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Donald Trump reçoit Volodymyr Zelensky en Floride pour discuter du plan de paix pour l'Ukraine

Le président ukrainien doit rencontrer son homologue américain à Mar-a-Lago à 19 heures (heure de Paris). Un appel téléphonique entre des dirigeants européens, Volodymyr Zelensky et Donald Trump est prévu dans la foulée.

Le président ukrainien reconnaît que deux points de blocage majeurs apparaissent dans les pourparlers entre Washington et Kiev : le sort de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, et le contrôle d’une centrale nucléaire occupée par la Russie.

Ces rencontres surviennent alors que plus d'un million de foyers ukrainiens sont sans électricité samedi dans la capitale Kiev et sa région après de nouvelles frappes russes massives survenues dans la nuit et ayant fait deux morts.

18h

Trump dit avoir eu un appel "très productif" avec Poutine, avant de rencontrer Zelensky

Donald Trump a dit dimanche avoir eu un appel "très productif" avec son homologue russe Vladimir Poutine, moins de deux heures avant le début de sa rencontre prévue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en Floride.

"Je viens d'avoir un bon entretien téléphonique, très productif, avec le président russe Vladimir Poutine, avant ma rencontre, aujourd'hui à 13H00, avec le président ukrainien Zelensky", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

16h03

Un entretien téléphonique avec les Européens est prévu après la rencontre Zelensky-Trump, selon Kiev

Un appel téléphonique entre des dirigeants européens et les présidents ukrainien et américain est prévu dimanche après la rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump en Floride, a annoncé un porte-parole de Kiev.

Est prévu un "appel téléphonique entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump avec les dirigeants européens", a indiqué aux journalistes Serguiï Nykyforov, le porte-parole de M. Zelensky, précisant que "la liste définitive des participants est encore en cours d'élaboration".

21h05

Volodymyr Zelensky a "le plein soutien" des Européens avant de rencontrer Trump

Les dirigeants des principaux pays européens, du Canada, de l'UE et de l'Otan ont assuré samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky de "leur plein soutien" avant sa rencontre avec Donald Trump, a indiqué le chancelier allemand Friedrich Merz. Au cours d'une visioconférence organisée lors de son escale au Canada, à la veille d'une rencontre cruciale en Floride avec le président américain, Volodymyr Zelensky a informé ses soutiens "de l'état d'avancement des négociations", a précisé le porte-parole du dirigeant allemand, Stefan Kornelius, dans un communiqué.

Friedrich Merz a aussi assuré que les efforts des Européens et du Canada pour "une paix durable et juste en Ukraine" se feraient "en étroite coordination avec les États-Unis". Volodymyr Zelensky doit s'entretenir avec Donald Trump à propos des "questions sensibles" que sont le sort du Donbass ukrainien et les garanties de sécurité occidentales pour l'Ukraine, dans le cadre des négociations sur la plan américain visant à mettre fin à bientôt quatre ans de guerre avec la Russie.

En dépit de ces efforts diplomatiques, des frappes russes massives sur Kiev et sa région ont tué deux personnes et laissé plus d'un million de foyers sans électricité. Ces nouvelles frappes montrent que la Russie "ne veut pas mettre fin à la guerre", a déclaré Volodymyr Zelensky, avant son départ pour le Canada et les Etats-Unis.

20h42

Les frappes russes en Ukraine montrent la "détermination de la Russie à prolonger la guerre"

Emmanuel Macron a condamné samedi les frappes massives russes sur la ville de Kiev et sa région, qui illustrent, selon lui, la détermination de la Russie à prolonger la guerre qu'elle a déclenchée", selon son entourage. "Le Président de la République a exprimé la condamnation par la France de la nouvelle vague de frappes russes intervenue dans la nuit en Ukraine. Il a souligné que cette vague de frappes illustrait à nouveau le contraste entre la disposition de l'Ukraine à bâtir une paix et durable et la détermination de la Russie à prolonger la guerre qu'elle a déclenchée il y a près de 4 ans, y compris en continuant de s'attaquer aux civils", a indiqué cette source.

Le président français s'est exprimé lors d'un appel téléphonique entre des dirigeants européens et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui se trouve à Halifax (Canada) à la veille d'une rencontre avec le président américain Donald Trump dimanche en Floride.

Dans la nuit de vendredi à samedi, Kiev a été visée par plus de 519 drones et 40 missiles, dont respectivement 474 et 29 ont été abattus, selon l'armée de l'air ukrainienne. Ces attaques, qui visaient comme lors des précédentes frappes des infrastructures énergétiques, ont fait deux morts et une quarantaine de blessés à Kiev et dans sa région, ont indiqué les autorités locales.

Emmanuel Macron a souligné samedi "la nécessité de continuer à œuvrer dans ces jours-ci pour la paix, en insistant sur le besoin d'un cessez-le-feu adossé à des garanties de sécurité robustes et durables pour l'Ukraine", qui "seront centrales pour tout règlement", selon la même source. "La France est déterminée à travailler étroitement avec les États-Unis sur ce sujet en s'appuyant sur le travail réalisé dans le cadre de la Coalition des Volontaires qu'elle co-préside avec le Royaume-Uni et qui associe 35 pays", poursuit l'entourage du président français. "Le Président de la République a rappelé que les Européens devaient être pleinement associés aux discussions sur les sujets les concernant", a-t-on ajouté.

19h22

Obtenir la paix en Ukraine nécessite "une Russie prête à coopérer", dit le Premier ministre du Canada

Le Premier ministre canadien Mark Carney a insisté samedi sur le fait que tout accord de paix en Ukraine nécessiterait "une Russie prête à coopérer", alors qu'il rencontrait au Canada Volodymyr Zelensky, en route vers la Floride pour s'entretenir avec Donald Trump. "Nous avons les moyens et la possibilité (d'obtenir) d'une paix juste et durable (en Ukraine), mais cela nécessite une Russie prête à coopérer", a déclaré Mark Carney lors d'un bref échange à la presse à Halifax aux côtés du président ukrainien, qui doit rencontrer dimanche son homologue américain.

Les dirigeants canadien et ukrainien devaient avoir un échange bilatéral puis participer ensuite à un appel avec des dirigeants européens. Ces échanges porteront sur les négociations en cours pour tenter de mettre fin à ce conflit en cours depuis près de quatre ans, à la veille de la réunion entre les présidents ukrainien et américain qui doit porter sur l'épineuse question des territoires et celles des garanties de sécurité occidentales. "Demain, j'aurai, je l'espère, une réunion très importante et très constructive avec le président Trump", a déclaré samedi Volodymyr Zelensky depuis Halifax au Canada.

Ces rencontres surviennent alors que plus d'un million de foyers ukrainiens sont sans électricité samedi dans la capitale Kiev et sa région après de nouvelles frappes russes massives survenues dans la nuit et ayant fait deux morts. "Cette attaque constitue, une fois de plus, la réponse de la Russie à nos efforts de paix. Et cela montre vraiment que Poutine ne veut pas la paix, alors que nous la voulons", a insisté le président ukrainien.

Condamnant la "barbarie" de ces frappes, le Premier ministre canadien Mark Carney a insisté sur le besoin de soutenir "l'Ukraine en cette période difficile". Il a ainsi annoncé une nouvelle aide économique de 2,5 milliards de dollars canadiens (1,5 milliard d'euros) qui devrait selon lui permettre de débloquer des financements internationaux "afin d'entamer" le processus de reconstruction de l'Ukraine.

© afp.com/Genya SAVILOV

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kiev, en Ukraine, le 4 décembre 2025
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Trois satellites iraniens lancés depuis la Russie : ce nouveau signe de proximité entre Téhéran et Moscou

Un nouvel échange de bons procédés entre Téhéran et Moscou. Soutien actif du Kremlin dans sa guerre menée en Ukraine sur le plan de l’armement, l’Iran a cette fois bénéficié ce dimanche 28 décembre des installations aérospatiales russes pour lancer trois satellites dans l’espace.

Ces engins, Zafar-2, Paya et Kowsar 1.5, tous fabriqués localement, "ont été lancés dans l’espace par une fusée Soyouz depuis le Centre spatial Vostochny en Russie", s’est félicitée la télévision iranienne. Isolé sur la scène internationale, le régime des mollahs dispose d’une industrie aérospatiale autonome capable de concevoir notamment des fusées et des satellites.

Poursuite du programme spatial iranien

Les trois "satellites d’observation" lancés ce dimanche ont été conçus par "le secteur privé", a souligné l’agence de presse officielle Irna. D’après la même source, l’appareil nommé "Paya" est considéré comme "le satellite d’imagerie de fabrication nationale le plus avancé" et le plus lourd (150 kilos). Il a recours à l’intelligence artificielle pour améliorer la résolution des images, qui seront destinées à la "gestion des ressources en eau", la "surveillance environnementale" et la "cartographie", a précisé l’agence.

Bien qu’isolé au niveau international, l'Iran poursuit son propre programme spatial. Le pays assure que ces activités sont pacifiques et conformes à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Fin 2024, l’Iran avait pour la première fois lancé simultanément trois satellites avec le lanceur Simorgh construit par le ministère iranien de la Défense. Les technologies lancées dimanche seront placées en orbite à 500 kilomètres de la Terre. Elles auront une durée de vie de trois à cinq ans. D’après Fars, une autre agence proche du pouvoir iranien, le lanceur russe Soyouz a cette fois été préféré, car il s’agit de l’un des "plus fiables au monde […] pour le transport de satellites sensibles".

Crainte des pays occidentaux

L’Iran a déjà procédé à une dizaine de lancements de satellites ces deux dernières années, dont l’un en juillet depuis la même base en Russie. En septembre 2024, Téhéran avait aussi mis en orbite en septembre sa plus lourde charge utile spatiale, comprenant un satellite et un remorqueur spatial, à l’aide d’un lanceur développé au sein de ses frontières, selon les médias officiels. Les autorités du pays disposent notamment d’un centre de lancement spatial à Semnan, dans l’est du pays, ainsi qu’à Chabahar, dans le sud-est du pays, au bord du golfe d'Oman.

Les pays occidentaux craignent que ces systèmes de lancement de satellites intègrent des technologies interchangeables avec celles des missiles balistiques, potentiellement capables de transporter une ogive nucléaire. Téhéran réfute ces accusations et nie chercher à se doter de l’arme atomique. Sans convaincre la communauté internationale, interpellée par ses taux élevés d’enrichissement d’uranium. En juin dernier, l’armée américaine avait frappé plusieurs sites liés au programme nucléaire iranien, dans le sillage de nombreux raids aériens menés par Israël dans le pays.

© Handout / Russian Space Agency Roscosmos / AFP

L'Iran a lancé trois satellites fabriqués localement depuis le site de Vostochny, en Russie, ce dilmanche 28 décembre.
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Le "probiv", ce marché illégal de données qui se retourne contre le Kremlin en Russie

C’est un système méconnu, propre à la société russe. Le "probiv", une pratique illégale de récupération de données sensibles, est désormais dans le viseur du Kremlin. Longtemps tolérés, voire utilisés par les autorités russes, les outils numériques permettant d’obtenir tout genre d’informations personnelles liées à des particuliers, des entreprises ou des administrations, sont dorénavant proscrits par Moscou. Depuis fin 2024, l’accès ou la diffusion de telles données volées est puni jusqu’à 10 ans de prison par la loi russe. Un changement de doctrine brutal, après des années de laisser-faire du pouvoir, qui n'empêche toutefois pas la pratique de se poursuivre au nez et à la barbe des autorités.

Un système utilisé à la fois par les pro et les anti-Poutine

Concrètement, comment est organisé le "probiv" (du russe "percer") ? Comme expliqué par le média indépendant russe Mediazona, proche de l’opposition à Vladimir Poutine, ce réseau permet à n'importe qui d'acheter, pour quelques dollars sur des applications comme Telegram ou sur le dark web, des informations personnelles de toute personne en Russie que l'on souhaite surveiller. Ce réseau se structure en deux offres. L’une est disponible à tout un chacun, quand l’autre, plus développée, est réservée à certains professionnels, comme les détectives privés, ou des sociétés évoluant dans le domaine de la sécurité. Dans un cas comme dans l’autre, les vendeurs monnayent l’accès à des informations personnelles issues d’administrations publiques, d’organismes étatiques ou d’entreprises à l’activité sensible. Pour ce faire, ils s’appuient sur un large réseau de fonctionnaires, salariés ou policiers corrompus à même de leur transmettre de telles bases de données.

Ces éléments (numéros de plaques d’immatriculation, adresses personnelles, passeports, relevés d'appels, géolocalisation téléphonique…) sont ensuite mis sur le marché pour être achetés, parfois à bas coût. Dans un article consacré au sujet, The Guardian explique qu’avant les récentes restrictions, ce marché profitait aussi bien au pouvoir russe qu’à ses détracteurs. Alors que la presse est très contrôlée en Russie, certains journalistes indépendants ont certes pu recourir au "probiv" pour travailler sur des affaires. L’unité des services secrets russes à l’origine de l’empoisonnement de l'opposant anti-Poutine Alexeï Navalny, en 2020, a pu être dévoilée dans les médias par ce biais. Mais, dans le même temps, les forces de l’ordre utilisaient aussi cette méthode pour museler toute forme de rébellion. Le "probiv" permettait ainsi de faire gagner du temps aux policiers lors de leurs enquêtes.

Un article du New York Times décrivait en 2021 un phénomène "presque exclusivement russe". "Il y a quelques années, Roman Dobrokhotov, fondateur de The Insider en 2013, se trouvait à Kiev, rapporte le quotidien new-yorkais. Il raconte avoir demandé à un journaliste local où trouver les relevés téléphoniques d'une personne sur laquelle il menait des recherches et avoir été surpris d'apprendre que ce n'était pas une pratique courante. Il a alors compris que 'la Russie est sans doute le pays le plus transparent au monde', ajoutant : 'Avec dix dollars, on peut trouver n'importe quelle information sur n'importe qui.'"

Pirates informatiques ukrainiens

Pourquoi donc les autorités russes ont-elles soudainement décidé de restreindre le fonctionnement de ce réseau d’information parallèle ? Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. D’une part, de nombreux malfaiteurs profitaient du "probiv" pour obtenir des informations dans l’optique de commettre des escroqueries. Leur procédé consiste à soutirer, lors d’arnaques téléphoniques, de l’argent à leurs victimes grâce à ces renseignements.

Autre facteur encore plus déterminant : l’utilisation par l'Ukraine de ces données pour déstabiliser son voisin russe. Depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes du Kremlin en février 2022, des hackeurs pro-Kiev parviennent ainsi régulièrement à s’engouffrer dans ces fuites de données. Ils publient ensuite en ligne des informations sensibles venues d’administrations ou d’entreprises russes. AlfaBank, une importante banque russe, a notamment été touchée l’an dernier par une action de ce type.

