Au cœur des décombres de Kharkiv : l’immersion poignante de « Fresh Memories: The Look »
Peut-on ressentir sans entendre ? Peut-on comprendre sans parler ? Fresh Memories : The Look, est une expérience qui vous touche en plein cœur. En quelques instants, l’immersion vous saisit. Le lien se crée, brut, sans filtre. L’expérience n’explique rien, elle montre. Et ce qu’elle montre, reste.
Une ville en miettes. Des lieux autrefois familiers, aujourd’hui effacés. Le choc est immédiat, les marques encore visibles. Dans cette immersion à 360 degrés, le spectateur croise les regards de ceux qui ont tout perdu. L’histoire se lit dans leurs visages. Kharkiv ne se résume plus à un point sur une carte — elle devient une expérience intime, une épreuve partagée. C’est ce que propose Fresh Memories: The Look, une œuvre en réalité virtuelle que nous vous invitons à découvrir dans les lignes qui suivent.
Un court métrage tchéco-ukrainien de Ondřej Moravec
Fresh Memories VR, que l’on appelle aussi « Fresh Memories : The Look », est un film de courte durée. Il raconte la destruction de Kharkiv en seulement 10 minutes. Ce projet a pris forme sous la direction d’Ondřej Moravec et Volodymyr Kolbasa, les esprits créatifs à l’origine de cette œuvre. Mais d’où tire-t-elle son inspiration ?
Eh bien, il la puise dans la performance de Marina Abramović, connue sous le nom de The Artist Is Present. Pour ceux qui ne le savent pas, Marina Abramović est une artiste qui utilise souvent son corps et ses émotions dans ses œuvres. Dans cette performance en question, elle est restée assise pendant des heures, tous les jours, dans un musée (le MoMA à New York). Les spectateurs pouvaient s’asseoir en face d’elle et la regarder en silence. L’expérience était intense et l’idée était que le regard entre les deux parties créait une sorte de connexion forte, presque spirituelle.
Dans Fresh Memories VR, l’idée est similaire. La seule différence, c’est que ce sont les habitants de Kharkiv qui fixent le spectateur. Une sorte d’expérience émotionnelle liée aux effets de la guerre se crée alors.
Ce court-métrage en réalité virtuelle a été projeté en avant-première mondiale au festival South by Southwest (SXSW) en mars 2023. On l’a aussi vu dans plusieurs festivals internationaux, dont :
- le Festival du Nouveau Cinéma à Montréal
- le festival IDFA à Amsterdam
- le Thessaloniki Documentary Festival en Grèce
- le Verzió, festival hongrois consacré aux documentaires sur les enjeux des droits humains
À Kharkiv, les décombres racontent l’histoire des regards perdus
On ne compte plus le nombre de personnes marqué par le chaos de la guerre en Ukraine. Dans Fresh Memories VR, vous allez rencontrer quelques-unes d’entre elles. Les images de ce court-métrage, fruit d’une collaboration entre la République tchèque et l’Ukraine, ont été capturées à Kharkiv, une grande ville proche de la frontière russe.
Touchée en plein cœur par le conflit, elle a laissé ses habitants face à l’inimaginable. Ce film cherche à révéler les émotions profondes de ces personnes, victimes d’un monde brisé. L’expérience emmène le visiteur dans des lieux meurtris, à travers un casque de réalité virtuelle : un intérieur dévasté, une cour silencieuse, une classe désertée, un centre de soin laissé aux vents. Les murs ne tiennent plus, les lieux témoignent d’un monde suspendu.
Des souvenirs lointains se mêlent aux bruits ambiants : une voix joyeuse, un bruit d’appareil en fonctionnement, une action banale effacée par le vacarme.

Puis vient la rencontre. Parmi les décombres, les habitants de Kharkiv se tiennent droits, leurs yeux accrochés à celui qui ose s’approcher. Sans parler, sans détour. L’échange est brut, inspiré d’un acte artistique où seul le regard compte. Ce moment silencieux peut tout faire basculer : le cœur se serre, ou s’ouvre. Cela dépend de celui qui regarde.
À travers ces dix minutes, une question se pose : « Un spectateur peut-il soutenir le regard de ceux qui ont tout perdu ? » C’est cette interrogation qui guide Fresh Memories : The Look.
L’immersion silencieuse de Fresh Memories et l’empathie virtuelle
Vous l’auriez compris, dans Fresh Memories : The Look, il n’y a donc pas de dialogues. C’est pourquoi l’impact émotionnel de l’expérience est si grand. C’est la réalité virtuelle qui sert de lien direct entre le spectateur et la souffrance des habitants de Kharkiv. Ici, l’immersion va bien au-delà du simple visuel.

