Test Split Fiction : la nouvelle pépite des créateurs de It Takes Two
En 2021, It Takes Two de Josef Fares et du studio Hazelight devenait le jeu de l’année de par son histoire et son gameplay axé sur la coopération. Quatre ans plus tard, et avec un budget doublé, le papa de Brothers : A Tale of Two Sons et A Way Out nous propose une nouvelle aventure palpitante à vivre en duo : Split Fiction. Est-ce le digne successeur du jeu de l’année 2021 ou une suite peu originale ? Il est temps de découvrir les scénarios farfelus de nos deux nouveaux protagonistes avec une petite touche d’humilité.
Plutôt Fantasy ou Science-fiction ?
À la sortie de It Takes Two, les joueurs et joueuses ont eu l’occasion de plonger dans l’histoire d’un couple en crise avant que celui-ci ne soit transporté dans une aventure épique de réconciliation amoureuse. Suivant alors le charismatique Docteur Hakim, l’histoire marquera les esprits avec son gameplay forçant la coopération entre les joueurs. Souhaitant renouveler cette expérience, le studio Hazelight revient avec Split Fiction. Au revoir le couple, place à deux écrivaines aux styles et aux caractères bien différents. Split Fiction prend ainsi place dans un monde dans lequel une société dirigée par un inventeur du nom de Raders propose à des écrivains en difficulté de les éditer. Petite subtilité tout de même, cette même société possède une machine permettant aux écrivains de se plonger en stase dans un monde virtuel à l’image de leurs histoires. C’est alors que nous découvrons nos deux protagonistes : Mio Hudson et Zoé Foster. Là où la première s’intéresse fortement à la science-fiction bien mature, la seconde écrit de la fantasy un peu plus enfantine. Cherchant toutes deux un éditeur pour se faire un peu d’argent avec leurs aventures, elles acceptent le contrat avec Raders. Sauf que le moment venu, lors de la mise en stase dans la machine virtuelle, tout ne se passe pas comme prévu. Se retrouvant coincées ensemble dans la même simulation, Mio et Zoé croisent leurs histoires et leurs idées. Devant coopérer pour sortir de cette simulation détraquée, nos deux héroïnes parcourront les aventures de l’une et de l’autre à la recherche d’anomalies.

C’est ainsi que se déroule l’histoire de Split Fiction, alternant entre un monde de science-fiction et de fantasy. Bien évidemment, nos deux héroïnes devront apprendre à se faire confiance ainsi qu’à mieux comprendre les histoires de chacune, malgré les réticences de style. Et comme toute bonne histoire, celle-ci puise dans les bonnes idées de chacune, révélant des clins d’œil au cyberpunk pour l’une et des sensations de vivre dans l’univers de Tolkien pour l’autre. Hazelight dépeint ainsi les histoires de ses protagonistes de manière très archétypale, où l’une est plutôt froide et pragmatique avec son monde de science-fiction, tandis que l’autre est rêveuse et empreinte de naïveté avec sa fantasy. Peu original dans un premier temps, avec un scénario global relativement simple, c’est dans l’écriture de ses personnages et d’une double lecture que le titre brillera un peu plus. De plus, proposer une histoire simple avec des événements prévisibles n’est pas non plus une mauvaise chose, tant le gameplay de Split Fiction est ce que les joueurs cherchent auprès du studio. En changeant d’univers, cela offre plus d’opportunités de gameplay comme le fait de se transformer en marine de Halo ou encore de chevaucher des dragons. C’est sur ce point-là qu’il sera agréable de suivre une histoire simple, tant les découvertes de gameplay seront nombreuses, même si quelque peu redondantes. Ajoutez à cela des quêtes annexes proposant une boucle de gameplay spécifique tout en donnant la possibilité de développer le passif de nos héroïnes. Sur ces dernières, on en viendrait même à dire qu’il en manque deux ou trois tellement elles sont marquantes.


