’est pas une donnée discriminante pour identifier les droits", lui rétorque-t-on.
A ces difficultés techniques s’ajoutent, rapidement, des obstacles politiques et diplomatiques. Son rapport doit être présenté le 25 juin à la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Or, est-ce vraiment le moment opportun de sortir un tel rapport alors que le ministère de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères, représentés par Bruno Retailleau et Jean-Noël Barrot, soufflent le chaud et le froid sur l’Algérie ? La France espère encore que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, acceptera de gracier l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison ferme, à l’occasion de la Fête de l’indépendance le 5 juillet. Il ne faut prendre aucun risque. Au pôle diplomatique du Château, on invite Charles Rodwell à réfléchir aux "conséquences" d’une éventuelle publication du rapport à cet instant, tout en insistant sur la nécessaire séparation des pouvoirs. Eric Ciotti, qui avait déposé un texte dénonçant l’accord de 1968 dans la niche parlementaire de son groupe le 26 juin, le retire. Dans ce même contexte très tendu, le journaliste Christophe Gleizes est condamné trois jours plus tard à sept ans de prison ferme pour le motif absurde d’"apologie du terrorisme". La publication est décalée au 2 juillet, avant d’être, pour les mêmes raisons, renvoyée aux calendes grecques…
Ultimatum
Ce rapport, "maudit" de l’aveu même de Charles Rodwell qui préfère s’en amuser, aurait pu être enterré. D’autant qu’une autre raison, et non des moindres, entre en jeu : Emmanuel Macron veut garder la main sur ce dossier ultrasensible qui fait partie de son "domaine réservé". Que son ministre de l’Intérieur monte régulièrement au créneau sur l’Algérie a déjà le don de l’agacer. Que son Premier ministre, François Bayrou, s’en fasse l’écho, c’en est trop… Le 26 février, un comité interministériel de contrôle de l’immigration se tient à Matignon, quatre jours après l’attaque au couteau perpétrée à Mulhouse par un Algérien de 37 ans sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). "Si l’accord n’est pas respecté, l’accord sera dénoncé", affirme, bravache, François Bayrou en une du Figaro. "On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale, ça n’a aucun sens", corrige le président, en déplacement au Portugal. Voilà comment un député se retrouve coincé, malgré lui, entre les contradictions des deux têtes de l’exécutif. Prière, donc, de ne pas mettre de l’huile sur le feu.
Dans un extrait du compte rendu de ce comité interministériel, révélé par le rapport, on lit que "le gouvernement français souhaite ouvrir une discussion avec l’Algérie sur la manière dont sont mis en œuvre ces accords afin de revenir à leur plein respect dans un délai de six semaines". Les semaines passent et, en dépit de l’ultimatum, rien n’est fait. Pis, Alger refuse à quatorze reprises de délivrer le laissez-passer consulaire permettant de renvoyer dans son pays l’auteur de l’attaque de Mulhouse. L’Etat français paraît impuissant. "On s’est fait balader", reconnaît, hors micro, une source diplomatique du Quai d’Orsay, interrogée sur le non-respect de ce "délai de six semaines". Il faut attendre le 6 août et la fameuse lettre d’Emmanuel Macron pour qu’il y ait enfin un "bougé". Défendant une "approche de plus grande fermeté", le président de la République demande à Jean-Noël Barrot de notifier aux autorités algériennes la "suspension officielle" de l’accord… de 2013, qui concerne les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques. L’accord de 1968 n’est nullement mentionné dans la missive.
L’été passe et s’ensuit une folle rentrée. François Bayrou se fait "hara-kiri" en sollicitant un vote de confiance, Emmanuel Macron nomme - puis renomme - Sébastien Lecornu Premier ministre. La suite est connue. Impossible, dans cet invraisemblable chaos, de trouver une piste d’atterrissage pour ce rapport. Seul l’échec de la censure offre une fenêtre pour une publication, le 15 octobre. Qu’en faire désormais ? Un proche de Bruno Retailleau confie que l’Algérie a été au cœur de l’une des dernières discussions de l’ex-ministre de l’Intérieur avec Emmanuel Macron : "Il a dit au chef de l’Etat qu’il devrait revenir au ministre de l’Intérieur de gérer les entrées et les sorties sur le territoire, comme c’est le cas dans de nombreux pays. Mais le président ne veut rien écouter. Non seulement on se fait balader, mais on accepte de se faire balader", peste-t-il. Dans le petit cercle Retailliste, on ne comprend pas non plus - doux euphémisme - le choix de nommer Laurent Nuñez à Beauvau. "C’est comme nommer Pap Ndiaye après Jean-Michel Blanquer", griffe un fidèle. S’il est candidat en 2027, Bruno Retailleau fera à n’en pas douter de la suppression de ces accords de 1968 l’un des grands thèmes de sa campagne présidentielle. D’ici là, il est urgent d’attendre…
Les débats européens sur l’agenda vert - interdiction de vente des véhicules thermiques en 2035, paquet omnibus de simplification réglementaire, etc. - sont généralement analysés comme des tensions internes classiques dans le processus de construction européenne. Certains Etats membres traînent des pieds, d’autres accélèrent, Bruxelles arbitre. D’autres y voient la marque d’un "backlash écologique", expression à la mode pour qualifier la révolte des citoyens et des entreprises contre des normes trop contraignantes. Ces lectures passent à côté de l’essentiel : ce qui se joue aujourd’hui touche à l’ADN même du projet européen et révèle un changement tectonique dans les relations internationales.
L’offensive conjointe des Etats-Unis et du Qatar contre la directive européenne CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) en est l’illustration parfaite. Cette directive, adoptée en juillet 2024, impose aux grandes entreprises – y compris non-européennes générant plus de 450 millions d’euros dans l’UE – une diligence raisonnable sur l’ensemble de leur chaîne de valeur mondiale en matière de droits de l’homme et d’environnement. Elle exige des plans de transition climatique alignés sur l’Accord de Paris, prévoit des sanctions jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial et instaure une responsabilité civile pour les dommages causés.
Le ministre qatari de l’Energie et son homologue des Etats-Unis viennent de co-signer une lettre menaçante aux dirigeants européens, soulignant un "risque significatif" pour l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel liquéfié (GNL). Le Qatar, qui fournit 10 % du GNL européen, a même menacé d’arrêter ses exportations vers l’UE. Les Etats-Unis, premiers fournisseurs avec 45 % du marché, parlent d’"atteinte à la souveraineté américaine" et discutent de plusieurs projets de loi pour immuniser leurs entreprises contre ces normes extraterritoriales.
Le monde a basculé
Cette confrontation révèle une fracture philosophique profonde. L’Europe s’inscrit depuis 1945 dans une logique de "paix par le droit", cette idée kantienne que les institutions, les traités et les normes partagées peuvent civiliser les relations internationales. C’est le fondement de la construction européenne : transformer les rapports de force en rapports de droit. Sur le climat, Bruxelles déploie la même stratégie : créer des règles contraignantes (CSDDD, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) censées s’imposer progressivement au reste du monde par leur exemplarité et leur portée extraterritoriale, sur le modèle du RGPD en matière numérique.
Mais le monde a basculé. Nous sommes revenus à l’ère de la "paix par la force", cette doctrine reaganienne qui postule que seule la démonstration de puissance dissuade les agresseurs. La Chine déploie une stratégie hégémonique sur les technologies vertes, non par adhésion aux normes européennes, mais par investissements massifs et captation des chaînes de valeur. Elle travaille au bas-carbone, certes, mais selon ses propres règles et intérêts géopolitiques. A l’autre extrémité, les Etats-Unis de Trump et les pétro-Etats refusent frontalement les contraintes climatiques européennes. Leur logique n’est pas celle du droit mais celle du rapport de force économique. Les menaces de détournement des exportations de GNL vers l’Asie ne sont pas des accidents diplomatiques mais incarnent le retour d’une vision transactionnelle des relations internationales où la force prime sur le droit.
L’Europe se retrouve ainsi prise en tenaille : combattue par ceux qui rejettent l’agenda climatique et contournée par ceux qui le poursuivent selon une logique de puissance. L’expérience du RGPD, censée faire modèle, s’effondre : sans puissance pour l’adosser, le droit extraterritorial européen n’est qu’un vœu pieux.
La conclusion s’impose brutalement : une Europe faible, perçue comme telle, n’a aucune chance d’imposer quelque agenda que ce soit. Face à un monde qui ne reconnaît que les rapports de force, elle n’a d’autre choix que d’inventer un "climat par la force", un agenda bas carbone adossé à une puissance industrielle, énergétique, militaire et diplomatique réelle. Mais ce concept est-il viable ? Alors que la menace russe impose déjà une autre priorité absolue – la dissuasion par la "paix par la force" militaire et la réindustrialisation de défense –, l’Europe peut-elle simultanément mobiliser les ressources colossales qu’exigeraient ces deux fronts ? Entre son idéal climatique et la paix sur son sol, elle doit enfin comprendre que dans un monde redevenu brutal, le droit sans la force n’est que du bavardage.
Il sort plusieurs ouvrages de sa bibliothèque et invite à s’en saisir, le regard bienveillant. Evidemment, il en est l’auteur. L’architecte du "miracle économique" polonais, c’est lui : Leszek Balcerowicz. En 1989, lorsqu’il devient ministre des Finances du premier gouvernement postcommuniste de la "Pologne libre", son pays suffoque : inflation galopante, pénuries à répétition, dette extérieure écrasante. "J’ai éteint l’incendie", sourit-il aujourd’hui. A l’époque, il prend à bras-le-corps une mission révolutionnaire : convertir en un temps record son pays à l’économie de marché. Désormais, la Pologne compte la croissance la plus forte de l’UE, un chômage bas, des investissements étrangers soutenus et des salaires en hausse constante.
