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Seulement un quart des détenus de Gaza sont identifiés comme combattants

C’est une donnée qui révèle l’importance des civils palestiniens emprisonnés par l’armée israélienne. Selon une enquête menée par le journal britannique The Guardian, le média israélo-palestinien + 972 Magazine et le journal en hébreu Local Call publiée jeudi, un quart seulement des détenus de Gaza sont identifiés comme combattants par les services de renseignements militaires israéliens, les civils représentant la grande majorité des Palestiniens détenus sans inculpation ni procès.

Parmi eux, figurent des professionnels de santé, des enseignants, des fonctionnaires, des journalistes et même des personnes malades et des enfants. L’article du Guardian donne l’exemple de cette femme de 82 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer, emprisonnée pendant six semaines, ou d’une mère célibataire séparée de ses jeunes enfants, libérée après 53 jours de détention. La base militaire israélienne de Sde Teiman, qui sert également de prison pour les Palestiniens, "abritait à un moment donné tellement de Palestiniens malades, handicapés et âgés qu’ils avaient leur propre hangar, surnommé "l’enclos gériatrique"", a déclaré au journal un soldat qui y servait.

Des chiffres sous-estimés

Pour parvenir à ce chiffre, les trois médias se sont basés sur la base de données des services de renseignements militaires israéliens, qui comptabilise plus de 47 000 individus identifiés comme combattants du Hamas et du Jihad islamique palestinien. En mai dernier, Israël avait arrêté 6 000 personnes en vertu de sa loi sur les "combattants illégaux", qui autorise l’emprisonnement illimité sans inculpation ni procès, d’après les données officielles publiées après des recours en justice. Mais sur la base de données, seules 1 450 personnes étaient indiquées être en détention, soit donc un quart. Si Israël n’a pas contesté l’existence de cette base de données ni les chiffres du mois de mai, le pays a néanmoins affirmé que "la plupart" des détenus étaient "impliqués dans des activités terroristes".

Une assertion qui ne convainc pas les groupes de défense des droits humains et même les soldats israéliens, qui ont décrit un ratio combattants/civils parmi les personnes arrêtées encore plus faible. Interrogés sur les photos de Palestiniens déshabillés et enchaînés qui ont suscité l’indignation internationale fin 2023, des officiers supérieurs ont en effet déclaré au journal Haaretz que "85 à 90 %" d’entre eux n’étaient pas membres du Hamas. "Nous pensons que la proportion de civils parmi les détenus est encore plus élevée que ne le suggèrent les chiffres d’Israël", a également déclaré au Guardian Samir Zaqout, directeur adjoint du Centre Mezan, une structure pour les droits de l’homme qui représente des centaines de civils détenus dans les prisons israéliennes.

L’armée israélienne, de son côté, assure avoir renvoyé plus de 2 000 détenus civils à Gaza, n’ayant établi aucun lien avec des activités terroristes, après un "processus d’examen approfondi". Cette dernière affirme combattre des ennemis qui "se font passer pour des civils", et précise que "des personnes souffrant de problèmes de santé, voire de handicaps, peuvent être impliquées dans le terrorisme", citant l’exemple de l’ancien chef militaire du Hamas, Mohammed Deif.

© afp.com/Eyad BABA

D'ex-détenus palestiniens sont accueillis par leur famille et leurs amis à leur arrivée à l'hôpital européen de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, pour des examens médicaux, le 1er février 2025
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La défense de l'ex-président brésilien Bolsonaro réclame son acquittement

"L’acquittement est absolument indispensable pour que nous n’ayons pas notre version de l’affaire Dreyfus", a déclaré l’avocat de Jair Bolsonaro, Paulo Cunha Bueno. Il faisait référence à la retentissante erreur judiciaire qui a marqué l’histoire de France, dressant un parallèle entre son client, capitaine de l’armée brésilienne à la retraite, et le capitaine juif de l’armée française qui avait été accusé à tort de haute trahison au profit de l’Allemagne. La "crédibilité" de la Cour suprême est en jeu, a affirmé l’avocat de l’ex-président brésilien.

Le verdict de ce procès historique est attendu la semaine prochaine pour l’ancien chef de l’Etat de 70 ans, au pouvoir de 2019 à 2022, et ses sept co-accusés, parmi lesquels d’anciens ministres et militaires haut gradés. Lors de la prochaine audience, prévue mardi 9 septembre, les cinq juges vont commencer à voter pour décider de condamner ou d'acquitter les accusés d'ici au vendredi 12. Le parquet accuse l'ex-président d'extrême droite d'être le chef d'une "organisation criminelle armée" ayant conspiré pour son "maintien autoritaire au pouvoir" quel que soit le résultat de l'élection de 2022, qu'il a finalement perdue face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

"Exécution publique"

Déjà inéligible jusqu'en 2030, Jair Bolsonaro clame son innocence et se dit victime d'une "persécution politique", à un peu plus d'un an de la présidentielle de 2026. Il n'a pas assisté aux audiences cette semaine, car il est "affaibli" en raison des séquelles d'un attentat à l'arme blanche subi en pleine campagne électorale en 2018, selon ses avocats.

Assigné à résidence depuis début août, il porte un bracelet électronique et se voit interdit d'utiliser les réseaux sociaux en raison de soupçons d'entrave à son procès, liés notamment au lobbying de son fils Eduardo, depuis les Etats-Unis. Ce dernier a mis entre parenthèses son mandat de député pour faire campagne en faveur de son père auprès des autorités américaines.

Dénonçant une "chasse aux sorcières" contre son allié, le président américain Donald Trump a imposé depuis le 6 août une surtaxe punitive de 50 % sur une part des exportations brésiliennes. Eduardo Bolsonaro a qualifié, mercredi sur la plateforme X, le procès de son père d'"exécution publique" ayant pour but d'"exterminer un adversaire politique".

"Aucune preuve"

Selon le parquet, le supposé projet putschiste, qui incluait un décret d'état de siège et un plan pour assassiner Lula avant son installation, n'a pas abouti faute de soutien du haut commandement militaire. M. Bolsonaro "n'a jamais porté atteinte à l'état démocratique de droit", a rétorqué l'avocat Paulo Cunha Bueno.

Pour Celso Vilardi, autre membre de sa défense, "il n'y a aucune preuve qui relie" l'ex-président à ce projet d'assassinat. Pas plus, selon lui, qu'aux émeutes du 8 janvier 2023, quand des milliers de ses sympathisants ont pris d'assaut les lieux de pouvoir à Brasilia, une semaine après l'investiture de Lula. Dans leur plaidoirie, les avocats ont fustigé les "innombrables contradictions" des témoignages de son ancien aide de camp, Mauro Cid, qui a noué un accord de collaboration avec la justice, dans l'espoir d'une remise de peine.

En cas de condamnation, la défense aura cinq jours pour présenter un recours, a expliqué à l'AFP Thiago Bottino, professeur de droit pénal à la Fondation Getulio Vargas, un pôle universitaire. Il ne pourra pas être incarcéré avant épuisement des recours.

Mais ses alliés misent surtout sur l'approbation au Parlement d'une amnistie pour lui éviter la prison. "Forts de plus en plus de soutien, nous allons œuvrer pour une amnistie générale et sans restriction", a déclaré mardi le sénateur Flavio Bolsonaro, un autre fils de l'ex-président. "Si cette loi est approuvée, elle sera censurée par Lula ou annulée par la Cour suprême", a affirmé mercredi à l'AFP le député de gauche Lindbergh Farias.

© afp.com/EVARISTO SA

Vue générale de la salle d'audience lors du procès de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro, devant la Cour suprême, à Brasilia le 3 septembre 2025
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Donald Trump en guerre contre les musées : la bataille du "récit national"

C’est un tableau qui dépeint dans un style réaliste un couple de migrants avec deux enfants en train de descendre d’une échelle après avoir enjambé le mur à la frontière mexicaine. L’air apeuré, ils viennent de poser le pied au Texas, éclairés par le soleil levant. La toile de Rigoberto Gonzalez a été semi-finaliste d’une compétition à la National Portrait Gallery à Washington. Mais si cela ne tenait qu’à la Maison-Blanche, elle serait mise à l’index. Et pas pour des motifs esthétiques. Son crime ? Elle "commémore l’acte de traverser illégalement" la frontière.

L’administration Trump vient de publier une liste d’œuvres et d’expositions dans les musées nationaux américains qu’elle estime éminemment condamnables pour leurs descriptions de la sexualité, de la race, de l’immigration… Outre la peinture de Gonzalez, on y trouve une statue de la Liberté en papier mâché au teint mat qui au lieu d’une torche tient une tomate, symbole de la lutte des ouvriers agricoles latinos, une animation sur la carrière du Dr Anthony Fauci, le responsable de la lutte contre le Covid et ennemi juré des conservateurs, un film sur une bavure policière qui est jugé biaisé… Elle s’en prend aussi à une exposition sur Benjamin Franklin (1706-1790), l’un des pères fondateurs des Etats-Unis, trop centrée sur le fait qu’il était propriétaire d’esclaves.

Après s’être emparé de la direction du Kennedy Center, le grand centre de spectacles de Washington, Donald Trump poursuit sa prise de contrôle des institutions culturelles américaines. Sa nouvelle cible, c’est le Smithsonian, qui rassemble des centres de recherche, des bibliothèques et 21 musées nationaux, dont la Portrait Gallery, le Musée de l’air et de l’espace, le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaine… Il lui reproche d’être trop "woke" et de donner une vision historique trop négative.

Une ingérence de l’Etat sans précédent

Tout a commencé en mars. Le président, jusqu’ici plus connu pour son goût pour la télé-réalité et les défilés militaires, a signé un décret intitulé "Restaurer la vérité et le bon sens de l’histoire américaine". Sur la dernière décennie, clame-t-il, "un large effort pour réécrire l’histoire de notre nation" a été entrepris, qui "cherche à saper les réussites remarquables des Etats Unis en présentant ses principes fondateurs" comme "intrinsèquement racistes, sexistes, oppressifs ou autrement irrémédiablement viciés". Il épingle spécifiquement le Smithsonian "sous l’influence d’une idéologie clivante centrée sur la race". Le décret nomme J. D. Vance, le vice-président, à son conseil d’administration pour remettre de l’ordre. Dans les faits, c’est à Lindsey Halligan, une jeune femme de 35 ans, ex-membre de l’équipe d’avocats de Trump, qu’il revient de gérer le nettoyage des collections. Tant pis si elle n’a aucune expérience ni formation historique. Avant de venir à Washington, elle était spécialiste d’assurances et a participé deux fois à l’élection de miss Colorado.

Dans la foulée, Donald Trump a limogé ou poussé vers la sortie toute une série de responsables culturels : la patronne des Archives nationales, les directrices de la bibliothèque du Congrès et de la National Portrait Gallery… au motif pour les deux dernières d’être trop "woke". Le mois dernier, il a annoncé un audit sur huit musées du Smithsonian. Une ingérence de l’Etat sans précédent. "Le gouvernement ne devrait pas changer ou influencer le contenu des musées pour qu’il soit conforme à son but politique", résume Lisa Strong, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Georgetown. Les directeurs des huit musées ont cent vingt jours pour remplacer "tout langage clivant ou idéologique".

L’annonce de cet audit au moment où le chef de l’Etat envoyait la Garde nationale et prenait le contrôle de la police de Washington, marque une nouvelle étape dans sa domination des institutions culturelles de la capitale. "A toutes les époques dans le monde, des gouvernements ont voulu imposer leur conception de l’art, mais on n’a jamais vu ce type d’interventionnisme aux Etats Unis, ce qui le rend d’autant plus choquant", analyse Christopher Denby, fondateur du Advisory Board for the Arts, un cabinet international de conseil.

Quelques jours plus tard, le président a accusé violemment le Smithsonian sur son réseau social d’être "hors de contrôle". Il lui reproche particulièrement sa représentation de l’histoire afro-américaine et sa focalisation sur "les méfaits de l’esclavage", le côté "horrible" du passé du pays et pas assez sur "ses réussites" et "son éclat". Donald Trump "essaie d’effacer l’histoire noire", s’est récrié sur X Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie.

"Retour en arrière"

Depuis son arrivée, l’administration s’est efforcée de gommer les références à l’esclavage, au racisme, à la discrimination raciale… Les sites des ministères ont été purgés des termes "oppression", "ségrégation", "injustice". Les agences fédérales essaient de minimiser la contribution de héros afro-américains. L’armée de l’air ne parle plus des exploits des Tuskegee, un groupe de pilotes noirs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le site des Parcs nationaux a éliminé – avant de la remettre face au tollé — la mention de Harriet Tubman, une militante anti-esclavagiste. Les bases militaires débaptisées sous Joe Biden portent de nouveau le nom de généraux confédérés. En avril, la bibliothèque de l’Ecole de la Marine dans le Maryland a supprimé des rayonnages 381 livres sur les droits civiques et surtout la diversité et l’inclusion, thème banni de l’éducation par un autre décret.

Cette réécriture édulcorée du passé alarme les historiens. "Cette interférence politique qui entend mettre en avant une version triomphale de l’histoire, où tout doit être positif, est extraordinairement inquiétante et dangereuse, estime Sarah Weicksel, directrice de l’Association historique américaine. L’esclavage a fait partie de notre pays pendant plus de deux cent cinquante ans et a façonné la politique, l’économie, la société. On ne peut pas comprendre l’histoire des Etats Unis sans lui." Selon elle, on assiste à un "retour en arrière". "Ces dernières décennies, les musées ont fait de plus en plus de progrès pour présenter une variété de perspectives. Aujourd’hui, on revient à un point de vue simplificateur centré sur les Blancs et les grands hommes."

