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Reçu aujourd’hui — 23 juin 2025

20 ans de Fedora-fr : neuvième entretien avec Nicolas président de Borsalinux-fr

23 juin 2025 à 07:48

Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du projet Fedora en lui-même), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au-delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

N’oublions pas que le projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

L’entretien du jour concerne Nicolas Berrehouc (pseudo Nicosss), contributeur de Fedora-fr et mainteneur de sa documentation. Devenu président de l’association Borsalinux-fr en avril 2025.

    Sommaire

    Bonjour Nicolas, peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

    Je me nomme donc Nicolas, je ne suis pas informaticien de métier malgré ce que certaines personnes pourraient croire et je ne travaille pas pour Red Hat non plus. Je suis plus issu d’une formation automatisme, micro-contrôleur et électronique donc malgré tout un monde technique. Mon activité professionnelle actuelle n’est d’ailleurs pas en lien avec l’informatique ni à proprement dit avec ma formation. Je suis un touche-à-tout autodidacte qui aime apprendre et partager 🙂

    Peux-tu présenter brièvement tes contributions au projet Fedora ?

    Mes contributions directes au projet Fedora se limitent uniquement aux journées de tests ainsi que tout ce qui va toucher aux validations des correctifs apportés via testing suite à des rapports de bugs, que j’aurais initiés ou non, avant que ce ne soit poussé en stable. D’ailleurs, je rapporte soit sur le bugzilla Red Hat, soit directement upstream aussi.
    Il y a aussi Anitya que j’ai pas mal renseigné à sa sortie, car j’ai vraiment trouvé que c’était un super projet.
    De ce fait, mon poste de travail est tout le temps en testing et en général je bascule vers la Bêta dès qu’elle est disponible. Voilà le plus gros de mes contributions au projet Fedora.

    J’ai par ailleurs fait le choix de ne pas faire partie de groupes directement au sein du projet Fedora par manque de temps.

    Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

    J’ai découvert le monde GNU/Linux avec Slackware fin des années 90 (oui l’autre siècle 😉) mais ça a été une grosse douche froide à l’époque, donc stand-by avant de goûter à Mandrake qui proposait une utilisation plus abordable. Puis j’ai découvert Fedora Core à sa sortie que j’ai commencé à utiliser en parallèle d’un Windows, car c’était encore difficile de se défaire de ses habitudes avec certains logiciels. Mais la bascule s’est faite finalement très rapidement par la suite malgré tout et depuis pas mal d’années maintenant je n’utilise plus que Fedora Linux, tant en poste de travail que serveur d’ailleurs.

    J’y voyais aussi la possibilité de faire passer des utilisateurs Windows au monde GNU/Linux juste par le fait de donner une seconde vie à leurs ordinateurs car bien souvent les utilisatrices et utilisateurs ont une utilisation basique de leurs ordinateurs.

    Le Projet Fedora proposait une vision qui me correspondait assez avec l’idée d’être novatrice, s’orienter vraiment vers le Logiciel Libre et surtout une gestion communautaire, donc il était possible de ne pas rester un simple consommateur dans son coin. À l’époque Ubuntu avait pignon sur rue et était LA distribution mais malgré une grosse communauté francophone enjouée à l’époque le principe de fonctionnement ne me plaisait pas vraiment.

    Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ?

    En fait, tous les champs sont quasi possibles pour contribuer. Il y a énormément d’outils disponibles pour faciliter les contributions à travers son compte FAS désormais en plus. Par ailleurs il y a une bonne dynamique et des gens passionnés donc ça donne d’autant plus envie de participer.
    Fedora intègre beaucoup de technologies et d’innovations que l’on retrouvera par la suite dans les autres distributions, alors pourquoi attendre 🙂 Ça reste ma philosophie personnelle donc ça colle avec Fedora.

    Contribues-tu à d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

    N’étant pas développeur, il m’arrive tout de même de rapporter des bugs upstream sur certains logiciels que j’utilise lorsque ce n’est pas déjà fait. En général les différents projets sont assez réactifs et ça permet toujours de faire avancer les choses. Mais sinon pas de vraies contributions à un projet particulier en tant que tel.

    Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

    Absolument pas, mon entreprise propose uniquement des postes sous Windows 10 assez verrouillés ; donc souvent quelques moments de solitude avec des réflexes propres à mon utilisation quotidienne de GNOME 😂
    Après, en contexte « semi-professionnel » dirons-nous, j’ai des serveurs auto-hébergés sous Fedora Linux aussi proposant des services pour un cercle restreint comme des outils Web, Cloud, XMPP, Mail. Pour ce point c’est arrivé assez rapidement aussi car cela faisait partie d’un apprentissage que je souhaitais réaliser afin d’avoir une compréhension et une indépendance sur la gestion de mes données personnelles. Un grand merci au monde du Logiciel Libre qui permet de faire ça !

    Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

    Je dirais que ça a plus un aspect indirect, comme pouvoir parler technique avec des personnes qui sont plus côté informatique ou informatique industrielle et donc faciliter des résolutions de problèmes.

    Tu participes essentiellement à la communauté francophone : maintenance du site web, documentation, répondre au forum, suivi de l’association, pour quelles raisons tu y contribues ? Pourquoi se focaliser sur la communauté francophone dans ton cas ?

    Oui, j’ai décidé assez tôt de plus me focaliser sur la communauté francophone car malgré ce que l’on peut croire il y a une énorme demande et je pense que pour que les personnes passent le cap en France il faut un support accessible en français pour les accompagner au mieux.
    J’avais regardé côté projet Fedora, mais je n’avais pas vraiment trouvé quelque chose qui pouvait avoir une portée surtout pour l’utilisateur final, car je voyais du potentiel dans l’utilisation de Fedora Linux en remplacement d’un Windows pour une utilisation dite courante. Je sais que la priorité du Projet est d’avoir des contributeurs, mais il faut des utilisateurs aussi et compter sur le fait qu’un faible pourcentage passera le cap vers la contribution.
    Il y a eu beaucoup de choses de faites côté documentation en français par le projet Fedora, mais je trouve que nous avons encore très largement notre place, car les pionniers de Fedora-fr avaient déjà répondu bien avant à ce manque.

    Par conséquent, je suis assez actif dans l’ensemble des domaines cités afin d’essayer de relancer une dynamique, car je sais que les personnes sont en place depuis un long moment maintenant. J’espère aussi que ça permettra à d’autres de se lancer dans l’aventure au travers de l’Association. N’hésitez pas à vous faire connaitre lors des réunions du 1ᵉʳ lundi de chaque mois !

    Nous avons fourni il y a quelques années un gros effort pour moderniser la documentation, peux-tu revenir sur cet épisode et la nécessité d’une telle action ?

    Oui en effet, nous avons réalisé un très très très gros travail qu’il faudrait arriver à poursuivre d’ailleurs et j’en appelle à toutes les bonnes volontés à se faire connaître.
    Quoi dire sur toutes ces soirées de travail 🙂 Nous avons décidé d’une organisation pour identifier les articles obsolètes (quasi tous 😂) ainsi que les priorités par rapport aux demandes. Puis nous nous sommes répartis les articles pour la mise à jour et nous effectuions les relectures croisées. Pas sûr que ce soit à jour mais voilà ce qui a servi de support de travail. Toutes les semaines nous faisions des points via un canal IRC pour aborder des questionnements et lever des doutes dans notre travail.

