Ukraine: la diplomatie russe regrette les «lent progrès» dans les négociations et tacle les Européens
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Une proximité qui grandit. En Allemagne, les responsables du parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) accroissent leurs liens avec le camp conservateur de Donald Trump aux Etats-Unis. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le milliardaire républicain et ses soutiens perçoivent la formation allemande, critiquée outre-Rhin pour ses positions xénophobes, comme un potentiel allié en Europe. Au moment où la plupart des dirigeants du Vieux Continent sont frontalement visés par le président américain, qui les considère comme "faibles", l'AfD est à l'inverse publiquement flatté par les responsables de la sphère Maga ("Make America Great Again").
Dernier rapprochement en date : la participation de plusieurs élus du parti allemand à un gala d'un club de jeunes du Parti républicain organisé mi-décembre à New York (Etats-Unis). Markus Frohnmaier, proche de la dirigeante de l'AfD, Alice Weidel, a été célébré pendant cette soirée. Invité d'honneur de l'événement, il a même été invité à s'exprimer pour l'occasion à la tribune. "Notre club continue d'exiger un nouvel ordre bourgeois dans votre pays, dans lequel une AfD triomphante est ce que craignent le plus les gardiens de l'ordre libéral défaillant", est-il mentionné sur le carton d'invitation de la soirée, relayé par Politico. Au total, une vingtaine de représentants de la formation allemande étaient également présents lors de ce rassemblement.
Si l'invitation peut paraître anecdotique, elle témoigne en réalité des connexions toujours plus étroites entre ces personnalités politiques de part et d'autre de l'Atlantique. Markus Frohnmaier est d'ailleurs le porte-parole de l'AfD en matière de politique internationale. Lors du gala, il a assuré que sa présence visait à "montrer qu'il existe encore des partenaires en Allemagne" pour les Etats-Unis. "Mes amis américains, l'alliance entre patriotes américains et allemands est le cauchemar des élites libérales", a-t-il exhorté, devant des dizaines de jeunes supporters de Donald Trump.
Cette rhétorique, qui rappelle l'idéologie mise en avant par l'administration républicaine à l'égard de ses adversaires démocrates, est aussi entretenue par les proches du président américain. Ces dernières semaines, plusieurs responsables du département d'Etat ont ainsi rencontré des représentants de l'AfD, rapporte Bloomberg. Un rendez-vous entre Alice Weidel et un important diplomate américain aurait également eu lieu au début de l'automne, selon la même source. "Conformément à la pratique courante, les missions diplomatiques américaines dialoguent régulièrement avec des représentants d'un large éventail de partis et de personnalités politiques", a réagi auprès du média économique le département d'Etat.
Pour le camp Trump, l'idéologie nationaliste de l'AfD semble compatible avec sa vision des relations internationales, récemment détaillée dans sa "stratégie de défense nationale". Ce document multiplie les critiques acerbes contre les Européens, notamment à propos du contrôle de leurs frontières. Le texte défend ainsi l'idée d'un prétendu "effacement civilisationnel" si les dirigeants du continent ne prennent pas de nouvelles mesures importantes pour limiter l'immigration. Or, ce thème est justement l'un des sujets phares de l'AfD en Allemagne, qui a fait de la lutte contre les étrangers en situation irrégulière un cheval de bataille.
Mi-février, lors de la conférence de Munich, le vice-président J.D. Vance avait justement lancé une lourde charge contre les responsables européens, les appelant à rompre le "cordon sanitaire" avec ce genre de formations politiques populistes de droite. Il s'était d'ailleurs entretenu avec Alice Weidel lors de ce déplacement en Allemagne. En mai, la qualification de l'AfD par les services secrets allemands comme une organisation "extrémiste de droite" avait fait bondir le numéro 2 américain. "L'AfD est le parti le plus populaire d'Allemagne, et de loin le plus représentatif de l'Allemagne de l'Est", avait-il dénoncé sur le réseau social X. "Aujourd'hui, les bureaucrates tentent de le détruire." Cette dénomination avait finalement été suspendue après une plainte du parti.
Dans le pays, les dirigeants des partis traditionnels, y compris la CDU de Friedrich Merz, continuent de défendre la règle du "Brandmauer" ("pare-feu") pour éviter toute dédiabolisation de l'AfD. "Nous ne travaillons pas avec un parti hostile aux étrangers, antisémite, qui abrite des extrémistes de droite et des criminels dans ses rangs, qui flirte avec la Russie et veut se retirer de l’Otan et de l’Union européenne", avait déclaré le chancelier allemand en janvier dernier, alors qu'il n'avait pas encore accédé au pouvoir. Dans les urnes, la formation a en tout cas réalisé un score historique aux élections fédérales de février dernier, réunissant 20,8 % des voix. Un résultat qui fait d'elle la seconde force politique allemande, derrière la CDU-CSU, mais devant les sociaux-démocrates du SPD.

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