Les réalisateurs tiennent à préciser que la VR ne se limite pas à montrer des images. Elle vous emmène profondément dans l’expérience des victimes du conflit. Vous ressentez alors de la compassion et de l’empathie immédiate pour ces derniers. Cette approche offre au spectateur une rencontre intime avec la réalité de la guerre, loin des récits traditionnels. Dans ces médias classiques, vous êtes un observateur extérieur, mais en VR, vous êtes un acteur qui vit l’événement.
Il est important de souligner que le court-métrage en réalité virtuelle Fresh Memories : The Look est principalement destiné à une diffusion en festivals et expositions, plutôt que sur des plateformes VR grand public.
Actuellement, il n’existe pas d’informations publiques qui indiquent que Fresh Memories : The Look soit disponible sur des plateformes VR grand public, Viveport ou PlayStation VR. Si cette œuvre immersive vous intéresse, il est recommandé de consulter le site officiel du projet ou de suivre les actualités des festivals mentionnés pour connaître les prochaines projections ou expositions.
Réactions du public et critiques de Fresh Memories VR
Lors des projections de Fresh Memories VR, le public a eu des réactions variées. Mais la plupart a salué la puissance émotionnelle de l’expérience. Certains ont évoqué un sentiment de vertige face à la brutalité de ce qu’ils vivaient en VR. En étant dans des lieux dévastés, ils ont rapporté que l’expérience les avait presque « figés », incapable de détourner les yeux. D’autres personnes ont parlé de sensations de désespoir, de colère ou de tristesse profonde. L’absence de dialogue dans l’œuvre, le fait que tout repose sur le regard et l’environnement, a eu un impact psychologique.
Un autre aspect touchant de cette expérience est le témoignage de personnes ayant vécu la guerre. On parle notamment des Ukrainiens qui ont perdu des proches ou survécu aux destructions à Kharkiv. Plusieurs ont mentionné avoir été bouleversés par la façon dont l’œuvre avait capturé l’âme de la ville et de ses habitants. Pour ces témoins, l’expérience a résonné comme une représentation authentique de ce qu’ils avaient vécu.

Ils ont exprimé qu’ils se sentaient reconnus et entendus par l’expérience. Le fait que la VR permette de voir les détails les plus intimes, les a permis de se sentir connectés à l’œuvre, non seulement en tant qu’êtres humains, mais aussi en tant que parties intégrantes de l’histoire.
Un spectateur a mentionné que, après avoir vécu l’expérience, il avait du mal à « revenir à la réalité » et se sentait déconnecté du monde extérieur, comme s’il venait de vivre un moment de vérité.
Certains critiques ont aussi souligné l’aspect universel de l’expérience. Certes, le film raconte spécifiquement l’histoire de Kharkiv. Mais les émotions ressenties par les spectateurs vont bien au-delà de la guerre en Ukraine. Ils ont expliqué que les sentiments de perte, de désespoir et de résilience sont des thèmes universels, que ce soit en Ukraine, en Syrie ou ailleurs.
En cela, Fresh Memories VR touche quelque chose de profond et humain que beaucoup de documentaires traditionnels ne parviennent pas à atteindre.
Le contexte de la Guerre en Ukraine et Kharkiv
La ville de Kharkiv est située dans le nord-est du pays, à proximité de la frontière russe. Elle a des liens culturels et historiques forts avec la Russie. Avant la guerre, elle abritait une grande population russophone. Souvent, cela a créé des tensions sur fond de relations complexes entre les deux pays.
Lorsque le conflit a éclaté en 2014, Kharkiv, comme d’autres villes de l’est de l’Ukraine, a été une cible stratégique. Son rôle militaire et industriel en faisait un point névralgique pour les forces ukrainiennes, mais aussi pour les séparatistes soutenus par la Russie. Cependant, c’est en 2022, lors de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, que Kharkiv a particulièrement souffert.

La ville a été bombardée de manière incessante. Les frappes russes visaient des installations militaires et des zones résidentielles. Kharkiv se trouvait dans une position géographique délicate : elle était à la fois un centre de résistance pour les Ukrainiens et un objectif stratégique pour les forces russes, qui cherchaient à prendre le contrôle de cette ville pour affirmer leur domination sur l’est du pays.
Plusieurs éléments expliquent pourquoi Kharkiv a été si fortement touchée. Cette ville est un centre industriel majeur, avec des usines et des infrastructures qui sont devenues des cibles stratégiques. Par ailleurs, la population de Kharkiv est historiquement partagée entre des Ukrainiens et des russes. Cela a fait de la ville un terrain de contestation idéologique et politique, un facteur supplémentaire de fragilité pendant le conflit.
Aujourd’hui, Kharkiv est un symbole de résistance. Bien que la ville ait subi de lourds dommages, sa population continue de lutter pour préserver son identité et sa liberté.
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