Plusieurs personnalités liées au "probiv" ont été ciblées par Moscou ces derniers mois. Les responsables d’UserBox, un des principaux bots utilisés en Russie pour cet usage, ont été arrêtés. D’autres opérateurs ont transféré leurs activités à l’étranger pour échapper aux sanctions. Mais les résultats de cette nouvelle politique ne sont pas forcément escomptés. Selon le journaliste russe Andrei Zakharov, collaborateur de la BBC et auteur d’un livre sur le "probiv", ces services "publient" désormais "des fuites sensibles les unes après les autres". "Avant, ils collaboraient encore avec les services de sécurité, ou bien, ils y réfléchissaient à deux fois avant de divulguer des informations extrêmement sensibles", développe-t-il, auprès du Guardian. "Maintenant, ils n’ont plus aucun contrôle."

© Ramil Sitdikov / POOL / AFP

Le président russe Vladimir Poutine, le 26 septembre 2025, à Moscou (Russie).
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Espagne : malgré les déboires qui s’accumulent, le maintien sur un fil de Pedro Sánchez au pouvoir

Une défaite électorale au pire moment pour Pedro Sánchez. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du Premier ministre en poste à Madrid a essuyé de mauvais résultats le 21 décembre dans les urnes, lors d’un scrutin régional organisé en Estrémadure, dans l’ouest de l'Espagne. Dans cette région longtemps acquise à la gauche, le Partido popular (PP), principale formation à droite de l’autre côté des Pyrénées, l’a de nouveau emporté, comme lors du dernier scrutin. Cette déroute est loin d’être anecdotique pour les socialistes, car elle pourrait préfigurer l’accord redouté par la gauche au niveau national.

En effet, bien qu’arrivé en tête en Estrémadure, le PP a besoin des voix des élus du parti d’extrême-droite Vox pour obtenir une majorité au sein de l’assemblée régionale et pouvoir gouverner. Un schéma, qui, s’il se répétait au moment des élections législatives, constituerait une véritable menace pour les socialistes et Pedro Sánchez. Le PSOE a d’ailleurs fait de ce scénario un argument pour convaincre les Espagnols de continuer à lui accorder sa confiance. Mais le Premier ministre, au pouvoir depuis 2018 et plus fragilisé que jamais, est-il la personnalité idoine à gauche pour incarner cette alternative à une alliance entre la droite et les nationalistes ? Celui-ci croit en tout cas toujours à sa stratégie et compte bien rester en poste jusqu’à la fin de son mandat, en 2027.

Affaires de corruption et #MeToo interne

Pourtant, les nuages s’accumulent au-dessus de l’avenir de son gouvernement. Avec, ces derniers mois, des procédures judiciaires qui ternissent particulièrement l’image de Pedro Sánchez. Plusieurs de ses proches sont ainsi soupçonnés d’être impliqués dans différentes affaires de corruption. José Luis Abalos, ex-ministre des Transports et réputé proche du Premier ministre, est ainsi accusé d’avoir perçu des pots-de-vins dans le cadre de l’octroi de marchés publics. Des soupçons similaires pèsent sur l’ancien numéro 3 du PSOE Santos Cerdán. Pire encore, la proche famille du Premier ministre est concernée par ce genre de mise en cause. Son épouse Begoña Gómez est citée dans plusieurs dossiers, notamment de détournement de fonds, quand son frère, le chef d’orchestre David Sánchez, doit être jugé pour trafic d’influence.

Au total, une dizaine d’enquêtes liées à la corruption concernent le PSOE depuis l’arrivée de Pedro Sánchez au palais de la Moncloa. De quoi mettre à mal la promesse du socialiste d’éradiquer ce fléau en politique. Un argument qu’il mettait en avant en 2018, lorsque le PP, le parti de son prédécesseur Mariano Rajoy, était lui-même englué dans un scandale XXL de corruption. Mais ce n’est pas tout. Les actuels déboires judiciaires de la formation de gauche se combinent avec une série d’accusations de violences sexistes et sexuelles (VSS) par des cadres du parti. Plusieurs maires, un sénateur ou encore un responsable interne ont été mis en cause par des plaignantes pour des comportements inappropriés à caractère sexuel. Et, là encore, un proche du Premier ministre a été épinglé : son ex-conseiller gouvernemental Francisco Salazar.

Le traitement des signalements au sein du parti de Pedro Sánchez, qui a fait de son soutien aux combats féministes un des piliers de sa politique, a par ailleurs été pointé du doigt. "Il y a beaucoup de machisme à nettoyer au sein du PSOE", a notamment accusé, auprès du site web Articulo 14, une des militantes ayant pris la parole pour dénoncer l’une des figures socialistes mise en cause. Tant pour la corruption qu’au sujet de ces accusations de VSS, le PSOE est donc accusé de n’avoir pas vraiment pris au sérieux les enjeux de ces problématiques. Le Premier ministre, lui, a tenté de tempérer les dysfonctionnements constatés au sein de son parti, jurant agir de façon "ferme" sur ces deux thèmes.

Coalition à l’avenir incertain

Sur le plan politique, Pedro Sánchez est également très affaibli. Formée en 2023, cette coalition formée avec le parti de gauche radicale Sumar semble menacée. Les responsables de ce dernier ont réclamé un remaniement en profondeur son gouvernement, ce que le Premier ministre se refuse à faire jusqu’à présent. Cet automne, la rupture de son alliance avec les indépendantistes catalans de Junts, emmenés par leur chef de file Carles Puigdemont, a encore un peu plus compliqué l’équation. Plus qu’une chute rapide de son gouvernement, difficilement imaginable à court terme par la fragmentation du paysage politique espagnol, l’inertie apparaît comme le principal danger pour Pedro Sánchez. Pour la troisième année consécutive, les parlementaires ont ainsi échoué à faire voter un budget pour le pays.

Le Premier ministre pourrait-il se contenter d’une telle situation ? Le dirigeant a pour lui de très bons résultats économiques. La croissance va tutoyer les 3 % en 2025, à la faveur d’un secteur touristique florissant, de l’immigration légale incitée par Madrid et de fonds du plan de relance européen – dont a largement bénéficié l’Espagne – investis de manière pertinente. "L’absence de budget peut même, à court terme, s’avérer paradoxalement bénéfique : certaines dépenses ne pouvant être modifiées, la dépense publique n’augmente pas, ce qui peut contribuer à contenir, voire à réduire, le déficit", expliquait le professeur d’économie à l’IE University de Madrid, Juan Carlos Martinez Lazaro, dans un entretien accordé au Monde le 21 décembre. Le taux de chômage toujours élevé (autour de 10 %) et la crise du logement contrebalancent néanmoins ce bilan économique plutôt positif.

L’année 2026 risque d’être décisive pour l’avenir de Pedro Sánchez et de son équipe. Plusieurs élections régionales y seront organisées en Aragon, en Andalousie et en Castille-et-León. De nouvelles déconvenues socialistes mettraient véritablement à mal le socle gouvernemental centré autour du PSOE. Pendant ce temps, les adversaires du Premier ministre, eux, restent en embuscade. Dans un article, El País prédit les douze prochains mois à venir comme "l’année de la tempête parfaite pour le gouvernement". "Dans l’opposition, le PP et Vox pensent que Sánchez va tomber comme un fruit mûr et que la droite va faire une entrée fracassante à La Moncloa avec une forte majorité et une faiblesse de la gauche, qui lui permettra de rêver d’y rester plusieurs années", écrit donc le grand quotidien national. Et ce quitte à attendre, en 2027, le départ du socialiste… qui n’a pas renoncé à refaire acte de candidature pour un nouveau mandat.

© afp.com/Borja Puig de la Bellacasa

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, lors d'une prise de parole à Madrid (Espagne), le 8 septembre 2025.
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Nouveau scandale en Ukraine : des députés accusés de corruption à la veille de la rencontre Zelensky-Trump

L'agence anticorruption ukrainienne (NABU) a accusé samedi plusieurs députés d'avoir accepté des pots-de-vin en échange de leur vote au Parlement et tenté de perquisitionner des bureaux gouvernementaux à Kiev, un nouveau scandale révélé juste après le départ du président Volodymyr Zelensky pour les Etats-Unis. Le NABU a indiqué sur Telegram avoir "mis au jour un groupe criminel organisé comprenant des membres actuels du Parlement" qui "recevaient systématiquement des avantages illégaux pour voter à la Rada".

Des enquêteurs ont tenté de perquisitionner des locaux de comités parlementaires à Kiev mais en ont été empêchés par les forces de sécurité, a précisé cette instance. "Entraver les actions d'enquête constitue une violation directe de la loi", a-t-elle averti. Le service de sécurité de l'Etat a ensuite indiqué sur Facebook que les enquêteurs du NABU "ont été autorisés à entrer dans le quartier gouvernemental", où se situent les locaux de nombreuses institutions. Le NABU n'a pas précisé si des arrestations avaient eu lieu dans cette affaire.

Départ de Zelensky pour la Floride

Ce nouveau scandale de corruption au sein de l'Etat ukrainien éclate juste après le départ de Volodymyr Zelensky pour la Floride, où il doit rencontrer son homologue américain Donald Trump dans le cadre des négociations sur le plan visant à mettre fin à la guerre avec la Russie. La présidence ukrainienne avait déjà été déstabilisée par un vaste scandale de corruption portant sur le détournement présumé de près de 100 millions de dollars dans le secteur énergétique impliquant un proche ami de Volodymyr Zelensky, qui se trouve aujourd'hui en fuite à l'étranger. Cette affaire avait poussé à la démission deux ministres et le puissant chef de l'administration présidentielle Andriï Iermak, également cité, qui était le négociateur privilégié avec Washington.

Si l'Ukraine est dotée d'une agence anticorruption, le NABU, et d'un parquet spécialisé, le SAP, les affaires dévoilées se traduisent rarement par des condamnations en justice. Créé en 2014 sous pression européenne et américaine, le NABU est une instance dotée uniquement d'un pouvoir d'enquête et dont le directeur est nommé par le cabinet des ministres, mais qui jouit d'une indépendance au sein de l'appareil ukrainien.

Cet été, la présidence avait tenté de priver le NABU et le SAP de leur indépendance en subordonnant leurs activités au procureur général, qui répond lui-même à Volodymyr Zelensky. Ce dernier avait dû faire marche arrière face à la levée de boucliers au sein de la société civile et chez les alliés occidentaux de Kiev. Cette tentative avait provoqué les premières manifestations d'ampleur en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en 2022.

La corruption est un mal endémique en Ukraine comme dans nombre d'autres pays de l'ex-URSS, notamment la Russie. Depuis le début de l'invasion russe en 2022, de multiples affaires ont été révélées, y compris dans l'armée et le secteur de la défense. Les militants anticorruption se plaignent de faire l'objet de pressions politiques et d'un harcèlement judiciaire visant à entraver leur travail.

© AFP

Le président Volodymyr Zelensky s'adresse aux membres du parlement ukrainien à Kiev, le 16 octobre 2024.
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"Génocide" des chrétiens au Nigeria : ce qu’il faut comprendre des frappes américaines visant des djihadistes de l'Etat islamique

Il se pose en défenseur des communautés chrétiennes. Le jeudi 25 décembre, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis avaient mené de "nombreuses" frappes meurtrières contre l'Etat islamique, dans l’Etat de Sokoto, au nord-ouest du Nigeria. Le dirigeant américain accuse l’organisation terroriste, qui sévit dans le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Ouest, de perpétrer des crimes qu’il qualifie de "massacres de chrétiens", affirmant que ces derniers subissent une "menace existentielle" de l’ordre du "génocide". Une lecture confessionnelle de ce conflit complexe, remise en question par de nombreux experts. L’Express fait le point sur la situation.

⋅ Pourquoi Donald Trump a-t-il officiellement ordonné ces frappes ?

Les Etats-Unis ont annoncé avoir mené, le jour de Noël, plusieurs frappes contre des positions de l’Etat islamique dans le nord-ouest du Nigeria, à la demande des autorités nigérianes. Ces frappes ont été menées par des missiles guidés tirés depuis des drones évoluant à moyenne altitude, "depuis des plateformes maritimes basées dans le golfe de Guinée", a précisé vendredi soir le ministre nigérian de l’Information, Mohammed Idris. "Au total, 16 munitions de précision guidées par GPS ont été déployées à l’aide de plateformes aériennes sans pilote MQ-9 Reaper, neutralisant avec succès des éléments de l’Etat islamique qui tentaient de pénétrer au Nigeria depuis le corridor sahélien", a-t-il détaillé dans un communiqué.

Donald Trump, lui, a justifié cette intervention par la nécessité de répondre à ce qu’il a qualifié de "massacres de chrétiens" par le groupe terroriste, et s’est félicité que "tous les camps" djihadistes visés par l’armée américaine ont été "décimés", dans une interview diffusée le 26 décembre par le média Politico. Une grande partie des violences récentes dans l’État de Sokoto — une région à majorité musulmane - est imputable à un groupe appelé Lakurawa, d’après l’Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED). Certains analystes, y compris ceux d’ACLED, associent ce groupe à l’État islamique, tandis que d’autres affirment que Lakurawa est affilié à une organisation rivale affiliée à Al-Qaïda.

⋅ Les chrétiens font-ils l’objet d’un massacre comme l’affirme Donald Trump ?

"L’essentiel des violences dites religieuses concerne en réalité des musulmans tués par d’autres musulmans, notamment dans le cadre des actions de la mouvance Boko Haram. Il existe bien sûr des attaques ciblant des chrétiens, parfois contre des églises, mais elles restent très minoritaires", affirme aux Echos Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (l’IRD).

Au Nigeria, la violence est en effet protéiforme, et varie selon les régions. Dans le nord-est, les militants de Boko Haram et de l’État islamique sont actifs ; dans le nord-ouest, les bandits – dont certains sont liés à des groupes islamistes – prédominent ; et dans le centre du pays, les conflits entre agriculteurs chrétiens et éleveurs musulmans sont monnaie courante, mais avant tout pour des raisons foncières et politiques, liées à l’accès à la terre et aux ressources.

"Les zones que les Américains ont frappées et au-dessus desquelles ils mènent leurs opérations de surveillance aérienne ne sont pas les régions dans lesquelles on a enregistré le plus de morts dans la communauté chrétienne. Les chrétiens sont surtout victimes de la violence dans la Middle Belt, au cœur d’un intense conflit entre éleveurs et agriculteurs. Mais il serait extrêmement difficile de conduire des frappes dans cette région sans risquer de faire des victimes collatérales", appuie Nnamdi Obasi, chercheur à l’International Crisis Group, interrogé par RFI.

⋅ Que dit le Nigeria ?

