"Une paix juste et durable": le pape Léon XIV a reçu le président Volodymyr Zelensky pour évoquer la guerre en Ukraine
Le Mexique sert-il de tremplin à la Russie pour espionner les Etats-Unis et glaner ainsi des informations sur l’Ukraine ? A en croire les dernières révélations du New York Times, ce scénario n’a rien de fictif. Depuis le début de la guerre en Ukraine, Moscou a intensifié ses activités diplomatiques et d’espionnage depuis le Mexique… qui ne semble pas pressé d’y mettre un terme.
Persuadée que les espions russes utilisent le Mexique pour bénéficier d’une couverture touristique et échapper aux systèmes de surveillance sophistiqués de Washington, la CIA enquête sur leur identité depuis plusieurs années. Au cours de la présidence Biden, l’agence dresse une liste de plus de deux douzaines d’espions russes se faisant passer pour des diplomates. Elle la transmet aux autorités mexicaines de l’époque, qui se refusent toutefois à les expulser. L’élection de Claudia Sheinbaum à la tête du pays l’an dernier n’y change rien. Plusieurs diplomates mexicains vont même jusqu’à affirmer n’avoir jamais eu connaissance de cette liste.
Côté américain, l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier jette un flou sur la position du pays. Alors que le président des Etats-Unis continue de souffler le chaud et le froid avec la Russie, difficile de savoir si Washington continue de faire pression pour des expulsions. Mais les analystes s’accordent sur un point : Donald Trump démontre par ces actions en Amérique latine qu’il cherche à affirmer la suprématie de Washington sur le continent. Son intérêt est donc plutôt d’empêcher des puissances comme la Russie, ou la Chine, de s’implanter dans la région.
La présence russe au Mexique ne date en réalité pas d’hier. Déjà, pendant la guerre froide, le Mexique était surnommé la "Vienne de l’Amérique latine", en raison des activités d’espionnage russe sur son sol. Mais la guerre en Ukraine vient accélérer les choses. Alors que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, décident d’expulser plus de 100 agents du renseignement russe de leurs pays, les diplomates américains et européens assistent ensuite, impuissants, au transfert d’espions de Moscou à Mexico, révèlent huit sources citées par le NYT.
Une relocalisation dans l’intérêt du Kremlin, qui souhaite se renseigner sur les actions américaines, dans le contexte de la guerre en Ukraine, et pour qui le Mexique offre plusieurs atouts : par sa proximité géographique d’une part, mais aussi par le peu de résistance rencontrée par les espions sur place. Les agences de contre-espionnage mexicaines sont en effet davantage concentrées sur les problèmes intérieurs, comme les trafiquants de drogue, que sur les activités d’espionnage étranger.
Dès mars 2022, le général Glen VanHerck, chef du commandement nord des États-Unis, fait d’ailleurs part de ses préoccupations lors d’une audition publique devant le Sénat. "La plus grande partie des agents du renseignement russe dans le monde se trouve actuellement au Mexique", déclare-t-il alors. "Ce sont des agents du renseignement russe qui surveillent de très près les possibilités d’influencer les opportunités et l’accès des États-Unis".
Plusieurs analystes voient dans la "tolérance" du Mexique envers la Russie le reflet des positions du parti au pouvoir, plutôt hostile aux Etats-Unis. Si ce parti (Morena) rassemble un large éventail de personnalités politiques, son noyau dur est avant tout composé de militants de gauche, profondément méfiants à l’égard des États-Unis en raison de leur passé d’invasions, de coups d’État et de campagnes d’influence en Amérique latine.
De son côté, la Russie semble surfer sur ce ressentiment envers Washington pour courtiser les pays de la région. Lors de sa tournée l’année dernière en Amérique latine, le conseiller de longue date de Vladimir Poutine, Nikolaï Patrouchev, s’est d’ailleurs engagé à aider ces pays à limiter l’influence américaine, affirmant qu’entretenir de bonnes relations avec les gouvernements latino-américains était "l’une des principales priorités de Moscou".

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