Depuis 1992, en parallèle de ses diverses fonctions officielles, c’est en qualité de professeur que cette figure d’autorité côtoie les amphithéâtres de l’École des hautes études commerciales de Varsovie (SGH), son alma mater. C’est ici que gravite la nouvelle génération polonaise de décideurs, artisane de l’entrée fulgurante du pays parmi les vingt économies les plus développées de la planète. "Je veux continuer d’influencer le débat public national", assume le septuagénaire, qui compte des centaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux. Alors, pour marquer durablement l’avenir, quoi de mieux que de transmettre son expérience aux promotions successives de la meilleure université économique du pays ?
À l’heure de souffler sa 120e bougie, le prestigieux établissement peut se targuer d’avoir formé plus d’une soixantaine de membres du gouvernement et d’ambassadeurs polonais, ainsi qu’un nombre encore plus étoffé de voix managériale de premier plan. Dernier visage à prendre la lumière : celui de Jakub Jankowski, tout juste nommé directeur général du géant suédois Inter IKEA Group, et passé par SGH pour un cycle d’études en logistique. "Nous lui préparons une lettre de félicitations", glisse Justyna Kozera, responsable du pôle Carrière et des relations avec les alumni.
Chaque année, ils sont 10 000 étudiants à franchir l’immense hall de l’école, flanqué de colonnes brutalistes et d’une verrière qui inonde l’intérieur de lumière. La partie centrale bat toujours son plein, entre événements et stands associatifs. "Ici, tu entres dans un cercle de personnes brillantes venues de toute la Pologne", déclare fièrement Janus Kizenevic, vice-ministre des Finances lituanien, diplômé il y a une dizaine d’années. "Les enseignements permettent d’appréhender chaque idée disruptive avec rigueur et structure", s’enthousiasme, quant à elle, Magdalena Dziewguc, directrice Pologne de Google Cloud.
Flexibilité des emplois du temps
Plus vieille université du pays, l’école ne manque pas de rendre hommage à son histoire, en attestent ses murs habillés des portraits des figures académiques qui ont façonné l’institution. Mais c’est pour mieux se tourner vers l’avenir. "Certains ont pu rapidement gravir les échelons durant la 'transformation', dans les années 1990-2000. Aujourd’hui, c’est en créant sa start-up innovante qu’on peut aller plus vite", glisse Justyna Kozera, qui mentionne les success-stories de Lucjan Samulowski (DocPlanner) et Wojtek Sadowski (Packhelp), deux entrepreneurs qui ont fréquenté les bancs de SGH.
Déjà en haut des classements nationaux, l'institution veut continuer d’attirer les talents, dans un contexte de concurrence accrue. Outre son programme de mise en relation entre lycéens et enseignants universitaires, l’école organise chaque année, dans plus de cent établissements du secondaire, des olympiades nationales en économie et en entrepreneuriat. Une manière d’identifier les jeunes les plus prometteurs et de les inciter à postuler : les lauréats obtiennent des points supplémentaires à leur candidature d’entrée, qui exige des résultats brillants au baccalauréat et un test sur table.
Jan Karaszewski fait partie de ceux-là. Le jeune homme de 19 ans, qui fait sa rentrée en première année, s’est hissé à la onzième place à l’olympiade d’économie et au seizième rang pour celle d’entrepreneuriat, parmi plus de 6 000 candidats pour chaque épreuve. "J’ai fourni beaucoup d’efforts pour y arriver", admet Jan, qui se distingue d’ailleurs comme le plus jeune Polonais à avoir obtenu sa licence de courtier l’an dernier. "Il me reste beaucoup à faire", poursuit-il entre modestie et ambition, avouant vouloir faire carrière dans la gestion d’actifs. Comme beaucoup d’étudiants, il cite la flexibilité des emplois du temps comme l’atout majeur de SGH. Nombre d'entre eux font d'ailleurs le choix de concilier études et travail dans une multinationale ou une jeune pousse innovante. A l’image de leur pays, ils sont le symbole d’une jeunesse décomplexée, qui ne veut pas perdre de temps pour se faire une place parmi les plus grands.
En première année, les étudiants suivent d’abord un parcours généraliste. Une rareté en Pologne : "C’est l'une de nos traditions depuis 30 ans. Elle donne à chacun l’opportunitéde choisir sa voie", explique Agnieszka Chlon-Dominczak, vice-rectrice en charge de la recherche.Reconnue pour son prestigieux master "Finance et Comptabilité", SGH attire de plus en plus d’étudiants vers des formations techniques comme “Analyses de données - Big Data" ou "Méthodes quantitatives en économie et systèmes informatiques", gages de salaires élevés et d’insertion ultrarapide. Et les équipes pédagogiques s’adaptent en permanence aux besoins du marché et aux évolutions sociétales, assure le rectorat. Récemment, SGH s’implique dans la recherche liée à l’intelligence artificielle ou aux bouleversements démographiques, mais s'intéresse aussi, de plus en plus, à l’industrie de l’armement, la transition énergétique et les services médicaux.
Partenariats avec le secteur privé
"Nous avons la particularité d’être à la fois une université économique et une business school", rappelle la vice-rectrice au développement, Dorota Niedziolka. L’école nourrit effectivement des liens étroits avec le secteur privé. Dans le bâtiment principal, des plaques dorées affichent le nom des 44 entreprises partenaires de l’école. Des mastodontes internationaux comme Samsung, L’Oréal ou Mastercard, mais aussi des institutions nationales influentes, telles que la Bourse de Varsovie ou la Banque Pekao. "Ces entreprises bénéficient d’un accès privilégié à nos étudiants et nos projets de recherche, et nous offrons des cycles de formation pour leurs salariés", précise Piotr Czajkowski, directeur du Centre de Coopération avec les entreprises.
SGH se réjouit tout particulièrement de sa collaboration avec Google. Ensemble, ils pilotent un programme de formation à l’intelligence artificielle destiné aux petites et moyennes entreprises. Environ 50 000 dirigeants ou microentrepreneurs bénéficient gratuitement de cinq semaines d’accompagnement. "Beaucoup dans ces structures n’ont pas conscience du potentiel de l’IA ou ne disposent pas des outils pour l’utiliser pleinement", juge Pawel Kubicki, responsable du département de recherche en politiques publiques de l’université. Pour SGH, c’est l’occasion d’étoffer ses connaissances en technologies émergentes et de marquer sa présence sur ce marché en expansion.
Aussi, les partenariats avec le secteur privé sont des injections financières indispensables pour que SGH continue à rester en haut du panier national. Université publique, 60 % de son budget provient de l’État, mais le reste repose sur les financements extérieurs et ses formations payantes. Depuis trente ans, l’école collabore avec l’UQAM (Canada) pour façonner ses programmes MBA. En 2021, SGH a même lancé un cursus conçu sur mesure pour les startupers, une première en Pologne. D’autres parcours spécialisés existent, par exemple dans l’industrie de la santé. "La proportion de managers augmente et la demande évolue. À l’avenir, nous envisageons d’ouvrir des programmes post-MBA", indique la vice-rectrice Dorota Niedziolka.
Dotée d’une dizaine de bâtiments au sud du centre-ville, l’école a inauguré récemment son Centre des Espaces Innovants, un édifice ultramoderne mariant bois clair, béton brut et touches végétales. À deux pas du parc verdoyant Pole Mokotowskie, que l’on peut admirer depuis une terrasse panoramique, l’édifice réunit 24 salles de cours, des espaces de travail, des bureaux pour les think tanks universitaires et les équipes académiques.
Rapprochement avec l'Ukraine
Des investissements nécessaires pour cette institution décidée à se faire une place plus importante dans le paysage économique et managérial européen. En 2022, SGH a fait une irruption remarquée dans l’alliance universitaire CIVICA, rassemblant une dizaine d’écoles de prestige, dont Sciences Po Paris, la London School of Economics ou l’Université Bocconi de Milan. "Ce réseau nous permet d’acquérir les bonnes pratiques pour davantage participer aux grands projets européens de recherche et viser de meilleures bourses", confie le chercheur Pawel Kubicki, qui rentre tout juste d’un séminaire à l’EUI de Florence sur ces sujets.
Aux côtés de ses partenaires européens, SGH joue un rôle clé dans le rapprochement académique avec l’Ukraine, tissant des liens étroits avec cinq universités du pays. "Nous lançons cette année une double licence destinée aux étudiants de l’Université nationale d'économie de Kiev", explique le recteur Piotr Wachowiak, qui arbore fièrement un insigne jaune et bleu sur sa veste. En janvier, SGH et ses quelque 250 étudiants ukrainiens ont reçu Volodymyr Zelensky pour lui décerner le titre honorifique de docteur honoris causa.
Au printemps, SGH a obtenu la prestigieuse accréditation AACSB, complétant ses distinctions EQUIS et AMBA. Elle rejoint les 1 % d'écoles de commerce les plus reconnues au monde : seules 136 institutions cumulent ces trois labels. Néanmoins, aucun des meilleurs masters de SGH ne parvient à se hisser dans le top 50 international. "Seulement 1 % du PIB polonais est alloué à la recherche, contre environ 3 % dans la plupart des pays développés", regrette le recteur. "Nous allons approfondir notre coopération avec le secteur privé, développer nos projets de recherche et continuer nos efforts d’internationalisation", martèle le chef d’établissement, avant de prendre son vol pour l’Exposition Universelle d’Osaka. Force est de constater que la quête polonaise de l'excellence n’est pas près de faiblir.
C’est un retour que l’on n'attendait pas. Certes, il avait été espéré, réclamé, et même chanté, "quatre ans de plus", par ses soutiens lors de son discours d’adieu en 2017. "Je ne peux pas faire ça", avait-il répondu. C’était tranché : Barack Obama avait tourné la page de la vie politique. Huit ans sont passés et l’ancien président démocrate reste la personnalité la plus populaire des Etats-Unis. Lorsqu’une bataille pour le redécoupage des cartes électorales s’engage entre les républicains et les démocrates, son camp ne trouve pas meilleure figure que Barack Obama. Objectif : porter leur projet de redessiner la Californie… en coulisses du moins.
