AnnoncĂ© en mars 2024, Blue Prince Ă©tait passĂ© complĂštement sous nos radars. Et lorsque lâon avait aperçu les quelques vidĂ©os de prĂ©sentation, on nâavait pas vraiment dĂ©terminĂ© sâil sâagissait dâun jeu en vue subjective ou dâune succession de tableaux. Mais quelques jours avant la sortie, on est tombĂ©s sur des extraits de gameplay Ă la premiĂšre personne, noyĂ© sous les critiques dithyrambiques de toute la presse spĂ©cialisĂ©e. Mais alors, est-ce rĂ©ellement le puzzle-game de lâannĂ©e, ou simplement une lubie de Grands Journalistes en mal de reconnaissance intellectuelle ? Pas facile Ă dire : Blue Prince ne pourra pas plaire Ă tout le monde, en partie Ă cause de ses mĂ©caniques de rogue lite, et aussi par ses Ă©nigmes parfois un peu obscures, pourtant trĂšs gratifiantes Ă rĂ©soudre.
Genre : Puzzle-game rogue lite | DĂ©veloppeurs : Dogubomb | Ăditeur : Raw Fury | Plateforme : Steam , Xbox Game Pass | Prix : 30 ⏠| Configuration recommandĂ©e : i5 4690K / Ryzen 5 1500x, 16 Go de RAM, GeForce 1080 GTX / RX 5700 | Langues : Anglais uniquement (nĂ©cessite un bon niveau) | Date de sortie : 10/04/2025 | DurĂ©e de jeu : au moins une quinzaine dâheures
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Test effectuĂ© sur une version Steam fournie par lâĂ©diteur.
La plan du manoir, évoluant au fil des tirages des nouvelles piÚces.
Rogue lite jusquâau bout des pieds
Blue Prince est certes un jeu de puzzles, mais câest avant tout un rogue lite. La justification scĂ©naristique, pouvant ĂȘtre vue comme anecdotique dans les premiĂšres minutes, est finalement trĂšs cohĂ©rente avec lâunivers. Mais pour le comprendre, il va falloir passer quelques heures Ă se balader dans ce manoir aux piĂšces mouvantes. Chaque jour dĂ©bute avec un compte de pas que lâon dĂ©pense en traversant les piĂšces, avec pour but ultime dâatteindre la 46á” salle. Ă chaque ouverture de porte, trois plans sont tirĂ©s au hasard dâune rĂ©serve cachĂ©e, mais quâil est possible dâĂ©toffer de maniĂšre temporaire dans une run, ou permanente grĂące Ă des bonus. On en choisit un, ce qui dessine immĂ©diatement la salle correspondante, avec ses particularitĂ©s. Mais lorsque lâon ne peut plus en poser, que le compteur de pas tombe Ă zĂ©ro, ou que lâon dĂ©passe une certaine heure, la journĂ©e sâachĂšve. Et le lendemain, tout recommence Ă zĂ©ro. Câest parfois trĂšs frustrant, surtout lorsque lâon sâapproche de la rĂ©solution dâune Ă©nigme, mais quâon nâa pas eu la chance de tirer un plan permettant dâaller dans la bonne direction. Sans doute conscients de cet aspect, les dĂ©veloppeurs proposent de « sauvegarder et continuer » pour une nouvelle journĂ©e, ou « sauvegarder et quitter », pour faire retomber la pression. Une façon, sans doute, dâencourager Ă vivre le jeu par petites sessions Ă©talĂ©es sur une longue pĂ©riode, et aller chercher un dictionnaire anglais-français pour nous aider Ă dĂ©chiffrer quelques textes, dâun niveau assez Ă©levĂ©.
Une narration Ă votre service
Blue Prince est certes un jeu de puzzles, mais câest aussi un walking sim narratif. Vous incarnez le petit-neveu du feu propriĂ©taire dâun manoir Ă©trange, quâil vous lĂšgue si vous parvenez Ă dĂ©couvrir la 46á” piĂšce. Le twist, câest que pour lâatteindre, il faut tirer au hasard trois plans Ă chaque nouvelle porte rencontrĂ©e, puis choisir quelle piĂšce sera dessinĂ©e lors de son ouverture. Et Ă©videmment, il est quasiment impossible dây parvenir en une seule fois : le nombre de salles traversĂ©es est retreint, et parfois, aucune de celles « draftĂ©es » ne permet dâavancer plus loin, ce qui prĂ©cipite la fin de journĂ©e et une remise Ă zĂ©ro de lâagencement de la bĂątisse. Bien que limitĂ©e par le nombre de pas quâil est possible de faire ou la disposition des salles, notre exploration nous mĂšne Ă dĂ©couvrir une histoire dissĂ©minĂ©e aux quatre coins du manoir. Attendez-vous Ă un peu de lecture, et surtout, Ă buter sur quelques mots, car tout est en anglais â un peu soutenu. NĂ©anmoins, quand on parvient Ă dĂ©passer cette difficultĂ©, on dĂ©couvre un univers cohĂ©rent et trĂšs fouillĂ©, empreint de mĂ©lancolie et de mystĂšres.
