Offensive contre des djihadistes français en Syrie : «Al-Charaa veut montrer son autorité sur les combattants étrangers»
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L'armée française doit être "prête à un choc dans trois, quatre ans" face à la Russie, qui "peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent", a affirmé mercredi 22 octobre le chef d'état-major des Armées français, le général Fabien Mandon, pour justifier "l'effort de réarmement" du pays.
"Le premier objectif que j'ai donné aux armées, c'est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test - peut-être le test existe déjà sous des formes hybrides - mais peut-être (quelque chose de) plus violent", a déclaré le plus haut gradé français devant les députés de la commission de la Défense. "La Russie est un pays qui peut être tenté de poursuivre la guerre sur notre continent et c'est l'élément déterminant dans ce que je prépare", a ajouté le général qui a pris la tête des armées françaises le 1er septembre.
Son analyse rejoint notamment celle des services secrets allemands qui ont mis en garde la semaine passée contre la Russie, prête selon eux à "entrer en conflit militaire direct avec l'Otan", une menace qui pourrait se concrétiser avant 2029.
Moscou a la "perception d'une Europe collectivement faible", selon le général Mandon, qui observe une "désinhibition du recours à la force" côté russe. Pourtant, "on a tout pour être sûrs de nous", a-t-il martelé, rappelant que du point de vue économique, démographique ou industriel, les Européens l'emportaient sur la Russie.
"La Russie ne peut pas nous faire peur si on a envie de se défendre", a-t-il lancé. L'augmentation du budget militaire est donc pour lui "fondamentale, déjà dans les perceptions". "Si nos rivaux potentiels, nos adversaires perçoivent que nous consacrons un effort pour nous défendre et que nous avons cette détermination, alors il peut renoncer. S'il a le sentiment qu'on n'est pas prêt à se défendre, je ne vois pas ce qui peut l'arrêter", a-t-il développé.
Le projet de budget de la défense prévoit de le porter à 57,1 milliards d'euros pour 2026, soit une hausse de 13 %, portant l'effort budgétaire pour les armées à 2,2 % du PIB, selon la ministre française des Armées Catherine Vautrin. Au-delà de la menace posée par la Russie, ce réarmement est selon le général Mandon rendu nécessaire par la superposition des crises et des menaces, du terrorisme au Moyen-Orient. Selon lui, "ça craque de partout".
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Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), en plein essor, s'est vu accusé mercredi 22 octobre d'espionnage au profit de la Russie et d'autres Etats autoritaires, des adversaires politiques pointant du doigt des questions parlementaires "problématiques". Ce parti prorusse et anti-migrants a rejeté ces accusations, mais plusieurs de ses personnalités entretiennent des liens étroits et parfois controversés avec la Russie ou la Chine.
Cette fois-ci, des élus de la région orientale de Thuringe, où l'AfD est la première force politique, sont suspectés d'utiliser leurs fonctions pour obtenir des informations sensibles sur la police, l'armée ou les infrastructures susceptibles d'intéresser des puissances étrangères.
La Russie est pour sa part accusée, malgré ses dénégations, d'une vaste campagne d'espionnage, de désinformation et de sabotage en Allemagne comme ailleurs en Europe. "L'AfD abuse du droit parlementaire de poser des questions pour enquêter manifestement sur nos infrastructures critiques", a accusé Georg Maier, le ministre de l'Intérieur du Land de Thuringe, partageant son "inquiétude croissante" avec le journal économique Handelsblatt. "L'impression qui se dégage est que l'AfD travaille, avec ses questions, à partir d'une liste commandée par le Kremlin", selon lui.
Le président de la commission de contrôle des services secrets au Bundestag, le conservateur Marc Henrichmann, a lui appelé les services de renseignement allemands à enquêter plus précisément sur ces "menaces internes et externes". "Ce qui sera crucial, c'est de déterminer si, ou dans quelle mesure, l'AfD continuera à se faire mener en laisse par le Kremlin", a-t-il jugé. D'après Georg Maier, issu du parti social-démocrate (SPD), l'AfD en Thuringe a posé ces 12 derniers mois 47 questions sur les infrastructures critiques, avec "une intensité et une précision croissantes".
Infrastructures de transport ou numériques, approvisionnement énergétique ou en eau... Le parti montre notamment "un intérêt particulier pour les technologies et équipements de la police", en particulier pour la défense antidrones, mais aussi pour l'armée et la protection civile, selon lui.
Interrogé par l'AFP, Konstantin von Notz, député des Verts et vice-président de la commission de contrôle des services de renseignement, a relevé qu'en avril 2024, lors d'un débat au Bundestag, des "questions parlementaires problématiques" de l'AfD avaient déjà été signalées, avec le soupçon qu'elles soient posées au nom "d'États autoritaires".
