Gaza : les conditions de vie s’aggravent encore à l’approche de l’hiver

© OMAR AL-QATTAA/AFP

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Après s'être félicité des progrès de l'armée russe sur le front et avoir nié toute responsabilité dans ce conflit qui entrera bientôt dans sa cinquième année, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que "la balle est dans le camp" de l'Ukraine et de ses soutiens européens pour négocier une fin de la guerre. Il a par ailleurs mis en garde les Européens contre des "conséquences très lourdes" en cas de saisie des avoirs russes gelés pour aider l'Ukraine, évoquant mesures de représailles et recours en justice.
Les dirigeants des 27 Etats membres ont décidé vendredi d'accorder à l'Ukraine un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, à taux zéro, mais sans recourir aux avoirs russes faute d'accord sur cette solution.
14h53
Devant Volodymyr Zelensky qu'il recevait vendredi à Varsovie, le président nationaliste polonais Karol Nawrocki a reproché aux Ukrainiens de ne pas être reconnaissants pour l'aide apportée depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie. La Pologne a accueilli plus d'un million de réfugiés depuis février 2022 et compte parmi les premiers fournisseurs d'armes de Kiev. C'est aussi le principal pays par lequel passe le soutien militaire et humanitaire occidental à son voisin.
"Les Polonais ont le sentiment (...) que notre effort, notre aide multiforme apportée à l'Ukraine depuis le début de l'invasion à grande échelle n'ont pas été dûment appréciés ni compris", a déclaré Karol Nawrocki au cours d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien. "C'est ce que j'ai transmis lors d'une conversation ferme, honnête, mais très cordiale et empreinte de courtoisie avec le président Zelensky", a-t-il dit.
Celui-ci a répondu en assurant que "l'Ukraine a toujours été reconnaissante envers la Pologne et le restera". Il a aussi rappelé que l'Ukraine "défendait l'Europe" face à la Russie, à un coût humain très élevé. "La Russie veut la discorde, veut détruire une alliance aussi solide — l'alliance de deux nations, au fil de nombreuses générations d'Ukraine et de Pologne. Nous ne les laisserons pas faire", a mis en garde Volodymyr Zelensky.
Karol Nawrocki n'a pas dit clairement ce qu'il attendait de Kiev, mais cet historien de formation exige une meilleure coopération dans le dossier très sensible des massacres de quelque 100 000 Polonais en Volhynie entre 1943 et 1945 par les nationalistes ukrainiens. Selon Karol Nawrocki, qui qualifie ces massacres de "génocide", Kiev ne veut pas reconnaître sa responsabilité dans ces massacres. Varsovie lui reproche également de faire traîner les exhumations des victimes.
Jeudi, le président ukrainien a assuré son partenaire de la bonne volonté de son administration sur ces questions. "La partie polonaise souhaite accélérer ce processus, la partie ukrainienne est prête à faire un pas vers elle. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des mesures concrètes", a-t-il dit, des déclarations vues "avec optimisme" par le président polonais. Après la rencontre, Karol Nawrocki a évoqué sur X "un nouveau départ" dans les relations bilatérales. "Une mauvaise nouvelle pour Poutine", selon lui.
14h50
Le parti prorusse Alternative pour l'Allemagne (AfD), première force d'opposition du pays, a dénoncé vendredi la décision européenne de prêter 90 milliards d'euros à l'Ukraine, jugeant que la Russie allait gagner sa guerre. L'UE a décidé dans la nuit de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, sans recours aux avoirs russes qui resteront, eux, gelés en Europe jusqu'au versement par Moscou de réparations à Kiev.
Prenant pour cible le chancelier allemand Friedrich Merz qui depuis des mois cherche une solution pérenne pour financer l'Ukraine, les deux codirigeants de l'AfD l'ont accusé de faire payer aux contribuables la poursuite de la guerre, déclenchée par l'invasion russe de 2022. "Le chancelier Merz gaspille l'argent des contribuables allemands dans une guerre sans issue. Après avoir remporté la guerre, la Russie ne versera aucune réparation", a estimé dans un communiqué Tino Chrupalla.
