Le Parti communiste chinois tire le tapis sous les pieds de l’Europe au moment où elle tente de se réarmer. A compter du 1er décembre, les fabricants d’armes européens devront composer avec une série de nouvelles restrictions imposées par Pékin au reste du monde sur ses ventes de métaux rares et technologies connexes. Or, la Chine domine presque totalement l’extraction et le raffinage des terres rares, indispensables pour une foule de produits électroniques : instruments médicaux, automobiles, ordinateurs, mais aussi drones, missiles, avions de combat, radars… Une stratégie qu'elle a peaufinée de longue date.
Officiellement, c’est l’Amérique qui est visée, mais dans la pratique, l’Europe est touchée de plein fouet. Outre les licences qu’il impose désormais à l’exportation, le PCC a décrété qu’aucune autorisation ne serait donnée pour les ventes ayant des implications militaires. Le ciblage de ses fabricants d’armes n’est sans doute pas une coïncidence au moment où l’Europe est de plus en plus seule à soutenir l’Ukraine après la défection de l’administration Trump, qui a pratiquement cessé toute fourniture d’aide à Kiev en armes et munitions. En freinant le réarmement européen, la Chine renforce, indirectement, son appui à Moscou.
La coordination croissante des deux grandes puissances révisionnistes inquiète au plus haut point les dirigeants européens, qui y voient l’amorce d’un scénario cauchemardesque. Le secrétaire général de l’Otan, le néerlandais Mark Rutte, a prévenu le 14 octobre : "Si, par exemple, la Chine décidait de s’en prendre à Taïwan, il est hautement probable qu’elle contraindrait son partenaire junior, la Russie de Vladimir Poutine, à s’en prendre simultanément à l’Otan, pour que nous soyons occupés". En clair : l’engrenage de la troisième guerre mondiale serait enclenché.
On comprend, dès lors, pourquoi le PCC a intérêt à freiner autant que possible le réarmement de l’Europe, dont tous les dirigeants (à l’exception de l’Espagnol Pedro Sanchez) ont souscrit au sommet de l’Otan, en juin à La Haye, à l’objectif de porter leurs dépenses de défense à 3,5 % du produit intérieur brut à l’horizon 2035 (contre 2 % aujourd’hui). L’UE a pris conscience de sa dépendance excessive en matière de terres rares. L’an dernier, elle a pris un règlement pour accroître sa production propre, diversifier ses importations et promouvoir le recyclage. Mais il faudra du temps pour y parvenir, alors que les besoins sont urgents.
Une trêve à consolider. Dans la bande de Gaza, le cessez-le-feu signé par Israël et le Hamas demeure précaire. Ce week-end, la reprise temporaire de frappes menées par l’État hébreu sur l’enclave palestinienne, justifiées par les autorités comme une réponse à des actions hostiles du mouvement islamiste, témoigne de la fragilité des équilibres dans la région.
Lundi, le président américain Donald Trump a assuré que le cessez-le-feu restait en vigueur à Gaza, malgré cette série d’incidents. Ce mardi 21 octobre, le Hamas a lui aussi affirmer vouloir "respecter" l’accord. Après la libération des derniers otages, Israël attend du mouvement islamiste qu’il lui rende l’ensemble des dépouilles des personnes décédées lors de leur captivité à Gaza, enlevées lors des attaques terroristes du 7 octobre 2023.
Les infos à retenir
⇒ L'émir du Qatar condamne la "poursuite des violations" du cessez-le-feu à Gaza
⇒ Le vice-président américain J.D. Vance attendu en Israël ce mardi
⇒ Une nouvelle dépouille d’otage identifiée par Israël
L'émir du Qatar condamne la "poursuite des violations" du cessez-le-feu à Gaza
L'émir du Qatar, dont le pays est un médiateur clé pour la trêve en cours à Gaza, a accusé ce mardi Israël de continuer à violer le cessez-le-feu après une série de frappes meurtrières israéliennes visant le Hamas dans le territoire palestinien. "Nous réaffirmons notre condamnation de toutes les violations et pratiques israéliennes en Palestine, en particulier la transformation de la bande de Gaza en une zone impropre à la vie humaine, (et) la poursuite des violations du cessez-le-feu", a déclaré Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani dans son discours annuel devant le Conseil législatif à Doha.
Malgré le cessez-le-feu en vigueur, Israël a repris temporairement les frappes sur la bande de Gaza le week-end dernier. Une opération justifiée par les autorités du pays comme une riposte à des violences commises, selon l’État hébreu, par le Hamas. Le mouvement islamiste aurait notamment visé des troupes israéliennes au sud de l’enclave.
Un responsable du groupe armé a redit mardi de son côté sa volonté de "respecter" le cessez-le-feu à Gaza. "Nous avons beaucoup de difficultés à extraire les corps, mais nous sommes déterminés et nous travaillons dur pour y parvenir", a ainsi assuré le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, interrogé sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News. "L’accord pour Gaza tiendra, car nous le voulons et que notre volonté de le respecter est forte." Lundi, Donald Trump avait menacé d'"éradiquer" le Hamas s’il ne respectait pas cet accord, qui prévoit dans un second temps son désarmement.
Le vice-président américain J.D. Vance attendu en Israël ce mardi
Plusieurs émissaires et responsables américains font le déplacement cette semaine en Israël pour tenter de consolider le cessez-le-feu en vigueur à Gaza. Ce mardi, le vice-président américain J.D. Vance est attendu sur place. La veille, l’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le gendre du président américain, Jared Kushner, ont avant lui rencontré le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
Dimanche, J.D. Vance avait indiqué que la trêve connaîtrait des "hauts et des bas". "Le Hamas va tirer sur Israël. Israël va devoir répondre", avait-il exposé. "Nous pensons donc que le cessez-le-feu a toutes les chances d’offrir une paix durable. Mais même s’il y parvient, il y aura des hauts et des bas, et nous devrons surveiller la situation."
Le maintien du cessez-le-feu est "vital" pour acheminer de l'aide, affirme l'ONU
Le maintien du cessez-le-feu à Gaza est "vital" pour apporter de l'aide "et sauver des vies" à Gaza, a exhorté ce mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, appelant de nouveau à l'ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien. "Le maintien du cessez-le-feu est vital. C'est vraiment le seul moyen de sauver des vies et de lutter contre la famine dans le nord de Gaza.", a annoncé devant la presse à Genève Abeer Etefa, porte-parole du PAM, après les violences de dimanche dans le territoire palestinien, les plus importantes depuis l'entrée en vigueur d'un accord de cessez-le-feu le 10 octobre.
La dépouille restituée à Israël identifiée comme celle du soldat Tal Haïmi
Le Hamas a rendu lundi une 13ᵉ dépouille à la Croix-Rouge, qui l’a ensuite transmise à Israël. Ce corps a été identifié ce mardi comme celui du soldat Tal Haïmi, commandant de la milice de défense du kibboutz Nir Yitzhak, où plusieurs personnes ont été tuées ou kidnappées lors des attaques terroristes du 7 octobre 2023. À l’origine, le Hamas devait rendre d’ici au 13 octobre dernier les 28 corps d’otages toujours retenus dans la bande de Gaza.
Mais le groupe armé réclame plus de temps et davantage de matériel pour procéder à ces remises. Il y a huit jours, le Hamas a toutefois libéré l’ensemble des 20 derniers otages israéliens toujours en vie. Ils ont tous été pris en charge dans des hôpitaux israéliens.
Une femme pour la première fois à la tête du Japon. La nationaliste Sanae Takaichi a été nommée ce mardi 21 octobre Première ministre du pays asiatique, après un vote à la chambre basse du Parlement. Il n’a fallu qu’un tour à cette responsable de 64 ans pour accéder à sa nouvelle fonction. Sa nomination deviendra officielle quand elle aura rencontré l’empereur Naruhito plus tard dans la journée. Sanae Takaichi s’est engagée à "renforcer l’économie japonaise et à refondre le Japon pour en faire un pays capable d’assumer ses responsabilités envers les générations futures".
Longue ascension politique
Cette nomination marque l’apogée de la longue ascension politique de cette figure conservatrice au Japon. Début octobre, Sanae Takaichi avait ainsi été élue à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), formation conservatrice au pouvoir presque sans discontinuer depuis 1955. Néanmoins, ce dernier est de plus en plus critiqué. Un scandale financier a terni sa crédibilité, tandis que son allié traditionnel centriste, le parti Komeito, a quitté la coalition gouvernementale qu’ils formaient ensemble depuis un demi-siècle. Un bouleversement de plus pour le monde politique japonais, déjà remué par d’incessants changements gouvernementaux ces cinq dernières années.
Face à cette équation politique délicate, Sanae Takaichi va devoir composer avec ses nouveaux partenaires d’Ishin, formation réformatrice de centre-droit, sans renoncer à ses idées nationalistes. Si la Première ministre avait promis un équilibre entre les genres "à la scandinave" dans son équipe, elle a déjà déçu certaines attentes, en ne nommant mardi que deux femmes ministres dans son gouvernement. Sanae Takaichi compte ainsi défendre une ligne traditionaliste sur le plan sociétal. Elle s’oppose par exemple à la révision d’une loi obligeant les couples mariés à porter le même nom de famille et soutient une succession impériale réservée aux hommes.
Positions révisionnistes
Sanae Takaichi est également coutumière de positions révisionnistes, en particulier sur la question du rôle du Japon durant la Seconde Guerre mondiale. Elle nie les crimes commis à cette époque par l’armée impériale. Lors de sa carrière politique, elle s’est rendue à plusieurs reprises au sanctuaire de Yasukuni, considéré comme un symbole du passé militariste du Japon. Le lieu est associé aux exactions commises par les militaires japonais dans la première moitié du XXe siècle, notamment en Chine et dans la péninsule coréenne. Pressentie pour devenir Première ministre, Sanae Takaichi a renoncé ces derniers jours à visiter de nouveau le site, se contentant d’y envoyer une offrande.
Très offensive dans son discours contre la Chine, la nouvelle Première ministre japonaise s’affiche en revanche comme prête à renforcer les liens entre son pays et les États-Unis. Début octobre, Donald Trump avait d’ailleurs salué son accession à la tête du PLD. "Le Japon vient d’élire sa première femme Première ministre, une personne très respectée, d’une grande sagesse et force. C’est une formidable nouvelle", avait-il écrit, sur son réseau Truth Social. Donald Trump se déplacera d’ailleurs au Japon la semaine prochaine, pour une visite de deux jours dans l’archipel.
Thatcher et Abe, ses deux modèles
Plus que le président américain, Sanae Takaichi revendique avant tout s’inspirer d’une autre Première ministre : la Britannique Margaret Thatcher, au pouvoir au Royaume-Uni entre 1979 et 1990. Mais son véritable mentor reste l’ex-Premier ministre Shinzo Abe, longtemps à la tête du gouvernement japonais (2012-2020) et assassiné par balles en 2022, lors d’un discours dans la ville de Nara… dont est originaire Sanae Takaichi, qui a été élue à plusieurs reprises députée de cette région.
Outre un paysage politique fragmenté et une situation internationale instable, la nouvelle cheffe du gouvernement devra surtout faire face aux grands défis actuels du Japon sur le plan économique. Le déclin démographique inquiète de longue date dans le pays. Par ailleurs, si le produit intérieur du brut japonais a légèrement rebondi (+ 0,3 %) au second trimestre 2025 après une chute (-0,2 %) sur les trois premiers mois de l’année, le dynamisme commercial nippon préoccupe toujours. Sanae Takaichi s’est exprimée par le passé en faveur de l’augmentation des dépenses publiques pour relancer l’économie, mais a depuis tempéré son discours.
La présidente du Parti libéral démocrate (PLD) Sanae Takaichi a été nommée Première ministre du Japon lors d'une session extraordinaire de la chambre basse du Parlement à Tokyo, le 21 octobre 2025
La Colombie a dénoncé lundi une "menace d'invasion" de la part des Etats-Unis et rappelé son ambassadeur à Washington pour consultations, après la mise en garde la veille de Donald Trump qui a évoqué une possible intervention de son pays si Bogota n'arrêtait pas "immédiatement" la production de drogue. Le président américain a en outre annoncé la suspension du versement des aides financières accordées à la Colombie, sans préciser lesquelles.
Les relations entre les deux pays au plus bas
Les relations entre les deux pays, historiquement alliés, ont atteint leur point le plus bas avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et l'élection en 2022 du premier chef de l'Etat colombien de gauche, Gustavo Petro. Washington a ainsi révoqué en septembre le statut de la Colombie qui était considérée comme un de ses 20 partenaires dans la lutte antidrogue. Celle-ci a répliqué en suspendant ses achats d'armes aux Etats-Unis, son principal partenaire dans le domaine militaire.
Le président américain a affirmé dimanche sur son réseau Truth Social que son homologue colombien était un "baron de la drogue qui encourage fortement la production massive de stupéfiants" dans son pays. "Petro, un dirigeant peu apprécié et très impopulaire (...) ferait mieux de fermer ces champs de la mort immédiatement, sinon les Etats-Unis les fermeront pour lui et cela ne se fera pas gentiment", a encore écrit Donald Trump.
Echange d'accusations
S'exprimant lundi sur Blu Radio, le ministre colombien de l'Intérieur, Armando Benedetti, a en conséquence assuré que la Colombie faisait face à une "menace d'invasion ou d'action terrestre ou militaire contre la Colombie". Il a suggéré qu'une solution alternative pour les Etats-Unis serait de pulvériser du glyphosate, un pesticide, sur les cultures de drogue, ce qui constituerait également une atteinte à la "souveraineté" de son pays.
Le président américain a par ailleurs dit vouloir annoncer de nouveaux droits de douane sur les produits colombiens, déjà soumis à une taxe de 10 %. En réponse, Gustavo Petro a proposé lundi sur X aux Etats-Unis de "supprimer les droits de douane sur la production agricole et agroindustrielle" de son pays "afin de renforcer la production légale". Considérant que Donald Trump était "trompé" par ses "conseillers", Gustavo Petro a assuré que la politique antidrogue américaine avait "causé un million de morts en Amérique latine" et n'était qu'"un prétexte pour contrôler cette région", notamment afin d'"obtenir le pétrole bon marché du Venezuela".
Peu auparavant, la Colombie avait fait savoir qu'elle avait rappelé son ambassadeur aux États-Unis, Daniel Garcia Peña, pour consultations après l'annonce par le président américain d'une interruption de son aide financière à Bogota.
Une frappe sur un bateau
Washington a par ailleurs fait état dimanche d'une nouvelle frappe - qui a fait trois morts -, le 17 octobre, contre un navire dans les Caraïbes, un bateau affilié à la guérilla colombienne de l'Armée de libération nationale (ELN) soupçonné de transporter de la drogue. Cette attaque s'est inscrite dans le cadre d'une extension de l'opération militaire des Etats-Unis dans la mer des Caraïbes, où ils déploient des bâtiments de guerre, au large du Venezuela, depuis le mois d'août.
Au total, au moins sept bateaux ont été ciblés par les forces américaines, avec un bilan d'au moins 30 morts. Les experts s'interrogent sur la légalité de ces frappes contre des suspects qui n'ont été ni interceptés ni interrogés.
La Colombie est le pays d'Amérique du Sud recevant la plus importante aide financière de Washington, selon les données américaines, avec plus de 740 millions de dollars versés en 2023, la dernière année dont les données sont disponibles. La moitié de cette somme est consacrée à la lutte contre la drogue. Le reste sert notamment à financer des programmes humanitaires et alimentaires.
La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, avec un record de 2.600 tonnes en 2023, soit 53 % de plus que l'année précédente, selon l'ONU. Des chiffres contestés par Gustavo Petro qui dénonce des problèmes méthodologiques. Depuis son arrivée au pouvoir, il préfère miser sur la lutte contre les problèmes sociaux qui alimentent les trafics et sur des négociations avec les groupes armés, pour l'instant infructueuses.
Les relations entre les deux pays, historiquement alliés, ont atteint leur point le plus bas avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et l'élection en 2022 du premier chef de l'État colombien de gauche, Gustavo Petro.
C’est une nouvelle étude qui risque de faire réagir au sein de l’Union européenne (UE). Selon Zareh Astryan, professeur d’économie à l’université de Münster, le budget de 392 milliards d’euros destiné à soutenir les régions les plus pauvres de la zone produit un rendement très faible, chaque euro dépensé par l’UE dans le cadre de sa "politique de cohésion" ne générant qu’environ un euro de croissance supplémentaire du PIB, révèle le Financial Times, ce lundi 20 octobre. D’après les travaux de l’économiste, bien que ces aides, qui peuvent parfois représenter l’essentiel des investissements publics dans certains pays, contribuent à attirer entre deux et trois euros d’investissements privés pour chaque euro dépensé, ces derniers ont tendance à s’effondrer dès lors que les régions perdent l’accès à ces fonds.
