Intel a annoncé hier soir s’être trouvé un dirigeant : Lip-Bu Tan. Le nouveau CEO entrera en fonction le 18 mars. Il aura un vaste chantier à poursuivre sur les activités de fonderie, en plus d’un bilan financier calamiteux à redresser.
L’ancien CEO d’Intel, Pat Gelsinger, a été licencié le 1ᵉʳ décembre dernier, après plusieurs trimestres de pertes. Le nouveau venu, Lip-Bu Tan, a été membre du conseil d’administration de l’entreprise ainsi que d’autres (notamment HP et Semiconductor Manufacturing International Corporation). Il reprend toutefois le flambeau dans une période bien difficile.
Un vaste chantier
C’est peu dire qu’Intel vit une période complexe de transition, après plusieurs vagues de licenciements. Les plans de Pat Gelsinger étaient de renforcer les activités de fonderie pour traiter les commandes d’autres entreprises, via la filiale Intel Foundry. Le projet est en bonne voie. Les deux CEO par intérim, David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus, avaient indiqué poursuivre dans cette direction. Le premier restera d’ailleurs vice-président et directeur financier, la seconde gardera la tête d’Intel Products.
Les travaux qui attendent le nouveau CEO sont nombreux. La barre financière doit être redressée, après des pertes de 18,74 milliards de dollars en 2024. Une partie de ces pertes est directement compensée par le gouvernement américain via le CHIPS Act, mais ce dernier est dans le collimateur de Donald Trump.
Intel devrait également lancer cette année son nouveau processus de gravure 18A, grâce auquel l’entreprise entend rapatrier une portion de la production de ses propres puces en interne, TSMC s’occupant aujourd’hui d’une bonne partie de ses produits. Le processus permettra aussi de produire des puces personnalisées pour AWS (Amazon Web Services), comme nous l’indiquions en septembre dernier. La firme doit également se faire une place dans le domaine de l’IA.
Vers une coentreprise menée par TSMC ?
« Intel dispose d’une plateforme informatique puissante et différenciée, d’une vaste base installée de clients et d’une empreinte industrielle robuste qui se renforce de jour en jour à mesure que nous reconstruisons notre feuille de route en matière de technologie des processus. Je suis impatient de rejoindre la société et de m’appuyer sur le travail accompli par l’ensemble de l’équipe d’Intel pour positionner notre entreprise pour l’avenir », a indiqué Lip-Bu Tan dans le communiqué d’Intel.
Dans un message publié à part, le nouveau CEO dit souscrire « à une philosophie simple : Rester humble. Travailler dur. Ravir nos clients ». Il assure qu’en ancrant ces « trois convictions fondamentales, les choses se passent bien ».
C’est dans ce contexte tendu qu’une rumeur vient d’apparaitre chez Reuters. TSMC aurait approché AMD, Broadcom et surtout NVIDIA en vue de créer une coentreprise. Celle-ci serait chargée de gérer et d’exploiter les usines d’Intel. Ce plan serait la conséquence d’une demande de la Maison-Blanche à TSMC : aider Intel à redresser la barre. Le fondeur taïwanais verrait sa part dans la coentreprise limitée à un maximum de 50 %.
Ni les entreprises concernées ni la Maison-Blanche n’ont commenté l’information. Entre la nomination du nouveau CEO et la rumeur, publiées toutes deux dans le même laps de temps, la bourse a bien réagi, avec un sursaut de 4,55 % de l’action Intel hier.