Ukraine : sur le champ de bataille, l’IA décuple la précision des frappes

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L’hiver approche, et avec elle la bataille de l’énergie et de la chaleur. Kiev est une nouvelle fois victime de vastes bombardements, ce vendredi 14 novembre. Les frappes russes ont fait au moins quatre morts et ont réussi à priver certains quartiers de chauffage. Huit des dix districts de la capitale ont été touchés par les frappes, selon les secours, et la municipalité a averti que les transports en commun seraient affectés ce vendredi matin. L’Ukraine de son côté a lancé plus de 200 drones sur la Russie, avec pour but de mettre hors service une raffinerie pétrolière de la côte. Les négociations de paix entre Kiev et Moscou sont au point mort après le report d'un sommet à Budapest qui avait été évoqué entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Les infos à retenir
⇒ Kiev frappée par une attaque russe massive
⇒ L’Ukraine a visé une raffinerie en Russie
⇒ Emmanuel Macron recevra Volodymyr Zelensky lundi à Paris
Emmanuel Macron recevra le président ukrainien Volodymyr Zelensky lundi à Paris, pour une visite visant à "réaffirmer l'engagement de la France aux côtés de l’Ukraine" et à "entretenir la dynamique du travail engagé sur la question des garanties de sécurité" de Kiev, selon l'Elysée.
Cette neuvième visite de Volodymyr Zelensky en France depuis le début de la guerre menée depuis 2022 par la Russie "permettra de réaffirmer l’engagement de la France aux côtés de l’Ukraine sur le long terme et d’entretenir la dynamique du travail engagé sur la question des garanties de sécurité" dans le cadre de la "coalition des (pays) volontaires" en soutien de Kiev, détaille la présidence. Elle permettra également "d’échanger sur les enjeux de coopération bilatérale, notamment dans les domaines énergétique, économique et de défense".
La capitale ukrainienne a subi tôt ce vendredi une vaste attaque de missiles et de drones russes, qui a touché de nombreux districts et fait au moins quatre morts. De fortes explosions ont retenti. "Les Russes frappent des immeubles résidentiels ; de nombreux bâtiments hauts sont endommagés dans presque chaque district", a déclaré le chef de l’administration militaire de Kiev, Timour Tkatchenko. "Quatre personnes ont été tuées (...), environ 430 drones et 18 missiles ont été utilisés", a déclaré Volodymyr Zelensky, accusant la Russie d'une "attaque calculée pour causer un maximum de dommages à la population et de dégâts aux infrastructures civiles".
La police a précisé qu'une trentaine d'immeubles résidentiels avaient été endommagés dans les frappes nocturnes. Le maire de Kiev, qui avait appelé la population à se réfugier dans les abris, a indiqué que "les forces de défense aérienne opèrent à Kiev". Plusieurs incendies se sont déclarés. "Des sections des réseaux de chauffage ont été endommagées" privant temporairement certains bâtiments de chaleur, a-t-il précisé.
À Irpin, localité de la région de Kiev, le maire a décrit une "nuit difficile" marquée par le passage de multiples drones Shahed et missiles. Dans le sud du pays, deux personnes ont été tuées et sept autres blessées vendredi matin sur un marché près d'Odessa, selon le gouverneur régional. La Russie multiplie depuis des semaines les frappes contre les infrastructures civiles, énergétiques et ferroviaires ukrainiennes, alors que l’hiver approche. Moscou a déclaré ce vendredi, comme à son habitude, avoir visé "des installations du complexe militaro-industriel et énergétique" de l'Ukraine.
La Russie a annoncé vendredi avoir intercepté dans la nuit 216 drones ukrainiens. Cette attaque a notamment endommagé une raffinerie de pétrole dans la ville portuaire sur les bords de la mer Noire, Novorossiïsk, dans la région de Krasnodar. L’attaque a également endommagé un immeuble résidentiel de la ville, où des vitres ont été brisées et un homme a été blessé, selon la même source, ainsi qu’un bateau civil et blessé trois membres d’équipage. Kiev vise régulièrement les dépôts et raffineries de pétrole et d’autres installations en Russie, pour tenter d’affaiblir le Kremlin via des manques d’énergie.
Des démineurs nord-coréens ont été déployés dans la région russe de Koursk, qui avait été partiellement occupée par les forces ukrainiennes entre août 2024 et le printemps 2025, a indiqué vendredi le ministère russe de la Défense. Formés dans des centres russes pour ingénieurs militaires, les démineurs nord-coréens, dont le nombre n'est pas précisé, sont assistés par des robots dans cette région où des "centaines" de mines, obus ou engins explosifs restent encore après l'expulsion des forces ukrainiennes, selon la même source.
Fin juin, la Russie a annoncé que Pyongyang allait envoyer plusieurs milliers de démineurs militaires et des ouvriers de l'armée nord-coréenne pour aider à la reconstruction de la région de Koursk. Début novembre, la Corée du Sud a affirmé qu'environ 5 000 soldats nord-coréens avaient été envoyés en Russie depuis septembre à ces fins, en citant ses services de renseignement.
L’ancien président géorgien emprisonné, Mikheïl Saakachvili, également citoyen ukrainien, a demandé jeudi à Volodymyr Zelensky d’être inclus dans un échange de prisonniers avec la Russie. Sur Facebook, il affirme être "illégalement détenu par le régime prorusse en Géorgie". La semaine dernière, le parquet géorgien l’a inculpé pour tentative de coup d’État, ce qui pourrait prolonger son incarcération. Dirigeant pro-occidental de la Géorgie de 2004 à 2013, Mikheïl Saakachvili a obtenu la nationalité ukrainienne en 2015, lorsqu’il était gouverneur de la région d’Odessa. Volodymyr Zelensky avait déjà demandé son transfert en Ukraine pour y recevoir des soins, une requête rejetée par Tbilissi.

