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Photos et traces gps dans un blog statique

2 juin 2025 à 13:51

Cette dépêche va présenter une méthode pour afficher sur un site personnel les traces, récits et photographies de balades (pédestres, cyclistes par exemple).

Comme le contenu à afficher est diversifié (texte, photographies, cartes), la solution retenue sera un blog. Dans un soucis de sobriété numérique, le site sera sans base de données.

Pour l'aspect esthétique, la barre de navigation et les cartes seront situées dans la partie gauche des pages et surtout, la carte ne bougera pas avec la navigation dans la page.

    Sommaire

    N'ayant pas trouvé d'alternative libre à Polarstep, la solution retenue se base sur les briques logicielles libres suivantes :

    • un moteur de blog static : pelican (AGPL v3.0)
    • des thèmes pour le blog
    • des bibliothèques cartographiques : leaflet (BSD 2)

    1 - Préparation de pelican

    Pelican propose d'écrire chaque billet de blogs dans un fichier texte indépendant (au format markdown ou reStructuredText).

    Pelican les convertit en html et l'organisation du site ainsi généré (catégories, mots-clefs, archivage) se fait par le biais de gabarits (qui sont dans un sous-répertoire templates)

    a) Le moteur

    L'installation ne sera pas développée ici, pelican étant disponible dans de nombreuses distributions.

    Il faut créer la structure de travail (dans le répertoire personnel de notre choix) :

    pelican-quickstart
    

    b) Installation du thème graphique

    En allant sur le dépôt des thèmes de pelican, il est possible de trouver le style graphique qui nous convient le mieux.

    Nous allons utiliser le thème pelican-blue (sous licence MIT 2.0), qui a l'avantage d'être simple, et commençons son installation :

    • création du répertoire theme dans notre structure de travail
    • décompression de l'archive du thème dans le répertoire « theme »
    • modification du fichier pelicanconf.py pour configurer notre site. Il faut adapter quelques variables :
    SITENAME = 'Mon blog'
    SITEDESCRIPTION = 'Mes souvenirs de vacances'
    THEME = "./theme/pelican-blue"
    STATIC_PATHS = ['images', 'gpx']
    
    • modifications propres au thème. Souvent l'auteur d'un thème propose de le personnaliser à partir de variables déclarées dans le fichier de configuration.

    c) Écriture du premier billet

    On va créer notre premier billet

    Title: Première sortie
    Date: 2025-05-01
    Modified: 2025-05-01
    Category: Lieux
    Slug: depart
    Tags: bonjour, balade
    
    Bonjour tout le monde ! Quelle chouette sortie j'ai faite.
    

    d) Génération de notre site

    On lance la première compilation :

    make clean
    make html
    

    On peut voir le résultat :

    • soit en ouvrant directement le fichier index.html (présent dans le répertoire output)
    • soit en lançant un mini serveur web (make serve) et lancer son navigateur web à l'adresse http://localhost:8000/

    Pour plus de renseignements sur pelican, je vous invite à vous rendre sur la documentation du projet.

    2 - Peaufinage de base

    On va maintenant nettoyer le code des gabarits, en supprimant les choses que l'on trouve inutiles ou qui nous déplaisent. Tout se passe dans le répertoire templates de notre thème.

    • il y a les fichiers analytics.html et disqus.html
    • une recherche par mot nous informe des éventuelles références à Google, Twitter, Facebook

    On supprime les parties qui ne nous conviennent pas.

    3 - Gestion cartographique

    Nous attaquons désormais notre objectif : rendre visibles sur des cartes des fichiers de trace.

    a) Gestion des cartes

    On va maintenant configurer la gestion des cartes, par l'intermédiaire de leaflet. Comme l'indique sa page wikipédia, leaflet est très largement utilisé et très pratique.

    On va donc

    • le télécharger,
    • le décompresser dans le répertoire static de notre thème
    • modifier les entêtes de nos gabarits (cela se fait le plus souvent dans le fichier base.html) pour y ajouter au niveau <head> les références à leaflet :
        <link rel="stylesheet" href="{{ SITEURL }}/theme/leaflet/leaflet.css"   integrity="sha256-p4NxAoJBhIIN+hmNHrzRCf9tD/miZyoHS5obTRR9BMY="  crossorigin=""/>
        <script src="{{ SITEURL }}/theme/leaflet/leaflet.js"  integrity="sha256-20nQCchB9co0qIjJZRGuk2/Z9VM+kNiyxNV1lvTlZBo="  crossorigin=""></script>

    Comme on a récupéré en local les fichiers, on met des chemins propres à notre arborescence (via {{ SITEURL }}/theme/).

    b) Gestion des fichiers de trace (gpx)

    Elle va se faire par l’intermédiaire d'un module supplémentaire https://github.com/mpetazzoni/leaflet-gpx (BSD 2).

    De la même manière qu'on a intégré dans nos entêtes l'intégration de leaflet, nous allons ajouter une ligne pour faire référence à leaflet-gpx (bien vérifier le nom du fichier javascript) :

    <script src="{{ SITEURL }}/theme/leaflet-gpx/gpx.js"></script>

    Par rapport à la documentation officielle, on retire l'attribut defer (puisque nous utilisons les fichiers locaux et non distants).

    Pour tester notre environnement, on va déposer dans notre répertoire gpx un fichier de trace, puis on va ajouter dans notre billet les éléments de cartographie de notre voyage :

    <div id="map" style="width: 600px; height: 400px;"></div>
    <script>
            var map = L.map('map');
            L.tileLayer('http://{s}.tile.openstreetmap.org/{z}/{x}/{y}.png', {
              attribution: 'Carte et données : <a href="http://www.osm.org">OpenStreetMap</a>'
            }).addTo(map);
            var gpx = '/gpx/FICHIER.gpx';
            new L.GPX(gpx, {async: true}).on('loaded', function(e) {
                map.fitBounds(e.target.getBounds());
            }).addTo(map); 
    </script>

    On regénère notre site web, et on peut visualiser notre billet

    Première version de notre billet

    Globalement, ça fait le boulot.

    Mais on peut améliorer la chose : on peut par exemple cacher les marques de début et de fin d'itinéraire en insérant la ligne suivante après le async: true

    markers: {startIcon: null, endIcon: null, }

    Mais surtout, nous souhaitons que pelican génère automatiquement la partie consacrée au fichier de trace (alors que dans notre test, nous avons dû l'ajouter nous-même) !

    c) Modification des gabarits

    Si l'on veut simplement ajouter notre fichier de trace et que notre gabarit le traite, on va ajouter cette information dans les entêtes de notre fichier markdown ! En effet pelican permet de créer des variables qui seront utilisables dans nos gabarits.

    Nous allons donc créer et utiliser une variable (qui s'appellerait… Gpx par exemple), qui stockera le nom du fichier gpx à afficher (les chemins sont relatifs à notre site web)

    Title: Première sortie
    Date: 2025-05-01
    Modified: 2025-05-01
    Category: Lieux
    Gpx: /gpx/monfichier.gpx
    Slug: depart
    Tags: bonjour, balade

    Nous modifions ensuite notre gabarit article.html pour qu'il génère la carte à partir de notre variable.

    Pelican est très souple : basé sur Jinja2, il permet les boucles, les conditions et les variables.

    Tous les éléments qu'il utilise sont insérés dans des accolades. Le fonctionnement est facilement lisible et compréhensible.

    On va donc conditonner (avec if) l'insertion de leaflet.

    {% if article.gpx %}
        <div id="map" style="width: 600px; height: 400px;"></div>
    <script>
        var map = L.map('map');
        L.tileLayer('http://{s}.tile.openstreetmap.org/{z}/{x}/{y}.png', {
          attribution: 'Carte et données : <a href="http://www.osm.org">OpenStreetMap</a>'
        }).addTo(map);
    
        var gpx = '{{ article.gpx }}';
        new L.GPX(gpx, {async: true,
                           markers: {startIcon: null, endIcon: null, }
          }).on('loaded', function(e) {
             map.fitBounds(e.target.getBounds());
          }).addTo(map); 
    
    </script>
    {% endif %}

    Bien entendu, nous supprimons ces références du fichier markdown correspondant à notre billet de test.

    On regénère notre site web, et on peut visualiser notre billet… qui n'a pas changé : tout fonctionne. Pour chacune de nos sorties, il suffit donc d'indiquer le fichier de trace dans les entêtes pour que la carte soit insérée automatiquement dans notre billet.

    Passons maintenant à l'intégration de nos photos.

    4 - Gestion des photographies associées à notre cartographie

    Nous avons besoin :

    • d'une image
    • de ses coordonnées géographiques (latitude et longitude)

    Pour cela, nous allons procéder de la même manière que pour le fichier trace : nous allons créer et utiliser des variables dans les entêtes des fichiers markdown.

    a) Fichier des billets

    Nous modifions encore une fois les entêtes en ajoutant autant d'informations (image, latitude et longitude) que de photos à afficher en miniatures.

    Title: Première sortie
    Date: 2025-05-01
    Modified: 2025-05-01
    Category: Lieux
    Gpx: /gpx/monfichier.gpx
    Slug: depart
    Img: /images/image1.jpg
    Lat: 49.895517
    Lon: 2.295983
    Img: /images/image2.jpg
    Lat: 49.89443
    Lon: 2.30137
    Tags: bonjour, balade
    

    On remarque ici que l'on a mis plusieurs images avec les mêmes noms de variables.

    b) Modification des gabarits

    Nous allons ensuite modifier les gabarits de pelican pour qu'ils positionnent des miniatures des photos sur notre trajet.

    Nous allons à nouveau modifier notre fichier article.html, en y ajoutant (à la suite de notre précédente modification, dans la condition {% if article.gpx %}) le code suivant :

    Nous commençons par indiquer l'icône qui s'affichera sur la carte à chaque photo mise en valeur

    var MonIcone = L.icon({
        iconUrl: '/images/app-photo.png',
        iconSize: [36, 36]
    });
    

    Puis nous codons l'affichage du marqueur (qui sera géré par leaflet).