Le Nigeria conteste la grille de lecture confessionnelle imposée par Donald Trump. Au micro de la BBC, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Maitama Tuggar, a déclaré qu’il s’agissait d’une "opération conjointe" contre des "terroristes", et qu’elle "n’avait rien à voir avec une religion en particulier". Après des discussions entre les ministères américain et nigérian de la Défense, Tuggar a indiqué que le secrétaire d’État Marco Rubio l’avait appelé jeudi soir. Durant leur conversation de 19 minutes, le ministre nigérian a insisté sur le fait que les communications relatives aux frappes ne devaient pas être "entravées par la question religieuse", et a ensuite rapporté cette conversation au président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, qui a approuvé les frappes. "Cela fait partie de notre lutte contre l’insécurité. Cette opération sera un effort conjoint continu de lutte contre le terrorisme au Nigeria jusqu’à ce que nous démantelions leurs cellules au Nigeria et aux abords de nos frontières", a-t-il encore affirmé au Washington Post.

Car dans l’État de Sokoto et dans le nord du pays, les extrémistes imposent des versions de plus en plus strictes de la loi islamiste, exigeant par exemple des résidents qu’ils respectent des codes vestimentaires conservateurs et qu’ils suppriment la musique de leurs téléphones. Pour Malik Samuel, chercheur principal chez Good Governance Africa, qui étudie les militants islamistes depuis plus de dix ans, cela explique que de nombreux Nigérians accueillent favorablement cette intervention américaine, alors qu’ils accusent leur gouvernement de ne pas avoir fait assez pour "résister" face à cette menace. En revanche, pour ce spécialiste, le terme de "génocide" utilisé par Donald Trump est là encore inexact, et son affirmation selon laquelle des militants de l’Etat islamique auraient été touchés est "douteuse", explique-t-il au Washington Post.

⋅ Quelle serait la vraie raison de l’intervention de Donald Trump ?

"Cette séquence s’inscrit dans une dynamique engagée dès le début de l’année 2025, lorsque des représentants d’églises évangéliques nigérianes ont été auditionnés au Congrès américain, dénonçant un prétendu génocide et appelant à des sanctions contre le gouvernement nigérian. Cette rhétorique, portée par des milieux religieux conservateurs, trouve un écho particulier aux Etats-Unis, où ces courants constituent une base électorale importante de Donald Trump", éclaire Marc-Antoine Pérouse de Montclos, toujours dans Les Echos.

Fin octobre, à l’issue de cette campagne de lobbying, l’administration Trump avait en effet réinscrit le Nigeria sur la liste des pays "particulièrement préoccupants" en matière de liberté de culte, débouchant sur des pressions diplomatiques et des sanctions à l’égard du pays. Dans la foulée, le président américain avait enchaîné les menaces contre ce "pays en disgrâce", liste le think tank indépendant International Crisis Group : coupe dans les aides financières, menace d’intervention militaire, restriction de l’octroi de visas aux Nigérians, etc.

"L’attaque contre l’EI au Nigeria est-elle liée à une campagne antiterroriste plus vaste ? Ou ces frappes visent-elles à apaiser les chrétiens des États-Unis qui constituent une partie de l’électorat du président ?", a d’ailleurs fait mine de s’interroger Colin P. Clarke, directeur exécutif du Soufan Center, une société de renseignement et de conseil basée à New York, dans un courriel adressé au New York Times. "Je suis tout à fait favorable à la lutte contre Daech en Afrique, mais sa raison d’être ne devrait pas être idéologique ou religieuse", a-t-il ajouté, estimant que "les États-Unis devraient démanteler la menace que représente Daech en Afrique car elle constitue un risque pour la sécurité nationale et les intérêts américains".

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago, à Palm Beach, le 22 décembre 2025 en Floride
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Accès à la mer Rouge, coopération économique... Pourquoi Israël est le premier Etat à reconnaître le Somaliland ?

C’est une décision qui enflamme une grande partie de l’Afrique. Vendredi 26 décembre, Israël est devenu le premier pays au monde à reconnaître le Somaliland, un territoire situé à la pointe nord-ouest de la Somalie, comme un Etat "indépendant et souverain". De la taille environ de la Tunisie, cette république autoproclamée a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, et fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie, armée et police. Jusqu’à présent, elle n’était reconnue officiellement par aucun pays, ce qui la maintenait dans un certain isolement politique et économique malgré sa situation à l’entrée du détroit de Bab Al-Mandeb, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l’océan Indien au canal de Suez.

Très vite, la Somalie a condamné une "attaque délibérée contre sa souveraineté", estimant que cette reconnaissance par Israël exacerbait "les tensions politiques et sécuritaires dans la Corne de l’Afrique, la mer Rouge et le golfe d’Aden, le Moyen-Orient et la région au sens large", a averti le bureau du premier ministre somalien, Hamza Abdi Barre, dans un communiqué.

Une pluie de condamnations

L’annonce israélienne a provoqué également un concert de condamnations dans la région, notamment de la part de Djibouti, de l’Egypte mais aussi de la Turquie qui a dénoncé la "politique expansionniste" d’Israël et une "ingérence manifeste dans les affaires intérieures de la Somalie". Le ministère des affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, lui, s’est inquiété de cette annonce de reconnaissance, affirmant qu’Israël avait "déjà évoqué le Somaliland comme destination pour l’expulsion de représentants du peuple palestinien, en particulier depuis la bande de Gaza". Sur ce sujet, la Somalie a réaffirmé son soutien "indéfectible" aux droits légitimes du peuple palestinien, "notamment à son droit à l’autodétermination et son rejet catégorique de l’occupation, des déplacements forcés." "A cet égard, la Somalie n’acceptera jamais de rendre le peuple palestinien apatride", a ajouté Mogadiscio.

Interrogé par le New York Post sur une éventuelle reconnaissance américaine, Donald Trump a de son côté simplement répondu "non", avant de nuancer : "Nous allons étudier cela", puis de conclure : "Est-ce qu’il y a vraiment des gens qui savent ce qu’est le Somaliland ?"

Sécuriser l’accès à la mer rouge

Quelle mouche a donc piqué Israël ? Selon une note de juillet du think-tank américain Atlantic Council, le renforcement des liens avec le Somaliland permmettrait en effet à Israël de "sécuriser son accès à la mer Rouge" pour faciliter sa lutte contre les rebelles houthistes du Yémen - des soutiens du Hamas qui ont mené plusieurs attaques contre des navires commerciaux et des cibles militaires - "et de contrebalancer l’influence régionale des puissances rivales, tout en consolidant la présence de ses alliés". "À ceux qui se moquent des raisons pour lesquelles Israël s’engagerait au Somaliland : regardez la carte. Le Somaliland est situé sur le golfe d'Aden, à proximité du détroit de Bab el-Mandeb, un point de passage stratégique pour le commerce et l’énergie mondiaux. De l’autre côté du golfe, les Houthis, soutenus par l’Iran, bombardent Israël et ses navires. Le Somaliland offre la stabilité, des ports, un accès aux renseignements et une plateforme non iranienne sur la mer Rouge", a commenté de son côté Mark Dubowitz, directeur général du think tank Foundation for Defense of Democracies, cité par Bloomberg.

Après cette annonce, Benyamin Nétanyahou a évoqué une "belle occasion d’élargir" un partenariat entre les deux pays, notamment dans les domaines économique et agricole. Une déclaration "conjointe et mutuelle" a été signée par les deux parties et le Somaliland a exprimé son intention de rejoindre les accords d’Abraham, un processus qui, en 2020, avait vu plusieurs pays arabes normaliser leurs relations avec Israël. Le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a déclaré vendredi que les deux pays allaient établir "des relations diplomatiques complètes, avec la nomination d’ambassadeurs et l’ouverture d’ambassades", et le président du Somaliland a été invité en Israël.

© afp.com/oliver contreras

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse à la presse depuis le Capitole, à Washington, le 7 février 2025
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Prisonniers en Ukraine, deux soldats nord-coréens rêvent d'une "nouvelle vie" en Corée du Sud

Déployés aux côtés des Russes sur le front ukrainien, blessés au combat puis faits prisonniers, les deux soldats nord-coréens captifs en Ukraine rêvent à présent d'une "nouvelle vie" en Corée du Sud. Un souhait qu'ils ont formulé dans une lettre, pour la première fois avec leurs mots. "Grâce au soutien du peuple sud-coréen, de nouveaux rêves et de nouvelles aspirations ont commencé à prendre racine", expliquent-ils dans ce texte, daté de fin octobre et adressé à une ONG de Séoul qui l'a transmis à l'AFP mercredi. Début novembre, Gyeore-eol Nation United, un groupe d'aide aux transfuges, avait déjà rapporté que ces militaires voulaient faire défection en Corée du Sud. Cette fois en revanche, ils s'expriment directement dans un écrit signé de leurs noms, qui sont gardés secrets pour les protéger.

Les deux hommes, prisonniers depuis janvier après avoir été blessés sur le champ de bataille, remercient ceux qui leur viennent en aide en les "encourageant" et en "voyant cette situation non pas comme une tragédie, mais comme le début d'une nouvelle vie". "Nous croyons fermement que nous ne sommes jamais seuls et considérons les Sud-Coréens comme nos propres parents et frères et sœurs, et nous avons décidé de trouver leur étreinte", ajoutent les soldats.

Du Sud ou du Nord, tous les Coréens sont considérés comme des citoyens de Corée du Sud à part entière, en vertu de la Constitution. Même si les deux Corées sont techniquement toujours en guerre, leur conflit s'étant soldé en 1953 par un armistice et non un traité de paix. Les Nord-Coréens captifs ont remis leur lettre lors du tournage fin octobre d'un entretien, co-organisé par Gyeore-eol Nation United, pour un documentaire, en un lieu dont l'emplacement n'est pas connu. "Les deux ont demandé au producteur, à la fin de l'interview, de les emmener au Sud", avait alors dit à l'AFP Jang Se-yul, directeur de Gyeore-eol Nation United. "Ils ont supplié l'intervieweuse de promettre qu'elle reviendrait les chercher", avait poursuivi Jang Se-yul, qui a lui-même fui la Corée du Nord dans les années 2000. La vidéo de cette interview n'est pas encore disponible, mais devrait être publiée en janvier, selon Jang Se-yul.

"Condamnation à mort"

Le Nord a activement participé à l'effort de guerre de Moscou depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, fournissant du matériel à son allié et, selon le renseignement sud-coréen, quelque 10 000 troupes. Les soldats de Pyongyang ont notamment été déployés dans la région russe de Koursk, partiellement occupée par les forces ukrainiennes entre août 2024 et le printemps 2025.

Mi-décembre, l'agence officielle de Pyongyang avait fait état de la mort de neuf soldats d'une unité du génie militaire nord-coréenne qui avait été déployée pour déminer la région de Koursk. Mais au total, selon les estimations sud-coréennes, au moins 600 militaires nord-coréens sont morts et des milliers ont été blessés. Le renseignement de Séoul a de plus indiqué que les militaires de Pyongyang avaient pour ordre de se suicider afin d'éviter d'être capturés.

Le parlementaire sud-coréen Yu Yong-weon, qui a rendu visite aux prisonniers en Ukraine en février, a raconté que les deux soldats avaient vu des camarades se faire exploser avec des grenades. Les renvoyer en Corée du Nord serait donc comme "une condamnation à mort", a-t-il prévenu. A Séoul, le ministère des Affaires étrangères a appelé l'Ukraine à ne pas "rapatrier de force les prisonniers de guerre nord-coréens", et demandé que leur volonté de rallier le Sud soit respectée.

Pyongyang n'a reconnu avoir envoyé des troupes en Russie qu'en avril, et concédé que certains étaient morts. Les analystes pensent que le Nord reçoit une aide financière, des technologies militaires et des livraisons de nourriture et d'énergie de la part de la Russie en échange de son appui.

© afp.com/Jung Yeon-je

Photo prise à Séoul, le 24 décembre 2025, montrant une copie d'une lettre écrite le 28 octobre 2025 par des prisonniers de guerre nord-coréens en Ukraine
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Ukraine : ce que l’on sait de la prochaine rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky

C’est une rencontre attendue. Ce dimanche 28 décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue américain Donald Trump doivent se réunir en Floride, pour échanger notamment sur le sujet très sensible des territoires occupés par la Russie. Peu avant les négociations, le locataire de la Maison-Blanche avait un message très clair pour son homologue. Volodymyr Zelensky "n’aura rien tant que je ne donne pas mon accord", a-t-il averti dans un entretien accordé vendredi au site Internet Politico. "Je pense que ça se passera bien avec lui. Je pense que ça se passera bien avec [le président russe Vladimir] Poutine", a-t-il encore déclaré, précisant qu’il s’apprêtait à échanger prochainement avec le dirigeant russe, "autant de fois que je le souhaiterai".

Les pourparlers en vue d’un règlement du conflit se sont accélérés ces dernières semaines, à la suite de la présentation d’un plan dévoilé par Donald Trump. Alors que ce document était considéré initialement par Kiev et les Européens comme trop favorable à Moscou, Volodymyr Zelensky a dévoilé cette semaine les détails d’une nouvelle mouture, retravaillée mais critiquée par Moscou, qui a accusé l’Ukraine de vouloir "torpiller" les négociations. Cette version prévoit un gel de l’actuelle ligne de front sans offrir de solution immédiate concernant les revendications territoriales de la Russie, qui occupe plus de 19 % de l’Ukraine. "Nous avons un programme chargé", avait déclaré vendredi le président ukrainien à des journalistes, évoquant une rencontre "pendant le week-end" qui a ensuite été confirmée par son cabinet. Le chef d’État sera reçu par Donald Trump dans sa résidence floridienne de Mar-a-Lago, où il passe les fêtes de fin d’année.

Un accord peu probable

Selon Volodymyr Zelensky, les discussions porteront sur les "questions sensibles" du sort du Donbass, une région industrielle et minière de l’est de l’Ukraine que Moscou revendique, et de la centrale nucléaire de Zaporijjia (Sud) occupée par les soldats russes. Les deux hommes évoqueront aussi les garanties de sécurité que les Occidentaux pourraient fournir à l’Ukraine dans le cadre d’un éventuel accord de paix avec la Russie, a-t-il poursuivi. "Il y a certaines questions dont nous ne pouvons discuter qu’au niveau des dirigeants", a expliqué le président ukrainien, qui s’est entretenu vendredi avec plusieurs dirigeants européens dont le chancelier allemand Friedrich Merz, ainsi qu’avec le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.