Une analyse qui rejoint celle d’autres spécialistes, pour lesquels cet argent peut certes permettre de moderniser les infrastructures et soutenir l’emploi dans toute la périphérie de l’UE, mais dont l’impact sur la productivité et l’innovation reste inégal. "En moyenne, la politique de cohésion semble avoir été efficace pour stimuler la croissance des régions européennes, mais ce n’est pas le cas partout", appuie auprès du Financial Times Ugo Fratesi, professeur d’économie régionale à l’Ecole polytechnique de Milan.
Des inquiétudes
Du côté des Etats, certains s’inquiètent déjà. "Sans politique de cohésion, nous ne serions pas en mesure de réparer un grand nombre de routes, de ponts, d’écoles, d’équipements sociaux, d’hôpitaux et de transports en commun", a illustré Milan Majerský, gouverneur régional de Prešov, la région la plus pauvre de Slovaquie orientale, où les fonds de cohésion représentent environ 80 % des investissements publics. "La Slovaquie ne pourrait pas fonctionner sans les fonds européens", a-t-il résumé. A Murcie, une région sèche du sud de l’Espagne, on affirme également que les nets progrès dans les domaines agricoles et de gestion de l’eau auraient été impossibles sans ces aides, qui ont fait du territoire "l’une des économies régionales espagnoles à la croissance la plus rapide", soutient Fernando López Miras, son président.
A l’inverse, les responsables des pays les plus riches du nord et de l’ouest de l’UE, principaux contributeurs au budget de l’Union, affirment que les dépenses de cohésion ont déjà permis aux régions de rattraper leur retard économique, et que ces ressources doivent désormais être réorientées vers d’autres priorités, comme la défense ou la relance industrielle.
Un contexte tendu
Ces critiques à l’encontre des fonds de cohésion s’inscrivent dans un contexte déjà tendu. Le 15 octobre dernier, le Comité européen des régions (Cdr) a rejeté, par une résolution adoptée à l’unanimité, le projet de la Commission européenne visant à fusionner les fonds destinés au développement régional et à l’agriculture dans le budget 2028-2034. Outre l’absence de garanties d’accès à la politique de cohésion pour toutes les régions, le Cdr alerte contre le regroupement de ces aides en "un seul paquet nationalisé sans critères d’allocation clairs", ce qui pourrait engendrer une concurrence entre les agriculteurs et les collectivités locales, assure l’organe consultatif.
Les régions en appellent désormais aux institutions compétentes pour bloquer le projet : "Le Parlement européen et le Conseil de l’UE doivent désormais prendre leurs responsabilités pour stopper ces projets et éviter une aggravation des conflits institutionnels et du chaos", a déclaré Kata Tüttő, la présidente du Cdr, qui a mené une mobilisation éclair sur la place située devant le Parlement européen. Melonian Fitto, le vice-président exécutif de la Commission européenne en charge de la cohésion, a de son côté échangé avec les régions italiennes le 14 octobre dernier, assurant que "la cohésion sans les régions [était] impossible".
Après cinq ans d'enquête, l'ancien chef de l'Etat a été mis en examen pour "corruption passive", "recel de fonds libyens" et "financement illégal de campagne". Les juges mènent des investigations sur des accusations de financement de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007 avec de l'argent libyen, lancées par d'anciens dignitaires du régime de Mouammar Kadhafi. L'affaire avait rebondi en novembre 2016, avec les déclarations explosives de Ziad Takieddine quand il avait affirmé avoir lui-même remis 5 millions d'euros d'argent libyen au camp Sarkozy quelques mois avant son élection à la présidence.
A 62 ans, dont douze au pouvoir, Nicolas Maduro traverse une mauvaise passe. Crise de la soixantaine ? Grosse fatigue ? Insomnies ? Bien pire : depuis un an, le dirigeant vénézuélien fait face à une de ces accumulations de mauvaises nouvelles qui faisait dire à Jacques Chirac : "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrilles". Tout commence à l’été 2024 lorsque l’opposition, pour une fois unie sous la houlette de María Corina Machado, fait la démonstration que son candidat a remporté l’élection présidentielle. Avant la proclamation officielle du résultat à l’échelle nationale par le gouvernement, ses très nombreux partisans recueillent et documentent les résultats de chaque bureau de vote du pays, puis les rendent publics. Contre l’évidence, et contre l’avis de la communauté internationale, Maduro se déclare vainqueur. Selon le décompte – crédible – de l’opposition, il a au contraire perdu par 30 % des suffrages contre 67 % à son adversaire Edmundo Gonzalez qui remplace "Maria Corina", celle-ci ayant été empêchée par Maduro de se présenter, sous un motif fallacieux.
Quelques semaines plus tard, nouvelle tuile : Donald Trump, qui, durant son premier mandat, avait lancé une politique de "pression maximum" contre Caracas, est réélu a la Maison-Blanche. Il nomme Marco Rubio, qui est d’origine cubaine, au ministère des Affaires étrangères et au poste-clé de Conseiller à la sécurité nationale. Pas de chance, celui qui est le premier Latino de l’histoire à occuper cette fonction s’intéresse de près au Venezuela ! Plaque tournante du trafic de drogue, le pays pétrolier est désormais considéré par Washington comme un narco-Etat qui menace la sécurité nationale des Etats-Unis.
Une récompense pour la capture de Maduro
Quelques mois passent et la pression s’accentue. Washington ajoute le cartel des Soleils - en référence à l’astre figurant sur les épaulettes des généraux -, une organisation criminelle liée à des membres du gouvernement vénézuélien et des hauts gradés, à la liste du Département d’Etat des organisations terroristes, où figurent aussi le Hezbollah, Al-Qaïda, des cartels mexicains ou Boko Haram (Nigeria). Enfin en août, la justice américaine double, jusqu’à 50 millions de dollars, la récompense promise à quiconque permettra l’arrestation de Nicolas Maduro, tenu pour le grand chef mafieux au sommet de l’Etat.
"Nicolas Maduro et sa femme Cilla Flores, sont terrifiés à l’idée d’être assassinés", témoigne un consultant occidental (désireux de rester anonyme) qui les a rencontrés plusieurs fois ces dernières années. Selon lui, le couple dort habituellement en sous-sol dans des lieux bunkerisés. La semaine dernière, leur inquiétude a dû augmenter d’un cran : Donald Trump a laissé fuiter l’information selon laquelle il autorisait la CIA à mener des actions clandestines au Venezuela… En outre, depuis un mois, une impressionnante flotte américaine est déployée dans la mer des Caraïbes : un porte-avions, un sous-marin, un croiseur, un porte-hélicoptères, cinq destroyers, etc. Ce n’est pas tout. 10 000 soldats sont sur le pied de guerre sur l’île de Porto Rico, à 500 kilomètres au nord de Caracas.
"Après ses déclarations de début d’année sur la reprise de contrôle du canal de Panama, un parfum de guerre froide plane incontestablement sur la région", estime le spécialiste de l’Amérique latine Gaspard Estrada en évoquant ce qui constitue la plus importante présence navale américaine dans les Caraïbes depuis 1965. Depuis deux mois, le Pentagone multiplie en effet les démonstrations de force au large du Venezuela. Dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, l’US Navy a détruit et coulé au moins cinq hors-bords vénézuéliens transportant, selon elle, de la cocaïne, tuant 27 personnes. Pas vraiment légal mais, face à des mafieux, Trump, on le sait, ne s’encombre guère d’états d’âme.
Enfin, le 15 octobre, une escadrille de l’US Air Force – semblable à celle qui a bombardé l’Iran en juin – s’est envolée vers le Venezuela : après avoir décollé de Louisiane, trois bombardiers B-52 ont volé pendant deux heures près des eaux territoriales du pays latino. Les forteresses volantes étaient escortées par des chasseurs F-18, des F-35 et des avions ravitailleurs. A l’évidence, l’on assiste à une guerre psychologique. Car, persuadé que le pays de Simon Bolivar peut tomber comme un fruit mûr, Trump n’a nulle intention d’envahir le Venezuela, façon Débarquement de Normandie.
"La popularité de 'Maria Corina' dont le prix Nobel de la paix a renforcé la stature morale, mais aussi l’appui international et les fractures à l’intérieur du régime sont autant d’éléments qui laissent à penser que le règne de Nicolas Maduro touche à sa fin", veut croire Carlos Blanco, un ex-dirigeant de gauche qui conseille María Corina Machado. Depuis Washington, Virginia Contreras, une ex-diplomate nommée par Hugo Chavez aujourd’hui en délicatesse avec Maduro est, elle, sans illusion : "La situation se dégrade depuis très longtemps sans que rien ne change. Régulièrement, on croit à la fin du régime, puis les espoirs s’effondrent."
Il rêve d'un changement de régime à Caracas
La vraie question est : que veut Trump ? Pendant qu’il est accaparé par ses "deals" au Moyen Orient et les tractations avec Vladimir Poutine au sujet de l’Ukraine, il laisse la bride sur le cou du secrétaire d’Etat Marco Rubio. A la manœuvre, celui-ci rêve d’un changement de régime à Caracas. Il sait que par ricochet, cela fragiliserait les deux autres dictatures rouge-brunes de la région, Cuba et le Nicaragua. Reste à savoir comment faire tomber le "bolivarien" Maduro. L’assassiner au moyen de frappes ciblées ? Par sûr que l’idée, mise en œuvre contre le Hamas et le Hezbollah, soit géniale. "Cela ne résoudrait rien, reprend notre connaisseur occidental du pouvoir vénézuélien. Maduro serait aussitôt remplacé par pire que lui, par exemple Diosdado Cabello, le ministre de la Sécurité et de la Justice, ou Vladimir Padrino, le ministre de la Défense, tous deux recherchés par la justice américaine." Autre scénario envisagé, se débarrasser d’abord de l’entourage de Maduro, puis négocier avec ce dernier son départ. Pour Marco Rubio, l’élimination de Diosdado Cabello aurait en tout cas un goût de revanche : en 2017, selon le Miami Herald, cet impitoyable pilier du régime projetait en effet de faire assassiner le sénateur de Floride (Rubio) par des tueurs mexicains.
Obtenir le consentement de Maduro pour qu’il soit exfiltré vers, par exemple, Moscou, le Qatar ou Istanbul (en échange de la vie sauve) serait une autre option. "C’est plus facile à dire qu’à faire car le Vénézuélien est lui-même prisonnier de forces qui le dépassent, explique encore notre témoin. Sa sécurité personnelle est, en effet, assurée par des soldats cubains et des mercenaires russes de l’ex-groupe Wagner." Or ni La Havane ni Moscou n’ont intérêt à céder quoi que ce soit à Washington. Le fait est que depuis un quart de siècle, les Cubains et les Russes – mais aussi les Chinois et les Iraniens – ont tous avancé leurs pions au Venezuela… et ils ne comptent pas les retirer. Pour Donald Trump, à l’inverse, la chute de Maduro et le retour de la démocratie à Caracas seraient une victoire politique majeure, sachant que les électorats cubano-américain et américano-vénézuélien pèsent lourd, non seulement en Floride mais aussi à Washington – au Sénat et à la Chambre des représentants.
Du pétrole lourd
Derrière tous ces calculs se cache un autre enjeu : l’or noir. Autrefois surnommé "Venezuela saoudite", le pays pétrolier abrite toujours d’extraordinaires réserves de pétrole lourd. Cependant, un quart de siècle d’incompétence, de corruption et de clientélisme a ruiné le pays. A peine arrivé au pouvoir en 1999, Hugo Chavez s’est mis en tête de chasser les compagnies pétrolières occidentales, notamment américaines, et d’utiliser l’entreprise nationale Petroleos de Venezuela (PDVSA) comme sa tirelire personnelle pour financer sa "révolution bolivarienne" et arroser ses amis, à commencer par Fidel Castro mais aussi de nombreux dirigeants de la gauche latino-américaine. "Officiellement, il s’agissait de remplacer les 'impérialistes' américains par des Russes, des Chinois et des Iraniens", raconte Humberto Calderón Berti, ancien patron de PDVSA, ex-président de l’OPEP et aujourd’hui conseiller de María Corina Machado. "Le problème, c’est que nous n’avons aucune affinité, ni culture ou langue en commun, avec ces trois peuples. Finalement, les Russes n’ont pas exploité le pétrole, les Chinois se sont focalisés sur nos minerais, et les Iraniens ont participé au narcotrafic afin, notamment, de financer le Hezbollah."
Résultat ? La production a plongé, passant de 3,7 millions à 800 000 barils par jour, dès les années 2010. Parallèlement, le nombre d’employés est passé de 40 000 à 100 000, tous supporters de feu Chavez. A l’inverse, ce dernier a un jour licencié d’un seul coup (en direct à la télévision !) 20 000 cadres, ingénieurs et ouvriers qui dénonçaient ce clientélisme. Sans personnel compétent et sans investissements, la compagnie PDVSA, autrefois une fierté nationale, a périclité. Les puits et raffineries ont été abandonnés, pillés et… revendus en pièces détachées à des ferrailleurs ! Si elle arrive un jour au pouvoir, María Corina Machado promet de faire revenir des investisseurs étrangers, dont Total, en s’appuyant sur des privatisations. Dans ce pays qui possède d’immenses réserves inexploitées, il y a matière à un bon "deal" avec Trump. Lequel n’entend pas laisser les Chinois prendre racine dans cet eldorado pétrolier en puissance.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro (à gauche) à Caracas le 10 janvier 2025, et le président américain Donald Trump (à droite) à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 15 juillet 2025.
C’est un projet datant de plus d’un siècle, sur lequel Moscou tente de capitaliser pour se rapprocher encore plus de son rival américain. Alors que Donald Trump a annoncé un sommet avec Vladimir Poutine "dans les deux prochaines semaines" pour évoquer la situation en Ukraine, la Russie a ressorti de ses cartons l’idée de construire un tunnel sous le détroit de Béring, permettant de relier les deux pays de l’Alaska à la Tchoukotka.
Jeudi 16 octobre, dans la foulée d’une conversation téléphonique entre les présidents russe et américain, Kirill Dmitriev, le patron du Fonds souverain d’investissements directs (RDIF) en charge de réchauffer les relations économiques avec les Etats-Unis, a en effet évoqué sur X la possibilité d’un "tunnel Poutine-Trump", un "lien de 112 km symbolisant l’unité". Selon lui, cette infrastructure, unique au monde, pourrait être réalisée en moins de huit ans et coûterait "seulement" 8 milliards de dollars (environ 6,9 milliards d’euros), bien loin des estimations traditionnelles qui tablaient sur un montant de 65 milliards de dollars pour un projet d’une telle ampleur. Le négociateur russe a également proposé que le maître d’œuvre soit The Boring Company, une société spécialisée dans le creusement de tunnels via des foreuses à haut rendement fondée par… Elon Musk, en 2016.
"N’est-il pas préférable de relier (nos continents) par un tunnel Alaska-Russie, plutôt que d’augmenter les risques d’une Troisième guerre mondiale", a-t-il écrit vendredi, dans une deuxième salve de messages sur X. "Cela transformerait une des dernières frontières du monde en une success-story partagée – prouvant ainsi que les rivaux peuvent collaborer quand les enjeux sont à la hauteur", a-t-il encore affirmé.
Un projet ancien
Ce projet fou n’est néanmoins pas nouveau. Kirill Dmitriev a d’ailleurs expliqué que l’idée lui était venue en consultant des archives soviétiques récemment déclassifiées sur l’assassinat de John F. Kennedy. Le patron de la RDIF a publié une lettre d’un Américain adressée au dirigeant soviétique de l’époque Nikita Khrouchtchev, montrant une carte dessinée à la main matérialisant ledit ouvrage, sur laquelle était indiqué : "Le pont Kennedy-Khrouchtchev pour la paix mondiale pourrait et devrait être construit entre l’Alaska et la Russie".