    Aujourd’hui l’idée est de pouvoir fournir ou améliorer des articles autour des questions récurrentes sur le Forum afin de faciliter la transition vers Fedora Linux et éviter les multiples répétitions via le Forum.

    Quels manques identifies-tu au niveau de la documentation ?

    Le plus gros manque est le maintien à jour de tout ce qui est disponible 🙂

    Aujourd’hui il y a des articles très sollicités (comme les pilotes propriétaires Nvidia ; quelle idée d’avoir un GPU de cette marque aussi) qui mériteraient d’avoir plus de suivi mais sinon aujourd’hui l’accent est vraiment porté sur le fait de pouvoir fournir une documentation pour les questions les plus récurrentes sur le Forum afin d’éviter les redites ou recherches sur celui-ci et devoir renvoyer vers des discussions similaires.
    Bien évidemment toute autre contribution pour un nouvel article est bienvenue, car nous sommes vraiment dans l’idée de partager les connaissances et c’est aussi le meilleur moyen pour découvrir d’autres choses.

    Quelle importance il y a d’avoir un forum en français à propos de Fedora ? Est-ce un bon médium pour résoudre les problèmes des gens en général ?

    L’anglais n’est pas vraiment une maîtrise forte en France, et c’est difficile de faire quitter Windows à des personnes en leurs annonçant que le package contient aussi la surprise de devoir se mettre à l’anglais. Il existe des traducteurs en ligne désormais mais les utilisateurs Fedora Linux francophones nous montrent bien que ce forum a son importance, car il y a régulièrement des questions et il est très consulté.
    Il n’y a évidemment aucun concours avec le forum officiel en anglais du projet Fedora. D’ailleurs avant de migrer toute l’infrastructure de Fedora-fr, il s’était aussi posé la question de rejoindre le forum officiel du projet via la section non anglaise mais finalement nous avons voulu continuer à offrir tout un écosystème francophone pour continuer dans nos objectifs au niveau de l’association Borsalinux-fr.

    Pourquoi penses-tu que la fréquentation du site a baissé depuis 2011 qui est le pic historique d’activité ?

    Pour moi les gens sont de plus en plus devenus de simples consommateurs courant après les effets de mode ou cherchant uniquement du divertissement. Ce sont bien souvent des personnes hyper connectées mais qui ne comprennent absolument rien au fonctionnement de leurs outils et applications, ce qui est vraiment dommage. Beaucoup de personnes se sont désintéressées des ordinateurs et se concentrent uniquement sur des ordiphones ou tablettes avec pour OS Android Google ou Apple, ce qui limite les besoins de se tourner vers une distribution GNU/Linux.

    D’un autre côté la distribution Fedora Linux, malgré l’intégration de nouveautés, a vraiment perfectionné tout son process et son assurance qualité donnant ainsi une distribution vraiment stable et performante. Par conséquent qui dit stabilité dit aussi moins de problèmes à régler 🙂

    Au niveau des Logiciels Libres il y a aussi eu beaucoup de travail de fond pour proposer une concurrence de haut-niveau face à des logiciels propriétaires. C’est vraiment un point à souligner car beaucoup de monde ne sait même pas, bien souvent, qu’il utilise du Logiciel Libre.
    Tout cet écosystème qui a gagné en stabilité et performance engendre forcément moins de demandes aussi.

    Il faudrait avoir de vraies statistiques sur le nombre d’utilisateurs en fait. En ce moment il y a des articles concernant l’augmentation de la part de marché des distributions GNU/Linux mais ça reste à suivre.

    Tu as participé avec Guillaume à la dernière mise à jour du site alors que tu n’es pas webmestre de métier, qu’as-tu apporté dans la procédure ?

    Alors en fait ça a porté plus largement que sur le site en lui-même. Guillaume était un peu seul dans le cadre de cette nécessité de migration de toute l’infrastructure qui devenait un très gros frein pour maintenir et faire évoluer tous les outils déployés. Ça a été l’occasion de pouvoir lui redonner de la motivation puis d’intégrer ce projet pour déclencher tout ce que nous connaissons aujourd’hui.

    La migration a malgré tout été très précipitée, car il y avait tout à faire et en très peu de temps.

    Effectivement je ne suis pas webmestre de métier et il a fallu s’approprier très rapidement WordPress afin de proposer à minima un équivalent de ce que nous avions avant avec fedora-fr.org donc ça a été un enchainement de journées très chargées. Et comme vous pouvez le constater nous ne sommes pas des designers dans l’âme non plus 😂 Donc tout aide est la bienvenue aussi ; même si le forum est plus le point de chute.

    L’idée en parallèle était d’en profiter pour rédiger de la documentation partagée sur notre Nextcloud à propos de toute notre infrastructure ainsi que notre fonctionnement interne au niveau de l’association. Ce travail est d’ailleurs toujours en cours.

    Quels manques identifies-tu au niveau de la communauté francophone en général ?

    Je pense que c’est ce que l’on peut retrouver un peu de partout avec un manque d’appartenance. Aujourd’hui la consommation prime et l’utilisateur ne se considère que comme un consommateur alors qu’il pourrait trouver un épanouissement personnel en participant au sein d’une communauté et de fait s’engager dans une démarche d’échanges et de partages.

    Tu nous as représenté de nombreuses années aux JDLL à Lyon, qu’est-ce qui te plaît ou qui ne te plaît pas dans cet événement ? Quels intérêts trouves-tu à y aller ?

    En effet, j’ai commencé à me rendre aux JDLL à partir de 2005 car j’étais désormais pas loin de Lyon et que le monde du Libre avait commencé à faire son petit bout de chemin dans ma tête, donc j’assistais à pas mal de conférences et pendant les pauses je faisais le tour des stands. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai pu rencontrer des membres de la communauté Fedora-Fr (shaiton entre autres qui était un bon recruteur ;-) ) qui tenaient le stand sur le site universitaire de la Doua à l’époque.
    Puis au fil des années, j’ai passé de plus en plus de temps vers le stand Fedora/Borsalinux-Fr pour finalement me faire embringuer dans l’aventure de la tenue du stand (petit clin d’œil à number80 qui y est pour beaucoup). Depuis quelques années maintenant j’ai hérité des relations avec l’organisation des JDLL pour la tenue du stand pour Fedora/Borsalinux-Fr lors de cet évènement.

    C’est un moment de l’année où il est possible de rencontrer tout type de population et je trouve ça super intéressant de pouvoir échanger avec autant de monde. Ça permet aussi de pouvoir se remettre en question, car ce n’est pas comme se réunir au sein d’une communauté où tout le monde est d’accord avec les mêmes idées. Bref c’est très enrichissant humainement !

    Quelles sont tes tâches au niveau de l’association ? Qu’est-ce qui doit être amélioré à ton avis ? Et qu’est-ce qui fonctionne bien ?