Du côté russe, l’accord semble néanmoins peu probable. Car contrairement à la version originale rédigée par les Américains et présentée il y a plus d’un mois, le nouveau texte ne comprend plus aucune obligation juridique de non-adhésion à l’Otan pour l’Ukraine, un chiffon rouge pour Moscou qui l’a présentée comme l’une des causes de la guerre. Le nouveau texte "diffère radicalement" de ce qui avait été négocié entre Washington et Moscou, a constaté vendredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, appelant à revenir aux ententes antérieures, faute de quoi "aucun accord ne pourra être conclu". Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait savoir qu’un "contact téléphonique" avait "eu lieu" entre Russes et Américains mais a refusé d’en révéler les détails, car "la diffusion de ces informations pourrait avoir un impact négatif sur le processus de négociation".

En attendant une percée dans les négociations, l’armée russe a accéléré ses avancées ces derniers mois. Mardi, les troupes ukrainiennes avaient dit s’être retirées de Siversk, une ville de l’est, face aux assauts ennemis. Une prise facilitant l’approche des dernières grandes cités du Donbass encore sous contrôle ukrainien, Kramatorsk et Sloviansk. Vendredi, non loin du front dans le nord-est, deux personnes ont été tuées et quatre blessées dans une frappe russe sur Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine.

© afp.com/Mandel NGAN, ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Ce combo montre de gauche à droite le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Whasington le 18 août 2025, le président américain Donald Trump le 22 août 2025 à Washington et le président russe Vladimir Poutine à Anchorage, Alaska, le 15 août 2025
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"L'Europe est une puissance économique qui n'utilise pas sa puissance" : le regard des jeunes lauréats du concours de L'Express

En mai dernier, L’Express a lancé un concours d’éloquence destiné aux jeunes européens de 18 à 25 ans : "Speak up Europe !" Deux sujets, au choix, leur étaient proposés : répondre au discours tenu à Munich par J.D. Vance, le vice-président des Etats-Unis. Ou bien faire l’éloge d’une personnalité européenne dont le visage devrait orner les billets de banque en euros. Les lauréats ont intégré la première promotion de L’Express Europe. Durant un an, ils pourront écrire dans notre journal et proposer des formats vidéo. Le 24 novembre, trois d’entre eux ont participé au colloque organisé par la rédaction à Strasbourg. Chacun d’entre eux livre ici ses impressions.

Le cri d’alarme de trois chefs d’entreprise

Le rapport Draghi alertait, il y a un an déjà, sur le décrochage de la compétitivité européenne, prise en étau entre les Etats-Unis et la Chine. Sur scène, le 24 novembre, au colloque européen organisé par L’Express à Strasbourg, Enrique Martinez (CEO de Fnac Darty), Anna Stellinger (directrice générale adjointe de la Confédération des entreprises suédoises) et Maciej Witucki (président de la confédération Lewiatan) ont réaffirmé ce diagnostic. Leur constat est clair : si l’Europe souhaite rester une puissance économique, elle doit réduire les contraintes administratives qui l’étouffent.

Maciej Witucki témoigne d’un sentiment d’effacement européen, soulignant que le PIB allemand est désormais inférieur à celui de l’Inde, alors que le continent se retrouve marginalisé au coeur des tensions sino-américaines. Selon lui, la solution est d’aboutir la construction du marché unique et d’alléger la régulation européenne. Il ne s’agit pas de renier le modèle social, précise-t-il, mais de donner de l’air aux entreprises. Et, ne nous sous-estimons pas. "L’Europe est une puissance économique qui n’utilise pas sa puissance", souligne Witucki. Face aux géants américains et chinois, l’Europe dispose de réels moyens de pressions, ses entreprises produisant notamment des semi-conducteurs, des F35 et bien plus encore. Anna Stellinger nuance ce diagnostic sans l’adoucir. Pointant du doigt la noirceur du rapport Draghi, elle estime que celui-ci n’est pas à l’image de l’Union Européenne, qui compte parmi les pays les plus innovants au monde. Le problème européen est intérieur selon elle : "nous nous mettons nous-mêmes des bâtons dans les roues". Nos atouts sont nombreux, rappelle-t-elle, mais la sur-régulation heurte nos entreprises au profit de nos concurrents. Nous avons un devoir de réduire ces normes et d’éliminer les obstacles qui nuisent à notre croissance, conclut Anna Stellinger.

Enrique Martinez constate lui aussi la perte de compétitivité européenne en matière d’innovation. Le tort est, selon lui, "d’avoir été trop loin pour protéger le consommateur", et ce au détriment des entreprises européennes. En multipliant les normes, l’Europe a freiné l’innovation et vu disparaître ses industries, remplacées par des multinationales étrangères, dont la place au sein de l’Union Européenne ne cesse de grandir.

""Le rapport Draghi alerte : 800 milliards d’euros d’investissements au sein de l’Union Européenne seraient nécessaires pour ne pas se faire distancer sur la scène internationale. Mais où trouver cette somme ? Enrique Martinez défend la nécessité é d’un plan d’attractivité pour les entreprises à l’américaine, similaire à l’Inflation Reduction Act" proposé en 2022 par l’administration Biden, dans le but d’encourager les investissements européens et internationaux en Europe. Comme le soutient Maciej Witucki, "il ne faut pas avoir peur des capitaux étrangers" qui sont tout aussi essentiels au développement économique de l’Union Européenne. Anna Stellinger souligne quant à elle un autre levier : faciliter la circulation des capitaux déjà présents sur le sol européen mais aujourd’hui sous-utilisés. Les fonds de pension notamment gèrent 2 700 milliards d’euros au sein de l’Union Européenne, une somme pas ou trop peu exploitée. Stellinger défend l’ouverture d’un marché des capitaux dynamique afin de permettre à ces fonds d’investir plus librement et de rendre davantage de capital accessible aux entreprises.

En creux, un message simple s’impose : l’Europe n’est pas condamnée. Elle dispose des talents, des savoir-faire et des atouts nécessaires pour s’affirmer sur la scène internationale. Mais pour y parvenir, une priorité s’impose : assouplir le cadre normatif qui freine ses entreprises. Déréguler, réduire les barrières à l’innovation, libérer les capitaux et en finir avec une forme d’auto-flagellation qui n’existe ni aux Etats-Unis, ni en Chine. C’est à ce prix que l’Europe pourra revenir dans le match. Hector Laine

Giuliano da Empoli face au chaos politique mondial

Strasbourg, un lundi, "dernier jour de calme" avant l’ouverture des séances, me dit-on dans le café d’un hôtel avoisinant le Parlement européen. C’est à quelques centaines de mètres de celui-ci que se déroule le temps d’un après-midi, la réunion de ces voix européennes qui, de diverses manières, œuvrent à la renaissance d’une puissance européenne souveraine.

À 14h30, la présentation est faite, dans une salle des congrès remplie d’un public intergénérationnel et c’est le politiste Giuliano da Empoli, auteur du best-seller Le Mage du Kremlin, se définissant lui-même comme étant "moitié suisse, moitié italien et moitié français" qui arrive sur scène.

Le ton de la journée est alors vite lancé : précis, érudit mais jamais dénué d’ironie. Giuliano da Empoli parle du monde dans un français impeccable, observateur attentif de l’état d’esprit européen, il décrit un continent comme hypnotisé par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche si bien qu’il en reste spectateur.

Au cœur de ces nouveaux jeux de puissance, l’ancien conseiller de Matteo Renzi y trouve ceux qu’il appelle "les ingénieurs du chaos", ces patrons de la tech et ces grands acteurs du secteur privé qui appuient l’ascension au pouvoir des mouvements extrémistes et populistes tel l’exemple du mouvement Maga aux États-Unis.

Face à eux, Da Empoli déplore que l’Europe adopte une "posture de soumission politique" face à une "administration américaine tournée vers la confrontation". C’est alors que d’un ton mi-amusé mi-inquiet, il interroge "Quel est l’intérêt d’être à 27, si c’est pour avoir le poids international du Luxembourg ?".

"L’idée centrale de Giuliano da Empoli : le temps des prédateurs" est arrivé et l’Europe est démunie. C’est dans un monde en mutation accélérée ou l’Europe ne trouve pas ou peu sa place et où le chaos "n’est plus l’arme des insurgés", mais un instrument assumé du pouvoir que ces alliances dangereuses formées entre populistes autoritaires, magnats de la tech et entrepreneurs de l’IA, se forment.

C’est donc avec un esprit plutôt critique à l’encontre de la tech que l’auteur voit dans ces mutations la bascule d’un pouvoir qui auparavant s’exerçait au sein des institutions classiques et qui se trouve maintenant dans le contrôle des flux d’informations, des plateformes et des données numériques.

Giuliano da Empoli dépeint à Strasbourg une Europe qui "traite avec des moyens techniques un défi politique", qui se comporte comme si la complexité du monde contemporain pouvait se résoudre par la régulation administrative.

L’Union des 27 résonne comme un espace réglementaire plutôt que comme une puissance capable d’influencer les jeux de puissances à l’échelle mondiale. De fait, cette posture de faiblesse nourrit une posture de dépendance face aux géants chinois et étasuniens.

S’il se montre si inquiet quant à l’avenir de nos démocraties, c’est parce que Giuliano Da Empoli observe chez des dirigeants comme Donald Trump une "logique du miracle" au sens quasi-théologique : le "prédateur" promet de résoudre les crises non pas par la règle ou la procédure, mais en enfreignant la loi, se présentant comme une figure exceptionnelle qui peut affronter des problèmes hors de portée des institutions classiques.

Pour illustrer son propos, l’écrivain utilise l’exemple des récentes arrestations menées par l’ICE aux Etats-Unis. Cette logique est une attaque directe contre l’État de droit provoquant selon lui une sidération de nos démocraties. Se profile, pour les moins optimistes, la menace d’un changement de régime. La démocratie libérale est un modèle à secourir et l’Europe, ne peut mettre en œuvre ce sauvetage qu’à condition de reconnaître la nature profondément politique des défis qui s’imposent à elle. Sortir de la gestion pour aller vers la stratégie, c’est à ce prix que l’Europe saura faire face à la nouvelle économie du chaos qui redessine l’ordre mondial. Léa Le Coustumer Mari

Les quatre saisons de la liberté

C’est sous la pluie d’automne, au Palais des Congrès de Strasbourg, que j’ai passé ma première journée en tant que jeune ambassadrice de l’Express. Une météo qui confirme la métaphore de Mathieu Laine énoncée l’après-midi même, et nous rappelle symboliquement que l’Europe, aussi, a changé de saison. Née d’un printemps de la guerre, l’Europe a fondé sa valeur centrale sur la liberté. Mais après tout un été à se développer, la voilà menacée par des prédateurs extérieurs. Elle se paralyse, se polarise, et ne parvient pas à mobiliser les moyens qui lui permettraient d’agir à la hauteur de ses ambitions. Et c’est bien de cette posture passive qu’elle se doit de sortir

William Marx souligne que l’Europe a écrit son histoire avec l’ensemble de ses pays membres, et c’est à l’unisson qu’elle doit continuer d’écrire son roman. L’angle est clair : refaire d’elle le personnage principal. Face aux critiques américaines, elle doit répondre fièrement, et non s’indigner et se soumettre. Face à la recherche d’un homme fort pour traverser l’automne et affronter les prédateurs, elle doit se remémorer que c’est unie qu’elle est la plus forte. L’Europe possède déjà les moyens de sa réussite, les capitaux pour investir en elle-même, les structures politiques et économiques pour créer de la valeur, mais elle doute.

Une situation dont on peut faire l’éloge, comme nous le rappelle Bana Jabri : le doute est le début de la sagesse. Sa pratique met à mal les idées préconçues et les évidences sans preuve, il pousse à la remise en question et la recherche du savoir. C’est donc une bonne chose, à condition de ne pas s’enliser dans une paralysie, et se laisser dévorer par ceux qui profitent de ce doute pour imposer leurs idées. L’Europe doit ainsi choisir : faire de ce doute actuel la promesse d’un nouveau printemps – pour une Europe libre, audacieuse et actrice de son avenir ; ou une menace d’un hiver qui la gèlerait dans sa posture défensive, soumise, et son auto-flagellation.

Au cœur de ce colloque, il semble naturel de croire à une Europe qui se ressaisit. Entouré de chercheurs, de leader et d’écrivains, on ne peut que se rendre à l’évidence et apprécier à quel point cette union réussit quand elle agit. Notre liberté de penser, de commercer, de circuler a fait naître ces acteurs. Que se passerait-il alors si nous arrêtions de douter ? Si nous nous donnions pleinement les moyens de briller ?

Un avant-goût de cette hypothèse nous est présenté par la CEO et Fondatrice de The Exploration Company en fin d’après-midi, et il résonne déjà comme un succès : fondée en 2021, sa start-up franco-allemande enchaîne les levées de fonds et les contrats, et impose son projet de conquête spatiale au monde. Une Elon Musk à l’européenne ? Hélène Huby, tout simplement ! Avec son intelligence, son ambition, son talent, son humilité, et une équipe qui lui ressemble. Elle rappelle, pendant sa présentation, que ce projet franco-allemand a pu naître après avoir convaincu chacune des parties qu’une coopération avec l’autre serait bénéfique. Cessons cette méfiance envers nous-même, et récompensons-nous des succès issus de notre confiance. Puisse ce projet simplifier l’émergence d’autres initiatives européennes aussi ambitieuses.

Puisque c’est cette Europe que j’ai envie de défendre et de représenter. Une Europe libre, démocrate, solidaire, audacieuse. C’est encore Anna Stellinger qui résume le mieux cet après-midi de colloque : il est temps que l’Europe devienne active et non réactive – pour cela nous devons, ensemble, faire preuve de courage. Léa Rivière

© Charlotte Krebs/L'Express

Eric Chol, directeur de la rédaction de L'Express, a remis le prix de l'essai européen de l'année à Giuliano da Empoli pour "L'heure des prédateurs" (Gallimard), le 24 novembre 2025 à Strasbourg.
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"Purge" des ambassades américaines : le coup de balai brutal de Donald Trump

De simples coups de téléphone, comme une illustration supplémentaire des méthodes brutales de Donald Trump. Ce lundi 22 décembre, le président américain a ordonné à près de 30 ambassadeurs en poste dans le monde entier, nommés par Joe Biden, de rentrer aux États-Unis dans les prochaines semaines, une mesure qui risque de créer un important manque au sein du corps diplomatique américain, révèle le New York Times.

L’administration américaine leur a demandé de quitter leur fonction sous une quinzaine de jours, d’ici la mi-janvier 2026, afin d’aligner le corps diplomatique aux nouvelles priorités de politique étrangère américaines. Une trentaine de pays sont concernés, majoritairement en Afrique, selon The Associated Press (AP). "Les personnes concernées indiquent avoir été informées brutalement, généralement par téléphone, sans aucune explication, a déclaré Nikki Gamer, porte-parole de l’American Foreign Service Association, le syndicat représentant les diplomates de carrière. Cette méthode est tout à fait inhabituelle."