Plusieurs années auparavant, en 1890, le gouverneur de l’Etat du Colorado de l’époque, William Gilpin, avait également eu l’idée d’une liaison ferroviaire entre les deux continents, prévoyant que du côté de l’Alaska, des "wagons soient chargés sur des ferrys brise-glace et transportés vers la Tchoukotka, où l’on souhaitait également construire une voie ferrée", indique le tabloïd proche du Kremlin Komsomolskaïa Pravda. Le projet, finalement repoussé par le gouvernement russe qui craignait le développement de l’influence étrangère, sera suivi par d’autres propositions de ponts ou tunnels, sans pour autant convaincre les investisseurs et les pays concernés. Le dernier en date, porté par un certain Fiodor Soloviev, immigré russe en Alaska, est resté dans les tiroirs, celui-ci admettait en 2013 que les tensions politiques entre Washington et Moscou, mais aussi l’absence de fonds publics, rendaient difficile un tel chantier.
Interrogé par RFI, Frédéric Lasserre, professeur de géographie à l’Université de Laval au Québec, pointe d’autres raisons : l’isolement géographique du détroit de Béring, représentant un véritable défi technique et logistique, mais aussi une absence de rentabilité, les ressources extraites en Alaska ou en Sibérie étant orientées vers les ports les plus proches pour être exportées par voie maritime sur les marchés mondiaux. "Certes, le passage par la voie ferrée serait plus rapide que par bateau, mais il coûterait beaucoup plus cher. Si on demande aux expéditeurs de payer trois fois plus pour gagner quelques jours, je ne suis pas sûr qu’ils décident de mettre leurs conteneurs sur une voie ferrée", illustre-t-il.
Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine arrivent pour tenir une conférence de presse conjointe après avoir participé à un sommet américano-russe sur l'Ukraine à la base commune Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025.
Distancée dans certaines enquêtes d’opinion par l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivée deuxième aux législatives de février dernier, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Friedrich Merz veut enrayer cette progression particulièrement forte dans l’est du pays, mais aussi l’essor que le parti connaît à l’ouest. "Ce parti veut ouvertement détruire la CDU, il veut un autre pays", a accusé le chancelier allemand, lors d’une conférence de presse à Berlin après une réunion de deux jours de son parti.
"Ce ne sont pas seulement des détails qui nous séparent. Ce sont des questions fondamentales et des convictions politiques fondamentales qui nous séparent de l’AfD", a-t-il ajouté, accusant ce parti antimigrants, eurosceptique et aux positions pro russes de remettre en cause "les décisions fondamentales" de l’Allemagne démocratique née en 1949, après la Seconde Guerre mondiale. Contacté par l’AFP, le parti d’extrême droite n’a pas commenté ces propos dans l’immédiat.
Une main tendue "qui veut nous détruire"
Le président de la CDU a clairement rejeté les appels émis la semaine dernière par certains au sein de sa formation et du parti frère bavarois, la CSU, qui s’étaient dits favorables à une coopération avec l’extrême droite. Ces derniers estimaient que la stratégie du cordon sanitaire, décidée en congrès en 2018, n’avait pas réussi à stopper la progression de l’AfD. "Nous allons nous en démarquer très clairement et sans ambiguïté", a insisté Friedrich Merz.
"La main tendue que l’AfD ne cesse de nous offrir est en réalité une main qui veut nous détruire", a-t-il déclaré en référence aux propositions de coopération de l’AfD. L’an prochain, sont prévues cinq élections régionales, dont deux à l’est, en Saxe-Anhalt et dans le Mecklenbourg-Poméranie occidental, où l’AfD est attendue largement à la première place, selon les sondages actuels.
A l’ouest, l’AfD est en progression constante, et elle peut espérer une deuxième place ou troisième place dans le Bade-Wurtemberg, en Rhénanie-Palatinat et à Berlin, derrière la CDU mais au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates ou les Verts.
Le Louvre bien malgré lui à la une de l’actualité mondiale. Le célèbre musée parisien a subi, dimanche 19 octobre, un cambriolage spectaculaire. Une série de bijoux datant du XIXe siècle ont été dérobés en quelques minutes par plusieurs malfaiteurs dans la galerie d’Apollon. Huit pièces "d’une valeur patrimoniale inestimable" manquent à l’appel. Par chance, la couronne de l’impératrice Eugénie, d’abord volée, a été retrouvée près du site, vraisemblablement égarée par les voleurs dans leur fuite.
Cambriolage historique
Aucune trace en revanche des autres trésors subtilisés. "Le braquage perpétré ce dimanche au musée du Louvre est déjà qualifié comme le plus grand vol commis dans cette galerie d’art depuis un siècle, un casse digne d’un film", décrit le grand quotidien espagnol El Pais. Comme ce média, de nombreux titres de presse internationaux rappellent que le précédent vol de cette ampleur date de 1911, lorsque La Joconde avait été volée par un nationaliste italien. Mais ce dernier, dont l’ambition était de rapatrier de l’autre côté des Alpes le célèbre tableau de Léonard de Vinci, avait finalement été arrêté fin 1913.
L’aspect historique de l’incident est mis en avant par la BBC, qui évoque "le vol le plus spectaculaire" au Louvre depuis cette époque. "Et cela pose de sérieuses questions sur le niveau de sécurité des œuvres d’art françaises, à l’heure où elles sont de plus en plus ciblées par les bandes criminelles", poursuit sur son site le média britannique. Comme rappelé par plusieurs journaux étrangers, le cambriolage du plus prestigieux musée français suit une série de faits divers de ce type. Plusieurs établissements culturels ont ainsi été touchés ces derniers mois par des vols à Tulle (Corrèze), Limoges (Haute-Vienne) ou encore à Paris, au Muséum d’histoire naturelle.
Embarras et colère
Le niveau de protection des musées français suscite donc les interrogations du Soir. Le quotidien belge évoque "le casse du siècle". "C’est […] le musée le plus visité au monde et sa sécurité est devenue, au XXIe siècle, un vrai casse-tête", souligne le responsable de la rubrique culture du journal. "Les cambrioleurs ont apparemment su profiter de la vulnérabilité de ce monument historique." Selon les premiers éléments de l’enquête, ils auraient simplement utilisé un monte-charge depuis l’extérieur du bâtiment pour accéder à la galerie où étaient conservés les bijoux.
L’affaire fait écho à la grève menée en juin par une partie du personnel du Louvre. Leurs revendications à l’époque ? Un "sous-effectif" au sein des équipes et une dénonciation de la "surfréquentation du musée". Une mobilisation relevée par l’agence de presse AP sur son site. "Cette situation entre également en conflit avec une tension plus profonde que le Louvre peine à résoudre : une affluence croissante et un personnel surchargé", développe son correspondant à Paris. "Ce vol constitue une nouvelle source d’embarras pour un musée déjà sous surveillance."
La crise politique en toile de fond
De l’embarras, mais aussi une certaine colère à travers les lignes de certains articles de presse. Dans un autre papier, rédigé par un journaliste spécialiste des questions d’art, El Pais n’a pas de mots assez durs pour décrire la situation au Louvre. "Nous vivons à une époque où l’inimaginable est possible. Et le Louvre a failli à un devoir essentiel : celui de comprendre son époque, une époque où rien n’est acquis", tonne l’auteur de l’article consacré au braquage. "Les autorités françaises doivent réfléchir profondément. Atteindre le cœur du Louvre a été très facile." Avant de conclure : "La France a lamentablement échoué dans la sauvegarde de son patrimoine."
Pour la plupart des médias évoquant ce braquage, l’image à l’international de la France est forcément quelque peu écornée par l’épisode, tant le musée parisien est emblématique de la capitale tricolore. "Il est difficile de surestimer l’importance du Louvre pour la France", expose ainsi le New York Times. Mais, au-delà du lieu, le moment choisi par les malfaiteurs pour agir n’est pas jugé anodin par la presse étrangère. "Au-delà des dommages économiques, la portée symbolique du cambriolage est immense", avance le Corriere della Sera. "Le cambriolage de l’un des monuments français les plus célèbres au monde, […] survient dans un contexte déjà difficile pour le pays, frappé par la crise des finances publiques et le chaos politique."
Le journal italien n’est pas le seul à faire le lien avec l’instabilité gouvernementale des derniers mois. "Impossible de ne pas tomber, dans les médias français, sur le parallèle entre ce musée cambriolé et l’état du pays, assommé par une dette record et paralysé depuis des mois par une crise politique", résume le correspondant en France du média suisse Blick. Si le Louvre devait, même avant ce cambriolage, faire l’objet d’un plan pour entreprendre une "renaissance" du musée, "le sentiment dominant est que l’une des tentations, pour refinancer le modèle social français mal en point, est que l’État devra se séparer d’une partie de son patrimoine", continue-t-il.
L’avenir des bijoux volés inquiète en tout cas la plupart des journalistes ayant écrit ces dernières heures sur le sujet. "Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice", a promis sur X dimanche le président français, Emmanuel Macron. Les pièces manquantes pourraient-elles être retrouvées à l’issue d’une longue traque, comme pour La Joconde au début du XXe siècle ? La BBC n’y croit pas. "À moins de réussir rapidement à attraper les voleurs, les enquêteurs d’aujourd’hui n’auront probablement pas autant de chance. Le premier objectif du gang sera de disperser les bijoux et de les revendre. Ce ne sera pas difficile."
Au début des années 1980, Jean-François Revel a publié un livre qui s’appelait Comment les démocraties finissent. Les Etats-Unis venaient de perdre la guerre du Vietnam, du Laos et du Cambodge. Ils avaient, sous Carter, été humiliés comme rarement dans leur histoire par le drame des 52 diplomates retenus en otages 400 jours en Iran par les Gardiens de la Révolution. L’URSS avait envahi l’Afghanistan et les régimes marxistes se multipliaient : Ethiopie, Nicaragua, Angola, Mozambique, Bénin, Congo-Brazzaville… Les pays communistes de longue date, Chine, Corée du Nord, Cuba et toute l’Europe de l’Est ne montraient aucun signe de faiblesse. Six ans plus tard le mur de Berlin tombait, l’URSS disparaissait, l’est de l’Europe retrouvait la liberté et Fukuyama publiait son livre La Fin de l’histoire qui proclamait le triomphe de la démocratie libérale. Aujourd’hui l’histoire semble avoir de nouveau changé d’avis et nous oblige à nous poser la question : Est-ce que Revel s’était trompé ou est-ce qu’il n’avait pas eu raison trop tôt ?
Le XXIe siècle n’a que 25 ans et déjà se dessinent ses enjeux majeurs, tous marqués par l’accélération de l’histoire. Accélération du changement climatique, qui menace l’humanité. Accélération des technologies et de l’intelligence artificielle avec ses espoirs formidables mais aussi ses risques, y compris sur la nature même de l’Homme. Accélération des bascules économiques et politiques avec la fin du bref moment unipolaire de l’Amérique, l’émergence de puissances régionales. Et bien sûr l’ascension de la Chine qui installe une nouvelle bipolarité en surplomb de ce monde multipolaire.
L’internationale des dictateurs s’est reformée. Plus d’idéologie, plus de doctrine, rien que les rapports de force. On a beau réinstaller les bustes de Staline en Russie, le communisme a fait place à une dictature mafieuse nationaliste et impérialiste. La Chine marie le capitalisme le plus sauvage à la surveillance implacable d’un régime totalitaire. La Corée du Nord est une tyrannie héréditaire et l’Iran une mollarchie maintenue par un effroyable appareil de répression.
Un seul but les unit : détruire l’ordre mondial instauré par les Etats-Unis et leurs alliés après 1945. Le mouvement des non-alignés des années 1950 sert de modèle à de nouvelles configurations. Les Brics, malgré leur absence d’unité, le Sud global dont le profil exact est inconnu, l’organisation de coopération de Shanghai sont surtout l’occasion de grands-messes. Mais elles donnent le ton et jouent sur le ressentiment contre la colonisation. Ressentiment assez curieux d’ailleurs puisqu’il épargne la Russie, pourtant le dernier empire colonial.
Trois types d’agressions simultanés
La guerre en Ukraine s’accompagne de toute la panoplie des provocations en Europe. Drones, flotte fantôme, sabotages, cyberattaques, campagnes de désinformation, influenceurs rémunérés, étoiles de David, mains rouges, têtes de cochon, faux sites Web, fermes à trolls… Une agression militaire contre l’Europe, donc contre l’Otan, n’est bien sûr pas à l’ordre du jour de la part d’un pays incapable de l’emporter contre un voisin trois fois moins peuplé. Mais nous sommes confrontés à trois types d’agressions simultanés. Guerre chaude en Ukraine et en Afrique, guerre froide pour l’heure en mer de Chine et dans le Pacifique, guerre hybride partout ailleurs. Ce qui est étonnant, c’est qu’alors que Poutine, Xi, Kim Jong-un et Khamenei déclarent ouvertement qu’ils veulent notre défaite et le changement de l’ordre du monde, les dirigeants des démocraties font tout pour regarder ailleurs. Combien de fois ces dernières années n’avons-nous pas entendu : "Nous ne sommes en guerre avec personne, nous ne voulons la guerre avec personne."
Cette forme d’aveuglement face aux guerres hybrides, je voudrais en donner un exemple. En 2018 j’ai réclamé dans une intervention au Sénat l’interdiction de Russia Today et de Sputnik, faux médias et vrais organes de désinformation du FSB pilotés depuis Moscou. Le ministre d’alors m’a répondu : "Vous n’y pensez pas, et la liberté d’expression". Le 25 février 2022 RT et Sputnik étaient interdits en urgence dans toute l’Europe. Il avait fallu l’invasion de l’Ukraine pour que l’on commence à comprendre que la cyberguerre c’est aussi la guerre. Et que ça n’a rien à voir avec la liberté d’expression.
Dans cette guerre hybride, nous n’avons pas que des ennemis extérieurs, nous avons aussi les cinquièmes colonnes. En Chine, en Russie ou en Iran, pas d’opposition. Ici, c’est ce qui fait à la fois la grandeur et la faiblesse des démocraties, l’extrême droite et l’extrême gauche peuvent passer leur temps à dire que Poutine est un grand dirigeant, que Zelensky est un despote, que la Chine n’est pas une dictature, que l’Ukraine n’existe pas, qu’elle a toujours été russe, que ses dirigeants sont des nazis… Cette cinquième colonne est aux portes du pouvoir, nous disent les sondages, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France. Lorsque aux Etats-Unis se multiplient les interventions de l’armée dans les grandes villes tenues par l’opposition, lorsqu’un président piétine la Constitution, multiplie les décrets illégaux, révoque les juges qui pourraient l’en empêcher, limoge d’un coup tout l’état-major militaire et prend le contrôle des réseaux sociaux, les populistes, dans une alliance improbable avec les dirigeants des Gafam, entreprennent la confiscation de la démocratie.
Le principal danger pour les démocraties
Mais le principal danger pour les démocraties ne vient ni des ennemis extérieurs, ni des cinquièmes colonnes. Le principal danger c’est celui qu’avait très bien expliqué Tocqueville, et il est inhérent au système démocratique. La démocratie est une promesse toujours inachevée. Au fur et à mesure que progressent les libertés, le bien-être et les conquêtes sociales, les inégalités qui subsistent, même minimes, deviennent insupportables. Si chacun est libre de s’accomplir, chacun peut se comparer, et donc être frustré. C’est donc une société qui produit de la déception et la fatigue d’être en permanence responsable de son destin.
S’y ajoute désormais la formidable accélération des réseaux que j’appelle "asociaux". Alors que les sociétés humaines ont toujours eu un besoin vital de valeurs communes, et la démocratie encore plus car elle promeut l’individualisme, les créateurs de ces réseaux ont très vite compris que ce qui créait le plus de buzz, donc le plus d’abonnés, donc le plus de pub, donc le plus de profit, était le contraire des idéaux démocratiques : l’émotion contre la raison, l’injure au lieu de la courtoisie, la menace au lieu du respect.
Je voudrais terminer par quelques bonnes nouvelles. La première est que les dictatures vont mal. La Russie est en train de se suicider. Aucun de ses buts de guerre n’a été atteint. Des centaines de milliers de morts, 700 000 déserteurs qui ont quitté le pays aggravant une démographie en chute libre. Des taux d’intérêt à 20 % qui empêchent tout investissement. Des réserves de devises et d’or presque épuisées. Mais le plus frappant c’est la dégradation totale de son influence. Poutine souhaitait la mort de l’Otan, il a réussi à la renforcer par l’adhésion de la Suède et de la Finlande. Il ne joue plus aucun rôle au Moyen-Orient. Ni en Syrie ni dans le conflit israélo-palestinien. Il n’est même plus en mesure d’arbitrer à ses frontières, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan par exemple, où Trump a imposé un cessez-le-feu. Les autres voisins, Kazakhstan, Ouzbékistan, ont pris ostensiblement leurs distances depuis l’invasion de l’Ukraine. Lorsque la guerre s’arrêtera, et Poutine ne la gagnera pas, le bilan sera un désastre auquel il faudra sans doute ajouter la vassalisation par la Chine.