    Nous sommes un effectif très réduit au niveau de l’association, donc je suis multitâche 🙂 mais j’avoue que le temps me manque.
    Si l’on en revient à mes débuts dans l’association j’ai surtout essayé de relancer du dynamisme et de l’animation au sein des réunions hebdomadaires tenues historiquement sur IRC. Je pense que cela est aussi dû aux années écoulées sans renouvellement des membres du bureau et un manque de bénévoles pour assurer une répartition des tâches.
    Ensuite il a été décidé de passer ces réunions au pas mensuel et en visio pour essayer de toucher plus de monde. Il y a quelques passages mais ce n’est pas encore ça derrière. Dans le même temps, nous avons assuré la transparence des informations échangées lors de ces réunions en postant le compte rendu sur le forum qui est l’outil le plus fréquenté par la communauté Fedora-fr.

    Une instance Nextcloud a été déployée sur notre infrastructure, ça a été l’occasion de pouvoir construire de la documentation sur les outils que nous utilisons, des procédures liées à la maintenance ou à la gestion de l’association, etc afin que tout le monde puisse s’y retrouver, voire se projeter un peu plus dans une activité de l’association. L’idée est de pouvoir assurer la continuité de fonctionnement de l’association et ce même après un départ de quelqu’un.

    Nous avons la chance d’avoir encore parmi nous des piliers de l’association qui sont encore investis.
    Pour le moment il y a encore pas mal de travail mais après ça devrait se calmer pour pouvoir se focaliser sur des choses j’espère plus concrètes.

    Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

    Côté distribution je n’ai pas vraiment à me plaindre, il y a certes un gros rythme qui peine à tenir les dates de sorties mais le travail est énorme et surtout la qualité du processus est arrivée à un sacré niveau de maturité. Finir l’époque où il fallait allumer des cierges et invoquer les grands esprits avant de se lancer dans une migration 😂
    L’installation peut encore amener certaines questions pour des néophytes mais ensuite tout est tellement fiabilisé que n’importe qui peut s’en servir sans problème.

    À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui-même ?

    Le côté vivant et passionné de toutes celles et de tous ceux qui participent à ce projet dans le monde. C’est vraiment quelque chose que l’on retrouve à chaque fois dans les interviews lors des élections Fedora et ça fait plaisir.

    Au niveau de la distribution, qu’elle aille toujours de l’avant et propose toujours autant l’implémentation de nouveautés technologiques.

    Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

    J’ai connu l’époque des communautés Fedora-fr très actives dans différentes grandes villes, puis ça s’est perdu et je pense qu’aujourd’hui ça ne reverra pas le jour. Idem pour d’autres grandes distributions qui avaient leurs communautés Fr.

    Aujourd’hui je pense que la communauté Fedora-Fr (les personnes actives) est une bonne chose car ça répond vraiment à un besoin au niveau francophone, car l’anglais reste un peu la bête noire.
    Ceci permet donc de faciliter la prise en main de Fedora Linux avec un forum de qualité ainsi que de la documentation orientée pour répondre aux débutantes et débutants tout en assurant une base de connaissances collaborative. Et ça ouvre la porte pour contribuer directement au projet Fedora par la suite.

    Malheureusement tout ceci est en train de s’essouffler et je ne sais pas combien de temps cette grande aventure va durer si de nouvelles personnes ne viennent pas apporter un peu de souffle à l’équipe.
    Pour ma part je trouve que c’est sociétal, donc il faudrait peut-être revoir le modèle complet mais dans tous les cas nous aurons besoin de bénévoles.

    Quelque chose à ajouter ?

    Un appel à volontaires 😉 Si vous voulez vous investir dans l’Association que ce soit pour des évènements, de la documentation, du webdesign, du marketing pour des goodies ou d’autres idées alors n’hésitez pas à nous contacter via le site de l’Association, lors d’une réunion mensuelle ou tout autre canal. Nous vous accueillerons avec plaisir !

    Merci Nicolas pour ta contribution !

    Conclusion

    Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur Fedora-fr et sa documentation !

    Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

    À dans 10 jours pour un entretien avec Kévin Raymond, ancien contributeur de Fedora et de Fedora-fr.org.

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    Reçu avant avant-hier

    20 ans de Fedora-fr : huitième entretien avec Jean-Baptiste mainteneur de la traduction française

    11 juin 2025 à 10:44

    Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-même), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

    Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au-delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

    N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

    Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

    L’entretien du jour concerne Jean-Baptiste Holcroft, un des mainteneurs de la traduction française de Fedora.

      Sommaire

      Bonjour Jean-Baptiste, peux-tu présenter brièvement tes contributions au projet Fedora ?

      Gêné par des traductions partielles de logiciels que je trouve super, j’ai aidé d’abords en signalant des problèmes, puis en traduisant, et ne voyant pas les traductions arriver, à fluidifier le processus de traduction.

      Ayant compris le fonctionnement, grâce à la communauté, j’ai voulu aider cette communauté à être plus efficace, en migrant sur la très bonne plateforme de traduction Weblate, en permettant la traduction de la totalité de la documentation de Fedora (on parle ici de 3,5 millions de mots, de milliers de pages).

      Transifex, la plateforme précédente, ne permettait pas un travail collectif efficace (entre les traducteurices et entre traducteurices-projets de développement).

      Avec l’expérience, j’ai constaté que la communauté du logiciel libre propose une expérience désastreuse pour les traducteurs, le coût de traduction vs l’effort nécessaire pour traduire tout un système d’exploitation est monstrueux, j’ai maintenant voulu rendre cela perceptible et accessible à tous (ce site est moche, sa valeur est la mesure de traduction transverse).

      Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

      Ses valeurs en tant que communauté m’ont intéressées.

      Fedora accueille les contributeurs, leur permet de gagner en responsabilité, de financer des initiatives et de grandir en tant que personne. Si mon implication varie dans le temps, ce n’est qu’une question de temps disponible.

      Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ?

      La ligne est claire, au plus proche des créateurs de logiciels libre, en collaboration, que du logiciel libre et très fiable.
      C’est une mentalité que je trouve excellente et dans laquelle je me sens à l’aise.

      Contribues-tu à d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

      J’ai contribué pendant quelque temps au projet YunoHost sur les thèmes de la traduction, de l’internationalisation et de l’empaquetage de logiciels.
      Ce projet est mature et autonome sur ces deux sujets, ayant moins de temps, j’ai arrêté d’y contribuer.
      Je continue à l’utiliser au quotidien, car je le considère aussi stable que Fedora pour gérer mon serveur personnel avec mes courriels, mes fichiers, mes contacts, etc.
      Aujourd’hui, je m’intéresse plutôt à notre efficacité collective plutôt qu’un projet en particulier.

      Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

      Toute la culture technique gagnée en lisant l’actualité des projets, en contribuant via des rapports de bugs, des traductions, des développements m’ont aidé pour obtenir mon emploi actuel, et pour mon travail au quotidien.

      Le logiciel libre et le fait d’y contribuer, même modestement est un lien réel, concret et palpable, très loin de l’informatique fantasmée qui ne fait le bonheur que du porte-monnaie et du pouvoir des puissants.

      Dans le travail, qu’il soit lucratif, amical ou militant, je veux du concret qui nous aide à avancer, et c’est une valeur très forte du logiciel libre.