Un plan en coulisses
En juillet dernier, selon les informations du Washington Post, Barack Obama a pris contact avec son ancien ministre de la Justice, Eric Holder. A l’ordre du jour : comment répondre a l’offensive de Donald Trump sur la carte électorale américaine. Cet été, le président des Etats-Unis avait obtenu du parlement du Texas qu’il retrace la carte électorale de son Etat. Un calcul qui pourrait permettre aux républicains de gagner jusqu’à cinq sièges supplémentaires lors des élections de mi-mandat prévues en avril. Pour les démocrates : il est inenvisageable de ne pas riposter à cette stratégie qui leur coûterait donc cinq sièges. Surtout que les Bleus ont bien besoin d’une victoire. Depuis 2022, le parti a enchaîne les échecs dans les urnes avec notamment les élections de mi-mandat, où ils ont perdu 10 sièges, et bien sûr, l'élection présidentielle.
Le gouverneur démocrate de la Californie a donc empoigné ses crayons. Sa vision : redessiner son propre Etat, très largement démocrate, où son parti espère ainsi récupérer cinq sièges supplémentaires. Le projet a été baptisé "Proposition 50" ou "Prop 50", son diminutif.
Sauf que Barack Obama et Eric Holder s’étaient déjà positionnés publiquement pour un redécoupage des Etat-Unis, mais transpartisan cette fois. A mille lieux donc de la vision portée par Gavin Newsom. Des stratégies politiques divergentes mais une situation pressante à laquelle les deux hommes n’ont pas vu d’autres issues. Quelques jours plus tard, l’ancien ministre de la Justice rédigeait une déclaration pour apporter son soutien à Gavin Newson, signée par Barack Obama. "Nous avons fait des choses qui vont un peu à l’encontre de ce dont on avait parlé" a commenté Eric Holder avant d’abonder "nous devons préserver notre démocratie si nous comptons la guérir".
Barack Obama sort de l’ombre
Un sentiment partagé par Barack Obama, alarmé de voir que "certains législateurs et électeurs ne s’opposent pas à Donald Trump avec la même urgence qu’ils ont manifestée lors de son premier mandat, et que les grandes institutions, notamment les universités et les cabinets d’avocats, ont trop souvent capitulé devant les exigences de Trump", analyse le Washington Post, en recoupant les témoignages de son entourage.
Son appel avec Eric Holder a donc convaincu l’ancien président d’agir en coulisses, et ce de manière "urgente", motivé par cette "Proposition 50" qui constituerait une action "concrète contre le programme de Trump". Gavin Newson et Barack Obama se sont entretenus par téléphone pour établir leur stratégie de communication. C’est ainsi que l’ancien président des Etats-Unis a accepté de sortir de l’ombre pour soutenir publiquement la "Prop 50" dans une vidéo publicitaire.
Remettre le pied à l’étrier n’est pas anodin pour un ancien président des Etats-Unis. Traditionnellement, après avoir accédé au plus haut poste du pays, ils s’éloignent de la lumière, comme l’avait jusqu’à présent fait Barack Obama. Mais pour son entourage "nous ne vivons pas une période ordinaire. Et les périodes extraordinaires exigent des mesures extraordinaires".
Mais le retour de Barack Obama ne fait pas le bonheur de tous. Dans son camp, certains critiquent des interventions trop sporadiques, le fait qu'il se contente de "petites frappes alors qu’il pourrait marquer des buts", cingle l’homme politique Adam Green. Et d’abonder que l’ancien président des Etats-Unis se limite à des déclarations sans impact sur le "long terme" et de se positionner en spectateur quand "Rome brûle".
A l’occasion d’une webconférence des législateurs démocrates, Barack Obama a fait une nouvelle apparition publique pour apporter son soutien à Gavin Newson - d’ailleurs pressenti pour représenter les Bleus à la prochaine présidentielle -. Pour motiver ses troupes, l’ancien président a déclaré : "Je veux que vous repartiez tous revigorés et conscients d’avoir contribué à mener ce qui sera une longue lutte".
Cette "longue lute", prendra fin le 4 novembre prochain, date à laquelle le parlement Californien votera en faveur ou non de cette nouvelle cartographie de l’Etat.
La Knesset s'est prononcée mercredi 22 octobre pour l'examen de deux textes visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, en pleine visite du vice-président américain J.D. Vance, suivie jeudi par celle du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio. Ce dernier a assuré vendredi 24 octobre douter qu'Israël annexe la Cisjordanie occupée, minimisant le vote de la Knesset. Pour les responsables américains, un tel projet nuit aux efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre dans la bande de Gaza, après deux ans de guerre dévastatrice.
Les infos à retenir
⇒ Marco Rubio doute qu'Israël annexe la Cisjordanie
⇒ Israël devra se sentir "à l'aise" avec les participants à la force internationale à Gaza
⇒ La femme du dirigeant palestinien détenu Marwan Barghouthi demande à Donald Trump de pousser à sa libération
La femme du dirigeant palestinien détenu Marwan Barghouthi demande à Donald Trump de pousser à sa libération
L'épouse de Marwan Barghouti, célèbre dirigeant palestinien écroué en Israël depuis 2002, a appelé le président américain Donald Trump à aider à sa libération, dans un communiqué. "Monsieur le Président, un véritable partenaire vous attend — quelqu'un qui peut aider à réaliser le rêve que nous partageons d'une paix juste et durable dans la région", écrit Fadwa Barghouti.
"Pour la liberté du peuple palestinien et la paix (...) aidez à libérer Marwan Barghouthi", ajoute celle dont le mari, condamné à la perpétuité pour son rôle dans la seconde Intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000, est régulièrement cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas.
Le 9 octobre, Israël avait indiqué qu'il n'était pas question de libérer ce détenu dans le cadre de l'échange entre otages retenus à Gaza et prisonniers palestiniens prévu par l'accord de cessez-le-feu dans le territoire palestinien.
Dans une interview publiée par le Time jeudi, le président américain affirme pour sa part qu'il "prendra une décision" quant à savoir si Israël doit libérer Marwan Barghouti. Interrogé sur ce point vendredi lors d'un point presse dans le sud-ouest d'Israël, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a répondu n'avoir rien de nouveau à dire sur le sujet.
Marco Rubio affirme que davantage de pays sont prêts à reconnaître Israël
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a déclaré vendredi que davantage de pays étaient prêts à normaliser leurs relations avec Israël, mais que cette décision dépendrait d'un accord régional plus large.
Une fin durable de la guerre à Gaza encouragerait davantage de pays à rejoindre les accords d'Abraham, en vertu desquels les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc ont normalisé leurs relations avec Israël depuis 2020, a estimé Marco Rubio à l'issue d'une visite du nouveau Centre de coordination militaro-civile (CCMC) dont le but est de coordonner diverses opérations liées au cessez-le-feu dans la bande de Gaza. "De nombreux pays souhaitent rejoindre" ces accords, a-t-il déclaré.
Marco Rubio doute qu'Israël annexe la Cisjordanie
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a assuré vendredi lors d'un déplacement en Israël douter qu'Israël annexe la Cisjordanie occupée, minimisant le vote de la Knesset cette semaine pour faire avancer deux propositions de loi.
"Il suffit de dire que nous ne pensons pas que cela va arriver", a-t-il affirmé lors d'un point presse depuis le Centre de coordination militaro-civile (CCMC), organisme de surveillance de la trêve, sous supervision américaine. Selon lui, "d'un point de vue législatif, rien n'est en place pour que cela puisse arriver. Mais ça menacerait également tout ce processus" visant à mettre fin à la guerre à Gaza, a-t-il ajouté.
Israël devra se sentir "à l'aise" avec les participants à la force internationale à Gaza
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a déclaré vendredi à Kiryat Gat (sud-ouest d'Israël) que les Israéliens devront se sentir "à l'aise" avec les membres de la force internationale qui doit être créée pour surveiller le cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza en vigueur depuis le 10 octobre.
"Il y a de nombreux pays qui ont proposé de le faire (...), il faudra que ce soient des personnes ou des pays avec lesquels Israël se sente à l'aise", a dit Marco Rubio depuis le Centre de coordination militaro-civile (CCMC), organisme de surveillance de la trêve, sous supervision américaine.
Les phases ultérieures du plan Trump prévoient un nouveau retrait israélien, le désarmement du Hamas, le déploiement d'une force de sécurité internationale ainsi que la reconstruction du territoire notamment.
Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio s’adresse aux médias après avoir visité le Centre de coordination civilo-militaire dans le sud d’Israël, le 24 octobre 2025.
Volodymyr Zelensky a failli croire à la solution miracle pour remplir ses caisses vides. "Nous nous approchons de cette décision clé qui permettra d'utiliser les avoirs russes", déclarait avec confiance le président ukrainien, en marge du Conseil européen jeudi 23 octobre à Bruxelles. Las, quelques heures plus tard, il fallait bien se rendre à l’évidence : la proposition d’utiliser les milliards de la Banque centrale russe immobilisés dans l’Union européenne pour aider Kiev à acheter des armes, a échoué. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, a refusé d’endosser la responsabilité d’une solution qui, selon lui, présente de graves lacunes financières et légales.
La Belgique est en première ligne parce que c’est elle qui détient, avec quelque 185 milliards d’euros, la quasi-totalité des avoirs russes bloqués dans l’Union européenne en application des sanctions décrétées après l’invasion de l’Ukraine en 2022 (le reste se trouve en Allemagne et en France). Si un prêt de 140 milliards d’euros gagé sur ces avoirs était accordé par l’UE à l’Ukraine, comme l’a proposé la Commission européenne, le royaume ne voudrait pas se retrouver seul à faire face à des représailles juridiques, financières ou même sécuritaires de la Russie.
Bart De Wewer, le nationaliste flamand qui gouverne la Belgique depuis le début de l’année, exige des garanties en béton sur trois points. D’abord, qu’une base juridique solide protège la Belgique et l’UE. Ensuite, qu’en cas de nécessité de rembourser, les partenaires de l’UE se portent garants, avec une mutualisation intégrale du risque. Enfin, que les autres pays qui détiennent eux aussi des avoirs russes (c’est le cas notamment du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis) participent à l’opération.