L’Iran vient de subir un camouflet historique. Ses proxys au Moyen-Orient ont été détruits par Israël. Les bombes américaines ont retardé une fois de plus l’échéance de l’arme nucléaire. Les sanctions sont remises en place. Les mollahs règnent par la terreur sur un peuple très majoritairement hostile au régime où les femmes sont à l’avant-garde de la contestation.
La Chine se porte beaucoup mieux évidemment. Et les Américains ont compris bien avant nous qu’elle serait le défi du XXIe siècle. Mais les prédictions sur le rattrapage et même le dépassement des Etats-Unis sont en train de s’effondrer. La gestion désastreuse du Covid, la crise immobilière qui n’en finit pas, la croissance qui chute, l’hostilité croissante des pays voisins contre le contrôle de la mer de Chine et surtout une crise démographique qui remet en question toutes les prévisions de croissance à moyen terme, assombrissent considérablement le bilan de Xi. Sans parler de ses menaces sur Taïwan auxquelles il devrait réfléchir en observant les résultats de l’invasion de l’Ukraine.
Que faire, comme disait Lénine, dans ce monde où tout a toujours très mal marché ? Le premier conseil que je pourrais nous donner c’est celui de Jean-Paul II en 1978 : N’ayez pas peur. Malgré les braillements de Medvedev, il n’y aura pas de guerre nucléaire. Pour mille raisons, mais notamment parce que les Chinois l’ont interdit à Poutine et qu’ils ne changeront pas d’avis.
Un conseil pour l'Europe
Ensuite, dans ce monde où l’on cherche à faire croire à chacun qu’il est une victime, ne participons pas à la plainte générale. Mon grand-père a passé huit mois dans les tranchées à Verdun. Mes parents ont eu 20 ans en 1940 quand Hitler a envahi la France. Comment pourrions-nous oser nous plaindre, nous dont la génération n’a connu aucune guerre dans son pays depuis sa naissance et qui avons gagné 20 ans d’espérance de vie en 60 ans ?
Et enfin un conseil pour l’Europe, en panne de croissance, en panne de décision, en panne d’innovation ? Il est simple et le travail a déjà été fait par les plus compétents. Il s’appelle le rapport Draghi sur l’Europe-puissance. C’est la meilleure feuille de route qu’on ait tracée depuis longtemps et il fait l’unanimité. Mais au bout d’un an moins de 10 % de ses prescriptions sont appliquées. Le reste du monde n’attendra pas la lenteur de nos rituels communautaires. Il y a urgence.
Les démocraties sont-elles en danger ? La réponse est oui et elles l’ont toujours été. Est-ce qu’elles vont changer ? Très certainement. Est-ce qu’elles vont périr ? Je ne le crois pas une seconde. Mais cela dépend de nous. Et ça n’a pas changé depuis vingt-cinq siècles quand Périclès disait aux Athéniens : "Vous devez combattre pour vos lois comme pour vos murailles". Hölderlin disait, lui : " Il y a tout à défendre, il faut être fidèle". Soyons fidèles à nos lois, soyons fidèles à la démocratie.
Après avoir réussi à obtenir une trêve à Gaza, déjà mise toutefois à rude épreuve, Donald Trump cherche désormais à en faire de même en Ukraine. Vendredi, il a reçu une nouvelle fois à la Maison-Blanche Volodymyr Zelensky et l’a pressé de cesser les hostilités, tout en restant sourd à ses demandes de soutien militaire renforcé. Il a en parallèle relancé le dialogue avec Vladimir Poutine, les deux dirigeants ayant convenu de se rencontrer prochainement à Budapest. Ce lundi 20 octobre, Volodymyr Zelensky s’est dit prêt à participer à ce sommet s’il y était invité. La veille, le président ukrainien a appelé Donald Trump à durcir le ton face au maître du Kremlin, assurant que son homologue russe était "plus fort que le Hamas", dans une interview à la chaîne de télévision NBC. Volodymyr Zelensky a également exhorté dimanche ses alliés à renoncer à toute politique d’apaisement envers la Russie : "L’Ukraine ne concédera jamais aux terroristes aucune récompense pour leurs crimes, et nous comptons sur nos partenaires pour maintenir cette position", a-t-il écrit sur Telegram.
Les infos à retenir
⇒ Sergueï Lavrov et Marco Rubio ont discuté au téléphone des modalités du prochain sommet Trump-Poutine
⇒ Les Ukrainiens et les Européens doivent être "autour de la table", dit Emmanuel Macron
⇒ Volodymyr Zelensky assure être prêt à se joindre à Donald Trump et Vladimir Poutine en Hongrie
Les Ukrainiens et les Européens doivent être "autour de la table", dit Emmanuel Macron
Le président francais Emmanuel Macron a estimé lundi que les Ukrainiens et les Européens "devraient être autour de la table" lors de la rencontre annoncée à Budapest entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine.
"La paix qui peut exister, c'est une paix robuste, durable, qui permet de répondre aux exigences du droit international et qui crée les conditions de sa stabilité. Nulle autre n'existe, les Européens ont toujours été clairs sur ce sujet", a déclaré le chef de l'Etat.
Sergueï Lavrov et Marco Rubio ont discuté au téléphone des modalités du prochain sommet Trump-Poutine
Le chef de la diplomatie russe Segueï Lavrov s'est entretenu lundi au téléphone avec son homologue américain Marco Rubio pour évoquer les modalités du sommet envisagé prochainement à Budapest, destiné à trouver une issue à la guerre en Ukraine, entre les deux présidents Vladimir Poutine et Donald Trump, a annoncé Moscou.
Sergueï Lavrov et Marco Rubio ont discuté des "mesures concrètes possibles" pour la tenue de cette rencontre, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères, qualifiant la discussion de "constructive". Ni la date ni les modalités précises de la rencontre n'ont encore été annoncées.
Mettre la pression sur l'Ukraine n'est "pas la bonne approche" pour stopper l'agression russe, selon Kaja Kallas
Mettre la pression sur Kiev pour faire cesser l'"agression" russe en Ukraine "n'est pas la bonne approche", a affirmé lundi à Luxembourg la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas. "Mettre la pression sur l'Ukraine en tant que victime n'est pas la bonne approche, non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour la sécurité européenne et mondiale, car si l'agression porte ses fruits, cela incite à la reproduire ailleurs", a-t-elle déclaré à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
Vendredi, le président américain Donald Trump a reçu une nouvelle fois à la Maison-Blanche son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et l'a pressé de cesser les hostilités tout en restant sourd à ses demandes de soutien militaire renforcé. Il a en parallèle relancé le dialogue avec Vladimir Poutine, les deux dirigeants ayant convenu de se rencontrer prochainement à Budapest.
L'Ukraine et la Russie doivent "s'arrêter où ils sont", a-t-il déclaré, suggérant des concessions territoriales de la part de Kiev. "Laissons-les clamer victoire tous les deux, que l'histoire décide. Assez de tirs, assez de mort", a ajouté Donald Trump.
"L'intégrité territoriale est une valeur importante que nous défendons, et je pense que nous devons nous y tenir, car si nous abandonnons simplement ces territoires, cela enverra à tout le monde le message qu'il suffit d'utiliser la force contre ses voisins pour obtenir ce que l'on veut", a déclaré sur ce point Mme Kallas, jugeant qu'y renoncer serait "dangereux".
L'UE veut faire plus pour contrer la flotte fantôme russe
L'Union européenne envisage de renforcer son arsenal contre la flotte fantôme de pétroliers utilisés par la Russie pour contourner les sanctions occidentales contre ses exportations de brut, y compris en facilitant des inspections à bord, selon un document remis aux 27. "Nous devrions réfléchir davantage à ce sujet, être plus créatifs, parce qu'ils (les Russes) le sont aussi en contournant" les sanctions, a déclaré lundi la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas, à son arrivée à Luxembourg pour une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Ses services ont préparé une liste d'options, dont la possibilité de mener des inspections à bord de ces pétroliers. Selon ce document consulté par l'AFP, l'UE veut négocier des accords avec les pays dont le pavillon est utilisé par ces navires de la flotte fantôme russe, pour permettre des "inspections pré-autorisées dans le cadre de la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer". L'UE souhaite également la mise en œuvre d'un nouvel "instrument" juridique, dans le cadre de cette convention, pour mieux "répondre aux préoccupations liées à la flotte fantôme".
Le président français Emmanuel Macron avait appelé au début du mois les Européens à franchir "un pas" dans "la politique d'entrave" de la flotte fantôme russe, dont l'un des navires clandestins a été arraisonné par la France au large de ses côtes. "Nous allons entraver la circulation de ces navires, après les avoir sanctionnés, en partenariat avec les pays membres de la coalition des volontaires", a déclaré lundi de son côté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à Luxembourg.
Les 27 approuvent l'interdiction d'importer du gaz russe d'ici 2027
L'interdiction d'importer du gaz naturel russe dans l'Union européenne d'ici fin 2027 a été approuvée ce lundi par la majorité des Etats membres, lors d'une réunion des ministres européens de l'Energie à Luxembourg.
Cette mesure, qui doit maintenant être négociée avec le Parlement européen, avait été proposée au printemps par la Commission européenne. En cessant ses achats de gaz naturel russe, l'UE veut assécher une source de financement majeure de la guerre menée par Moscou en Ukraine.
Volodymyr Zelensky assure être prêt à se joindre à Donald Trump et Vladimir Poutine en Hongrie
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré être prêt à se joindre à la rencontre prévue prochainement à Budapest entre ses homologues américain et russe, Donald Trump et Vladimir Poutine, s’il recevait une invitation en ce sens.
Les deux dirigeants doivent se retrouver dans la capitale hongroise pour leur deuxième sommet destiné à trouver une issue à la guerre en Ukraine. "Si je suis invité à Budapest, s’il s’agit d’une invitation sous la forme d’une rencontre à trois, ou comme on l’appelle, d’une diplomatie itinérante, où le président Trump rencontre Poutine et où le président Trump me rencontre, alors, sous une forme ou une autre, nous nous mettrons d’accord", a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse.
Il a pour autant estimé que Budapest n’est pas "le meilleur lieu pour cette réunion". Proche allié de Donald Trump au sein de l’Union européenne, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, est resté conciliant avec Vladimir Poutine malgré l’invasion de l’Ukraine et s’est montré au contraire très critique envers Volodymyr Zelensky.
Selon Volodymyr Zelensky, les conditions de la Russie pour aboutir à une paix demeurent inchangées, avec notamment le retrait des forces ukrainiennes de la totalité du Donbass, région industrielle de l’est de l’Ukraine que Moscou veut annexer. Il a précisé avoir expliqué à ses interlocuteurs américains lors de sa visite à Washington que "la position de l’Ukraine n’avait pas changé", c’est-à-dire qu’elle rejetait les conditions russes. "Nous n’allons pas donner la victoire aux Russes", a-t-il insisté.
L’Ukraine a "besoin" de 25 nouveaux systèmes antiaériens américains Patriot
Trois jours après sa visite à Washington, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé ce lundi que son pays avait "besoin" de 25 systèmes antiaériens américains Patriot supplémentaires, une arme moderne et coûteuse, pour faire face aux frappes de missiles russes.
Il a affirmé lors d’une conférence de presse avoir "engagé des discussions avec des entreprises du secteur de la défense" afin "de préparer un contrat pour 25 systèmes Patriot". "Ce sont 25 systèmes dont nous avons besoin", a-t-il souligné. Les Etats-Unis ne fournissant plus à l’Ukraine que des armements payés par les Européens, l’argent pour ces Patriot devrait "provenir de l’utilisation des avoirs russes gelés", a plaidé Volodymyr Zelensky.
Vendredi, lors de sa visite à Washington, le président ukrainien n’est pas parvenu à convaincre Donald Trump de fournir à l’Ukraine des missiles de croisière américains Tomahawk. "À mon avis, il ne souhaite pas d’escalade avec les Russes avant de les avoir rencontrés" à Budapest, a jugé le président ukrainien.
Une attaque de drone fait deux morts dans la région russe de Belgorod
Une attaque de drone a fait deux morts et un blessé dans la région russe de Belgorod, a annoncé tôt lundi le gouverneur de ce territoire frontalier de l’Ukraine. "Deux civils ont été tués dans le village de Yasnye Zori lorsqu’un drone a largué des explosifs sur une entreprise agricole", a rapporté Viatcheslav Gladkov sur le réseau social Telegram. Un autre civil a été blessé, a-t-il ajouté.
Depuis le début de son offensive il y a trois ans et demi, la Russie lance quasi quotidiennement drones et missiles sur l’Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe - et notamment des infrastructures énergétiques.
Vendredi, le président américain Donald Trump, qui affiche une complicité retrouvée avec le président russe Vladimir Poutine, a pressé Volodymyr Zelensky de cesser les hostilités, en restant sourd aux demandes de soutien militaire renforcé du numéro un ukrainien.
Une trêve fragile à Gaza. Après l’entrée en vigueur le 10 octobre d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans l’enclave palestinienne, l’espoir renaît au Proche-Orient. Mais les équilibres de la région demeurent plus que précaires : dimanche 19 octobre, l’armée de l’État hébreu a de nouveau lancé des frappes aériennes meurtrières sur la bande de Gaza, après avoir accusé le mouvement islamiste d’avoir lui-même rompu l’arrêt des combats. D’après la défense civile, qui agit sous l’autorité du Hamas, et des hôpitaux locaux, 45 personnes auraient été tuées dans ces bombardements.
Les infos à retenir
⇒ Benyamin Netanyahou a rencontré les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner
⇒ Israël affirme avoir largué 153 tonnes de bombes sur la bande de Gaza dimanche
⇒ Donald Trump assure que le Hamas sera "éradiqué" s'il rompt l'accord de cessez-le-feu
Israël dit avoir récupéré une dépouille restituée via la Croix-Rouge
Israël "a reçu, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, le cercueil d'un otage disparu qui a été remis à l'armée et au Shin Bet (service de renseignement intérieur israélien) dans la bande de Gaza", a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué. Le corps doit être rapatrié en Israël et transféré au centre médico-légal en vue de son identification, a-t-il ajouté.
Peu auparavant, un responsable du Hamas avait indiqué à l'AFP que sa branche armée venait de remettre une dépouille à la Croix-Rouge, après l'avoir reçue des Brigades Abou Ali Moustafa. Cette formation est la branche armée du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), mouvement d'obédience marxiste. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, elle dit "rendre le corps d'un soldat" israélien "en application des termes de l'accord".
Avant cette remise, le Hamas avait restitué 12 dépouilles d'otages - enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sanglante menée en Israël par le Hamas et ses alliés - sur les 28 corps qu'il détient encore et s'est engagé à rendre à Israël dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu. Au terme du texte, le Hamas devait restituer ces corps - incluant celui d'un soldat tué en 2014 lors d'une précédente guerre à Gaza - d'ici le 13 octobre mais affirme avoir besoin de matériel et de plus de temps.
Donald Trump assure que le Hamas sera "éradiqué" s'il rompt l'accord de cessez-le-feu
Donald Trump a assuré lundi que le Hamas serait "éradiqué" s'il ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après qu'Israël a dénoncé dimanche des violations de la trêve par le mouvement islamiste palestinien, qui les a démenties.
"Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n'est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire, a déclaré le président américain à des journalistes, aux côtés du Premier ministre australien Anthony Albanese qu'il recevait à la Maison-Blanche. "Ils seront éradiqués et ils le savent", a-t-il ajouté.
L'armée israélienne affirme que la Croix-Rouge est en route pour récupérer la dépouille d'un otage
D'après un communiqué de l'armée israélienne publié lundi, la Croix-Rouge est en chemin pour récupérer dans le sud de la bande de Gaza une dépouille d'otage, dont le Hamas avait annoncé plus tôt la restitution, prévue en fin d'après-midi.
"Selon les informations reçues, la Croix-Rouge est en chemin vers le point de rencontre dans le sud de la bande de Gaza, où un cercueil d'un otage décédé va lui être remis", indique-t-elle. Douze otages détenus à Gaza ont été pour l'heure restitués sur les 28 que le mouvement islamiste s'est engagé à rendre à Israël, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
La Défense civile à Gaza fait état de quatre personnes tuées par des tirs israéliens
La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de quatre morts palestiniens, lundi, dans des tirs israéliens à l'est de la ville de Gaza, où l'armée dit avoir ciblé des "terroristes" qui s'approchaient de la ligne jaune.