"90 milliards d'euros supplémentaires vont être engloutis dans l'un des États les plus corrompus au monde", a abondé sa collègue Alice Weidel, en référence à un vaste scandale de corruption qui fragilise en ce moment le pouvoir ukrainien. "Alors que son propre pays se délabre et décline économiquement, le chancelier gaspille des milliards pour prolonger une guerre inutile", a-t-elle ajouté, pointant la crise économique qui mine l'Allemagne.
14h05
Le président russe Vladimir Poutine a indiqué vendredi qu'il allait se pencher sur l'affaire du chercheur français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie depuis juin 2024 et qui pourrait être jugé pour "espionnage". Interrogé lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine a affirmé "ne rien savoir" de cette affaire et en entendre parler pour la première fois. "Je vous promets que je vais me renseigner. Et s'il y a la moindre chance de résoudre cette question de manière positive, si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible", a-t-il ajouté.
Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", alors qu'il collectait des "informations militaires" pouvant être "utilisées contre la sécurité" de la Russie. L'intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l'ignorance.
En août, il avait comparu devant un tribunal russe pour des accusations d'"espionnage" qui, si elles étaient confirmées, risqueraient d'alourdir considérablement sa peine. L'enquête a été prolongée et il pourrait connaître un nouveau procès pour espionnage fin février 2026, selon son avocat français. Laurent Vinatier avait déclaré en août ne s'attendre "à rien de bien, à rien de positif" après avoir appris ces nouvelles accusations.
Ce chercheur de 49 ans, spécialiste de l'espace post-soviétique, était employé par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s'agissant de l'Ukraine. Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas.
12h56
L'Ukraine a frappé pour la première fois un pétrolier de la "flotte fantôme" russe "dans les eaux neutres" de la Méditerranée, a annoncé vendredi à l'AFP une source au sein des services de sécurité (SBU) ukrainien. "Le SBU a frappé avec des drones aériens un pétrolier de la dénommée +flotte fantôme+ russe, le QENDIL", a précisé cette source. "La Russie utilisait ce pétrolier pour contourner les sanctions" et financer "sa guerre contre l'Ukraine", a-t-elle affirmé.
Selon cette source s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, il s'agit d'une "nouvelle opération spéciale sans précédent", réalisée à quelque 2 000 kilomètres de l’Ukraine. Elle n'a donné aucun détail supplémentaire, notamment sur le lieu à partir duquel elle a été déclenchée et sur les pays que les drones auraient pu survoler.
Le pétrolier était vide au moment de l’attaque et l'opération n'a présenté aucune menace environnementale, a assuré cette source, disant que le navire avait "subi d'importants dommages" et n'était plus en état de "poursuivre ses objectifs". "L’ennemi doit comprendre que l’Ukraine ne s’arrêtera pas et le frappera partout dans le monde, où qu’il se trouve", a ajouté cette source. L'Ukraine a déjà revendiqué l'attaque de pétroliers circulant en mer Noire, que Kiev accuse d'être utilisés par la Russie pour contourner les sanctions occidentales et financer son offensive en Ukraine.
13h10
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi que la Russie n'entendait pas lancer d'hostilités contre d'autres pays à condition qu'elle soit "traitée avec respect" et a accusé l'Occident d'avoir "trompé" Moscou en continuant d'élargir l'Otan.
"Il n'y aura aucune opération si vous nous traitez avec respect et respectez nos intérêts", a déclaré Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle, alors qu'on lui demandait s'il y aurait "de nouvelles opérations militaires spéciales", le nom donné par la Russie à son offensive en Ukraine, à l'avenir.
13h09
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré vendredi qu'en cas de défaite de l'Ukraine, la Russie s'en prendrait "inévitablement" à la Pologne voisine.
"Sans l'indépendance de l'Ukraine, de notre Etat, Moscou viendra inévitablement ici (en Pologne) et plus profondément en Europe", a déclaré Volodymyr Zelensky, lors d'une conférence de presse à Varsovie avec son homologue polonais Karol Nawrocki.
12h06
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi que "la balle est dans le camp" de l'Ukraine et des Occidentaux dans les négociations visant à mettre fin à la guerre, indiquant que Moscou avait accepté des "compromis" dans ce processus.
"La balle est entièrement dans le camp de nos adversaires occidentaux, les dirigeants du régime de Kiev et leurs sponsors européens en premier lieu", a déclaré Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle retransmise à la télévision. Il s'est dit prêt "à négocier et à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques".