Le chef de l’Etat, en théorie, n’a pas l’autorité d’imposer ses directives au Smithsonian, dont le statut est celui d’institution indépendante. Pourtant, elle va avoir du mal à s’y opposer. Son budget de plus d’un milliard de dollars dépend à 62 % de subventions publiques. Le président a promis d’autres audits et même les musées privés, dont beaucoup reçoivent des aides de l’Etat, risquent de devoir s'incliner face aux menaces.

"La grande inquiétude, c’est qu’ils se mettent à faire de l’autocensure par peur de se voir couper les budgets," poursuit Lisa Strong. Or c’est déjà le cas. L’artiste Amy Sherald a annulé son exposition à la National Portrait Gallery qui ne voulait pas exposer sa toile représentant une statue de la Liberté noire et transgenre. Le Musée national de l’art africain a soudainement reporté une expo d’artistes africains LGBT prévue en mai. Quant au Musée national d’histoire américaine, il a enlevé la mention de Donald Trump dans une vitrine sur les présidents qui ont fait l’objet de procédures de destitution. Il l’a finalement remise, dans une version expurgée.

"Un âge d’or de la culture et de l’art"

Mais plus que le Smithsonian, c’est le Kennedy Center, le centre culturel le plus prestigieux du pays, qui intéresse Donald Trump. Un mois après son arrivée au pouvoir, à la surprise générale, il a remplacé tous les membres du conseil d’administration par des alliés et s’est fait élire à la tête de l’institution. Il a promis un "âge d’or de la culture et de l’art" et a nommé comme directeur Richard Grenell, un loyaliste. Depuis, le Kennedy Center fait l’objet d’une purge sévère. Des dizaines d’employés ont été remerciés ou sont partis, dont la soprano Renée Fleming, conseillère artistique. Richard Grenell vient de licencier l’équipe chargée des programmes de danse au motif qu’il voulait des spectacles plus "grand public" comme So you can dance, une compétition de télé-réalité sur Fox News.

Ces bouleversements brutaux ont un impact négatif sur les ventes d’abonnement. En juin, elles étaient en baisse de 36 % , par rapport à l’année précédente. Certains artistes ont annulé leurs représentations, parmi lesquelles la comédie musicale Hamilton. Le président a heureusement trouvé des attractions de remplacement. Lors d’une conférence de presse, coiffé d’une casquette avec le slogan "Trump a eu raison sur tout !", il a annoncé que le Kennedy Center allait accueillir en décembre le tirage au sort de la Coupe de monde de foot, programmée aux Etats-Unis en 2026. Il a aussi sélectionné lui-même sans consulter la Commission en charge, les futurs lauréats des Kennedy Center Honors (l’équivalent de l’Ordre des Arts et des Lettres) qui seront distingués en décembre. Parmi eux : l’acteur Sylvester Stallone, la chanteuse Gloria Gaynor, le groupe de rock Kiss... Encore plus extraordinaire, c’est le président des Etats Unis en personne qui va jouer le maître de cérémonie.

Cet intérêt pour le Kennedy Center a toutefois du bon. Le Congrès lui a alloué 257 millions de dollars de subventions publiques, soit six fois le montant habituel. La majorité des fonds va servir à la rénovation de cet édifice monumental aux allures de mausolée stalinien. On va repeindre les colonnes d’un "beau blanc", restaurer le marbre et remplacer la pelouse par "la plus belle des herbes", a déclaré le président. Il a évoqué de nouveau l’idée de rebaptiser le Centre à son nom. Les élus républicains de la Chambre poussent, eux, à nommer l’une des salles de spectacle "Melania Trump".

Son mari a un autre projet culturel qui lui est cher : la création d’un jardin national des héros américains, un ensemble de 250 statues de sportifs, scientifiques, chanteurs… Pour l’instant, le site n’est toujours pas choisi. Partout ailleurs, l’administration coupe les budgets de la culture. Elle envisage d’éliminer le National Endowments for the Arts et for Humanities et l’Institute of Museum and Library Services, des agences chargées de financer les musées et les bibliothèques…

Curieusement, la communauté artistique, d’habitude si prompte à défendre la liberté d’expression, reste assez silencieuse. En coulisses, cependant, s’esquissent quelques réactions. "On voit beaucoup de donateurs se mobiliser, se dire prêts à jouer un plus grand rôle", observe Christopher Denby. La Mellon Foundation et la Fondation Andy Warhol pour les arts visuels ont annoncé chacune des aides financières aux petites institutions culturelles menacées de fermeture.

En attendant, l’illustrateur Felipe Galindo à sa grande surprise a découvert qu’un de ses dessins exposé au Musée de l’histoire américaine figurait sur la liste des œuvres condamnées par la Maison-Blanche. Il fait, selon elle, la promotion de l'ouverture de la frontière. On y voit un enfant qui contemple avec envie le feu d’artifice du 4-Juillet de l’autre côté du mur entre le Mexique et les Etats Unis. "Je me sens vulnérable", a-t-il écrit sur Instagram. "Est-ce le sentiment qu’avaient les artistes à l’époque d’Hitler quand leurs oeuvres étaient étiquetées ’Art dégénéré' ?"

© afp.com/SAUL LOEB

Le président américain Donald Trump dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 3 septembre 2025 à Washington
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L'université Harvard remporte une victoire judiciaire face à Donald Trump

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier dernier, le président américain Donald Trump accuse Harvard de servir de vivier à l'idéologie "woke", un terme souvent détourné par les conservateurs pour qualifier de manière péjorative des idées progressistes en faveur des femmes et des minorités. Grand soutien d'Israël, le président accuse également la doyenne des universités américaines de ne pas avoir protégé suffisamment ses étudiants juifs ou israéliens lors de manifestations sur le campus pour un cessez-le-feu à Gaza.

En représailles, le gouvernement a retiré à Harvard un peu plus de 2,6 milliards de dollars en subventions, et a révoqué sa certification SEVIS, par laquelle les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux Etats-Unis.

"Attaque ciblée et idéologique"

Saisie par l'université, une juge de Boston "annule et écarte" les décisions de gel prises par l'administration, constitutifs d'une "violation du premier amendement" de la Constitution, selon le texte de son ordonnance. Elle note que "l'antisémitisme, comme d'autres formes de discrimination ou de préjugé, est intolérable. Et il est clair, de l'aveu même de Harvard, que l'université a été en proie à l'antisémitisme ces dernières années et aurait pu (et dû) mieux traiter ce problème". Mais en "réalité, il existe peu de lien entre les domaines de recherches affectés par les gels de subventions et l'antisémitisme". Elle accuse l'administration d'avoir "utilisé l'antisémitisme comme écran de fumée pour mener une attaque ciblée et idéologiquement motivée contre les universités les plus prestigieuses du pays".

Le président de Harvard, Alan Garber, a souligné que cette décision validait les "arguments en faveur de la liberté académique de l'université". "Cette juge militante nommée par Obama allait forcément statuer en faveur de Harvard", a réagi Liz Huston, attachée de presse de la Maison-Blanche. Elle a ajouté que la Maison-Blanche allait "immédiatement faire appel de cette décision scandaleuse".

Selon Ray Brescia, professeur à la Albany Law School, Donald Trump "pourrait revenir à la table des négociations" afin de conclure un accord financier à l'amiable avec l'université. "Des gens règlent souvent leurs désaccords à l'amiable pour diverses raisons, même s'ils pensent avoir complètement raison", a-t-il expliqué à l'AFP.

"Sécurité nationale"

La bataille judiciaire entre l'université, l'une des plus prestigieuses au monde établie près de Boston, dans le Massachusetts (nord-est), sert aussi de test pour d'autres institutions d'enseignement supérieur dans la ligne de mire du gouvernement Trump. Au moment où s'ouvrait une première audience à Boston, Donald Trump avait accusé la juge d'être une opposante notoire et Harvard "d'être antisémite, antichrétienne et anti-Amérique".

L'université affirme de son côté avoir pris des mesures pour s'assurer que les étudiants et le personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, tout en soutenant que des mesures du gouvernement fédéral "menaçaient" la liberté d'expression.

En sus du gel des subventions, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a annoncé fin juillet l'ouverture d'une enquête pour savoir si Harvard se conformait à "toutes les réglementations" en matière d'échanges avec des universités étrangères. "Le peuple américain est en droit d'attendre de ses universités qu'elles veillent à la sécurité nationale, qu'elles respectent la loi et qu'elles offrent un environnement sûr à tous les étudiants", a affirmé le chef de la diplomatie dans un communiqué.

© afp.com/Rick Friedman

Un panneau Harvard sur le campus de l'Université à Boston, Massachusetts, le 27 mai 2025
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Google condamné à verser 425 millions de dollars pour collecte frauduleuse de données

Google, qui a annoncé vouloir faire appel, a été reconnu coupable d'atteinte à la vie privée selon la loi californienne, pour avoir continué à collecter les données privées de ces utilisateurs alors même qu'ils avaient désactivé ce paramètre, a conclu le jury au terme d'un procès entamé mi-août.

L'affaire découle d'un recours collectif déposé en juillet 2020. Les plaignants, dont environ 98 millions ont été reconnus par le tribunal, avaient désactivé le paramètre "Activité sur le Web et les applications" et un autre sous-paramètre de suivi. Ils refusaient ainsi la collecte des données issues de leur utilisation de services répandues du géant du web, comme le navigateur Chrome, Google Maps ou Google Actualités. "Les promesses et garanties de Google en matière de confidentialité sont des mensonges éhontés", ont déclaré les avocats des plaignants lors du procès.

"Cette décision méconnaît le fonctionnement de nos produits, et nous allons faire appel", a déclaré José Castaneda, porte-parole de Google joint par l'AFP. "Nos outils de confidentialité permettent aux utilisateurs de contrôler leurs données, et lorsqu'ils désactivent la personnalisation, nous respectons leur choix", a-t-il ajouté. Le groupe fait valoir que les données collectées après la désactivation du paramètre de suivi ne permettent pas d'identifier les utilisateurs.

Sous pression

La filiale d'Alphabet est de longue date sous pression pour trouver un équilibre entre sa diffusion de publicités lucratives, au coeur de son succès financier, et la protection de la vie privée des utilisateurs. Le géant de la Silicon Valley s'efforce ainsi de remplacer les cookies, ces petits fichiers qui permettent de suivre l'activité en ligne et de mieux cibler les publicités, par un mécanisme moins intrusif mais tout aussi efficace.

En France, Google a écopé mercredi d'une amende record de 325 millions d'euros pour des manquements sur les cookies ainsi que sur la publicité. Cette sanction lui a été infligée par l'autorité française de contrôle du respect de la vie privée (Cnil), qui lui reproche d'avoir afficher des publicités au milieu des courriels d'utilisateurs français de Gmail sans leur consentement, et pour un défaut d'information sur l'usage des cookies, des traceurs de navigation. C'est la troisième fois, en matière de cookies, que l'autorité française sanctionne la "négligence" du groupe, frappé en 2020 par une amende de 100 millions d'euros, puis en 2021 par une nouvelle contravention de 150 millions.

La décision rendue à San Francisco intervient au lendemain de celle d'un juge fédéral à Washington qui a donné gain de cause à Google en rejetant la demande du gouvernement américain de voir le groupe contraint de vendre son navigateur web Chrome dans une affaire antimonopole.

© afp.com/SEBASTIEN BOZON

Google, également sanctionné pour des manquements en matière de publicité, s'est vu infliger une amende de 325 millions d'euros
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Ukraine : ce qu'il faut attendre de la "coalition des volontaires" réunie à Paris

Les négociations se succèdent, sans qu'un accord de cessez-le-feu en Ukraine aboutisse. Mais les Etats européens gardent le cap, et se réunissent jeudi à Paris dans le cadre d'une "coalition des volontaires", pour échanger sur les garanties de sécurité à apporter à Kiev, une fois le conflit avec son rival russe terminé. "Au niveau politique, le message essentiel qui sera passé jeudi est, compte tenu de l’avancement des travaux aujourd’hui, que nous sommes non seulement volontaires et capables, mais que nous sommes prêts. C’est le message clé", a souligné un conseiller du président Emmanuel Macron, alors qu'une trentaine de dirigeants européens sont attendus, en présentiel et en visioconférence.

Au cours de cette réunion, deux sujets seront à l'ordre du jour : un appel à plus de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures à apporter à l'Ukraine. La coalition des volontaires s'est dit disposée à contribuer au renforcement de l'armée ukrainienne, voire pour certains pays - dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique - à déployer des soldats en Ukraine une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais d'autres Etats européens se sont montrés plus hésitants, attendant l'éventuelle contribution américaine dans le processus de paix. Jusqu'à un cessez-le-feu, "il n'y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine, et même après, j'ai des réserves considérables à ce sujet concernant l'Allemagne", a par exemple affirmé le chancelier Friedrich Merz, sur la chaîne Sat1. La Russie, elle, a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune "intervention étrangère quelle qu'en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen".

Un filet de sécurité

De son côté, Donald Trump s'était engagé, lors d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août, à ce que son pays apporte des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles. Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, mais non l'envoi de troupes, cette piste ayant rapidement été écartée par le président américain.