"Quatre Palestiniens ont été tués et un a été grièvement blessé ce matin", lors de deux incidents distincts, a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, qui opère sous l'autorité du Hamas. Ils ont été touchés "par des tirs israéliens alors qu'ils retournaient chez eux pour vérifier l'état de leur logement dans le secteur al-Chaaf, du quartier Al-Touffah", a-t-il assuré.
Israël affirme avoir largué 153 tonnes de bombes sur la bande de Gaza dimanche
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé lundi qu'Israël avait largué la veille "153 tonnes de bombes" sur la bande de Gaza, lors de frappes meurtrières en réponse à ce que l'armée a dénoncé comme des attaques du Hamas en violation du cessez-le-feu.
"Nous avons largué hier 153 tonnes de bombes sur différentes parties de la bande de Gaza après que deux de nos soldats ont été tués par le Hamas", a déclaré Benyamin Netanyahou à la Knesset, le parlement israélien, dont la cession d'hiver a été officiellement ouverte lundi.
L'armée, qui a annoncé dimanche la mort au combat de deux soldats à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a mené des bombardements à travers ce territoire palestinien, avant d'annoncer dimanche soir reprendre l'application du cessez-le-feu. Le Hamas a démenti toute implication et réaffirmé son "engagement total" à se conformer à l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre.
Benyamin Netanyahou a rencontré les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a rencontré lundi les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner en Israël, au lendemain de frappes israéliennes sur la bande de Gaza qui ont mis à l'épreuve la fragile trêve en vigueur depuis le 10 octobre. "Le Premier ministre Netanyahou a rencontré plus tôt dans la journée l'envoyé spécial Steve Witkoff et Jared Kushner, le gendre du président Trump, pour discuter des développements et des mises à jour dans la région", a indiqué Shosh Bedrosian, la porte-parole de son bureau.
Benyamin Netanyahou doit également, selon son bureau, rencontrer le vice-président américain JD Vance, qui doit visiter, avec son épouse Usha Vance, Israël pendant quelques jours.
Ali Khamenei dit à Donald Trump qu'il "rêve" s'il pense avoir détruit les sites nucléaires iraniens
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré lundi que le président américain Donald Trump, dont le pays a mené en juin avec Israël des bombardements contre l'Iran, "rêve" s'il pense avoir détruit les sites nucléaires iraniens. "C'est bien, continue à rêver !", a lancé le dirigeant iranien, en référence aux nombreuses affirmations de Donald Trump selon qui le programme nucléaire iranien aurait été "totalement détruit".
Les Etats-Unis ont bombardé le 22 juin le site souterrain d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et des installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre). L'étendue précise des dégâts n'est pas connue. Mais le président américain assure depuis plusieurs mois que les sites ont été "anéantis". "Nous avons largué 14 bombes sur les principales installations nucléaires. Comme je l'avais dit au début, elles ont été anéanties et cela a été confirmé", a insisté Donald Trump, lors d'un discours lundi dernier au Parlement israélien. "Quand nous avons détruit leur capacité nucléaire, ils ont cessé d'être la brute du Moyen-Orient", a encore affirmé le président américain lors d'une interview diffusée dimanche par la chaîne Fox News.
"En quoi l'Amérique se soucie-t-elle que l'Iran possède une industrie nucléaire ?", s'est interrogé lundi Ali Khamenei lors d'une rencontre à Téhéran avec des sportifs. "Qui es-tu pour dire qu'un pays doit ou ne peut pas avoir (le droit) au nucléaire ?", a-t-il ajouté, à l'adresse de Donald Trump.
Iran et Etats-Unis, autrefois de proches alliés sous la monarchie Pahlavi, ont rompu leurs relations diplomatiques après la Révolution islamique en 1979 et une prise d'otages à l'ambassade américaine. Les deux pays sont depuis quatre décennies à couteaux tirés. Ils avaient toutefois entamé en avril des négociations, par l'intermédiaire du sultanat d'Oman, sur le programme nucléaire de l'Iran. Elles ont été interrompues lorsque Israël a lancé le 13 juin une attaque surprise contre l'Iran, qui a provoqué une guerre de 12 jours. Les Etats-Unis s'étaient joints à ces frappes.
Durant la guerre, Israël a mené des centaines de frappes sur des sites nucléaires et militaires iraniens et tué des scientifiques liés au programme nucléaire de l'Iran. L'Iran a riposté avec des tirs de missiles et de drones sur le territoire israélien. Israël, ennemi juré du pouvoir iranien, et les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de la bombe atomique. Téhéran, qui se défend vigoureusement d'avoir de telles ambitions militaires, affirme développer le nucléaire pour des besoins civils.
Le Hamas rencontre les médiateurs au Caire
Une délégation du Hamas, conduite par Khalil al-Hayya, rencontre lundi au Caire des responsables égyptiens et qataris pour évoquer le cessez-le-feu fragile et l'après-guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.
Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté. La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza".
Par ailleurs, "la délégation, aux côtés de plusieurs dirigeants du mouvement, tiendra des réunions avec des responsables égyptiens au sujet du dialogue interpalestinien que l'Egypte doit prochainement parrainer", a précisé la source familière des négociations. L'Egypte a déjà accueilli plusieurs rencontres entre les mouvements politiques palestiniens, notamment les deux principaux groupes politiques palestiniens, le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne. Ces deux mouvements sont opposés depuis des décennies.
Israël annonce la réouverture du point de passage de Kerem Shalom avec Gaza
Le point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza, a rouvert au lendemain d'une série de frappes israéliennes sur le territoire palestinien, a annoncé lundi un responsable de la sécurité israélien. Kerem Shalom a rouvert "en pleine conformité avec l'accord" de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, a déclaré ce responsable. Dimanche, Israël avait annoncé suspendre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza "jusqu'à nouvel ordre", accusant le Hamas d'avoir violé le cessez-le-feu, ce que le mouvement islamiste a nié.
A ce stade, la réouverture du poste-frontière de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, prévue dans le cadre du plan Trump, reste cependant en suspens malgré les appels des agences des Nations unies et d'autres acteurs majeurs comme la Croix-Rouge ou le Croissant-Rouge. Cet accès est hautement stratégique pour acheminer l'aide humanitaire, évacuer les blessés et reconstruire le territoire ravagé par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.
Les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner en Israël
Les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner sont arrivés lundi en Israël, a annoncé une porte-parole de l'ambassade américaine, en vue de discussions avec des responsables israéliens sur la situation à Gaza.
"Le message le plus important que nous avons essayé de transmettre aux dirigeants israéliens, maintenant que la guerre est terminée, c'est que si vous voulez intégrer Israël dans l'ensemble du Moyen-Orient vous devez trouver un moyen d'aider le peuple palestinien à prospérer et à faire mieux", a affirmé Jared Kushner, gendre du président Donald Trump, dimanche soir sur CBS News, lors d'un entretien, enregistré avant les frappes israéliennes qui ont frappé la bande de Gaza dimanche.
"C'est une situation très difficile et une dynamique très complexe", a admis Jared Kushner. "En ce moment, le Hamas fait exactement ce que l'on pourrait attendre d'une organisation terroriste, c'est-à-dire essayer de se reconstituer et de reprendre ses positions", a fait valoir l'émissaire. Mais si "une alternative viable" se dégage, "le Hamas échouera et Gaza ne constituera pas une menace pour Israël à l'avenir", a-t-il assuré.
Donald Trump assure que le cessez-le-feu reste en vigueur à Gaza
Tandis que de nouvelles frappes israéliennes ont touché la bande de Gaza, le président américain a été questionné dimanche par des journalistes sur le maintien ou non du cessez-le-feu dans l’enclave. "Oui, il l’est toujours", a répondu Donald Trump, depuis Air Force One. Selon lui, les derniers événements ne remettent pas en cause la trêve, entrée en vigueur le 10 octobre dernier, après l’acceptation par Israël et le Hamas de la première phase de son plan de paix imaginé pour la région.
Le milliardaire républicain a évoqué l’action de "certains rebelles au sein du mouvement" qui seraient impliqués dans des violations présumées du cessez-le-feu par le Hamas. Toujours d’après ses propos, ses dirigeants pourraient ne pas être liés aux incidents rapportés par Israël, qui ont conduit l’État hébreu à reprendre ses frappes. "Quoi qu’il en soit, la situation sera gérée correctement", assure Donald Trump. "Elle sera gérée fermement, mais correctement." Le locataire de la Maison-Blanche a ajouté que Washington souhaitait avant tout s'"assurer que tout se passera dans le calme avec le Hamas".
45 morts dans des frappes israéliennes sur Gaza dimanche, selon la défense civile du Hamas
Dimanche, l’armée israélienne a donc lancé une nouvelle série de frappes aériennes sur la bande de Gaza, en dépit d’un cessez-le-feu dans l’enclave. Selon la défense civile, qui opère sous l’autorité du Hamas, au moins 45 personnes auraient été tuées dans ces raids. Plusieurs civils et un journaliste feraient partie des victimes. L’AFP s’est fait confirmer ce bilan par quatre hôpitaux de Gaza.
Ces tirs marquent les premiers incidents d’ampleur dans le territoire, depuis l’entrée en vigueur d’une trêve entre Israël et le Hamas, il y a dix jours. L’État hébreu a justifié son offensive en évoquant des actes hostiles de la part du mouvement islamiste. D’après un responsable israélien, des troupes du pays auraient été visées à Rafah, tandis que des combattants palestiniens, qui se seraient approchés d’une zone de contrôle israélienne au nord de l’enclave, ont été "éliminés" lors d’une frappe. Dimanche soir, Israël a dit cesser ses tirs et reprendre l’application du cessez-le-feu.
Leur mésentente n’en finit plus. Le président américain Donald Trump et son homologue colombien Gustavo Petro se sont de nouveau livrés à une passe d’armes ces dernières heures. La raison ? Une nouvelle frappe américaine sur un navire en mer des Caraïbes, zone où Washington a entrepris depuis l’été dernier une vaste opération militaire contre les "narcoterroristes". Les États-Unis ont déjà ciblé plusieurs navires au large du Venezuela, mis en cause par le milliardaire républicain pour son rôle dans le trafic de drogue.
Dimanche 19 octobre, le ministre de la Défense Pete Hegseth a ainsi indiqué que les forces américaines avaient détruit en mer un bateau affilié au groupe paramilitaire colombien de l’Armée de libération nationale (ELN), tuant trois passagers. L’embarcation était en train d’acheminer de la drogue, a assuré le responsable. Avec cette nouvelle frappe, au moins 30 personnes sont mortes depuis août lors des opérations de l’US Army dans la région. Des missions qui suscitent la circonspection des experts juridiques, certains se questionnant sur la légalité de telles initiatives.
Invectives par réseaux interposés
Le débat ne semble pas inquiéter Donald Trump, engagé dans un bras de fer avec le régime de Nicolás Maduro au Venezuela et bien décidé à imposer un rapport de force envers le pouvoir de Gustavo Petro. Dimanche, sur son réseau Truth Social, le président américain a qualifié le dirigeant colombien de "figure emblématique du trafic de drogue", qui "encourage fortement" la production de stupéfiants dans son pays. "Je respecte l’histoire, la culture et les peuples des États-Unis", a réagi dans la foulée sur X Gustavo Petro. "Ils ne sont pas mes ennemis. […] Le problème, c’est Trump, pas les États-Unis."
Plus tôt dans le week-end, le président colombien avait été bien plus loin dans ses griefs envers le locataire de la Maison-Blanche. Gustavo Petro avait accusé Donald Trump d’être coupable de meurtre, après une autre frappe américaine contre un bateau en mer, menée selon Bogota dans l’espace maritime colombien. "Le pêcheur Alejandro Carranza", qui aurait été tué lors de ce tir, "n’avait aucun lien avec le trafic de drogue et son activité quotidienne était la pêche", avait assuré le président sud-américain, toujours sur X.
Ces incriminations d’"assassinat", commis d’après Gustavo Petro en violation "des eaux territoriales" de son pays, ne font pas davantage sourciller les membres de l’administration Trump. Le vice-président américain, J.D. Vance, a juré dimanche "se ficher" de ce qu’allaient devenir les survivants des tirs américains – "tant qu’ils n’introduisent pas de poison dans notre pays", a-t-il précisé. De son côté, Gustavo Petro a encouragé la famille du pêcheur tué à porter plainte aux côtés des proches d’un autre homme, ressortissant de Trinité-et-Tobago, qui serait mort lui aussi lors d’une frappe américaine.
Menaces de droits de douane
Avec tous ces événements, la montée en tension entre les deux pays, longtemps proches alliés, ne paraît pas près de s’arrêter. D’autant que Donald Trump vient d’invoquer son arme favorite pour faire plier la Colombie : les droits de douane. Bogota, jusque-là passé entre les gouttes de l’offensive douanière menée tambour battant par le président américain depuis le printemps dernier, était seulement soumise au taux universel de 10 % de surtaxe sur ses produits exportés aux États-Unis. Dimanche, interrogé par des journalistes à bord d’Air Force One, le républicain a promis d’augmenter ce tarif, sans préciser l’ampleur exacte de la mesure.
Pour la Colombie, important fournisseur de café et de pétrole aux États-Unis, le coût économique d’une telle sanction s’avérerait douloureux. En janvier dernier, juste après le retour de Donald Trump au pouvoir, le pays s’était déjà vu menacer de 25 % de droits de douane. Gustavo Petro refusait alors d’accueillir sur le sol colombien des avions de migrants de son pays expulsés par les États-Unis. Mais la détermination de Washington à imposer des surtaxes importantes l’avait finalement contraint à accepter les avions. "Le gouvernement colombien a accepté toutes les conditions du président Trump", s’était félicité à l’époque la Maison-Blanche, dans un communiqué.
La Chine en embuscade
La nouvelle stratégie américaine vis-à-vis de la Colombie marque en tout cas un tournant dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Dans la région, Bogota faisait ces dernières décennies office de partenaire solide pour les États-Unis. En 2023, lors d’une visite de Gustavo Petro dans la capitale américaine, l’ex-président Joe Biden avait qualifié l’État comme "clé" en Amérique du Sud. Aujourd’hui, Donald Trump le place désormais au même rang que d’autres nations comme la Bolivie, l’Afghanistan ou la Birmanie, qui ont selon lui "manifestement échoué" à assurer leurs engagements en matière de lutte contre les stupéfiants.
Sur ce point, il est vrai que la Colombie se situe à l’heure actuelle comme le premier producteur au monde de cocaïne. Un record de 2 600 tonnes fabriquées a été relevé en 2023 dans le pays, selon des chiffres de l’ONU. Les autorités colombiennes reçoivent de la part de Washington d’importants fonds pour tenter de lutter contre ce fléau, alimenté par les groupes armés locaux, pour qui ce trafic de stupéfiants constitue une manne conséquente pour financer leurs activités illégales.
En 2023, tous champs d’action compris, au-delà de cette question spécifique de la drogue, les États-Unis ont ainsi versé 740 millions de dollars d’aides à la Colombie. Tout en restant flou, Donald Trump a promis dimanche de revenir sur ce dispositif. "À partir d’aujourd’hui, ces paiements" et "subventions" ne "seront plus versés à la Colombie", a-t-il promis. Cet État d’Amérique latine, jusque-là le plus aidé du continent par le pouvoir américain, souffre aussi des coupes budgétaires drastiques opérées par l’administration républicaine au sein de l’Usaid, l’agence américaine pour le développement international.
Cette mise à distance américaine conduit Bogota à se tourner vers d’autres grandes puissances pour dynamiser son économie. En mai dernier, Gustavo Petro a conclu avec le président chinois Xi Jinping un "accord de coopération" pour construire ensemble "les nouvelles routes de la soie", projet phare de Pékin à l’échelle mondiale. De nombreuses autres nations sud-américaines ont signé avec la Chine des partenariats similaires dans ce cadre. "L’histoire de nos relations extérieures est en train de changer", notait ainsi Gustavo Petro, au moment de sa rencontre avec le dirigeant asiatique.
Le président américain Donald Trump a accusé dimanche son homologue colombien Gustavo Petro de tolérer la production de drogue et a annoncé qu'il mettrait fin aux "paiements et subventions à grande échelle" versés à ce pays d'Amérique du Sud.