Le président russe Vladimir Poutine a prévenu vendredi que l'utilisation des avoirs russes pour financer l'Ukraine pourrait "avoir des conséquences lourdes", après un sommet des 27 jeudi sur le sujet qui n'a pas abouti à un accord.
"C'est un braquage. Mais pourquoi ce n'est pas possible de commettre ce braquage? Parce que les conséquences peuvent être très lourdes", a déclaré Vladimir Poutine lors de sa grande conférence annuelle retransmise à la télévision russe.
10h26
Le président russe Vladimir Poutine s'est félicité vendredi des récents gains territoriaux de son armée en Ukraine, assurant que les forces russes "avancent sur tout le front", alors que d'intenses efforts diplomatiques menés par les Etats-Unis sont déployés pour mettre fin à la guerre.
"Nos troupes avancent sur toute la ligne de contact (...), l'ennemi recule dans toutes les directions", a déclaré Vladimir Poutine au début de sa grande conférence de presse annuelle retransmise à la télévision.
07h43
Un émissaire du Kremlin pour les questions économiques, Kirill Dmitriev, a salué vendredi une victoire du "bon sens", après la décision de l'UE de ne pas recourir aux avoirs russes gelés en Europe pour financer l'effort de guerre de l'Ukraine. "La loi et le bon sens ont remporté pour l'heure une victoire", a réagi sur Telegram Kirill Dmitriev, en saluant un échec de la tentative d'"une utilisation illégitime des avoirs russes pour financer l'Ukraine".
L'utilisation de ces fonds en raison des sanctions européennes imposées à la Russie butait depuis des semaines sur l'opposition de la Belgique, où se trouve l'essentiel de ces avoirs gelés, soit quelque 210 milliards d'euros. L'idée était d'y recourir pour financer un "prêt de réparation" de 90 milliards en faveur de l'Ukraine. Les Européens ont finalement décidé jeudi de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros.
Les besoins de financement de Kiev ont été estimés à 137 milliards d'euros, l'UE s'engageant à prendre en charge les deux tiers, soit 90 milliards d'euros. Le reste devant être assuré par les autres alliés de l'Ukraine, comme la Norvège ou le Canada. La Russie considère comme illégales les sanctions internationales prises à son encontre en raison de cet assaut, notamment le gel de ses avoirs, et qualifie leur utilisation de vol.
06h51
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est félicité vendredi du prêt de 90 milliards d'euros accordé par l'Union européenne à son pays pour financer son effort de guerre contre la Russie, estimant que cette aide "renforce véritablement notre résilience".
"Il s'agit d'un soutien important qui renforce véritablement notre résilience", a écrit Volodymyr Zelensky sur le réseau social X en remerciant les dirigeants européens. "Il est important que les actifs russes restent immobilisés et que l'Ukraine ait reçu une garantie de sécurité financière pour les années à venir", a-t-il ajouté concernant les avoirs russes au sujet desquels les Européens n'ont pas réussi à se mettre d'accord.
03h11
Les dirigeants européens ont trouvé un accord dans la nuit de jeudi à vendredi pour débloquer 90 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine, a annoncé le président du Conseil, Antonio Costa. "Nous avons conclu un accord. La décision d'accorder une aide de 90 milliards d'euros à l'Ukraine pour 2026-2027 a été approuvée", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'UE étaient réunis en sommet à Bruxelles avec un objectif clair : trouver une solution pour financer l'Ukraine au cours des deux ans à venir. Mais les négociations ont duré jusque tard dans la nuit sur la meilleure manière de procéder à ce financement.
L'option privilégiée par l'Allemagne et la Commission européenne, celle de s'appuyer sur les avoirs russes gelés en Europe a été écartée après quatre heures d'échanges entre dirigeants, à huis clos, sans téléphone. Le chancelier allemand s'est pour autant réjoui du résultat du sommet, assurant que l'UE avait envoyé un "message clair" à Vladimir Poutine.

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Un réseau social, une plateforme de streaming, des cryptomonnaies… et maintenant une entreprise de fusion nucléaire. La famille présidentielle continue de tisser sa toile sur l’économie américaine grâce à la Trump Media and Technology Group (TMTG). Mais, cette fois, l’entreprise du président des Etats-Unis ose l’inconnu en s’attaquant au secteur de l’énergie.