    {% if article.img %}
      {% if article.img is string %}
         imageTxt = 'Description';
         L.marker([{{ article.lat }}, {{ article.lon }}], {icon: MonIcone}).bindPopup(imageTxt + '<br><img src="{{ article.img }}" width="200px"><a href="#bal5">plus de détail</a>').addTo(map);    
      {% else %}
        {% for n in range(article.img| length) %}
           imageTxt = 'Description';
           L.marker([{{ article.lat[n] }}, {{ article.lon[n] }}], {icon: MonIcone}).bindPopup(imageTxt + '<br><img src="{{ article.img[n] }}" width="200px"><a href="#bal5">plus de détail</a>').addTo(map);
        {% endfor %}    
      {% endif %}
    

    La difficulté réside dans la gestion des éléments répétitifs :

    • s'ils sont plusieurs, on peut utiliser les méthodes python des listes.
    • s'il n'y en a qu'un seul, cette méthode renvoie toutes les lettres de notre variable ! Il a donc fallu tester si celle-ci est une chaine de caractères ou une liste.

    Les choix sont ici purement personnels ou démonstatifs :

    • on a laissé une variable imageTxt en dur, elle pourrait être passée dans les entêtes de nos fichiers markdown
    • le texte du popup peut être adapté (on pourrait y ajouter un lien direct vers notre image par exemple)
    • le lien (ancre) est à créer dans notre fichier markdown
    • la taille de l'image du popup est en dur (on peut passer par une feuille de style css)

    On regénère notre site web, et on peut visualiser notre billet :

    Carte avec icones indiquant des lieux visités

    Et lorsqu'on clique sur une icône d'appareil photo, on voit bien notre popup :

    Popup avec la miniature

    c) Gestion des photographies

    Comme indiqué plus haut, la taille des miniatures affichées peut se gérer :

    • par CSS
    • ou créer des miniatures (avec imagemagick) pour diminuer la charge de notre serveur (afficher une photo de 3000 pixels à 200 pixels n'est pas optimal). Dans ce cas, il suffira d'adapter notre gabarit pour lui indiquer où aller chercher les petites images (/images/miniatures/ par exemple)

    Par contre, le point le plus compliqué est la gestion des coordonnées des photographies : il faut les rentrer à la main !

    • Pour les photographies qui n'intègrent pas les coordonnées dans leurs métadonnées, il n'y a pas d'autre solution que d'aller chercher sur une carte (openstreetmap par exemple) et de trouver le lieu de la prise de vue et de repérer les coordonnées.

    • Pour les photographies qui contiennent leurs coordonnées géographiques, on peut utiliser l'outil exiftool pour les récupérer. On peut éventuellement faire un script bash qui affiche les lignes d'entête pour notre billet (on n'a plus qu'à les recopier ou les rediriger vers un fichier texte) :

        for photo in $(ls ./content/images);
        do
            echo ""
            echo "Img: /images/"$photo
            LAT=$(exiftool -n -s3  -gpslatitude ./content/images/$photo)
            echo "Lat: "$LAT
            LONG=$(exiftool -n -s3  -gpslongitude ./content/images/$photo)
            echo "Lon: "$LONG
        done

    Nous avons utilisé les options -n qui affichent les valeurs numériques au format décimal (celui utilisé par openstreetmap pour les coordonnées) et -s3 pour avoir la valeur du champ sans le nom de son attribut.

    5) Dernières modifications

    Nous venons de voir les différentes techniques qui permettent d'avoir le rendu que nous souhaitions. Et le résultat est déjà agréable à regarder.

    Nous pourrions nous arrêter ici, mais vous voulons que la carte reste en permanence dans le menu latéral. La solution est de la mettre dans une balise <aside>.

    a) Modifier les gabarits

    Notre thème comporte déjà une telle balise : elle est dans le fichier base.html… ce qui signifie qu'il ne peut pas voir les informations sur les articles (donc nos entêtes) !

    La solution va donc consister à déplacer, à l'intérieur du fichier article.html, tout notre code dans une section (que nous appellerons mamap :

    {% block mamap %}
        Mettre ici tout le code sur notre gestion cartographique
    {% endblock %}
    

    Et dans le fichier base.html, on va insérer à l'intérieur des balises <aside> son appel (qui ne tient que sur deux lignes) :

    {% block mamap %}
    {% endblock %}
    

    b) Ajuster les feuilles de style

    Il faut surcharger le comportement de la carte gérée par leaflet :

        .leaflet-container {
            width: 400px;
            height: 300px;
            max-width: 100%;
            max-height: 100%;
            margin: auto;
        }

    Et vérifier que les largeurs de la carte, et de <aside> soient compatibles.

    Le résultat avec nos dernières modifications est désormais le suivant

    Site avec la carte à gauche

    6) Conclusion

    Il est temps de finir cette dépêche, dans laquelle nous avons pu découvrir la souplesse et la richesse des gabarits gérés avec jinja2, ainsi que la facilité d'utilisation de leaflet.

    Désormais, dans notre flux de travail, nos répertoires sont organisé ainsi :

    content 
        + gpx : les fichiers de trace
        + images : les photos que l'on veut afficher sur notre blog
        fichierXX.md : les billets
    output : notre site web (généré par pelican)
    theme
        + pelican-blue  : le thème choisi
            + static
                + css
                + leaflet
                + leaflet-gpx
            + templates
    

    Et la rédaction de nos billets consiste à :

    • ajouter le fichier gpx de notre trace dans les entêtes
    • ajouter les informations sur chaque photo que l'on veut voir (toujours dans les entêtes)
    • écrire notre billet normalement (en y ajoutant éventuellement d'autres photos ou des ancres de navigation)

    Cette dépêche démontre qu'il est possible d'avoir, avec les outils actuels, un rendu intéressant pour partager ses sorties. Et totalement utilisable en auto-hébergement.

    Les outils utilisés sont très personnalisables et je vous invite à lire leurs documentations ou à parcourir leurs extensions respectives et de vous les approprier selon votre usage.

    Malheureusement, la solution présentée ne conviendra qu'à une minorité d'utilisateurs. En effet, elle se base sur des éléments qui sont le plus souvent rendus invisibles (site web, transfert de fichiers, métadonnées) et elle est inutilisable sur téléphone.

    Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

    Netvibes.com au rancart, Pétrolette au rendez-vous

    1 juin 2025 à 21:01

    « J'étais tranquille j'étais peinard / je réparais ma mobylette » / la nouvelle a surgi le soir / un truc pas vraiment super-chouette… » Eh oui, le couperet est tombé, les utilisateurs de l'agrégateur de flux Web Netvibes.com ont reçu le 15 avril un courriel de Dassault Systèmes leur annonçant que leur agrégateur préféré aller se désagréger définitivement dans l'atmosphère le 2 juin 2025 à midi, avec toutes leurs données, tel un Starship numérique. Si l'on en croit le début du message, cela est lié au développement d'un nouveau service de l'entreprise nommé 3D UNIV+RSES, avec plein d'IA et tout et tout. Le courriel d'avertissement indique certes comment sauvegarder ses données, mais « et maintenant, Papa / C'est quand qu'on va où ? »

    Sommaire

    Good vibrations 2.0 ou le cubisme informationnel

    Netvibes.com, lancé par une start-up en 2005 et racheté par Dassault Systèmes en 2012, était un lecteur en ligne permettant d'afficher les flux RSS ou Atom dans des petits cadres qu'on pouvait regrouper dans des onglets thématiques. Chaque cadre était configurable (longueur, affichage d'images ou non…) et déplaçable facilement. Les flux se mettaient automatiquement et régulièrement à jour. On pouvait aussi ajouter de petites applications (listes de choses à faire, accès courriels, accès à différents réseaux sociaux, etc.). Wikipedia décrit Netvibes.com comme « un portail Web personnalisable. Représentatif de ce qu'on appelle le Web 2.0 ». En tout cas, c'était un très bon outil de veille que j'utilisais tous les jours depuis belle lurette.

    Lancé en 1990, donc à peu près en même temps que le World Wide Web, le Courrier international nous permettait d'avoir accès à une pluralité de points de vue issus des journaux du monde entier. Un agrégateur de flux, c'est un peu l'équivalent informatique. Il permet un véritable cubisme informationnel. Avoir un onglet News agrégeant des flux de journaux d'horizons politiques différents et de plusieurs pays, c'est échapper à la bulle informationnelle, à la ségrégation sociale créée par les grands réseaux sociaux commerciaux. Car observer depuis le point de vue d'autrui est un bon exercice, même si ça peut parfois être désagréable comme du poil à gratter. Enfin, avec un agrégateur, l'algorithme c'est vous : votre œil survole l'ensemble des titres et capte au vol ce qui l'intéresse ou le surprend.

    J'ai rencard avec Pétrolette

    L'outil libre qui se rapproche le plus de Netvibes.com est Pétrolette, « la page d'actus qui ne sait rien de toi », développée par YPhil en JavaScript. Comme son nom l'indique, Pétrolette n'est pas un gros SUV qui fait tout, même le café, mais une application libre qui essaie de faire au mieux une seule chose : afficher des flux Web dans des cadres classés dans des onglets. Donc disons le tout de suite, il faut oublier les éventuelles autres applications que vous utilisiez dans Netvibes. D'après son CHANGELOG, Pétrolette est en version 1.7 depuis l'été 2023. Le GitLab de Pétrolette est indiqué comme étant un miroir de son Framagit mais est en fait plus à jour, la dernière activité remontant à Noël 2024. C'est là que le développement se passe.