Les candidats au poste d’ambassadeur sont nommés par le président et approuvés par le Sénat, et se répartissent en deux catégories : les diplomates de carrière et les personnes nommées pour des raisons politiques. Ces dernières sont souvent des donateurs ou des proches du président, et sont censées présenter leur démission au début d’une nouvelle administration, comme ce fut le cas lorsque Donald Trump a pris ses fonctions en janvier. Mais les diplomates de carrière, eux, restent souvent en poste pendant plusieurs années au sein d’une nouvelle administration, d’où la surprise de l’annonce. "Notre syndicat peut affirmer avec certitude qu’une telle révocation massive n’a jamais eu lieu depuis la création du Service extérieur tel que nous le connaissons", a d’ailleurs précisé Nikki Gamer auprès du New York Times.

Le moral des diplomates en berne

Interrogé par l’AFP, le département d’Etat n’a pas confirmé le détail de ces renvois ni quels pays étaient concernés, mais a indiqué qu'"il s’agit d’un processus standard dans toute administration". "Un ambassadeur est un représentant personnel du président" et ce dernier "est en droit de s’assurer qu’il dispose dans ces pays de personnes qui font avancer le programme 'Amérique d’abord'", a déclaré un haut responsable du département d’État sous couvert d’anonymat, tandis que Donald Trump n’a pas encore désigné de candidats pour les postes d’ambassadeurs vacants en Afrique subsaharienne. En général, dans cette configuration, le chef de mission adjoint, souvent diplomate de carrière lui aussi, assure l’intérim.

Pour plusieurs observateurs, ces rappels massifs risquent d’affecter davantage le moral des diplomates de carrière travaillant sous l’autorité du secrétaire d’État Marco Rubio. Plus tôt ce mois-ci, le syndicat de la profession a publié les résultats d’un sondage auprès de ses membres, révélant que 98 % des répondants estimaient que le moral au travail avait chuté depuis le début du second mandat de Donald Trump, en raison notamment des coupes budgétaires. Avec Marco Rubio, le président américain a en effet supervisé le renvoi de centaines de personnels au sein du département d’Etat, réorganisé autour des priorités de l’administration, et supprimé l’Agence américaine pour le développement (USAID). Au total, 1 300 suppressions de postes ont eu lieu, dont 264 diplomates à travers le monde, remplacés par des fidèles du président.

© afp.com/Jim WATSON

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'entretient avec le président Donald Trump, auquel il vient de remettre une note manuscrite évoquant les négociations sur Gaza, le 8 octobre 2025 pendant une réunion à la Maison-Blanche
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Ukraine : Volodymyr Zelensky va rencontrer Donald Trump dimanche en Floride

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré vendredi 26 décembre, qu’il prévoyait de rencontrer dimanche le président américain Donald Trump pour discuter avec lui des garanties territoriales et de sécurité de l’Ukraine. Kiev a révélé il y a trois jours la nouvelle mouture du plan américain visant à mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, négociée depuis des semaines entre Washington et Kiev. De son côté, Moscou a refusé d’en commenter les détails, mais la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que les progrès vers la fin de la guerre étaient "lents mais réguliers".

Les infos à retenir

⇒ Volodymyr Zelensky va rencontrer Donald Trump dimanche

⇒ Vladimir Poutine pourrait être ouvert à un échange de territoires en Ukraine

⇒ Des drones russes endommagent trois bateaux dans le sud de l’Ukraine

Volodymyr Zelensky et Donald Trump se rencontreront dimanche

Volodymyr Zelensky et Donald Trump doivent se rencontrer dimanche en Floride pour discuter des efforts en vue de mettre fin à l’invasion russe, a annoncé Kiev vendredi. "Cette rencontre est prévue pour dimanche", a déclaré un conseiller du président ukrainien.

"En ce qui concerne les questions sensibles, nous discutons à la fois du Donbass et de la centrale nucléaire de Zaporijia. Nous discutons certainement d'autres questions", a précisé à des journalistes sur l'application de messagerie WhatsApp, Volodymyr Zelensky. "Cette réunion a pour mais précis de finaliser autant que possible tous les détails", a-t-il ajouté. Le chef d'Etat ukrainien a également déclaré qu'il ne pouvait pas dire si un accord serait signé à l'issue de cette réunion mais que l'Ukraine y était prête.

Le président ukrainien avait révélé mercredi la nouvelle mouture du plan américain visant à mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, négociée depuis des semaines entre Washington et Kiev. Ce texte prévoit un gel du front aux lignes actuelles tout en n’offrant aucune solution immédiate sur l’épineuse question des territoires occupés par la Russie, qui représentent plus de 19 % de l’Ukraine.

Contrairement à la version originale de ce document, rédigée par les Américains, la nouvelle mouture laisse de côté deux exigences majeures de Moscou : un retrait des forces ukrainiennes des territoires du Donbass encore sous leur contrôle et un engagement juridiquement contraignant de Kiev à ne pas adhérer à l’Otan. Pour cette raison, un accord de Moscou à cette nouvelle version semble improbable.

La Russie accuse l'Ukraine de vouloir "torpiller" les négociations sur le plan américain

La Russie a accusé ce vendredi l'Ukraine de vouloir "torpiller" les pourparlers sur le plan américain pour mettre fin à la guerre, constatant que le nouveau texte présenté cette semaine par Kiev était "radicalement différent" de ce que Moscou avait négocié avec les Américains.

"C'est de notre travail et de la volonté politique de l'autre partie que dépendra notre capacité à faire le dernier effort et à parvenir à un accord. Surtout dans un contexte où Kiev et ses sponsors, notamment au sein de l'Union européenne, qui ne sont pas favorables à un accord, ont redoublé d'efforts pour le torpiller", a déclaré à la télévision le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Vladimir Poutine pourrait être ouvert à un échange de territoires en Ukraine, rapporte Kommersant

Vladimir Poutine a déclaré à quelques-uns des plus importants hommes d’affaires russes qu’il pourrait accepter d’échanger certains des territoires contrôlés par ses forces en Ukraine, mais qu’il voulait l’intégralité du Donbass, a rapporté le journal russe Kommersant. "Vladimir Poutine a affirmé que le côté russe était toujours prêt à faire les concessions qu’il avait faites à Anchorage. En d’autres termes, que 'le Donbass est à nous'", écrit le média.

Le chef du Kremlin avait rencontré son homologue américain Donald Trump en août à Anchorage, en Alaska, pour le premier sommet USA-Russie depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

Pas d’appel prévu "pour l’instant" entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, selon l’Elysée

Il n’y a pas eu d’échange récent entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine et il n’y a pas "pour l’instant" d’entretien prévu, a fait savoir ce vendredi l’Elysée alors que Paris et Moscou, dont les relations sont au plus bas, ont récemment manifesté publiquement leur intérêt d’un contact direct au sommet. "Il n’y a pas eu d’échange" entre les présidents français et russe, "il n’y a pas pour l’instant de projet d’appel" entre eux et "il n’y a pas de projet de voyage d’Emmanuel Macron à Moscou", a indiqué l’Elysée.

La semaine dernière, le Kremlin avait fait savoir que Vladimir Poutine était prêt à parler à Emmanuel Macron, répondant à des déclarations en ce sens du président français. L’Elysée avait jugé cela "bienvenu" et dit que ses équipes aviseraient "dans les prochains jours sur la meilleure manière de procéder", insistant sur le fait que cela devait se faire "en toute transparence" avec Kiev et les partenaires européens.

Des drones russes endommagent trois bateaux dans le sud de l’Ukraine

Des drones russes ont endommagé trois navires au cours de la nuit de jeudi à vendredi dans des ports des régions d’Odessa et de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, a déclaré le vice-Premier ministre ukrainien. Ces attaques n’ont pas fait de victimes mais elles ont entraîné des coupures d’électricité et aussi endommagé des entrepôts civils dans la région d’Odessa, a ajouté Oleksiy Kouleba sur la messagerie Telegram.

Les autorités ukrainiennes accusent la Russie, qui multiplie les attaques aériennes dans la région d’Odessa, de vouloir priver l’Ukraine d’un accès à la mer Noire. Oleksiy Kouleba a aussi fait état d’une attaque de drones russes contre la gare de Kovel, dans le nord-ouest de l’Ukraine, à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec la Pologne. "Une locomotive et un wagon de transport de marchandises ont été endommagés", a-t-il affirmé.

© Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL OFFICE / AFP

Volodymyr Zelensky, ici photographié le 23 décembre 2025 à Kiev (Ukraine), vient de dévoiler la dernière mouture du plan de paix américain pour mettre fin à la guerre de son pays face à la Russie.
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Premier sous-marin nucléaire, plus de missiles... Les ambitions de la Corée du Nord pour 2026

A l’aube de 2026, la Corée du Nord montre ses muscles face à sa rivale du sud. Jeudi 25 décembre, les médias d’Etat ont publié des photographies montrant ce qui s’apparente à une coque de sous-marin à propulsion nucléaire en grande partie achevée, alors que le dirigeant Kim Jong-un a fustigé les efforts de la Corée du Sud pour acquérir une technologie similaire.

Selon l’Agence centrale de presse coréenne, Kim Jong-un s’était rendu dans un chantier naval en compagnie de hauts fonctionnaires et de sa fille, sa potentielle successeure, pour inspecter la construction de cet engin qui ferait 8 700 tonnes. L’agence n’a pas précisé quand la visite a eu lieu.

Comme les sous-marins sont généralement construits de l’intérieur vers l’extérieur, la diffusion de ces clichés suggère néanmoins que de nombreux composants essentiels, y compris le moteur et éventuellement le réacteur, sont déjà en place, a déclaré Moon Keun-sik, expert en sous-marins à l’Université Hanyang de Séoul, cité par Euronews. "Montrer le navire dans son intégralité semble indiquer que la plupart des équipements ont déjà été installés et qu’il est sur le point d’être mis à l’eau", a-t-il expliqué, ajoutant que le sous-marin nord-coréen pourrait éventuellement être testé en mer d’ici quelques mois. Mais une telle technologie serait une évolution inquiétante pour les voisins de la Corée du Nord, dans la mesure où le lancement de missiles depuis l’eau serait difficile à détecter à l’avance.

Une technologie stratégique

Pour Kim Jong-un, la construction de ce sous-marin, souhaité depuis 2021, est hautement stratégique. Par le passé, ce dernier avait en effet qualifié les efforts de la Corée du Sud pour acquérir une technologie similaire, soutenus par le président américain Donald Trump, d'"acte offensif" qui viole gravement la sécurité et la souveraineté maritime du Nord. Dès lors, l’achèvement de son sous-marin à propulsion nucléaire constituerait selon lui un changement "historique" dans le renforcement de sa dissuasion nucléaire, alors que la Corée du Nord a également dévoilé un nouveau destroyer naval, que Kim Jong-un a salué comme une étape majeure vers l’élargissement de la portée opérationnelle et des capacités de frappe préemptive des forces nucléaires du pays.

Ce vendredi, le dirigeant nord-coréen a en outre ordonné l'"expansion" et la modernisation de la production de missiles du pays l’année prochaine, ainsi que la construction de nouvelles usines pour répondre à la demande croissante, ont annoncé les médias d’Etat. Le secteur de la production de missiles et d’obus est d’une importance capitale pour renforcer la dissuasion militaire", a-t-il précisé. D’après les analystes, son but est d’améliorer ses capacités de frappe de précision, défier les Etats-Unis et la Corée du Sud, et tester des armes avant d’éventuellement les exporter vers la Russie.

Un partenariat avec la Russie ?

Certains affirment aussi que l’alignement de la Corée du Nord sur la Russie – avec l’envoi de milliers de soldats et d’équipements militaires pour soutenir la guerre du président Vladimir Poutine en Ukraine – aurait pu l’aider à recevoir des technologies en retour, pour l’appuyer notamment dans la construction de son sous-marin.

Dans tous les cas, le Parti des travailleurs de Corée, au pouvoir en Corée du Nord, devrait tenir son premier congrès en cinq ans au début de l’année 2026, au cours duquel les décideurs politiques discuteront des plans de développement économique et militaire pour les cinq prochaines années. Du côté de la Corée du Sud, le président Lee Jae Myung a appelé les États-Unis à soutenir les efforts de son pays pour acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire lors d’un sommet avec Donald Trump en octobre, tout en réaffirmant son engagement à augmenter les dépenses de défense.

© afp.com/STR

Cette photo non datée, publiée par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA le 26 décembre 2025, montre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (c) en visite dans une usine de production de missiles et d'obus
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Au Nigeria, les Etats-Unis mènent des frappes meurtrières contre l’Etat islamique

Il a promis de nouvelles attaques, si les chrétiens continuaient à être tués au Nigeria. Jeudi 25 décembre, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé avoir mené de "nombreuses" frappes meurtrières contre l’organisation Etat islamique (EI) dans le nord-ouest du pays africain, en proie à une recrudescence de violence depuis plusieurs années.

"J’avais précédemment prévenu ces terroristes que s’ils n’arrêtaient pas le massacre de chrétiens, ils allaient le payer cher, et ce soir, ils ont payé", a déclaré Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, ajoutant que le "ministère de la guerre a réalisé de nombreuses frappes parfaites" le jour de Noël. Le commandement américain en Afrique a précisé sur X qu’il avait frappé "à la demande des autorités nigérianes, […] tuant plusieurs terroristes de l’Etat islamique" dans l’Etat de Sokoto. Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, s’est dit "reconnaissant pour le soutien et la coopération du gouvernement nigérian", saluant l’action de son ministère.

Le ministère des Affaires étrangères du Nigeria a confirmé vendredi les frappes américaines. "Les autorités nigérianes restent engagées dans une coopération de sécurité structurée avec des partenaires internationaux, dont les Etats-Unis d’Amérique, afin de lutter contre la menace persistante du terrorisme et de l’extrémisme violent", a-t-il assuré dans un communiqué.

Interrogé sur la possibilité de nouvelles frappes, le ministre des Affaires étrangères Yusuf Tuggar a répondu à la chaîne de télévision locale ChannelsTV : "c'est un processus en cours, et nous travaillons avec les États-Unis. Nous collaborons également avec d'autres pays". "C'est le Nigeria qui a fourni les renseignements" à Washington, a déclaré Yusuf Tuggar précisant qu'il était au téléphone avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio.

Une première intervention militaire

Ces assauts marquent la première intervention militaire américaine sous la présidence de Donald Trump dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Divisé de manière à peu près égale entre le sud à majorité chrétienne et le nord à majorité musulmane, le Nigeria est le théâtre de nombreux conflits qui tuent aussi bien des chrétiens que des musulmans, souvent sans distinction. Le gouvernement nigérian et des analystes indépendants refusent de parler de persécution religieuse, un argument longtemps utilisé par la droite chrétienne aux Etats-Unis, en Europe et par des séparatistes nigérians qui conservent une influence à Washington.

