TEST No Sleep For Kaname Date – From AI: THE SOMNIUM FILES : quand l’enquête psychologique rencontre l’escape game
Prévu pour l’été 2025, No Sleep For Kaname Date – From AI: THE SOMNIUM FILES fait partie de ces jeux qui vous intriguent sans prévenir. Quand un jeu Spike Chunsoft sort, on est irrésistiblement attiré par lui. Avec son univers néo-futuriste étrange, ses personnages aussi humains que déconcertants, avec un humour pince-sans-rire parfois borderline, ce visual novel signé Kotaro Uchikoshi (Zero Escape) propose une enquête aussi originale que les deux autres jeux de la franchise AI: THE SOMNIUM FILES. Flirtant habilement entre thriller psychologique, science-fiction et introspection, No Sleep For Kaname Date décide de prendre plusieurs chemins au sein d’un même jeu. Dans ce titre unique en son genre, les frontières entre rêve et réalité s’effacent, et chaque instant passé aux côtés des protagonistes du jeu devient une véritable plongée dans l’inconscient collectif ou vers des contrées extraterrestres.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Kaname Date reprend du service (et ça ne va pas être de tout repos)
Avant d’entrer dans l’histoire de No Sleep For Kaname Date, il est intéressant de s’intéresser d’abord à l’histoire AI: THE SOMNIUM FILES. En effet, il est recommandé de faire ce premier opus avant de se lancer dans No Sleep For Kaname Date. Cependant, il n’est en aucun cas obligatoire de le faire. Cela apportera simplement plus de contexte et de profondeur à l’histoire proposée. Ce premier épisode débute donc dans un Tokyo futuriste, où un tueur en série sème la terreur en laissant derrière lui des corps mutilés – un œil en moins. L’inspecteur Kaname Date, accompagné de l’IA Aiba implantée dans son œil gauche, est chargé de l’enquête. Or, l’affaire prend une tournure plus personnelle, mêlant passé refoulé, drames familiaux et souvenirs effacés. Des personnages hauts en couleur font leur apparition comme Iris Sagan dit A-Set, une idole d’internet et musicienne, Ota Matsushita, un geek dans toute sa puissance fan d’A-Set ou encore de Mizuki Okiura, une jeune fille à fort caractère prête à tout pour ceux qu’elle aime.
No Sleep For Kaname Date prend place quelques temps après la fin d’AI: THE SOMNIUM FILES, mais avant AI : The Somnium Files – nirvanA Initiative. Ce visual novel peut être vu comme une sorte de DLC disponible pour enrichir l’univers et apporter de nouveaux moments auprès de nos protagonistes préférés. Ici, Kaname Date, un homme brisé avec ses plaisanteries douteuses, fait à nouveau équipe avec l’AI-Ball, Aiba, pour s’attaquer à une affaire mystérieuse et sauver Iris Sagan, une idole d’internet qui a été forcée de participer à un dangereux escape game, kidnappée par des extraterrestres. Les extraterrestres veulent trouver les humains les plus qualifiés et les plus capables pour créer une nouvelle espèce sur terre et supprimer l’ancienne. Le but de ces petits hommes verts est de créer un nouvel ordre mondial (New Word Order), un monde meilleur en quelque sorte. L’histoire se veut dans un premier temps légère, mais réservera de nombreuses surprises. Elle adoptera un côté plus mature, mais aussi dérangeant dans certains moments. L’écriture se veut toujours aussi fine et complète de la part de Kotaro Uchikoshi (Zero Escape), qui maîtrise ses thèmes à la perfection.

Contrairement à ses prédécesseurs, ce volet adopte une structure plus linéaire, sans les multiples embranchements narratifs habituels. En effet, le joueur suit un chemin principal, ponctué de fins annexes – certaines sombres, d’autres absurdes ou bien profondément émouvantes. Le jeu s’articule entre 3 phases différentes de gameplay qui seront expliquées en détail plus tard dans ce test : l’investigation / QTE, le somnium et le petit dernier, mais aussi nouveau pour la série : l’escape.
La durée de vie du jeu sera d’une dizaine d’heures, qui pourra être revue à la hausse selon le temps que vous prendrez pour trouver les fins ou tout simplement pour résoudre les énigmes de la section escape. L’ensemble est parfaitement maîtrisé, où chaque phase de jeu et de retournement de situation tombent pile au bon moment. On se surprend à s’interroger sur la nature de l’identité, la mémoire, les choix de vie, entre la réalité et la fiction. Une immersion à la fois intime, étrange et percutante.
Trois phases et mille façons de douter
Si No Sleep For Kaname Date est avant tout une expérience narrative, chaque interaction a du sens. Le jeu alterne entre 3 phases différentes de jeu dont la difficulté est modulable en début de partie. Il y a le choix entre le mode story, le mode easy ou le mode standard. Bien évidemment, la difficulté recommandée est le mode standard qui offre une expérience de jeu la plus complète, même si elle reste la plus stressante. Dans le cadre de ce test, nous avons opté pour la difficulté standard qui s’est révélée parfaitement équilibrée. Pour ceux souhaitant vivre l’expérience tranquillement, le mode story est recommandé.