    D'après le compte Mastodon de Pétrolette, suite à des problèmes d'hébergement, l'instance principale est depuis décembre 2024 https://petrolette.onrender.com/ bien que celle-ci soit considérée comme temporaire. Les plus admin pourront bien sûr héberger leur propre instance, soit en local soit sur le Web, par exemple sur https://place.de.ma.mob/ si le domaine n'est pas déjà réservé.

    Procédure migratoire

    Par défaut, quand on va sur l'instance principale, qui est une instance partagée, on a un certain nombre d'onglets pré-remplis, avec en tout plus de trois cents flux. On peut les personnaliser (ce sera stocké en local), mais ce qui nous intéresse ici, c'est migrer de Netvibes à Pétrolette. Voici la procédure :

    • Dans Netvibes.com, sauvegarder ses données en allant dans « Compte > Sauvegarder vos données », choisir le tableau de bord, cliquer sur Exporter (fichier XML).
    • Dans Pétrolette, supprimer tous les onglets par défaut (croix rouges), importer le XML avec « Flux > Ouvrir ».
    • Tous les onglets et flux sont récupérés. Le titre d'un flux apparaîtra quand on clique sur son icône pour le déployer.
    • Déplier et configurer chaque flux (mais on devrait éventuellement aussi pouvoir travailler à partir du .conf pour réduire ce travail fastidieux).

    La configuration est stockée localement sur l'ordinateur et non pas en ligne (on n'a donc pas de compte Pétrolette, donc elle « ne sait rien de toi », elle ne sait pas ce que tu lis). On peut l'exporter dans un fichier .conf au format JSON et l'importer sur un autre PC pour avoir la même configuration.

    Synchronisation ?

    Mais une telle synchronisation manuelle n'est pas idéale et l'application peut utiliser le protocole remoteStorage pour pouvoir partager la même configuration sur plusieurs PC, et en particulier vers l'application 5apps. D'après l'aide, l'instance principale de Pétrolette ne gère que 5Apps (mais le menu affiche également des icônes pour Dropbox et Google Drive, qu'on devrait donc pouvoir utiliser si on héberge sa propre instance).

    On peut s'enregistrer sur 5apps à partir d'un compte GitHub, Bitbucket, GitLab.com ou en se créant un compte (adresse email, identifiant, mot de passe). 5apps vous fournit une « adresse utilisateur » du type login@5apps.com. On peut alors aller dans le menu de Pétrolette, cliquer sur remoteStorage et entrer l'adresse utilisateur pour faire la connexion. Il n'y a plus qu'à autoriser Pétrolette à y accéder et faire de même sur tous vos PC. Pour cela, sur chaque machine, connectez-vous à votre compte 5apps puis dans la liste des « Connected Apps », cliquez sur le lien petrolette.onrender.com, dont l'URL est du type https://5apps.com/rs/oauth/token/123d3215c5484b9a78987e8/launch_app.

    Nouveaux développements

    Ça c'est la théorie, dans la pratique la synchronisation semble problématique, avec un fonctionnement très capricieux, et après discussion avec l'auteur il pourrait bien s'agir d'un bug où l'application s'emmêlerait les pinceaux entre stockage local et stockage distant. C'est la mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle (scoop !) c'est que ça pourrait être résolu dans une future Pétrolette 2 à laquelle réfléchit l'auteur !

    Voilà une bonne raison de réfléchir à l'invitation à faire un don au projet Pétrolette dans la fenêtre pop-up qui surgit de temps en temps. Il est en effet possible de faire un don sur Liberapay ou de prendre un abonnement sur Ko-fi : à partir de 1 €/mois le pop-up disparaît. Au-delà, on peut demander à l'auteur de créer un nombre plus ou moins important de flux RSS pour des sites qui n'en proposent normalement pas. Rappelons-nous que dans surveillance://, Tristan Nitot nous avertissait sur notre fâcheuse tendance à aimer la gratuité.

    Retour d'expérience

    Commençons par les points négatifs, ce qui nous permettra de finir sur le positif !

    Points négatifs

    • Lenteur pour mettre à jour les flux : quand on affiche sa page Pétrolette, tous les flux sont mis à jour simultanément, c'est-à-dire même dans les onglets qui ne sont pas affichés.
    • Pas de mise à jour périodique des flux. On peut certes les mettre à jour individuellement en cliquant sur une icône. Mais malheureusement, recharger la page avec F5 permet certes de mettre à jour tous les flux mais nous remet systématiquement sur le premier onglet. Pétrolette 2 proposera peut-être des fonctionnalités pour faciliter les mises à jour des flux.
    • N'affiche pas l'heure de parution des actualités, contrairement à Netvibes. Mais la date et l'heure sont indiquées dans la fenêtre d'aperçu quand on survole un titre.

    Points positifs

    • Les aperçus du texte qui apparaissent au survol de la souris sont plus longs qu'avec Netvibes, et même parfois très longs, ce qui permet d'avoir un bon aperçu du contenu avant un éventuel clic, voire même de s'en passer.
    • La hauteur (en pixels) des cadres peut être réglée plus finement qu'avec Netvibes (où seules trois hauteurs standards étaient disponibles). Cela peut d'ailleurs être utilisé pour augmenter la distance verticale entre deux cadres, ceux-ci étant par défaut collés de façon un peu compacte.
    • Les titres longs apparaissent en entier sur plusieurs lignes, alors qu'ils sont coupés dans Netvibes. Cela peut-être un avantage mais parfois aussi un défaut avec certains sites qui proposent des titres à rallonge (du genre trois lignes sur Developpez.com !) que l'oeil a du mal à lire au vol.
    • Le menu principal propose de déposer un marque-page dans la barre du navigateur. Il contient un script qui d'un clic ajoutera le site de l'onglet courant dans votre Pétrolette.
    • Le champ de recherche permet de chercher un terme dans tous les titres de l'ensemble des onglets. Les zones où il est trouvé apparaissent encadrées en jaune.

    Prêts pour l’équipée sauvage ?

    « Dès que les vents tourneront nous nous en allerons… » Il le faudra bien, le 2 juin tout s'arrête. Et donc tout recommence. On a maintenant toutes les réponses à la question synthétique et sympathique « c'est quand qu'on va où ? » Quand ? On le sait depuis le début et on l'a répété, c'est le 2 juin ! Où ? On espère y avoir apporter une réponse dans cette dépêche.

    Et puis à l'heure où les algorithmes profiteurs des réseaux sociaux commerciaux tendent à enfermer l'utilisateur dans sa bulle informationnelle au seul motif d'optimiser les profits et où les moteurs IA sapent la sérendipité du Web, se balader humblement en mobylette RSS devient une véritable mesure d'hygiène mentale. En plus c'est libre.

    « La Pétrolette », 1895Figure 1 - « Quand j’me balade en mobylette / On dirait l’équipée sauvage ». Ouais, ça carbure librement avec « La Pétrolette » (Duncan & Suberbie, 1895 - 1898) [source : Wikimedia, domaine public].

    Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

    Un serveur musical pour mon salon

    28 mai 2025 à 11:08

    Aujourd’hui, on va mettre en place un serveur musical pilotable à distance en utilisant MPD. Il sera notamment capable de jouer de la musique stockée dessus ou des radios Internet. Il sera aussi capable de se comporter comme une enceinte Bluetooth.

    On va parler de récup de vieux matos, de Debian, MPD, PipeWire, Samba, d’agent Bluetooth, de systemd (-analyze, -logind), de Powertop et de vbetool.

    Serveur musical - les clients MPD se connectent à MPD, les clients Bluetooth peuvent jouer de la musique, les clients SMB peuvent envoyer des fichier, et le serveur est relié à des enceintes en Jack

    Cet article au ton très « administration système » s’adresse à :

    • des gens qui voudraient mettre en place un système plus ou moins similaire, même pour faire autre chose dans le même esprit (en mode tutoriel) ;
    • des gens qui aiment les détails techniques et voir les trucs cools qu’on peut faire avec les logiciels libres ;
    • toute autre personne curieuse pour d’autres raisons.

    Il est probablement trop technique pour quelqu’un qui ne manipule pas la ligne de commande, qui pourra peut-être malgré tout, avec suffisamment de motivation, se laisser porter par la démarche.

    Sommaire

    Introduction

    Note de lecture : cette dépêche est très détaillée, je vous conseille de passer les sections qui vous intéressent moins.

    Motivation

    Dans mon salon, j’ai des petites enceintes toutes bêtes qui sonnent plutôt bien. Mettre de la musique implique de s’embêter à brancher un ordinateur, sur lequel je suis le seul avoir le contrôle. Ce serait bien d’avoir un système prêt à l’emploi et que tout le monde peut contrôler.

    Objectifs

    • Pas d’achat : on fait avec de la récup
    • Peu gourmand en énergie
    • Silencieux (à part la musique, bien sûr)
    • Facile à utiliser pour une personne non technique
    • Pouvoir mettre de la musique sans que ça soit pénible, en utilisant ma bibliothèque musicale locale, ou des radios internet
    • Pouvoir laisser n’importe qui se connecter en Bluetooth et lancer sa propre musique

    Nous allons, ensemble, remplir ces objectifs. On va rentrer dans les détails, qui peuvent être utiles dans d’autres applications, et parce que je sais que certaines personnes ici aiment ça, bande de geeks :-)

    Matériel à disposition

    • des enceintes parfaitement fonctionnelles mais sans fonctionnalité Bluetooth
    • un appareil style netbook du début des années 2010 (dans mon cas, c’est une vieille tablette Airis Kira Slimpad plus vraiment adaptée au web moderne, dotée d’un processeur Intel Atom un peu lent, d’un peu de stockage assez lent, d’un Wifi plutôt lent, du Bluetooth, d’1 Giga de mémoire vive)

    Note sur les interférences Wifi et Bluetooth. Le Wifi de cette tablette est en 2,4 GHz, pareil que le Bluetooth. Tout échange wifi cause des perturbations sur le Bluetooth et tout transfert intensif rend le Bluetooth inutilisable. Du grand classique. Un Wifi 5, 6 ou 7 aurait été appréciable. Il serait possible d’utiliser une carte Wifi USB, mais je n’en ai pas donc on fera sans.

