Sommaire
Bonjour Kévin, peux-tu présenter briÚvement ton parcours ?
Perso ? Au sein de la communautĂ© ? Câest un peu trop large pour ĂȘtre bref⊠Curieux et crĂ©atif, jâai dĂ©couvert lâinformatique, lâĂ©lectronique et la programmation au LycĂ©e. Jâai eu la chance que mon pĂšre fasse le choix de Linux pour moi et sâoccupe de mes premiĂšres installations⊠Voire configuration matĂ©rielle. Au dĂ©but il fallait Internet pour configurer Internet (recompilation de pilotes de pĂ©riphĂ©riques) câĂ©tait un beau casse-tĂȘte sans personne pour vous aiguiller. Bon OK si on remet dans lâordre au tout dĂ©but il nây avait pas la problĂ©matique du Wi-Fi. Jâai poursuivi mes Ă©tudes par un DUT GEII (GĂ©nie Ălectrique et Informatique Industrielle) en poursuivant sur une licence puis une Ă©cole dâingĂ©nieur Ă©lectronique/informatique en alternance. Plus les annĂ©es passaient, plus jâavais de projets informatiques ou Ă©lectroniques perso ou professionnels Ă rĂ©aliser et plus je mâĂ©loignais du monde Windows, plus je me sentais chez moi sous Linux.
Peux-tu présenter briÚvement tes contributions au projet Fedora ?
Initialement traducteur francophone, jâen suis arrivĂ© Ă ĂȘtre le coordinateur principal de lâĂ©quipe francophone. Jâai Ă©galement contribuĂ© Ă lâinternationalisation des sites internet du projet Fedora. Ce qui mâa amenĂ© Ă en ĂȘtre un des mainteneurs principaux pendant quelque temps et de mâoccuper du dĂ©ploiement des nouvelles versions Ă chaque nouvelle sortie de version de Fedora. De lĂ jâai intĂ©grĂ© lâĂ©quipe infrastructure afin de pouvoir suivre ou dĂ©clencher les mises Ă jour des sites. Ătant un des traducteurs principaux, jâai rejoint lâĂ©quipe documentation pour la mĂȘme raison que lâĂ©quipe site internet : amĂ©liorer le dĂ©ploiement des traductions. Et câest Ă©galement pour les traductions que je suis devenu coordinateur Transifex, une des plateformes de traduction utilisĂ©e un temps par le projet. Il a fallu accompagner les dĂ©veloppeurs pour la migration et assurer le suivi du dĂ©ploiement. Le problĂšme principal Ă©tant quâun dĂ©veloppeur ne se rend pas compte quâune traduction est disponible ou mĂȘme quâelle nâest pas inclue dans sa derniĂšre version. Ayant un pied dans pas mal de portes, jâen suis venu Ă aider la coordination de chaque sortie de versions de Fedora. Ăa câest pour la partie productivitĂ©, mais il y a la partie sociabilitĂ© qui est une part importante de la vie dâun contributeur. Je suis devenu ambassadeur du projet Fedora jusquâĂ en devenir un mentor. Jâai Ă©galement intĂ©grĂ© le bureau de lâassociation Fedora-Fr, devenue Borsalinux-Fr lors de mon mandat. Jâai dirigĂ© quelque temps la production de goodies pour lâĂ©quipe FR, les rĂ©unions hebdomadaires et co-organisĂ© une rencontre internationale Ă Paris â le FUDCON â aprĂšs en avoir Ă©tĂ© plusieurs fois un participant actif (aux Ătats-Unis, Italie, Suisse).
Quâest-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es restĂ© ?
Pour le produit, câĂ©tait « Fedora Core » Ă lâĂ©poque : pour la nouveautĂ©. Les distributions GNU/Linux Ă©taient en plein dĂ©veloppement, beaucoup de nouveautĂ©s arrivaient chez lâun avant lâautre. Jâen ai essayĂ© plusieurs et jâai beaucoup aimĂ© les choix proposĂ©s sous Fedora Core, jây suis restĂ© depuis 2005 (au moins en perso, si lâentreprise ne me laissait pas le choix).