Cette année, les États-Unis ont réinscrit le Nigeria sur la liste des pays "particulièrement préoccupants" en matière de liberté de culte et ont diminué l’octroi de visas aux Nigérians. Affirmant que les chrétiens s’y trouvaient sous une "menace existentielle" de l’ordre du "génocide", Donald Trump avait menacé le mois dernier de recourir à l’option armée.

Car le pays est confronté à un conflit djihadiste de longue date dans le nord-est, ainsi qu’à des gangs armés de "bandits" qui pillent des villages et enlèvent des personnes contre rançon dans le nord-ouest. Dans le centre du pays, des éleveurs principalement musulmans et des agriculteurs chrétiens pour la plupart s’affrontent souvent, bien que la violence soit liée à des contentieux sur les terres et les ressources plus qu’à la religion.

L'ONU a également mis en garde contre une "recrudescence des enlèvements de masse", impliquant régulièrement des centaines d’écoliers. D’autres personnes ont été ciblées dans des lieux de culte lors d’enlèvements distincts. Le phénomène des enlèvements contre rançon s’est "consolidé en une industrie structurée et à but lucratif" qui a récolté environ 1,66 million de dollars entre juillet 2024 et juin 2025, selon un récent rapport de SBM Intelligence, un cabinet de conseil établi à Lagos.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump lors d'appels téléphoniques avec des militaires américains, depuis Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride, le 24 décembre 2025
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Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky dit s'être entretenu avec les émissaires américains

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi 25 décembre avoir discuté au téléphone avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, après avoir révélé la veille les détails du nouveau plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie.

"Nous avons discuté de certains détails importants du travail en cours. Il existe de bonnes idées qui peuvent contribuer à un résultat commun et à une paix durable", a indiqué Volodymyr Zelensky sur Facebook.

Il a affirmé avoir eu une "très bonne conversation" avec les émissaires américains et les a remercié pour "leur approche constructive, leur travail intensif et leurs paroles aimables". "J'espère que les ententes conclues aujourd'hui à l'occasion de Noël et les idées dont nous avons discuté s'avéreront utiles", a poursuivi Volodymyr Zelensky.

Une nouvelle mouture du plan américain

Le président ukrainien avait révélé mercredi la nouvelle mouture du plan américain visant à mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine, négociée depuis des semaines entre Washington et Kiev. Ce texte prévoit un un gel du front aux lignes actuelles tout en n'offrant aucune solution immédiate sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie, qui représentent plus de 19 % de l'Ukraine.

Contrairement à la version originale, rédigée par les Américains, de ce document, la nouvelle mouture laisse de côté deux exigences majeures de Moscou : un retrait des forces ukrainiennes des territoires du Donbass encore sous leur contrôle et un engagement juridiquement contraignant de Kiev à ne pas adhérer à l'Otan.

Pour cette raison, un accord de Moscou à cette nouvelle version semble improbable. Interrogé à ce sujet mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que Moscou était en train de "formuler sa position" et refusé d'en commenter les détails.

© afp.com/Toby Melville

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Londres, le 8 décembre 2025
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Israël : 110 milliards en dix ans pour construire une industrie d’armement indépendante

Israël affiche une ambition claire : s’autonomiser militairement. Le pays investira 110 milliards de dollars — environ 93 milliards d’euros — sur dix ans pour construire une "industrie d’armement indépendante". L’annonce a été faite mercredi 24 décembre par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lors d’une cérémonie organisée sur une base aérienne militaire dans le sud d’Israël.

Après deux années de guerre sur plusieurs fronts régionaux, le chef du gouvernement a expliqué vouloir "réduire notre dépendance, même vis-à-vis de nos amis". "Nous avons établi notre statut de puissance régionale — et dans certains domaines, de puissance internationale", a-t-il poursuivi, avant d’ajouter : "La paix se fait avec les forts, et non avec les faibles".

3,3 milliards d'aide américaine en 2025

Israël reste, depuis des décennies, le premier bénéficiaire de l’aide militaire américaine, et l’essentiel de son équipement provient des Etats-Unis. Selon des chiffres du Congrès américain, Washington a fourni au moins 3,3 milliards de dollars de financements militaires à Israël en 2025. Le pays s’approvisionne également auprès de plusieurs Etats européens, mais il fait face à des restrictions croissantes sur les livraisons d’armes en conséquence de sa guerre dévastatrice menée à Gaza depuis octobre 2023.

Parallèlement, un second front s’est rapidement ouvert dans le nord du pays, avec des affrontements contre le Hezbollah libanais pro-iranien. Ces combats ont dégénéré à l’automne 2024 en une guerre ouverte de deux mois.

Israël a également été confronté à l’Iran lors d’une guerre de douze jours en juin dernier, déclenchée par une attaque israélienne d’une ampleur inédite contre des sites militaires et nucléaires, ainsi que des zones résidentielles. Dans ce contexte belligérant, le budget de la défense devrait atteindre 35 milliards de dollars en 2026. Soit 16 % du budget total préparé par le gouvernement.

© Ohad Zwigenberg / POOL / AFP

16 % du budget total Israélien sera dédié à l'armement en 2026.
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Pourquoi la Russie pourrait rejeter le nouveau plan de paix américano-ukrainien

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dévoilé mardi 23 décembre un plan de paix en 20 points, élaboré avec les Etats-Unis, rompant avec une première version d’octobre qui aurait contraint l’Ukraine à céder des territoires et à renoncer à toute adhésion à l’Otan. Présenté comme un "compromis raisonnable" face au plan soutenu par Moscou et l’administration Trump, le nouveau texte inclut des garanties de sécurité réclamées par Kiev ainsi qu’un programme de reconstruction.

Mais pour un Kremlin porté par ses avancées sur le front, le plan est loin d’être acceptable. "C’est une moquerie absolue", a déjà réagi Aleksei Naumov, analyste des affaires internationales basé à Moscou sur Telegram. Selon lui "l’idée est claire : présenter cela aux Américains comme un "compromis", puis rejeter la faute sur la Russie en cas d’échec".

Qu’est-ce qui bloque ?

Au cours des derniers mois, les lignes rouges russes sont restées sensiblement les mêmes : le Kremlin intransigeant demande toujours le retrait des forces ukrainiennes du Donetsk et du Louhansk, et une exclusion définitive de sa potentielle adhésion l’OTAN. Si Vladimir Poutine a évoqué cette semaine de possibles "concessions", potentiellement en abandonnant certaines zones occupées à Kharkiv ou Zaporijia, Moscou entend poursuivre les combats pour prendre l’intégralité du Donetsk.

C’est donc toujours là que les négociations achoppent : le plan ukrainien exige cette fois le retrait des forces russes de plusieurs régions — Dnipropetrovsk, Mykolaïv, Soumy et Kharkiv. La proposition précise également que l’Ukraine retirerait ses troupes des zones de la région de Donetsk qui seraient transformées en zone démilitarisée — mais uniquement si la Russie retirait ses forces d’une bande de territoire équivalente.

Auprès du New York Times (NYT), l’analyste russe Georgi Bovt estime que "le plan n’offre aucun compromis concernant les territoires ni la centrale nucléaire de Zaporijia" à propos de la centrale actuellement occupée par les forces russes mais que l’Ukraine préférerait exploiter conjointement avec les États-Unis. "L’absence de résolution de la question territoriale en fait une proposition inacceptable", estime-t-il.

Pourquoi la Russie peut-elle se permettre de refuser ?

Avec des taux d’intérêt élevés et une croissance en berne, l’économie russe est certes fragilisée par des années de guerre coûteuse, mais elle reste loin d’un effondrement susceptible de forcer un changement de cap. "Le Kremlin semble toujours penser qu’il peut gagner davantage en poursuivant la guerre" analyse ainsi le journal américain.

Les avancées russes sur le terrain sont lentes, mais régulières. Moscou contrôle actuellement environ les trois quarts de la région de Donetsk, et pourrait en achever la conquête en 18 mois au rythme actuel. Sans compter que 417 000 recrues ont signé de nouveaux contrats avec l’armée russe en 2025, selon Dmitri Medvedev, ce qui permet au Kremlin de poursuivre le conflit malgré de lourdes pertes.

Pour le NYT, Moscou continue de négocier avant tout pour des raisons tactiques : préserver une relation de travail avec Washington, éviter de porter seul la responsabilité de l’échec diplomatique et retarder de nouvelles sanctions américaines, notamment. Notamment après celles imposées en octobre par Donald Trump contre les deux géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil. Pour l’analyste ukrainien Volodymyr Fessenko cité par le NYT, la position du Kremlin est claire : "Poutine n’a aucune intention de mettre fin à la guerre" et utilise les discussions comme un levier diplomatique plutôt que comme une voie vers la paix.

© AFP

La Russie devrait rejeter le nouveau plan de paix proposé par l'Ukraine et les Etats-Unis.
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La Russie a fait une "proposition" à la France sur le chercheur emprisonné Laurent Vinatier

La Russie a annoncé jeudi 25 décembre avoir fait une "proposition" à la France concernant l'affaire du chercheur français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie depuis juin 2024 et qui pourrait être jugé pour "espionnage".

La Russie a arrêté plusieurs ressortissants occidentaux pour divers motifs depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022 et a procédé à des échanges de prisonniers avec les Etats-Unis. Cette annonce surprise intervient alors que Paris et Moscou, dont les relations sont au plus bas, ont récemment manifesté publiquement leur intérêt à un contact direct entre les présidents Vladimir Poutine et Emmanuel Macron.

"Il y a eu des contacts appropriés entre notre partie et les Français. En effet, une proposition a été faite aux Français concernant Vinatier", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point de presse quotidien auquel participait l'AFP. "La balle est dans le camp de la France maintenant", a-t-il ajouté, en affirmant ne "pas pouvoir fournir de détails" car "c'est un domaine très sensible". Contacté par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire.

Condamné à trois ans de prison

Interrogé par un journaliste français sur ce sujet vendredi dernier lors de sa conférence de presse annuelle, le président Vladimir Poutine avait affirmé "ne rien savoir" de l'affaire de Laurent Vinatier et en entendre parler pour la première fois. "Je vous promets que je vais me renseigner. Et s'il y a la moindre chance de résoudre cette question de manière positive, si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible", a-t-il alors assuré.

Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 par un tribunal russe à trois ans de prison pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", alors qu'il collectait des "informations militaires" pouvant être "utilisées contre la sécurité" de la Russie. L'intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l'ignorance. En août, il avait comparu devant un tribunal russe pour des accusations d'"espionnage" qui, si elles étaient confirmées, risqueraient d'alourdir considérablement sa peine.

L'enquête a été prolongée et il pourrait faire l'objet d'un nouveau procès pour espionnage fin février 2026, selon son avocat français. Laurent Vinatier avait déclaré en août ne s'attendre "à rien de bien, à rien de positif" après avoir appris ces nouvelles accusations. Ses parents avaient assuré à l'AFP que leur fils était un "prisonnier politique", un "pion" utilisé par les Russes pour "faire pression". Ce chercheur de 49 ans, spécialiste de l'espace post-soviétique, était employé par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s'agissant de l'Ukraine.

Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays traversent une période de tensions. Une cinquantaine de personnalités, dont les écrivains Emmanuel Carrère et Annie Ernaux, ont demandé à la France d'oeuvrer à sa libération dans une tribune publiée par le journal Le Monde, estimant qu'il est "prisonnier d'un jeu politique et diplomatique qui le dépasse".

Les relations entre Paris et Moscou ont été glaciales ces dernières années, la France accusant la Russie d'actes de déstabilisation et de désinformation sur son territoire, tandis que Paris se voit reprocher par Moscou son soutien militaire à l'Ukraine ou encore de censurer les médias russes.

Fin novembre, trois personnes ont par ailleurs été mises en examen et écrouées à Paris dans le cadre d'une double affaire d'ingérence et d'espionnage économique au profit de Moscou. La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a cependant jugé qu'il allait "redevenir utile" pour les Européens de parler à Vladimir Poutine, plutôt que de laisser seuls les Etats-Unis - qui s'imposent en médiateur principal dans le règlement du conflit ukrainien - à la manoeuvre dans les négociations. Dmitri Peskov a réagi aussitôt en disant que Vladimir Poutine était "prêt au dialogue" avec son homologue français.

© afp.com/Alexander NEMENOV

Le Français Laurent Vinatier, accusé de ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", dans la cage des accusés lors d'une audience au tribunal du district de Zamoskvoretsky à Moscou, le 3 septembre 2024
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"Amazon mais avec des êtres humains" : le plan de l'administration Trump pour détenir 80 000 migrants

Gérer les migrants comme de la marchandise. Selon des informations du Washington Post - illustre quotidien d’investigation américain - l’administration de Donald Trump prépare une refonte massive du système de détention des immigrés aux Etats-Unis, avec un projet visant à enfermer jusqu’à 80 000 personnes simultanément dans des entrepôts industriels rénovés. Une information pour l’heure niée par le gouvernement américain.

D’après des documents internes de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) consultés par le quotidien, sept centres de détention de grande capacité — pouvant accueillir chacun entre 5 000 et 10 000 personnes — devraient être mis en service, complétés par seize sites plus petits. L’objectif affiché est d’accélérer les expulsions grâce à un "système d’acheminement structuré", permettant de mettre fin au système actuel de transferts permanents entre centres saturés. "Les personnes nouvellement arrêtées seraient enregistrées dans des sites de traitement pendant quelques semaines, avant d’être dirigées vers l’un des sept grands entrepôts […] où elles seraient maintenues en vue de leur expulsion", détaille le WP.

Des entrepôts situés dans des Etats républicains

La majorité de ces entrepôts seraient implantés à proximité de grands hubs logistiques en Virginie, au Texas, en Louisiane, en Arizona, en Géorgie et dans le Missouri, des Etats dirigés par des Républicains et favorables à la politique migratoire de Donald Trump. L’ICE prévoit d’aménager les bâtiments, avec dortoirs, sanitaires, cuisines, unités médicales, espaces de loisirs intérieurs et extérieurs, et bibliothèques juridiques et bureaux administratifs, certaines installations étant adaptées aux familles.

Ce plan s’inscrit dans la stratégie plus large de Donald Trump visant à détenir et expulser des millions d’immigrés, alors que plus de 579 000 personnes ont déjà été expulsés cette année. Et le rythme ne ralentit pas : au début de ce mois, l’ICE détenait plus de 68 000 personnes, selon les données de l’agence — un niveau record. Près de la moitié, soit 48 % de ces personnes, n’ont aucune condamnation pénale ni aucune poursuite pénale en cours, selon les données de l’ICE.