Mettant fin à 20 ans de gouvernements socialistes, le sénateur de centre-droit Rodrigo Paz a remporté dimanche 19 octobre le second tour de la présidentielle en Bolivie avec 54,5 % des voix, selon le dépouillement de plus de 97 % des bulletins, a annoncé le Tribunal suprême électoral (TSE). Le président élu s’est félicité après sa victoire de voir le pays "peu à peu retrouver sa place sur la scène internationale". "Il faut ouvrir la Bolivie au monde et lui redonner un rôle", a-t-il lancé.
Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a félicité le vainqueur, saluant "une occasion de transformation", après "deux décennies de mauvaise gestion". Il a ajouté que les États-Unis étaient prêts à coopérer avec la Bolivie sur la sécurité régionale, les investissements et la lutte contre l’immigration illégale.
Rodrigo Paz accède au pouvoir dans un pays qui, sous Evo Morales (2006-2019), a poussé très loin le virage à gauche : nationalisation des ressources énergétiques, rupture avec Washington, alliances avec le Venezuela d’Hugo Chavez, Cuba, la Chine, la Russie ou encore l’Iran.
A l’annonce des résultats, les rues de La Paz se sont remplies de partisans du vainqueur, aux sons de pétards, de cris de joie et de musique. "Nous sommes venus célébrer la victoire avec beaucoup d’espoir de donner un nouveau cap à la Bolivie", a déclaré Julio Andrey, un avocat de 40 ans, estimant que l’économiste de 58 ans était "plus proche des revendications populaires" que son rival.
Crise économique
Héritier d’une influente dynastie politique, Rodrigo Paz est un modéré au ton populiste qui se présente comme un homme de consensus. Son adversaire de droite Jorge "Tuto" Quiroga a lui obtenu 45,4 % des suffrages. "J’ai appelé Rodrigo Paz Pereira pour le féliciter", a-t-il déclaré, reconnaissant sa défaite. Devant la presse, le populaire vice-président élu, Edmand Lara, a appelé "à l’unité et à la réconciliation entre les Boliviens".
Le président élu succédera le 8 novembre à l’impopulaire Luis Arce, qui a renoncé à se représenter et quittera le pouvoir au terme d’un mandat de cinq ans marqué par la pire crise économique que le pays ait connue en 40 ans.
La chute des exportations de gaz, due au manque d’investissements, a tari les réserves en dollars et rendu intenable la coûteuse politique de subvention des carburants. Faute de devises pour les importer, la pénurie d’essence et de diesel s’aggrave et les prix s’envolent.
L’inflation annuelle dépasse à présent 23 %, et les longues files de véhicules attendant un hypothétique réapprovisionnement des stations-service sont devenues banales dans ce pays presque deux fois plus grand que la France, mais avec 11,3 millions d’habitants.
"Capitalisme pour tous"
Les deux candidats ont prôné des politiques similaires, fondées sur une forte réduction des dépenses publiques - notamment des subventions aux carburants - et une plus grande ouverture au secteur privé.
Rodrigo Paz a cependant défendu un "capitalisme pour tous" fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement. Son rival, plus radical, plaidait pour une ouverture totale aux marchés internationaux et le recours à de nouveaux crédits.
"Paz a gardé un ton très calme, très centriste", souligne la politologue Daniela Keseberg, interrogée par l’AFP. "Il connecte bien avec la population, on sent que les gens l’aiment […] il a touché ceux qui veulent un changement, mais pas un changement radical".
Il ne disposera pas d’une majorité au Parlement, ce qui va le contraindre à former des alliances. Arrivé en tête du premier tour en août, il dispose cependant du groupe parlementaire le plus important, avec 49 députés et 16 sénateurs, devant celui de Jorge Quiroga (39 et 12).
Le nouveau président élu devra également faire face à la vive opposition d’Evo Morales, toujours populaire parmi les Boliviens autochtones notamment et qui n’a pas pu se présenter en raison de la limite des mandats. "Morales reste un facteur de déstabilisation", avertit Daniela Osorio, politologue au German Institute of Global and Area Studies (GIGA).
Les alliances et coalitions entre partis traditionnels et extrême droite participent aux succès électoraux de cette dernière, mais quel est son influence sur les programmes des partis traditionnels ? Voici la question que s’est posée une équipe de chercheurs du Berlin Social Science Center. Dans une étude publiée début octobre dans le European Journal of Political Research, ils ont établi un lien entre les sujets de société abordés par l’extrême droite allemande dans les médias "de masse" et le discours des partis allemands "mainstream".
Pour cela, les chercheurs ont analysé plus de 500 000 articles de presse de 1994 à 2021 pour refléter le débat "culturel" (racisme, Europe, intégration, Islam, sécurité…) présent dans les médias de masse. Ils ont pour cela choisi six journaux allemands aux lignes éditoriales différentes, mêlant médias régionaux et nationaux. Leurs résultats montrent un penchant progressif des partis appelés "traditionnels" par l'étude (le reste du spectre politique allemand, allant des chrétiens-démocrates à la gauche radicale) vers des sujets couverts par l'agenda politique d'extrême droite, surtout sur les questions d’Islam, d’intégration et d’immigration. Les chercheurs remarquent également que cette influence s’accentue depuis trente ans, les partis politiques traditionnels reprenant davantage les thématiques mises en avant par l’extrême droite. Et même s’il s’agit de commentaires critiques ou négatifs, ils donnent de la visibilité aux partis d’extrême droite et facilitent la mise à l’agenda de leurs préoccupations.
Tous les partis concernés
Selon les scientifiques, cette reprise du discours médiatique de l’extrême droite concerne tous le spectre politique, et pas seulement la droite, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Les partis les plus touchés par cet effet de contagion sont souvent les partis d'opposition, bien plus que ceux au pouvoir.
Par ailleurs, l’étude note un effet plutôt court terme de cette mise à l’agenda médiatique, puisque la médiatisation des sujets culturels mis en avant par l’extrême droite et repris par la classe politique décline généralement après un mois. Les actualités concernant l’Islam et l’intégration, en revanche, ont une durée de vie un peu plus longue, de deux à trois mois.
Selon Teresa Völker, chercheuse en sociologie et communication politique, le point clé de cette étude est que "la communication politique des partis mainstream joue un rôle central dans les succès électoraux de l’extrême droite". Dans un post LinkedIn, elle précise que "quand les partis traditionnels s’emparent de sujets d’extrême droite, ils aident à diffuser et légitimer leurs idées". Ceux qui déterminent l’agenda politique et médiatique "ont une influence sur ce que les électeurs pensent et pour qui ils votent", a-t-elle déclaré au Guardian.
"Même si tout le monde est choqué, cela fait les gros titres"
Si l’étude ne porte que sur l’Allemagne, il est probable que ses conclusions puissent s’appliquer à d’autres pays en Europe, commente le Guardian. Selon Daniel Saldivia Gonzatti, un des auteurs de l’étude, "quand l’extrême droite dit quelque chose, tout le monde en parle pendant une semaine, et même si tout le monde est choqué, cela fait les gros titres", notamment dans les médias allemands et britanniques. Les pays scandinaves sont toutefois une exception, les partis traditionnels ayant déjà normalisé voire adopté dans une certaine mesure l’agenda de l’extrême droite sur des questions comme l’immigration, avancent les chercheurs.
Ces derniers précisent également qu’ils ont mené leur étude dans un pays où l'AfD (Alternative pour l’Allemagne) n’est pas encore au gouvernement, et qu’il faudrait étudier la mise à l’agenda des sujets d’extrême droite dans des pays où elle gouverne déjà.
L’étude comporte également d’autres limites, notamment celle de ne pas expliquer comment les politiques reprennent le discours de l’extrême droite. Elle n’a pas non plus analysé les dynamiques d’autres plateformes comme les réseaux sociaux ou les débats parlementaires.
Une affiche de la codirigeante de l'AfD, Alice Weidel, et une casquette "Make Duisburg great again" sur un stand de campagne à Duisburg, dans l'ouest de l'Allemagne, le 22 février 2025
La nomination de Laurent Nuñez au ministère de l’Intérieur suscite un regard attentif, notamment à Alger, où les relations avec la France connaissent depuis plus d’un an une forte tension diplomatique. Invité de l’émission "Questions politiques", sur Franceinfo, ce dimanche, ce fils d’un pied-noir d’origine andalouse a insisté sur la nécessité d’un "bougé" dans le dialogue sécuritaire entre Paris et Alger, actuellement interrompu en raison notamment du refus algérien de reprendre certains ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). "On a 40 % d’Algériens dans les centres de rétention administratives, a précisé le ministre. Il faudra évidemment qu’on ait de nouveau la reprise du flux des laissez-passer. Je vais m’y atteler", a ajouté le ministre de l’Intérieur, précisant qu’il n’avait pas encore pris contact avec son homologue algérien.
Interrogé sur un rapport parlementaire rendu public le 15 octobre qui proposait de remettre en cause les dérogations accordées aux Algériens dans le cadre de l’accord franco-algérien de 1968, Laurent Nuñez n’a pas souhaité se prononcer. "Il y a cet accord, il fonctionne, il n’est pas complètement parfait, je vous le concède, mais pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour", a-t-il expliqué. Présenté par les députés macronistes, Mathieu Lefèvre, devenu ministre délégué à la Transition écologique, et Charles Rodwell, le document propose de mettre fin au statut unique conféré aux Algériens en matière de circulation, de séjour, d’emploi et de protection sociale.
La "même fermeté" mais une "rupture dans la forme"
En pleine crise diplomatique, l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait également dit à plusieurs reprises son souhait de le remettre en cause. Les Algériens occupent la tête des nationalités étrangères présentes en France - on y comptait 649 991 Algériens en 2024 - et la deuxième place pour les obtentions d’un premier titre de séjour. Ils sont également la première nationalité interpellée en France en situation irrégulière avec 33 754 personnes en 2024.
Sur le plan migratoire, Laurent Nuñez affiche une ligne ferme, affirmant vouloir poursuivre les politiques engagées par son prédécesseur Gérald Darmanin, en insistant sur la nécessité d’augmenter les reconduites à la frontière et de faire appliquer la loi avec rigueur. "J’aurai la même fermeté que Bruno Retailleau", a-t-il déclaré, tout en revendiquant une "rupture dans la forme" pour ne pas "diviser la société". "Il y a des mots que je n’utiliserai pas", a-t-il insisté. "Quand vous convoquez le débat sur l’assimilation… Je ne le ferai jamais. L’assimilation, c’est certes un mot qui existe dans le code civil, mais vous renvoyez forcément ça au débat'intégration versus assimilation'. Moi, je crois à l’intégration. On s’intègre parce qu’on respecte les règles des valeurs républicaines", a-t-il expliqué.
Le ministre français de l'Intérieur, Laurent Nunez, écoute les discours lors d'un débat qui a suivi le discours de politique générale du Premier ministre français devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 14 octobre 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
"L’île de la paix." Voilà comment le président hongrois, Viktor Orbán, a décrit son pays après l’annonce d’une rencontre imminente entre les présidents russe et américain à Budapest, sa capitale. Jeudi 16 octobre, Donald Trump avait annoncé un sommet avec Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine "dans les deux prochaines semaines".
La perspective de la rencontre est l’occasion pour Viktor Orbán, au pouvoir depuis 2010, de s’ériger en artisan de la paix, lui qui est le plus proche allié à la fois de Donald Trump et de Vladimir Poutine au sein de l’Union européenne et un critique du soutien de l’Union européenne à Kiev dans sa guerre contre la Russie. "Budapest est le seul endroit approprié en Europe pour un sommet de paix entre les États-Unis et la Russie", a commenté le chef d’Etat hongrois sur X.
La Commission européenne favorable à la rencontre
Mais ce nouveau sommet russo-américain pourra-t-il seulement avoir lieu ? Vladimir Poutine n’a plus foulé le sol européen depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, qui s'est suivie de lourdes sanctions contre la Russie de la part des 27 Etats membres, dont la Hongrie fait partie. La Commission européenne a d’ailleurs adopté en septembre un 19e paquet de sanctions contre la Russie, qui doit encore être examiné par les Etats membres.
Vendredi, lors d’une conférence de presse menée par porte-parole Olof Gill, la Commission européenne a indiqué que les avoirs du président russe et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov étaient actuellement gelés, mais qu’il ne "leur était pas spécifiquement interdit de voyager" dans l’UE. Bien que très prudent sur la tenue d’un sommet dont il "n’a pas encore les détails" et qui "n’est pas encore confirmé", l’exécutif européen ne semble pas vouloir interférer dans cette rencontre.
Interrogé sur la posture de l’Union européenne à ce sujet, Olof Gill a répété que "toute réunion qui fait avancer le processus visant à instaurer une paix juste et durable en Ukraine est la bienvenue". "Nous vivons dans le monde réel, a souligné le porte-parole. Les réunions ne se déroulent pas toujours dans l’ordre ou le format que nous souhaiterions, mais si elles nous rapprochent d’une paix juste et durable pour l’Ukraine, alors nous devons les accueillir favorablement." Tout en précisant que l’UE était déterminée à maintenir la pression sur la Russie, et que la Commission "comptait sur la Hongrie" et les autres Etats-membres pour appuyer le dernier paquet de sanctions lancé en septembre.
Interdiction de survol d’avions russes
Si l’exécutif européen semble être favorable à une réunion pour la paix, la venue de Vladimir Poutine est également conditionnée à une autorisation de survol de l’Europe. Depuis 2022, l’UE interdit "aux transporteurs russes de tout type" d’accéder à ses aéroports et de survoler son espace aérien. Ainsi, tout aéronef immatriculé en Russie ou loués à des entités ou citoyens russes ne peut pas survoler l’Union européenne. La Commission européenne a certes indiqué que les Etats-membres pouvaient, individuellement, accorder une dérogation aux avions russes, mais l’avion de Poutine risque tout de même d’emprunter un long détour.
Survoler l’Ukraine n’est bien sûr pas une option. Restent donc la Pologne et la Slovaquie, le chemin le plus court depuis Moscou. Mais il est très peu probable que Varsovie donne son accord, en raison de ses relations très tendues avec la Russie, note la BBC. Le président russe pourrait donc passer par la mer Noire et la Turquie, puis la Bulgarie et la Serbie ou la Roumanie. La Serbie, qui ne fait partie de l’UE mais borde la Hongrie, offre des vols directs jusqu’en Russie qui traversent le territoire européen. Mais ce chemin est également incertain, puisque la Roumanie est devenue la plus grande base européenne de l’Otan, note la radio publique britannique. La Bulgarie est également en train d’en construire une. L’option la plus sûre, mais aussi très longue, serait donc de contourner les côtes européennes de la Méditerranée en passant par la Turquie, le sud de la Grèce, avant d’arriver au Monténégro puis en Serbie.
Quid du mandat d’arrêt international ?
Reste la question du droit international. Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour le transfert "illégal" d’enfants ukrainiens vers les zones occupées de Russie. Les Etats-Unis et la Russie ne reconnaissent pas la compétence de la CPI et la Hongrie a décidé de se retirer de cette institution, basée à La Haye (Pays-Bas). Mais son retrait ne sera effectif qu’en 2026, et jusque-là, le pays reste lié au tribunal, note Euronews. Or, la CPI, qui n’a pas le moyen d’appliquer seule ses mandats d’arrêt, s’en remet aux gouvernements, note la chaîne européenne. Et ce ne serait pas la première fois que Viktor Orbán défie le tribunal : en avril dernier, il avait déjà reçu le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lui aussi visé par un mandat d’arrêt. Interrogée sur la possibilité pour Vladimir Poutine de venir en Europe malgré ce mandat d’arrêt, la Commission européenne a botté en touche.
Malgré les freins juridiques à la venue du président russe, la Hongrie s’assurera qu’il puisse faire le déplacement en toute sécurité, a déclaré vendredi le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjarto. Selon ce dernier, "toutes les questions techniques, de l’emplacement au calendrier, restent à décider, mais dès que la date sera finalisée, nous fournirons bien sûr des informations". Quant à Viktor Orbán, il a assuré sur X que les préparatifs battaient leur plein.
Vladimir Poutine est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour le transfert "illégal" d'enfants ukrainiens vers les zones occupées de Russie.
L'Italienne Sofia Corradi, créatrice du programme européen Erasmus qui a permis à des millions de jeunes d'étudier dans d'autres pays d'Europe, est décédée à Rome à l'âge de 91 ans, ont rapporté les médias italiens samedi. Sa famille, qui a annoncé son décès selon les médias, a décrit l'universitaire comme une femme "d'une grande énergie et d'une grande générosité intellectuelle et émotionnelle".
