États-Unis: un des cinq Européens interdits de visa porte plainte contre l'administration Trump

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dévoilé mardi 23 décembre un plan de paix en 20 points, élaboré avec les Etats-Unis, rompant avec une première version d’octobre qui aurait contraint l’Ukraine à céder des territoires et à renoncer à toute adhésion à l’Otan. Présenté comme un "compromis raisonnable" face au plan soutenu par Moscou et l’administration Trump, le nouveau texte inclut des garanties de sécurité réclamées par Kiev ainsi qu’un programme de reconstruction.
Mais pour un Kremlin porté par ses avancées sur le front, le plan est loin d’être acceptable. "C’est une moquerie absolue", a déjà réagi Aleksei Naumov, analyste des affaires internationales basé à Moscou sur Telegram. Selon lui "l’idée est claire : présenter cela aux Américains comme un "compromis", puis rejeter la faute sur la Russie en cas d’échec".
Au cours des derniers mois, les lignes rouges russes sont restées sensiblement les mêmes : le Kremlin intransigeant demande toujours le retrait des forces ukrainiennes du Donetsk et du Louhansk, et une exclusion définitive de sa potentielle adhésion l’OTAN. Si Vladimir Poutine a évoqué cette semaine de possibles "concessions", potentiellement en abandonnant certaines zones occupées à Kharkiv ou Zaporijia, Moscou entend poursuivre les combats pour prendre l’intégralité du Donetsk.
C’est donc toujours là que les négociations achoppent : le plan ukrainien exige cette fois le retrait des forces russes de plusieurs régions — Dnipropetrovsk, Mykolaïv, Soumy et Kharkiv. La proposition précise également que l’Ukraine retirerait ses troupes des zones de la région de Donetsk qui seraient transformées en zone démilitarisée — mais uniquement si la Russie retirait ses forces d’une bande de territoire équivalente.
Auprès du New York Times (NYT), l’analyste russe Georgi Bovt estime que "le plan n’offre aucun compromis concernant les territoires ni la centrale nucléaire de Zaporijia" à propos de la centrale actuellement occupée par les forces russes mais que l’Ukraine préférerait exploiter conjointement avec les États-Unis. "L’absence de résolution de la question territoriale en fait une proposition inacceptable", estime-t-il.
Avec des taux d’intérêt élevés et une croissance en berne, l’économie russe est certes fragilisée par des années de guerre coûteuse, mais elle reste loin d’un effondrement susceptible de forcer un changement de cap. "Le Kremlin semble toujours penser qu’il peut gagner davantage en poursuivant la guerre" analyse ainsi le journal américain.
Les avancées russes sur le terrain sont lentes, mais régulières. Moscou contrôle actuellement environ les trois quarts de la région de Donetsk, et pourrait en achever la conquête en 18 mois au rythme actuel. Sans compter que 417 000 recrues ont signé de nouveaux contrats avec l’armée russe en 2025, selon Dmitri Medvedev, ce qui permet au Kremlin de poursuivre le conflit malgré de lourdes pertes.
Pour le NYT, Moscou continue de négocier avant tout pour des raisons tactiques : préserver une relation de travail avec Washington, éviter de porter seul la responsabilité de l’échec diplomatique et retarder de nouvelles sanctions américaines, notamment. Notamment après celles imposées en octobre par Donald Trump contre les deux géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil. Pour l’analyste ukrainien Volodymyr Fessenko cité par le NYT, la position du Kremlin est claire : "Poutine n’a aucune intention de mettre fin à la guerre" et utilise les discussions comme un levier diplomatique plutôt que comme une voie vers la paix.

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