Apple : des résultats solides, mais la Chine et les droits de douane inquiètent
Apple a sans doute connu des contextes plus sereins pour annoncer des résultats financiers. Depuis le début de l’année, le cours de l’action recule de plus de 12%. Un moindre mal serait-on tenté de dire. Au plus fort de la crise des droits de douane, l’action accusait un recul de près de 30 %. Si Tim Cook a sans doute été très occupé à négocier avec Donald Trump, Apple a été très actif en matière de sortie produits : iPhone 16e, MacBook Air M4, Ma Studio et nouveaux iPad / iPad Air. Apple a tout mis en œuvre pour réaliser un trimestre dynamique.

Des efforts qui semblent avoir porté leurs fruits. Pour le deuxième trimestre fiscal clos le 30 mars 2025, Apple affiche un chiffre d’affaires de 95,4 milliards de dollars, en progression de 5 % sur un an. La performance dépasse légèrement les attentes des analystes, qui anticipaient 94,56 milliards. Le résultat net ressort à 24,78 milliards de dollars, contre 23,6 milliards un an auparavant, soit une hausse de 5 %.
Chine : Apple toujours incapable d’inverser la tendance
Dans le détail, les résultats d’Apple témoignent d’une dynamique contrastée selon les régions et les gammes. Sur le plan géographique, la bonne tenue du marché américain, avec 40,3 milliards de dollars de revenus (+8,2 % sur un an), constitue un pilier essentiel de la croissance du trimestre, tout comme la hausse spectaculaire du Japon (+16,6 %). L’Europe reste stable (+1,4 %), mais la Chine accuse un recul de 2,3 %. Cela fait 9 trimestres d’affilée qu’Apple recule sur son troisième marché, maintenant largement distancé par le marché européen.

iPad et Mac en meilleure forme que l’iPhone
Côté produits, les iPad signent un très bon trimestre, avec 15 % de croissance et 6,4 milliards de dollars de revenus, portés par les renouvellements récents. Les Mac sont également en forme, avec une hausse de 6,7 %, à 7,95 milliards, portée par la transition vers la puce M4. Lors de la conférence avec les analystes, Tim Cook et son directeur financier ont insisté sur le fait que le Mac continue de marquer des points dans le monde de l’entreprise. Apple a cité une banque américaine qui avait décidé de faire du MacBook Air M4 son ordinateur par défaut à ses employés. L’iPhone, malgré l’arrivée du 16e, progresse de manière plus modérée (+1,9 %). Seule ombre au tableau : la catégorie Wearables, Home and Accessories recule de 4,9 %, poursuivant un tassement amorcé depuis plusieurs trimestres. Enfin, les Services continuent de jouer un rôle moteur, avec une croissance de près de 12 %, à 26,6 milliards, confirmant leur place centrale dans la stratégie à long terme d’Apple.

Apple insiste sur sa politique environnementale et augmente ses dividendes
Apple signe donc un trimestre solide, alors que l’économie américaine ralentit. « Nous publions aujourd’hui de solides résultats trimestriels, avec une croissance à deux chiffres des Services », s’est félicité Tim Cook. Chose rare dans ce type de communication, il insiste également sur la politique environnementale d’Apple : « _Nous sommes également fiers d’avoir réduit nos émissions de carbone de 60 % au cours des dix dernières années »._Alors que Donald Trump fait pression pour que les sociétés américaines abandonnent un certain nombre de programmes qu’il juge au mieux inutile, cette déclaration n’est sans doute pas anodine.

Fidèle à sa politique de retour aux actionnaires, Apple a par ailleurs annoncé une hausse de son dividende trimestriel, qui passe à 0,26 dollar par action, soit une augmentation de 4 %. Ce dividende sera versé le 15 mai 2025 aux actionnaires enregistrés à la clôture du 12 mai. Le conseil d’administration a également autorisé un nouveau programme de rachat d’actions pouvant aller jusqu’à 100 milliards de dollars, confirmant la solidité financière du groupe et sa volonté de soutenir le cours de son action.

Apple annonce avoir réduit de 60 % ses gaz à effet de serre depuis 2015
La guerre commerciale et Apple Intelligence au cœur des discussions lors de la conférence avec les analystes
Reste que, pour Apple, le plus dur commence. La guerre commerciale a été lancée début avril. Si, dans un premier temps, les consommateurs américains se sont rués vers les produits Apple craignant une hausse des prix, le contexte pourrait se compliquer dans les semaines à venir. Si les investisseurs regardent actuellement avant tout les enjeux politiques, les difficultés d’Apple en matière d’intelligence artificielle n’ont pas été écartées lors de la conférence avec les analystes.
Tim Cook n’a pas manqué de rappeler qu’Apple Intelligence était désormais disponible dans de nouvelles langues, dont le français. Le patron d’Apple a également eu un mot au sujet de Siri et s’est voulu résolument optimiste : « En ce qui concerne les fonctionnalités plus personnelles de Siri que nous avons annoncées, nous avons besoin de plus de temps pour finaliser notre travail afin qu’elles répondent à nos standards de qualité élevés. Nous progressons, et nous avons hâte de proposer ces fonctionnalités aux utilisateurs. » a-t-il déclaré. Il a démenti tout problème interne, déclarant juste que ses équipes avaient besoin de plus de temps pour arriver à un produit satisfaisant.

En matière de droit de douane, Kevan Parekh, le directeur financier d’Apple a marché des œufs quand il a fallu donner des estimations pour le trimestre en cours. Il a donné des indications tout en demandant aux analystes de ne pas s’en servir tant elles étaient inutiles à cause de la politique commerciale mouvante aux États-Unis. Il a cependant affirmé que la plupart des iPhone vendus aux États-Unis ce trimestre seraient assemblés en Inde, un pays qui entretient des relations commerciales plus favorables avec les États-Unis que la Chine. Tim Cook a cherché à ménager le chèvre et le chou, affirmer que la Chine n’allait pas disparaitre de si tôt de la chaine de production d’Apple, mais qu’il était très excité à l’idée de produire davantage aux États-Unis.

Plus ouvert qu’à l’accoutumée aux questions des analystes, Tim Cook a estimé que si la situation n’évoluait pas - ce qui est peu probable - les droits de douane auraient un impact de 800 millions de dollars environ sur les coûts d’Apple. Sur la plupart des produits Apple, les droits de douane sont de l’ordre de 20 %, mais ils impactent beaucoup plus durement nombre d’accessoires Apple, qui n’entrent pas dans les exemptions de Trump, et pour lesquels les droits de douane sont de l’ordre de 125 %.

Tim Cook, plus que jamais dans les petits papiers de Donald Trump
Hors séance, l’action Apple reculait de près de 4% à 205 $.