TEST Ninja Gaiden 4 : un retour à double tranchant
Une décennie après Ninja Gaiden 3, la célèbre saga d’action signe enfin son grand retour. Avec son gameplay toujours aussi exigeant et brutal, Ninja Gaiden 4 remet les pendules à l’heure du ninja moderne. Mais derrière ses combats nerveux et sa mise en scène stylisée, ce come-back tant attendu parvient-il vraiment à renouer avec la légende ?
Testé sur PC grâce à une version numérique envoyée par l’éditeur
Ninja Guedin, le quatrième
Après plus de dix ans d’absence depuis Ninja Gaiden 3, la légendaire série d’action signe son grand retour avec Ninja Gaiden 4. Le jeu se déroule dans un Tokyo dystopique en proie au chaos, envahi par des forces démoniaques liées au Dark Dragon. Le joueur y incarne Yakumo, un jeune ninja du clan Raven, dont le destin croise celui de Ryu Hayabusa, héros emblématique de la saga, qu’il tient pour responsable de la chute de son clan. Développé conjointement par Team Ninja et PlatinumGames, le titre symbolise à la fois un hommage au passé et une relance ambitieuse pour une franchise mythique du jeu d’action. Sa sortie marque un tournant pour les fans et pour tous ceux qui attendent le retour d’un véritable défi à l’ancienne.

Ce nouvel opus introduit des mécaniques inédites, notamment la forme du Corbeau Sanglant, qui permet à Yakumo de manipuler le sang pour renforcer ses attaques, tout en conservant le gameplay nerveux et punitif propre à la série. Avec des affrontements toujours aussi intenses, une mise en scène modernisée et un monde plus sombre et dystopique, Ninja Gaiden 4 cherche à renouveler la formule sans trahir son héritage. Avec cet épisode, Platinum Games semble avoir voulu démontrer son expertise en la matière en faisant de Ninja Gaiden 4 une sorte de Best Of de ses différentes productions, en s’inspirant aussi bien de Bayonetta, Metal Gear Rising: Revengeance que d’Astral Chain.
Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un katana
Le cœur du gameplay de Ninja Gaiden 4 reste fidèle à l’ADN de la série : un système de combat exigeant, nerveux, où chaque erreur peut potentiellement se payer cher. On y retrouve la fluidité et la brutalité caractéristiques de la licence, mais avec une profondeur modernisée. Le nouveau protagoniste, Yakumo, incarne cette évolution : rapide, acrobatique, et doté d’un arsenal sanglant centré sur le mode forme du Corbeau Sanglant, une transformation qui lui permet de canaliser le sang des ennemis pour déchaîner des attaques dévastatrices et briser les défenses adverses.

Cette nouvelle mécanique s’intègre à un système déjà dense, où combos, parades et contres s’enchaînent avec une précision millimétrée. Les vétérans retrouveront les mouvements emblématiques comme l’Izuna Drop ou le démembrement, mais pourront désormais alterner les armes en plein combo et profiter d’une mobilité accrue grâce au grappin et aux courses murales. La structure des affrontements repose sur le timing, la lecture des patterns ennemis et la gestion du risque. Comme d’habitude dans Ninja Gaiden : chaque victoire se mérite.
Le système de marchand de Ninja Gaiden 4 prend une forme originale et parfaitement intégrée à l’univers du jeu. À intervalles réguliers, Yakumo croisera un écran interactif contrôlé à distance par sa coéquipière Umi, toujours accompagnée d’un corbeau aux yeux rouges annonçant l’arrivée de Tyran, un maître du clan du Corbeau. Par l’intermédiaire d’Umi, le joueur peut acheter des consommables, ou accepter des quêtes secondaires offrant des points, des objets ou des bonus à équiper une fois accomplies. Tyran, lui, remplit un rôle plus martial : il propose à Yakumo d’acquérir de nouvelles techniques et enchaînements, approfondissant ainsi la maîtrise du combat et la progression du personnage. Yakumo pourra aussi améliorer ses armes via un menu accessible par pression du bouton start à n’importe quel moment.

