Un accident dans une mine en Espagne fait au moins un mort, deux autres mineurs coincés
Le 10 novembre, à l’aube, des enquêteurs du Bureau national anticorruption (NABU) ont perquisitionné un complexe résidentiel de la rue Mykhaïlo Hrouchevsky, à proximité immédiate de Bankova, siège de la présidence ukrainienne, à Kiev. Après quinze mois d’investigations et plus de mille heures d’écoutes téléphoniques, ils ont fouillé les appartements luxueux appartenant à un proche de Volodymyr Zelensky.
Dans le cadre de l’opération baptisée "Midas", environ soixante-dix bureaux et résidences, y compris celles de plusieurs ministres, ont été perquisitionnés et cinq personnes arrêtées. Timour Minditch, propriétaire des appartements susnommés, avait disparu quelques heures auparavant, franchissant la frontière polonaise avant de s’envoler vers Israël, dont il possède la nationalité.
Peu connu du grand public, Minditch faisait partie du premier cercle de Zelensky, un lien que le président cherche désormais à minimiser. C’est dans l’un des appartements perquisitionnés de l’homme d’affaires, au 18e étage, offrant une vue panoramique sur le Dnipro, que Zelensky avait fêté son anniversaire en 2021, en pleine période de confinement. À cette époque, l’ex-comédien devenu chef d’État vivait quelques étages plus bas. Producteur de cinéma et ancien associé de l’oligarque Ihor Kolomoïsky, il est aussi l’un des cofondateurs du studio Kvartal 95 avec Zelensky, avant que ce dernier ne cède ses parts lors de sa campagne présidentielle en 2019.
D’après plusieurs médias ukrainiens, Minditch occupe une place centrale dans le plus vaste scandale des six années et demie de présidence Zelensky. L’affaire a éclaté avec les arrestations et perquisitions la semaine dernière : des responsables actuels et anciens, dont certains dans l’entourage du président, sont accusés d’avoir manipulé des contrats d’Energoatom, l’entreprise publique de l’énergie nucléaire, afin d’en détourner une partie des fonds. Les suspects exigeaient des sous-traitants jusqu’à 15 % de la valeur des contrats conclus pour conserver leur statut de fournisseur. Selon les enquêteurs, ce réseau aurait blanchi environ 100 millions de dollars via un bureau secret à Kiev.
Des contrats prévus pour renforcer la protection des sites énergétiques ont été retardés, un cadre impliqué d’Energoatom ayant exigé des commissions supplémentaires. Ces révélations ont scandalisé une population ukrainienne qui vit au rythme des coupures d’électricité et des bombardements russes et fragilisent davantage le leadership de Zelensky, déjà sous forte pression alors que circule à Washington et Moscou une nouvelle proposition de cessez-le-feu favorable à la Russie.
"Cette affaire pourrait être une conséquence du mode de gouvernance de Volodymyr Zelensky, fondé sur la trop grande confiance accordée à un cercle restreint", explique Oleksandr Salizhenko, expert de l’ONG de surveillance de la vie politique ukrainienne Chesno. "Mais elle tient aussi à l’absence d’élections prolongée à cause de la loi martiale. Plus un dirigeant reste en fonction, plus les liens informels se développent. Tous ces facteurs ont préparé le terrain à cette crise."
"Depuis le 24 février 2022, et l’invasion russe à grande échelle, Minditch a accru son influence économique et politique. Selon le média Oukraïnska Pravda, c’est lui qui aurait conseillé à Zelensky de nommer Oleksiy Tchernychov vice-Premier ministre, et personnage clé de l’affaire Midas. Zelensky l’avait placé à la tête d’un Ministère de l’Unité spécialement créé pour lui, chargé d’aider les Ukrainiens à l’étranger à rentrer en Ukraine. "Il est difficile de mesurer ce que Zelensky savait réellement, mais il a simultanément attaqué les institutions anti-corruption, alors qu’elles enquêtaient ou inculpaient ses proches", notamment Minditch et Tchernyshov, poursuit l’analyste. Tchernyshov arrêté dans le cadre de l’opération Midas il y a deux semaines, avait déjà été limogé en juillet 2025, à la suite de son inculpation pour corruption et abus de pouvoir en juin.
Cette année, alors que l’enquête du NABU sur Energoatom s’intensifiait, ses agents ont dû faire face à des tentatives de blocage. En juillet, Ruslan Magomedrasulov, détective travaillant sur l’affaire, a été arrêté par les services de sécurité ukrainiens (SBU), une agence dirigée par un homme nommé par le président. Il reste en détention provisoire sous l’accusation d’avoir eu des liens avec la Russie. Les activistes anticorruption considèrent cette arrestation comme un obstacle délibéré à l’enquête.
