"N'ayons pas la main qui tremble": Valérie Hayer appelle l'Union européenne à "mobiliser ces 210 milliards d'euros" d'avoirs russes gelés pour l'Ukraine
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Le président américain Donald Trump a annoncé mardi un "blocus total" contre les pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du Venezuela, renforçant la pression économique sur Caracas en pleine crise entre les deux pays. "Aujourd'hui, j'ordonne un blocus total et complet de tous les pétroliers sanctionnés entrant et sortant du Venezuela", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Le gouvernement du président vénézuélien Nicolas Maduro utilise le pétrole pour financer "le narcoterrorisme, la traite d'êtres humains, les meurtres et les enlèvements", a justifié Donald Trump, reprenant sa rhétorique habituelle. Dans son message, il a aussi affirmé que "le régime vénézuélien avait été désigné comme une organisation terroriste internationale" par son administration.
Caracas a répondu en qualifiant de "menace grotesque" cette annonce. "Le président des Etats-Unis tente d'imposer de manière absolument irrationnelle un prétendu blocus naval militaire au Venezuela dans le but de voler les richesses qui appartiennent à notre patrie", a rétorqué le gouvernement vénézuélien dans un communiqué.
L'administration Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic. L'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole vénézuélien, la principale ressource de son pays.
Les Etats-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le narcotrafic, des opérations à la légalité mise en doute par les experts. "Le Venezuela est entièrement encerclé par la plus grande armada jamais assemblée dans l'histoire de l'Amérique du Sud", a affirmé Donald Trump. Le déploiement américain "ne fera que s'accroître, et le choc qu'ils subiront sera sans précédent - jusqu'à ce qu'ils rendent aux Etats-Unis d'Amérique le pétrole, les terres et les autres actifs qu'ils nous ont précédemment volés", a ajouté le président américain, qui a toujours maintenu le flou sur la possibilité d'une intervention terrestre sur le sol vénézuélien.
Donald Trump n'a pas développé ses accusations de vols de pétrole et de terres. Dans les années 1970, le Venezuela a nationalisé son industrie pétrolière, et sous la présidence d'Hugo Chavez (1999-2013), les "majors" étrangères ont été obligées, pour rester dans le pays, d'accepter des coentreprises majoritairement détenues par la compagnie d'Etat PDVSA. La compagnie américaine Chevron, qui continue à travailler au Venezuela au bénéfice d'une dispense de sanctions, a indiqué mardi que ses opérations "continuent sans interruption et dans le plein respect des lois".
Le durcissement de la politique américaine contre Caracas a été salué par l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix 2025, qui a même appelé ce week-end sur la chaîne américaine CBS à exercer plus de "pression" afin que "Maduro comprenne qu'il doit partir". Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien est écoulé sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine.
La semaine dernière, les forces américaines ont saisi en mer des Caraïbes un pétrolier à destination de Cuba, le Skipper. Le navire transportait entre un et deux millions de barils de brut vénézuélien, selon les sources, pour une valeur de 50 à 100 millions de dollars. Selon Washington, le navire était sous sanctions américaines depuis 2022 pour des liens présumés avec le Corps des Gardiens de la Révolution islamique iranienne et le Hezbollah libanais. Selon la Maison-Blanche, les Etats-Unis entendent "saisir le pétrole" du Skipper, reconnaissant cependant que cela posait des questions juridiques.
L'annonce de blocus Donald Trump survient alors que les ministres américains de la Défense et des Affaires étrangères ont défendu mardi au Congrès les frappes menées contre des embarcations soupçonnées de narcotrafic dans les Caraïbes.
Depuis début septembre, le président américain a ordonné des frappes contre au moins 26 navires dans les Caraïbes ou l'est du Pacifique, tuant au moins 95 personnes, sans jamais fournir de preuve de leur implication dans le trafic de drogues. Le sujet a soulevé de vifs débats à Washington, notamment une opération datant de début septembre au cours de laquelle l'armée a tiré deux salves, la seconde achevant les deux survivants d'un bateau déjà en flammes.

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Donald Trump a étendu mardi 16 décembre les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens. Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison-Blanche.
Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales. Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.
L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles. S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays. L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".
La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale. Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison-Blanche. De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis. Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".
En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).
En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison-Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale. Les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants. Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.

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