Le Premier ministre belge s’est montré alarmiste sur les représailles à attendre du Kremlin. "Les Etats membres doivent comprendre que si nous prenons l’argent de Poutine, il confisquera le nôtre. Les entreprises européennes seront saisies en Russie. L’argent occidental gelé en Russie sera également saisi". Il a expliqué que la saisie d’avoirs étrangers, même s’il n’y a pas d’appropriation, serait un précédent lourd de conséquences. "Même pendant la Seconde Guerre mondiale, cela n’a jamais été fait", a-t-il souligné.
Plusieurs options sur la table
En Belgique, les avoirs de la Banque centrale russe sont logés chez Euroclear, une société de services financiers basée à Bruxelles et dont l’Etat belge est actionnaire. Les intérêts générés par ce trésor ont déjà été utilisés par l’UE pour financer un prêt de 50 milliards de d’euros accordés à l’Ukraine. Mais les avoirs eux-mêmes ont été jusqu’ici épargnés. Depuis plusieurs mois, Euroclear se sait dans le viseur des autorités russes. Selon la presse belge, elle a engagé des gardes du corps de la société de sécurité française Amarante pour protéger la CEO Valérie Urbain et les sept autres membres du conseil d’administration.
Selon De Wever, mieux vaudrait lancer un emprunt communautaire pour financer l’aide à l’Ukraine, que l’Europe est désormais quasiment seule à assurer depuis que les Etats-Unis ont cessé toute assistance financière à Kiev. Dans leur communiqué final, les Vingt-Six (la Hongrie de Viktor Orban a préféré ne pas s’associer aux conclusions) invitent la Commission à leur "présenter dès que possible des options pour un soutien financier basé sur une évaluation des besoins de financement de l’Ukraine". Le mot "options" est au pluriel, ce qui indique que la solution des avoirs russes n’est plus forcément la seule sur la table. Le Portugais António Costa, président du Conseil européen, a pourtant assuré que la "décision politique" avait été prise pour que l’Europe assure "un soutien financier entier" à l’Ukraine en 2026 et 2027. Mais des "objections techniques" soulevées par certains pays ont conduit à reporter la décision au prochain Conseil ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, les 18 et 19 décembre, selon Costa.
Pour Volodymyr Zelensky, le temps presse. "Nous avons besoin (d’une aide financière) en 2026, a-t-il expliqué à Bruxelles. Mieux vaudrait l’avoir dès le début de l’année". L’Ukraine a besoin de quelque 60 milliards d’euros par an pour financer son budget et acheter les armes dont elle a besoin pour résister à l'agression russe. Sans l’aide européenne, elle pourrait faire face à un défaut de paiement à la fin du premier trimestre 2026. Pour l’Union européenne, mise au pied du mur par la défection américaine, c’est désormais sa propre crédibilité qui est en jeu.
C’est une succession de visites, qui sonnent comme un avertissement. Ces dernières semaines, plusieurs hauts responsables américains se sont rendus au Moyen-Orient afin de veiller au respect du cessez-le-feu à Gaza. Dès son entrée en vigueur le 10 octobre, l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, se sont rapidement rendus dans la région pour des consultations. Ils ont été suivis par ces derniers jours par le secrétaire d’État, Marco Rubio, et le vice-président, J.D. Vance. Une manière d’empêcher le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de nuire au plan Trump en reprenant une offensive totale contre le Hamas, selon des responsables américains cités par le New York Times.
"Le voyage de Vance en Israël vise à démontrer la force du nombre, autrement dit, l’engagement de l’ensemble de l’administration Trump à faire progresser le plan du président en 20 points", affirme auprès de L’Orient-Le jour Seth Binder, directeur de plaidoyer au Middle East Democracy Center. Et si J.D. Vance avait reconnu avant son voyage que "des hauts et des bas" seraient inévitables dans l’application de l’accord de cessez-le-feu, le vice-président a toutefois tenu à exempter le Hamas de toute faute grave, affirmant que "quand on parle du Hamas, on parle de 40 cellules différentes. Certaines d’entre elles respecteront probablement le cessez-le-feu. Beaucoup, comme nous l’avons vu aujourd’hui, ne le feront pas". De quoi faire peser la responsabilité du cessez-le-feu aussi sur Israël.
🇮🇱 Depuis la signature de l’accord de paix entre Israël et le Hamas, les observateurs s’interrogent sur l’avenir politique du Premier ministre israélien. Pour Karim Emile Bitar, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis, Benyamin Netanyahou "sait que l'heure des comptes va peut-être venir". 🔗 Lien en bio #israel#monde#trump#netanyahou#news#newsattiktok#apprendresurtiktok#sinformersurtiktok
Cette surveillance quasi-constante, désignée ironiquement par la presse israélienne comme du "Bibi-sitting", ou "baby-sitting de Bibi" – le surnom de Netanyahou – a suscité de vives interrogations lors d’une conférence de presse donnée mercredi à Jérusalem : Israël serait-il devenu un "vassal des États-Unis" ? "Nous ne voulons pas d’un État vassal – et ce n’est pas ce qu’Israël est. Ni d’un État client – et ce n’est pas ce qu’Israël est. Nous voulons un partenariat", a balayé le vice-président américain.
Il faut dire que le contexte politique est tendu. En Israël, l’un des deux projets de loi récemment adoptés par des députés de droite, malgré les objections de Benyamin Netanyahou et de la plupart des membres de son parti, le Likoud, établirait la "souveraineté" israélienne sur les territoires occupés de Cisjordanie, mettant ainsi fin à toute perspective de solution à deux États. Problème : Donald Trump s’y oppose fermement, et les responsables américains n’ont pas dissimulé leur mécontentement face à cette législation incendiaire.
"Si c’était une manœuvre politique, c’était une manœuvre politique très stupide et je me sens personnellement insulté", a déclaré J.D. Vance devant les journalistes. "La Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël. La politique de l’administration Trump est que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël", a-t-il insisté, tandis que Marco Rubio a estimé que ce vote pourrait "menacer l’accord de paix".
Un soutien aux pays arabes
Dans une interview accordée au magazine Time, Donald Trump a également réaffirmé qu’une telle annexion "n’arriverait pas, car [il a] donné [s] a parole aux pays arabes", ajoutant, menaçant, qu’"Israël perdrait tout le soutien des États-Unis si cela se produisait". Dans une déclaration conjointe, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, la Turquie, l’Égypte et d’autres puissances régionales ont aussi "condamné avec la plus grande fermeté" l’adoption de ces projets de loi. Peu avant, le président américain s’était engagé à défendre le Qatar en cas d’attaque, et le mois prochain, il devrait recevoir le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à la Maison-Blanche pour discuter d’un pacte de sécurité.
Selon The Guardian, l’administration américaine se tient dans tous les cas prête à suspendre son aide militaire à Israël en cas de pépins, alors qu’une proposition récente de vente d’hélicoptères et de véhicules d’assaut d’infanterie d’une valeur de 6,4 milliards de dollars (4,8 milliards de livres sterling) a été faite au moment où les Forces de défense israéliennes (FDI) intensifiaient leur offensive sur la ville de Gaza.
Souvent Trump varie, bien fol est qui s’y fie… En une semaine, le président américain a : passé un appel "très productif" à Vladimir Poutine ; étrillé – pour la seconde fois – Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, le sommant d’abandonner aux Russes la région de Donetsk ; annoncé un sommet avec Poutine ; décommandé le même sommet, furieux que les négociations "ne mènent à rien" ; et clôturé ce festival de tête-à-queue par une bombe lâchée sur le trésor national russe : son pétrole.
L’administration américaine a annoncé le 22 octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les deux plus gros fournisseurs de pétrole. A eux seuls, ils représentent 55 % de la production d’or noir. Depuis son retour au bureau Ovale en janvier 2025, c’est la première fois que Donald Trump donne son feu vert à des sanctions contre Moscou. En trois ans de guerre, son prédécesseur avait donné son accord à 140 paquets de sanctions, soit en moyenne un par semaine.
Sanctions secondaires
Après huit mois de tergiversations, la frustration de Donald Trump semble l’avoir poussé à bout. Le Trésor américain a déploré le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée" et se dit "prêt à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire". En plus de Rosneft et Lukoil, 34 de leurs filiales sont dans le viseur de l’administration. Mais la menace s’étend bien au-delà de ces seules sociétés, puisque les Etats-Unis se réservent le droit d’appliquer des sanctions secondaires. En d’autres termes, de s’attaquer à toute institution financière facilitant l’achat de pétrole aux entreprises sur liste noire. Les banques concernées ont jusqu’au 21 novembre pour y mettre fin, sous peine d’être exclues du système financier américain. De quoi faire réfléchir les deux plus gros clients de Moscou : la Chine et l’Inde.
"Trump s’attelle enfin à ce qui compte le plus en matière d’application des sanctions, à savoir frapper les banques étrangères grâce auxquelles Moscou contourne les interdits. Rien n’est plus efficace que cela" souligne Elina Ribakova, économiste associée à l’Institut Bruegel, basé à Bruxelles. Plusieurs raffineries indiennes et chinoises ont déjà annoncé la suspension de leurs importations de pétrole russe.
Ces nouvelles sanctions auront un "impact direct et immédiat sur les profits pétroliers de la Russie" anticipe Kimberly Donovan, ancienne fonctionnaire du Trésor américain, sur le site de l’Atlantic Council. "Tant pour les ventes légales que pour celles réalisées grâce à la flotte fantôme du Kremlin, qui contourne le plafonnement des prix."