      Tu as maintenu la traduction française de Fedora pendant des années, peux-tu nous expliquer l’importance de la traduction et même de l’internationalisation dans ce genre de projets ?

      Le logiciel libre est un outil de lutte contre l’appropriation des communs par une minorité.
      Si on veut qu’il soit un outil d’émancipation des masses, on veut réduire les barrières à l’utilisation, tout en respectant les singularités de ses utilisateurs et utilisatrices.
      Un utilisateur de logiciel ne devrait pas avoir à apprendre une nouvelle langue pour utiliser un outil émancipateur et respectueux, d’où l’intérêt de ces activités.

      Traduire un logiciel est une activité complexe, quelles sont les difficultés rencontrées lors de cette activité ?

      Traduire est la partie facile, ça consomme très peu de temps, ce qui est compliqué c’est :

      • savoir où traduire - trouver quel logiciel affiche la chaîne, trouver où il est hébergé, comprendre quelle version est à traduire, etc
      • demander de pouvoir traduire un logiciel - tout n’est pas traduisible, notre pouvoir pour faire évoluer ça en tant que traducteurice est faible
      • comprendre comment traduire - l’idéal c’est Weblate directement lié au dépôt de logiciel du dépôt, le pire c’est l’ouverture de Pull Request
      • maintenir les traductions dans le temps - pour chaque projet

      Tu as participé à la migration de la plateforme de traduction Zanata vers Weblate, peux-tu revenir sur cette tâche et les motivations derrière cette décision ?

      Weblate est un outil de traduction performant, qui facilite la vie des créateurices de logiciels et des traducteurices. Cet outil est proche du dépôt de code source et permet beaucoup d’autonomie aux traducteurices pour s’organiser comme iels le souhaitent, tracer les modifications, être notifiés, etc.

      Zanata, ben c’était un objet OK pour traduire, mais c’est tout, tout le reste était déficient.
      À titre d’illustration, pour savoir si une traduction a été modifiée, je devais aller regarder sur chaque phrase l’historique des modifications.
      Sur Weblate, l’historique est transparent et efficace, et permet de filtrer par langue, projet, composants et type de changements. Voici par exemple l'historique des changements de traduction en français sur tous les projets.
      Quand Weblate est arrivé, j’ai activement démontré la pertinence de ce projet et poussé le sujet pour que nous soyons plus efficaces.

      Tu as également participé à obtenir des statistiques de traduction au sein du projet Fedora, quel intérêt à cela et comment cela a été mis en œuvre ?

      C’est un sujet génial, mais c’est légèrement compliqué, voici une simplification :
      Une distribution Linux, c’est l’assemblage de milliers de logiciels, des lignes de code contenues dans les paquets.
      Chaque paquet est disponible au téléchargement sur des miroirs, on y retrouve même les paquets d’il y a plusieurs années (j’arrive à exploiter les données jusqu’à Fedora 7 sortie en mai 2007).

      En suivant de près le fonctionnement de Weblate, je me suis rendu compte que le créateur de Weblate a créé des petits outils pour : avoir des listes de tous les codes de langues connus, et d’auto-détection des fichiers de traduction.

      La mécanique va donc :

      • télécharger chaque paquet existant dans Fedora
      • en extraire le code source
      • lancer l’auto-détection des fichiers de traduction
      • calculer pour chaque fichier le pourcentage d’avancement
      • agréger les résultats par langue grâce aux codes connus
      • puis générer un site web pour afficher les résultats

      Avec mon ordinateur, cela m’a pris plus de dix jours de calcul en continu, et le téléchargement de 2 To de données pour réussir à avoir une vue sur plus de 15 ans de la distribution Fedora. Je n’ai malheureusement pas encore eu le temps d’en faire une rétrospective pertinente dans le cadre d’une conférence, faute de temps pour analyser les données. Pour l’instant, la seule partie visible est le site https://languages.fedoraproject.org. J’espère avancer sur ce sujet pour la rencontre annuelle 2025 du projet Fedora et le FOSDEM 2026.

      La traduction est une activité spécifique pour chaque langue mais tout le monde a des problèmes communs vis-à-vis de l’outillage ou des situations complexes, y a-t-il des collaborations entre les différentes équipes de traduction dans Fedora ?

      D’une façon générale, résoudre un problème pour une langue résous systématiquement un problème pour une autre langue.
      Les traducteurs et traductrices se soutiennent beaucoup notamment pour ces raisons, soutenez-les vous aussi !

      L’absence de centralisation dans cette activité rend la cohérence des traductions dans l’ensemble des logiciels libres très complexe. Peux-tu nous expliquer ces difficultés ? Est-ce qu’il y a une volonté francophone notamment d’essayer de résoudre le problème en collaborant d’une certaine façon sur ces problématiques ?

      Un logiciel est une création, sa communauté peut être plus ou moins inclusive et pointue sur certaines traductions.
      La cohérence vient avec les usages et évolue comme la langue de façon progressive et délocalisée.
      On pourrait imaginer proposer des outils, mais si c’est un sujet très important, ce n’est pour l’instant pas mon combat.
      Je vois ça comme un problème de privilégié, car spécifique aux langues ayant suffisamment de traduction, alors que la quasi-totalité des langues en ont très peu et sont incapables de tenir le rythme exigé par l’évolution de nos logiciels libres.

      Je voudrais d’abord démontrer et faire acter à la communauté du logiciel libre qu’il y a urgence à améliorer notre efficacité avec des changements de processus et de l’outillage. Cet outillage pourrait sûrement permettre d’améliorer la cohérence.

      Fedora n’est sans doute pas le projet le plus avancé sur la question de l’internationalisation malgré ses progrès au fil des ans, qu’est-ce que le projet Fedora pourrait faire à ce sujet pour améliorer la situation ?

      Si on veut faciliter la vie des traducteurices, il faudrait envisager de permettre de traduire à l’échelle de Fedora, de façon distincte des traductions de chaque projet, comme le fait Ubuntu.
      Le problème, c’est qu’Ubuntu utilise des outils médiocres (Launchpad) et n’a pas de moyen automatisé pour renvoyer ce travail aux créateurs de logiciels.
      Fedora pourrait innover sur ce sujet, et réussir à faire les deux avec une bonne plateforme de traduction (Weblate) et beaucoup d’outillage pour partager ce travail avec les différentes communautés, les utilisateurices y gagneraient en confort, les traducteurices en efficacité et les projets en contributions.

      Quelque chose à ajouter ?

      Un grand merci à la communauté francophone de Fedora, à la communauté Fedora et à l’ensemble des communautés qui collaborent tous les jours pour nous permettre d’avoir des outils émancipateurs et qui nous respectent. Le travail réalisé au quotidien est exceptionnellement utile et précieux, merci, merci et merci.

      Gardons à l’esprit que le logiciel n’est qu’un outil au service d’autres luttes dans lesquelles nous devons prendre notre part.

      Merci Jean-Baptiste pour ta contribution !

      Conclusion

      Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur la traduction de Fedora.

      Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

      À dans 10 jours pour un entretien avec Nicolas Berrehouc, contributeur de Fedora-fr et mainteneur de sa documentation.