Dans la continuité des deux autres jeux, les phases d’Investigation/QTE permettent à Kaname Date de récolter des indices, d’interroger les suspects et de confronter leurs témoignages. Le système reste classique sous forme d’enquête de terrain à la 3e personne en mode point and click, mais cohérent et gagnant : cliquez, observez, recoupez les infos, analysez. Mais c’est là que la narration signée Kotaro Uchikoshi (Zero Escape), fait toute la différence. Chaque échange avec Aiba apporte une touche d’humour, de complicité ou de tension bien sentie. À cela s’ajoutent des QTE bien intégrés : certains moments clés de l’histoire se passent sous forme de cinématique, sont ponctués d’événements à choix rapides ou d’interactions dynamiques. Rien de punitif ici, mais une façon efficace de garder le joueur engagé dans l’instant.
Cependant, impossible de parler d’un jeu AI: THE SOMNIUM FILES sans évoquer les fameuses séquences Somnium. Dans ces phases, on explore l’inconscient d’un personnage, matérialisé sous la forme d’un rêve interactif, délirant et souvent très dérangeant. Chaque élément du décor, chaque interaction suit une logique propre, parfois absurde, parfois terriblement révélatrice. Ce ne sera que quelques temps plus tard qu’on comprendra que chaque élément proposé y trouvera sa place.
Aiba devient alors notre avatar principal et le joueur doit résoudre des énigmes ou choisir des directions pour progresser dans ce labyrinthe mental. Le tout sous une contrainte de temps de 6 minutes maximum, avec un nombre d’actions limité où chacune réduit le compteur, mais vous donne des bonus pour réduire ou augmenter ce délai pour les prochaines actions. Dans No Sleep For Kaname Date, ces moments sont maîtrisés avec brio. L’imaginaire visuel y est toujours aussi inspiré – entre paysages impossibles, symboles brisés et décors qui changent sous nos yeux -, les émotions qu’ils transmettent n’en sont que plus fortes. À chaque réveil, une partie du puzzle se révèle… mais de nouvelles zones d’ombre s’installent. Rien n’est laissé au hasard jusqu’à la fin du jeu.

Grande nouveauté de ce volet : les moments Escape, qui empruntent clairement aux codes du genre escape game. Cette fois, vous incarnez Iris Sagan, alias A-set, piégée dans une pièce truffée d’énigmes. L’ambiance passe alors en vue à la troisième personne, dans un décor 3D que l’on explore librement à la recherche d’indices, d’objets ou de codes cachés dans chaque recoin de la pièce. Chaque détail peut être la clé, et le joueur est poussé à sortir son papier et son crayon pour noter les éléments cruciaux. Cependant, aucune notion de temps n’est présente. Pas la peine de se précipiter pour trouver la clé de l’énigme, c’est un escape game, mais dans une ambiance plus légère. Ou presque.
Au fil du récit, Iris sera accompagnée d’Ota Matsushita, apportant sa propre sensibilité et ses réactions toujours très caractéristiques face à la pression. Jamais dans les mêmes salles, chacun vivra ses propres énigmes avec des indices différents, mais intrinsèquement liés. L’un comme l’autre devront faire preuve d’observation, de logique et de sang-froid pour progresser dans ces salles piégeuses, jusqu’à la dernière, The Third Eye.

Ici, plus de sécurité : un compte à rebours s’installe, la musique s’emballe, le danger est palpable. On sent le cœur qui accélère, les mains qui hésitent, les erreurs qui coûtent cher. Et surtout, une menace claire : si vous échouez, Iris n’en sortira pas indemne. Cette mécanique, inédite dans la licence, apporte une tension nouvelle, tout en conservant l’ADN narratif du jeu. Elle nous fait passer du rêve à la réalité avec une intensité rare.
Plus proche du deuxième opus que du premier
Si No Sleep For Kaname Date s’inscrit dans la continuité directe d’AI: THE SOMNIUM FILES, il ne se contente pas de répéter une formule déjà éprouvée. Bien au contraire, il apporte plusieurs évolutions qui renforcent l’immersion et la richesse du gameplay, tout en conservant l’essence qui a fait le succès de la franchise. D’abord, les fameuses séquences Somnium gagnent en ampleur et en liberté. Les phases de Somnium ressemblent plus au second opus qu’au premier : plus grands, plus ouverts, et parfois non linéaires, incitant le joueur à explorer et expérimenter plus librement. Le rythme s’en trouve allégé, laissant davantage place à la réflexion et à la découverte, plutôt qu’à la notion du temps restant qui s’avère très stressante.
L’autre ajout notable, qui ravira les fans de la série, est l’introduction du Wink Psync. Ce mini Somnium ultra-court, qui nous plonge dans la pensée très spécifique d’un suspect, enrichit la phase d’enquête en offrant des indices précieux souvent sous forme de révélations subtiles. Une nouvelle manière de creuser les profils psychologiques tout en dynamisant le déroulement de l’intrigue.