Deux semaines après sa rencontre avec Vladimir Poutine en Alaska, qui n'a abouti à aucun progrès substantiel sur une issue de la guerre, Donald Trump a affirmé mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si son homologue russe ne répondait pas à ses attentes. L'Elysée a indiqué que les Etats-Unis seront représentés à la réunion de jeudi, et cette dernière sera suivie d'un entretien téléphonique avec Donald Trump, à 14 heures.

Des déclarations offensives

En attendant, Vladimir Poutine, présent mercredi à Pékin aux côtés du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, multiplie les déclarations offensives. Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine, assurant que ses troupes demeuraient "à l'offensive" sur l'ensemble du front. Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque avec plus de 500 drones et missiles sur l'Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d'électricité.

"Malheureusement, nous n'avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu'ils veulent mettre fin à la guerre", a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, se disant toutefois convaincu que l'Europe et les Etats-Unis aideraient Kiev à "accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique". La question réside désormais dans la "sincérité" de la Russie et "de ses engagements successifs lorsqu’elle a proposé la paix aux Etats-Unis d’Amérique", a appuyé Emmanuel Macron.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (c) et le président français Emmanuel Macron (d) sur le perron de l'Elysée, le 3 septembre 2025 à Paris
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Droits de douane jugés illégaux : l'administration Trump saisit la Cour suprême

L'administration de Donald Trump a saisi mercredi la Cour suprême pour trancher rapidement sur une grande partie des droits de douane qu'il a mis en place depuis son retour à la Maison-Blanche mais qui ont été jugés illégaux par une cour d'appel. Voyant menacé un vaste pan de l'offensive commerciale au coeur de son deuxième mandat, le président américain Donald Trump avait prévenu qu'il comptait saisir la plus haute instance américaine, dont il a cimenté la majorité conservatrice, par une "procédure accélérée". "Nous avons besoin d'une décision rapide", avait déclaré mardi le dirigeant à la presse, depuis le Bureau ovale. "Si vous enlevez les droits de douane, nous pourrions devenir un pays du tiers-monde."

Dans sa motion qui sollicite la Cour suprême en référé, le conseiller juridique du gouvernement, John Sauer, lui demande de décider d'ici au 10 septembre si elle compte examiner le dossier et, le cas échéant, de tenir des audiences d'ici début novembre.

Le document s'inquiète des effets néfastes sur les négociations commerciales menées par Washington de la décision rendue vendredi par une cour d'appel fédérale. Cette dernière a jugé que Donald Trump n'avait pas le pouvoir d'instaurer une grande partie des taxes sur les produits importés qu'il a mises en place depuis son retour au pouvoir en janvier.

Selon le texte du jugement, "la loi confère au président des pouvoirs importants pour prendre un certain nombre de mesures en réponse à une situation d'urgence nationale déclarée, mais aucune de ces mesures n'inclut explicitement le pouvoir d'imposer des droits de douane et autres taxes", prérogative du Congrès. Ces droits de douane restent toutefois en vigueur, le temps pour la Cour suprême d'examiner l'affaire. La Maison-Blanche a accusé les juges d'avoir pris cette décision pour des raisons politiques, ajoutant faire appel de la décision.

Levier de pression

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a mis en place, en plusieurs vagues, de nouvelles surtaxes sur les produits entrant aux Etats-Unis. Celles-ci vont de 10 à 50% selon les situations et les pays. Ce sont ces droits de douane - différents de ceux frappant des secteurs en particulier (automobile, acier, aluminium, cuivre) - qui sont au coeur du conflit juridique.

L'affaire avait d'abord été examinée par le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) qui avait estimé fin mai que Donald Trump avait outrepassé ses pouvoirs en imposant des surtaxes non ciblées, à la suite de plaintes déposées par plusieurs Etats démocrates et une coalition de petites entreprises.

Donald Trump a répété vendredi estimer que mettre fin aux droits de douane "serait une catastrophe complète pour le pays", qui serait "détruit". Le gouvernement s’inquiète notamment de perdre un levier majeur de pression sur ses partenaires commerciaux. La crainte de droits de douane exorbitants a poussé nombre d'entre eux, dont l'Union européenne, à s'abstenir de riposter et à ouvrir davantage leur marché aux produits américains. Le ministre des Finances, Scott Bessent, avait estimé qu'une suspension des droits de douane placerait les Etats-Unis dans une "situation embarrassante et dangereuse sur le plan diplomatique". 

© afp.com/Andrew Harnik

Le président américain Donald Trump brandit un décret sur les droits de douane, le 2 avril 2025 à la Maison Blanche, à Washington
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DIRECT. Guerre en Ukraine : les Européens sont prêts à apporter des garanties de sécurité à Kiev

La "coalition des volontaires", qui comprend une trentaine d'États majoritairement européens, se réunit jeudi à Paris pour montrer au président américain Donald Trump qu'elle est prête à fournir des garanties de sécurité à Kiev dès la fin des hostilités avec la Russie, si Washington assure ses arrières et met la pression sur Moscou.

Alors que le président français, Emmanuel Macron, a annoncé mercredi que ses partenaires européens et lui étaient "prêts à une paix robuste, durable pour l’Ukraine et pour les Européens", en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à Paris, la Russie juge "absolument inacceptables" les garanties de sécurité demandées par Kiev.

Les infos à retenir

⇒ Emmanuel Macron affirme que les garanties de sécurité pour la fin de la guerre en Ukraine sont prêtes

⇒ La Russie rejette toute intervention étrangère en Ukraine

⇒ Donald Trump promet qu’"il se passera quelque chose" si Vladimir Poutine ne répond pas à ses attentes

Troupes en Ukraine : il n’appartient pas à la Russie de "décider"

Il n’appartient pas à la Russie de "décider" si les Occidentaux peuvent ou non envoyer des troupes en Ukraine, a affirmé jeudi le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. "Pourquoi nous intéressons-nous à ce que pense la Russie au sujet des troupes en Ukraine ? (.[…] Ce n’est pas à eux de décider", a-t-il affirmé lors d’une conférence sur la sécurité à Prague.

La Russie a averti jeudi qu'elle refusait de discuter d'une quelconque "intervention étrangère" en Ukraine, "qu'elle qu'en soit la forme", alors que certains Européens se sont dits prêts à déployer des troupes dans le cadre d'un règlement du conflit.

Berlin veut renforcer les capacités défensives et offensives de l’Ukraine

L’Allemagne va présenter jeudi ses propositions concrètes pour participer à garantir la sécurité de l’Ukraine, en renforçant la défense antiaérienne et les capacités aériennes offensives ukrainiennes. Si Berlin est "prêt à offrir" ces garanties de sécurité, elles sont soumises à "trois conditions préalables", a indiqué à l’AFP une source gouvernementale allemande avant une réunion à Paris des soutiens européens de Kiev.

Ces conditions sont "la participation des États-Unis aux garanties de sécurité", le fait que "la Russie engage des négociations", ainsi qu’un "consensus au sein du gouvernement (allemand) et une approbation du Bundestag" (parlement allemand), a détaillé la même source. Pour soutenir la défense antiaérienne ukrainienne, Berlin veut contribuer à une augmentation du nombre d’armes et de leur efficacité de 20% par an, selon des informations du magazine Der Spiegel, confirmées par l’AFP auprès de la même source.

Berlin veut aussi renforcer les capacités aériennes offensives de Kiev avec des armes de précision à longue portée (comme des missiles de croisière), fabriquées en Ukraine avec l’apport financier et technologique allemand. "La garantie de sécurité la plus importante que nous pouvons offrir pour le moment est un soutien suffisant à l’armée ukrainienne dans ses efforts pour défendre ce pays", avait déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz mardi.

Mais le dirigeant s’est montré très prudent sur une éventuelle participation à une force de maintien de la paix. "Jusqu’à ce moment-là (un cessez-le-feu), il n’y aura certainement aucun déploiement de troupes en Ukraine, et même après cela, j’ai des réserves considérables", a dit le chancelier.

Les Européens sont prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine

A l’issue d’un long travail préparatoire qui est "achevé", les Européens sont "prêts" à "apporter les garanties de sécurité à l’Ukraine et aux Ukrainiens, le jour où une paix est signée", a annoncé mercredi Emmanuel Macron, en recevant son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Paris. "L’Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d’engagement et d’intensité", a déclaré le président de la République, à la veille d’une "coalition des volontaires", qu’il organise à l’Elysée en présence de plusieurs dirigeants européens.

"Les contributions qui ont été préparées, documentées, confirmées cet après-midi au niveau des ministres de la défense de manière extrêmement confidentielle me permettent de dire que ce travail de préparation est achevé. Il sera maintenant endossé politiquement et il nous permet de manière solide (…) de dire que nous sommes prêts à une paix robuste, durable pour l’Ukraine et pour les Européens", a-t-il précisé, ajoutant que la question résidait désormais dans la "sincérité" de la Russie et "de ses engagements successifs lorsqu’elle a proposé la paix aux Etats-Unis d’Amérique".

Moscou rejette toute intervention étrangère en Ukraine

"La Russie n’a pas l’intention de discuter d’une intervention étrangère en Ukraine, qui serait fondamentalement inacceptable et saperait toute forme de sécurité, sous quelque forme ou format que ce soit", a réagi jeudi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, en réponse au fait que certains pays européens se sont dits prêts à déployer des troupes dans le cadre d’un règlement du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

D'après elle, la Russie juge "absolument inacceptables" les garanties de sécurité demandées par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. "Ce ne sont pas des garanties de sécurité pour l’Ukraine, ce sont des garanties de danger pour le continent européen", a-t-elle martelé devant des journalistes lors d’une conférence économique à Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe.

Donald Trump promet qu’"il se passera quelque chose" si Vladimir Poutine ne répond pas à ses attentes

Lors d’un entretien avec le chef de l’Etat polonais, Karol Nawrocki, à la Maison-Blanche, Donald Trump a averti son homologue russe, Vladimir Poutine : "[Il] sait quelle est ma position […] Selon la décision qu’il prendra, je serai soit content soit mécontent et, si nous ne sommes pas contents, il se passera quelque chose."

Jeudi, le président des Etats-Unis échangera par téléphone avec Volodymyr Zelensky, après le sommet de la "coalition des volontaires".

© afp.com/Teresa SUAREZ

Le président français Emmanuel Macron (c,d) lors d'une réunion de travail avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à l'Elysée, le 3 septembre 2025 à Paris
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Ce que l'on sait des garanties de sécurité envisagées pour l'Ukraine

Les garanties de sécurité envisagées pour l'Ukraine, échafaudées depuis des mois par une trentaine de pays, comprennent un soutien à l'armée de Kiev et des volets terrestre, maritime et aérien. Mais leur mise en oeuvre reste conditionnée à un très hypothétique arrêt des combats. Depuis mi-février, Paris et Londres, à la tête d'une "coalition des volontaires", multiplient les réunions de planification au niveau des chefs d'état-major, des ministres et des chefs d'Etat.

Les garanties de sécurité, inexistantes dans les accords de Minsk conclus entre l'Ukraine et la Russie en 2014 et 2015, sont présentées comme un moyen d'empêcher une reprise du conflit.

Soutien à l'armée ukrainienne

Alors que la Russie réclame la démilitarisation de l'Ukraine, la principale garantie de sécurité pour Kiev est l'armée ukrainienne elle-même, font valoir ses alliés. Forte de plus de 800 000 militaires, elle est "l'armée la plus aguerrie d'Europe par la force des choses", observe-t-on à l'Elysée.

Il s'agit donc pour les pays de la coalition, dont font également partie le Japon, l'Australie et le Canada, de "consolider les armées ukrainiennes dans la durée (...) à la fois en volume, en force, en financement, en capacité opérationnelle", en continuant leur soutien à l'achat d'armements et au développement de l'industrie de défense ukrainienne, explique la présidence française. Au 30 juin, les Européens avaient fourni pour 167 milliards d'euros d'aide militaire, humanitaire et financière à Kiev depuis l'invasion en février 2022, les Etats-Unis près de 115 milliards.

Ce soutien passe aussi par la poursuite de la formation de militaires ukrainiens en Ukraine ou dans les pays européens. Plus de 130.000 Ukrainiens ont été formés depuis 2022 dans le cadre des missions européennes Eumam (80.000) et britannique Interflex (56.000).

Troupes au sol

Un déploiement de troupes européennes sur le territoire ukrainien est l'aspect le plus symbolique, sans doute le plus épineux, dont la Russie ne veut pas entendre parler. La France, le Royaume-Uni, toutes deux puissances nucléaires, ou encore les pays baltes se sont dit prêts ces derniers mois à participer à une telle mission, une fois que les combats auront cessé. Mais "ceux qui ont les gros bataillons au sol en Europe ne veulent pas y aller, Varsovie et Berlin pour l'instant disent non", observe le chercheur indépendant Stéphane Audrand.

Le président français Emmanuel Macron a évoqué un déploiement de "quelques milliers d'hommes". "Ces forces-là n'ont pas vocation à tenir une ligne de front ni à être engagées sur un conflit chaud, mais à signer une solidarité d'un point de vue stratégique", a-t-il expliqué mi-août. "Il ne s'agit pas de faire monter le niveau de violence mais d'afficher notre détermination à maintenir la paix", a souligné au journal Libération et à Politico le général français Thierry Burkhard, qui vient de quitter ses fonctions de chef d'état-major. D'après lui, "les règles d'engagement seront donc normalement de l'ordre de l'autodéfense".

