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AdHoc Studio signe une première création qui assume pleinement ses racines Telltale tout en y apportant sa propre touche d’originalité. Pensé comme une série animée interactive en huit épisodes, Dispatch mêle comédie de bureau super-héroïque et gestion de missions. Aux commandes de Robert, ex-Mecha Man reconverti en opérateur, le joueur enchaîne scènes dialoguées à choix multiples et supervision de la Team Z sur le terrain.
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique envoyée par l’éditeur
AdHoc Studio est un jeune studio indépendant fondé en 2018 à Los Angeles par d’anciens vétérans de Telltale Games, qui ont notamment travaillé sur The Walking Dead, The Wolf Among Us ou encore Tales from the Borderlands. Leur objectif : prolonger l’héritage du jeu narratif à choix multiples, avec une forte mise en avant des personnages et des dialogues. Après quelques années passées surtout en coulisses (co-développement, partenariats, dont The Wolf Among Us 2), le studio se concentre finalement sur sa première véritable création originale : Dispatch, une aventure découpée en huit épisodes d’environ quarante minutes chacun, pensée et structurée comme une série animée Netflix, avec une diffusion par salves de deux épisodes par semaine, à la manière des productions des grandes plateformes de streaming.

Dispatch est une aventure narrative épisodique présentée comme une comédie de bureau super-héroïque. On y incarne Robert Robertson III, ex-super-héros connu sous le nom de Mecha Man, qui a perdu son armure et se retrouve à travailler dans un centre d’appels : le Superhero Dispatch Network. Depuis son open space et une interface façon vieux PC, il doit envoyer en mission une équipe de super-héros, souvent d’anciens super-vilains en reconversion, gérer leurs ego, répondre aux urgences sur la carte de la ville et assumer les conséquences de ses choix de dialogues comme de gestion. Le cœur du jeu repose sur cette tension entre la grandeur passée de Robert, héros en armure, et son nouveau rôle de manager débordé mais terriblement humain. À noter d’ailleurs que Dispatch s’adresse clairement à un public adulte, le jeu multipliant les références et sous-entendus plus ou moins explicites sous la ceinture qui ne parleront pas forcément aux plus jeunes. Il sera aussi possible d’activer une censure visuelle pour certaines parties un peu chaudes ou jugées vulgaires par certains.
Côté gameplay, Dispatch s’inscrit clairement dans la lignée des anciennes productions Telltale. Le cœur de l’expérience reste une succession de scènes cinématiques où l’on enchaîne les dialogues, les choix et quelques QTE légers. Le joueur est régulièrement invité à trancher dans les conversations, ce qui peut, à terme, influencer surtout le relationnel entre les personnages et faire varier certains dialogues ou situations. On reste dans une narration très balisée : les grandes lignes de l’histoire changent peu, mais le ton, les réactions et la dynamique de l’équipe peuvent évoluer en fonction de votre façon d’incarner Robert.

La seconde couche de gameplay, plus originale, repose sur la gestion de la Team Z, une brochette de supervilains bras cassés reconvertis comme superhéros. En tant qu’opérateur, Robert assigne ses héros aux différentes interventions qui s’affichent sur la carte de Torrance. Chaque membre de l’équipe possède ses propres statistiques et peut débloquer des capacités offrant des bonus dans certaines situations. Une mission réussie permet de gagner des points à investir pour améliorer ses stats. Un échec, au contraire, inflige des malus plus ou moins gênants. Des imprévus viennent régulièrement bousculer le plan parfait : événements de dernière minute, incidents sur le terrain, caprices de l’équipe… Robert doit parfois lui-même mettre la main à la pâte via de petits mini-jeux de piratage pour soutenir son escouade.