Professeure de pédagogie à l'université Rome 3, Mme Corradi - surnommée "Mamma Erasmus" - a obtenu pendant ses études une prestigieuse bourse Fulbright américaine qui l'a conduite à l'université Columbia de New York, où elle a obtenu une maîtrise en droit. Son diplôme américain n'ayant pas été reconnu par le système éducatif italien à son retour, elle a proposé un programme d'échange, qu'elle a finalement lancé dans l'Union européenne en 1987.
La "génération Europe"
Quelque 16 millions d'étudiants ont participé au programme depuis lors, selon le site internet d'Erasmus. Le programme, géré par l'UE, promeut une coopération plus étroite entre les universités et les établissements d'enseignement supérieur à travers l'Europe. Sofia Corradi a raconté en 2018 que l'idée du programme, née pendant la guerre froide, était sa "mission pacifiste personnelle".
L'universitaire née et morte à Rome a mené des recherches sur le droit à l'éducation pour la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, l'Académie de droit international de La Haye et la London School of Economics (LSE). Pour le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui lui attribue "la naissance de la Génération Europe", elle "a inspiré la vie de millions de jeunes qui ont voyagé, étudié et embrassé différentes cultures".
"Elle avait rêvé d'une jeunesse européenne qui se rencontre et s'enrichit de ses différences. Des millions d'étudiants lui doivent un morceau de vie et un horizon", a réagi le président français Emmanuel Macron sur X. "Des générations de jeunes Européens lui disent merci", a renchéri le ministre délégué français aux Affaires européennes, Benjamin Haddad.
Le Hamas et Israël ont convenu la semaine dernière d'un accord de paix par étapes par lequel Israël devait mettre fin à son offensive militaire à Gaza en échange de la libération des otages encore détenus par le Hamas après l'attaque du 7 octobre 2023. La première phase de l'accord, impliquant la libération des otages vivants — et le retour des dépouilles des otages morts— est en cours de mise en œuvre.
Les autorités israéliennes ont annoncé avoir identifié la dépouille de Ronen Engel, un des deux otages décédés qui a été remis la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Le département d'Etat américain a indiqué samedi soir disposer d'"informations crédibles" selon lesquelles le mouvement islamiste palestinien Hamas préparait une attaque imminente contre des civils à Gaza, ce qui serait une "violation du cessez-le-feu", souligne-t-il. Le mouvement palestinien a voulu resserrer son emprise sur la bande de Gaza dévastée cette semaine avec une campagne de représailles et des exécutions de personnes soupçonnées d'avoir collaboré avec Israël.
15h53
Israël dit que le Hamas paiera "un lourd tribut" si ses soldats sont attaqués
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche que le Hamas paierait "un lourd tribut pour "chaque tir" visant les soldats israéliens et "chaque violation du cessez-le-feu à Gaza, selon un communiqué de son bureau.
"Le Hamas apprendra aujourd’hui à la dure que l’armée israélienne est déterminée à protéger ses soldats et à empêcher toute atteinte à leur intégrité", affirme le ministre, après des frappes aériennes israéliennes dimanche visant, selon Israël, à neutraliser une menace émanant de "terroristes" à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Ces incidents, survenus dimanche matin, menacent le cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre entre le Hamas et Israël.
15h27
Le Hamas dit avoir trouvé une 13e dépouille d'otage qu'il prévoit de rendre dimanche
La branche armée du Hamas a annoncé dimanche avoir trouvé une 13e dépouille d'otage dans la bande de Gaza, s'engageant "si les conditions le permettent" à la restituer dans la journée à Israël, selon un communiqué sur leur chaîne Telegram.
"Aujourd'hui, les Brigades Al-Qassam ont retrouvé le corps d'un des prisonniers israéliens lors d'opérations de recherche en cours", dit le texte.
La dépouille, qui doit être la 13e à être rendue depuis le début du cessez-le-feu le 10 octobre, "sera remise aujourd'hui si les conditions sur le terrain le permettent", ajoute le communiqué selon lequel "toute escalade" israélienne "entravera les opérations de recherche, d'excavation et de récupération, ce qui retardera la récupération des corps".
14h13
Le Hamas dit mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu et ne pas être au courant d'affrontements à Rafah
La branche armée du Hamas a assuré dimanche mettre en oeuvre l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza et ne pas être au courant d'affrontements à Rafah dans le sud du territoire palestinien. "Nous réaffirmons notre engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu un cessez-le-feu dans toutes les zones de la bande de Gaza", indiquent les Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un communiqué.
"Nous n'avons aucune connaissance d'incidents ou d'affrontements ayant lieu dans la région de Rafah, car il s'agit de zones rouges sous le contrôle de l'occupation (Israël, ndlr), et le contact avec le reste de nos groupes là-bas a été coupé depuis la reprise de la guerre en mars", ajoute le communiqué.
14h04
Netanyahu ordonne d'agir "avec force" contre les cibles "terroristes" dans la bande de Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné dimanche à l'armée d'agir "avec force" contre les cibles "terroristes" dans la bande de Gaza, accusant le Hamas de violation du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.
"A la suite de la violation du cessez-le-feu par le Hamas, le Premier ministre Netanyahu a tenu une consultation avec le ministre de la Défense et les responsables des services de sécurité et a donné instruction d'agir avec force contre des cibles terroristes dans la bande de Gaza", affirme le bureau du Premier ministre dans un communiqué.
13h45
L'armée israélienne confirme des frappes aériennes sur Rafah en réponse à des attaques la visant
L'armée israélienne a confirmé dimanche avoir effectué des "frappes aériennes" sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, en réponse à des attaques de la part de "terroristes" sur ses positions.
Dimanche, selon un communiqué de l'armée israélienne, "des terroristes ont tiré des missiles antichars et ouvert le feu sur les forces de Tsahal, qui agissaient pour détruire des infrastructures terroristes dans la zone de Rafah conformément aux conditions de l'accord".
L'armée israélienne "a lancé des frappes aériennes et des tirs d'artillerie dans la zone de Rafah pour neutraliser la menace", précise le communiqué qui qualifie l'incident de "violation flagrante du cessez-le-feu" en vigueur depuis le 10 octobre.
13h13
15 corps de Palestiniens ont été restitués par Israël
Le ministère de la Santé à Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, a annoncé dimanche que les dépouilles de 15 Palestiniens ont été restituées à Gaza par Israël, portant à 150 le nombre de corps rapatriés depuis le début de la semaine dans la bande de Gaza.
Dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu négocié par le président américain Donald Trump, Israël doit remettre les corps de 15 Palestiniens pour chaque Israélien décédé rendu.
Israël a annoncé dimanche avoir identifié les deux dépouilles d'otages remises la veille à Gaza par le Hamas, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu.
12h04
Deux frappes israéliennes sur le sud de la bande de Gaza, selon un témoin et des médias israéliens
Un témoin et des médias israéliens ont fait état dimanche de deux frappes aériennes israéliennes sur le sud de la bande de Gaza où, selon un responsable militaire israélien, le mouvement islamiste palestinien Hamas a ciblé des soldats.
"Des avions de combat ont mené deux frappes aériennes sur Rafah" dans une "zone sous contrôle militaire israélien", a indiqué à l'AFP un témoin alors qu'un second évoque "des affrontements" entre le Hamas et un autre groupe armé palestinien dans une zone "sous contrôle militaire israélien".
Selon une source militaire israélienne, le Hamas a mené "plusieurs attaques contre les forces israéliennes, notamment avec un "tir de lance-grenade" et "un tir de sniper" dans "une zone contrôlée par Israël".
11h41
Le deuxième otage décédé restitué samedi a été identifié
Les autorités israéliennes ont identifié le deuxième corps restitué samedi par le mouvement islamiste palestinien Hamas comme étant le Thaïlandais Sonthaya Oakkharasri, a annoncé dimanche le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le gouvernement "reste déterminé, engagé et travaille sans relâche pour rapatrier tous les otages" décédés, est-il ajouté dans un communiqué.
La mort de Sonthaya Oakkharasri avait été annoncée le 17 mai 2024, le jour où il aurait dû fêter son 31e anniversaire. Ce Thaïlandais était ouvrier agricole au kibboutz Beeri, dans le sud d'Israël, lorsqu'il a été tué lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. Son corps avait ensuite été transporté à Gaza.
01h18
Washington fait état d'"informations crédibles" sur une attaque préparée par le Hamas contre des civils à Gaza
Le département d'Etat a indiqué samedi disposer d'"informations crédibles" selon lesquelles le mouvement islamiste palestinien Hamas préparait une attaque imminente contre des civils à Gaza, ce qui serait une "violation du cessez-le-feu", souligne-t-il.
"Cette attaque planifiée contre des civils palestiniens constituerait une violation directe et grave de l'accord de cessez-le-feu et compromettrait les progrès significatifs réalisés grâce aux efforts de médiation", a déclaré le département d'État dans un communiqué. "Si le Hamas réalise cette attaque, des mesures seront prises pour protéger la population de Gaza et préserver l'intégrité du cessez-le-feu", ajoute-t-il.
Le communiqué ne détaille pas ces mesures, alors que le président Trump a déjà menacé le Hamas de représailles après l'exécution de civils cette semaine. "Si le Hamas continue à tuer des gens à Gaza, ce qui n'était pas prévu dans l'accord, nous n'aurons pas d'autre choix que d'aller les tuer", a écrit jeudi le président américain sur son réseau Truth Social. Il n'a pas précisé qui serait charger de cette potentielle opération.
22h23
Le Hamas dit que la fermeture du passage de Rafah retardera la remise des dépouilles d'otages
Le Hamas a affirmé samedi soir que la fermeture du passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, retarderait la remise des dépouilles d'otages qu'il doit remettre à Israël en vertu de l'accord de cessez-le-feu.
"La fermeture prolongée du point de passage de Rafah (...) bloque l'entrée des équipements spécialisés nécessaires pour localiser les personnes disparues sous les décombres (...)" et "entraînera des retards importants dans la récupération et la remise des dépouilles", a indiqué le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.
21h28
Netanyahu dit que la guerre prendra fin après la seconde phase du plan qui comprend le désarmement du Hamas
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré samedi soir que la guerre avec le Hamas prendrait fin une fois achevée la seconde phase de l'accord de cessez-le-feu en cours à Gaza qui prévoit le désarmement du Hamas.
La seconde phase "comprend également le désarmement du Hamas, ou plus précisément la démilitarisation de la bande de Gaza, et avant cela, la confiscation des armes du Hamas", a déclaré le dirigeant israélien lors d'une émission télévisée sur Channel 14.
"Lorsque cela aura été accompli avec succès — j'espère de manière simple, mais sinon, à la dure, — alors la guerre prendra fin", a-t-il ajouté.
GAZA CITY, GAZA - 19 OCTOBRE : La vie quotidienne se poursuit dans des conditions difficiles pour les Palestiniens déplacés au carrefour de Shuja'iyya, dans l'est de Gaza City, à Gaza, le 19 octobre 2025. Les Palestiniens tentent de s'abriter en installant des tentes avec leurs propres ressources. Khames Alrefi / Anadolu (Photo de Khames Alrefi / Anadolu via AFP)
De New York à Los Angeles, en passant par des petites villes du centre des Etats-Unis, environ 7 millions de personnes sont descendues dans les rues samedi 18 octobre dans plus de 2 700 rassemblements selon les organisateurs (soit 600 de plus qu’en juin), pour montrer leur opposition au président américain Donald Trump. Cette coalition d’associations ralliées sous le slogan "No Kings" ("Pas de rois"), avait déjà tenu mi-juin une mobilisation très suivie, avec selon elles environ 5 millions de manifestants, un chiffre impossible à vérifier. Il s’agissait néanmoins du plus grand mouvement de contestation observé dans le pays depuis le retour au pouvoir du républicain.
Dans d’importants cortèges ou par dizaines sur le bord des routes, les manifestants se sont mobilisés ce week-end dans une atmosphère joviale pour dénoncer ce qu’ils qualifient de "prise du pouvoir autoritaire" de Donald Trump et de ses proches. "Ils sont en train de détruire la démocratie", dénonce Isaac Harder, un lycéen rencontré par l’AFP à Washington, où entre 8 000 et 10 000 personnes ont manifesté, selon les estimations. "Ce n’est pas l’Amérique, c’est du fascisme", ajoute-t-il. "Nous sommes en pleine crise face à la cruauté de ce régime, à son autoritarisme", abonde Collen Hoffman, une retraitée venue manifester à New York, où plus de 100 000 personnes ont défilé "pacifiquement", selon la police locale.
"Haine de l’Amérique"
Au Texas et en Floride, fiefs des conservateurs, des manifestations se sont également tenues. "Combattez l’ignorance, pas les migrants", pouvait-on lire aussi sur une pancarte à Houston (Texas), où près d’un quart de la population est composée d’immigrants, selon les données d’un think thank spécialisé.
Face au camp républicain qui les accuse de promouvoir "la haine de l’Amérique" et est allé jusqu’à les assimiler à des terroristes, les manifestants ont répliqué sur le ton de l’humour. Certains d’entre eux ont ainsi défilé vêtus de costumes incongrus de pingouin, de homard ou encore d’hippopotame, d’autres brandissant fièrement le drapeau américain.
A travers le pays, diverses pancartes montrant Donald Trump grimé en Staline, en reine d’Angleterre ou encore en Roi Soleil ont été observées dans les cortèges, où résonnaient des chants appelant le républicain à quitter le pouvoir. Un carnaval pacifique qui ne semble pas émouvoir le président républicain. En réponse, Donald Trump a publié une série de vidéos générées par intelligence artificielle sur sa plateforme Truth Social, le représentant sous les traits d’un roi. Dans l’une d’elles, il apparaît coiffé d’une couronne et aux commandes d’un avion de chasse qui largue ce qui semble être des excréments sur des manifestants anti-Trump.
"Culte de la personnalité"
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a bouleversé l’équilibre démocratique américain en empiétant sur les pouvoirs du Congrès et des Etats et en menaçant ses opposants de représailles judiciaires, autant d’actions dénoncées avec force samedi. "Comment cela a-t-il pu arriver ?", s’émeut auprès de l’AFP Jennifer Bryant, une avocate rencontrée à Houston au Texas. "Les choses évoluent si rapidement, ils détruisent nos institutions, licencient des fonctionnaires et s’emparent des fonds publics".
Pour Paulo, croisé dans le cortège à Washington, la situation aux Etats-Unis lui rappelle son enfance sous la dictature militaire au Brésil. "J’ai une incroyable impression de déjà vu en ce qui concerne les mesures légales prises et le culte de la personnalité", déclare celui qui n’a pas donné son nom de famille.
Cette nouvelle journée de mobilisation survient par ailleurs en pleine paralysie budgétaire de l’Etat fédéral et alors que Donald Trump a déployé des militaires dans plusieurs fiefs démocrates pour selon lui lutter contre l’immigration illégale et la criminalité. En signe de contestation, plusieurs rassemblements se sont déjà tenus dans les villes où il a envoyé la Garde nationale, telles que Chicago ou Los Angeles.
Dans les cortèges toutefois se mêle un sentiment d’impuissance. Les manifestants le reconnaissent : sans opposition, le trumpisme a de beaux jours devant lui. Plusieurs figures de gauche, comme Bernie Sanders ou encore le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, étaient présents dans les cortèges. Mais depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, l’opposition démocrate est inaudible.
Un manifestant vêtu d'un costume se moquant du président américain Donald Trump participe à la journée nationale de manifestations "No Kings" à Los Angeles, Californie, le 18 octobre 2025
Au Qatar, les missiles israéliens n’ont pas fait trembler tout le monde, ce 9 septembre. Pendant huit minutes pourtant, ce jour-là, les avions de chasse de Tsahal pilonnent le QG du Hamas à Doha, dans le quartier des ambassades. L’objectif : éliminer les derniers dirigeants en exil du groupe terroriste palestinien. Ironie de l’histoire, au même moment, un membre des familles d’otages israéliens se trouve de passage dans la capitale du Qatar.