Finalement, on retrouve ce qui faisait la force de It Takes Two à l’époque, une écriture pouvant parler à n’importe qui. Avec un sujet assez similaire se basant sur deux personnalités que rien ne rapproche pouvant, in fine, trouver un terrain d’entente. Hazelight tend ainsi à montrer qu’avec un but commun, mais aussi un peu de compassion, nous pouvons passer outre nos différences pour apprendre à s’entendre, voire à s’apprécier. Une ode à l’ouverture de soi qui fonctionne plutôt bien malgré quelques maladresses en cours de route. Au-delà d’une bonne morale, les moments que procureront les aventures proposées, mais aussi les nombreux Easter Eggs marqueront à coup sûr vos soirées. En effet, Split Fiction regorge de références cinématographiques mais aussi d’hommages vidéoludiques. Il est plaisant de découvrir des références à Tron, Blade Runner ou encore Dune pour les films. Et côté jeu vidéo, nous pouvons citer Assassin’s Creed, Zelda et même Halo ou encore Shadow of the Colossus. Ainsi, là où Split Fiction traite d’une fiction scindée, le titre nous rassemble à travers une passion commune : la culture. À l’image de Mio et Zoé, ces nombreuses références nous invitent au dialogue, à communiquer pour mieux apprendre à se connaître et avancer dans ses nombreux niveaux de manière plus sereine.
À deux, la vie n’est plus que plus drôle
Spécialisé dans le genre du jeu forçant la coopération, Split Fiction ne déroge pas à la règle et nous propose une aventure axée sur l’entraide. Toutefois, là où It Takes Two pouvait se jouer avec quelqu’un n’ayant pas vraiment l’habitude des jeux vidéo, Split Fiction s’adresse un peu plus aux amateurs du genre. En effet, avec des énigmes moins complexes, le titre se focalise avant tout sur de la plateforme au timing quelque peu rapide. Un novice du genre aura alors des difficultés à suivre la cadence d’un partenaire plus à l’aise avec ce type de niveau. Mais c’est aussi ce qui fait la force de Split Fiction. Proposant un gameplay au service de la narration, chaque monde de nos personnages sera adapté à leur imaginaire. Là où la science-fiction proposera des moments de tension et d’action, la fantasy proposera plus de réflexion et de contemplation. Plus qu’un simple jeu de plateforme, l’aventure de Split Fiction nous offre des phases allant de la course-poursuite endiablée à celle d’un jeu de tir à la troisième personne. Toutefois, le studio n’en oublie pas son inspiration principale et offre ainsi la possibilité d’effectuer des doubles sauts ou encore des dashs pour atteindre des plateformes éloignées. Ajoutez à cela la créativité des développeurs qui mettront à rude épreuve votre adaptation avec des niveaux transformant la gravité de votre personnage ou encore sa forme physique. Et vous obtenez ainsi un jeu unique aux nombreuses possibilités qui arrivera à toujours vous surprendre.

Comme précisé juste au-dessus, le studio arrive à trouver les bons moments pour nous mettre sous tension et d’autres pour nous procurer un sentiment d’apaisement. Alternant des phases tendues où nous devons empêcher un soleil d’imploser ou encore faire face à une mafia avec celle de devoir sauver des petits chats magiques. Autre point intéressant à noter, Hazelight semble s’être fortement amusé à explorer les styles. Pouvant transformer la perspective du monde pour nous forcer à jouer avec une vue isométrique ou alors sur un plateformer à l’horizontale. Ou encore, pouvant altérer l’esthétique même du monde en nous offrant un passage entièrement réalisé au crayon de bois. Tout est fait pour que vous ne lâchiez pas la manette avant d’avoir fini le titre. Pour clôturer chaque chapitre, combat de boss oblige. Même si ces derniers seront un peu inégaux dans leur move set, pouvant passer d’un combat très facile à très complexe, ils marqueront tous les esprits d’une manière ou d’une autre. Que ce soit dans leurs designs ou encore dans leurs interactions, nous avons apprécié les dialogues parfaitement écrits, le tout composé avec une VF de très bonne facture. Malheureusement, et malgré ses nombreuses qualités, un petit défaut subsiste.


Ayant adoré l’obligation de cohésion dans It Takes Two, Split Fiction se concentre avant tout sur la découverte. En effet, nous avons trouvé que peu de niveaux offraient réellement de difficulté de réflexion, malgré les compétences intéressantes offertes à nos héroïnes. Nous nous sommes ainsi retrouvés à terminer des niveaux assez rapidement, sans même avoir dû réfléchir plus que de mesure pour clôturer notre aventure. Même si l’ensemble du jeu traite de cela et qu’il faudra toujours user des compétences de l’une pour faire avancer l’autre, la réflexion n’a pas été extrêmement poussée et nous nous sommes rarement posés pour réellement outrepasser une difficulté. Ce qui est un peu dommage pour un jeu de cette trempe. Toutefois, les quelques moments où cela a été le cas nous ont marqués, à l’exemple d’une phase ressemblant à un flipper ou encore à l’approche de la fin du titre. Cette simplification des énigmes se traduit aussi par la difficulté générale du titre. Split Fiction ne se veut absolument pas punitif. Lorsque vous ratez quelque chose, il sera toujours facile d’y revenir dans l’immédiat sans devoir recommencer le niveau. De même, il arrivera parfois que le jeu place directement votre personnage à l’endroit souhaité pour ne pas vous frustrer davantage. Couplé à cela, la possibilité d’accessibilité poussée et de réglage pour chacun des personnages, Hazelight propose une aventure adaptable aux besoins de chacun. L’objectif étant d’offrir un bon moment avec votre partenaire, plus que des moments de dispute sur un passage compliqué.
Mettre en image l’imaginaire
Tournant sous l’Unreal Engine 5, devenant doucement une norme dans la sphère vidéoludique, Split Fiction nous a époustouflés par ses magnifiques décors. Que ce soit du côté de la science-fiction avec des jeux de lumières vraiment intéressants à la végétation des mondes de la fantasy parfois pharaoniques. Couplé à cela une excellente optimisation sur console, faisant tourner le jeu à 60 fps et sans aucun bug à déplorer hors ceux que nous avons provoqués intentionnellement, Split Fiction brille par sa technique. Certains diront tout de même que les personnages sont un peu plats, manquent de détails et de réalisme, mais cela colle parfaitement au style graphique du studio. Cette fluidité sur console, étonnante par moment, est possible aussi de par la construction de ses niveaux. Alors qu’It Takes Two offrait des niveaux semi-ouverts, Split Fiction fait le choix de niveaux plus linéaires permettant de ne pas avoir à charger trop d’éléments. Ainsi, l’ensemble des niveaux sont soigneusement travaillés, avec des jeux de lumières excellents ou encore un travail de texture dessiné à la main des plus satisfaisantes. De plus, en optant pour ce type de gameplay, Hazelight se permet de jouer sur des effets de grandeur et de profondeur dans certains niveaux spécifiques. Cela permet ainsi aux joueurs de s’immerger complètement dans l’univers proposé tout en le rendant crédible aux yeux de tous.