Signe de la nervosité des marchés, le prix du baril a bondi, ce jeudi 23 octobre. Le baril de Brent de la mer du Nord s’est envolé de 5,6 %, à plus de 66 dollars. Une hausse qui ne devrait pas durer, estime cette chercheuse. Pour rappel, début janvier 2025, aux derniers jours de son mandat, Joe Biden annonçait les sanctions les plus sévères jamais prises contre les hydrocarbures russes. Elles visaient deux des quatre plus grandes sociétés russes du secteur : Gazprom Neft et Surgutneftegas. Le marché global ne s’est pas effondré. "Par ailleurs, le pétrole russe n’est pas la seule option sur le marché, il existe des substituts, reprend Elina Ribakova. Au prix actuel, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont une capacité d’exportation et ils seraient probablement heureux de regagner certains des marchés que la Russie leur a pris depuis la guerre."
Le plus dur reste à faire
Pour continuer à vendre son pétrole, la Russie devra offrir des rabais plus importants et trouver de nouvelles routes. Pénible, mais pas impossible. Depuis 2022, Moscou a l’habitude de naviguer en zone grise pour poursuivre son business d’hydrocarbures, son assurance-vie. Ces exportations pèsent entre 30 et 50 % du budget russe, de loin la première source de cash du Kremlin.
Surtout, les Russes connaissent le point faible des sanctions occidentales : leur application. "Longtemps, nous n’avons pas pris les sanctions très au sérieux, ce qui a bien sûr donné à la Russie des failles à exploiter, bien entendu elle nous a remerciés et en a profité ! ironise Elina Ribakova. Il faut donc attendre plusieurs semaines avant de se réjouir vraiment de ces nouvelles sanctions américaines, pour voir si elles seront correctement appliquées, et si les institutions financières qui facilitent leur contournement sont frappées aussi."
Pour y parvenir, il faut une volonté politique mais aussi un budget et du personnel. Or, depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025, plusieurs équipes travaillant à l’exécution des sanctions ont subi des coupes nettes. "A l’exception de deux employés, tous les membres du Bureau de coordination des sanctions ont été écartés du département d’Etat, et les employés restants ont été transférés au Bureau des affaires économiques et commerciales", signalait en août dernier un rapport de la minorité démocrate au Sénat. Au ministère de la Justice, deux autres groupes chargés de la surveillance des entreprises et des oligarques fraudeurs ont été démantelés. L’organisme central du système de sanctions américaines reste toutefois actif : il s’agit de l’Office de contrôle des actifs étrangers (OFAC).
Si Donald Trump joint les actes à la parole et se tient – une fois n’est pas coutume - à sa position, l’OFAC a du pain sur la planche. Le plus dur reste à faire.
Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine juste avant le début de leur sommet, le 15 août 2025 sur la base militaire Elmendorf-Richardson en Alaska.
C’est un premier pas très prudent, mais qui risque de changer la donne dans le soutien à l’Ukraine. Alors que les avoirs de la Banque centrale russe dans l’Union européenne ont été immobilisés suite aux sanctions décidées par les Occidentaux après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les dirigeants européens ont demandé jeudi 23 octobre à la Commission européenne d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, laissant la porte ouverte à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur les avoirs russes gelés.
Cette proposition a minima survient alors que Donald Trump a lui-même durci le ton face à Vladimir Poutine. Les Etats-Unis, exaspérés par l'attitude du président russe, ont décidé de prendre à leur tour des sanctions contre Moscou et ont annoncé des mesures contre le pétrole russe. Le maître du Kremlin a toutefois jugé jeudi soir qu'elles n'auraient pas d'"impact significatif" sur l'économie de son pays.
Les infos à retenir
⇒ Une nouvelle réunion de la Coalition des volontaires à Londres
⇒Les dirigeants européens évoquent la piste de l’utilisation des avoirs gelés russes
⇒ Keir Starmer appelle à renforcer les "moyens longue portée" de Kiev
La France va livrer des missiles Aster supplémentaires à l'Ukraine
La France va livrer dans les "prochains jours" des missiles antiaériens Aster "additionnels" à l'Ukraine ainsi que des avions de chasse Mirage, a indiqué vendredi le président Emmanuel Macron devant les alliés de l'Ukraine réunis en visioconférence. "Nous livrerons dans les prochains jours des missiles Aster additionnels, de nouveaux programmes de formation et de nouveaux Mirage", a-t-il dit depuis Paris, sans plus de précisions.
À ce stade, la France a livré trois Mirage 2000 à l'Ukraine sur les six promis, en raison notamment des besoins de formation des pilotes ukrainiens. L'un des appareils a été abattu en juillet. Les missiles Aster 15 et 30, produits en coopération entre Paris et Rome, fonctionnent avec le dispositif SAMP/T MAMBA, un système de défense antiaérienne franco-italien équivalent au Patriot américain.
Les deux pays ont fourni un nombre non précisé de ces missiles aux Ukrainiens pour leur défense antiaérienne, qui leur en demandent davantage pour se défendre. "Il est très important de poursuivre notre effort de soutien à l'Ukraine et de pressions sur la Russie", a souligné Emmanuel Macron devant les dirigeants de la Coalition des volontaires, qui réunit 26 pays, essentiellement européens.
La réunion est coprésidée par le Premier ministre britannique Keir Starmer, au côté du président ukrainien Volodymyr Zelensky depuis Londres, et le président français.
Keir Starmer appelle à renforcer les "moyens longue portée" de Kiev
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a appelé vendredi à accroître les livraisons d'armes de longue portée à l'Ukraine, lors d'une rencontre avec le président Volodymyr Zelensky avant une réunion de la Coalition des volontaires regroupant des alliés de Kiev.
"Je crois que nous pouvons en faire plus en termes de moyens, particulièrement de moyens longue portée", a déclaré Keir Starmer au début de leur entretien. "Et bien sûr, il y a le travail vital de la coalition des volontaires sur les garanties de sécurité nécessaires", a-t-il ajouté.
Quatre morts et 12 blessés dans une explosion sur un quai de gare au nord de l'Ukraine
Un voyageur a déclenché un engin explosif vendredi sur le quai d'une gare d'une ville du nord de l'Ukraine au moment d'un contrôle, entraînant sa mort et celle de trois autres personnes, et faisant 12 blessés, a indiqué la police sans plus de précisions.
"Des gardes-frontières vérifiaient les papiers des passagers d'un train quand l'un d'eux a sorti un engin explosif sur le quai, qui a ensuite explosé", a déclaré la police ukrainienne dans un communiqué. Cet homme, âgé de 23 ans, ainsi que trois femmes ont été tuées. Les médias ukrainiens ont indiqué qu'il s'agissait d'une grenade.
Volodymyr Zelensky reçu par Charles III, avant une réunion de la Coalition des volontaires
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu vendredi par le roi Charles III pour une audience à Windsor, avant de participer à une réunion avec les pays alliés de Kiev de la Coalition des volontaires, rapportent les médias britanniques.
Il s'agit de la troisième rencontre au Royaume-Uni entre le monarque britannique de 76 ans, tout juste revenu d'une visite d'Etat au Vatican, et le chef d'Etat ukrainien. Volodymyr Zelensky a été accueilli au château de Windsor au son de l'hymne national ukrainien.
Les alliés de l'Ukraine doivent se réunir dans l'après-midi autour du Premier ministre britannique Keir Starmer pour discuter des livraisons d'armes de longue portée à Kiev et essayer d'accélérer l'utilisation des avoirs russes gelés, après des discussions laborieuses sur ce point la veille lors d'un sommet européen à Bruxelles. Cette rencontre de la Coalition des volontaires - 26 pays essentiellement européens - se tiendra principalement par visioconférence. Durant cette rencontre, Keir Starmer devrait appeler à "placer l’Ukraine dans la position la plus forte possible à l’approche de l’hiver", selon un communiqué de ses services.
L'armée russe revendique la prise de quatre villages dans l'est de l'Ukraine
L'armée russe a revendiqué ce vendredi la prise de quatre villages dans l'est de l'Ukraine, où ses troupes continuent de grignoter lentement du terrain dans certains secteurs, malgré de lourdes pertes, face à des forces ukrainiennes moins nombreuses.
Sur Telegram, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes se sont emparées du village de Bologivka dans la région de Kharkiv, de ceux de Dronivka et Promin dans la région de Donetsk et de celui de Perchotravnévé dans la région de Dnipropetrovsk.
Cinq blessés dans une attaque de drone ukrainien en banlieue de Moscou, deux morts en Ukraine
Cinq personnes ont été blessées lors d'une attaque nocturne de drone ukrainien ayant touché un immeuble en banlieue de Moscou, tandis qu'un bombardement russe sur Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a fait au moins deux morts, ont annoncé vendredi les autorités des deux pays.
Depuis le début de son offensive il y a plus de trois ans et demi, la Russie bombarde constamment l'Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe - et notamment des infrastructures énergétiques. Moscou et sa région sont toutefois rarement visées par des frappes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un "drone ennemi" a touché un immeuble résidentiel à Krasnogorsk, près de Moscou, blessant quatre adultes et un enfant qui ont tous été hospitalisés, a annoncé Dmitri Volkov, un responsable local. Au total, le ministère russe de la Défense a annoncé vendredi avoir neutralisé 111 drones ukrainiens au-dessus du territoire russe.
Vendredi matin, l'armée russe a bombardé par ailleurs "au lance-roquettes multiple" des zones résidentielles dans la ville de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a affirmé vendredi le parquet régional ukrainien. Selon les secours ukrainiens, cette attaque a tué au moins deux civils et fait quinze blessés, dont un enfant.
Une avancée vers l’utilisation des avoirs russes au profit de l’Ukraine
Les dirigeants européens ont demandé jeudi à la Commission européenne d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, ouvrant la possibilité à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur les avoirs russes gelés, dont le montant représente quelque 210 milliards d’euros.
Jusqu’à présent, la saisie pure et simple de ces avoirs était une ligne rouge pour les pays de l’UE, mais la Commission propose, grâce à ces derniers, de financer un prêt de 140 milliards d’euros à Kiev. Cette piste, qui est délibérément formulée en termes vagues afin de prendre en compte les réserves de la Belgique où se trouve l’essentiel de ces fonds, sera à l’ordre du jour du prochain sommet européen en décembre.