L’administration dispose déjà de 45 milliards de dollars votés par le Congrès pour étendre le dispositif de détention, après avoir déjà rouvert des prisons désaffectées, utilisé des bases militaires et installé des camps de tentes dans des régions isolées gérées par des gouverneurs républicains. En plus de cela, le gouvernement a déjà attribué un contrat de 30 millions de dollars pour une aide en matière de "services de diligence raisonnable et de conception conceptuelle" pour les nouvelles installations, selon les registres des marchés publics.

"Gérer cela comme une entreprise"

Les nouvelles structures doivent, selon les documents cités par le journal, "maximiser l’efficacité, minimiser les coûts, raccourcir les délais de traitement" et "promouvoir la sécurité, la dignité et le respect". Le directeur par intérim de l’ICE, Todd M. Lyons, assume une approche managériale : "Nous devons mieux apprendre à gérer cela comme une entreprise", a-t-il déclaré lors d’une conférence sur la sécurité des frontières en avril documentée par l’Arizona Mirror. Allant jusqu’à comparer l’objectif à l’efficacité de la livraison de colis d’Amazon : "Comme Prime, mais avec des êtres humains".

Le projet suscite toutefois de vives critiques, notamment de la part d’experts et de défenseurs des droits humains. "C’est déshumanisant", dénonce Tania Wolf, du National Immigration Project, citée par The Washington Post, estimant que les personnes détenues seraient traitées "comme du bétail". Des experts de l’immobilier commercial estiment que le regroupement des personnes détenues dans des entrepôts poserait ses propres problèmes logistiques. Ces structures sont conçues pour le stockage et l’expédition, et non pour l’hébergement humain. Elles sont souvent mal ventilées et dépourvues de contrôles précis de la température — et, parce qu’elles sont généralement situées loin des zones résidentielles, elles peuvent ne pas disposer des réseaux de plomberie et d’assainissement nécessaires pour accueillir des milliers de résidents à temps plein.

Aucun calendrier de construction ou mise en service n’est pour l’heure établi, et le projet d’appel d’offres n’est pas définitif et peut encore évoluer. Mais selon un courriel interne consulté par The Post, "l’ICE prévoit de le partager cette semaine avec des entreprises privées de détention afin d’évaluer leur intérêt et d’affiner le plan. Un appel d’offres formel pourrait suivre peu après", affirme le journal.

© afp.com/OCTAVIO JONES

Une personne arrêtée par des policiers dans le quartier Brighton Park de Chicago, au cours d'une opération des agents de l'ICE, le 4 octobre 2025 dans l'Illinois
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Comment Thierry Breton est devenu la bête noire européenne de Donald Trump

Son engagement pour une régulation stricte du numérique lui a valu une sanction aussi politique que spectaculaire. Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur, figure désormais sur une liste publiée mardi 23 décembre de personnalités européennes interdites de visa de séjour aux Etats-Unis. En cause : son rôle central dans la mise en œuvre des règles européennes encadrant les géants de la tech, qui ont profondément irrité Donald Trump.

Forte tête, Thierry Breton s’était imposé comme l’une des figures les plus visibles de l’ancienne Commission européenne. Son combat contre les abus de pouvoir des grandes plateformes l’a propulsé au rang de bête noire du président américain, engagé en cette fin d’année dans une offensive contre les réglementations européennes imposant aux plateformes des obligations strictes, notamment de signalement de contenus problématiques. Un récent mémo du département d’Etat, cité par la presse américaine, évoque d’ailleurs plus largement de nouvelles consignes visant à restreindre les visas pour des professionnels de la tech, en particulier ceux spécialisés dans la modération accusés de "censurer les Américains".

Shérif du "Far West" des géants de la tech

Plus concrètement, Washington semble avoir très mal digéré l’amende de 140 millions de dollars infligée début décembre par l’Union européenne à X, le réseau social d’Elon Musk, permis en partie par le travail de Thierry Breton lorsqu’il était Commissaire européen au Marché intérieur de 2019 à 2024. Pour l’administration Trump, ces sanctions relèvent d’une forme de "censure". "Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner des opinions auxquelles ils s’opposent", a dénoncé le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur X, affirmant que les Etats-Unis ne toléreraient plus cette "censure extraterritoriale".

Thierry Breton a aussitôt réagi, dénonçant sur X un "vent de maccarthysme" aux Etats-Unis. Avant de rappeler que la législation européenne sur le numérique, le DSA, avait été adoptée par 90 % du Parlement européen et à l’unanimité des 27 Etats membres, soulignant sa légitimité démocratique.

Un vent de maccarthysme souffle-t-il à nouveau ? 🧹

Pour rappel : 90 % du Parlement européen — démocratiquement élu — et les 27 États membres à l’unanimité ont voté le DSA 🇪🇺

À nos amis américains : « La censure n’est pas là où vous le pensez. »

— Thierry Breton (@ThierryBreton) December 23, 2025

Inattendue, cette sanction remet en lumière l’activité intense de l’ancien commissaire à Bruxelles. De 2019 à 2024, Thierry Breton était omniprésent, Il s’est surtout fait connaître du grand public par sa lutte frontale contre les géants du numérique, avec un style direct et très politique. Chargé du numérique, il a piloté les enquêtes visant X, Meta ou TikTok pour la diffusion présumée de fausses informations et de discours de haine. Les textes phares du DSA et du DMA, destinés à encadrer Amazon, Apple, Google ou Meta, restent l’un de ses principaux faits d’armes de cet ancien ministre français de l’Economie. Ces deux textes imposent de nouvelles obligations pour en finir avec les abus de position dominante et le laisser-faire dans la diffusion de contenus illégaux. "L’internet ne peut rester un Far West", aimait-il résumer.

Prompt à sortir les gants de boxe

Habitué aux confrontations, Thierry Breton connaît déjà bien le terrain sur lequel le mène Donald Trump. Sur les réseaux sociaux lors de son temps à la Commission, ses échanges musclés avec Elon Musk — d’abord cordiaux, puis ouvertement conflictuels — avaient alors contribué à médiatiser ce bras de fer. Ancien patron d’Atos, il a été en 2019 l’un des premiers grands chefs d’entreprise à rejoindre la Commission européenne. Très présent dans les médias et sur les réseaux sociaux, il s’est rapidement construit une image de disrupteur, n’hésitant pas à sortir les gants de boxe, y compris contre certains collègues.

Il aura sans doute engagé le combat de trop au printemps 2024 en s’en prenant publiquement à la présidente Ursula von der Leyen, lors d’une polémique sur une nomination, alors qu'il avait pourtant longtemps eu son oreille. Se disant désavoué par la dirigeante allemande, il prend ensuite les devants en septembre 2024 en claquant avec fracas la porte de la Commission, laissant la place à Stéphane Séjourné, un fidèle d’Emmanuel Macron.

Il n’a pas pour autant perdu le soutien de l’Europe sur ce dossier. Des élus européens de tous bords ont dénoncé la sanction américaine, tandis que Paris a condamné "avec la plus grande fermeté" la restriction de visa. La Commission européenne a elle aussi condamné fermement les sanctions américaines et le successeur de Thierry Breton, Stéphane Séjourné, a fait part de sa "solidarité totale".

© AFP

Thierry Breton, ancien Commissaire européen de 2019 à 2024.
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Affaire Epstein : le ministère de la justice américain va examiner plus d'un million de documents

Le ministère de la Justice américain a annoncé mercredi 24 décembre examiner "plus d'un million de documents" potentiellement liés à l'affaire Epstein pour une éventuelle diffusion, laquelle pourrait prendre "plusieurs semaines".

L'administration Trump, contrainte par le Congrès, a commencé vendredi à publier progressivement des dizaines de milliers de photos et documents liés au criminel sexuel Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019 avant son procès. Un procureur de New York et la police fédérale "ont informé le ministère de la Justice qu'ils avaient découvert plus d'un million de documents supplémentaires potentiellement liés à l'affaire Epstein", selon un message du ministère sur X.

"Nos avocats travaillent sans relâche pour revoir ces documents et faire les modifications nécessaires pour protéger les victimes, et nous publierons les documents aussi vite que possible", a assuré le Department of Justice, piloté par des fidèles du président Donald Trump. "En raison de la quantité massive de matériel, cela pourrait prendre encore plusieurs semaines supplémentaires" , a-t-il averti.

L'administration Trump accusée de dissimulation

L'administration Trump a été accusée de dissimulation par l'opposition démocrate qui lui reproche de ne livrer qu'au compte-gouttes les pièces de l'énorme dossier, après les avoir lourdement caviardées.

Une loi votée par des démocrates et des républicains oblige le gouvernement, que cette affaire embarrasse au plus haut point en raison de la relation amicale passée entre Donald Trump et Jeffrey Epstein, à publier l'intégralité du dossier.

Le Congrès avait fixé la date limite du 19 décembre pour ce faire, qui n'a donc pas été respectée. Les premières tranches de documents publiés vendredi et mardi ont mis en lumière le spectaculaire réseau de Jeffrey Epstein, qui s'est suicidé, selon les autorités, avant d'être jugé à New York pour exploitation sexuelle de mineures. Elles ont aussi livré des détails sur la relation qu'il entretenait avec Donald Trump, avec en particulier un courrier électronique d'un enquêteur indiquant que le républicain de 79 ans aurait voyagé huit fois dans l'avion privé de Jeffrey Epstein.

Le président américain n'a jamais été accusé d'actes criminels en lien avec l'affaire Epstein. Il a toutefois cherché à empêcher la publication du dossier, suscitant l'incompréhension de certains de ses partisans.

© afp.com/Mandel NGAN

Photographie montrant un document judiciaire sur l'affaire Epstein, le 19 décembre 2025 à Washington
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Nasry Asfura, le choix de Donald Trump, nouveau président élu du Honduras

L'homme d'affaires conservateur Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, a été déclaré vainqueur mercredi 24 décembre de la présidentielle au Honduras, trois semaines après un scrutin marqué par un écart très faible et des accusations de fraude, marquant un retour à droite du pays.

Après quatre années de mandat de la présidente de gauche Xiomara Castro, cette victoire accentue l'avancée des gouvernements de droite en Amérique latine après les basculement du Chili, de la Bolivie, du Pérou et de l'Argentine. Les deux premières économies de la région, le Brésil et le Mexique, sont toutefois gouvernées par la gauche.

Nasry Asfura, 67 ans et fils d'immigrés palestiniens, doit prendre ses fonctions le 27 janvier. Surnommé "Tito", cet entrepreneur du BTP s'est imposé face au présentateur de télévision Salvador Nasralla, lui aussi de droite, qui exigeait un large recomptage des voix en raison de supposées irrégularités.

Le Conseil national électoral (CNE) "déclare élu pour un mandat de quatre ans le citoyen Nasry Juan Asfura Zablah", a indiqué sa présidente Ana Paola Hall. Nasry Asfura a obtenu 40,1 % des voix, contre 39,53 % pour Salvador Nasralla et 19,19 % pour Rixi Moncada, candidate de la présidente de gauche sortante Xiomara Castro, selon les résultats officiels. "Honduras, (...) je ne vais pas te décevoir ", a réagi le vainqueur sur X.

Les menaces de Donald Trump

A peine Nasry Asfura déclaré président élu, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a salué dans un communiqué une victoire "claire" et "incontestable", appelant toutes les parties "à respecter les résultats". "Nous sommes impatients de travailler avec son administration pour faire progresser notre coopération bilatérale et régionale en matière de sécurité, mettre fin à l'immigration illégale vers les Etats-Unis et renforcer les liens économiques entre nos deux pays", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial du pays et que 2 millions de Honduriens y vivent. Leurs envois de fonds représentent un tiers du PIB national. A la veille du scrutin à un tour du 30 novembre, Donald Trump avait menacé de réduire l'aide à l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine si Nasry Asfura n'était pas élu.

Le locataire de la Maison-Blanche a parallèlement gracié le mentor du candidat conservateur, l'ex-président Juan Orlando Hernandez, qui purgeait une peine de 45 ans de réclusion aux Etats-Unis pour trafic de drogue. Sur ses réseaux sociaux, l'ancien dirigeant a estimé que le Honduras fermait un "cycle et ouvrait une nouvelle étape" pour "redresser la barre". Le président argentin, Javier Milei, a lui évoqué une "défaite catégorique pour le narcosocialisme".

Les multiples suspensions du dépouillement initial, en raison, selon le CNE, de problèmes techniques imputés à l'entreprise privée chargée de la transmission et de la diffusion des résultats, ont alimenté les soupçons de fraude électorale. Salvador Nasralla a dénoncé un "vol" de l'élection et Rixi Moncada, reléguée à la troisième place, une "falsification" du résultat et l'"ingérence" du président américain dans le scrutin. Un ultime recomptage des très nombreux procès-verbaux des bureaux de vote accusés de présenter des incohérences a ensuite eu lieu.

Les missions d'observation électorale de l'Organisation des Etats américains (OEA) et de l'Union européenne (UE) au Honduras ont toutefois indiqué n'avoir constaté aucune irrégularité grave .

Le soutien des militaires

Ancien maire de Tegucigalpa, Nasry Asfura a l'assurance du soutien des militaires, qui jouent un rôle clé au Honduras en raison d'une longue histoire de coups d'Etat. Le dernier en date, en 2009, avait renversé le président Manuel Zelaya, époux de Mme Castro.

Le président élu promet d'attirer des investissements étrangers dans cette nation de 11 millions d'habitants et a exprimé son intention de se rapprocher de Taïwan, après que la présidente Castro a rétabli les relations avec la Chine en 2023. Mais il devra gouverner un pays encore plus polarisé à la suite du processus électoral contesté, et en proie aux narcotrafiquants et aux gangs, que la présidente sortante a tenté de combattre en s'appuyant sur un état d'exception similaire à celui de son homologue salvadorien, Nayib Bukele. Comme dans le pays voisin, des organisations dénoncent une stratégie ayant entraîné des violations des droits humains.

© Orlando SIERRA / AFP

Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, a été déclaré vainqueur mercredi 24 décembre de la présidentielle au Honduras.
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Lutte contre le cancer, deux prix Nobel français, IA… Retour sur les bonnes nouvelles de 2025

Un chercheur a trouvé une faille dans les métastases, en Corée du Sud la démocratie a gagné, la France a eu un prix Nobel de physique ET d'économie, l'intelligence artificielle pourra nous aider à guérir le cancer et la France a reconnu l'Etat palestinien... Pendant tout le mois de décembre, sur son compte Instagram, L'Express vous a proposé un calendrier de l'avent des bonnes nouvelles de 2025.

Nous vous les avons compilées ici, pour vous apporter un peu de bonne humeur dans ces derniers jours de l'année.