Le volume de forces européennes devra être "suffisamment significatif pour incarner la volonté des Européens de soutenir Kiev et suffisamment dissuasif pour convaincre la Russie de ne pas réattaquer" au risque de s'en prendre à des militaires membres de pays de l'Otan, selon un haut gradé européen.

Volets maritime et aérien

Le volet maritime prévoit la surveillance de la navigation en mer Noire, dont l'accès via les détroits turcs a été fermé par Ankara au début du conflit. "Les Turcs font partie de la coalition des volontaires et ils ont la responsabilité de monter le plan pour la mer Noire", selon le chef d'état-major de la marine française, l'amiral Nicolas Vaujour, pour qui "il faudra déminer" certaines zones pour garantir la sécurité du trafic maritime.

Sur le volet aérien et antiaérien, le flou demeure sur les dispositifs qui seraient mis en place, leur localisation -Ukraine ou pays limitrophes ?- et les pays prêts à y prendre part.

Le "filet de sécurité" américain

La plupart des membres de la coalition exigent l'existence d'un "filet de sécurité" (backstop) américain comme condition à tout engagement de leur part. Le président américain Donald Trump "a dit aux leaders européens à Washington au mois d'août qu'il était prêt à réfléchir, qu'il était prêt à travailler", selon la présidence française.

Si Washington a exclu tout déploiement de forces américaines au sol, le soutien américain pourrait pallier les carences européennes dans le domaine des systèmes de commandement et contrôle, du renseignement, ou de la défense sol-air, selon un haut gradé européen.

La "coalition des volontaires" serait dirigée depuis un quartier général implanté pour un an à Paris, avant de basculer à Londres l'année suivante, ont convenu les deux capitales en juillet.

© afp.com/Sergei SUPINSKY

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kiev en Ukraine le 29 août 2025
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Boris Eltsine et Bill Clinton : derrière l'épisode du fou rire, une amitié donnant-donnant

Nous sommes au large de Malte, le 2 décembre 1989, quelques semaines seulement après la chute du mur de Berlin. En mer, les éléments sont déchainés, tandis qu'un navire de croisière soviétique approche. Un croiseur américain fait de même...

Mais ce jour-là, pas de tension. George Bush, élu président des Etats-Unis il y a tout juste un an, et Mikhaïl Gorbatchev, le dirigeant soviétique, ont choisi de se réunir à bord de ces navires, sur un terrain neutre, pour échanger sur la chute du rideau de fer. L'ambiance y est détendue, il est, entre autres, question du désarmement et de l'ouverture économique de la Russie.

Même si aucun traité n’est signé, le sommet de Malte marque la fin des tensions Est-Ouest. Les deux hommes vont ensuite se retrouver en juin 1990. La même année, Gorbatchev reçoit le prix Nobel de la paix, pour avoir mis fin à la guerre froide. Puis en juillet 1991, ils signent l’accord Start visant à réduire leur arsenal nucléaire stratégique de 30 %.

Six mois plus tard, le 25 décembre 1991, c’est d’ailleurs à George Bush que Mikhaïl Gorbatchev décide de passer un coup de téléphone, quelques heures avant sa démission. Ce sont là les derniers échanges entre les Etats-Unis et ce qu’il reste de l’Union Soviétique. Et bientôt, deux nouveaux dirigeants vont poursuivre ces progrès, dans un contexte géopolitique inédit.

Dans cette série, La Loupe brosse le portrait de quatre binômes et de leur influence, avec Andrei Kozovoï, professeur à l’Université de Lille, spécialiste des relations internationales, auteur de Les services secrets russes, des tsars à Poutine (Tallandier). Episode 4 : Boris Eltsine et Bill Clinton.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Charlotte Baris, monté et réalisé par Jules Krot.

Crédits : INA, William J. Clinton Presidential Library, Lumni

Musique et habillage : Emmanuel Herschon / Studio Torrent

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© AFP

Le président russe Boris Yeltsin (droite) le président américain Bill Clinton rient avant une réunion au Kremlin le 1e septembre 1998. (Photo by SERGEI KARPUKHIN / POOL / AFP)
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"C’est le point faible de la Russie" : la redoutable guerre des raffineries lancée par l’Ukraine

A la raffinerie de Syzran, dans la région russe de Samara, c’est désormais entre deux explosions qu’on tente de faire tourner la production. Dans la nuit du 30 août, une nouvelle frappe de drone kamikaze s’est abattue sur cette installation stratégique située à proximité de la Volga. Quinze jours plus tôt, ce site capable de raffiner jusqu’à 8,5 millions de tonnes de pétrole par an avait déjà été victime d’une première attaque des forces ukrainiennes. Puis d’une deuxième, le 24 août. Aux quatre coins de la Russie, de tels bombardements se sont multipliés sur les raffineries pendant tout le mois d’août. Au total, plus d’une dizaine d’installations ont été touchées - dont certaines, à l’instar de Syzran, plusieurs fois.

Au point de commencer à sérieusement éroder les capacités de raffinage des Russes. En seulement un mois, celles-ci ont fondu d’au moins 20 % selon la Maison-Blanche. Soit plus d’un million de barils par jour - un niveau presque équivalent à la consommation quotidienne de l’Espagne. "Les raffineries constituent l’un des points faibles de la Russie, relève Oksana Ishchuk, spécialiste de l’énergie et directrice exécutive de l’institut ukrainien Centre for Global Studies Strategy XXI. Les recettes provenant des exportations de pétrole et de gaz représentent entre 50 et 60 % du budget fédéral russe." Autrement dit, une ressource essentielle pour financer son effort de guerre et une cible de premier choix pour les Ukrainiens. Sur la dizaine de raffineries touchées, au moins cinq d’entre elles - à Syzran, Saratov, Volgograd, Kuibyshev et Novokuibyshevsk - ont été contraintes d’interrompre complètement leur production au cours du mois.

Le calendrier de ces frappes ne doit rien au hasard. "Le mois de septembre est traditionnellement une période où la demande en produits pétroliers est élevée, note Oksana Ishchuk, à Kiev. Cela s’explique par une hausse des besoins du secteur agricole en raison des récoltes." Avec, en bout de course, des effets sur les prix à la pompe. Le 20 août, le quotidien économique russe Kommersant a relevé que l’AI-95 et l’AI-92, les deux principaux carburants en Russie, avaient atteint en bourse un "record" de 82 253 et 72 510 roubles par tonne (environ 876 et 772 euros) - soit, depuis le début de l’année, une hausse de près de 50 % pour le premier, et 40 % pour le second.

Nouveaux moyens de frappe

Pour tenter de juguler la flambée, le Kremlin a prolongé le 27 août l’interdiction des exportations d’essence jusqu’au 30 septembre pour les producteurs. Il n’empêche, dans certaines régions périphériques - comme l’Extrême-Orient russe ou les territoires ukrainiens occupés -, le carburant commence à se faire rare. Et les files d’attente devant les stations-service, à s’allonger. Chose rare, le 2 septembre, les autorités d’occupation de la région de Kherson ont admis des "pénuries d’essence". De même un peu plus à l’Est, dans la région occupée de Lougansk.

A l’heure où les forces ukrainiennes ont été contraintes de céder du terrain sur le front ces derniers mois, ces bombardements constituent pour Kiev un moyen de frapper Moscou au portefeuille. Et porter des coups à son économie déjà mal en point. En toile de fond, la question de l’impact de ces frappes sur une inflation russe persistante, dont le taux annuel s’élevait à 9,2 % en juillet. "Pour l’instant, la répercussion sur la hausse générale des prix reste limitée, nuance Oksana Ishchuk. Mais on ne peut pas exclure que cela change si ces frappes devaient se poursuivre."

Ce n’est pas la première fois que les raffineries russes se retrouvent dans la ligne de mire des Ukrainiens. En 2024, Kiev avait déjà multiplié les attaques - mais avec moins d’efficacité. "A cette époque, les Ukrainiens ne pouvaient envoyer qu’un nombre limité de drones, retrace le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée. Aujourd’hui, ils ont accru leurs moyens de frappes et amélioré leurs capacités de ciblage." A en juger par les récentes déclarations de Volodymyr Zelensky, la tendance n’est pas près de s’inverser.

Le 21 août, le président ukrainien a ainsi annoncé la production en masse, dès le début de l’année prochaine, d’un nouveau missile de croisière, baptisé "Flamingo". D’une portée de 3 000 kilomètres, l’engin serait capable de transporter une charge explosive de plus de 1 100 kilos et de se déplacer à 950 km/h. "Ils seront bien plus puissants et difficiles à intercepter que les drones actuels, jauge le général Richoux. La situation risque de se compliquer pour les Russes dans les prochains mois." Selon la presse ukrainienne, son constructeur prévoit d’ores et déjà d’en produire jusqu’à 200 par mois d’ici à octobre. Comme le prix de l'essence, les raffineries russes n’ont pas fini de flamber.

© AFP

Cette image satellite publiée le 24 février 2024 par Maxar Technologies montre une vue rapprochée d'une raffinerie de pétrole en feu, à Klintsy, le 19 janvier 2024
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Donald Trump prêt à déployer plus de militaires américains en Pologne

Donald Trump s’est dit, ce mercredi 3 septembre, prêt à augmenter le nombre de militaires américains déployés en Pologne, à l’occasion de la visite à la Maison-Blanche du nouveau président nationaliste Karol Nawrocki. "Nous n’avons même jamais pensé retirer des militaires de Pologne (...) Nous aiderons la Pologne à se protéger", a encore dit le président américain, assis aux côtés de son invité dans le bureau Ovale.

"Aujourd’hui, nous avons 10 000 soldats (américains) et cela signale au monde et aussi à la Russie que nous sommes ensemble", a dit Karol Nawrocki. "Il a souligné que la Pologne n’était pas un "passager clandestin" dans l’Otan, en mettant en avant le niveau de dépenses militaires du pays, dont il a promis qu’elles atteindraient 5 % du Produit intérieur brut. Il s’agit du seuil fixé par le président américain pour le budget de défense des membres de l alliance de défense transatlantique.

Varsovie souhaite depuis plusieurs mois que les Etats-Unis maintiennent une présence militaire forte en Pologne, qui a par ailleurs été un solide soutien de l’Ukraine depuis l’invasion par la Russie, en février 2022.

Lors de cette même rencontre, le président américain a dit qu’il "se passerait quelque chose" si le président russe Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes sur l’Ukraine. "Il sait quelle est ma position. (…) Selon la décision qu’il prendra, je serai soit content soit mécontent et si nous ne sommes pas contents, il se passera quelque chose", a encore déclaré Donald Trump, dont les efforts de médiation entre l’Ukraine et la Russie sont jusqu’ici sans effet.

Un échange à venir avec Volodymyr Zelensky

Donald Trump s'entretiendra ce jeudi avec Volodymyr Zelensky, a indiqué mercredi une haute responsable américaine. Le président ukrainien doit de son côté retrouver jeudi à Paris ses principaux alliés, à savoir la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte et les dirigeants allemand, français et britannique.

Cette réunion sera notamment consacrée aux garanties de sécurité que les Occidentaux prévoient d'offrir à l'Ukraine après la conclusion d'une paix. Kiev espère obtenir le déploiement d'un contingent militaire européen pour dissuader Moscou de toute nouvelle attaque ou des garanties de type Otan, si son adhésion à l'Alliance est écartée.

Dans ce contexte, Vladimir Poutine, qui s'est rendu cette semaine en Chine pour un sommet régional et un défilé militaire, a estimé que Moscou "devra résoudre ses problèmes militairement" en Ukraine si les pourparlers avec Kiev n'aboutissent pas.

"Voyons comment se développera la situation", a ajouté mercredi le dirigeant russe, tout en se félicitant que ses troupes soient "à l'offensive" sur tous les secteurs du front, alors que l'armée ukrainienne n'a, selon lui, pas les moyens de mener "de grandes opérations offensives". Vladimir Poutine a une nouvelle fois mis en cause la légitimité de son homologue ukrainien, tout en assurant être prêt à le rencontrer à condition que ce soit dans la capitale russe. "Si Zelensky est prêt, qu'il vienne à Moscou", a-t-il lancé.

© afp.com/SAUL LOEB

Le président américain DOnald Trump reçoit le président polonais Karol Nawrocki le 3 septembre 2025 à la Maison Blanche
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Israël : entre Benyamin Netanyahou et Tsahal, la tension monte d’un cran

Au sommet de l’Etat hébreu, le ton a viré à l’affrontement. En quelques jours, la querelle latente entre l’état-major et le pouvoir politique est devenue un véritable bras de fer. Selon des sources israéliennes citées par CNN, le chef de l’armée a, lors d’une réunion tendue, pris à partie Benyamin Netanyahou au sujet d’un projet d’extension de la guerre à Gaza.

Dans la rue comme dans les casernes, la colère monte aussi : un collectif de réservistes, rassemblés sous la bannière "Soldats pour les otages", a annoncé à Tel-Aviv qu’il refuserait toute convocation liée à une prise de Gaza-Ville, invoquant la sécurité des captifs israéliens et le coût humain de la guerre. Dans une lettre adressée à l’avocat général militaire, ces soldats demandent de stopper l’offensive envisagée, qu’ils estiment contraire aux principes de droit et de morale.