Qui a mis des énigmes dans mes puzzles ?
Difficile de le nier, Blue Prince est bien un jeu de puzzles. Tout dâabord, avec un nombre de pas limitĂ©, on nous demande, Ă chaque ouverture de porte, de choisir la prochaine salle parmi trois propositions, de maniĂšre Ă former un chemin vers une mystĂ©rieuse 46á” piĂšce, but ultime du jeu. Au fil des tirages, vous rencontrerez des lieux renfermant littĂ©ralement des puzzles, parfois presque extradiĂ©gĂ©tiques, tandis que dâautres seront cachĂ©s jusque dans les nombreux textes et images dissĂ©minĂ©s dans le manoir. Ces derniers demanderont notamment un niveau dâanglais plutĂŽt solide, car ils reposent sur des jeux de mots ou leur graphie. On comprend donc bien pourquoi le jeu nâest pas traduit en français. Mais pour ceux que ça nâeffraie pas, la rĂ©compense vaut lâeffort : quelle satisfaction lorsque lâon rĂ©ussit Ă faire la connexion entre les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments trouvĂ©s au hasard !
Quelle histoire !
On tombe rĂ©guliĂšrement sur des notes des prĂ©cĂ©dents habitants et des employĂ©s de la maison. On y dĂ©couvre leur vie et leur rĂ©gion, mais pas uniquement. Entre les lignes, on a souvent un indice ou mĂȘme la solution Ă une Ă©nigme. Et si le dĂ©cor raconte aussi une histoire, on se rend progressivement compte quâil nâest pas agencĂ© au hasard. Chaque tableau, photo ou sculpture peut avoir son importance pour progresser dans lâaventure. Câest trĂšs ingĂ©nieux, et on sent que les dĂ©veloppeurs ont rĂ©alisĂ© un travail colossal. Jason Schreier, journaliste pour Bloomberg, rapportait que le jeu Ă©tait techniquement terminĂ© depuis quatre ans, mais que Tonda Ros, le game director, avait profitĂ© de toutes ces annĂ©es avant la sortie pour lâĂ©quilibrer. Ce nâest pas pour autant toujours limpide, et la prise de notes et de captures dâĂ©cran est quasiment obligatoire pour faire le lien entre les indices.
Petits détails et gros cerveaux
Outre les Ă©nigmes liĂ©es Ă la langue et les jeux de mots, on croise aussi des puzzles trĂšs concrets. Par exemple, le jeu de flĂ©chettes demande de jongler avec les opĂ©rateurs mathĂ©matiques. Si lâon rigole un peu de la facilitĂ© du tableau lors de la premiĂšre visite, on aura la surprise de voir la difficultĂ© â et le nombre dâopĂ©rations â augmenter chaque jour. La rĂ©solution sâavĂšre finalement trĂšs gratifiante. Dâautres sont trĂšs bien intĂ©grĂ©s Ă lâunivers, comme la chaufferie ou le systĂšme de pompes. Mais ce sont surtout les Ă©nigmes plus subtiles qui nous marquent, car presque toutes les piĂšces regorgent de dĂ©tails utiles Ă leur rĂ©solution. Il est parfois ardu de savoir sâil sâagit simplement de lore ou si une information est nĂ©cessaire, mais plus on avance, plus on se rend compte du travail titanesque des game designers pour Ă©quilibrer tout ça et distiller des indices de maniĂšre progressive. NâhĂ©sitez pas Ă griffonner quelques mots sur un bout de papier si quelque chose vous interpelle, il y a de bonnes chances pour que cela serve plus tard.
Le récapitulatif du parcours de la journée.
Same player plays again
Certaines salles possĂšdent plusieurs portes, afin de continuer la progression, tandis que dâautres sont des placards, cagibis ou voies sans issue. Mais quasiment toutes proposent des effets immĂ©diats, des objets ou des combinaisons avec dâautres salles du manoir. Comme dans tout bon rogue lite, on peut rapidement ĂȘtre galvanisĂ© par les synergies dĂ©bloquĂ©es, ou le loot rĂ©coltĂ©, permettant dâaller encore un peu plus loin. On trouvera, par exemple, une pelle permettant de dĂ©terrer des clefs et de la monnaie, ou encore un maillet pour forcer les petits coffres que lâon croise parfois. Mais comme pour la disposition des piĂšces, ne vous y attachez pas trop, car tout est perdu Ă la fin de la run. On dĂ©bloquera cependant quelques bonus permanents, mais rien pour court-circuiter le tirage alĂ©atoire des plans. Ce qui fait le plus progresser est lâapprentissage des nouvelles mĂ©caniques, des interactions entre salles ou des nouveaux objets et la dĂ©couverte dâune myriade de dĂ©tails. Vous pourrez faire travailler votre mĂ©moire, mais Blue Prince ne pourrait pas ĂȘtre une meilleure publicitĂ© pour Clairefontaine ou Notion . Jâai personnellement optĂ© pour une solution numĂ©rique, ainsi quâExcel et la touche « Impression Ă©cran ».