Le matin, il s’entretient avec le Premier ministre qatari puis file à l’hôtel pour faire une sieste. Vers 16 heures, son téléphone surchauffe avec des appels venant d’Israël, mais il sonne dans le vide. Sa famille et ses proches, qui viennent de voir leur propre pays bombarder Doha, s’affolent et passent alors par les diplomates qataris pour le joindre. "A son réveil, il nous a fait beaucoup rire en nous disant que ce genre d’explosions étaient devenues tellement courantes à Tel-Aviv qu’elles ne le dérangeaient plus", sourit une source au Qatar, qui en profite pour taquiner le gouvernement israélien : "L’ironie est aussi que les familles d’otages nous ont davantage rencontrés que leur propre Premier ministre…"
Un rôle central dans l’accord sur Gaza
Un mois plus tard, le 13 octobre, à Charm el-Cheikh. Des dirigeants du monde entier se réunissent en Egypte pour applaudir le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, la libération des derniers otages israéliens et participer à la tournée triomphale de Donald Trump dans la région. Sur la photo de famille, l’émir Al-Thani occupe une place de choix : au milieu, collé au président des Etats-Unis. Comme un symbole du rôle central du Qatar au Moyen-Orient et des liens réparés avec le protecteur américain. Le petit émirat respire enfin après un été agité. Et dangereux.
En juin, pendant la "guerre des douze jours" entre Israël et l’Iran, des missiles iraniens l’ont ciblé pour la première fois de son histoire. Tous ont été interceptés avant de toucher Doha, qui héberge la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient, Al-Udeid. "Donald Trump s’est servi de ces frappes iraniennes pour imposer un cessez-le-feu à Israël et à l’Iran, le Qatar a encaissé le coup pour que la paix se fasse à ce moment-là", estime l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi.
Trois mois plus tard, le 9 septembre, le Qatar découvre que le parapluie américain n’est plus aussi imperméable lorsque les missiles viennent d’Israël. Au lieu de se plaindre à Washington et menacer de trouver d’autres protecteurs, Russes ou Chinois, les Qataris soignent Donald Trump. Ils veulent le convaincre que Benyamin Netanyahou, en bombardant Doha sans l’avoir prévenu, l’a trahi directement. La manœuvre réussit : le 29 septembre, le président américain force le Premier ministre israélien à téléphoner à son homologue au Qatar, depuis la Maison-Blanche, pour lui présenter des excuses. Un mea-culpa inédit pour Netanyahou, une première victoire symbolique pour Doha.
Conférence de presse conjointe entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, à la Maison-Blanche le 29 septembre 2025.
Le Qatar accepte alors de reprendre les négociations entre Israël et le Hamas, pour leur faire signer le plan Trump. En découvrant les vingt points du projet américain pour Gaza, les Palestiniens ont d’abord une réponse très ferme : ce sera non. Mais, avec la sécurité de l’émirat désormais en jeu, les négociateurs qataris menacent de lâcher le Hamas. "Nous dormirions mieux sans eux à Doha", nous dit une source.
Al-Jazeera, la chaîne de télévision qatarie qui donne le ton au Moyen-Orient, commence à critiquer l’organisation palestinienne, la rend coresponsable de la situation dramatique à Gaza. La pression s’accentue sur le Hamas. "Ces bombardements à Doha ont montré qu’Israël avait changé, qu’il pouvait se révéler imprévisible et frapper bien au-delà des frontières de ses ennemis habituels, souligne Yonatan Freeman, spécialiste des relations internationales à l’Université hébraïque de Jérusalem. Forcément, cela a semé la peur dans la région et a convaincu les pays arabes de contraindre le Hamas à abandonner sa carte maîtresse, à savoir les otages." Trump, lui, se charge de tordre le bras de Netanyahou. Deal : les vingt derniers otages israéliens contre un cessez-le-feu et près de 2000 prisonniers palestiniens. Un premier pas vers la paix.
Une installation pour l’armée de l’air du Qatar en Idaho
En parallèle, le Qatar négocie avec les Américains de nouvelles garanties de sécurité. Des diplomates font la navette vers Washington, avec l’objectif de se rapprocher de l’article V de la charte de l’OTAN, qui exige une intervention alliée en cas d’attaque. Le 29 septembre, Donald Trump signe un décret présidentiel qui assure que toute attaque contre l’émirat constitue "une menace pour la paix et la sécurité des Etats-Unis", et entraînera une réponse américaine. Une promesse qui n’a pas la force d’un traité, mais un signal fort tout de même.
Quelques jours plus tard, le ministre de la Guerre, Pete Hegseth, annonce que l’armée de l’air qatarie bénéficiera de sa propre installation dans une base militaire de l’Idaho, sur le territoire américain. Une nouvelle concession à Doha, qui déclenche une tempête chez les alliés "America First" de Donald Trump. De nombreux influenceurs d’extrême droite prétendent que l’émirat va ouvrir sa propre base militaire aux Etats-Unis et dénoncent la corruption du Qatar. Parfois jusqu’à l’outrance, comme la militante xénophobe Laura Loomer, pourtant proche du président : "On a vu ce qu’il s’est passé la dernière fois que nous avons donné des cours de pilotage à des musulmans sur notre territoire", poste-t-elle sur X, en référence aux attentats du 11 Septembre.
Malgré les critiques, l’administration Trump ne revient pas sur ces faveurs accordées à l’émirat. "Le Qatar est indispensable aux Etats-Unis non seulement pour leur base militaire d’Al-Udeid mais aussi pour tous les services qu’il peut leur rendre, notamment grâce à de nombreuses négociations encore secrètes", pointe Yonatan Freeman. Les Américains continuent de négocier avec les talibans au Qatar, comme nous avons pu le constater en croisant le ministre de la Défense afghan à Doha en septembre. D’après nos informations, l’émirat accueille aussi régulièrement des diplomates du Venezuela, alors que Donald Trump menace de partir en guerre contre Caracas. Comme si, après avoir attiré deux conflits sur son sol, le Qatar devait à tout prix retrouver les chemins de la paix.
Définitivement enterré. Le JCPoA (Joint comprehensive plan of action) – ou plus simplement l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien – expire ce samedi 18 octobre. Dix ans après sa signature en Autriche en 2015, l’héritage du texte, porteur d’espoir au moment de sa conclusion, est aujourd’hui réduit à peau de chagrin. Extrêmement fragilisé dès le premier mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’accord apparaît aujourd’hui comme un vestige d’une diplomatie d’une autre époque. Comment le JCPoA est-il peu à peu tombé à l’eau ? Retour sur dix années d’un dossier tumultueux.
Que prévoyait le JCPoA ?
En 2015, l’accord de Vienne a une ambition : empêcher l’Iran de développer une bombe nucléaire. À cette époque, les pays occidentaux s’inquiètent déjà de cette perspective. Cela fait alors plusieurs années que Téhéran laisse entrevoir des signes de ses velléités atomiques, tout en se défendant de vouloir accéder à l’arme suprême. La République islamique assure simplement mettre en place un programme atomique civil.
Au terme de douze ans de négociations, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne – trois pays européens réunis au sein du groupe dit "E3" – la Chine, la Russie et les États-Unis parviennent donc à trouver enfin un compromis avec l’Iran sur cette question ultrasensible du nucléaire. Un texte jugé à l'époque gagnant-gagnant. D’abord, avec des garanties de sécurité pour les puissances occidentales. "Avec cet accord, nous avons la possibilité de repousser pacifiquement une grave menace pour la sécurité régionale et internationale", se satisfait le président américain d'alors, Barack Obama.
Avec le JCPoA, Téhéran doit limiter l’enrichissement de son uranium à 3,67 %, bien loin des 90 % nécessaires à la confection d’une bombe A, et se soumettre à de stricts contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En échange, l’Iran compte sur cet accord pour lever les importantes sanctions internationales qui pèsent sur son économie. "Nous sommes prêts à ouvrir de nouveaux horizons pour affronter les défis importants et communs", soutenait de son côté le chef de la diplomatie iranienne de l’époque, Mohammad Djavad Zarif.
Pourquoi l’accord est-il devenu caduc au bout de deux ans ?
Un peu plus de deux ans après la signature de l’accord de Vienne, un événement majeur vient tout bouleverser : l’élection de Donald Trump comme président des États-Unis, en novembre 2017. Dès son arrivée au pouvoir, le milliardaire républicain affiche sa détestation du JCPoA. "Il s’agissait d’un abominable accord unilatéral qui n’aurait jamais dû être conclu", lance le locataire de la Maison-Blanche. "Il n’a pas apaisé la situation. Et il n’a pas apporté la paix. Et il ne l’apportera jamais", assène-t-il alors. Sous son impulsion, les États-Unis quittent l’accord, fragilisant de facto sa portée.
L’Iran réagit aussitôt. "Monsieur Trump, je vous le dis au nom du peuple iranien : vous avez commis une erreur", déclare le guide suprême iranien, Ali Khamenei. Malgré cette sortie américaine brutale d’un accord âprement négocié, les Européens ne renoncent pas immédiatement à l’application du traité. "Nos gouvernements restent déterminés à assurer la mise en œuvre de l’accord", assurent ainsi à l’unisson le président français Emmanuel Macron, la première ministre britannique Theresa May et la chancelière allemande Angela Merkel.
Rien n’y fait. Sans les États-Unis intégrés à l’accord, le JCPoA perd toute son envergure. Contrevenant à ses engagements, l’Iran reprend ses activités d’enrichissement. En 2021, la République islamique annonce produire de l’uranium enrichi à 60 %. Deux ans plus tard, des particules d’uranium atteignant un taux de 83,7 % sont relevées en Iran par l’AIEA, soit une mesure toute juste inférieure à celle nécessaire pour la fabrication de l’arme atomique. Téhéran se contente d’invoquer des "fluctuations involontaires" lors de ses opérations d’enrichissement.
La menace nucléaire iranienne inquiète de nouveau les États-Unis et leurs alliés. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche conduit les Américains à mener au printemps dernier de nouvelles négociations avec le régime des mollahs sur le dossier du nucléaire. Des discussions menées sous le regard circonspect d’Israël, ennemi juré de l’Iran, mais qui n’aboutissent pas. Au mois de juin, l’État hébreu finit par déclencher une offensive aérienne contre la République islamique, expliquant viser des sites liés à son programme nucléaire. Téhéran réplique, marquant le début de la "guerre des douze jours" entre les deux États.
Les dispositions du JCPoA apparaissent bien loin. Le 21 juin, Donald Trump ordonne le lancement d’une intervention aérienne américaine contre trois sites iraniens liés à l’enrichissement d’uranium. Les complexes de Fordo, Natanz et Ispahan sont touchés. L’Iran, de son côté, riposte en visant une base de l’US Army au Qatar. Mais ses dirigeants n’expriment aucune volonté de respecter les directives de l’accord de Vienne. Fin septembre, les membres de la coalition E3, déclenchent officiellement la clause de snapback prévue au sein du traité. Puisque l’Iran viole ses engagements, les sanctions occidentales vont donc faire leur retour contre son économie.
Y a-t-il aujourd’hui une perspective de négociation ?
Ce samedi, l’Iran a réagi à la date d’expiration du pacte de 2015. "Toutes les dispositions, y compris les restrictions prévues pour le programme nucléaire iranien et les mécanismes connexes, sont considérées terminées", a détaillé la diplomatie du pays, dans un communiqué. Durant l’été, Téhéran avait déjà interrompu sa coopération avec l’AIEA, après les frappes israéliennes et américaines sur son territoire.
L’agence onusienne a néanmoins trouvé un compromis pour réactiver les contacts, début septembre, lors d’une rencontre au Caire (Égypte), avec la partie iranienne. L’ambition aura fait long feu. À la fin du mois, le retour des sanctions actées par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont de nouveau suscité l’ire du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. "Les efforts de l’Iran pour relancer les échanges [avec l’AIEA] ayant abouti à l’accord du Caire ont […] été sabotés par les actions irresponsables des trois pays européens", a-t-il tempêté, estimant que le retour d’inspections de l’instance en Iran n’était en conséquence "plus pertinent".
Galvanisé par son succès diplomatique au Proche-Orient avec la signature d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, Donald Trump n’a pas tout à fait fermé la porte à de nouveaux échanges avec le pouvoir iranien. Lundi dernier, devant la Knesset, le Parlement israélien, le président américain a qualifié de "formidable" la perspective de faire la paix avec l’Iran.
De là à préparer un nouvel accord sur le nucléaire iranien ? "Nous sommes prêts" à un compromis "quand vous le serez", a lancé le républicain aux dirigeants du pays. Ces derniers lui ont adressé une fin de non-recevoir, Abbas Araghchi soulignant qu’il n’imaginait pas "à quel résultat positif" de nouvelles rencontres pouvaient aboutir.
Volodymyr Zelensky n’a pas caché sa déception à l’issue de sa visite à la Maison-Blanche, vendredi soir. Venu rencontrer son homologue américain Donald Trump afin de le convaincre de livrer à l'Ukraine des missiles Tomahawk, il a vite déchanté. Après une longue conversation téléphonique jeudi 16 octobre avec Vladimir Poutine, le président américain a réorienté sa priorité : négocier un cessez-le-feu plutôt que muscler l’arsenal de Kiev.
"J’espère que nous pourrons mettre fin à la guerre sans avoir à penser aux Tomahawk", a lancé Trump face à son homologue ukrainien, évoquant un président russe désormais "prêt à un accord". Le message est clair : l’heure n'est pas à l’escalade. Et ce, malgré les efforts répétés de Kiev pour convaincre Washington que seule la pression militaire pouvait faire plier Moscou. "La rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été très intéressante et cordiale, mais je lui ai dit, comme je l'ai par ailleurs fortement suggéré au président Poutine, qu'il était temps d'arrêter la tuerie et de trouver un ACCORD", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Donald Trump a même suggéré que les deux parties "s’arrêtent où elles sont", laissant à l’histoire le soin de trancher sur la victoire ou la défaite. "Respectez la ligne de front, où qu'elle se trouve, sinon cela deviendra trop compliqué", a-t-il jugé, face à des journalistes en Floride.
Donald Trump avait déjà exposé plus tôt sa réserve face à une potentielle livraison à l'Ukraine de ces missiles capables de frapper profondément en territoire russe, à laquelle Moscou est naturellement opposé. Mais pour Kiev, la volte-face américaine est un coup dur. Les Tomahawk étaient au cœur de la stratégie ukrainienne : frapper les installations pétrolières russes, peser sur l’économie de guerre du Kremlin et forcer Moscou à revenir à la table des négociations. Cette pression militaire, déjà partiellement efficace selon plusieurs analystes, devait consolider la position ukrainienne avant l’hiver. Mais en reculant, Donald Trump laisse son partenaire se débrouiller seul. Volodymyr Zelensky, lucide, a pris acte de ce revers.
Une répétition dangereuse ?
Cela dit, comme le rappelle à juste titre Volodymyr Zelensky, Donald Trump n'a pas dit "oui" aux livraisons de Tomahawk, mais il n'a pas dit "non" non plus. La menace, qui avait déjà fait réagir le président russe, reste donc en suspens. En renvoyant les deux belligérants dos-à-dos, Trump semble ménager délibérément Poutine tout en renforçant progressivement la pression sur la Russie : d'abord économiquement en empêchant l'Inde d'acheter du pétrole russe, et militairement via le renforcement de l'Otan.
Les Ukrainiens, eux, voient dans cette dynamique une répétition dangereuse : "Trump est retombé dans le piège de Poutine", accuse Oleksandr Merezhko, président de la commission des affaires étrangères du Parlement ukrainien, lors d'une interview après la réunion de vendredi pour le New York Times. Contrairement à ce qu'affirme Donald Trump, Volodymyr Zelensky répète que le président russe n'est "pas prêt" à la paix. Donald Trump a certes jugé "possible" que Vladimir Poutine essaie de jouer la montre, en réponse à la question d'une journaliste de l'AFP, mais il a ajouté : "Pendant toute ma vie, les meilleurs ont essayé de se jouer de moi. Et je m'en suis vraiment bien sorti."
Derrière cette décision, c’est la relation entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui intrigue à Kiev. Après leur entretien téléphonique de jeudi, décrit comme "très productif" par l'Américain et "empreint de confiance" par le Russe, les deux hommes ont annoncé une rencontre prochaine à Budapest. De quoi raviver les craintes d’un tête-à-tête déséquilibré, à l’image de celui d’Alaska en août, resté sans suite concrète.
Sur le terrain, la Russie intensifie ses frappes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, accentuant la pression à l’approche de l’hiver. Vendredi, elle a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens. Les experts espèrent que l’annonce d’un sommet russo-américain permettra au moins une accalmie temporaire, le Kremlin cherchant à se présenter sous un jour favorable avant les discussions. Un cessez-le-feu local a d’ailleurs été accepté près de la centrale de Zaporijia, pour permettre des réparations d’urgence.