"Nous avons obtenu un soutien politique concernant les avoirs russes gelés", a réagi Volodymyr Zelensky dans une publication sur X, bien que l’accord auquel les leaders européens sont parvenus soit plus ambigu que cela.
Les sanctions américaines contre Moscou sont "un véritable tournant", affirme Emmanuel Macron
Le président français Emmanuel Macron a estimé jeudi soir que les sanctions décidées par Donald Trump contre deux groupes pétroliers russes allaient "dans la bonne direction" et porteront un "coup massif" au financement de l’effort de guerre russe.
"C’est un véritable tournant qui, combiné aux sanctions (européennes) que nous venons de prendre, à la pression qui a été mise aussi sur plusieurs autres acteurs, va porter ses effets", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’un Conseil européen à Bruxelles. "C’est un coup massif qui est porté au financement de l’effort de guerre de la Russie alors même que pour la première fois depuis le début de ce conflit, l’économie russe commence à souffrir bien davantage", a-t-il ajouté.
La Lituanie proteste après l’incursion de deux avions russes sur son territoire
Les autorités lituaniennes ont "vivement" protesté et convoqué jeudi soir le chargé d’affaires de l’ambassade de Russie, dénonçant une brève incursion dans l’espace aérien de la Lituanie de deux avions russes en provenance de la région de Kaliningrad.
Jeudi après-midi, un appareil Soukhoï SU-30, "probablement au cours d’un entraînement à un ravitaillement" en vol et un avion de ravitaillement IL-78 ont pénétré sur le territoire lituanien sur environ 700 mètres et l’ont quitté 18 secondes plus tard, près de la petite ville de Kybartai, selon un communiqué de l’armée lituanienne.
Vilnius a demandé à la Russie d'"expliquer immédiatement" les raisons de la violation de l’espace aérien lituanien et de prendre "toutes les mesures nécessaires pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir", selon ce texte. Le ministère russe de la Défense a démenti de son côté toute violation de l’espace aérien lituanien.
La Corée du Nord construit un mémorial pour ses soldats tués dans la guerre en Ukraine
La Corée du Nord a commencé à construire un mémorial dédié à ses soldats morts au combat pour la Russie en Ukraine, ont rapporté jeudi les médias d’Etat, le leader Kim Jong-un saluant lors de l’événement l'"apogée historique" des relations avec Moscou. Le "Musée commémoratif des exploits militaires" verra le jour dans la capitale Pyongyang, où Kim Jong-un et l’ambassadeur de Russie en Corée du Nord, Alexander Matsegora, ont assisté à une cérémonie d’inauguration, selon l’agence officielle KCNA.
Kim Jong-un a félicité ses troupes, présentes depuis un an dans la région russe de Koursk, pour avoir aidé la Russie à remporter une "victoire décisive", a rapporté KCNA. "Nos héros ont détruit les envahisseurs néonazis diaboliques grâce à leur détermination à ne tolérer aucune agression et à anéantir les agresseurs", a-t-il déclaré, ajoutant que les relations entre Pyongyang et Moscou "atteignaient désormais leur apogée historique". "Pyongyang sera toujours aux côtés de Moscou. Notre amitié et notre unité dureront éternellement", a-t-il encore affirmé.
Le président français Emmanuel Macron (D) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrivent pour présider le sommet de la Coalition des volontaires à l'Élysée, le 4 septembre 2025 à Paris
Le président américain Donald Trump a décidé jeudi 23 octobre de rompre immédiatement les négociations commerciales avec le Canada, accusant les autorités canadiennes d’avoir tordu les propos de son prédécesseur Ronald Reagan dans une campagne publicitaire contre la hausse des droits de douane entre les deux pays.
"Compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES", a-t-il publié sur son réseau Truth Social. "La Fondation Ronald Reagan vient d’annoncer que le Canada a utilisé de manière frauduleuse une publicité, qui est FAUSSE, dans laquelle Ronald Reagan s’exprime négativement sur les droits de douane", rapporte le président dans son message.
Il fait référence à une campagne publicitaire financée par la province canadienne d’Ontario, pour environ 75 millions de dollars, afin de convaincre les électeurs républicains américains, selon plusieurs médias. Sur X, la Fondation Ronald Reagan a déclaré que cette campagne avait utilisé "de manière sélective des extraits audio et vidéo" d’un discours radiophonique sur le commerce de l’ancien président républicain en avril 1987. Selon la Fondation, la publicité "déformait" les propos de Ronald Reagan (1981-1989), ajoutant qu’elle "examinait ses options juridiques dans cette affaire".
Donald Trump accuse les autorités canadiennes d’avoir "agi ainsi uniquement pour influencer la décision de la Cour suprême des Etats-Unis et d’autres tribunaux", devant lesquels est contestée la légalité des décrets du président américain ayant déclenché ces hausses douanières. "LES DROITS DE DOUANE SONT TRÈS IMPORTANTS POUR LA SÉCURITÉ NATIONALE ET L’ÉCONOMIE DES ÉTATS-UNIS", a justifié le président.
Un accord sur le point d’être conclu ?
Avant cette sortie imprévue, un accord commercial entre Ottawa et Washington portant sur l’acier, l’aluminium et l’énergie semblait pouvoir être conclu, selon le Globe and Mail, avant la rencontre prévue entre le Premier ministre Mark Carney et Donald Trump lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), à la fin du mois.
Interrogé à ce sujet mardi, le Premier ministre canadien n’avait pas nié ni confirmé l’imminence de cette possible entente. "On verra", avait-il laissé tomber devant les journalistes. "Nous sommes dans les négociations intensives à ce moment-ci."
Mark Carney avait rencontré début octobre le président Trump à la Maison-Blanche pour tenter d’avancer vers une résolution du conflit, mais n’avait obtenu aucune concession publique.
Environ 85 % des échanges transfrontaliers restent exempts de droits de douane, les Etats-Unis et le Canada continuant d’adhérer au traité de libre-échange nord-américain (Aceum). Mais les droits de douane sectoriels mondiaux imposés par Donald Trump, en particulier sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, ont durement touché le Canada, entraînant des pertes d’emplois et mettant les entreprises sous pression.
Ce montage photos créé le 2 mai 2025 montre, à gauche, le président américain, Donald Trump, s’exprimant à Washington le 23 avril 2025, et, à droite, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, parlant à Ottawa le 2 mai 2025
Les autorités lituaniennes ont "vivement" protesté et convoqué dans la soirée jeudi 23 octobre le chargé d’affaires de l’ambassade de Russie, dénonçant une brève incursion dans l’espace aérien de la Lituanie de deux avions russes en provenance de la région de Kaliningrad.
Jeudi après-midi, un appareil Soukhoï SU-30, "probablement au cours d’un entraînement à un ravitaillement" en vol et un avion de ravitaillement IL-78 ont pénétré sur le territoire lituanien sur environ 700 mètres et l’ont quitté 18 secondes plus tard, près de la petite ville de Kybartai, selon un communiqué de l’armée lituanienne.
Deux chasseurs Eurofighter Typhoon espagnols effectuant une mission de police aérienne de l’Otan dans les pays baltes "ont été déployés" aussitôt dans la zone de l’incident.
"Dans la soirée du 23 octobre, le chargé d’affaires de l’ambassade de la Fédération de Russie en Lituanie a été convoqué […], une note de protestation lui a été remise et une vive protestation a été émise concernant la violation de l’espace aérien lituanien", a écrit le ministère lituanien des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Vilnius a demandé à la Russie d'"expliquer immédiatement" les raisons de la violation de l’espace aérien lituanien et de prendre "toutes les mesures nécessaires pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir", selon ce texte.
La Russie dément toute violation
Le ministère russe de la Défense a démenti de son côté toute violation de l’espace aérien lituanien. "Les vols se sont déroulés dans le strict respect des règles d’utilisation de l’espace aérien au-dessus du territoire russe. Les avions n’ont pas dévié de leur route et n’ont pas violé les frontières d’autres États", a-t-il indiqué sur Telegram.
Les trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie), membres de l’Otan et soutiens fermes de l’Ukraine, tous voisins de la Russie ou de son allié biélorusse, dénoncent des violations de leur territoire par des avions ou des drones russes.
En septembre, trois avions de chasse MiG-31 russes étaient entrés dans l’espace aérien estonien au-dessus du golfe de Finlande où ils sont restés pendant environ 12 minutes, selon Tallinn. Cet incident a poussé l’Estonie à réclamer à l’époque une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l'ONU et l’activation de l’article 4 du Traité fondateur de l’Alliance atlantique qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace pesant sur l’un de ses membres.
Donald Trump est, on ne le sait que trop bien, imprévisible. Et la question de la guerre en Ukraine ne fait pas exception. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier, il n’avait pas mis en place une seule nouvelle sanction contre la Russie. Mais mercredi, voilà qu'il a décidé de s’en prendre au pétrole russe. "J'ai simplement estimé que c’était le bon moment", a-t-il expliqué sur NBC News.
Le président américain espère que ces sanctions mettront rapidement fin à la guerre. Mais ce revirement peut-il vraiment changer la donne ? Alors que les combats et les attaques de drones russes se poursuivent, est-ce une bonne nouvelle pour l’Ukraine ? La réponse dans cet épisode...
L’hiver arrive. Comment les Ukrainiens le devinent-ils ? A l’intensité des frappes russes sur leurs infrastructures énergétiques. Ces dernières semaines, Moscou pilonne avec une force décuplée le réseau électrique et les capacités de production de gaz du pays. Une stratégie que l’armée de Vladimir Poutine intensifie chaque année depuis le début de son invasion à grande échelle, dès lors que les températures commencent à baisser. Si l’Ukraine réplique en visant désormais des raffineries de pétrole ennemies, elle n’en reste pas moins vulnérable à ces frappes à répétition. Des coupures de courant affectent régulièrement plusieurs dizaines de milliers d’Ukrainiens. Rien qu’entre le 6 et le 12 octobre, DTEK, le plus grand fournisseur privé d’énergie, a rétabli l’électricité pour 1,9 million de familles. Depuis février 2022, il l’a fait pour près de 23,8 millions de foyers - certains plusieurs fois. Un véritable travail de Sisyphe.