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      20 ans de Fedora-fr : septième entretien avec Johan ancien contributeur à Fedora-fr

      3 juin 2025 à 14:53

      Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-même), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

      Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d'application pour d'autres distributions.

      N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

      Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

      L'entretien du jour concerne Johan Cwiklinski (pseudo trasher), ancien contributeur de Fedora-fr.org et actuel mainteneur du logiciel de gestion Galette.

        Sommaire

        Bonjour Johan, peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

        Je suis principalement développeur (PHP, Python, Java), et un peu administrateur système - complètement autodidacte. J'ai découvert le monde de GNU/Linux en 1998 en achetant avec deux camarades de fac une distribution Red Hat 5.2 :D

        Ce n'est que quelques années plus tard, en 2002, que je reviendrai à Linux ; rapidement comme OS principal. J'ai testé durant cette période différentes distributions comme Red Hat, Fedora, Mandrake et Ubuntu - pour revenir définitivement à Fedora en 2006.

        Peux-tu présenter brièvement tes contributions au projet Fedora ?

        J'ai traduit de la documentation et des logiciels pour le projet.
        J'ai rédigé de la documentation pour le projet officiel (un peu) et pour le communauté francophone (beaucoup plus).
        J'ai rédigé des articles pour des magazines divers.
        J'ai empaqueté et maintenu différents logiciels dans les dépôts.
        J'ai participé à la mise en place et maintenance de certaines versions du site internet de la communauté francophone.
        J'ai participé à plusieurs salons informatiques dans le Nord ainsi qu'à Paris et à Bruxelles (FOSDEM), avec d'autres contributeurs francophones de l'époque.
        J'ai été responsable de la mise en place de la documentation "Fedora-fr" pendant plusieurs années.

        J'ai mis en place avec l'aide d'autres contributeurs différents canaux pour apporter des contributeurs francophones à participer au packaging sur Fedora - via la rédaction d'une documentation assez complète, des présentations lors d'évènements sur Paris, un canal IRC dédié, …,

        Et j'ai aidé à monter l'association "Fedora-fr" - pour laquelle j'ai été trésorier la première année d'existence.

        Qu'est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté (si tu t'en sers encore) ?

        Alors, oui, je tourne encore sous Fedora ; que ce soit sur mon ordinateur personnel ou celui du boulot. J'ai même une Fedora sur un serveur dédié que j'administre 🙂

        Je suis resté sur Fedora parce que la logique du projet orienté vers le logiciel libre me convenait bien, et ensuite parce que j'y participais.
        Cette distribution me convient encore tout à fait aujourd'hui, je n'ai pas de raison d'en changer 😉

        Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ?

        À l'époque de la sortie de Fedora, je m'y étais un peu intéressé. J'avais une petite expérience sur d'autres distributions similaires (RedHat) ou pas (Ubuntu) - mais à cette époque, un bref passage du côté de la communauté francophone (notamment sur les canaux IRC) ne m'avait pas réellement séduit.

        Ce n'est que deux ans plus tard que j'y suis revenu. J'avais alors décidé de switcher sur Fedora Core 3 définitivement à titre personnel.
        L'accueil de la communauté francophone a vraiment été exceptionnel, et je me suis rapidement mis à contribuer.

        Contribues-tu à d'autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

        Je contribue à un logiciel libre - que je ne citerai pas - pour mon travail, depuis plusieurs années déjà.

        Et je suis le leader et principal développeur du projet de gestion d'adhérents "Galette".

        Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

        Oui, je l'utilise depuis longtemps sur mes postes de travail - ainsi que des distributions approchantes (comme CentOS) sur différents serveurs que j'ai eu à gérer.

        La raison est plutôt simple : chaque distribution a ses propres spécificités, et en tant que contributeur au projet, je connais assez bien celles de Fedora. C'est donc tout naturellement que je l'utilise.
        J'ai aussi la chance de pouvoir choisir librement mon environnement de travail.

        Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

        Un certain atout, oui. Mes contributions ont pu à quelques reprises appuyer mes candidatures à certains postes.

        J'ai également pas mal packagé pour le travail, que ce soit pour ajouter des paquets inexistants, ou pour en mettre à jour voire corriger d'autres.

        Tu as fait partie des fondateurs du site Fedora-fr.org, peux-tu revenir aux débuts du site à ce moment là ? Comment la communauté francophone a émergé à partir du Projet Fedora né quelques mois plus tôt seulement ?

        Alors, je n'ai pas fait partie des fondateurs, je suis arrivé juste après 🙂

        La communauté francophone existait déjà, il y avait un site, un tout petit peu de documentation, le forum, les canaux IRC, … Tous les outils étaient déjà en place, de même que les demandes de personnes francophones.

        Nous avons alors essayé de faire connaître davantage Fedora et sa communauté - avec un certain succès puisque nous avons toujours été sollicités.

        Tu as rédigé ou participé à la rédaction de nombreux articles de la documentation en français à l'époque alors que tout était à faire. Était-ce de simples traductions au départ ? L'accès à des ressources même en anglais était facile à ce moment là ? Ou cela reposait plutôt sur l'expérience ?

        J'ai pas mal contribué à la traduction de la documentation officielle dans un premier temps ; leur wiki de l'époque ne rendait pas spécialement la chose facile, et j'ai peu rédigé à cette époque.

        Globalement, on pouvait trouver de la documentation plus ou moins facilement (tout est toujours un peu relatif), mais on la trouvait surtout en anglais - et pas forcément sur tous les sujets.
        Il faillait aussi connaître un peu, et ne pas se noyer dans la masse des informations "inutiles" pour les nouveaux.

        La traduction de la doc officielle était très chronophage, et servait finalement assez peu, des questions revenaient souvent.

        C'est là qu'est arrivé le wiki de la doc francophone, agencé différemment, dont l'un des objectifs était de fournir toute une série d'articles pour les débutants, et qui ne posait pas certaines limites de la documentation officielle (l'installation de certains pilotes matériels ou de certaines bibliothèques notamment).

        Quelle était la répartition des tâches entre pour la maintenance du site ?

        Chacun faisait ce qu'il pouvait ? :D

        J'étais principalement en charge de la maintenance du Wiki (backend et frontend), et de Galette. Il pouvait m'arriver de donner un coup du main sur d'autres aspects, mais c'était assez rare somme toute.

        Tu as contribué à différents sites pour le Projet Fedora, lesquels ?

        Au niveau du Projet lui même, je pense n'avoir contribué qu'à la documentation. Sur fedora-fr.org, la documentation, le site de l'association, et très peu les forums.

        Quelles différences vois-tu entre les sites aujourd'hui et ceux de l'époque alors que le projet était naissant ?

        Il y en a vraiment beaucoup :D

        Du côté du projet anglophone, les pages d'accueil sont plus claires et "vendeuses" aujourd'hui. La documentation a globalement pas mal changé, on s'y retrouve plus facilement, et c'est mieux indexé par les moteurs de recherche.