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Le ton monte entre la Chine et le Japon. Pékin a indiqué vendredi 14 novembre avoir convoqué l’ambassadeur japonais après des déclarations jugées "extrêmement graves" de la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi, qui a laissé entrevoir une possible intervention militaire pour défendre Taïwan, île vivement revendiquée par la Chine. Malgré la réaction virulente de Pékin, Tokyo a assuré que sa position sur Taïwan restait "inchangée" et a plaidé pour "la paix et la stabilité" dans le détroit, tout en favorisant le dialogue.
Sanae Takaichi, connue pour ses positions nationalistes radicales et ses critiques virulentes de Pékin, est à la tête du gouvernement nippon depuis le 21 octobre. Elle est aussi fervente partisane de Taïwan, qu’elle a visité à plusieurs reprises comme députée. Ses déclarations sur l’île ont immédiatement ravivé les tensions bilatérales, dans un contexte où le Japon et la Chine entretiennent des relations tumultueuses malgré des liens commerciaux importants.
Le 7 novembre, devant le Parlement japonais, elle a affirmé que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île, au titre de la "légitime défense collective" prévue par la loi japonaise de 2015. Selon elle, une situation d’urgence à Taïwan "pourrait constituer une menace pour la survie du Japon" et justifierait "le déploiement de navires de guerre et le recours à la force". "La situation concernant Taïwan est devenue si grave que nous devons envisager le scénario du pire", a-t-elle ajouté.
Si elle n’a pas nommé la Chine, la référence est implicite : Pékin considère Taïwan comme une province à réunifier depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949 et n’exclut pas le recours à la force pour cela. Le porte-parole chinois des Affaires étrangères a rappelé que "Taïwan est le Taïwan de la Chine. Comment résoudre la question de Taïwan et réaliser la réunification est une affaire intérieure de la Chine qui ne tolère aucune ingérence étrangère".
"Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Sun Weidong, a convoqué jeudi l’ambassadeur du Japon en Chine, Kenji Kanasugi, afin de protester fermement contre les propos et les agissements erronés de la Première ministre japonaise", a indiqué vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères. Le vice-ministre a souligné lors de cette rencontre que "la nature et l’impact de ces déclarations sont extrêmement graves" et a dénoncé les propos "ouvertement provocateurs" que Sanae Takaichi a "refusé de retirer" malgré les protestations chinoises.
D’autres voix en Chine se sont faites plus virulentes encore que celles du gouvernement. En réponse aux déclarations de Sanae Takaichi, le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, a notamment menacé samedi sur la plateforme X de "couper cette sale tête sans la moindre hésitation", sans préciser qui il visait exactement.
Face à cette montée des tensions, la Première ministre japonaise a déclaré lundi au Parlement qu’elle n’avait pas l’intention de revenir sur ses propos, affirmant qu’ils étaient conformes à la position antérieure de Tokyo, tout en précisant qu’elle s’abstiendrait désormais de mentionner des scénarios précis. D’autres membres de son gouvernement ont tenté par la suite d’apaiser la montée en tension diplomatique. Le secrétaire général du gouvernement japonais, Minoru Kihara, a quant à lui rappelé vendredi que "c’est la position constante du gouvernement japonais que nous espérons une résolution pacifique des problèmes entourant Taïwan par le dialogue".
La posture de Sanae Takaichi inquiète d’autant plus Pékin que la Première ministre souhaite renforcer les capacités militaires du Japon, avec un objectif de dépenses de défense à 2 % du PIB. Le Washington Post rappelle que le pays, méfiant face aux démonstrations de la puissance militaire chinoise, a aussi "pris ces dernières années des mesures notables pour renforcer sa défense, y compris en acquérant des capacités de contre-attaque, c’est-à-dire la possibilité de frapper des bases ennemies avec des missiles longue portée et de coordonner ces actions avec les États-Unis".
Yasuhiro Kawakami, expert en sécurité interrogé par le Washington Post, estime que "la Chine s’abstiendra probablement de nouvelles réactions. Étant donné les relations très tendues entre les États-Unis et la Chine, il existe un désir fondamental de la part des Chinois d’améliorer les relations Japon-Chine. Pousser le Japon trop dans le camp américain ne serait pas non plus dans l’intérêt de la Chine, et je crois que la Chine le reconnaîtra".
La question de Taïwan reste hautement sensible pour Pékin, qui y voit une question de souveraineté. Elle est encore plus délicate dans les relations avec Tokyo, le Japon ayant contrôlé l’île entre 1895 et 1945. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères a rappelé à l’ambassadeur japonais : "Aujourd’hui, 80 ans plus tard, quiconque osera entraver la grande cause de l’unification de la Chine, sous quelque forme que ce soit, se heurtera à une riposte cinglante de la part de la Chine !".

© afp.com/Chalinee Thirasupa