    Ce qu’on va faire dans les grandes lignes

    • Installer une Debian minimale
    • La configurer pour qu’elle soit accessible par le réseau, la plus rapide et légère possible en utilisation mémoire, en temps de démarrage et en consommation énergétique
    • Installer et configurer MPD
    • Installer et configurer Samba
    • Configurer en mode « enceinte Bluetooth »

    Installation standard minimaliste de Debian

    Par souci de concision, on ne va pas détailler l’installation de Debian, il existe d’autres ressources au besoin.

    En résumé :

    • Debian classique en 32 bits (ça consomme moins de mémoire que du 64 bits)
    • j’ai laissé l’installateur faire le partitionnement (une partition principale en ext4, et une partition swap de 1G)
    • j’ai ajouté l’option noatime sur la partition principale pour éviter d’écrire inutilement lors des accès, ce qui use le SSD et ralentit le système (d’autant que le SSD est lent)
    • lors de l’étape Tasksel, choisir console, serveur ssh et utilitaires standard, et en particulier pas d’environnement de bureau
    • on installe sudo et on ajoute l’utilisateur au groupe sudo, ou alors on se donne accès à root en ssh avec une clé SSH
    • on installe iwd (le remplaçant moderne de wpa_supplicant, supposé plus performant et plus stable permettant également de se passer de NetworkManager assez facilement) et on connecte l’appareil en wifi avec
    • on identifie et désactive ou on désinstalle le superflu avec systemd-analyze critical-chain et systemd-analyze blame (typiquement, si vous avez installé NetworkManager, ModemManager a peut-être été installé alors que vous n’avez pas de modem à gérer)
    • on peut configurer le menu de Grub pour moins attendre au démarrage

    Note : sur cette tablette, l’installateur Debian n’arrive pas à se connecter en Wifi, j’ai donc utilisé la version DVD (le premier suffit).

    Gains énergétiques potentiels

    Éteindre l’écran

    L’écran est potentiellement une des plus grosses sources de consommation électrique. On n’en a pas besoin, donc on va l’éteindre au démarrage et à la sortie de veille.

    Pour cela, on va installer vbetool (sources : outils pour éteindre l’écran, lancer une commande au démarrage, lancer une commande après la veille):

    sudo apt install vbetool
    cat << EOF | sudo tee /etc/systemd/system/screenoff.service
    [Unit]
    Description=Screen off
    After=suspend.target
    
    [Service]
    ExecStart=vbetool dpms off
    
    [Install]
    WantedBy=multi-user.target suspend.target
    EOF

    Attention : ça peut compliquer grandement l’usage de l’appareil, on peut vouloir appliquer un délai avant extinction pour se faciliter la vie.

    Powertop pour améliorer la consommation électrique

    Powertop permet de voir ce qui utilise le CPU et les diverses ressources, et d’ajuster un peu les paramètres de mise en veille de différents périphériques.

    On va l’installer :

    sudo apt install powertop

    Ensuite, ça peut être cool de lancer l’outil pour constater un peu ce qui tourne et consomme des ressources, de se déplacer dans les onglets, et de tenter des trucs dans l’onglet « Tunables » :

    sudo powertop

    Si passer tout à Good ne cause pas de problème d’instabilité évidente, alors on peut appliquer la configuration de Powertop à chaque démarrage (source) :

    cat << EOF | sudo tee /etc/systemd/system/powertop.service
    [Unit]
    Description=PowerTOP auto tune
    
    [Service]
    Type=oneshot
    Environment="TERM=dumb"
    RemainAfterExit=true
    ExecStart=/usr/sbin/powertop --auto-tune
    
    [Install]
    WantedBy=multi-user.target
    EOF
    
    systemctl daemon-reload
    systemctl enable powertop.service

    Sinon, il y a des solutions mentionnées dans la source pour désactiver certains changements (si vous observez des dysfonctionnements avec certains périphériques par exemple, et notamment si vous avez des problèmes de Wifi ou Bluetooth)

    Perso, je sais que sur cette tablette, passer tout à Good fait (faisait il y a 10 ans en tout cas) qu’après un délai la première frappe sur le clavier ou le premier clic de la souris était ignoré, et aussi était nécessaire pour réveiller l’USB – clairement je m’en fiche ici, mais si votre wifi ou votre Bluetooth est en USB et que les paramètres causent une extinction après un délai, clairement ce n’est pas bon).

    Bonus : Configurer le bouton power pour mettre en veille

    Sur ma tablette, un appui court sur le bouton power éteint la tablette (et ensuite on la rallume en appuyant 3 longues secondes). Si on souhaite qu’un appui court mette en veille l’appareil et un appui long l’éteigne, comme ça on fait un compromis énergétique supposément raisonnable pour rendre l’ensemble un poil plus pratique, c’est facile avec systemd.

    Ajoutez ces deux lignes au fichier /etc/systemd/logind.conf :

    HandlePowerKey=suspend
    HandlePowerKeyLongPress=poweroff

    Rechargez les paramètres :

    sudo systemctl restart systemd-logind

    MPD : Music Player Deamon

    Ok, passons au cœur du sujet : mpd.

    Késako

    Simplement, c’est un lecteur de musique pilotable à distance qui est capable de :

    • lire de la musique que vous mettez dans son dossier de travail ;
    • lire des playlists que vous mettez dans son dossier de travail ;
    • lire des flux radio, qui sont par exemple définis dans des playlists.

    Entre autres.

    Certains clients MPD, comme Cantata (une application Qt5 plus ou moins abandonnée mais encore dans les dépôts), sont même capables de lire de la musique sur votre serveur MPD que vous avez localement sur votre ordinateur, ou de gérer les playlists. Ça rend d’ailleurs la constitution de playlists vaguement confortable. Vous n’avez pas besoin d’écrire des playlists M3U à la main, quoi.

    Les avantages sont multiples :

    • c’est méga léger, une machine épuisée peut faire tourner MPD à l’aise
    • si vous lisez la musique stockée sur le serveur, le réseau n’est pas engorgé
    • on peut être plusieurs à contrôler la musique, ce n’est pas une personne qui contrôle tout, et on peut le faire depuis le canapé
    • il existe toute une flopée de clients, il y en a pour tous les goûts pourvu que vous aimiez les logiciels abandonnés ou en ligne de commande / en ncurses (ouais, c’est quand même un problème que j’identifie et qui a largement retardé mon adoption de MPD)
      • les gens non techniques apprécieront les applications mobiles telles que M.A.L.P pour gérer la musique et le volume sonore.

    C’est parti pour l’installation

    sudo apt install mpd

    On va modifier sa configuration :

    sudo nano /etc/mpd.conf

    On peut laisser les paramètres par défaut suivants :

    music_directory         "/var/lib/mpd/music"
    playlist_directory              "/var/lib/mpd/playlists"
    

    Vous l’aurez compris, c’est là où on stocke les musiques et les playlists. Dans la section suivante, on verra comment rendre le dépôt de morceaux simple et convivial.

    On va laisser la plupart des autres paramètres par défaut.

    On va changer bind_to_address, qui est par défaut à localhost, mais on veut que n’importe quel appareil sur le réseau soit capable de s'y connecter. On va aussi explicitement mettre le port à la valeur par défaut (ce n’est probablement pas nécessaire, mais c’est ce que j’ai fait) :

    bind_to_address                 "0.0.0.0"
    port                            "6600"
    

    On veut aussi que quand des fichiers sont changés dans les dossiers music et playlists, mpd se mette à jour tout seul pour ne pas avoir à le baby-sitter :

    auto_update     "yes"
    

    J’ai tenté d’activer zeroconf pour que les clients MPD puissent le trouver tout seul :

    zeroconf_enabled                "yes"
    zeroconf_name                   "Music Player @ %h"
    

    Mais en vrai, je n’ai pas réussi à faire fonctionner ça. En tout cas, un prérequis est d’avoir installé et activé avahi-daemon, on verra ça plus tard dans la partie Samba du coup.

    Vous aurez peut-être envie de mettre un mot de passe voire de changer les permissions par défaut en décommentant et adaptant les paramètres suivants, mais c’est optionnel :

    #password                        "password@read,add,control,admin"
    
    #default_permissions             "read,add,control,admin"
    

    Ensuite, la partie critique, la sortie audio. Pour l’instant, on va dire à mpd d’utiliser Alsa directement. C’est le plus direct et le plus léger (on passera à PipeWire plus tard, pour gérer l’aspect récepteur Bluetooth)

    audio_output {
           type            "alsa"
           name            "My ALSA Device"
           device          "hw:0,0"        # optional
           mixer_type      "hardware"      # optional
         # mixer_device    "default"       # optional
           mixer_control   "Master"        # optional
           mixer_index     "0"             # optional
    }
    

    Pour une de mes installations, j’ai commenté mixer_device parce que ce n’est manifestement pas la bonne valeur chez moi, et que ça marche bien sans.

    Vous pouvez vous passer des autres valeurs optionnelles, mais vous n’aurez pas le contrôle du volume sonore depuis les clients MPD si vous faites ça. Vous allez donc devoir trouver les bonnes valeurs pour les paramètres mixer_*, et pour device. ainsi que mixer_control et mixer_index.

    Quelques indices :

    • hw:0,0 est probablement la bonne valeur pour device, et 0 pour mixer_index aussi. Vous pouvez lister vos cartes son avec aplay -L. Vous aurez peut-être besoin d’installer le paquet alsa-utils.
    • la valeur de mixer_control est le nom du contrôle que vous utiliserez pour changer le volume dans alsamixer, du paquet alsamixergui que vous aurez probablement besoin d’installer.