Pourquoi contribuer Ă Fedora en particulier ?
Quant au projet et bien câest parce que le produit me plaisait que tout naturellement câest lĂ que jâai participĂ©. Autant contribuer Ă ce dont on se sert tous les jours. Bon je dois quand mĂȘme dire que câest le programme dâambassadeur qui mâa permis dâĂȘtre inclus. Les forums dâentraide je voyais plutĂŽt ça comme un mal nĂ©cessaire. En arrivant sur Paris, jâai eu la chance de pouvoir rencontrer physiquement des passionnĂ©s prĂȘts Ă vous Ă©couter et vous aiguiller sur vos aspirations. Merci Ă Mathieu Bridon (dit « bochecha ») sans qui je serai restĂ© de lâautre cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre.
Contribues-tu Ă dâautres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?
TrĂšs et trop peu. Je maintiens la traduction du logiciel GNU Make. Dâailleurs il me faut la rafraichir depuis la derniĂšre mise Ă jour. Jâen suis devenu le mainteneur parce que le prĂ©cĂ©dent ne rĂ©pondait plus et que la traduction actuelle ne me convenait pas. Si quelquâun veut le reprendre je mâen sĂ©pare bien volontiers ! Ensuite jâai des contributions ponctuelles sur mes interactions professionnelles. Principalement pour du correctif je nâai pas une part active malgrĂ© mon envie. Jâessaye autant que possible de tester les nouvelles versions de Fedora dĂšs la version Alpha. GrĂące Ă ma connaissance de Fedora, jâai intĂ©grĂ© le projet OLPC France oĂč jâai pu apporter mon expertise « Fedora » pour les outils de sauvegarde et mise Ă jour des XO (nom des ordinateurs portable du projet OLPC basĂ©s sur la distribution GNU/Linux Fedora). Et je suis mĂȘme allĂ© Ă Madagascar gĂ©rer le dĂ©ploiement dâune mise Ă jour distribution de lâensemble dâun parc. ExpĂ©rience trĂšs enrichissante.
Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?
Oui autant que possible. Câest mon univers, je maĂźtrise lâenvironnement et je nâai pas besoin de chercher comment faire telle ou telle actions ce qui est bien plus rapide. JâapprĂ©cie aussi Ă©normĂ©ment les choix proposĂ©s par dĂ©faut. GNOME et son mode non intrusif me permet de rester concentrĂ© sur le principal (en espĂ©rant que la proposition du choix par dĂ©faut KDE ne sera pas acceptĂ©eâŠ) Mais câest aussi parce que Fedora fait partie de moi, je me suis construit avec le produit, avec le projet et avec la communautĂ©. Câest comme quitter son pays natal, on peut le faire, mais on nâest plus chez nous. Je me sens trĂšs bien sous Fedora et si je veux aider, corriger ou contribuer, je sais dĂ©jĂ comment mây remettre.
Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?
Câest un atout direct bien Ă©videmment. Ătant ingĂ©nieur en systĂšmes embarquĂ©s Linux, autant maĂźtriser lâenvironnement qui permet de rĂ©pondre au besoin de lâentreprise. Dans lâentreprise on doit rĂ©pondre Ă un besoin. Et pour ça lâhumain invente des outils. Sâil ne maĂźtrise pas ses outils il est moins productif et perd une part de ses capacitĂ©s pour sâadapter Ă son environnement. Dâun autre cĂŽtĂ©, jâaime le produit Fedora (peut-ĂȘtre maintenant surtout pour la CommunautĂ©) et travailler sous Fedora câest vouloir se lever le matin et ĂȘtre accueilli par quelque chose qui nous fait plaisir. Câest devenu important pour mon bien ĂȘtre.
Tu as Ă©tĂ© actif sur de nombreux projets de Fedora durant quelques annĂ©es tout en Ă©tant non employĂ© de Red Hat, est-ce que cela a Ă©tĂ© un frein dans ta participation dâune quelconque façon ?