Si ces séquences de gestion rythment constamment les huit épisodes, AdHoc parvient à injecter de nouvelles idées au fil de l’aventure, afin d’éviter la routine. Seul bémol notable : il n’y a aucune part d’aléatoire dans ces phases. Les missions, les retournements et les mini-jeux surviennent toujours au même moment d’une partie à l’autre, ce qui limite un peu la rejouabilité pour ceux qui espéraient un côté procédural ou au moins plus imprévisible.
Sur le plan visuel, Dispatch adopte une esthétique très cartoon qui n’est pas sans rappeler la série Invincible, dont il semble clairement emprunter certains codes. AdHoc Studio rompt ainsi avec la patte Telltale popularisée depuis The Walking Dead, un style cel-shading 3D qui vieillissait de moins en moins bien au fil des années. Ici, la direction artistique mise sur des couleurs vives, des silhouettes marquées et une mise en scène très dynamique. Le travail sur les ombres et les aplats est tel qu’on en vient parfois à oublier que le jeu est entièrement en 3D, tant l’illusion d’un dessin animé 2D fonctionne bien, à l’exception de quelques plans qui trahissent la méthode de conception d’origine.

Le doublage, entièrement en anglais, bénéficie d’un casting impressionnant : Aaron Paul, Laura Bailey, Matthew Mercer… mais aussi des figures bien connues du YouTube anglosaxon comme Charlie White (MoistCr1TiKaL / penguinz0), Sean McLoughlin (Jacksepticeye) ou encore Alannah Pearce. Chacun incarne son personnage avec une vraie personnalité, ce qui contribue beaucoup à rendre la Team Z immédiatement attachante. En revanche, on pourra tiquer sur la traduction française, parfois trop approximative ou maladroite, qui fait régulièrement perdre un peu de saveur à des répliques pourtant très bien écrites en VO.
Enfin, Dispatch propose deux manières d’aborder l’aventure : un mode cinématique ou un mode intéractif. Dans ce dernier, le joueur est invité à réaliser quelques QTE lors de certaines séquences, mais leur intérêt nous semble assez limité : leur impact sur le déroulement de l’histoire reste très faible, voire inexistant, loin de ce que peuvent offrir des productions Quantic Dream ou Supermassive. Les rares variations par rapport au mode purement cinématique ne se déclenchent, le plus souvent, qu’en cas d’échec, et encore : il s’agit de modifications très mineures sur l’instant, sans réelle conséquence sur les événements à venir. Il est fortement conseillé de jouer avec une manette compatible, le jeu étant en QWERTY et les touches ne pouvant être modifiées dans les options. Cela peut rendre les séquences de piratage particulièrement pénibles si vous ne passez pas votre clavier en mode QWERTY pour l’occasion.

Dans le même esprit, on regrettera l’impossibilité de passer les séquences de piratage ou de lancer une résolution automatique des missions de la Team Z. C’est d’autant plus dommage que Dispatch est tellement pensé comme un show Netflix qu’on aimerait presque pouvoir le regarder comme une série : lancer un épisode, laisser le jeu dérouler les actions de lui-même et simplement profiter de l’histoire, confortablement installé dans son canapé.
Finalement, Dispatch s’impose comme une première création très solide pour AdHoc Studio, qui réussit à prolonger l’héritage Telltale tout en trouvant sa propre identité. Sa structure en huit épisodes façon série Netflix, sa direction artistique cartoonesque proche d’Invincible et son casting vocal cinq étoiles en font un véritable show interactif qu’on prend plaisir à suivre du début à la fin. La gestion de la Team Z apporte une touche de gameplay plus systémique bienvenue, même si l’absence totale d’aléatoire et l’impact parfois limité des décisions réduisent un peu la rejouabilité et la sensation de poids des choix. Le fameux mode dynamique, bien qu’optionnel, et ses QTE semblent d’ailleurs plus cosmétiques qu’autre chose, loin des sueurs froides provoquées par un titre Quantic Dream ou Supermassive. On pourra aussi reprocher l’impossibilité de zapper certaines séquences de piratage ou d’automatiser les missions, alors même que le jeu donne furieusement envie d’être regardé comme une simple série. Ajoutez à cela une traduction française parfois approximative, et vous obtenez un jeu imparfait, mais terriblement attachant, porté par une écriture adulte, drôle, volontiers grivoise, et des personnages qu’on a clairement envie de retrouver pour une éventuelle saison 2.

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