Un risque encouru pour les 48 otages restants

Sur le terrain, des dizaines de milliers de réservistes se présentent, rassemblent leur équipement et attendent les ordres. Dans les réunions au sommet, pourtant, les certitudes vacillent. Eyal Zamir, chef d’état-major des Forces de défense d’Israël, a multiplié les mises en garde. Prendre Gaza-Ville après près de deux années d’affrontements, n’est pas une simple étape de plus : c’est un risque encouru par les 48 otages toujours détenus dans l’enclave, dont le sort pourrait se compliquer à chaque incursion, a-t-il insisté selon cette même source. Le chef d’état-major a également averti que cela engendrerait le déplacement forcé potentiel de centaines de milliers de Palestiniens supplémentaires, avec des conséquences humanitaires et politiques difficilement réversibles.

Dimanche soir, lors de la plus récente réunion, Eyal Zamir a défendu une alternative : examiner sans tarder l’ultime proposition de cessez-le-feu portée par l’Egypte et le Qatar. Une proposition que le Hamas dit accepter. Une seule ombre au tableau : le Premier ministre n’a pas souhaité inscrire ce point à l’ordre du jour, ni ouvrir de débat. Benyamin Netanyahou persiste : il exige la libération d’un seul tenant de tous les otages et une trêve qui remplisse les conditions d’Israël.

Toutefois une partie des ministres, y compris au Likoud (parti de Benyamin Netanyahou, NDLR), a soutenu le chef d’état-major, bien que la majorité se soit rangée derrière le Premier ministre israélien.

Remplacement des figures de la sécurité

Cette division entre l’armée israélienne et le gouvernement ne date pas d’hier. Depuis la mise en place du cabinet en 2023, les querelles entre le pouvoir civil et l’institution militaire sont récurrentes. A chaque crise majeure comme à Gaza ou en Cisjordanie, les avis des généraux ont régulièrement été écartés, souvent vilipendés par les alliés d’extrême droite de la coalition. Après le 7 octobre 2023, Benyamin Netanyahou a tenté à plusieurs reprises d’imputer l’ampleur des défaillances aux services, alimentant une défiance. En neuf mois, toutes les principales figures de la sécurité en place le jour des attaques ont été remplacées.

Paradoxe de la situation : si aujourd’hui des tensions subsistent entre le Premier ministre et le chef d’état-major, ce dernier a bel et bien été choisi à ce moment-là par Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Israël Katz. Ancien secrétaire militaire du Premier ministre, Eyal Zamir avait reçu, au moment de sa nomination, l’appui enthousiaste de la majorité. Six mois plus tard, l’homme est devenu la cible favorite d’une frange radicale de la coalition, qui exige sa démission.

© GPO / AFP

Benyamin Netanyahou persiste : il exige la libération d'un seul tenant de tous les otages et une trêve qui remplisse les conditions d'Israël.
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Mesures antivax et limogeage polémique : Robert Kennedy Jr. plus que jamais sous le feu des critiques

Un début de fronde au sein des autorités de santé américaines. Ce mercredi 3 septembre, une nouvelle lettre ouverte, signée par plus de 1 000 actuels et anciens employés du ministère américain de la Santé, appelle l’actuel secrétaire en poste, Robert Kennedy Jr., à démissionner. Dans ce message, ils estiment que ce dernier "continue de mettre en danger la santé de la nation". En cause ? Des mesures de plus en plus radicales prises par cette figure antivax, placée à la tête du Department of Health and Human Services (HHS) par Donald Trump depuis le début de son second mandat à la Maison-Blanche.

Départ controversé

Adepte des théories farfelues et des propos à l’emporte-pièce, Robert Kennedy Jr. a particulièrement été pointé du doigt après le limogeage la semaine dernière de Susan Monarez, la directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la principale agence fédérale en matière de santé aux Etats-Unis. Cette scientifique a été débarquée de la tête de ces structures, notamment chargées de la prévention des pathologies et de la surveillance épidémiologique. Un départ confirmé par le HHS dans un message lapidaire, publié sur X le 27 août. "Susan Monarez n’est plus directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies", a indiqué le ministère. "Nous la remercions pour son service dévoué envers le peuple américain."

Selon CNN, Susan Monarez aurait quitté son poste en désaccord avec les prises de positions controversées de Robert Kennedy Jr. Selon la chaîne américaine, qui cite des sources proches du dossier, la responsable, en poste depuis moins d’un mois, aurait payé son refus de soutenir publiquement certaines des décisions prises par le secrétaire à la Santé, comme l’annulation d’autorisations jusque-là décernées pour des vaccins contre le Covid-19. Dans un article consacré à cet épisode, le Washington Post précise par ailleurs que l’experte aurait subi "toute la semaine" la "pression de Robert Kennedy Jr." sur ce dossier. Quatre autres hauts responsables ont quitté dans le même temps leurs postes au sein des CDC.

Vaccins contre le Covid-19 dans le collimateur

Déterminé à remodeler l’ensemble des priorités américaines en matière de santé, Robert Kennedy Jr. prône la philosophie "MAHA", pour "Make America Healthy Again" – un dérivé de la formule "MAGA" popularisée par Donald Trump. Au cœur de ses principes : la remise en cause des vaccins, en particulier ceux contre le Covid-19, qu’il a décrié au plus fort de la pandémie. En juin 2020, l’organisation "Children’s Health Defense", qu’il présidait alors, avait assuré qu'"au moins deux des principaux vaccins contre le Covid cont [enaient] du tissu fœtal". Un exemple de contrevérité parmi la masse de fausses informations diffusées par cet organe, par la suite banni de Facebook et Instagram.

Début août, Robert Kennedy Jr. a annulé une vingtaine de contrats signés pour développer de nouveaux produits utilisant la technologie ARN messager afin de prévenir de nouvelles menaces virales. "C’est peut-être le jugement de santé publique le plus dangereux que j’aie vu en 50 ans de carrière", avait à l’époque déploré Michael Osterholm, directeur du Centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses de l’Université du Minnesota, cité par NPR, la radio publique américaine. Fin mai, le ministre avait ordonné l’arrêt d’un contrat de développement d’un autre vaccin à ARN messager, conçu par le laboratoire Moderna contre les souches de grippes à potentiel pandémique. Un partenariat à 766 milliards retoqué, et ce, en pleine épidémie de grippe aviaire

Toutes ces décisions s’ajoutent à des plans de licenciements massifs au sein des administrations de santé, mettant au chômage des milliers de fonctionnaires. Forcément, face à ces mesures polémiques, certaines voix s’élèvent dorénavant outre-Atlantique pour critiquer le plan promu par "RFK Jr.". Lundi, neuf ex-dirigeants des CDC ont publié une tribune dans le New York Times pour dénoncer une politique de santé qui mettrait en danger les plus jeunes et pourrait créer des conditions favorables à une nouvelle pandémie. "C’est inacceptable et cela devrait alarmer tous les Américains, quelles que soient leurs convictions politiques", critiquent ces anciens responsables.

"Contexte de défiance croissante" contre les agences de santé

Plus tôt dans l’été, une autre affaire avait placé Robert Kennedy Jr. dans une position délicate. Le 8 août, un homme a ouvert le feu sur le siège des CDC, à Atlanta (Géorgie), tuant un policier. Selon plusieurs médias américains, l’assaillant, mort dans l’attaque, s’affichait comme opposé au vaccin contre le Covid-19, qu’il accusait comme le responsable de sa maladie. Ce fait divers avait conduit à une précédente lettre ouverte d’employés ou ex-employés du ministère de la Santé, pointant du doigt le rôle de "RFK Jr." dans le manque de confiance de la population vis-à-vis des CDC.

"L’attaque s’inscrit dans un contexte de défiance croissante envers les institutions publiques, alimentée par une rhétorique politisée qui a transformé les professionnels de la santé publique, auparavant experts de confiance, en cibles de diabolisation – et maintenant, de violence" affirmaient les plus de 750 signataires du texte. Selon eux, le ministre américain de la Santé "est complice du démantèlement de l’infrastructure de santé publique américaine et met en danger la santé de la nation en diffusant à plusieurs reprises des informations sanitaires inexactes".

Face à toutes ces critiques, Robert Kennedy Jr. tente de défendre son point de vue. Mardi, il a simplement dit souhaiter "restaurer la confiance" des Américains dans l’action des CDC, rappelant leur ambition de "protéger" la population des maladies infectieuses. Or, d’après lui, "au fil des décennies, l’inertie bureaucratique, la politisation de la science et la dérive de la mission ont érodé cet objectif et miné la confiance du public". Pour remplacer Susan Monarez, un profil bien différent a été choisi par l’administration Trump à la tête de l’agence fédérale : Jim O’Neill, un financier dans le secteur technologique, qui a déjà assuré des fonctions au ministère de la Santé sous George W. Bush.

Plusieurs membres du Congrès démocrates, tout comme le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders, ont à leur tour demandé la démission de Robert Kennedy Jr. de la tête du HHS. Donald Trump, lui, continue d’entretenir un certain doute sur la fiabilité des vaccins contre le Covid-19. "Il est crucial que les laboratoires pharmaceutiques justifient le succès de leurs différents médicaments contre le Covid", a exhorté le président américain, lundi, sur son réseau Truth Social. "Nombreux sont ceux qui pensent qu’ils représentent un miracle ayant sauvé des millions de vies. D’autres ne sont pas d’accord ! Alors que les CDC sont déchirés sur cette question, je veux la réponse, et je la veux MAINTENANT."

© afp.com/Patrick T. Fallon

L'actuel secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr. à Glendale, en Arizona (États-Unis), le 31 octobre 2024.
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Missiles, drones, lasers : derrière la parade militaire de la Chine, un avertissement aux Etats-Unis

Pour la parade militaire des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Chine, il y avait du beau monde sur la tribune érigée au niveau de la porte de la Cité interdite, juste au-dessus du portrait de Mao Zedong, place Tiananmen. A droite du président chinois Xi Jinping se trouvait Vladimir Poutine. Et à sa gauche, Kim Jong Un, venu spécialement en train blindé. Et non loin, les présidents d’Indonésie, d’Iran, de plusieurs républiques d’Asie centrale et du Caucase, et de quelques autres pays amis, comme Cuba ou le Zimbabwe.

Face à une foule entonnant des chants patriotiques et remuant de petits drapeaux chinois, tous ces dirigeants - pour la plupart des autocrates - ont pu admirer pendant plus d’une heure le défilé millimétré, et préparé de longue date, de l’Armée populaire de libération, en plein cœur de Pékin. Plus qu’une commémoration et qu’un grand raout diplomatique, il s’agissait d’une démonstration de force. La Chine a profité de cet événement pour dévoiler un grand nombre de nouveaux systèmes d’armement, avec l’objectif de nourrir l’idée que la modernisation en cours la rendait "inarrêtable", comme l’a déclaré Xi Jinping dans son discours.

Cet étalage de capacités intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre Pékin et l’île de Taïwan, dont elle revendique la pleine souveraineté. Washington, soutien affirmé de l’autonomie taïwanaise, est prévenu : le régime communiste dispose de plus en plus de moyens pour reprendre le contrôle de ce territoire qui lui échappe. "Le message aux Etats-Unis et leurs alliés réside dans le choix des équipements présentés, pas dans la parole, souligne Mathieu Duchâtel, directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne. Dans le cadre de la compétition sino-américaine en cours, chaque système est une réponse à des forces adverses ou des vulnérabilités perçues."

Alors que les Etats-Unis sont engagés dans une vaste modernisation de leur arsenal nucléaire, la Chine a ouvert son cortège du 3 septembre avec des armes atomiques susceptibles d’être tirées depuis les airs, les mers ou le sol. Placé dans des silos, le DF-5C, dont les trois étages ont été répartis sur différents camions, est susceptible d’atteindre n’importe quelle partie du globe, selon la propagande. S’y ajoutent de nouveaux vecteurs, remarqués par certains spécialistes, comme le DF-61, tracté, et le missile aéroporté JL-1. Et pour que la panoplie de la "triade" soit complète, le JL-3, tiré depuis un sous-marin, a été également montré.

Lasers et missiles antimissile

Tous ces missiles doivent permettre d’accueillir les ogives atomiques produites en masse ces dernières années. Car cette modernisation s’accompagne aussi d’une augmentation du nombre de têtes. La Chine en posséderait plus de 600, soit 100 de plus qu’en 2024, selon les estimations de la Fédération des scientifiques américains, une ONG indépendante. Le ministère de la Défense américain estime, pour sa part, qu’elle pourrait en détenir 1 500 en 2035, ce qui la rapprocherait de la Russie et des Etats-Unis en nombre de têtes déployées (en excluant, donc, les ogives conservées en réserve par ces pays).

Comme elle l’a déjà fait, la Chine a présenté des missiles (DF-17, DF-26D), dont certains sont capables de neutraliser les défenses américaines jusqu’à l’île de Guam, à 4 000 kilomètres des côtes. Cette fois-ci, elle a particulièrement mis l’accent sur des moyens dédiés à la destruction de navires avec le YJ-17 (planeur hypersonique), le YJ-19 (missile de croisière hypersonique), tous deux manœuvrables, le YJ-1 a (missile de croisière supersonique) et le YJ-20 (missile balistique). "Les Chinois sont dans la grande continuité de la priorité donnée, dès le milieu des années 1990, à des moyens empêchant les capacités navales américaines de s’approcher de son territoire", constate Mathieu Duchâtel.