Absolument pas. JâĂ©tais assez pris par toutes mes contributions pour ne pas chercher Ă vouloir faire de la politique. Il y avait dĂ©jĂ assez de Gourous dans lâĂ©quipe française pour que je ne mây colle pas. Au travers de Red Hat jâai trouvĂ© du soutien, des conseils et du professionnalisme. Mais Ă©galement des amis.
Quâest-ce que tu as fait plus exactement pour lâinfrastructure et les sites web du projet Fedora ?
Pour les sites web, jâai cherchĂ© Ă faire en sorte que mes traductions soient utilisĂ©es, dĂ©ployĂ©es. Câest bien beau de passer ses nuits Ă traduire plutĂŽt que dormir ou rĂ©viser, mais si le jour J la traduction nâest pas utilisĂ©e, Ă quoi cela sert-il ? Et si on te rĂ©pond « arf, si ça avait Ă©tĂ© publiĂ© 12h plus tĂŽt ça aurait apparu, maintenant il faut attendre le prochain dĂ©ploiement dans 6 j » ça frustre. Et parfois ce nâest pas quâune question de date câest aussi un problĂšme de code. Le dĂ©veloppeur ne sait pas quâune traduction est disponible, il ne lâutilise donc pas. Jâai donc pris en charge la synchronisation des Ă©quipes de traduction avec la gĂ©nĂ©ration des diffĂ©rents sites. Jâai créé des outils et modifiĂ© les process de dĂ©ploiement des sites afin que les traducteurs soient au courant des dates et que lâĂ©quipe sites web dĂ©ploie automatiquement les traductions sans Ă©tapes manuelles inutiles. CĂŽtĂ© infra jâĂ©tais lĂ pour seconder lâĂ©quipe sur le dĂ©ploiement des sites internet. Je pouvais dĂ©ployer moi-mĂȘme la version de test du site fedoraproject.org afin que les traducteurs puissent relire leurs traductions et soumettre des problĂšmes/correctifs avant le dĂ©ploiement le jour J (pour rappel une nouvelle version tous les 6 mois). En tant que coordinateur principal de lâĂ©quipe de traduction francophone, jâĂ©tais aux premiĂšres loges pour corriger les problĂšmes et indiquer la procĂ©dure de test aux autres Ă©quipes.
Tu as aussi gĂ©rĂ© la traduction quelques annĂ©es entre Thomas Canniot et Jean-Baptiste Holcroft, quâest-ce qui tâa attirĂ© dans cette activitĂ© et quâest-ce que tu as fait ?
Ăa a Ă©tĂ© entre mon annĂ©e dâĂ©tude en Ăcosse ou jâai beaucoup amĂ©liorĂ© mon anglais et ma premiĂšre annĂ©e dâĂ©cole dâingĂ©nieur Ă Paris. Si jâose lâannoncer Ă voix haute, jâai eu beaucoup de temps perso lors de mes annĂ©es dâĂ©cole dâingĂ©nieur câest grĂące Ă tout ce temps libre que jâai pu plonger dans le projet Fedora. Et Matthieu, mon mentor mâa correctement accompagnĂ© pour trouver lĂ oĂč je serais le plus utile, lâĂ©quipe de traduction oĂč Thomas sâest quasiment retrouvĂ© tout seul. Il gĂ©rait une Ă©quipe dâ1,5 personne en se comptant lui-mĂȘme. Je suis arrivĂ© et Ă deux on a abattu un travail Ă©norme pour rattraper les dĂ©rives. Je traduisais puis lui me corrigeait. Je venais de loin, il a fallu attendre mes 24 ans que je dĂ©couvre la grammaire française, les rĂšgles dâaccord COI/COD⊠Bon ce nâĂ©tait pas trĂšs fun alors je me suis spĂ©cialisĂ© sur la syntaxe. Ă deux nous avons recrutĂ© dâautres traducteurs, ensuite il a vu quâon Ă©tait une Ă©quipe, il mâa laissĂ© la main sur la traduction. Jâai vĂ©cu 2 transitions dâoutils de gestion des traductions. Jâai donnĂ© beaucoup dâeffort sur le projet Transifex. JusquâĂ ce que ce projet se tourne vers un modĂšle commercial et que le projet Fedora change dâoutil. LĂ je me suis dit que je ne voulais pas recommencer, jâavais