L’hiver approche et l’Ukraine espère avoir trouvé un début de parade. Une solution pour garder les lumières allumées malgré les bombardements : un réseau caché de batteries. D’une capacité de 200 mégawatts (MW), l’ensemble permet d’alimenter environ 600 000 foyers pendant deux heures. Soit l’équivalent de la moitié de la capitale Kiev. Ce réseau peut donc prendre le relais si une importante source de production est subitement indisponible. Les ingénieurs sur le terrain gagnent ainsi un temps précieux pour rétablir la situation et éviter un nouveau black-out. "L’objectif essentiel est d’assurer un équilibrage - éviter les pics et les pannes - et soutenir la fiabilité du système en maintenant un certain niveau de fréquence au sein du réseau", décrit à L’Express Oleksandr Selyschev, PDG de DTEK Renouvelables, qui a chapeauté le projet.
Les six blocs de batteries sont entrés en fonctionnement le 1er octobre. Leur localisation est tenue secrète. Tout juste sait-on qu’ils sont répartis sur des sites entre Kiev et la région de Dnipropetrovsk, à des endroits clés du réseau. Et qu’ils font l’objet de mesures de protection renforcées. Cette disposition limite le risque d’une seule attaque ciblant et endommageant un système centralisé. De plus, chacun des six blocs est composé d’une multitude de batteries - 698 au total. "C’est comme des cubes de Lego. Si on en perd un, deux, ou cinq, on les remplace, illustre Oleksandr Selyschev. Cette technologie est sophistiquée en termes de système de gestion, mais relativement simple niveau assemblage."
Ingénieurs formés à l’étranger
Pour ce projet à 125 millions d’euros, DTEK s’est allié avec l’entreprise américaine Fluence, spécialiste du stockage. La coopération entre les deux groupes a été aussi rapide qu’efficace, surtout dans un pays en guerre. Contrat signé en décembre 2024. Préparation des sites secrets effectuée entre mars et mai, date de réception des batteries. Finalisation de l’ensemble du réseau en août. "C’est vraiment impressionnant, admire le patron de DTEK Renouvelables, car il faut en général deux ans pour réaliser ce type de travaux. Les équipes ont parfois travaillé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour finir dans les délais impartis."
Le tout sous la menace constante des bombardements russes. Une réalité qui a poussé Fluence à opérer sans mettre un pied en Ukraine - une première du genre. "En préparation de cette mise en service à distance, vingt ingénieurs électriciens ukrainiens ont suivi une formation avancée sur les sites de projets existants en Allemagne et en Finlande", fait savoir le groupe. Ils ont ainsi pu parachever l’installation de manière autonome le moment venu.
Ce réseau de batteries est désormais l’un des plus grands d’Europe de l’Est. Et le deuxième du genre installé en Ukraine. DTEK en avait déjà construit un en 2021, à Enerhodar, ville proche de Zaporijia. Sauf que le site a rapidement été occupé par l’agresseur russe. "C’était un tout petit projet, 1 MW seulement. Nous voulions acquérir de l’expérience, toucher du bout des doigts cette technologie. Ce test a été important puisqu’il nous a donné des idées sur la manière de procéder aujourd’hui", pointe Oleksandr Selyschev.
Dans le futur, des projets similaires à celui de DTEK, qui en a déjà annoncé un nouveau en Pologne (de 133 MW, toujours avec Fluence), devraient continuer à émerger. Ukrenergo, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, a lancé plusieurs appels d’offres en ce sens. "La demande totale formulée s’élevait à 421 MW pour ce type de services. Nous n’en fournissons que 140 MW dans ce cadre - mais nous en avons construit 200 MW au total. D’autres acteurs installeront assurément de nouveaux systèmes de stockage par batteries dans différentes régions du pays", affirme Oleksandr Selyschev.
Grâce notamment au stockage par batteries, "l’Ukraine a une occasion unique de mettre en place un système énergétique reposant sur un mix plus équilibré et plus efficace, renforçant ainsi sa sécurité énergétique et sa résilience économique futures", estime le Center for Strategic and International Studies (CSIS) dans une analyse publiée cet été. "Avec un soutien stratégique, elle peut former le capital humain nécessaire pour exploiter un réseau décentralisé moderne", poursuivent les chercheurs du CSIS. Et survivre à un quatrième hiver de guerre.
Le système de batteries installé par DTEK permet d’alimenter pendant deux heures environ 600 000 foyers, soit l’équivalent de la moitié de la capitale ukrainienne Kiev.
Faire la lumière sur une série de viols sur mineurs ayant fait plus de mille victimes en Angleterre depuis les années 1980. C'est l'objectif de l'enquête nationale lancée en juin par le gouvernement britannique. Mais avant même d'avoir commencé, cette enquête est plongée dans la tourmente.
Quatre victimes viennent d'annoncer qu'elles refusent d'y participer, à moins que la ministre chargée de la protection civile, Jess Philipps, n'accepte de démissionner. Elles reprochent, documents à l'appui, à la ministre d'avoir pris du retard dans la mise en place de cette enquête et d'avoir cherché à élargir sa portée à d'autres crimes, au risque de diluer les accusations initiales.
Quatre victimes de viols refusent de participer à l'enquête
Dans une lettre conjointe adressée à la ministre de l'Intérieur, publiée sur X, ces victimes accusent Phillips d'être "inapte" à diriger l'enquête. "Être publiquement contredites et écartées par une ministre alors qu'on est une victime disant la vérité, c'est se sentir à nouveau méprisé. C'est une trahison qui a détruit le peu de confiance qui subsistait", ajoutent-elles.
Philipps a aussitôt démenti les accusations portées à son encontre : "les allégations de retard intentionnel, de manque d’intérêt ou d’élargissement et de dilution de la portée de l’enquête sont fausses", a-t-elle déclaré devant la Chambre des communes.
Jess Philipps a reçu l'appui de plusieurs ministres de sa famille politique, comme Josh MacAlister (ministre de l'enfance), qui a déclaré qu'elle bénéficiait du "soutien sans réserve" du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur. "Jess restera en poste. Je connais Jess ; elle défend depuis toujours les jeunes filles victimes de maltraitance", a-t-il déclaré à Sky News. En revanche, d'autres personnalités de l'opposition notamment, à commencer par la dirigeante conservatrice Kemi Badenoch, se sont jointes à l'appel des quatre victimes, pour demander le départ de Jess Phillips.
Les deux favoris pour présider la commission d'enquête se retirent également
Outre la mise en retrait de plusieurs victimes, un autre événement a lui aussi secoué le processus. Les deux individus pressentis favoris pour présider la commission d'enquête - la travailleuse sociale Annie Hudson et l'ancien chef adjoint de la police Jim Gamble - ont à leur tour annoncé qu'ils se retiraient. Leurs raisons ? Le manque de confiance de certaines victimes à leur égard - lié selon eux à leurs précédentes occupations professionnelles - et la récupération politique de ce dossier.
Sur la BBC jeudi matin, Gamble a ainsi déclaré que tous les partis politiques, notamment le parti d'extrême droite Reform UK et les Conservateurs, étaient "responsables du chaos créé cette semaine", car ils avaient tous participé à un "marquage politique" de cette affaire, au lieu d'apaiser la colère.
Le gouvernement à la recherche d'un nouveau président pour la commission d'enquête
En réaction, Keir Starmer a mandaté Louise Casey - la rédactrice d'un rapport de 200 pages sur les scandales d'abus sexuels sur mineurs -, pour se mettre en quête d'un autre personne pour présider la commission d'enquête. "Les victimes n'ont toujours pas de président, de mandat et rien qui ressemble à la justice qu'elles méritent", a de son côté déploré le député libéral-démocrate Max Wilkinson, critiquant au passage le gouvernement pour les retards dans l'enquête.
L'enquête devrait notamment permettre de déterminer si les agences de l'Etat ont échoué à protéger les victimes, des gangs de pédophiles - pour la plupart composés d'hommes d'origine pakistanaise ou asiatique - par crainte d'être accusées de racisme ou par préjugés envers ces mineures. Une affaire qui était revenue sur le devant de la scène dans le sillage d’une série de tweets d’Elon Musk, en janvier 2025, dans lesquels il accusait Keir Starmer, ancien procureur de l’affaire, d’avoir "couvert des viols de masse".
La police britannique dans le viseur des victimes
Le Premier ministre britannique avait finalement promis de rouvrir une enquête. Lors de la séance de questions au gouvernement mercredi, il a souhaité rassurer les victimes, assurant que "la portée de l'enquête" ne serait "pas diluée" et que le gouvernement "n'éviterait pas les questions culturelles ou religieuses". Mais une chose est sure : ces scandales ne font qu'abîmer un peu plus l'image de la police britannique déjà largement écornée dans l'opinion, comme le rappelle Le Figaro.
Celle-ci est accusée, entre autres, de misogynie depuis l’affaire Sarah Everart, cette jeune femme vivant à Londres qui avait été enlevée, violée puis tuée par un policier effectuant sa ronde en 2021. Début octobre, une enquête de la BBC a relancé des accusations de misogynie institutionnalisée au sein de la police britannique. On y voit et entend notamment un sergent minimiser les viols subis par une femme enceinte frappée au ventre par son compagnon.
Mohammed Zahid arrive au tribunal de Manchester, le 14 janvier 2025. Des procédures préliminaires sont en cours pour huit personnes accusées d'exploitation sexuelle d'enfant.