Un sacré coup de crayon
Blue Prince possĂšde une direction artistique trĂšs rĂ©ussie. LâĂ©quipe a choisi Unity comme moteur, et le cel shading pour un effet dessinĂ© franchement convaincant, aussi beau sur un ordinateur portable 15âł en 1080p quâen 4K sur un Ă©cran 32âł. Les performances sont trĂšs correctes, surtout que le rythme du jeu ne nĂ©cessite pas spĂ©cialement plus de 60 FPS. On rappelle que lâon est dans un walking sim dâexploration, et quâil vaut donc mieux avancer lentement pour ne rater aucun dĂ©tail. Dâautre part, la finition est parfaite, puisque je nâai rencontrĂ© aucun bug, ce qui est assez rare pour ĂȘtre soulignĂ©. Dommage quâautant de soin nâait pas Ă©tĂ© apportĂ© Ă la musique, beaucoup trop discrĂšte.
Un autre rythme
Du cĂŽtĂ© des dĂ©placements, rien de notable Ă signaler : câest un walking sim classique, donc trĂšs accessible. Pour une fois, on peut tout Ă fait concevoir que le jeu soit Ă©galement agrĂ©able Ă jouer Ă la manette (nâoubliez pas de vous laver les mains ensuite, Ă©videmment). Pas de bunny hop, il est possible uniquement de marcher ou courir, sans jamais dĂ©coller du sol. La vitesse de dĂ©placement nâest pas trĂšs rapide, mais ce nâest pas gĂȘnant, car les piĂšces sont plutĂŽt restreintes et regorgent dâĂ©lĂ©ments Ă observer. Au contraire, si lâon peut ĂȘtre tentĂ© dâavancer un peut plus rapidement dans des salles dĂ©jĂ connues, ce serait une erreur, car il y a presque toujours un petit truc cachĂ© dans un coin. Heureusement, la direction artistique est Ă la fois belle et trĂšs lisible, mĂȘme sur de petits Ă©crans, ce qui encourage dâautant plus Ă prendre son temps pour en profiter. On regrettera juste de ne pas ĂȘtre un peu plus accompagnĂ© par de la musique, puisquâelle nâest prĂ©sente que sporadiquement lors du passage dans certaines piĂšces.
Une Ă©nigme de plus : mais oĂč est donc la musique ?
TrĂšs solide sur quasiment tous ses aspects, notamment artistiques et techniques, Blue Prince se prend malheureusement les pieds dans le tapis du cĂŽtĂ© de la musique. Assez Ă©tonnamment, on la remarque surtout lorsquâelle est absente, ce qui revient assez souvent quand on prend son temps pour explorer. Seules quelques piĂšces dĂ©clenchent le lancement dâun petit morceau. Alors oui, ils sont bien, mais pourquoi y en a-t-il si peu ? On peut contrebalancer en mettant sa propre musique de son cĂŽtĂ©, mais comme il nây a quâun seul curseur pour rĂ©gler le volume, on se tapera forcĂ©ment les petits gimmicks musicaux, gĂąchant notre cinquiĂšme Ă©coute successive de Les Sardines , alors quâon aurait voulu uniquement les effets sonores. Ces derniers jouent principalement un rĂŽle de rĂ©compense lorsque lâon interagit avec certains Ă©lĂ©ments ou que lâon ramasse des objets, au fil de nos fouilles obsessionnelles dans les moindres recoins du manoir.
Si vous souhaitez voir Blue Prince en mouvement, allez-donc regarder ces extraits de gameplay , garantis sans spoiler :
Un concept incroyable, une réalisation impeccable
Blue Prince est extraordinaire, au sens littĂ©ral. Il mĂ©lange puzzle game et rogue lite avec brio, alors quâon ne savait mĂȘme pas que câĂ©tait possible. Mais il peut laisser de cĂŽtĂ© les joueurs nâapprĂ©ciant pas rĂ©ellement lâune des deux mĂ©caniques. Dâun cĂŽtĂ©, lâaspect alĂ©atoire est parfois frustrant lorsque lâon tente de rĂ©soudre une Ă©nigme et quâon nâa pas la chance dâavoir la disposition de piĂšce adĂ©quate, ou que les plans que lâon a tirĂ©s au hasard ne permettent pas dâavancer jusquâĂ cette fameuse antichambre, alors quâon avait enfin rĂ©ussi Ă lâouvrir. Cependant, une run nâest jamais complĂštement vaine, car on apprend toujours quelque chose, mĂȘme si lâon nâa pas lâimpression dâavoir beaucoup avancĂ©. Dâun autre cĂŽtĂ©, les puzzles et Ă©nigmes peuvent quelquefois ĂȘtre retors, ce qui pourrait en rebuter plus dâun, surtout si leur niveau dâanglais est un peu juste. Mais la satisfaction de les rĂ©soudre est assez galvanisante et donne un petit goĂ»t de reviens-y. Ăa tombe bien, il faut au minimum une quinzaine dâheures pour voir les crĂ©dits, mais il est possible dâen passer beaucoup plus, et de toujours dĂ©couvrir de nouvelles choses. Si vous aimez les Ă©nigmes, il serait vraiment dommage de passer Ă cĂŽtĂ©.
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