    Si vous galérez trop avec les valeurs de mixer-*, vous pouvez simplement utiliser mixer_type "software", c’est moins propre mais ça devrait faire le taf. Et sinon, vous pouvez toujours sortir l’artillerie lourde et passer directement à PipeWire.

    Pour appliquer vos modifications :

    systemctl enable --now mpd # À partir de Debian Trixie, mpd n’est plus activé par défaut au niveau du système
    systemctl restart mpd # Si MPD tournait déjà

    Vous pouvez déboguer vos changements avec la commande suivante, qui suit les logs en temps réel :

    journalctl -fu mpd

    Vous avez plusieurs options pour essayer de lire des choses avec mpd :

    • installer l’application M.A.L.P sur votre téléphone Android, ou une autre application cliente MPD, et ajouter un profil avec la bonne adresse, le bon port et le bon mot de passe ;
    • installer un client comme Cantata sur votre ordinateur, avec la bonne adresse, le bon port et le bon mot de passe ;
    • installer mpc directement sur le serveur. Normalement mpc play permet de lancer la lecture.

    Moi, j’ai testé avec une webradio dans une playlist (/var/lib/mpd/playlists/radio-paradise-main-mix.m3u avec le contenu http://stream.radioparadise.com/ogg-192m), mais on peut aussi évidemment placer un morceau dans /var/lib/mpd/music/.

    ReplayGain

    Le niveau sonore de mes morceaux n’est pas homogène, donc il faut sans cesse adapter le volume d’un morceau à l’autre. C’est pénible, voire inutilisable en l’état. Une solution pour ça est replay gain : on analyse et on enregistre le niveau sonore d’une piste dans ses métadonnées.

    Il existe plein d’outils pour faire ça, dont https://github.com/complexlogic/rsgain

    On peut le faire avant d’envoyer les fichiers sur l’appareil. Pour ma part, je l’ai fait sur la tablette, et il n’existe pas de paquet Debian 32 bits, donc je l’ai compilé :

    sudo apt install cmake build-essential pkd-config git libavcodec-dev libavformat-dev libtag1-dev libebur128 libinih-dev libfmt-dev
    git clone --depth=1 https://github.com/complexlogic/rsgain
    cd rsgain
    mkdir build
    cd build
    cmake ..
    make -j2
    sudo make install

    Il faudra s'assurer que les morceaux au format Opus sont étiquetés avec le tag R128_TRACK_GAIN et pas REPLAYGAIN_TRACK_GAIN, parce que c'est ce que MPD s’attend à avoir. Pour ça, on va convaincre rsgain de suivre les standards (que certains lecteurs de musiques ne comprennent pas) en créant un preset qui contient :

    [Opus]
    OpusMode=s
    

    Mes morceaux ne sont pas organisés par albums, donc je désactive l’analyse par album. Je vais donc partir du preset no_album :

    mkdir -p ~/.config/rsgain/presets; cat << EOF > ~/.config/rsgain/presets/no_album_standard_opus.ini 
    [Global]
    TagMode=i
    Album=false
    TargetLoudness=-18
    ClipMode=p
    MaxPeakLevel=0.0
    TruePeak=false
    Lowercase=false
    ID3v2Version=keep
    PreserveMtimes=false
    DualMono=false
    OpusMode=s
    EOF
    

    Ensuite, on peut le rsgain sur le dossier de musiques avec ce preset. Mes morceaux ne sont pas organisés par albums, donc je désactive l’analyse par album.

    rsgain easy -p no_album_standard_opus -m MAX /var/lib/mpd/music

    Note : l'option --skip-existing permet d'ignorer les fichiers déjà taggés :

    rsgain easy --skip-existing -p no_album_standard_opus -m MAX /var/lib/mpd/music

    Avec cette option, on peut exécuter cette tâche régulièrement, par exemple dans un cron, pour calculer le ReplayGain pour les nouveaux fichiers. Pour la première exécution, il vaut certainement mieux ne pas l’utiliser, sinon, si vous aviez déjà des fichiers qui avaient l'information, il se peut que le résultat ne soit pas uniforme.

    Il faut dire à MPD d’utiliser le ReplayGain dans /etc/mpd.conf :

    replaygain                      "track"
    

    Vous aurez peut-être besoin de jouer avec les autres paramètres liés au volume et au ReplayGain.

    Voici les miens :

    # Ce paramètre définit la pré-amplification à appliquer pour les morceaux qui ont l'information du ReplayGain
    replaygain_preamp              "0"
    
    # Ce paramètre définit la pré-amplification à appliquer pour les morceaux qui ne l'ont pas
    replaygain_missing_preamp      "0"
    
    # Faut-il interdire à MPD de dépasser le niveau original d'amplification en appliquant le ReplayGain?
    replaygain_limit                "no"
    
    # Faut-il permettre à MPD d'ajuster le volume pendant la lecture pour normaliser ?
    volume_normalization            "no"
    

    Un autre paramètre qu’on peut régler, c'est la manière dont MPD règle le volume dynamiquement pour ReplayGain. Dans votre bloc audio_output, vous pouvez ajouter replay_gain_handler et la valeur "software" (c'est la valeur par défaut) ou "mixer". En théorique, les traitements software dégradent le son, mais en pratique, avec "mixer", je tombe sur ce bug qui met le volume à 100% après chaque changement de piste.

    Note : je ne suis pas encore convaincu d’avoir réussi à trouver les réglages parfaits, n’hésitez pas à expérimenter.

    Les clients MPD

    À ce stade, vous devriez avoir un serveur MPD fonctionnel et configuré. Si applicable, vous pouvez commencer à suggérer aux gens de votre foyer d’installer l’application M.A.L.P sur leur appareil Android ; elle est libre et disponible sur F-Droid et sur le Play Store. Avec un peu de chance, votre enthousiasme était communicatif et c’est eux qui vous demanderont :-)

    Pour les autres types d’appareils, vous allez devoir faire vos recherches vous-même je n’ai pas étudié les options sous Windows, Mac ou iPhone, mais il y en a. Pour Linux, j’ai essayé Cantata. Il me convient, si ce n’est qu’il a l’air un peu abandonné, et il a une interface certes conviviale, mais quand même un peu brute. Il existe des widgets qui s’intègrent aux différents environnements de bureaux pour les différents systèmes d’exploitation, je n’ai pas exploré. Le site de MPD propose une liste de clients, et le wiki de Arch aussi.

     M.A.L.P, un client mobile pour MPD

    Samba pour déposer les morceaux (et les playlists)

    Déposer des morceaux, vous allez probablement le faire depuis un ordinateur, et à peu près n’importe quel système d’exploitation est capable d’aller chercher un dossier SMB en réseau, alors je vous propose de configurer un serveur Samba. Ça a le bon goût d’être très léger, très simple à faire et de fonctionner depuis n’importe quel OS. Allons-y, et tant qu’à faire, on va aussi installer Avahi, qui permettra aux ordinateurs sous Linux et Mac de découvrir les dossiers partagés tous seuls :

    sudo apt install samba avahi-daemon

    On va partager nos dossiers music et playlists au monde entier en lecture-écriture (YOLO). On édite /etc/samba/smb.conf:

    [Musique]
    path=/var/lib/mpd/music
    read only=no
    writable=yes
    comment=Fichiers musique MPD
    guest ok = yes
    force group = audio
    force user = mpd
    browsable = yes
    public = yes
    create mask = 0644
    directory mask = 0755
    
    [Playlists]
    path=/var/lib/mpd/playlists
    read only=no
    writable=yes
    comment=Listes de lecture MPD
    guest ok = yes
    force group = audio
    force user = mpd
    browsable = yes
    public = yes
    create mask = 0644
    directory mask = 0755
    

    Je ne maitrise pas particulièrement Samba et il y a peut-être des options superflues, mais globalement l’esprit c’est :

    • n’importe qui doit pouvoir accéder à ces deux en lecture et en écriture depuis le réseau. En particulier, la création de dossiers doit marcher
    • MPD doit pouvoir lire ce qu’on a écrit dans ces dossiers
    • les fichiers et dossiers doivent avoir des permissions sensées

    Bien sûr, on peut vouloir restreindre l’accès à certains utilisateurs et/ou avec un mot de passe. Je vous laisse creuser.

    Après un redémarrage de Samba :

    sudo systemctl restart samba

    Avec un peu de chance, dans l’onglet « Réseau » de votre gestionnaire de fichier, dans la section « Partages SMB », votre appareil apparait. Sinon, vous devriez pouvoir y accéder avec smb://HOST/ avec Dolphin et probablement Nautilus, probablement \\HOST sous Windows.

    Alternatives possibles à Samba

    • Si on a un NAS, monter un dossier sur le serveur MPD, voire installer MPD sur le serveur de stockage, ou avoir une tâche chron qui fait un rsync bien placé
    • Mettre en place une synchronisation avec Nextcloud ou Syncthing, et faire pointer MPD vers le bon dossier, ou ajouter le dossier de MPD comme dossier de stockage externe à Nextcloud par exemple
    • SFTP
    • NFS
    • FTP (mais les autres options sont probablement meilleures)

    Récepteur Bluetooth

    Ce n’est bien sûr pas nécessaire si vous êtes parfaitement satisfait·e avec MPD, mais si vous voulez que votre appareil soit en plus capable de se comporter comme une enceinte Bluetooth, vous êtes au bon endroit.

    Les difficultés qu’on va résoudre sont les suivantes :

    • pour l’instant, MPD accède au son directement avec ALSA, et en général on ne peut pas être plusieurs sur ALSA. En tout cas, et même s’il a l’air possible de faire fonctionner Bluetooth et ALSA ensemble, ça n’a pas l’air d’être terriblement simple ou même stable. Donc on va utiliser PipeWire. On aurait pu utiliser PulseAudio, mais PipeWire le remplace, et fonctionne généralement mieux.
    • PipeWire, c’est pensé pour être lancé dans une session graphique d’un utilisateur, mais nous, on a un serveur headless. Il va falloir faire en sorte de lancer une session utilisateur au démarrage sans interaction, et que cette session ne soit pas tuée.
    • mpd tourne avec son utilisateur, PipeWire avec son utilisateur, et après s’être rendu compte qu’il faut que ça soit les mêmes, faut aussi savoir comment, et le faire.