Pour y parvenir, la firme de Donald Trump a conclu un accord de fusion ce jeudi 19 décembre avec TAE Technologies, créant ainsi un groupe valorisé à plus de 6 milliards de dollars. Cette signature devient la plus importante incursion de la famille Trump dans la finance traditionnelle et l’économie américaine depuis son retour à la Maison-Blanche.
Aujourd’hui, la technologie de fusion nucléaire est encore au stade expérimental. Il faudra sûrement compter plusieurs années avant de la voir véritablement mise en œuvre. A ne pas confondre avec la fission - technique du nucléaire civil fondée sur la division d’un atome lourd en deux atomes légers - la fusion nucléaire fait l’exact inverse. Cette méthode de production d’énergie consiste en la fusion de deux atomes légers afin de constituer un plus gros atome. Un procédé tellement prometteur qu'il séduit nombre de milliardaires : Bill Gates, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg ont également investi dans entreprises engagées dans la course à l’exploiter commerciale de la fusion nucléaire. Et ce malgré les nombreux obstacles économiques et techniques qui freinent son développement, notamment la difficulté à maintenir un plasma chaud et stable pendant une durée suffisante pour produire de l'énergie de manière continue, nécessitant pour l'heure plus d'énergie que le dispositif n'en produit.
Le pari semble donc risqué pour TAE, d’autant plus que le nucléaire civil n’occupe pas une place particulièrement importante dans le mix américain -18 % selon la World Nuclear Association. Toutefois, la fusion nucléaire bénéficie d’un très large soutien de l’exécutif. Et c’est là que le deal devient intéressant pour TAE : leur nouveau partenaire en affaires a la mainmise sur les politiques énergétiques nationales.
"Le principal atout de Trump Media, c’est que Trump est président", résume Peter Schiff, analyste financier et économiste en chef d’Euro Pacific Asset Management, dans les colonnes du Wall Street Journal. Face à la demande croissante d’énergie pour alimenter l’intelligence artificielle, l’administration Trump a dévoilé son projet de développer la fusion nucléaire. Le 23 mai dernier, le président des Etats-Unis annonçait quatre décrets visant à "redynamiser l’industrie nucléaire américaine". L’une de ces mesures : dix nouveaux grands réacteurs, dotés de conceptions complètes, en construction d’ici 2030.
A la suite de ces déclaration, le ministère de l’énergie s’est attelé à une réorganisation interne qui a donné lieu à la suppression de deux importants bureaux dédiés aux énergies dites "propres". L’objectif : faire de la place pour accueillir le nouveau "Bureau de la fusion". Pour atteindre son objectif, la Trump Media and Technology Group injectera jusqu’à 300 millions de dollars dans TAE. L’objectif : permettre à son nouveau partenaire de produire un premier prototype de réacteur à fusion commercial dès 2026 pour viser une exploitation d’ici à 2031.
La fusion nucléaire "permettra de réduire les prix de l’énergie, d’augmenter la génération d’électricité, d’assurer la suprématie américaine en matière d’intelligence artificielle, de relancer notre base manufacturière et de renforcer la défense nationale", s’est félicité Devin Nunes, patron de la TMTG et ancien parlementaire républicain.
Cet accord avec TAE fait aussi figure de prise de guerre pour Donald Trump, scellant la fin de sa mise à l’écart sur la scène commerciale. Car la TMTG avait vu le jour dans des circonstances pour le moins atypiques. En 2021, Donald Trump, exerçant alors son premier mandat à la présidence des Etats-Unis, avait été banni de Twitter, conséquence de la tentative de coup d’Etat au Capitole qu’il avait instiguée sur la plateforme. En réponse, le président redevenu homme d’affaires a lancé sa plateforme Truth Social en février 2022, hébergée par sa maison-mère créée pour l'occasion : TMTG. Dans ce contexte, l’entreprise ne s’était pas attiré les faveurs de la bourse comme le rappelle le Wall Street Journal. Malgré des fluctuations rythmées par la cote de popularité du président, la firme a continuellement perdu de l’argent depuis sa création.
