Meta lancera lundi le mécanisme des « notes de la communauté » grâce auquel la plateforme entend désormais lutter contre la désinformation. Le programme sera déployé sur Facebook, Threads et Instagram, d’abord sous forme de test réservé aux États-Unis. La formule s’inspire très directement des Community Notes telles que déployées sur X.
D’après Meta, 200 000 internautes américains se seraient déjà enregistrés pour participer au programme Community Notes (Notes de la communauté), qui fera ses débuts lundi 18 mars sur les plateformes Facebook, Threads et Instagram.
« Nous nous attendons à ce que les notes de communauté soient moins biaisées que le programme tiers de vérification des faits qu’elles remplacent, car elles permettent à davantage de personnes ayant plus de perspectives d’ajouter du contexte aux publications », affirme l’entreprise dans un billet dédié.
La mise en œuvre de cette nouvelle approche de lutte contre la propagation des fausses informations se fera de façon progressive. Meta explique que les utilisateurs inscrits sur liste d’attente seront intégrés au programme de façon progressive, après sélection aléatoire, et qu’une phase de rodage privée sera menée avant que les premières notes n’apparaissent publiquement.
Un système calqué sur celui de X
Les utilisateurs de X (ex-Twitter) ne seront pas dépaysés. Meta indique en effet avoir adopté la brique open source développée par le réseau social d’Elon Musk comme fondement pour son propre outil : « Cela nous permettra de nous appuyer sur ce que X a déjà créé et de l’améliorer au fil du temps ».
Comme X, Meta transfère la responsabilité de la validation des notes à la communauté, et promet qu’une note ne sera publiée que si plusieurs contributeurs« aux points de vue variés s’accordent largement » sur son contenu. « Peu importe le nombre de contributeurs qui s’accordent sur une note, elle ne sera pas publiée à moins que les personnes qui ne sont généralement pas d’accord décident qu’elle fournit un contexte utile ».
Pour mesurer, ou vérifier, cette diversité de point de vue, Meta évoque un système de notation capable de « prendre en compte l’historique de notation de chaque contributeur » et d’évaluer ceux « qui sont généralement en désaccord ».
Une vérification collective des informations
Dans cette phase de test, Meta limitera les notes à 500 caractères. Elles devront par ailleurs comporter un lien (la nature des sources susceptibles de faire autorité dans ce contexte n’est pas précisée) et ne seront pas signées. « Nous voulons que les notes soient évaluées en fonction de l’utilité du contexte qu’elles ajoutent, et non en fonction de la personne qui les a écrites », justifie l’entreprise. Les publicités ne pourront pas faire l’objet de notes communautaires, mais il sera possible de soumettre un « élément de contexte » sur les publications de personnalités publiques, promet-elle encore.
L’introduction des Community Notes signe pour mémoire un virage radical dans l’approche de Meta en matière de lutte contre la désinformation. Mark Zuckerberg, fondateur et CEO du groupe, l’avait annoncé début janvier, dans un discours aux accents ouvertement politisés.
« Après que Trump a été élu pour la première fois en 2016, les médias traditionnels n’ont pas arrêté d’écrire à quel point la désinformation était une menace pour la démocratie. Nous avons essayé de bonne foi de résoudre ces problèmes, sans devenir les arbitres de la vérité. Mais les fact-checkers sont devenus trop biaisés politiquement, et ils ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créée, particulièrement aux États-Unis », déclarait Zuckerberg.
Il annonçait dans le même temps la fin du vaste programme de vérification des informations lancé par Facebook en 2016 qui combinait des fact-checkers internes à l’entreprise et des partenariats conclus dans le monde entier avec des médias et des agences de presse.
Nouvelle option de monétisation pour les stories Facebook
L’abandon des programmes de vérification (fact-checking) au profit d’une modération communautaire intervient alors même que Meta accentue ses efforts de séduction en direction des créateurs de contenu, avec des mécaniques d’incitation financière qui récompensent la viralité. S’il s’agit peut-être d’une rencontre fortuite de circonstances, le parallèle entre les deux annonces soulève quelques questions. Les contenus créés pour attiser les divisions politiques se révèlent par exemple très propices à l’engagement, et donc à la monétisation.
Sur ce volet, Meta vient d’ailleurs d’annoncer que tous les utilisateurs enrôlés dans son programme Facebook Content Monetization pourraient maintenant espérer la génération de revenus à partir des Facebook Stories.
Meta lancera lundi le mécanisme des « notes de la communauté » grâce auquel la plateforme entend désormais lutter contre la désinformation. Le programme sera déployé sur Facebook, Threads et Instagram, d’abord sous forme de test réservé aux États-Unis. La formule s’inspire très directement des Community Notes telles que déployées sur X.
D’après Meta, 200 000 internautes américains se seraient déjà enregistrés pour participer au programme Community Notes (Notes de la communauté), qui fera ses débuts lundi 18 mars sur les plateformes Facebook, Threads et Instagram.
« Nous nous attendons à ce que les notes de communauté soient moins biaisées que le programme tiers de vérification des faits qu’elles remplacent, car elles permettent à davantage de personnes ayant plus de perspectives d’ajouter du contexte aux publications », affirme l’entreprise dans un billet dédié.
La mise en œuvre de cette nouvelle approche de lutte contre la propagation des fausses informations se fera de façon progressive. Meta explique que les utilisateurs inscrits sur liste d’attente seront intégrés au programme de façon progressive, après sélection aléatoire, et qu’une phase de rodage privée sera menée avant que les premières notes n’apparaissent publiquement.