des projets de refonte de tout lâoutil de dĂ©ploiement des sites internet. LâĂ©quipe de traduction nâĂ©tait plus mon sujet prioritaire. Je ne sais mĂȘme plus comment Jean-Baptiste a pris la main, mais Ă un moment donnĂ© les projets ont migrĂ© sur le nouvel outil, et moi jâai perdu tout ce que jâavais mis en place. Mes outils ou scripts permettant dâobtenir les derniĂšres traductions, dâobtenir le pourcentage de complĂ©tion de traduction de chaque langue sur chaque projet. Je nâai plus rouvert cette porte jâai laissĂ© la main et je me suis concentrĂ© uniquement sur la relecture et la formation des nouveaux : habitudes de traduction pour la cohĂ©rence de lâhistorique, utilisation de la bonne syntaxe. JusquâĂ ce quâon ne me voie plus contribuer sur la liste de diffusion. En rĂ©sumĂ©, jâavais le dĂ©veloppement des sites qui Ă©tait prioritaire, jâavais de moins en moins de temps Ă accorder, une Ă©quipe de jeunes (pas dans lâĂąge mais dans la date dâarrivĂ©e dans lâĂ©quipe de traduction francophone) et un changement dâoutil et de process qui mâont tout naturellement Ă©cartĂ©s de mes responsabilitĂ©s.
En 2012, le FUDCon (devenu Flock depuis) sâest tenu Ă Paris et tu en as Ă©tĂ© lâun des principaux organisateurs. Peux-tu expliquer le but de ces rencontres et de leur importance ? Quelles ont Ă©tĂ© les difficultĂ©s dâune telle organisation ? Quels souvenirs en retires-tu ?
Le FUDCon Ă©tait un Ă©vĂ©nement annuel (par rĂ©gion) qui Ă©tait lâoccasion pour les contributeurs de se rencontrer pour mieux se connaĂźtre mais aussi pour avancer plus rapidement sur des points particuliers et abolir les fuseaux horaires. CâĂ©tait Ă©galement lâoccasion de rencontrer les « Redhatters ». Câest Ă©galement lors de ces Ă©vĂ©nements quâon rapproche tous les organes de la communautĂ©. Les rencontres physiques sont trĂšs importantes. Beaucoup dâĂ©changes dans la communautĂ© se passent en anglais, dont câest la langue maternelle pour une grande partie. Il est parfois difficile de cerner le ton employĂ© Ă lâĂ©crit par un individu â oui toutes nos rĂ©unions Ă©taient en chat/IRC â, câest lors de rencontre de ce genre quâon peut cerner le caractĂšre dâun individu et comprendre quand il est sĂ©rieux, ironique ou espiĂšgle. Câest aussi lâoccasion dâĂ©changer sur la vie, dâautres sujets qui ne sont pas ceux de tous les jours. Ou ouvre notre horizon. Lors de mon premier FUDCon Ă Zurich, jâĂ©tais tout jeune arrivĂ© dans le projet. Je nâavais pas grand-chose Ă dire mais beaucoup Ă apprendre. Et plus je me rapprochais de lâĂ©quipe France, plus jâentendais que la communautĂ© rĂȘverait dâun Ă©vĂ©nement en France, Ă Paris. Alors un jour, un peu poussĂ©, on a montĂ© une petite Ă©quipe pour cet Ă©vĂ©nement. Il a fallu choisir une date, trouver un lieu, proposer des logements et rĂ©aliser toute la logistique :
- créer des goodies pour faire de petits cadeaux pour que les contributeurs puissent repartir avec un beau souvenir (t-shirt « tour Eiffel » et dessous de verre réutilisables)
- gĂ©rer les subventions des contributeurs, sâils proposaient un sujet (talk) ils pouvaient bĂ©nĂ©ficier dâune subvention par Red Hat
- trouver un traiteur
- coordonner lâĂ©quipe dâorgaâŠ