    Lors de l’installation de Debian, on a défini un utilisateur. On peut utiliser cet utilisateur. Sinon, on peut aussi en créer un pour ça, pensez bien à l’ajouter aux groupes audio et bluetooth.

    Garder une session utilisateur active

    On va démarrer une session utilisateur au boot :

    sudo loginctl enable-linger user # remplacer user par le nom d’utilisateur

    On va s’assurer que les processus de cette session ne sont pas tués au moment où on quitte une session (par exemple quand on quitte une session ssh) : dans le fichier /etc/systemd/logind.conf, décommentez la ligne KillExcludeUsers et ajouter le nom d’utilisateur après le =. Vous deviez avoir

    KillExcludeUsers=user
    

    user est le nom d’utilisateur.

    On peut maintenant recharger ces paramètres :

    sudo systemctl restart systemd-logind

    Installer PipeWire et les choses nécessaires

    À ce stade, MPD bloque probablement l’utilisation du son parce qu’il s’y connecte via ALSA. On va le stopper.

    sudo systemctl stop mpd

    PipeWire et WirePlumber vont dorénavant gérer le son, et libspa-0.2-bluetooth permet au démon qui gère le Bluetooth (Bluez) de s’inter-connecter à PipeWire pour le Bluetooth Audio.

    sudo apt install wireplumber pipewire libspa-0.2-bluetooth

    En tant que votre utilisateur (nommé user dans les commandes précédentes) (c’est important), activez PipeWire au démarrage et lancez-le :

    systemctl --user enable --now pipewire wireplumber

    Notez que pipewire-pulse n’est pas nécessaire, d’ailleurs vous pouvez le supprimer ou le désactiver en toute sécurité s’il a été installé.

    Installer un agent Bluetooth qui accepte toutes les connexions audio sans vérifications avec code

    Normalement, accepter les connexions Bluetooth se fait à l’aide d’un agent Bluetooth :

    • qui tourne dans votre session graphique : c’est géré par votre environnement de bureau, ou une application comme bluetooth-applet (est-ce que ça existe encore ?) que vous lancez. Là, évidemment, on n’a pas de session graphique, et pour l’instant on n’a pas d’agent Bluetooth qui tourne.
    • En ligne de commande, avec un outil comme bluetoothctl. Je vous invite à essayer. Vous pouvez lancer des commandes comme pairable on, discoverable on, scan on, et essayer de vous connecter avec un autre appareil. Après vos tests, vous pouvez tout recommencer en faisant oublier les appareils des deux côtés.

    Évidemment, on ne va pas se connecter en ssh pour lancer bluetoothctl à chaque fois qu’on veut se connecter en Bluetooth. On va mettre en place un agent qui démarre automatiquement et qui a un comportement similaire à un casque ou des enceintes Bluetooth : qui accepte toutes les connexions Bluetooth audio. Pour ça, on va utiliser un script Python partagé par Collabora sous Licence LGPL 2.1+ qui fait ça très bien et qu’on va lancer au démarrage.

    Bien sûr, ça veut dire que vos voisins peuvent s’amuser à jouer des trucs chez vous, ou même se connecter fortuitement en choisissant la mauvaise entrée.

    Ce script a une dépendance, qu’on va installer :

    sudo apt install python3-dbus

    On va placer ce script dans speaker-agent.py:

    #!/usr/bin/python3
    # SPDX-License-Identifier: LGPL-2.1-or-later
    
    import dbus
    import dbus.service
    import dbus.mainloop.glib
    from gi.repository import GLib
    
    BUS_NAME = 'org.bluez'
    AGENT_INTERFACE = 'org.bluez.Agent1'
    AGENT_PATH = "/speaker/agent"
    
    A2DP = '0000110d-0000-1000-8000-00805f9b34fb'
    AVRCP = '0000110e-0000-1000-8000-00805f9b34fb'
    
    bus = None
    
    
    class Rejected(dbus.DBusException):
        _dbus_error_name = "org.bluez.Error.Rejected"
    
    
    class Agent(dbus.service.Object):
        exit_on_release = True
    
        def set_exit_on_release(self, exit_on_release):
            self.exit_on_release = exit_on_release
    
        @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                             in_signature="", out_signature="")
        def Release(self):
            print("Release")
            if self.exit_on_release:
                mainloop.quit()
    
        @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                             in_signature="os", out_signature="")
        def AuthorizeService(self, device, uuid):
            # Always authorize A2DP and AVRCP connection
            if uuid in [A2DP, AVRCP]:
                print("AuthorizeService (%s, %s)" % (device, uuid))
                return
            else:
                print("Service rejected (%s, %s)" % (device, uuid))
            raise Rejected("Connection rejected by user")
    
        @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                             in_signature="", out_signature="")
        def Cancel(self):
            print("Cancel")
    
    
    if __name__ == '__main__':
        dbus.mainloop.glib.DBusGMainLoop(set_as_default=True)
    
        bus = dbus.SystemBus()
    
        agent = Agent(bus, AGENT_PATH)
    
        mainloop = GLib.MainLoop()
    
        # By default Bluetooth adapter is not discoverable and there's
        # a 3 min timeout
        # Set it as always discoverable
        adapter = dbus.Interface(bus.get_object(BUS_NAME, "/org/bluez/hci0"),
                                 "org.freedesktop.DBus.Properties")
        adapter.Set("org.bluez.Adapter1", "DiscoverableTimeout", dbus.UInt32(0))
        adapter.Set("org.bluez.Adapter1", "Discoverable", True)
    
        print("RPi speaker discoverable")
    
        # As the RPi speaker will not have any interface, create a pairing
        # agent with NoInputNoOutput capability
        obj = bus.get_object(BUS_NAME, "/org/bluez")
        manager = dbus.Interface(obj, "org.bluez.AgentManager1")
        manager.RegisterAgent(AGENT_PATH, "NoInputNoOutput")
    
        print("Agent registered")
    
        manager.RequestDefaultAgent(AGENT_PATH)
    
        mainloop.run()

    Le script mentionne le Raspberry Pi, mais il n’y a absolument rien de spécifique au Raspberry dedans, il est suffisamment générique.

    On va lancer ce script au démarrage en créant le fichier ~/.config/systemd/user/speaker-agent.service

    [Unit]
    Description=Bluetooth speaker agent
    
    [Service]
    ExecStart=python3 speaker-agent.py
    
    [Install]
    WantedBy=default.target
    

    Et en l’activant (--now le lance tout de suite) :

    systemctl --user enable --now speaker-agent.service

    Il faudra aussi mettre JustWorksRepairing = always dans /etc/bluetooth/main.conf pour permettre le re-appairage sans interaction. Bon là j’avoue, je paraphrase largement ma source :-)

    Ensuite, on va autoriser la connexion Bluetooth même sans session active (en SSH par exemple) (source). Si on ne fait pas ça, la connexion Bluetooth n’est pas possible si l’utilisateur n’a pas une session active (les symptômes : on arrive à se connecter en Bluetooth que quand on est loggué en SSH ou autre, et la connexion Bluetooth casse dès qu’on quitte la session).

    mkdir -p ~/.config/wireplumber/bluetooth.lua.d
    cat > ~/.config/wireplumber/bluetooth.lua.d/80-disable-logind.lua << EOF
    -- Disable arbitration of user allowance of bluetooth via D-Bus user session
    bluez_monitor.properties["with-logind"] = false
    EOF
    systemctl --user restart wireplumber

    Adapter MPD (et Samba) pour utiliser PipeWire

    Pour que MPD utilise PipeWire, il faut adapter :

    1. sa configuration pour qu’il tourne avec le même utilisateur
    2. sa configuration audio_output
    3. les permissions dans /var/lib/mpd

    Dans /etc/mpd.conf, changer la ligne user :

    user                            "mpd"
    

    Elle doit maintenant utiliser votre utilisateur :

    user                            "user"
    

    Commentez votre bloc audio_output, on va maintenant utiliser PipeWire (je suppose qu’on pourrait garder les deux et les clients MPD peuvent probablement permettre de choisir la sortie son, mais ça me parait complexifier l’utilisation pour un intérêt pas clair, ce qui va contre nos objectifs) :

    audio_output {
            type            "pipewire"
            name            "PipeWire Sound Server"
    }
    

    Maintenant, il est temps d’adapter les permissions dans /var/lib/mpd. On va stopper Samba juste avant, et adapter sa configuration.

    sudo systemctl stop mpd samba # si mpd tournait encore
    sudo chown -rv user /var/lib/mpd
    sudo systemctl start mpd

    Note : MPD peut aussi être démarré dans une session utilisateur et à ce stade, c’est ce qu’il serait probablement le plus logique de faire, en bougeant /etc/mpd.conf et le contenu de /var/lib/mpd dans le dossier de notre utilisateur. C’est d’ailleurs la manière privilégiée de démarrer MPD à partir de Debian Trixie. Par simplicité et cohérence, et parce que cette section « Récepteur Bluetooth » est optionnelle mais que les manipulations pour lancer une session utilisateur au démarrage décrites dans cette section seraient nécessaires pour lancer MPD en tant que service utilisateur au démarrage dans tous les cas et que ça apporte une réelle complexité, on fait le choix de garder MPD en tant que service système.