En plus de décors époustouflants nous ayant décroché la mâchoire par moment, la bande-son qui accompagne notre aventure n’est pas à oublier. Celle-ci s’adapte à merveille aux différents univers proposés. On pourra toutefois regretter le manque de thème marquant et véritablement impactant. Malgré cela, le titre s’en sort à merveille d’un point de vue sonore avec un sound design aux petits oignons et un travail de doublage parfaitement réussi aussi bien en VO qu’en VF. Nos personnages auront ainsi des interactions plutôt naturelles que nous avons apprécié de suivre tout au long de leur aventure. Une aventure bien dosée, proposant une durée de vie de 10h environ pour les joueurs adeptes du genre. Comptez néanmoins un peu plus si vous avez des difficultés sur les plateformers ou alors que vous souhaitez découvrir l’ensemble des quelques trophées disponibles.
Au-delà de la fiction
Au-delà de nous proposer une histoire sympathique sous couvert de critique sur l’utilisation de machines pour copier des artistes talentueux, Split Fiction se permet d’inclure deux histoires touchantes à travers les personnages de Mio et Zoé. En effet, le studio Hazelight ne s’est pas contenté d’une seule histoire mais bien de trois bien distinctes. Celle des scénaristes cherchant à contrer un éditeur corrompu, celle de Mio et ses difficultés financières et celle de Zoé avec son traumatisme d’enfance. Le fait d’avoir choisi cette voie permet d’amener une certaine compassion, mais aussi une morale à un titre qui, de base, n’en proposait pas forcément. Là où le titre précédent prônait l’importance de la communication dans un couple, où nous découvrons les histoires de nos deux protagonistes, Split Fiction prône l’acceptation de ses démons pour mieux avancer, tout en se faisant aider par une personne extérieure.

Véritable thérapie, Split Fiction se destine aussi aux personnes cherchant un peu de réconfort dans des moments difficiles. Celles-ci se reconnaîtront dans les caractères de nos deux personnages où l’une est renfermée car souhaitant garder ses problèmes, tandis que l’autre est extravertie pour se mentir à elle-même. Sans vouloir spoiler, la fin propose aussi une sous-lecture avec un véritable moment d’humilité de la part des développeurs. Espérant que les joueurs ayant tenu jusqu’au bout auront apprécié le titre autant qu’ils ont apprécié le faire. Tout en gardant cette peur de ne pas réitérer l’exploit de 2021. Hazelight a réussi à nous captiver et nous offre une nouvelle fois une merveilleuse aventure.
Verdict
Après un succès avec It Takes Two, Hazelight nous propose sa toute nouvelle aventure avec Split Fiction et réitère cette magie de la coopération tout en améliorant sa technique. Split Fiction est donc la petite pépite de ce mois de mars que nous vous conseillons absolument de tester avec un compagnon de voyage. Entre une histoire à plusieurs lectures, des décors magnifiques et un gameplay intelligent, le titre du studio suédois marquera à coup sûr les esprits des joueurs ayant terminé cette magnifique aventure. On regrettera toutefois quelques maladresses d’écriture, des niveaux de difficulté peu équilibrés ou encore le manque d’originalité sur certaines mécaniques de gameplay reprises de son prédécesseur. Mais ces quelques défauts n’entachent en rien la qualité globale du titre tant l’ensemble fonctionne à merveille et saura ravir les joueurs du dimanche.

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