En ce qui concerne l’antiaérien, la Chine a présenté des armes laser et d’autres à micro-onde. Alors que la guerre en Ukraine démontre chaque jour la nécessité de contrer les menaces venues du ciel, elle a aussi présenté lors de cette grande parade son dernier système de missiles antimissile, avec le HQ-29. Ces deux vecteurs montés sur un long camion sont susceptibles d’arrêter des missiles balistiques en haute altitude, comme le font des moyens américains, mais également de détruire des satellites en orbite basse.

Mystérieuses capacités

Le défilé a aussi été l’occasion de présenter de nouveaux blindés, des avions de combat de cinquième génération et différents types de drones aériens, dont des ailes volantes accompagnant des chasseurs habités. Elle a aussi permis d’exhiber deux grands drones sous-marins d’une vingtaine de mètres de longueur, l’AJX-002 et le HSU100. Si leurs capacités restent encore un mystère, elles permettent à la Chine d’affirmer qu’elle a progressé dans la lutte sous-marine, considérée comme l’une de ses faiblesses depuis des années.

Mais on aurait tort de penser que les Etats-Unis sont forcément dépassés par cette profusion de moyens et d’indéniables progrès. De leur côté, ils développent également des moyens susceptibles de bloquer toute invasion de Taïwan – l’île elle-même met l’accent sur la production de drones et missiles antinavire souverains. Au Washington Post, il y a un an, l’amiral Samuel Paparo expliquait vouloir "transformer le détroit de Taïwan en un enfer dronisé en utilisant un certain nombre de capacités classifiées, afin de leur rendre la vie impossible pendant un mois." De quoi gagner du temps pour faire venir des renforts. Un défilé, tout impressionnant qu’il soit, ne signifie pas que la partie est gagnée.

© afp.com/GREG BAKER

Défilé sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025
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Face à l’Otan, Xi Jinping propose une coalition "à la carte"

L’image a été soigneusement mise en scène pour frapper les esprits. Depuis le balcon de la porte de la Paix Céleste, à l’entrée de la Cité interdite, Xi Jinping, vêtu d’un costume gris de style Mao et flanqué de Vladimir Poutine, à sa droite, et de Kim Jong-un à sa gauche, assiste à une gigantesque parade militaire sur la place Tiananmen, à l’occasion des 80 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale.

En affichant sa proximité avec les dirigeants russe et nord-coréen - deux autocrates soumis à de lourdes sanctions internationales et dotés de l’arme nucléaire -, tout en regardant défiler chars, missiles et drones de dernière génération, le président chinois adresse un clair message de défi à l’Amérique et ses alliés occidentaux. Donald Trump ne s’y est d’ailleurs pas trompé : "Veuillez transmettre mes salutations à Vladimir Poutine et Kim Jong-un pendant que vous complotez contre les États-Unis", a réagi le président américain sur sa plateforme Truth social en s’adressant à Xi Jinping.

Quelques jours plus tôt, lors d’un sommet régional, celui de l’Organisation de coopération de Shanghai, à Tianjin, Poutine et Xi s’en étaient pris, plus ou moins directement, au clan occidental. Le président russe a notamment imputé la responsabilité de la guerre en Ukraine "aux tentatives constantes de l’Occident d’entraîner l’Ukraine dans l’Otan". Quant à Xi, sans nommer les Etats-Unis ni l’organisation transatlantique, il a dénoncé une logique de "harcèlement" et de "confrontation par blocs", ainsi qu’une "mentalité de guerre froide".

Pas de contraintes

Si la Chine cherche à mettre fin à la domination mondiale des Etats-Unis, y compris sur le plan militaire, elle revendique toutefois une logique différente de celle appliquée depuis 1945 par son rival pour imposer son leadership. Côté occidental, l’article 5 de l’Otan stipule que si un pays membre est attaqué, les autres le défendront. Pour sa part, la Chine a certes signé, en 1961, un traité de défense avec la Corée du Nord incluant une "assistance militaire" en cas d’attaque contre l’une des deux parties.

Mais cet héritage historique constitue sa seule alliance formelle avec un autre pays. Et il n’est en outre pas certain que Pékin interviendrait directement en cas de conflit impliquant son turbulent voisin. Car désormais, la Chine rejette catégoriquement la perspective d’être liée à quiconque par une alliance. "Dès le mandat de Hu Jintao (2002-2012), les Chinois, qui réfléchissaient déjà à la façon de restructurer la gouvernance mondiale, ont écarté l’idée de créer un "Otan bis" à la sauce chinoise. Ils ont jugé que ce serait trop contraignant, trop coûteux, mais aussi contreproductif, car nombre de pays souhaitant garder un équilibre dans leurs relations internationales, comme l’Inde, risquaient de s’y opposer", résume Alice Ekman, directrice de la recherche de l’Institut des études de sécurité de l’Union européenne (EUISS) et spécialiste de la Chine.

Face au système d’alliance rigide liant les Etats-Unis à nombre de pays occidentaux, Pékin propose une coalition beaucoup plus flexible : à la carte, en quelque sorte. "La Chine cherche à "agrandir son cercle d’amis", comme dit Xi Jinping, par un système de partenariat qui se concrétise par de la coopération diplomatique, technologique et militaire, mais sans obligation de défense mutuelle", poursuit la sinologue.

Tonalité clairement antioccidentale

Ainsi, Pékin offre un soutien économique et diplomatique précieux à la Russie dans le cadre de sa guerre contre l’Ukraine, et participe à des exercices militaires communs, sans aller jusqu’à lui fournir d’armes létales (même si les composants russes à usage dual sont indispensables à l’industrie de défense russe). Par ailleurs, si la Chine n’a pas défendu l’Iran contre les bombardements américains sur des sites nucléaires, elle les a fermement condamnées au nom du droit international.

"L’idée est de créer une coalition à géométrie variable, avec un nombre de pays et de thématiques toujours plus étendus, dans laquelle chaque Etat peut s’impliquer à des niveaux différents, sachant que la tonalité est clairement antioccidentale et que Pékin s’oppose systématiquement aux dynamiques de changement de régime, quelles qu’elles soient", complète Alice Ekman. Cela passe par des groupes comme l’Organisation de coopération de Shanghai (Chine, Russie, Inde, Pakistan, Iran, Biélorussie, et quatre pays d’Asie centrale) ou les Brics + (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Iran, Egypte, Emirats arabes unis, Indonésie et Ethiopie).

La Chine risque d’autant plus d’accélérer cette logique de coalition informelle que les tensions provoquées par Donald Trump avec ses alliés (via les hausses de taxes douanières) constituent à ses yeux une opportunité unique à saisir pour marginaliser l’Occident.

Visiblement, Xi Jinping, qui s’est octroyé le droit constitutionnel de rester président à vie, pense avoir le temps devant lui pour accomplir son dessein géopolitique. "Avant, les gens atteignaient rarement 70 ans, mais de nos jours, à 70 ans, vous êtes encore un enfant", a glissé le leader chinois de 72 ans à un Poutine enthousiaste parlant même "d’immortalité", en se dirigeant vers la tribune de la porte de la Paix Céleste. Et l’autocrate communiste de renchérir : "D’après les prédictions, au cours de ce siècle, il y a une chance de vivre jusqu’à 150 ans".

© afp.com/Jade Gao

Le président chinois Xi Jinping, le dirigeant de Corée du Nord Kim Jong Un , et le président russe Vladimir Poutine, arrivent pour une réception dans le Grand Palais du Peuple, après un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, à Pékin le 3 septembre 2025
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"Des tactiques similaires à celles de l’industrie du tabac" : l’administration Trump épinglée par les scientifiques

Augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, hausse des températures enregistrées aux Etats-Unis, conséquences délétères des émissions de CO2… A en croire l’administration Trump, ces constats n’ont plus lieu d’être. Dans un document publié le 23 juillet, le ministère de l’Energie du président américain remet en cause ces consensus scientifiques, déclenchant l’ire de la communauté scientifique.

"Une parodie de science"

"Ce rapport est une parodie de science", fustige Andrew Dessler, professeur en sciences de l’atmosphère à l’université Texas A & M, dans un communiqué. Dans un document de plus de 400 pages publié mardi 2 septembre, le professeur et plus de 80 autres scientifiques dissèquent la méthode et le contenu de ce rapport d’environ 150 pages dont ils rejettent les conclusions.

A travers leur analyse, les experts mettent en évidence le recours, par les auteurs mandatés par le gouvernement, à des "tactiques similaires à celles employées par l’industrie du tabac" pour minimiser les effets délétères du tabagisme sur la santé.

Le rapport "repose sur des idées rejetées depuis longtemps, étayées par des interprétations erronées des connaissances scientifiques, des omissions de faits importants […] et des biais de confirmation", accuse Andrew Dessler.

Les cinq scientifiques responsables du rapport ministériel y remettent également en cause l’impact de l’homme sur le réchauffement climatique. Connus pour leurs prises de position minimisant le phénomène, ils blâment plutôt le soleil, dont ils estiment que le rôle a été "sous-estimé".

Le CO2 bénéfique à l’agriculture

Parmi les points rejetés par ces scientifiques, figure l’affirmation selon laquelle une concentration élevée de CO2 dans l’atmosphère serait, en réalité, bénéfique à l’agriculture.

Si ces émissions polluantes peuvent contribuer à augmenter les rendements agricoles en stimulant la photosynthèse, plusieurs effets du changement climatique comme la hausse des températures et les changements de précipitations ont des effets délétères sur les cultures et contribuent à des pertes plus importantes, expliquent-ils ainsi.

Aussi, le rapport du ministère soutien que l’acidification des océans ne poserait pas véritablement problème, la vie ayant évolué dans des eaux acides il y a des milliards d’années. Selon les scientifiques, cette justification n’est "pas pertinente", l’époque citée précédant l’apparition de formes de vie complexe.

Un retour en arrière pour le climat

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a enclenché une marche arrière en matière de lutte contre le changement climatique. Pour la deuxième fois, il a sorti son pays, de l’Accord de Paris sur le climat, sapant les agences scientifiques et détricotant de nombreuses mesures environnementales.

Fin juillet, son administration a ouvert la voie à l’annulation d’une décision clef dans la régulation des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis, deuxième émetteur de CO2 dans le monde.

Pour justifier une telle mesure, le ministère américain de l’Energie a publié ce rapport décrié. L’institution a également annoncé qu’elle allait réévaluer des études scientifiques de référence sur le climat. "Nous plantons un pieu dans le cœur de la religion du changement climatique", s’est félicité Lee Zeldin, nommé par Donald Trump à la tête de l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis.

© Getty Images via AFP

Le ministère américain de l’Énergie, le 14 février 2025 à Washington DC.
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Sans accord avec Kiev, Vladimir Poutine estime que la Russie remplira "militairement" ses objectifs

Alors qu’une nouvelle attaque massive de drones et de missiles russes a eu lieu dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 septembre dans l’ouest de l’Ukraine, poussant la Pologne à mettre ses capacités de défense aérienne en alerte, les Européens vont acter jeudi qu’ils sont "prêts" en vue de l’octroi de garanties de sécurité à l’Ukraine. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, et les dirigeants allemand, français et britannique se réuniront au cours d’une réunion d’alliés de Kiev à Paris, en présence de Volodymyr Zelensky.

Les infos à retenir

⇒ Volodymyr Zelensky échangera avec Donald Trump jeudi

⇒ Vladimir Poutine estime que la Russie reste prête à réaliser "militairement" ses objectifs sans accord avec Kiev

⇒ La Russie a lancé une nouvelle attaque massive dans l’ouest de l’Ukraine

"La question, c'est de savoir la sincérité de la Russie", souligne Emmanuel Macron

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé ce mercredi à Paris. Il va s'entretenir puis dîner avec Emmanuel Macron ce soir, avant un sommet de la "coalition des volontaires" jeudi. "L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité", a déclaré le président français aux côtés de Volodymyr Zelensky, devant la presse au palais de l'Élysée.

Les Européens sont "prêts" à "apporter les garanties de sécurité à l'Ukraine et aux Ukrainiens, le jour où une paix est signée", à l'issue d'un long travail préparatoire qui est "achevé", a par ailleurs relevé Emmanuel Macron, appelant à "une paix robuste, durable". "La question maintenant, c’est de savoir la sincérité de la Russie et de ses engagements successifs lorsqu’elle a proposé la paix aux Etats-Unis d’Amérique", a-t-il ajouté.

Donald Trump s'entretiendra avec Volodymyr Zelensky jeudi

La Maison-Blanche a confirmé mercredi l'échange prévu jeudi entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Un peu plus tôt dans la journée, lors d'une rencontre du président américain avec son homologue polonais Karol Nawrocki. "Je vais lui parler très rapidement et je saurai plus ou moins ce que nous allons faire", avait-il indiqué. "Le président Trump parlait de Zelensky. Ils se parleront demain", a précisé une haute responsable de la Maison-Blanche.

Lors de cette même rencontre, Donald Trump a aussi averti qu'il attendait un geste de la part de Vladimir Poutine envers la paix. "Il sait quelle est ma position. (...) Selon la décision qu'il prendra, je serai soit content, soit mécontent, et si nous ne sommes pas contents, il se passera quelque chose", a lancé le milliardaire républicain, dont les efforts de médiation entre l'Ukraine et la Russie sont jusqu'ici sans effet.