Une époque qui pourrait bientôt être révolue. TAE compte parmi ses investisseurs un palmarès des plus grandes entreprises américaines dont Alphabet, Chevron, et Goldman Sachs. Dans les heures qui ont suivi de l’annonce de la fusion avec TAE, l’action de TMTG s’est envolée de 40 %. De quoi réconcilier l’empire financier Trump avec Wall Street.

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Dans la bataille économique et technologique qui oppose la Chine aux Etats-Unis, quelle est la place de l’Europe ? Si les Etats-Unis restent le grand allié du Vieux Continent, de plus en plus d’Européens s’ouvrent à la Chine, notamment face aux attaques protectionnistes de l’Amérique de Trump.
C’est ce que suggère un rapport de l’université espagnole IE University, European Tech Insights 2025. Cette publication annuelle vise à mieux cerner la position des Européens vis-à-vis des changements technologiques et de leur gouvernance dans le monde. Conduite en octobre 2025, elle repose sur les réponses de 3 000 personnes dans 10 pays européens (dont le Royaume-Uni).
La part des Européens souhaitant que l’Europe s’aligne avec la Chine plutôt qu’avec les Etats-Unis sur le plan économique et technologique a augmenté de 15 points entre 2023 et 2025. L’étude s’est en effet penchée sur la compétition entre les Etats-Unis et la Chine en termes de "domination économique et technologique", en interrogeant les sondés sur le pays sur lequel ils aimeraient voir l’Europe s’aligner. 71 % des Européens choisissent les Etats-Unis et 29 % la Chine. Ainsi, les Européens "continuent à voir les Etats-Unis comme un allié stratégique mais sont de plus en plus ouverts à la Chine", note le rapport. Mais en 2023, 86 % des Européens choisissaient les Etats-Unis et 14 % la Chine.
Ce changement d’attitude est surtout visible chez les jeunes, la classe d’âge la plus ouverte à la Chine. Près de 40 % des 18-24 ans plaident pour un rapprochement avec la Chine, contre seulement 22,6 % chez les 65 ans et plus. "Le changement d’attitude à l’égard de la Chine ne tient pas tant à la relation de l’UE avec le géant asiatique qu’à l’érosion de la relation transatlantique", analyse Carlos Luca de Tena, directeur exécutif du centre pour la gouvernance du changement au sein de l’IE University, interrogé par le journal espagnol El País.
La méfiance croissante vis-à-vis de l’allié historique de l’Europe se manifeste également dans la réponse qu’elle souhaite apporter aux "menaces de l’administration Trump dans le domaine du commerce et de la technologie", note l’étude. Près de quatre Européens sur dix estiment en effet que le Vieux Continent doit tenir bon et riposter. Et cette fois, les plus âgés sont davantage en faveur d’une confrontation que les plus jeunes. Pour autant, une majorité (58,6 %) souhaite que l’Europe trouve un terrain d’entente avec son allié tandis que seuls 3 % veulent céder et éviter la confrontation avec les Etats-Unis.
Mises côte à côte, ces deux tendances vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine prouvent que l’Europe est "de plus en plus confiante et autonome sur la scène mondiale", note le rapport. Et si les Européens voient toujours Washington comme un partenaire, ils sont plus prudents que par le passé.
Parmi les citoyens européens les plus proches des Etats-Unis, les Polonais se démarquent puisqu’ils sont près de 80 % à se ranger de leur côté (contre 69 % des Français). Au contraire, la défiance a largement gagné les Espagnols, qui étaient 80 % à choisir les Etats-Unis en 2023 contre… 47 % en 2025. Pour Carlos Luca de Tena, la position des Espagnols s’explique surtout par le fait que Donald Trump a directement attaqué l’Espagne sur son refus de consacrer 5 % de son PIB à la Défense, comme il l’avait demandé aux membres de l’Otan. L’attrait des Espagnols pour la Chine s’explique également par une tendance de fond, antérieure à l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025. Selon le Secrétariat espagnol au Commerce, cité par El País, les entreprises espagnoles s’intéressent de plus en plus à l’attractivité du marché chinois et à ses offres technologiques. Tout comme la France, l’Espagne cherche désormais à attirer les investissements chinois sur son sol - à condition d’y créer des emplois, un transfert de technologies ou d’y implanter une activité à forte valeur ajoutée.

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