Le lendemain de l’arrestation du détective, le Parlement ukrainien a adopté une loi privant le NABU et le parquet anticorruption (SAP) de leur indépendance, soumettant ainsi de facto leurs activités à un contrôle présidentiel. Zelensky a signé cette loi, mais a fait marche arrière face à des manifestations nationales massives défendant ces institutions issues de la révolution de Maïdan, en 2014.
Le NABU affirme par ailleurs qu’une partie des pots-de-vin aurait transité par des bureaux liés à Andriy Derkatch, ancien député prorusse. Des enregistrements audios laissent entendre qu’une fraction des fonds a été envoyée à Moscou. Formé à l’académie du KGB, ancien patron d’Energoatom dans les années 2000 et figure centrale du secteur énergétique ukrainien, Derkatch a siégé au Parlement ukrainien pendant vingt-cinq ans avant d’être déchu de sa nationalité en 2023. En 2022, il a fui en Russie où il a été nommé sénateur.
La société civile espère que ce scandale poussera enfin Zelensky à faire de la lutte contre la corruption une priorité. Ce dernier a tenté de réagir fermement face aux allégations. Il a exigé la démission de deux ministres, dont l’un serait impliqué dans le système de rétrocommissions d’Energoatom, et a imposé des sanctions contre Timour Minditch. Il a annoncé un audit des entreprises publiques et prévoit une réorganisation complète du ministère de l’Énergie sous une nouvelle direction. Mais, la population et plusieurs députés — y compris au sein du parti présidentiel — estiment ces mesures insuffisantes et réclament une refonte en profondeur.
Lors d’une séance parlementaire mercredi, certains députés d’opposition ont exigé un remaniement gouvernemental, voire la formation d'"un gouvernement d’unité nationale" incluant des membres de l’opposition. Une dizaine de parlementaires du parti de Zelensky ont également demandé des changements ministériels.
Certains réclament le départ d’Andriy Yermak, chef controversé du cabinet présidentiel. "Si la demande vient uniquement de l’opposition, Zelensky ne le renverra pas. Mais si elle émane d’une partie de son parti, de nos partenaires, surtout européens, il pourrait y réfléchir", prédit le politologue Volodymyr Fessenko. Le remplacer ne serait toutefois pas aisé. "Licencier Yermak maintenant équivaudrait à se couper le bras droit. Il est central dans le système de gestion de Zelensky", poursuit ce spécialiste. Lors d’une réunion très attendue avec des figures de son parti jeudi soir, le président a exclu tout nouveau départ. S’il est fragilisé, "Zelensky lui-même n’est pas menacé et personne n’appelle à sa démission, d’autant qu’il n’est pas cité dans l’affaire", avance Volodymyr Fessenko. "L’opposition sait qu’une vacance du pouvoir serait catastrophique et même dangereuse pour l’Ukraine", ajoute-t-il.
"Chaque scandale de corruption entraîne des licenciements ponctuels, mais ce n’est pas suffisant. Les responsables doivent aussi être jugés lors d’un procès, conformément à la législation ukrainienne", s’insurge Oleksandr Salizhenko, de l’ONG Chesno. De fait, le bureau du procureur spécial anticorruption se plaint régulièrement du manque de moyens pour engager les procès des suspects. Cette situation sert de levier au pouvoir pour retarder les procédures jusqu’à ce que les délais de prescription expirent. L’affaire est loin d’être close. Les enquêteurs ont en effet souligné à plusieurs reprises que de nouvelles révélations sont à venir.

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La Commission européenne a annoncé vendredi 21 novembre lancer une procédure d'infraction contre la Slovaquie après des changements constitutionnels visant à faire primer le droit national sur le droit européen.
Adoptés en septembre, ces amendements stipulent entre autres que "la Slovaquie conserve sa souveraineté en matière d'identité nationale (...), de santé, de science, d'éducation" ou "d'état civil" et restreignent les droits des couples de même sexe. Autant de modifications qui avaient été présentées comme une "étape historique" pour le Premier ministre nationaliste, Robert Fico. Mais la Commission les juge contraires "au principe de primauté du droit européen".
L'exécutif européen assure avoir fait part de ses préoccupations auprès de autorités slovaques "avant l'adoption des amendements" et regrette qu'elles "n'aient pas été prises en compte".
La Slovaquie dispose désormais de deux mois pour répondre aux préoccupations soulevées par la Commission, mais Robert Fico a d'ores et déjà affirmé vendredi qu'il n'envisageait pas de modifier l'amendement. "Je peux confirmer à cent pour cent qu'il n'y aura aucun changement", a-t-il déclaré aux journalistes.
La Hongrie voisine de Viktor Orban a adopté des mesures similaires et fait aussi l'objet d'une procédure d'infraction de l'Union européenne. Par le passé, la primauté du droit européen avait déjà été remise en cause en 2021 par la Pologne en violation des traités, selon Bruxelles.

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