Bonne lecture !

C’est le graal de la recherche en cancérologie moderne : trouver une solution pour éliminer les métastases. Car si la médecine a fait d’immenses progrès et guérit toujours plus de patients, elle continue de buter contre ces tumeurs secondaires responsables de 70 % des décès par cancer.

Raphaël Rodriguez est directeur de recherche au CNRS et chef de laboratoire à l’Institut Curie, il a mis au point une molécule qui pourrait les détruire.

La destitution, vendredi 4 avril, du président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, n’a pas fait que des heureux. Si les quelque 100 000 opposants au dirigeant, rassemblés au cœur de Séoul pour écouter le verdict, se sont réjouis de la décision prise à l’unanimité par les huit juges de la Cour constitutionnelle, les partisans du dirigeant déchu ont, à l’inverse, cassé les vitres d’un bus de la police. Mais cette destitution est la preuve criante de l’attachement des Coréens du Sud à leur système politique.

La petite nation d’Amérique latine aux 3,3 millions d’habitants est devenue un modèle à travers le monde grâce à Ramón Méndez Galain, un professeur d’université passionné par la politique énergétique, devenu directeur national de l’Energie. Il a réussi le tour de force de verdir à une vitesse record le mix électrique de son pays. Et rêve aujourd’hui de copier son modèle partout.

Le professeur au Collège de France, Philippe Aghion, a été consacré, lundi 13 octobre, avec le Canadien Peter Howitt, prix Nobel d'économie "pour leur théorie de la croissance durable à travers la destruction créatrice". Dans un article publié en septembre dernier, L'Express avait demandé à plusieurs économistes, dont Philippe Aghion, leurs réponses aux contre-vérités sur la productivité et les aides aux entreprises.

Peu l’avaient vu venir, mais ce passionné de course à pied a tout donné dans le sprint final. Vainqueur avec son parti centriste des élections législatives néerlandaises, Rob Jetten a réussi l’exploit de devancer le Parti pour la liberté du tribun d’extrême droite Geert Wilders. Il a toutes les chances de devenir le prochain Premier ministre s’il parvient à former une coalition ce qui, même pour un athlète comme lui, pourrait prendre quelques mois aux Pays-Bas.

Ethan Mollick est enseignant à Wharton, la prestigieuse école de commerce américaine de Philadelphie. Prompts, modèles, tâches… Il a une méthode imparable pour nous apprendre l’intelligence artificielle. Et nous l’a donnée. La clé ? "Tester l’IA sur un domaine que l’on maîtrise bien. Cela permet de comprendre très vite ce qu’elle sait bien faire et ce sur quoi elle échoue."

L’acteur le plus singulier de la jeune génération vient de publier un premier roman qui séduit les lecteurs. Et nous aussi. Se distinguant de tous les acteurs sans esprit qui encombrent les plateaux de télévision, Quenard sait transformer en happenings ses interviews promotionnelles. Il ajoute une corde à son arc en publiant Clamser à Tataouine, une comédie acide où sa verve fait merveille.

Maintenir le cap européen et le soutien à Kiev ou se tourner vers l'extrême droite : les Roumains, nombreux le 18 mai dernier à voter pour élire leur président, ont choisi la première option en donnant la victoire au maire centriste de Bucarest. Nicusor Dan, 55 ans, a recueilli près de 54 % des suffrages contre 46 % pour son rival nationaliste George Simion.Bien que battu à la loyale, le candidat d'extrême droite a contesté les résultats. Comme, en 2020, son idole américaine Donald Trump.

En épluchant les registres de santé de différents pays, Pascal Geldsetzer, chercheur à l’université de Stanford, a fait une découverte étonnante. Il a remarqué que les personnes qui n’étaient pas atteintes de la maladie d’Alzheimer présentaient un point commun : une grande partie avait été vaccinée contre la varicelle quelques années après leur retraite. Chez les personnes immunisées, les cas se sont révélés jusqu’à 20 % moins fréquents. Un chiffre bien trop grand pour être le fruit du hasard, assure l’expert.

A 72 ans, Michel Devoret, physicien, professeur à l’université de Californie aux Etats-Unis, s’est vu décerner le Prix Nobel 2025 de physique, mardi 7 octobre. Avec deux autres chercheurs d’exception, le Britannique John Clarke et l’Américain John M. Martinis, ces scientifiques ont démontré qu’il était possible de conserver certaines des capacités quantiques dans des circuits électriques, lançant de fait la course au calculateur quantique.

C’est la seule espionne britannique officielle : une seule image d’elle est diffusée mais personne ne connaît encore sa voix. Blaise Metreweli vient de prendre, en 2025, les commandes du MI6, le service de renseignement extérieur britannique. Une première pour une femme, dont les parcours d’espionnes sont bien particuliers. Sa nomination illustre la modernisation du service de renseignement de Sa Majesté, qui doit faire face à de nouveaux défis, et notamment les menaces cyber.

Avec Première génération (Les Arènes), Hannah Ritchie signe un plaidoyer pour une écologie rationnelle. Cette data scientifique est chercheuse à l’université d’Oxford et directrice de recherche d’Our World in Data, site de référence pour l’évolution des conditions de vie dans le monde. Dans son essai, l’Ecossaise invite à rompre avec les discours catastrophistes et à considérer les défis de façon pragmatique : réchauffement climatique, alimentation, déforestation, biodiversité ou plastiques.

Le groupe DHL, à la tête d’un chiffre d’affaires titanesque de 84,2 milliards d’euros et d’une équipe de plus de 600 000 employés répartis dans plus de 220 pays et territoires, n’est pas seulement l’un des leaders mondiaux de la livraison express internationale. Il est aussi l’un des grands champions des classements managériaux. En 2024, la firme a ainsi reçu le label "Top Employer Global", décerné par le Top Employers Institute en reconnaissance de l’excellence de ses pratiques en matière de ressources humaines. Nous avons visité son siège à Bonn.

Avec de nouvelles traductions qui magnifient l’élégance stylistique et l’humour de Conan Doyle, la Pléiade a réuni en 2025 l’intégrale de Sherlock Holmes en deux tomes augmentés d’un superbe album illustré (offert par votre libraire pour tout achat de trois volumes de la Pléiade). Le "canon holmésien" (ainsi parlent les puristes) comporte quatre romans (Etude en rouge, Le Signe des quatre, Le Chien des Baskerville et La Vallée de la peur) et 56 nouvelles, parmi lesquelles des merveilles comme "Un scandale en Bohème". Chacun aura sa préférence.

Incarcéré en Algérie pendant un an pour certaines prises de position sur son pays natal, Boualem Sansal, 81 ans, a retrouvé la liberté le 12 novembre dernier. L'écrivain, qui était au cœur d'une crise diplomatique entre Alger et Paris, est rentré en France le 18 novembre.

Le journaliste Christophe Gleizes, emprisonné en Algérie depuis juin, n’a, lui, pas été libéré. Sa condamnation à sept ans de prison pour apologie du terrorisme a au contraire été confirmée en appel, le jeudi 3 décembre.

A 39 ans seulement, Sarah Watson, oncologue à l’Institut Curie, a développé une intelligence artificielle capable de reconnaître le profil cellulaire d’une tumeur, et surtout, son organe d’origine. Une avancée majeure : ces informations sont essentielles pour déterminer les traitements à administrer contre un cancer. Jusqu’à présent, en France, environ 7 000 patients se trouvaient chaque année sans solution thérapeutique, parce que les médecins n’arrivaient pas à savoir dans quelle partie de leur corps la maladie était née.

Notre chroniqueur, Nicolas Bouzou, nous a rappelé une statistique encourageante publiée par l’association Citepa : "Les émissions de CO2 de la France ont reculé de près de 20 % en sept ans. Cette baisse s’accélère, alors même que nous sommes l’un des pays développés qui affiche déjà l’une des empreintes carbone les plus faibles – cette dernière correspond aux émissions liées à la production et à la consommation importée."

Le 16 septembre dernier, Arthur Mensch était l’invité du 20 Heures de France 2 après une méga levée de fonds de son entreprise, Mistral AI : 1,7 milliard d’euros, majoritairement auprès du néerlandais ASML, le spécialiste des machines servant à fabriquer les puces électroniques. Du jamais-vu en France. Et pour cause : la start-up représente désormais une alternative crédible aux géants américains qui dominent le secteur de l’IA. Dans son domaine, aucune compagnie européenne ne lui arrive à la cheville.

Disons-le franchement, Reset : How to Change What’s Not Working ("Réinitialiser : Comment changer ce qui ne fonctionne pas", 2025, non traduit) est l’un des meilleurs ouvrages de management que nous ayons lus ces derniers temps. Son auteur, l’Américain Dan Heath, à l’origine de plusieurs best-sellers outre-Atlantique et chercheur à l’Université Duke, interroge les dysfonctionnements qui paralysent les organisations et nous apprend comment les surmonter, exemples à l’appui. De judicieux conseils qui peuvent être appliqués jusque dans la vie personnelle…

Le 12 juillet dernier, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a décidé d’inscrire les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan sur sa liste de sites ayant une "valeur universelle exceptionnelle". Parmi les cinquante sites naturels et culturels français inscrits sur cette liste, Carnac est le tout premier à être exclusivement breton. Son inscription est l’aboutissement d’un travail de plusieurs années et d’un positionnement stratégique de l’Etat français.

On a mieux compris pourquoi, dans Contre Sainte-Beuve, Proust expliquait qu’il faut séparer l’homme et l’œuvre : parce que lui était infiniment pénible dans la vie ? Bernard Grasset, qui en avait vu d’autres, le tenait pour "l’homme le plus compliqué de Paris". La réédition de la correspondance entre l’éditeur et l’auteur de Du côté de chez Swann est à se tordre de rire.

Responsable du premier gérontopôle français, le Pr Bruno Vellas a aussi participé à la création en 2024 de l’Institut hospitalo-universitaire HealthAge, à Toulouse, qu’il préside aujourd’hui. Au sein de ces structures, ce gériatre a développé en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé un outil d’évaluation numérique disponible en ligne pour favoriser le bien-vieillir et aider chacun d'entre nous à préserver ses capacités malgré l'avancée en âge. Il en a détaillé pour L'Express les principes.

Un monde inspiré du Paris de la Belle Epoque, une quête mythique, une "Peintresse" tyrannique qui tue d’un coup de pinceau des milliers de personnes et une course contre la montre haletante. L’univers unique du jeu vidéo "Clair Obscur Expedition 33", sorti en avril dernier, avait conquis plus d’un million d’adeptes dès le premier mois. Un succès mondial pour le studio montpelliérain Sandfall Interactive qui a triomphé le 12 décembre dernier aux Game Awards, raflant neuf prix.

A l’initiative de la France, une dizaine de pays occidentaux ont reconnu l’Etat de Palestine, le 22 septembre dernier. Dans un discours à la tribune de l’ONU, Emmanuel Macron a ainsi affirmé : “le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir".

© L'Express

Pour finir l'année sur une notre positive, L'express a sélectionné les bonnes nouvelles de 2025.
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Algérie : ce que contient la loi qualifiant la colonisation française de "crime d’État"

L’histoire coloniale française au cœur d’une nouvelle loi votée de l’autre côté de la Méditerranée. Le Parlement algérien a adopté ce mercredi 24 décembre un texte destiné à faire porter à l’État français "la responsabilité juridique de son passé colonial en Algérie et des tragédies qu’il a engendrées". Tandis que les tensions entre Paris et Alger demeurent très fortes, les députés algériens se sont prononcés à l’unanimité en faveur de cette proposition de loi. Les parlementaires ont d’ailleurs accueilli son approbation avec des applaudissements, portant l’écharpe aux couleurs du drapeau de leur pays autour du cou.

Demande d'"excuses" à la France

Dans le détail, que contient cette nouvelle loi ? Elle considère comme "un droit inaliénable pour l’État et le peuple algériens" le fait de voir la France apporter une "indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux" liés à sa colonisation du pays, entre 1830 et 1962, date des accords d’Évian marquant la fin de la guerre d’Algérie. De façon plus précise encore, des "excuses officielles" sont demandées à Paris par Alger, tout comme des "réparations intégrales" pour ses actions passées. Toute une série d’épisodes historiques, qualifiés de "crimes coloniaux" par le document, sont listés : "exécutions extrajudiciaires", "pratique de la torture physique et psychologique", "pillage systématique des richesses"…

La question des 17 essais nucléaires français menés en Algérie dans le désert du Sahara entre 1960 et 1966 est également évoquée. La nouvelle loi réclame que la France s’emploie à décontaminer les zones touchées par ces opérations, mais aussi qu’elle indique à Alger de manière précise quelles zones ont pu être creusées afin d’y enfouir des déchets toxiques. Certains habitants des régions où ont été réalisés les essais dans les années 60 connaissent toujours aujourd’hui des problèmes de santé en raison du manque de dépollution de ces territoires.

Le texte demande aussi la restitution de l’ensemble des biens transférés hors d’Algérie, y compris les archives nationales. Par ailleurs, sur le plan intérieur, il prévoit des peines de prison et une interdiction des droits civiques et politiques pour toute personne "promouvant" la colonisation ou niant qu’elle soit un crime. Ces faits sont désormais jugés imprescriptibles. Enfin, cette loi qualifie de "haute trahison" la "collaboration des harkis", le nom donné aux auxiliaires algériens de l’armée française.

Portée avant tout symbolique

Concrètement, le vote du Parlement algérien n’engendrera pas de répercussions sur le plan légal pour Paris. "Juridiquement, cette loi n’a aucune portée internationale et ne peut donc obliger la France", a souligné, auprès de l’AFP, Hosni Kitouni, chercheur en histoire de la période coloniale à l’université britannique d’Exeter. Toutefois, selon cet expert, "elle marque un moment de rupture dans le rapport mémoriel avec la France". Le vote de ce texte, avant tout symbolique, intervient au moment où les deux pays sont coincés dans une discorde persistante depuis la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de la souveraineté marocaine du Sahara occidental – région où les indépendantistes du Front Polisario sont soutenus par Alger.

Les autorités françaises, à l’image du ministère des Affaires étrangères, n’ont pas souhaité faire de commentaire sur le contenu du texte avant son vote. Si la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, gracié mi-novembre à la faveur de négociations menées par l’Allemagne, avait pu laisser croire à une désescalade, l’espoir a fait long feu.

Le cas du journaliste français Christophe Gleizes, toujours emprisonné en Algérie et dont Paris conteste la peine, en est d’ailleurs l’illustration. Un temps évoqué, une rencontre entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune en marge du G20 à Johannesburg (Afrique du Sud) en novembre n’a finalement jamais eu lieu.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'entretient avec son homologue français Emmanuel Macron, le 13 juin 2024 à Savelletri (Italie).
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