Malgré une offre alléchante sur le papier, le gameplay de Ninja Gaiden 4 n’est pas exempt de défauts. S’il faut reconnaître au titre une nervosité exemplaire et un véritable plaisir à découper ses adversaires dans des combats aussi sanglants que techniques, la formule finit par tourner en rond. Malgré la richesse apparente de ses mécaniques et la variété de ses combos, Yakumo ne manie en réalité que quatre armes principales tout au long de l’aventure, ce qui limite la diversité des approches. Le bestiaire, bien que visuellement réussi, manque également de renouvellement et les séquences d’action et de plateforme finissent par se répéter selon un schéma trop prévisible. Passées les cinq premières heures de jeu, intenses et grisantes, Ninja Gaiden 4 peine à surprendre, offrant une seconde moitié d’expérience plus routinière que transcendantale.
Ninja Gaiden (PS)4
Sur le plan technique, Ninja Gaiden 4 peine à impressionner. S’il se montre fluide et réactif en toutes circonstances, son moteur graphique trahit des origines un peu datées. Certains décors rappellent davantage un titre PS4, voire un remaster de jeu PS3, que la génération actuelle de consoles. Les textures manquent parfois de finesse, les environnements sont assez vides, et le character design, bien que cohérent avec l’univers de la série, manque de relief et de personnalité. Fort heureusement, la direction artistique parvient à sauver l’ensemble, grâce à des éclairages stylisés et une atmosphère urbaine et montagneuse poisseuse qui collent parfaitement à la tonalité sombre du récit.

Ce sacrifice visuel a au moins le mérite d’assurer une expérience d’une fluidité exemplaire. Le jeu tourne sans accroc, sans crash ni chute de framerate, et peut même atteindre les 200Hz sur les écrans compatibles, offrant une réactivité redoutable en combat. En revanche, certaines cinématiques sont étrangement limitées à 30 fps, un choix qui crée une cassure perceptible avec la nervosité du gameplay et nuit légèrement à l’immersion. Malgré ces limites techniques, Ninja Gaiden 4 reste stable et plaisant à l’œil dans l’action, privilégiant la performance pure à la démonstration visuelle.
Le level design de Ninja Gaiden 4 marque une vraie évolution par rapport aux précédents volets. Moins linéaire, il offre des environnements plus ouverts et denses en contenu secondaire. Chaque niveau regorge d’activités annexes : purification de Purgatoires (des arènes de combat à vagues avec conditions particulières), affrontements optionnels contre des boss cachés et quêtes secondaires liées à Umi. Ces détours ne sont pas de simples à-côtés : ils enrichissent la progression, offrent des récompenses tangibles et encouragent l’exploration méthodique de chaque zone.
De nombreux secrets se dissimulent dans les recoins des cartes, certains accessibles uniquement après avoir débloqué des techniques spécifiques, ce qui pousse naturellement à la rejouabilité. Cette structure donne au jeu une dimension presque metroidvania, invitant le joueur à revenir dans les anciens niveaux pour en percer tous les mystères. Comptez environ dix heures pour boucler une première partie en difficulté normale, mais jusqu’à quinze (voire plus) pour ceux qui chercheront à tout découvrir, un bon équilibre entre densité de contenu et rythme d’action.

La bande-son de Ninja Gaiden 4 s’impose comme l’un des points forts du jeu. Mêlant sonorités électroniques, accents métal et nappes plus éthérées, elle accompagne parfaitement la nervosité des combats tout en soulignant la dimension mystique de l’univers. Certaines pistes chantées, notamment lors des secondes phases de boss, rappellent ouvertement l’approche de Metal Gear Rising: Revengeance et insufflent une énergie galvanisante aux affrontements. On y retrouve d’ailleurs le chanteur Victor Borba, déjà remarqué pour ses performances dans Devil May Cry 5 et Clair Obscur: Expedition 33, dont la voix puissante donne un vrai relief aux séquences d’action les plus intenses.
Le jeu propose un doublage intégral en anglais ou en japonais. Si les deux versions sont de bonne qualité, la version japonaise se distingue par un ton plus dramatique et une justesse d’interprétation qui colle bien à l’esprit de la série, malgré des timbres de voix parfois très stéréotypés. L’ensemble contribue à une expérience sonore immersive, rythmée et parfaitement en phase avec l’identité de Ninja Gaiden 4, entre modernité et héritage.
Verdict
Bien que Ninja Gaiden 4 ait été un réel plaisir à parcourir, on en ressort avec un sentiment mitigé. Passée une première moitié grisante, le jeu peine à se renouveler et sombre dans une répétitivité marquée, recyclant certains environnements, même quelques boss, là où l’on aurait espéré davantage d’ambition après plus de dix ans d’absence. Ce qui sauve véritablement l’expérience, c’est son gameplay nerveux, précis et jouissif, capable d’offrir un vrai défi tout en restant accessible grâce à plusieurs niveaux de difficulté bien pensés. Yakumo, nouveau visage de la série, s’avère intéressant mais ne parvient pas encore à éclipser l’aura et le charisme indélébile de Ryu Hayabusa. Ninja Gaiden 4 réussit son retour sur la scène de l’action pure, mais il lui manque ce supplément d’âme et de renouvellement qui aurait pu en faire un grand come-back. Reste à savoir si Yakumo deviendra réellement le nouveau héros de la franchise… ou simplement l’ombre de son illustre prédécesseur.
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