    Modifiez /etc/samba/smb.conf. Dans les deux blocs de partages qu’on a ajouté précédemment, changez la ligne force user = mpd en:

    force user = user
    

    Puis on peut redémarrer Samba :

    sudo systemctl start samba

    Permettre à PipeWire de configurer sa priorité

    Si vous voyez cela dans les logs de PipeWire :

    user@tablette:~$ journalctl --user -fu pipewire
    avril 29 13:41:01 tablette systemd[514]: Started pipewire.service - PipeWire Multimedia Service.
    avril 29 13:41:01 tablette pipewire[531]: mod.rt: Can't find org.freedesktop.portal.Desktop. Is xdg-desktop-portal running?
    avril 29 13:41:01 tablette pipewire[531]: mod.rt: found session bus but no portal
    avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: RTKit error: org.freedesktop.DBus.Error.AccessDenied
    avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: could not set nice-level to -11: Permission non accordée
    avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: RTKit error: org.freedesktop.DBus.Error.AccessDenied
    avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: could not make thread 547 realtime using RTKit: Permission non accordée
    

    Ça veut grosso modo dire que PipeWire cherche à se rendre plus prioritaire via un mécanisme fourni par les environnements de bureau (xdg-desktop-portal), n’y arrive pas parce qu’évidemment, aucun environnement de bureau ne tourne, alors il essaie de demander au service système rtkit, et se fait jeter.

    Ce n’est pas très grave et on pourrait vivre sans, mais ça pourrait aider à limiter les saccades sonores, donc on va réparer ça (et je pense avoir vu une bonne amélioration grâce à ça).

    Le fichier /usr/share/polkit-1/actions/org.freedesktop.RealtimeKit1.policy dicte qui a le droit ou non de configurer sa priorité (découvert ici, mais le conseil de modifier ce fichier système n’est pas bon, au moins parce qu’une mise à jour future risque d’écraser les modifications) :

    <?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
    <!DOCTYPE policyconfig PUBLIC
            "-//freedesktop//DTD PolicyKit Policy Configuration 1.0//EN"
            "http://www.freedesktop.org/standards/PolicyKit/1/policyconfig.dtd">
    <policyconfig>
            <vendor>Lennart Poettering</vendor>
    
            <action id="org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-high-priority">
                    <description>Grant high priority scheduling to a user process</description>
                    <description xml:lang="tr">Bir sürece yüksek öncelikli çalışabilme yetkisi ver</description>
                    <message>Authentication is required to grant an application high priority scheduling</message>
                    <message xml:lang="tr">Sürecin yüksek öncelikli çalıştırılabilmesi için yetki gerekiyor</message>
                    <defaults>
                            <allow_any>no</allow_any>
                            <allow_inactive>yes</allow_inactive>
                            <allow_active>yes</allow_active>
                    </defaults>
            </action>
    
            <action id="org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-real-time">
                    <description>Grant realtime scheduling to a user process</description>
                    <description xml:lang="tr">Bir sürece gerçek zamanlı çalışabilme yetkisi ver</description>
                    <message>Authentication is required to grant an application realtime scheduling</message>
                    <message xml:lang="tr">Sürecin gerçek zamanlı çalıştırılabilmesi için yetki gerekiyor</message>
                    <defaults>
                            <allow_any>no</allow_any>
                            <allow_inactive>yes</allow_inactive>
                            <allow_active>yes</allow_active>
                    </defaults>
            </action>
    
    </policyconfig>

    Dans un système Unix, les paramètres systèmes sont dans /etc. Pour Polkit, il existe un mécanisme pour écrire des règles, qu’on va utiliser. On va créer une règle qui permet à n’importe quel utilisateur du groupe audio de modifier la priorité de ses processus. C’est probablement trop large, mais je ne connais pas bien Polkit et ça fera le taf pour notre application dédiée à l’audio. Si vous avez des meilleures idées, n’hésitez pas à partager en commentaire.

    sudo cat > /etc/polkit-1/rules.d/rt.rules << EOF
    polkit.addRule(function(action, subject) {
            if (subject.isInGroup("audio") && (
                    action.id == "org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-high-priority" ||
                    action.id == "org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-real-time"
            )) {
                    return polkit.Result.YES;
            }
    })
    EOF
    
    sudo systemctl restart polkit.service
    systemctl --user restart pipewire

    On pourra constater l’absence des échecs dans les journaux de PipeWire.

    Bon, on sent bien que toute cette utilisation audio sans session utilisateur standard n’est pas un cas d’utilisation hyper bien prévu et on se retrouve à toucher des coins un peu sombres du système…

    Évitez les flux Wifi 2,4 GHz

    Si vous avez un Wifi en 2,4 GHz, ça peut causer des soucis avec le Bluetooth, et le son peut saccader. Si vous observez cela, il faudra alors limiter au maximum les services et autres tâches de fond qui font des communications réseau. Évidemment, si vous pouvez utiliser un câble Ethernet, c’est encore mieux.

    Sur ce plan, tous les codecs audio Bluetooth ne semblent pas se valoir. Pour tester ça, j’ai lancé un test iperf3 entre la tablette et mon ordinateur portable pour saturer le Wifi. Ça devenait immédiatement catastrophique avec le codec SBC-XQ, alors qu’avec le codec Opus 05, il y a initialement des saccades, puis ça s’améliore vite. J’imagine que le codec Opus dégrade très efficacement la qualité pour compenser. Bon, malheureusement, tous les systèmes ne permettent pas de choisir son codec donc ce n’est qu’une solution partielle au problème.

    Note sur l’utilisation des ressources

    C'est léger :

    load average: 0,12, 0,10, 0,05
    
    $ free -mh
                   total       utilisé      libre     partagé tamp/cache   disponible
    Mem:           986Mi       253Mi       324Mi       6,1Mi       550Mi       733Mi
    Échange:       974Mi          0B       974Mi
    

    Globalement, le CPU s’ennuie en pleine lecture, et à peine un tiers du Giga de mémoire vive est utilisé, la partition d’échange s’ennuie, donc il y a encore largement la place de faire tourner d’autres trucs sur cet appareil si jamais. On peut aussi constater qu’ajouter MPD et tout ce bazar à une installation existante ne la surchargerait pas plus que ça.

    On a aussi un temps de démarrage autour des 20 secondes, ce qui est franchement pas mal.

    Conclusion et améliorations possibles

    On est pas mal rentrés dans les détails, c’était l’occasion d’explorer plein de choses mine de rien. J’ai à la fois appris des choses, précisé des connaissances, et mis plein de choses que je savais ensemble pour obtenir un résultat très satisfaisant. On se retrouve à manipuler de la gestion de services, des configurations systemd un peu poussées, du bluetooth, du son avec ALSA et PipeWire, de la gestion de session utilisateur sur un système headless, et plein d’autres trucs et aller dans les détails comme le boot pour avoir quelque chose de rapide, comme l’écran éteint au bon moment, ou la personnalisation du comportement du bouton power (honnêtement, je n’étais pas très sûr que c’était possible, j’avais lancé la recherche au cas où !).
    J’espère que l’aventure vous a plu aussi.

    Bien sûr l’ensemble est perfectible, alors je vous laisse avec des idées, n’hésitez pas à partager les vôtres en commentaires :

    • Jouer un son au démarrage / à l’appairage Bluetooth. – pour l’instant, la tablette s’allume et puis plus rien. En général, les enceintes Bluetooth jouent un petit son quand elles sont prêtes ou qu’elles viennent d’être appairées et ça peut être pratique
    • Commande vocale. Il y a clairement des manières d’utiliser le micro de la tablette pour demander le morceau suivant, précédent ou régler le volume. Ça peut être pratique quand on n’a pas le téléphone sous la main et ça peut avoir son petit effet en soirée la première fois, tant que les gens ne sont pas encore complètement blasés par le concept parce que tout le monde n’a pas un Google Nest ou un Alexa chez soi, surtout dans ma bulle sociale. Mais c’est probablement finalement très gadget et je me vois mal interrompre une conversation en criant un ordre pour gérer la musique…
    • Appairage Bluetooth plus sécurisé. En général, les enceintes Bluetooth acceptent les nouveaux appareils dans un mode spécial. En appuyant sur le bouton Bluetooth, ou quelque chose comme ça. Ça peut éviter que les voisin·e·s ne te rickrollent au moment le plus inopportun. Ça vaudrait le coup de travailler sur quelque chose comme ça. Avec l’écran tactile, il est probablement possible de dessiner une forme particulière reconnue (ça serait un peu badasse, ou plus probablement, n’accepter (une seule) nouvelle connexion que dans les X minutes après le démarrage ou le retour de veille. Comme ça, demander l’appairage consiste à appuyer deux fois sur le bouton power, ce qui est plutôt acceptable. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à partager…
    • Réveil à distance avec du Wake-on-LAN. Ça ne s’applique probablement pas à mon matériel, mais il est possible d’utiliser astucieusement le WoL pour réveiller l'appareil à distance, avec éventuellement la complicité d’un routeur ou d’un serveur toujours allumé chez vous.
    • Désactiver le Wifi quand le Bluetooth est utilisé. Pour éviter les interférences, on pourrait imaginer que quand un appareil se connecte en Bluetooth, on éteint le Wifi (avec rfkill par exemple), on met MPD en pause (ou on le stoppe s’il est en train de jouer un flux) parce qu’on ne peut plus le contrôler, puisque le Wifi n’est plus actif, et on réactive le Wifi quand l’appareil Bluetooth est déconnecté. On pourrait même être plus fin et détecter quand du son est joué.
    • Automatiquement mettre MPD en pause lors d’une connexion Bluetooth. (un peu doublon avec le précédent point) Pour l’instant, il faut manuellement mettre en pause mpd, sinon les deux flux audios se jouent en même temps. -- Changer la classe Bluetooth de l’appareil. Ça permettrait à l’appareil de se déclarer comme appareil audio, pour que ça affiche le bon icône sur les autres appareils.
    • Mises à jour automatiques. Il ne faut pas que ça casse des choses en pleine lecture, ni que ça cause des interférences avec le Bluetooth à cause des téléchargements.
    • Ne pas persister les logs. Pour l’instant, les logs sont écrits dans /var/log sur le SSD, entrainant une usure et un ralentissement cependant probablement tous deux négligeables. On pourrait vouloir ne pas les garder, mais c’est aussi risquer de perdre des informations de débogage le jour où il y a un pépin.