Jâai rencontrĂ© pas mal de nouvelles difficultĂ©s. Câest la premiĂšre fois que je gĂ©rais (en partie) un budget autre que le mien. Mais câest Ă©galement la premiĂšre fois quâon comptait sur moi â physiquement â Ă une si grande Ă©chelle. LâĂ©quipe dâorganisation sâest principalement tournĂ©e autour des membres de lâassociation Borsalinux-Fr, mais on avait bien entendu des personnes en charge cĂŽtĂ© « Red Hat » sur qui se reposer puisque cet Ă©vĂ©nement Ă©tait sponsorisĂ© tous les ans sur les diffĂ©rentes rĂ©gions (AmĂ©rique, Asie, EMEA). Nâoubliez surtout pas que dans EMEA il y a Europe, mais Ă©galement Afrique. Ahhhh lâAfrique. Câest loin et dans lâespace et dans la culture. Je me souviens dâun appel le matin de lâĂ©vĂ©nement. « Salut KĂ©vin, jâai ratĂ© mon avion, tu peux me trouver un autre vol » ? Oui, câĂ©tait un contributeur dont le billet dâavion Ă©tait payĂ© complĂštement sur le budget subvention de lâĂ©vĂ©nement. Et ça paraissait naturel pour lui que je lui paie un nouveau billet pour lâavion quâil avait ratĂ© parce quâil est arrivĂ© en retard Ă lâaĂ©roport⊠Bon il a choisi de prendre lui-mĂȘme le nouveau billet, il est venu et on a passĂ© de bons moments ! CâĂ©tait un des contributeurs les plus actifs de sa rĂ©gion Ă cette Ă©poque. Autre problĂ©matique plus ennuyante au long terme : jâai utilisĂ© mon adresse de courriel perso pour rĂ©server le traiteur. Et je ne sais pas ce quâil a fait, mais il sâest enregistrĂ© avec ma propre adresse de courriel sur une liste quelque part, et depuis 12 ans je reçois des courriels en tant que gestionnaire de cette entreprise. Jâai des candidatures spontanĂ©es pour des comptables, je reçois des promotions pour acheter des sardines en gros, je reçois des nouvelles de la mairie de Paris⊠Ăa câest pĂ©nible. Mais jâavais Ă lâĂ©poque lâalias de courriel @fedoraproject.org et jâaurai dĂ» Ă©crire avec mon contact « pro » plutĂŽt que perso. On apprend beaucoup en contribuant dans les projets communautaires ! Finalement, avoir organisĂ© cet Ă©vĂ©nement mâa donnĂ© de lâexpĂ©rience pour organiser le mĂȘme genre dâĂ©vĂ©nement au sein du projet OLPC â One Laptop Per Child.
Tu as aussi beaucoup rédigé et géré le magazine francophone Muffin, peux-tu nous expliquer en quoi ça consistait et ce que tu as fait ? Que penses-tu de ce format et du travail réalisé ?
Muffin câĂ©tait incroyable. Depuis mes annĂ©es dâĂ©tudes oĂč je devais rĂ©diger des rapports et prĂ©senter du contenu dâune maniĂšre trĂšs formelle, jâai appris Ă rĂ©diger en LaTeX. Je pensais savoir, connaĂźtre et comprendre. Quand jâai vu ce que mettait en place melmorabity (Mohamed El Morabity) pour le rendu, jâĂ©tais obligĂ© de rester pour en apprendre plus ! Jâai surtout participĂ© Ă la rĂ©daction du numĂ©ro 3. Câest lâoccasion de mettre en avant des nouveautĂ©s, dâanticiper sur les demandes qui vont venir dans les forums et de prĂ©senter du contenu de qualitĂ© Ă nos utilisateurs. JâĂ©tais tous les premiers samedi du mois aux PSL Ă la CitĂ© des Sciences Ă Paris. CâĂ©tait une rencontre mensuelle (peut-ĂȘtre a-t-elle encore lieu ?) oĂč plusieurs contributeurs de plein de communautĂ©s diffĂ©rentes venaient Ă la rencontre de leurs utilisateurs. Ce magazine avait une cible de plus. CâĂ©tait Ă©galement quelque chose quâon Ă©tait fier de mettre en avant lors des diffĂ©rents salons que nous reprĂ©sentions (FOSDEM, Solution LinuxâŠ) Fedora misant sur les nouveautĂ©s, il est important quâon utilise diffĂ©rents moyens pour annoncer les changements aux utilisateurs. CâĂ©tait un moyen de plus.