        Du côté francophone, le changement le plus notable est certainement l'abandon des forums historiques pour le passage à une solution plus moderne et lisible 🙂

        Tu as également crée et tu maintiens toujours le logiciel Galette pour gérer l'association, pourquoi avoir crée ce logiciel ? En dehors de Fedora-fr il y a d'autres utilisateurs ?

        Je n'ai pas créé Galette. Le projet a été créé en 2003 sous l'impulsion de l'ALDIL (LUG de Lyon).
        Peu de logiciels de gestion d'association de cette époque existent encore aujourd'hui 🙂

        À la création de l'association Fedora-fr en 2007, nous avons rapidement cherché un moyen de gérer les adhérents. Plusieurs projets auraient pu répondre à la demande, mais Galette était celui qui collait le plus.

        J'ai donc entrepris de mettre en œuvre une instance de Galette. Je suis tombé sur deux-trois soucis qui devaient être corrigés, j'ai donc commencé à contribuer au projet.

        Rapidement, le projet a eu besoin d'un nouveau mainteneur, et je me suis proposé… C'était le 18 mai 2007 ^

        Depuis lors, je me suis consacré à l'amélioration du projet ; de nouvelle versions majeures comportant de nouvelles fonctionnalités voient le jour régulièrement.

        À ce que j'en sais, plusieurs centaines d'associations utilisent Galette aujourd'hui - difficile de savoir exactement.

        Tu as globalement fait un pas de côté à partir de 2012 de Fedora-fr et même de Fedora en général, peux-tu expliquer pourquoi ?

        J'ai effectivement commencé à m'éloigner du projet en 2012, je continuais à participer notamment au niveau packaging, mais j'ai tout arrêté depuis 2021.

        Il n'y a pas de raison vraiment particulière, ma situation personnelle a pas mal évolué depuis toutes ces années ; je n'ai plus autant de temps libre, et aussi d'autres centres d'intérêt.

        Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu'est-ce que ce serait ?

        Je n'ai trop rien à répondre sur le sujet 🙂

        À l'inverse, est-ce qu'il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui même ?

        Je dirai l'aspect communautaire et libre ; c'est quand même ce qui fait que j'utilise la distribution depuis toutes ces années 😉

        Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu'est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

        Je ne suis plus trop au faîte de tout cela, et depuis trop longtemps je pense… Je ne connais pas la situation de la communauté francophone aujourd'hui.

        Quant à changer des choses… Là encore, je ne sais pas trop.

        Quelque chose à ajouter ?

        Merci aux contributeurs actuels de continuer le travail entrepris et de continuer de faire vire la communauté !

        Merci Johan pour ta contribution !

        Conclusion

        Nous espérons que cet entretien vous a permis d'en découvrir un peu plus sur la communauté Fedora-fr.

        Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l'utiliser et l'installer sur votre machine, n'hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

        À dans dix jours pour un entretien avec Jean-Baptiste Holcroft, un des mainteneurs de la traduction française de Fedora.

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        20 ans de Fedora-fr : sixième entretien avec Robert-André Mauchin empaqueteur RPM Go et Rust

        19 mai 2025 à 22:04

        Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-même), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaité poser des questions à des contributeurs francophones du projet Fedora et de Fedora-fr.

        Grâce à la diversité des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous différents angles pour voir le projet au-delà de la distribution mais aussi comment il est organisé et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

        N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcément de refléter. Mais la communauté francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualité pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

        Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

        L’entretien du jour concerne Robert-André Mauchin (pseudo eclipseo), empaqueteur du Projet Fedora en particulier concernant l’écosystème Go et Rust.

          Sommaire

          Bonjour Robert-André, peux-tu présenter brièvement ton parcours ?

          Hello,
          Je suis Robert-André, aka eclipseo ou zebob sur Internet, né en janvier 1984, un millenial donc.

          Mon parcours en informatique commence dans les années 90 avec le PC professionnel de mon père, un Amstrad PC 1512 avec 20 MB de RAM, 2 lecteurs de disquette 5 1/4 et une variante de CP/M de Gary Kidall appelée DOS Plus. Il avait aussi une interface graphique appelée GEM Desktop. On avait aussi une console appelée Alice fabriquée par Matra Hachette où je m’amusais à faire des scripts Batch.

          Ensuite on a eu un 386 avec MS-DOS, puis un Cyrix 6x86 avec Windows 95. Je cherchais à bidouiller dessus, voir ce qu’on pouvait faire avec Windows, etc. Mais le Cyrix 6x86, c’est lent par rapport à un Intel ou futur AMD K6 de l’époque, j’avais envie de tester d’autres trucs pour voir si on pouvait avoir de meilleures performances autrement. Bref, j’étais dans la campagne, sans Internet ou sans boutique informatique proche (pour les particuliers tout du moins). Mais on avait un tabac qui vendait des magazines informatiques.

          Mon magazine favori de l’époque était PC Team, édité par Posse Presse. En parallèle, j’écoute une émission quotidienne à la radio avec Francis Zegut (d’où le zebob sur IRC à l’époque) et Arnaud Chaudron appelée //Plug-In, dédiée aux « nouvelles technologies ».

          Principalement dédié aux jeux vidéo, mais avec un Cyrix 6x86 on ne va pas loin. Par contre il y avait de la bidouille, plein de shareware de logiciels et parfois on y mentionnait un truc appelé Linux. Ensuite j’ai acheté de temps à autre des magazines spécialisés Linux (je ne saurais dire spécifiquement lesquels à l’époque) qui contenaient des CD avec des distributions. J’ai testé les trucs de l’époque, Debian, Redhat, Mandrake, Corel Linux, Suse. Jamais Slackware néanmoins. Je ne suis jamais resté dessus longtemps, juste pour tester, voir comment ça se configure, le système de fichiers, etc. La grosse galère c’était pour configurer X, je crois que j’avais une S3 Trio 64V à l’époque. Ensuite pour configurer le modem 56K.

          Je reviens ensuite à Linux dans les années 2000. J’ai déménagé dans une vraie ville, dans un appartement qui n’a pas de prise téléphonique, mais le câble. Noos, puis Numéricable à l’époque, avec des plafonds de données. Mais du coup on peut télécharger des distributions (et la presse informatique s’est un peu écroulée). Je reviens donc sous Linux avec Ubuntu Linux Warty Warthog (4.10). On a GNOME 2, c’est super plus simple qu’avant, beaucoup plus accessible, je m’investis un peu dans la communauté, je fais de la traduction de GNOME 2 en français.

          J’utilise Ubuntu jusqu’à 8.04 LTS (Hardy Heron), soit 4 ans. Je commence à ne pas trop apprécier la politique de Canonical vis-à-vis de l’upstream, le fait de vouloir faire les trucs dans leur coin à leur sauce. J’ai échappé à Unity du coup, que je n’ai jamais utilisé. Je passe donc vers l’upstream Debian. Je ne saurais dire combien de temps j’y reste, mais en 2011, il se passe un truc, GNOME 3. Et j’ai beau essayer pendant plusieurs mois, ça ne colle pas pour moi. Je dois être trop traditionnel dans mon approche des environnements de bureau. J’avais déjà testé KDE avant en version 3 et c’était pas mon truc non plus, trop playskool. En parallèle, Debian commence à me courir sur le haricot aussi à cause de son inertie, c’est stable mais c’est vieux et j’ai envie de tester les nouveautés le plus tôt possible. Et faire mes propres packages Deb pour tester des trucs était super complexe pour pas grand-chose à mon avis.