Mercredi 22 octobre, le parlement israélien a examiné de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie. Ce projet a été violemment critiqué de toute part, y compris par le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Dans un communiqué, le bureau fustige une "provocation politique délibérée de l’opposition" visant à "semer la discorde" pendant la visite de plusieurs membres de l’entourage de Donald Trump. Les Etats-Unis, par le biais de J.D. Vance, Marco Rubio et de Donald Trump en personne s’y sont fermement opposés. La proposition a également été condamnée par des nombreux pays arabes et musulmans comme le Pakistan et la Turquie par exemple.
Les infos à retenir
⇒ Plusieurs pays fustigent la proposition loi israélienne sur l’annexion de la Cisjordanie
⇒ Le bureau de Benyamin Netanyahou qualifie cette proposition de loi de "provocation" de l’opposition
⇒ Donald Trump menace de retirer son soutien à Israël si la Cisjordanie était annexée
Plusieurs pays arabes et musulmans condamnent la proposition de loi israélienne sur l’annexion de la Cisjordanie
Plusieurs pays arabes et musulmans, dont l’Arabie saoudite, ont condamné jeudi 23 octobre dans un communiqué conjoint l’examen par le parlement israélien de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie.
"L’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Indonésie, le Pakistan, la Turquie, Djibouti, Oman, la Gambie, la Palestine, le Qatar, le Koweït, la Libye, la Malaisie, l’Egypte, le Nigeria, la Ligue arabe et l’Organisation de coopération islamique condamnent avec la plus grande fermeté l’adoption par la Knesset (parlement israélien) de deux projets de loi visant à imposer une soi-disant "souveraineté israélienne" sur la Cisjordanie occupée et sur les colonies illégales israéliennes", affirme le communiqué relayé par l’agence de presse saoudienne, SPA.
Annexion de la Cisjordanie : le bureau de Benyamin Netanyahou dénonce une "provocation" de l’opposition
"Le vote de la Knesset sur l’annexion était une provocation politique délibérée de l’opposition, destinée à semer la discorde pendant la visite du vice-président J.D. Vance en Israël", affirme le bureau de Benyamin Netanyahu dans un communiqué.
Plus tôt jeudi, J.D. Vance avait estimé que cette initiative constituait une "insulte" et l’avait qualifiée de "manœuvre politique stupide". Le secrétaire d’Etat Marco Rubio, arrivé en Israël jeudi soir, s’est également insurgé que la Knesset se soit prononcée pour l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Donald Trump dit qu’il retirera son soutien si Israël devait annexer la Cisjordanie
Le président américain Donald Trump prévient qu’Israël perdrait "le soutien des Etats-Unis" en cas d’annexion de la Cisjordanie, dans une interview au magazine Time diffusée ce 23 octobre et réalisée le 15 octobre par téléphone.
Interrogé, le président aurait répondu "Cela n’arrivera pas. Cela n’arrivera pas parce que j’ai donné ma parole aux pays arabes", dans le cadre des négociations d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. "Et vous ne pouvez pas faire cela maintenant. Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait", a-t-il ajouté. Un tel projet nuit aux efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza, selon Washington.
Donald Trump a également détaillé la manière dont il a fait pression sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour le convaincre d’accepter son plan de paix. "Bibi, tu ne peux pas lutter contre le monde entier", a-t-il affirmé lui avoir dit lors d’un entretien téléphonique. "Vous savez, je l’ai arrêté parce qu’il aurait juste continué. Cela aurait pu durer des années".
Le président américain a également affirmé être convaincu que l’Arabie saoudite et l’Iran normaliseront leurs relations avec Israël d’ici la fin de l’année.
La famine à Gaza ne s’améliore pas depuis la trêve, la situation reste "catastrophique", dit l’OMS
L’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza est "insuffisante" et n’a pas permis une amélioration de la situation dans le territoire a alerté jeudi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
"La faim est toujours présente car il n’y a pas assez de nourriture" qui parvient à la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et "la situation reste catastrophique", a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse en ligne depuis le siège de l’OMS à Genève.
Alors que l’accord négocié par Donald Trump prévoit l’entrée de 600 camions par jour, Tedros Adhanom Ghebreyesus a assuré qu’actuellement seuls 200 à 300 camions pénétraient quotidiennement et dont "un grand nombre […] sont commerciaux".
L’Organisation mondiale de la Santé a affirmé jeudi qu’elle prévoyait qu’au moins sept milliards de dollars seraient nécessaires pour la seule réhabilitation du système de santé de la bande de Gaza. "Il n’y a pas d’hôpitaux pleinement opérationnels à Gaza et seuls 14 sur 36 fonctionnent. Il y a une grave pénurie de médicaments, d’équipements et de membres du personnel de santé essentiels" a déclaré le directeur général de l’OMS.
Un ministre israélien présente ses excuses après ses propos "malheureux" sur l’Arabie saoudite
"Mes propos sur l’Arabie saoudite était malheureux" s’est excusé le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, sur X à la suite de vives réactions à une déclaration dans laquelle il avait conseillé à l’Arabie saoudite de continuer "à monter à chameau", plutôt que d’exiger la création d’un Etat palestinien en échange d’une normalisation des relations entre les deux pays.
Le président américain Donald Trump parle à la presse à bord d'Air Force One avant son arrivée à la base Andrews, près de Washington, le 19 octobre 2025
60 jours. C’est le temps que s’accorde l’entourage du président des Etats-Unis pour instaurer la paix au Sahara occidental. Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient de Donald Trump, l’a annoncé à l’occasion d’une interview accordée à la chaîne américaine CBS News le 19 octobre. "Notre équipe travaille actuellement sur l’Algérie et le Maroc. Un accord de paix sera conclu entre ces deux pays d’ici soixante jours, à mon avis", a-t-il estimé aux côtés de Jared Kushner, gendre du président américain.
"Un demi-siècle d’une crise grave"
Une déclaration qui n’a pas manqué de surprendre, les tensions entre Rabat et Alger remontent à plusieurs décennies. En cause : un désaccord sur le statut du Sahara occidental, dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc qui l’administre depuis 1979 alors que l’Algérie soutient les indépendantistes du Front Polisario, mouvement créé en 1973 pour lutter contre l’occupation espagnole.
Comme le rappelle le quotidien Le Matin d’Algérie, cette annonce intervient alors que les tensions sont loin d’être apaisées : les deux voisins n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 2021. Et le quotidien de mettre en garde contre un tel accord qui "constituerait un tournant historique pour la région, rompant avec plus d’un demi-siècle d’une crise grave, avec fermeture des frontières, renvoi des ambassadeurs, le tout sur un fond trouble de rivalités politiques et géostratégiques." Alger ne s’est pas encore exprimé officiellement.
Une proposition déjà dans les rouages de l'ONU
Comme le rapporte en exclusivité le journal espagnol El Confidencial, Washington semble prêt à se positionner du côté du Maroc. Les Etats-Unis soumettront le 30 octobre une proposition au Conseil de sécurité des Nations unies pour "enterrer à la fin de ce mois l’autodétermination des Sahraouis et miserait plutôt sur le plan d’autonomie limitée que le Maroc offre depuis 18 ans au Front Polisario". Toujours selon El Confidential, la France aurait collaboré à la rédaction du texte, membre permanent du Conseil. Le 30 octobre 2024, Emmanuel Macron avait réaffirmé la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Lors du vote, seule la Russie pourrait empêcher l’approbation en y mettant son veto.
Conscient que faire basculer la Russie dans son camp est donc crucial, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine a pris la route de Moscou où il s’est entretenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour "tenter de le convaincre de s’abstenir lors du vote".
Dans le journal algérien d’Etat, L’Expression, pas question de s’en inquiéter. D’ailleurs le titre dément, affirmant que la question du Sahara occidental n’aurait même pas été abordée lors de la rencontre russo-marocaine. Au contraire, Moscou "fidèle à sa position immuable, considère que la question du Sahara occidental ne pourra être résolue que lorsque toutes les parties parviendront à un accord commun fondé sur les résolutions pertinentes de l'ONU".
Le Maroc vend la peau de l’ours
Mais pour Rabat, pas de place pour le débat, l’issue est évidente : la Russie votera en faveur du Maroc. "La position russe s’inscrit dans un contexte international mouvant où Moscou, affaibli par son isolement occidental, cherche à renforcer son influence sur le continent africain", tranche le journal marocain proche de la couronne, Le Matin.
Sans grande surprise le titre s’est d’ailleurs félicité de la déclaration de Steve Witkoff. Dans ses colonnes, Le Matin estime que cette annonce constitue le signal que "le Maroc s’impose comme un partenaire clé : un Etat stable, doté d’institutions solides et d’une diplomatie équilibrée" aux yeux des Etats-Unis.
"Au lendemain du 7-Octobre, la pression sur le Mossad est énorme" note l’historien Yvonnick Denoël, spécialiste du renseignement. Les services extérieurs israéliens sont alors sommés par Benyamin Netanyahou d’accélérer leurs opérations pour frapper vite et fort. Le compte à rebours est lancé.
Et la réponse du Mossad est pour le moins... spectaculaire. Les 17 et 18 septembre 2024, plusieurs milliers de bipeurset de talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, au Liban principalement, et dans une plus faible mesure en Syrie, explosent simultanément. Bilan : 42 morts et 3 500 blessés, dont plusieurs hauts responsables du mouvement chiite. Quelques jours plus tard, le 28 septembre, une frappe à Beyrouth tue le leader du mouvement, Hassan Nasrallah. Le 13 juin 2025, Israë bombarde massivement l'Iran, ces "frappes préventives" visant le programme nucléaire iranien. Enfin, le 9 septembre 2025, Israël frappe cette fois les négociateurs du Hamas au Qatar. Autant de coups d'éclat permis par les renseignements du Mossad et ses agents sur place, que ce soit au Liban, en Iran ou au Qatar.
Comment l'agence israélienne a-t-elle orchestré ces opérations spectaculaires ? Dans un nouveau long format vidéo, L’Express plonge dans le secret des services extérieurs israéliens. C’est à découvrir sur notre site, et tous nos réseaux sociaux.