Par ailleurs Ă la mĂȘme pĂ©riode il y avait je crois un Linux Pratique Essentiel dĂ©diĂ© Ă Fedora 13 sortie vers 2011-2012 qui a impliquĂ© de nombreux rĂ©dacteurs de la communautĂ© francophone dont toi. Peux-tu revenir sur cette expĂ©rience ? Quelle a Ă©tĂ© la plus-value de travailler avec un Ă©diteur pour crĂ©er ce magazine payant ?
Hum, ça me dit quelque chose, mais je nâen ai plus aucun souvenir. Jâai peut-ĂȘtre trĂšs peu contribuĂ© dans ce magazine ? Je me souviens plutĂŽt de ma premiĂšre rencontre avec mon mentor, au 42 de je ne sais plus quelle rue Ă Paris. CâĂ©tait pour un live sur Radio Libertaire pour ensuite aller Ă une rediffusion dâune confĂ©rence de RMS dans un lieu plein dâidĂ©es nouvelles⊠Y a pas Ă dire il se passe plein de chose Ă Paris !
Tu tâes ensuite mis en retrait de la communautĂ© francophone aprĂšs 2013, pour quelles raisons ?
Plus jâen faisais au sein de la communautĂ© Fedora, plus jâĂ©tais en capacitĂ© dâen faire plus. Je nâarrĂȘtais pas dâinteragir avec les diffĂ©rentes Ă©quipes pour amĂ©liorer la productivitĂ©, rĂ©duire les freins rencontrĂ©s par diffĂ©rents contributeurs, amĂ©liorer la collaboration. Sauf quâau bout dâun moment, on entend les oiseaux chanter par la fenĂȘtre et on se dit « mince, câest dĂ©jĂ le matin ? » aller il faut aller chercher une ou deux heures de sommeil avant dâattaquer le boulot. Celui pour lequel on est payĂ©. Jâai passĂ© des semaines Ă plus de 30h de contribution sur les projets libres. Avec le boulot Ă plein temps Ă cĂŽtĂ©. Je nâĂ©tais pas le seul, mais si en plus on se disperse dans trop de sujets on ne peut pas tous les suivre complĂštement. Et si en plus on est Ă Madagascar avec une connexion internet limitĂ©, que ça coĂŻncide avec le dĂ©ploiement dâune nouvelle version et que câest habituellement toi qui appuies sur le bouton ? Et bien tu trouves un « jeune » tout fou que tu formes et qui passe autant de temps avec toi sur internet quâavec sa famille, tu lui confies la tĂąche dâappuyer sur le bouton et dâutiliser en prod tout le process de dĂ©ploiement que tu viens de changer et activer aprĂšs 2 mois de refonte complĂšte. Tu te rends compte que ça se passe bien sans toi, que ça tourne, quâil est fiable. Tu es rassurĂ© et tu te dis « je me suis libĂ©rĂ© dâune charge, quâelle est ma prochaine prioritĂ© ? » Merci Ă Robert Mayr (robyduck) pour cette belle succession ! Ă ce moment jâai Ă©galement quittĂ© Paris pour revenir dans mes montagnes (Haute-Savoie). Jâai intĂ©grĂ© un nouveau travail dans lequel jâai mis tout mon temps et mĂȘme plus. Je nâai plus eu lâoccasion de rencontrer les collaborateurs du projet Fedora aussi souvent et jâai dĂ©crochĂ©. Oui jâai trop donnĂ© pour mon entreprise Ă lâĂ©poque pour ce quâelle me rendait, mais ayant relĂąchĂ© les rennes de la traduction FR et des sites internet, je me suis redirigĂ© vers le loisir en montagne ce qui mâa permis de passer moins de temps sur lâordinateur. Je nâavais plus non plus de contacts rĂ©guliers avec des gurus de lâinformatique : ceux qui vous tirent vers le haut. Jâavais beaucoup de connaissances sur la collaboration que jâai acquises au sein du projet Ă mettre en place dans mon entreprise. Finalement, jâai continuĂ© mes « contributions libres » mais en tant que bĂ©nĂ©vole, je suis maintenant formateur en alpinisme. Je passe beaucoup de mon temps libre dans une autre association qui nâa plus de lien avec Fedora si ce nâest le bĂ©nĂ©volat.