          Donc je cherche des alternatives. Il me faut quelque chose de simple, car je ne veux pas perdre mon temps à configurer mon OS, je veux que l’installation soit simple et que le système soit utilisable juste après. Et il me faut une distribution populaire avec une communauté derrière qui soit bienveillante. Si je me rappelle bien à l’époque, j’avais donc Fedora et OpenSUSE dans le viseur. Je ne souhaitais pas une dérivée d’Ubuntu pour les raisons sus-cités. Gentoo non, j’ai un ordinateur portable pourri, et Arch Linux il parait que c’était compliqué à l’époque.

          Donc je me retrouve sur Fedora-fr, inscrit en octobre 2011 avec pour premier message si j’en crois mon profil :

          Petit retour sur l’Alpha : J’ai eu quelques soucis avec  l’installation. Outre qu’Anaconda ne me demandait pas ma source d’installation comme d’habitude (cf. Installation sans media), il se bloquait à la copie des paquets ; apparemment il n’aime les partitions root en btrfs. Il me semblait qu’elles étaient prises en charge depuis quelque temps pourtant. Sur l’installation de GRUB les choses ont aussi changé : j’ai plusieurs disques dur, et j’installe GRUB sur le MBR du second disque sdb. Par défaut, Anaconda me propose de l’installer sur sda. Auparavant je changeais « l’ordre des disques » dans les options pour qu’il me propose de l’installer sur sdb, mais maintenant même si je modifie l’ordre, l’option d’installation reste bloquée sur sda. J’ai dû rebooter en mode « rescue » pour corriger tout ça.

          C’était l’alpha de Fedora 16.

          Apparemment j’étais passé sous KDE à cette époque avec Fedora 15 :

          Je suis « nouveau » sous KDE, donc je ne peux pas vraiment t’aider, mais  j’avais un problème similaire sous F15 avec une carte similaire (Geforce 6150 intégrée). Plasma-desktop s’affolait à partir de quelques heures d’utilisation, je devais le tuer, et le relancer. Je ne sais pas exactement d’où ça vient mais peut-être qu’une extension est responsable.

          À cette époque, suite à des soucis personnels je ne contribue plus à GNOME non plus, plus la motivation.
          Je repasse sous Windows vers 2012, je me dis à l’époque, je reviendrais plus tard quand Wayland sera plus mature… Bon on est en 2024, c’est pas encore au point, mais c’est mieux.

          Je reviens en 2016 sous Fedora, on peut voir dans le forum (je retrace avec vous, car c’est un peu vague les dates).

          Après 4 ans de Windows, de retour sous Linux avec un nouveau laptop.

          • Méthode d’installation : Live du spin KDE Live Workstation
          • Problèmes majeurs : Le spin KDE boot mais n’arrive pas à l’interface graphique. Le live Workstation démarre mais kernel panic aléatoirement dans les cinq minutes d’utilisation, ce qui rend l’installation compliquée… après un google du problème, je teste plusieurs options pour désactiver acpi, sans succès. Finalement tout fonctionne avec « nouveau.modeset=0 » comme option du noyau.
          • Soucis mineurs : Installer KDE est simple, mais désinstaller tous les programmes GNOME par défaut est toujours compliqué.
          • Points positifs : C’est rapide et peu de chose ont changé en 4 ans.
          • Points négatifs : Wayland n’est toujours pas prêt pour la production sous KDE.

          À partir de ce moment, je ne quitte plus Fedora Linux. Il y a toujours un dual boot sur ma machine. J’ai dû supprimer Windows définitivement quand Steam Proton est devenu plus que viable. Je n’ai pas le temps de jouer de toute façon et je n’utilise pas de logiciels métiers spécifiques.

          Peux-tu présenter brièvement tes contributions au projet Fedora ?

          Alors, dans un premier temps j’ai envisagé de revenir à la traduction pour Fedora.

          Ensuite, le packaging RPM Spec, avec un seul fichier à remplir, c’est quand même beaucoup plus simple qu’un Deb.

          J’ai commencé par faire des paquets pour moi, le premier : https://forums.fedora-fr.org/d/66715-intel-hybrid-driver-décodage-vp9-matériel-sous-skylakekabylake

          Je suis tombé par hasard sur un post très intéressant aujourd’hui qui  expliquait comment activer le décodage matériel de VP9 pour plateforme Skylake (et potentiellement encodage sur Kabylake) : https://gist.github.com/Brainiarc7/24de2edef08866c304080504877239a3 Vu que j’utilise pas mal VP9 au lieu de H.264, et que l’absence de décodage matériel sous Linux me mettait en rogne, je me suis attelé à la compilation selon les instructions données. Et donc voilà pour vous : le Intel Hybrid driver, disponible sur mon COPR : https://copr.fedorainfracloud.org/coprs/eclipseo/libva-intel-hybrid-driver/

          C’est pas mal COPR quand même pour tester des trucs.

          Mais j’ai voulu l’upstreamer dans la distribution, et du coup, le 30 août 2017 :

          Petite mise à jour:  J’ai été sponsorisé et je suis donc maintenant un empaqueteur libva-intel-hybrid-driver est dans updates-testing de F26 et bientôt dans stable. À utiliser conjointement avec libva-intel-driver de RPMFusion pour bénéficier de l’accélération de VP9.

          Les premiers mois ensuite je fais pas mal de revues de paquets, on avait un énorme backlog, plusieurs milliers. Si j’en crois bugzilla :

          • Product: Fedora
          • Classification: Fedora
          • Component: Package Review
          • Assignee: zebob.m@gmail.com

          Showing 1 to 20 of 4,803 entries

          J’ai fait plus de 4,800 revues de paquets pour Fedora.

          En parallèle à cette époque, je traine un peu sur les forums, Reddit, je regarde ce que les gens souhaitent que l’on peut empaqueter.

          Et du coup je me retrouve avec plein de paquets à gérer.

          Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es resté ?

          Comme expliqué plus haut, il me fallait une distribution plus à jour que Debian, avec une communauté, facile d’utilisation. Ce qui est bien aussi avec Fedora, c’est qu’on teste assez rapidement des nouvelles technologies, PulseAudio, PipeWire par exemple me viennent à l’esprit. Mais on a souvent des Change Requests pour tester le bleeding edge, ce qui est cool.

          Pourquoi contribuer à Fedora en particulier ? Contribues-tu à  d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

          Alors Fedora en particulier, c’est le hasard de mon choix de distribution, c’est parce que je l’utilise que je veux l’améliorer.

          J’ai précédemment contribué à GNOME en tant que traducteur.

          Ensuite pour les besoins du packaging, j’envoie des patchs à tout un tas de projets divers et variés pour corriger des bugs. J’ai passé mes 15 jours de vacances débout mais à patcher 15/20 programmes pour FFmpeg 7.0.

          Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

          Non. Tous les métiers où je suis passé sont Microsoft only, Office 365, Active Directory, Hyper V. J’ai fait un petit stage dans une boite qui développait un logiciel pour les écoles tournant sous Linux, mais j’ai du y mettre court car ça ne correspondait pas à ce je devais faire durant mon stage (je faisais du bêta testing du-dit logiciel au lieu de ce qui était prévu).

          Mon employeur actuel, ou tout du moins le client de mon employeur actuel pour lequel nous travaillons (ESN oblige), a apparemment débarqué une personne qui a trop parlé de Linux pendant son passage au siège. Donc ce n’est pas prévu. Les seules VM Linux qu’ils ont font tourner Prometheus.

          Est-ce que tes contributions à Fedora sont un atout direct ou  indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

          Pas à ma connaissance. Peut-être dans le futur si je trouve une boîte qui fait plus de Linux.

          Tu es membre des équipes Go SIG et Rust SIG, peux-tu nous expliquer  leur rôle et ce que tu y fais ? Participer à deux groupes de travail n’est pas si courant, pourquoi tu participes aux deux ? Ces deux langages sont modernes et ont des communautés très dynamiques, quels sont les défis que tu rencontres avec eux pour les inclure dans le Projet Fedora ? Ils ont aussi des infrastructures propres pour la compilation, ce qui les distingue de Python et Perl d’une part, mais aussi de C ou C++ d’autre part, penses-tu que c’est un obstacle ?

          Alors oui, j’ai un peu de mal à y contribuer ces derniers temps, j’ai dû mettre mes contributions en pause.

          Pour Go ça a commencé avec rclone ou micro, je ne sais plus. Go est statically linked, mais la politique de Fedora est de ne pas bundler les bibliothèques. Donc il faut empaqueter toutes les dépendances. Pour micro, j’ai dû empaqueter des dizaines de dépendances, certaines cycliques bien sûr. À l’époque avec quelques personnes on décide de se synchroniser et monter un SIG pour pouvoir mettre à jour les paquets plus facilement.

          C’est toujours un gros bazar néanmoins, je n’ai pas trop le temps de mettre à jour, il y a des milliers de paquets. On utilise des outils écrits par Nicolas Mailhot qui fonctionnent avec GOPATH, alors que Go est passé avec un système de modules (go mod), mais on a perdu notre développeur de macros (Nicolas donc), donc pour l’instant on survit. Les interdépendances de paquets sont sans fin et c’est un problème pour mettre un logiciel à jour.

          Rust, j’ai voulu empaqueter quelques outils en ligne de commande, j’ai été ajouté au SIG, c’est un problème similaire, même si on a pas autant de dépendances cycliques. Il y a toujours beaucoup de paquets interdépendants comme Go : tu en mets un à jour et tu as toutes les chaînes de dépendances à mettre à jour. Au moins ils utilisent Semver. Chez Go, Semver c’est plus récent, avant tu étais content si tu avais un numéro de version et pas un hash de commit à empaqueter. Du coup si l’API change et que tu mets à jour, tu peux casser plein d’autres paquets.

          Oui c’est un gros gros obstacle.

          Quelle valeur ajoutée de les fournir plutôt que de les importer soi-même en tant qu’utilisateur ? N’est-ce pas trop difficile de suivre le rythme de publication de Rust en particulier ?

          Alors Rust, je ne suis pas attentivement. Mais le but n’est absolument pas que les utilisateurs les installent eux-mêmes. Si tu développes en Go ou en Rust tu n’installes pas les bibliothèques Go ou Rust de Fedora, leur seule utilité pour nous est de compiler le binaire final, sans qu’il y ait des failles de sécurité à cause des bibliothèques pas à jour, qui lui sera installé par l’utilisateur.

          Si tu avais la possibilité de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa manière de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

          On a besoin de plus de contributeurs et contributrices.

          Un wiki aussi bien que celui d’ArchLinux.

          On a besoin d’une forge plus complète. J’aimerais bien qu’on mette Bugzilla de côté pour Fedora et intégrer les rapports de bug à la Forge. Mais je me doute que Redhat veut garder Bugzilla, et il est très intégré à l’infra.

          Le système d’emboarding des nouveaux contributeurs et contributrices n’est pas au point pour le packaging. Pas assez de gens font des revues, j’en ai fait plusieurs milliers, mais je n’ai plus le temps. On en a 500 dans le backlog.

          Pour être sponsorisé, il faut qu’on puisse suivre les nouveaux contributeurs et contributrices et les aider à faire des revues. On n’a pas assez de bras pour ça, ce qui les décourage.

          Et un Spin KDE Plasma mis au même niveau que Workstation avec GNOME.

          À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais  conserver à tout prix dans la distribution ou le projet en lui-même ?

          Le bleeding edge, tester les nouvelles technologies. Matthew Miller a fait des vagues récemment en parlant d’A.I. mais il faut qu’on s’y plonge aussi pour ne pas être à la ramasse.

          Le système de vote et de discussion sur les Changes Requests. L’aspect communautaire.

          COPR / Koji.

          RPM. Je sais que le projet pense que Silverblue, les systèmes immuables c’est le futur, avec Flatpak, etc. Mais pour moi, c’est trop restrictif parfois. Je préfère un fichier SPEC.

          Que penses-tu de la communauté Fedora-fr que ce soit son évolution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu améliorerais si tu en avais la possibilité ?

          Malheureusement je ne participe pas trop à la communauté Fedora, et encore moins Fedora-fr. Mes visites sur le forum ont été très peu nombreuses au fil des années. Et de manière générale, je ne suis pas très intéressé par l’internet franco-français. Je suis incapable de citer les personnalités de l’Internet français, Youtubers, Twitter et autres leaders d’opinion, de la toile française des deux dernières décennies. Je sais qu’il y a Nick de The Linux Experiment qui est Brestois, ou Adrien LinuxTricks, mais à part ça je ne connais pas grand monde.

          Concernant Fedora-fr, et Fedora en général, il faudrait plus d’évangélisation, et pas seulement aux rencontres linux-linuxiennes des JdLL de Lyon. Il faudrait aller dans les endroits où on ne va pas assez. Les écoles ? Fac ? Les associations d’ordinateurs usagés ? D’aides aux personnes en difficulté ? Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse, je ne suis pas un bon communicant.

          Néanmoins, on a une carte à jouer avec Microsoft qui se tire une balle dans le pied : pubs dans le Menu Démarrer, capture d’écran de ton écran pour analyse de tes données, fin du support de Windows 10 en octobre 2025… Bien sûr, la majorité des gens ne sont pas informés ou s’en contrefichent, et cela ne va pas les faire passer à Linux pour autant, mais peut-être qu’une poignée vont se poser des questions. Le Steam Deck aident aussi, même s’il est sous Arch.

          Quelque chose à ajouter ?

          Fedora avec Plasma 6 est la meilleure.

          Merci Robert-André pour ta contribution !

          Conclusion

          Nous espérons que cet entretien vous a permis d’en découvrir un peu plus sur l’empaquetage de Fedora.

          Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hésitez pas à en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

          À dans 10 jours pour un entretien avec Johan Cwiklinski, ancien contributeur de Fedora-fr.org et actuel mainteneur du logiciel de gestion Galette.

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