Volodymyr Zelensky espère évoquer avec Donald Trump des sanctions contre la Russie jeudi

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky entend discuter jeudi avec le président américain Donald Trump de sanctions supplémentaires contre la Russie, a-t-il déclaré mercredi, lors d'un déplacement à Copenhague (Danemark). "Demain, nous essaierons de joindre le président Trump et nous en parlerons", a affirmé le dirigeant, qui sera à Paris jeudi pour une réunion de la "Coalition des volontaires", un ensemble de pays soutenant militairement l'Ukraine.

L'Élysée a indiqué ce mercredi qu'Emmanuel Macron, le président ukrainien et d'autres dirigeants européens s'entretiendront par téléphone avec le locataire de la Maison-Blanche à cette occasion. Lors de son déplacement à Washington le 18 août dernier, Volodymyr Zelensky a demandé à Donald Trump d'imposer des sanctions et faire pression sur Vladimir Poutine si celui-ci ne se rendait pas à la table des négociations.

Sans accord avec l'Ukraine, la Russie compte atteindre ses objectifs "militairement"

Toujours en visite à Pékin, en Chine, le président russe Vladimir Poutine a indiqué que Moscou ne renoncera pas à ses objectifs militaires s'il ne trouve pas d'accord avec Kiev pour mettre fin au conflit. "Voyons comment se développera la situation. Sinon [si les pourparlers n'aboutissent pas, ndlr], nous devrons résoudre nos problèmes militairement", a-t-il déclaré, plus de deux semaines après le sommet bilatéral avec Donald Trump en Alaska, aux États-Unis.

"Tous les groupements des forces armées russes sont à l'offensive" dans tous les secteurs du front, a-t-il ajouté. Vladimir Poutine estime que les troupes de Kiev n'avaient pas les moyens de mener "de grandes opérations offensives" et tâchaient seulement de tenir leurs positions. Si elles sont bien réelles, les avancées russes sur le champ de bataille seraient toutefois à nuancer par rapport aux déclarations des officiels du Kremlin.

Neuf morts dans des attaques russes dans l'est de l'Ukraine

Des attaques russes ont tué au moins neuf personnes et blessé sept autres à Kostiantynivka, ville de l'est de l'Ukraine située près du front, a indiqué mercredi le gouverneur de la région de Donetsk.

"Neuf personnes ont été tuées et sept ont été blessées", a affirmé Vadym Filachkine sur Telegram, expliquant que sur les neuf morts, huit ont été victimes de bombardements à l'artillerie et la dernière d'une attaque de drone.

Volodymyr Zelensky estime que Vladimir Poutine affiche son "impunité" après une nouvelle attaque russe massive

Plus de 500 drones, et une vingtaine de missiles. Dans la nuit de mardi à mercredi, la Russie a lancé une vaste attaque dans l’ouest de l’Ukraine, faisant plusieurs blessés et des dégâts à des habitations et des infrastructures civiles, a déclaré l’armée de l’air ukrainienne. Dans le même message, cette dernière affirme avoir détruit 451 cibles aériennes, dont 430 drones et 21 missiles.

"Ces frappes sont clairement une démonstration russe. Poutine montre son impunité. Et cela exige sans aucun doute une réponse de la part du monde", a réagi Volodymyr Zelensky, en appelant ses alliés à faire pression sur "l’économie de guerre" de Moscou, avant de s’entretenir avec des responsables des pays baltes et nordiques au Danemark.

Dans la région de Tcherniguiv (nord), 30 000 personnes étaient privées d’électricité ce mercredi matin après un bombardement sur des "infrastructures civiles", a déclaré le chef de l’administration militaire, Viatcheslav Tchaus.

Après ces nouveaux bombardements, la Pologne, voisine de l’Ukraine, a mis ses capacités de défense aérienne en alerte, a fait savoir le commandement opérationnel des forces armées polonaises sur X. "Des avions polonais et alliés opèrent intensivement dans notre espace aérien, et les systèmes terrestres de défense aérienne et de reconnaissance radar ont atteint leur niveau de préparation maximal", a précisé l’armée.

A Pékin, Vladimir Poutine remercie Kim Jong-un pour l’aide des soldats nord-coréens à la Russie

Le président russe, Vladimir Poutine, s’est entretenu mercredi avec son homologue nord-coréen, Kim Jong-un, à Pékin, où les deux dirigeants ont assisté aux célébrations des 80 ans de la victoire contre le Japon et de la fin de la seconde guerre mondiale.

"J’aimerais vous remercier de la part du peuple russe, parce que nos pays ont participé ensemble à la lutte contre le nazisme, le fascisme et le militarisme", a déclaré Poutine au début de cette rencontre, en remerciant les "unités spéciales" nord-coréennes d’avoir "participé à la libération de l’oblast de Koursk", qui fut le théâtre pendant quelques mois d’une incursion ukrainienne d’ampleur. "Au nom de tout le peuple russe, je tiens à vous remercier de cette participation à la lutte commune avec le néonazisme contemporain", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le dirigeant nord-coréen s’est réjoui que, "depuis la conclusion du traité interétatique en juin 2024, les relations entre les deux pays se développent dans tous les domaines". "S’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour aider la Russie, nous le ferons sans hésiter, et nous considérerons cela comme un devoir fraternel", a-t-il indiqué.

© afp.com/Viacheslav PROKOFIEV

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 18 août 2025
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Reconnaissance de la Palestine : la nouvelle charge d’Israël contre Emmanuel Macron

Emmanuel Macron "sape la stabilité" du Proche-Orient et ses actions sont "dangereuses", a accusé Israël après une mise en garde du président français contre toute tentative israélienne d’annexer des territoires en riposte à la reconnaissance de la Palestine envisagée par Paris.

"Macron tente d’intervenir de l’extérieur dans un conflit auquel il n’est pas partie, d’une manière complètement déconnectée de la réalité sur le terrain après le 7 octobre" 2023, date de l’attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre en cours à Gaza, a écrit le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar dans un message sur X publié mardi soir. "Macron sape la stabilité de la région avec ses actions", ajoute Gideon Saar, pour qui "ses actions sont dangereuses [et] n’apporteront ni la paix ni la sécurité".

Une conférence sur la "solution à deux Etats" le 22 septembre

"Aucune offensive, tentative d’annexion et de déplacement des populations n’enrayera la dynamique que nous avons créée avec le Prince héritier [saoudien et dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane] et à laquelle de nombreux partenaires se sont déjà joints", avait déclaré un peu plus tôt le président français sur X.

Je viens de m’entretenir avec le Prince héritier d’Arabie Saoudite. Ensemble, nous co-présiderons la Conférence sur la solution à deux États à New-York le 22 septembre.

La décision américaine de ne pas octroyer de visas aux responsables palestiniens n’est pas acceptable.…

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 2, 2025

Dans ce message, Emmanuel Macron rappelle qu’il coprésidera le 22 septembre avec le prince saoudien une conférence au siège de l'ONU à New York sur la "solution à deux Etats" au cours de laquelle Paris doit formaliser, de concert avec plusieurs autres pays comme l’Australie, la Belgique ou le Canada, sa reconnaissance de l’Etat de Palestine.

Accorder une "récompense au Hamas"

Selon plusieurs médias israéliens, le gouvernement israélien a débattu récemment de l’opportunité d’annexer des territoires en Cisjordanie (territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967) en réponse à cette initiative. Israël considère que reconnaître un Etat palestinien revient à accorder "une récompense au Hamas", après les massacres du 7 octobre 2023 commis par le mouvement islamiste palestinien, quand Emmanuel Macron affiche l’objectif de "rassembler la plus large contribution internationale à la solution à deux Etats, seule à même de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens".

Le mouvement de reconnaissance d’un Etat palestinien suscite aussi le mécontentement des Etats-Unis. Dans une conversation avec son homologue français Jean-Noël Barrot, le secrétaire d’Etat Marco Rubio a redit la "forte opposition" américaine "à toute reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien", selon le département d’Etat.

© afp.com/Manon Cruz

Le président de la République Emmanuel Macron au fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, le 28 août 2025.
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En présence de Kim Jong-un et Vladimir Poutine, la Chine montre ses muscles avec sa parade militaire

C’est une image historique. Ce mercredi 3 septembre, le président chinois Xi Jinping, son homologue russe Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong-un se sont réunis ensemble à Pékin pour assister à un gigantesque défilé, officiellement pour célébrer la fin de la Seconde guerre mondiale il y a 80 ans, officieusement pour démontrer la force militaire et diplomatique de la Chine, dans un contexte de tensions avec les Etats-Unis.

Les trois dirigeants, Xi Jinping au centre, ont suivi côte à côte assis au balcon de Tiananmen la parade grandiose de soldats marchant au pas sous les drapeaux, un défilé de missiles capables de transporter des ogives nucléaires, de drones et de chars, et les évolutions de dizaines d’avions et hélicoptères dessinant le chiffre 80 ans dans un ciel légèrement voilé.

La télévision d’Etat chinoise a montré l’arrivée tour à tour de Kim Jong-un, Vladimir Poutine et la vingtaine de dirigeants étrangers conviés. Xi Jinping, qui les a chaleureusement accueillis, a par la suite descendu l’avenue de la Paix éternelle avec une voiture à toit ouvrant, en répondant au salut martial des soldats chinois, présents par milliers.

"La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable et la noble cause de la paix et du développement de l’humanité triomphera assurément", a-t-il proclamé dans un discours. Avant d’affirmer que "l’humanité fait de nouveau face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation", sans référence explicite aux Etats-Unis ou aux sujets de discorde comme Taïwan ou les droits de douane.

"Vous conspirez contre les Etats-Unis"

Car Donald Trump a récemment menacé la Chine d’augmenter les droits de douane sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, si Pékin n’accélérait pas ses exportations d’aimants en terres rares. "Ils doivent nous donner des aimants. S’ils ne nous en donnent pas, alors nous leur imposerons des droits de douane autour de 200 %", avait notamment déclaré le président américain.

De son côté, Vladimir Poutine n’a montré aucun signe lors des jours qui ont précédé le défilé de céder aux pressions de Donald Trump pour un arrêt des combats en Ukraine, malgré la rencontre entre les deux présidents le 15 août en Alaska. "Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong-un pendant que vous conspirez contre les Etats-Unis d’Amérique", a alors déclaré Donald Trump ce mercredi, sur son réseau Truth Social.

La venue de Kim Jong-un en Chine a aussi suscité l’évènement : jamais, depuis son accession au pouvoir fin 2011, le dirigeant nord-coréen ne s’était montré dans une telle réunion de dirigeants étrangers. Ce dernier limite en effet les sorties hors de son pays reclus, soumis à de lourdes sanctions occidentales. "Xi Jinping montre au reste du monde que Kim Jong-un le rencontre volontiers alors qu’il est réticent à rencontrer à nouveau le président Trump et le président sud-coréen Lee Jae Myung", relève auprès de l’AFP Lam Peng Er, chercheur à la National University de Singapour. D’autant que les trois rencontres que Donald Trump avait eues avec Kim Jong-un en 2018 et 2019, au cours de son premier mandat, pour enrayer la menace nucléaire nord-coréenne, étaient restées sans lendemain.

© afp.com/Alexander KAZAKOV

Cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, montre le président russe Vladimir Poutine marchant avec le président chinois Xi Jinping, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin le 3 septembre 2025
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Marine Le Pen, Nigel Farage, Alice Weidel : le triangle populiste qui menace l’Europe

Peut-on imaginer à quoi ressemblerait l’Europe aujourd’hui si Marine Le Pen était installée à l’Elysée, Nigel Farage, le champion des ultranationalistes anglais, au 10, Downing Street et Alice Weidel, la patronne de l’extrême droite allemande, à la chancellerie fédérale à Berlin ? Le scénario relève de la politique-fiction et pourtant, il a cessé d’être invraisemblable. Car ces jours-ci, la droite populiste est placée en tête des intentions de vote au Royaume-Uni comme en Allemagne et en France.

Une telle configuration politique, simultanément dans les trois plus grands pays d’Europe de l’Ouest, est unique dans l’histoire contemporaine. Et bien qu’elle ne risque guère de déboucher sur une prise de pouvoir dans l’immédiat, puisque aucune élection nationale n’est programmée à l’heure actuelle dans les trois pays, elle pèse d’ores et déjà lourdement sur la vie politique européenne.

Dans ce trio, c’est au Royaume-Uni que les bouleversements sont les plus récents. Au début de l’an dernier, Nigel Farage, l’inspirateur du Brexit, avait déjà un pied en dehors de la vie politique insulaire. Il expliquait à qui voulait l’entendre qu’il ne serait pas candidat aux législatives britanniques du 4 juillet 2024 car il était trop occupé à aider son ami Donald Trump à se faire réélire en Amérique. Il s’est ravisé et a non seulement été élu mais son parti, Reform UK, est crédité aujourd’hui de plus de 30 % des intentions de vote, loin devant le Parti travailliste au pouvoir (environ 20 %) et éclipsant le Parti conservateur (18 %).

Le Premier ministre, Keir Starmer, a jugé au début de l’été que Farage, qui se targue d’avoir à lui seul plus de followers sur TikTok que l’ensemble des 649 autres députés britanniques réunis, devait désormais être considéré comme le chef de la "vraie opposition". Loin d’affaiblir le trublion, cette reconnaissance officielle l’a encore renforcé, alors que Reform UK tient les 5 et 6 septembre à Birmingham un congrès qui s’annonce triomphal pour le leader nationaliste.