Enfin, et c’est sans doute la grande nouveauté de cet opus, la session Escape propose une immersion nouvelle. Cette phase d’exploration en temps réel, ponctuée d’énigmes à résoudre sans pression de temps (sauf dans la séquence finale au suspense palpable), renouvelle le gameplay et invite à une immersion sensorielle complète. Il apporte également un vent de fraîcheur, multipliant la réflexion et obligeant à jongler entre observation fine et logique pure, papier et crayon à la main.
Une expérience sensorielle riche, avec ses quelques imperfections
Visuellement, No Sleep For Kaname Date conserve ce mélange efficace d’ambiance futuriste et de détails soignés. Les environnements, parfois épurés, collent parfaitement à l’atmosphère mystérieuse et psychologique du récit. Les personnages, quant à eux, gagnent en expressivité, renforçant l’immersion dans cet univers à la fois familier et décalé. Toutefois, on regrette que la Nintendo Switch ne tire pas pleinement parti de ses capacités, notamment avec un écran tactile qui reste sous-exploité, là où une interaction plus intuitive aurait pu améliorer le confort de jeu notamment dans les sessions Escape.
La musique accompagne parfaitement l’expérience, notamment lors des moments de tension où elle s’emballe avec justesse. Le thème d’introduction, mélancolique et envoûtant, marque durablement l’esprit, posant dès les premières minutes une ambiance particulière qui suivra tout le long du jeu. L’ambiance sonore générale, souvent discrète mais efficace, soutient bien le rythme de l’aventure sans jamais en faire trop. Et même si elle ne manque pas de charme, elle n’offre pas une expérience aussi forte qu’à travers un Zero Escape, un Danganronpa ou un Ace Attorney. Le voice acting a été conservé d’un opus à un autre, ce qui ravira plus d’un fan, toujours d’une grande qualité et aussi déjantée que les autres opus.

Côté positif, le jeu est fluide, avec un gameplay sans accroc. Le système de récapitulatif en début de session de jeu est bien pensé et permet de faire des sessions courtes comme longues, un vrai plus pour les joueurs occasionnels. Le tutoriel intégré à chaque nouvelle mécanique d’énigme facilite la prise en main, même pour les novices, et la possibilité d’ajuster la difficulté en cours de session Escape évite la potentielle frustration.
Cependant, quelques défauts subsistent. Le plus notable reste l’absence totale de prise en charge du français, que ce soit à l’écrit ou à l’oral, ce qui pourra freiner une partie du public francophone. Les récapitulatifs ne sont pas sous-titrés, ce qui peut poser problème à ceux qui souhaitent suivre l’intrigue sans maîtriser parfaitement l’anglais et ayant oublié ce qui s’est passé lors de la dernière session de jeu. Par ailleurs, certaines énigmes, notamment celles de la section The Third Eye, se montrent particulièrement ardues, demandant réflexion et persévérance. Si la difficulté reste globalement cohérente et progressive, elle pourrait en décourager certains, surtout en anglais où le sens est primordial.

Enfin, on note quelques rares bugs au niveau des transitions entre lieux pendant la phase d’investigation et lors des récaps, sans que cela ne gâche vraiment l’expérience. En termes de durée de vie, No Sleep For Kaname Date est plus court que ses prédécesseurs, proposant une aventure d’une dizaine d’heures environ, contre une trentaine pour le premier opus, et environ 25 heures pour le second, mais cela reste en phase avec son statut ressemblant à un DLC narratif riche en contenu supplémentaire.
Verdict
No Sleep For Kaname Date est un visual novel qui mêle habilement enquête policière, exploration onirique et escape game, offrant une expérience riche et immersive. Sa narration signée Kotaro Uchikoshi brille par son écriture fine, ses dialogues pleins d’humour et ses retournements surprenants, tandis que les mécaniques de gameplay, variées et bien équilibrées, maintiennent le joueur en haleine tout au long de la dizaine d’heures de jeu. Malgré quelques défauts, dont l’absence de traduction française, une durée plus courte que ses prédécesseurs, et des énigmes parfois trop corsées, le titre reste fluide et captivant. Ce visual novel ravira les fans de la série comme les nouveaux venus en quête d’une expérience narrative profonde, teintée d’énigmes et de mystère. Une belle réussite, à (re)découvrir sans hésitation.
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