Si tu avais la possibilitĂ© de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa maniĂšre de fonctionner, quâest-ce que ce serait ?
Je ne suis plus au fait des axes politiques Fedora/Red Hat, je ne sais pas Ă quel point le rachat de Red Hat a influĂ© sur le projet Fedora mĂȘme si jâai vu passer quelques messages sur ce contexte. Je trouve que certains aspects sont trop Ă©parpillĂ©s. Jâai vĂ©cu (Ă cĂŽtĂ© sans ĂȘtre contributeur) le dĂ©veloppement de la forge Pagure (hello pingou !) mais Ă©galement le choix de certains projets de partir sur GitLab ou GitHub. Il y a des avantages et des inconvĂ©nients. Personnellement, jâai dĂ©couvert Gerrit et tout ce que ça permet. Je lâai moi-mĂȘme mis en place dans mon nouvel emploi en 2014. DĂšs cet instant je nâai plus rĂ©ussi Ă contribuer au projet Fedora. Les outils utilisĂ©s Ă©taient un frein pour moi je ne pouvais plus suivre les dĂ©veloppements aussi facilement. Donc si je devais changer quelque chose dans le projet, on passerait tout sous Gerrit. Ok je nâai pas rĂ©pondu Ă la vraie question qui concernait le produit⊠Wayland, systemd ? Non non la politique ce nâest pas pour moi, jâaime avancer et ma premiĂšre et derniĂšre modification si ce nâest la traduction câest lâactivation de la console en 256 couleurs par dĂ©faut. Ăa me suffit je vis trĂšs bien avec !
Ă lâinverse, est-ce quâil y a quelque chose que tu souhaiterais conserver Ă tout prix dans la distribution ou le projet en lui-mĂȘme ?
Jâaime me dire que câest un produit qui Ă©volue avec sa communautĂ© et non pas avec une entreprise. Ce que je souhaite conserver, câest les quatre fondations : Freedom, Friends, Features, First. Les nouvelles fonctionnalitĂ©s Ă©tant ce que jâapprĂ©cie beaucoup. Je suis du genre Ă dĂ©sactiver les mises Ă jour auto et aimer dĂ©clencher moi-mĂȘme les mises Ă jour afin de surveiller tout ce qui arrive.
Que penses-tu de la communautĂ© Fedora-fr que ce soit son Ă©volution et sa situation actuelle ? Quâest-ce que tu amĂ©liorerais si tu en avais la possibilitĂ© ?
Malheureusement je nâen fais plus partie, jâaimerais. Mais je nâarriverai pas Ă retrouver le mĂȘme sentiment en restant Ă distance, le contact physique ou rĂ©gulier avec les contributeurs me manque. Mais de la mĂȘme maniĂšre que la plongĂ©e ou le parapente me manquent. On nâa quâune vie et elle est remplie de choix.
Quelque chose Ă ajouter ?
Merci beaucoup Ă vous dâĂȘtre encore actif, aux nouveaux dâavoir pris la relĂšve et Ă tout le monde de continuer Ă contribuer pour ce produit. Câest tous les jours que je pense aux milliers de contributeurs Fedora et aux centaines de contributeurs que jâai connus personnellement.
Merci Kévin pour ta contribution !
Conclusion
Nous espĂ©rons que cet entretien vous a permis dâen dĂ©couvrir un peu plus sur le projet Fedora et Fedora-fr.
Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement lâutiliser et lâinstaller sur votre machine, nâhĂ©sitez pas Ă en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.
Ă dans 10 jours pour un entretien avec AurĂ©lien Bompard, dĂ©veloppeur au sein du projet Fedora et employĂ© Red Hat affectĂ© au projet Fedora en particulier dans lâĂ©quipe infrastructure.