Selon lui, la même tactique a été constatée dans d'autres pays européens, preuve d'une "démarche ciblée à l'échelle européenne". "Il semble se confirmer que des représentants de l'AfD participent délibérément à cette stratégie de déstabilisation de notre pays, orchestrée par plusieurs États autoritaires", a-t-il dit à l'AFP, appelant les autorités allemandes à agir "avec détermination".
Le premier secrétaire du groupe AfD au Bundestag, Bernd Baumann, interrogé par l'AFP, a rejeté ces accusations, visant selon lui à décrédibiliser l'AfD, arrivée 2e aux législatives en février et en plein essor dans les sondages depuis. Les questions des élus "sur l’architecture et les infrastructures de sécurité de notre pays (...) sont posées par l'AfD dans l’intérêt des citoyens", a-t-il affirmé. "Les faits révélés ne sont en rien secrets (...) Que les autres partis cherchent maintenant à en faire une activité d'espionnage est totalement ridicule et reflète leur désespoir face aux intentions de vote en faveur de l'AfD", a ajouté le député.
Contacté par l'AFP, le renseignement extérieur allemand n'a pas souhaité commenter. Le renseignement intérieur n'a pas immédiatement répondu. Un porte-parole de la chancellerie s'est lui borné à dire avoir pris connaissances des accusations pesant contre l'AfD. Le chancelier allemand Friedrich Merz a désigné lundi le parti d'extrême droite comme son "principal adversaire" à l'aube d'une année électorale chargée, avec cinq des 16 Länder allemands qui se rendront aux urnes. L'AfD espère au moins gagner dans deux d'entre eux, à l'Est, et atteindre des scores records dans les autres.
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"Depuis deux mois, je me réveille en sueur, à cause du même rêve. Je suis capturé, je vois des hommes autour de moi se faire tuer, et puis je suis tué aussi". Ce récit anonyme publié sur un réseau social russe, serait celui d’un militaire, déclaré inapte au combat après son passage par le front ukrainien.
En cette quatrième année d’invasion russe en Ukraine, de plus en plus de soldats russes se voient diagnostiquer des maladies psychiatriques : stress post-traumatique, alcoolisme, pensées suicidaires… Une étude menée par une quinzaine de psychiatres et médecins, et relayée par The Moscow Times, documente l’ampleur du problème.
On apprend ainsi que, sur près de 150 militaires admis dans un hôpital psychiatrique de Moscou, entre 2023 et 2024, environ la moitié présente un syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Le symptôme le plus fréquent, rapporté par 70 % de ces patients, était des flash-backs intrusifs de combats.
Les autres malades, à qui il n’était pas directement diagnostiqué un SSPT, souffraient quant à eux "de troubles mentaux causés par des lésions cérébrales (26 %), de troubles affectifs (20 %), de troubles de type schizophrènes ou délirants (15 %) ou de dépendance à l’alcool (10 %)", liste The Moscow Times. 75 % souffraient d’anxiété, et la moitié de dépression et d’insomnie. Les psychiatres ont également noté des difficultés de communication avec leurs proches et des abus d’alcool.
L’âge moyen de ces soldats est de 34 ans. Certains avaient déjà combattu dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, avant l’invasion russe de 2022.
"Comment puis-je être libéré pour raisons médicales ?", s’interroge un soldat sur un forum. "Plus précisément, comment prouver [à mes commandants] que je ne suis pas stable et que je perds la raison ? […] Trois ans sans repos ni famille, et parfois, au combat, on perd la boule. J’ai besoin d’un psychiatre ou d’un sanatorium", appelle-t-il à l’aide.
Une autre étude, réalisée entre 2022 et 2024 dans un hôpital psychiatrique de Novossibirsk (Sibérie), a établi que parmi 130 militaires internés, 24 % avaient été admis après une tentative de suicide. Chez les soldats présentant des symptômes de stress post-traumatique, "le risque de suicide était multiplié par cinq".
Selon les psychologues, un aspect qui revient souvent dans les discussions avec les patients est le sentiment de déconnexion du reste de la population russe, presque étrangère à la guerre. "Lorsque les militaires sont soignés à Moscou, les passants les remercient parfois pour leur rôle. Mais dans les villes plus petites, ils ont l’impression d’être délaissés, comme si leur contribution ne valait rien", a déclaré un psychologue russe qui travaille avec des vétérans.
Si de plus en plus de soldats revenant du front présentent ces symptômes, il reste difficile de quantifier le phénomène, les soldats cherchant rarement une aide psychologique par eux-mêmes. Cela s’explique par la pression "liée aux notions traditionnelles de masculinité", la méfiance envers le système de santé mentale russe et la crainte que cela n’impacte leur carrière militaire, explique le quotidien russe.
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