La question centrale de l’immigration

Reform UK, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ou le Rassemblement national ont chacun leurs caractéristiques propres. Mais ils partagent aussi beaucoup de traits communs. Ils utilisent les mêmes recettes populistes, prospèrent en particulier dans les classes défavorisées et exploitent tous les trois les mêmes tendances de fond dans l’opinion : le rejet de l’immigration de masse, le ressentiment contre les élites traditionnelles, la nostalgie d’un passé largement fantasmé, le scepticisme climatique. Tous les trois ont une inclination pour Vladimir Poutine (moins marquée chez Farage cependant) et cherchent à s’inspirer des succès électoraux de Donald Trump.

L’échec de Keir Starmer à endiguer l’immigration illégale contribue à expliquer la percée de Farage. Le travailliste avait promis de juguler les traversées clandestines de la Manche. Or, celles-ci ont approché les 30 000 pendant les huit premiers mois de l’année, un record depuis 2018. Les arrivées légales, contrairement à la promesse du Brexit, ont elles aussi explosé sous le gouvernement conservateur précédent : de 2021 à 2024, quelque 4,5 millions de personnes (venues notamment d’Inde, du Nigeria ou encore de Chine) sont venues s’installer au Royaume-Uni. Une personne sur 25 vivant aujourd’hui dans le pays est arrivée durant ces quatre années !

Le schéma est similaire en Allemagne. La décision prise il y a dix ans par la chancelière Angela Merkel d’accueillir une arrivée massive des réfugiés fuyant la guerre civile en Syrie a puissamment alimenté le vote en faveur de l’AfD. A la faveur des élections fédérales de février dernier, le parti d’extrême droite a obtenu le plus grand nombre de députés au Bundestag, avec 152 sièges sur 630 (69 sièges de plus qu’en 2021). L’Allemagne a ainsi rejoint la France, où le Rassemblement national est depuis 2024 le premier parti représenté à l’Assemblée nationale, avec 123 députés (y compris 3 apparentés) sur 577. Des sondages placent aujourd’hui l’AfD très légèrement devant la CDU de Friedrich Merz (26 % contre 25 % selon le sondage Forsa pour RTL publié fin août).

Percée populiste

Même confinés à l’opposition, ces partis pèsent déjà lourdement sur la vie politique nationale. Au Royaume-Uni, le Parti conservateur continue à céder du terrain bien que sa nouvelle cheffe, Kemi Badenoch, ait largement repris à son compte les thèmes anti-immigration. En Allemagne, le poids de l’AfD au Bundestag oblige les partis traditionnels à s’allier entre eux, ce qui tend à paralyser la politique nationale. Quant à la France, elle est devenue quasiment ingouvernable depuis que les électeurs ont placé le RN en tête de leurs suffrages après la dissolution de 2024.

Au niveau européen, la percée populiste affaiblit le duo franco-allemand, entrave les réformes nécessaires à la croissance économique, nourrit la méfiance entre les pays européens et hypothèque le projet de bâtir une Europe puissance face au chantage de Donald Trump et aux appétits revanchards de la Russie. Il est loin le temps où l’extrême droite était confinée à l’Europe centrale.

© afp.com/Oli SCARFF

Nigel Farage (c), leader du parti Reform UK, célèbre la victoire de Sarah Pochin, candidate du parti, à l'élection partielle dans la circonscription de Runcorn & Helsby à Widnes, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 2 mai 2025
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"C’est tellement faux" : la réponse de Donald Trump aux folles rumeurs sur sa santé

Donald Trump a rejeté mardi 2 septembre les rumeurs sur son état de santé qui ont agité une partie des réseaux sociaux aux Etats-Unis depuis plusieurs jours, les qualifiant de "fausses informations", lors d’un échange avec la presse à la Maison-Blanche. Certains étaient même allés jusqu’à affirmer qu’il était mort, partageant par exemple une image du drapeau de la Maison-Blanche en berne, un geste traditionnel utilisé pour honorer la mort d’un responsable de premier plan.

"Je n’ai pas vu ça", a déclaré le président américain lorsqu’un journaliste l’a interrogé sur ces on-dit qui ont circulé sur les plateformes X et Bluesky. Selon ces rumeurs, la santé du dirigeant de 79 ans était défaillante, alors qu’il n’a pas fait d’apparition devant les médias pendant plusieurs jours. "Ce sont des fausses informations", a déclaré le républicain, qui se vante fréquemment de posséder une santé de fer.

Le milliardaire septuagénaire s’est ensuite plaint qu’après avoir mené plusieurs conférences de presse en début de semaine dernière, certains aient dit "Il doit y avoir quelque chose qui cloche avec lui", parce qu’il n’avait pas tenu d’événements publics pendant deux jours. "C’est tellement faux", a-t-il ajouté, disant avoir été "très actif au cours du week-end".

@lexpress

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Après avoir tenu un long conseil des ministres mercredi dernier devant la presse, Donald Trump n’a pas eu d’événement public jusqu’à son apparition dans le bureau Ovale mardi. Mais il avait été aperçu se déplaçant pour des parties de golf lors du week-end.

Le président élu le plus âgé de l’histoire

En novembre, Donald Trump est devenu la personne la plus âgée à être élue à la présidence des Etats-Unis. La Maison-Blanche a affirmé en juillet que les hématomes visibles sur la main droite du président étaient dus à "des serrages de main fréquents" et à sa prise d’aspirine comme traitement cardiovasculaire standard. L’exécutif américain a également révélé que Donald Trump souffrait d’insuffisance veineuse chronique, une affection répandue et bénigne. Le médecin présidentiel Sean Barbabella avait alors écrit que Donald Trump demeurait "en excellent état de santé". Comme à de nombreuses occasions récemment, la main du président américain semblait mardi avoir été lourdement fardée.

photos of Trump's hand today

(via Getty) pic.twitter.com/2oeRQ35vKo

— Aaron Rupar (@atrupar) September 2, 2025

La santé des locataires de la Maison-Blanche est un sujet de discussion fréquent et largement observé aux Etats-Unis, mais l’élection de Joe Biden en 2020 et celle de Donald Trump en 2024, à presque 80 ans chacun, ont donné une nouvelle dimension à la question. Donald Trump a fréquemment accusé les proches de son prédécesseur Joe Biden d’avoir caché son déclin cognitif et physique durant la fin de son mandat. Après un débat calamiteux face à son rival républicain en juin 2024, l’ex-président démocrate avait été forcé de jeter l’éponge et de ne pas se présenter à sa réélection.

© afp.com/SAUL LOEB

Le président américain Donald Trump s'exprime dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 2 septembre 2025
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Les Etats-Unis frappent un bateau parti du Venezuela, 11 "narcoterroristes" tués selon Donald Trump

En pleine escalade des tensions entre Washington et Caracas, les forces armées américaines ont frappé un "bateau transportant de la drogue" qui venait de quitter le Venezuela, tuant 11 "narcoterroristes, a affirmé mardi 2 septembre Donald Trump. Les Etats-Unis ont récemment déployé sept bâtiments de guerre dans les Caraïbes au motif de lutter contre le narcotrafic international, le président américain accusant son homologue vénézuélien Nicolas Maduro de diriger un réseau de trafic de drogue.

"Sur mes ordres, les forces militaires américaines ont mené un bombardement cinétique contre des narcoterroristes clairement identifiés du Tren de Aragua", a affirmé Donald Trump sur son réseau Truth Social, en référence à un important gang originaire du Venezuela. La frappe a eu lieu alors que le bateau se trouvait "dans les eaux internationales, transportant des stupéfiants illégaux, à destination des Etats-Unis", a-t-il ajouté. "La frappe a tué 11 terroristes" et le bateau transportait "beaucoup de drogue", a-t-il précisé. Le président américain a accompagné son message d’une vidéo montrant une petite embarcation frappée par une forte explosion.

🇺🇸 ON VIDEO: U.S. Military Forces conducted a strike against Tren de Aragua Narcoterrorists. The strike occurred while the terrorists were at sea in International waters transporting illegal narcotics, heading to the U.S. The strike resulted in 11 terrorists killed in action. pic.twitter.com/iszHE0ttxQ

— The White House (@WhiteHouse) September 2, 2025

Le Tren de Aragua est une organisation criminelle vénézuélienne présente dans plusieurs pays. Donald Trump l’a désignée en février, ainsi que d’autres groupes liés au narcotrafic, comme organisation terroriste.

"Le temps où l’on pouvait agir en toute impunité est révolu"

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a précisé sur X que cette opération avait été effectuée "dans le sud des Caraïbes" et avait visé un navire "qui avait quitté le Venezuela".

Sept bâtiments américains, dont trois navires amphibies d’assaut, sont présents dans les Caraïbes, et un autre dans le Pacifique, dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, a précisé une responsable militaire américaine. Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a estimé mardi soir que ce déploiement américain était en réalité destiné "à intimider les gens et à tenter de renverser des gouvernements".

A Miami, avant de partir pour le Mexique, Marco Rubio a fait part à des journalistes de la détermination de Donald Trump à utiliser "toute la puissance" des Etats-Unis pour "éradiquer" les cartels de la drogue. "Le temps où l’on pouvait agir en toute impunité et se contenter de détruire un appareil ou de saisir un peu de drogue sur un bateau est révolu", a insisté ce fervent détracteur de Nicolas Maduro, et plus généralement des dirigeants de gauche d’Amérique latine.

Le secrétaire d’Etat s’est toutefois abstenu de menacer le président vénézuélien, dont Washington a mis la tête à prix, de nouvelles mesures le visant directement. Interrogé par les journalistes sur une éventuelle opération contre Nicolas Maduro sur le sol vénézuélien, Marco Rubio s’est contenté de répondre : "Il s’agit d’une opération de lutte contre le trafic de drogue".

Le Venezuela prêt à "la lutte armée"

Côté vénézuélien, le ministre de la Communication et de l’Information s’en est pris à la vidéo diffusée par Donald Trump, créée selon lui de toutes pièces. "Rubio continue de mentir à son président […] il lui donne maintenant comme'preuve 'une vidéo générée par l’IA (intelligence artificielle, ndlr)", il "doit cesser d’encourager la guerre", a lancé Freddy Ñañez sur son compte Telegram.

Nicolas Maduro avait dénoncé lundi la "menace" de "huit navires" et d’un sous-marin américains qui "visent le Venezuela". Il a même fait planer la menace d’un débarquement américain et d’une volonté de "changement de régime". Le Venezuela est prêt à la "lutte armée pour la défense du territoire national", avait-il assuré, bien que les Etats-Unis n’aient jamais menacé publiquement d’envahir son pays.

Le gouvernement Trump présente la lutte contre le trafic de drogue comme l’un de ses grands chevaux de bataille, accusant le pouvoir vénézuélien de diriger un grand réseau. Récemment, les autorités américaines ont même porté à 50 millions de dollars la prime pour tout élément permettant d’aboutir à l’arrestation de Nicolas Maduro.

© afp.com/SAUL LOEB

Le président américain Donald Trump lors d'un point presse à la Maison Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 2 septembre 2025
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Russie - Etats-Unis : Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan, le duo qui a mené à la fin de la guerre froide

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche en 2016, Donald Trump a souvent été comparé à l’un de ses prédécesseurs : Ronald Reagan. Deux personnalités, venues de la société civile, moquées pour leur manque d’expérience politique.

Baisser les impôts, réduire la dépense publique sauf dans la défense... Certains points de leur programme se ressemblent. L’actuel locataire du bureau Ovale semble même s’inspirer directement de Reagan. D’abord, le fameux slogan Make america great again est emprunté au président républicain de 1981 à 1989.

Mais c’est surtout sur le plan international que le parallèle peut être fait. Dans les années 1980, Reagan lance l’IDS, l’initiative de défense stratégique. L’idée : créer une sorte de bouclier pour protéger les Etats-Unis d’une attaque nucléaire venue de l’URSS. Un projet que Donald Trump souhaite remettre au goût du jour en construisant un "Dôme d’or". Le président américain citant lui même son prédécesseur : "Nous disposerons alors du meilleur système jamais construit. Nous allons achever le travail commencé par le président Reagan il y a 40 ans". Lors de l’annonce, un portrait de Reagan trônait d’ailleurs derrière le président Trump.

En réalité, les deux hommes ont des idées très différentes sur l’immigration, sur les relations avec le Mexique et le Canada, ou encore les droits de douane. Mais concernant la Russie de Vladimir Poutine, Donald Trump pourrait aussi s’inspirer de Ronald Reagan. Car le duo qu’il a formé avec Mikhail Gorbatchev a marqué la fin de la guerre froide.

Dans cette série, La Loupe brosse le portrait de quatre binômes et de leur influence, avec Andrei Kozovoï, professeur à l’Université de Lille, spécialiste des relations internationales, auteur de Les services secrets russes, des tsars à Poutine (Tallandier). Episode 3 : Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Charlotte Baris, monté et réalisé par Jules Krot.

Crédits : C-Span, Bloomberg, Miller Center, INA, Ronald Reagan Presidential Foundation

Musique et habillage : Emmanuel Herschon / Studio Torrent

Logo : Jérémy Cambour

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Le président américain Ronald Reagan (d) et le secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev, le 21 novembre 1985 à Genève.
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