    Je vais probablement trouver d’autres choses à améliorer après publication de l’article. Je partagerai peut-être les choses intéressantes en commentaires ou dans des journaux, et je ferai peut-être vivre l’article sur mon site.

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    Not so Common Desktop Environment (NsCDE), un paradigme différent

    Not so Common Desktop Environment reproduit fidèlement Common Desktop Environment dit CDE, classique des Unix des années 90. Mais pourquoi puisque CDE est libre ? Eh bien pour faire mieux ! NsCDE est plus léger, plus complet, plus souple.

    NsCDE est sorti en version 2.3 le 20 juin 2023. C'est un petit projet qui s'appuie sur un thème pour FVWM et quelques utilitaires de son cru. Le reste, c'est un thème pour les applications GTK et Qt. Poussant le mimétisme jusqu'à reproduire le script shell du premier démarrage, NsCDE vous demande quels doivent être votre terminal, votre gestionnaire de fichier, votre éditeur, etc. Ce n'est pas mal de pouvoir choisir ! Comme c'est assez abouti il n'y a pas eu de nouveaux développements depuis.

    Impressions après quelques jours d'utilisation

    J'ai trouvé l'ensemble agréable et cohérent, certes un peu brutal visuellement, mais on n'est pas devant un thème, c'est un paradigme de fonctionnement différent. Avec un peu d'habitude on peut bosser sans surprises.

    Un exemple sur la gestion des fenêtres, différente du monde Win/Mac qui est le paradigme habituel sur la plupart des bureaux Linux :

    Elles se déplacent encore par la barre de titre, mais pour le reste les trois clics de souris sont utilisés. 
    Le bouton de gauche est trois choses à la fois : un menu déroulé par un clic gauche, un menu étendu déroulé par un clic droit et une boite de dialogue affichée par un clic centre ; la fenêtre se ferme avec un deuxième-clic rapproché dans le temps (clic gauche ou droit) ou un double clic aussi.
    À droite, un bouton agrandit la fenêtre avec beaucoup de possibilités selon le clic gauche, centre ou droit et selon la séquence de clics ; un deuxième bouton réduit la fenêtre : clic gauche pour l'icônifier, clic droit pour l'enrouler. Icônifiée, un clic droit l'agrandit, les clics gauche et centre ouvrent des menus.

    NsCDE ne propose qu'un minimum d'utilitaires, il ne s'agit pas de tout intégrer façon KDE ou Gnome, mais plutôt de fournir un environnement de travail pour interagir avec vos programmes préférés. Testez-le pour découvrir autre chose que le fonctionnement habituel. Le libre vous permet de choisir, sortez des sentiers battus.

    En tout cas ne l'installez pas pour sa légèreté, Liam Proven l'utilisant avec des composants XFCE l'a trouvé plus léger que les autres, mais il est plus lourd que KDE 3.

    image à remplacer

    L'influence de CDE à travers des anecdotes

    C'est moche, hein ? Et pourtant le design de CDE a influencé d'autres environnements de bureau :

    • Le présentation manager d'OS/2 a influencé l'aspect de Win 3 et CDE, mais réciproquement le LaunchPad d'OS/2 v3 reproduit le lanceur CDE.
    • XFCE 3 reproduisait le lanceur CDE : XFCE 3 avec le thème Motif
    • Et même KDE, dont le nom serait un jeu de mots avec Kool Desktop Environment (personne ne s'en souvient vraiment, on trouve d'autres explications).
    • À la même époque, Silicon Graphics avait pris un chemin différent avec IRIX Interactive Desktop. D'après mon cousin, qui passait de la PAO sur Mac à la 3D sous Irix, c'était très ergonomique et ça valait bien le Mac. Il n'a jamais eu besoin d'ouvrir un terminal. Irix

    Installation

    NsCDE propose quelques paquets tout prêt pour Fedora, Suse, Ubuntu, Debian et Slackware ainsi qu'un gros Tarball à décompresser dans /opt.

    Je vous recommande de l'utiliser sous un compte de test, sinon NsCDE va pourrir votre bureau habituel avec ses boites de dialogue et ses thèmes Firefox, LibreOffice, etc. En plus, NsCDE n'a pas de script de désinstallation, il sauvegarde vos paramètres Gtk et Qt, mais seulement jusqu'aux versions 4 et 5.

    Évitez d'y lancer des applications Gnome à cause des menus et fenêtres, sauf si vous installez gtk3-nocsd (no client side decoration). Préférer les applications légères et simples de LXDE/LXQt, Mate, XFCE, … Ou encore les applis Motifs/X11, le thème NsCDE leur ira comme un gant.

    Tester CDE

    Si vous tenez à essayer le vrai CDE pour voir comment c'était, il y a un CD Live sous Debian.

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    QuickJS version 2025-04-26 et QuickJS-NG version 0.10

    16 mai 2025 à 10:27

    Finalement Fabrice Bellard est comme tout le monde, lui aussi numérote ses versions avec des dates, c'est plus simple. Voici donc la version annuelle de QuickJS (licence MIT), son moteur JavaScript incorporable et compact (le binaire Linux 64 bits fait 757 kiB). QuickJS est compatible avec ECMAScript 2023 — sauf pour les appels tails que les auteurs ne trouvent pas indispensables — et passe presque toute la suite de tests ECMAScript (en sélectionnant ES2023).

    En 2023, pour revivifier un développement un peu dormant, la fourche QuickJS-NG a été lancée (par un des contributeurs de Jitsi). QuickJS-NG est intéressant pour ceux qui veulent utiliser cmake et compiler le projet sous Windows avec le compilateur C Microsoft. Il intègre aussi le support de quelques fonctionnalités récentes de la norme JavaScript que QuickJS ne supporte pas encore. (Je cite Fabrice Bellard). Les différences ne sont pas énormes. La version 0.10 est toute neuve.

    Ci-après, Fabrice Bellard m'a très gentiment expliqué les principaux changements de QuickJS.

    Changements les plus importants dans QuickJS 2025-04-26

    Les explications viennent de Fabrice Bellard :

    • La suppression d'extensions non standardisées que j'avais ajoutées pour avoir des nombres flottants en précision arbitraire et la surcharge des opérateurs. Précision historique : j'ai créé QuickJS au début afin d'avoir une calculatrice avec une syntaxe compatible JavaScript. L'idée était de pouvoir manipuler des entiers ou des nombres flottants en précision arbitraire, des polynômes ou des matrices tout en utilisant une syntaxe familière. D'où des extensions au langage JavaScript présentes dans QuickJS. Mais ces extensions étaient compliquées et source de bugs, donc j'ai décidé de les supprimer. La calculatrice est maintenant un projet à part1.
    • L'implémentation des BigInt se reposait sur la librairie libbf que j'ai supprimée avec les extensions non standardisées. Il y a donc une nouvelle implémentation des BigInt, plus rapide et plus simple.
    • La réimplémentation des "weak references" avec le support de fonctions présentes dans ES2023. QuickJS-NG les supportait déjà mais avec une implémentation qui utilise plus de mémoire, est moins efficace et surtout potentiellement incorrecte en présence de cycles.
    • La concaténation de petites chaînes de caractères est plus rapide grâce à l'utilisation de "ropes". Beaucoup de programmes fabriquent de longues chaînes de caractères en concaténant des petites chaînes de caractères avec une grosse s = ""; for(i=0;i<n;i++) s += "a". C'est une méthode déconseillée car inefficace, mais les moteurs JavaScript comme V8, SpiderMonkey ou JavaScriptCore l'optimisent donc elle est très utilisée.
    • Ajout des numéros de colonne dans les erreurs. QuickJS-NG le faisait déjà mais la méthode ne me convenait pas. Celle utilisée dans QuickJS est plus simple et (normalement) plus précise.
    • Les nombres flottants sont maintenant analysés et convertis en chaînes de caractères sans utiliser la librairie C. Cela est nécessaire pour être complètement compatible avec la norme JavaScript et accroître la portabilité du code.

    Principaux changements de QuickJS-NG 0.10

    • Implémentation de Array.fromAsync
    • supporte os.Worker sur Windows
    • ajout du mode de build parserless
    • ajout de os.exePath()
    • ajouts des hooks Promise
    • correction des Promise non gérés
    • nouvelle implémentation de BigInt par Fabrice Bellard (voir ci-dessus)
    • et divers…

    Sous-projets

    QuickJS héberge des bibliothèque C qu'on peut utiliser pour d'autres projets :

    • libregexp : une bibliothèque Regexp petite et rapide, totalement conforme aux spécifications Javascript ES2023.
    • libunicode : une petite bibliothèque Unicode supportant les conversions de casse, la normalisation unicode, les requêtes unicode scriptées, les requêtes unicode de catégorie générale et toutes les propriétés unicode binaires.
    • dtoa : une petite bibliothèque pour l'impression et l'analyse syntaxique en float64.

    Téléchargements

    Les binaires sont dispos avec jsvu (JavaScript Version Updater, de Google) ou esvu (ECMAScript Version Updater, projet communautaire), ainsi qu'en téléchargement depuis les sites respectifs. Fabrice Bellard a aussi préparé des binaires QuickJS construits avec la Libc Cosmopolitan pour Linux, Mac, Windows, FreeBSD, OpenBSD, NetBSD tant sur les architectures ARM64 que x86_64.


    1. NumCalc n'est pas encore indépendant de QuickJS, mais c'est le but. Pour l'instant la nouvelle calculatrice (bfcalc) n'est disponible qu'en ligne de commande. 

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