De la voiture au Vision Pro, et un Tim Cook probable futur Chairman d’Apple
La petite devinette du jour : quel point commun peut-il y avoir entre une voiture, un casque de réalité augmentée, deux grands patrons et la compétition industrielle ? Intrigués ? Alors venez avec moi dans le bus du Mark Gurman de la semaine !
Magical Mystery Tour
Si le Vision Pro était certes prévu depuis quelques temps avant de montrer le bout de son nez (les secrets de Cupertino n’en sont plus depuis pas mal d’années maintenant, au grand dam de ceux qui aiment les surprises), savoir comment Apple en est arrivée à cette solution peut être une bonne question. Et selon Gurman, le lien avec la fameuse Apple Car qui n’aura finalement jamais vu le jour est plus fort qu’on ne le pense...
Alors qu’Apple travaillait dans le plus grand des secrets il y a une dizaine d’années sur sa voiture autonome, elle voyait les choses en grand : étant totalement dépourvue de commandes, il n’y avait aucune utilité à avoir de « simples » vitres pour admirer le paysage. Pourquoi pas en faire des écrans semi-transparents à réalité augmentée ? C’est ainsi que naquit l’idée d’une interface qui se mélangerait au monde réel, dans l’optique de proposer une expérience inédite de la voiture.
Malheureusement, Apple s’est vite rendue compte que l’idée, bien qu’intéressante, était bien trop coûteuse pour se faufiler dans l’intérieur d’une voiture, que ce soit en argent ou en énergie. Peine perdue, et de toute façon le projet Apple Car allait droit dans le mur.
Ceci dit, ils n’allaient quand même pas mettre au rebut toutes les idées inventées pour la voiture. C’est alors que l’idée d’intégrer cette interface de réalité augmentée dans un casque fit son chemin. Si le principe était au début d’en faire un casque de réalité virtuelle, le concept en lui-même était jugé décevant par Tim Cook, qui n’aimait pas l’idée d’être totalement isolé du monde par le casque.
C’est alors que vint Mike Rockwell, qui dirige actuellement l’équipe chargée du Vision Pro : étant donné qu’une interface de réalité augmentée était déjà en cours de développement, mais qu’il est encore techniquement impossible d’implémenter des écrans semi-transparents dans une paire de lunettes, pourquoi ne pas faire en sorte que la réalité soit filmée par le casque en temps réel, qui retransmettrait l’image dans les écrans ?
Tim Cook fut convaincu par le projet, et c’est ainsi que naquit le Vision Pro. Si l’idée d’intégrer le tout dans une paire de lunettes présentant des informations additionnelles sur des verres laissant voir la réalité est toujours dans les cartons, et aurait dû arriver directement dans la foulée du Vision Pro, la technologie n’est encore pas assez développée pour être présentée. Mais rien n’est abandonné, bien au contraire.
Car Apple le sait très bien, ses concurrents n’attendront pas sagement qu’elle présente son produit fini sans rien tenter. Que ce soit Meta, avec son partenariat avec Ray-Ban qui a déjà présenté un prototype de lunettes de réalité augmentée telles que la science-fiction les propose, ou Google qui vient d’annoncer son partenariat avec Samsung pour se lancer dans la course avec Android XR, la concurrence sera rude et sans pitié. Car une fois le but atteint, les perspectives sont immenses : de telles lunettes pourraient à la fois remplacer le smartphone, la smartwatch, voire même l’ordinateur complet !
Reste que d’un côté de tels projets sont bloqués par les écrans et surtout la batterie, et de l’autre côté le Vision Pro a fait un flop plutôt concret. Mais le but n’était de toute façon pas d’en vendre des masses, le prix de 3 500 dollars étant une barrière pour bien des acheteurs. Et Apple n’est pas assez stupide pour ne pas l’avoir réalisé avant de sortir l’engin...
The Fool On The Hill
D’ailleurs en parlant d’Apple et de savoir quel chemin suivre, les commentaires parlent souvent de Tim Cook, comme s’il était le seul maître à bord. Mais Apple étant une grande multinationale maintenant, c’est loin d’être le cas : non seulement il a bien entendu toute une équipe en-dessous de lui, dont certains connus comme Craig Federighi ou encore Eddy Cue, mais il a aussi toute une équipe au-dessus de lui : ce que les anglo-saxons appellent le « board ».
Et pour ce qui est de ce dernier, une règle a été établie à Cupertino : toute personne atteignant les 75 ans doit quitter son poste, hors nécessité absolue. C’est notamment le cas d’Al Gore, ex candidat à la présidentielle américaine, mais aussi de James Bell, ancien patron de Boeing (à la bonne époque, rassurez-vous), qui ont dû passer la main en 2024, ayant tous les deux atteint la... date limite de péremption.
Cependant, une exception fut faite pour Ronald Sugar, dont les connaissances furent mises à profit pour gérer la succession de Luca Maestri, qui a laissé les finances de la pomme à son successeur Kevan Parekh tout récemment.
Mais la pomme n’a fait que reculer pour mieux sauter, la question du remplacement de Sugar étant maintenant pressante, et se rajoute celle de l’homme à la tête de tout : Art Levinson. Si son nom est très peu connu, il est pourtant le « Chairman » d’Apple, et donc celui qui a le plus haut grade dans l’entreprise, et à qui Tim Cook doit rendre des comptes. Lui aussi atteignant l’âge de 75 ans au mois de mars, son remplacement commence à être envisagé. S’il est candidat à sa réélection pour un an de plus, 2026 devrait voir arriver son remplacement.
Et qui donc pourrait remplacer une personne qui est à cette place depuis la mort de Steve Jobs, en 2011 ? La question fait finalement peu de mystère : comme c’est le cas dans beaucoup d’entreprises américaines, dont Microsoft avec Satya Nadella, ou Meta avec Mark Zuckerberg, il est fort probable que Tim Cook tienne à la fois le rôle de CEO et de Chairman une fois Art Levinson parti du siège.
L’idée est de faire une transition la plus douce et la plus sûre possible. En effet, une fois Tim Cook dans les deux postes, il pourra alors réfléchir à son successeur pour le poste de CEO et le mettre dans la position. Il aura alors le temps de l’entraîner et de l’aider du haut du poste de Chairman. C’est par exemple ce qui s’est passé avec Jeff Bezos, qui après avoir été CEO et Chairman d’Amazon, a laissé celui de CEO pour ne plus avoir que la plus haute marche du podium.
When I’m Sixty-Four
Mais avant ce jeu de chaises musicales, Apple a encore une grande année devant elle. De quoi nous surprendre encore et toujours malgré tout, les diffuseurs de fuites n’ayant tout de même pas le planning de Tim Cook devant les yeux !
- Dis Siri, mets-moi Lucy In The Sky With Diamonds.
- Désolé, Greg, la promotion de drogues hallucinogènes m’est interdite.
- Raaaaaaah, sérieux...