Un système calqué sur celui de X
Les utilisateurs de X (ex-Twitter) ne seront pas dépaysés. Meta indique en effet avoir adopté la brique open source développée par le réseau social d’Elon Musk comme fondement pour son propre outil : « Cela nous permettra de nous appuyer sur ce que X a déjà créé et de l’améliorer au fil du temps ».
Comme X, Meta transfère la responsabilité de la validation des notes à la communauté, et promet qu’une note ne sera publiée que si plusieurs contributeurs« aux points de vue variés s’accordent largement » sur son contenu. « Peu importe le nombre de contributeurs qui s’accordent sur une note, elle ne sera pas publiée à moins que les personnes qui ne sont généralement pas d’accord décident qu’elle fournit un contexte utile ».
Pour mesurer, ou vérifier, cette diversité de point de vue, Meta évoque un système de notation capable de « prendre en compte l’historique de notation de chaque contributeur » et d’évaluer ceux « qui sont généralement en désaccord ».
Une vérification collective des informations (mais pas des pubs)
Dans cette phase de test, Meta limitera les notes à 500 caractères. Elles devront par ailleurs comporter un lien (la nature des sources susceptibles de faire autorité dans ce contexte n’est pas précisée) et ne seront pas signées. « Nous voulons que les notes soient évaluées en fonction de l’utilité du contexte qu’elles ajoutent, et non en fonction de la personne qui les a écrites », justifie l’entreprise.
Les publicités ne pourront pas faire l’objet de notes communautaires, mais il sera possible de soumettre un « élément de contexte » sur les publications de personnalités publiques, promet-elle encore. La question des publicités n’est pas neutre : elles constituent le coeur du modèle économique des plateformes de Meta. Or l’entreprise américaine s’est déjà vu reprocher sa politique relativement laxiste au sujet des messages véhiculés par les réclames diffusées sur ses réseaux.
La Commission européenne a d’ailleurs ouvert en avril dernier une procédure formelle à l’encontre de Meta, estimant que la prolifération des publicités trompeuses et de la désinformation « peut représenter un risque pour le discours civique, les processus électoraux et les droits fondamentaux, ainsi que pour la protection des consommateurs ».
L’introduction des Community Notes signe pour mémoire un virage radical dans l’approche de Meta en matière de lutte contre la désinformation. Mark Zuckerberg, fondateur et CEO du groupe, l’avait annoncé début janvier, dans un discours aux accents ouvertement politisés.
« Après que Trump a été élu pour la première fois en 2016, les médias traditionnels n’ont pas arrêté d’écrire à quel point la désinformation était une menace pour la démocratie. Nous avons essayé de bonne foi de résoudre ces problèmes, sans devenir les arbitres de la vérité. Mais les fact-checkers sont devenus trop biaisés politiquement, et ils ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créée, particulièrement aux États-Unis », déclarait Zuckerberg.
Il annonçait dans le même temps la fin du vaste programme de vérification des informations lancé par Facebook en 2016 qui combinait des fact-checkers internes à l’entreprise et des partenariats conclus dans le monde entier avec des médias et des agences de presse.
Pas de pénalité au niveau de la visibilité
L’introduction des notes communautaires induit par ailleurs un changement dans la façon dont Meta gère la visibilité des contenus problématiques. Jusqu’ici, les publications considérées comme susceptibles de relever de la désinformation ou de la manipulation faisaient l’objet d’une visibilité réduite après signalement par les équipes dédiées. Ce ne sera plus le cas avec les notes.
« La diffusion des publications vérifiées sur nos plateformes était souvent réduite. Ce ne sera pas le cas des publications notées. Les notes fourniront un contexte supplémentaire, mais n’auront aucune incidence sur l’accès au contenu ni sur son partage », explique l’entreprise.
Nouvelle option de monétisation pour les stories Facebook
L’abandon des programmes de vérification (fact-checking) au profit d’une modération communautaire intervient alors même que Meta accentue ses efforts de séduction en direction des créateurs de contenu, avec des mécaniques d’incitation financière qui récompensent la viralité. S’il s’agit peut-être d’une rencontre fortuite de circonstances, le parallèle entre les deux annonces soulève quelques questions. Les contenus créés pour attiser les divisions politiques se révèlent par exemple très propices à l’engagement, et donc à la monétisation.
Sur ce volet, Meta vient d’ailleurs d’annoncer que tous les utilisateurs enrôlés dans son programme Facebook Content Monetization pourraient maintenant espérer la génération de revenus à partir des Facebook Stories.
Bouygues Telecom accuse Free d’avoir revendiqué la compatibilité de sa Freebox Ultra avec le Wi-Fi 7 alors que cette dernière n’a jamais fait l’objet d’une certification officielle. Une nouvelle passe d’arme entre deux groupes habitués à s’échanger des amabilités par tribunaux interposés.
Nouvelle pomme de discorde judiciaire entre les deux opérateurs : d’après l’Informé, qui a révélé l’information jeudi, Bouygues Telecom a assigné en septembre dernier Free devant le tribunal de commerce de Paris. En cause, une communication de Xavier Niel, largement déclinée depuis par la filiale du groupe Iliad, selon laquelle la Freebox Ultra, présentée en grande pompe le 30 janvier 2024, adoptait le Wi-Fi 7.
Accusation de communication mensongère sur le Wi-Fi 7
Sur scène, Xavier Niel revendiquait alors une box à la pointe de la technologie, avec plusieurs premières sur le marché français, dont la disponibilité nationale d’une connexion fibre à 8 Gb/s symétriques, des accords commerciaux inédits avec de grands réseaux de contenus… et l’intégration du Wi-Fi 7 quad band via deux puces Qualcomm, avec la promesse de débits sans fil capables d’atteindre les 6 Gb/s.
Interrogé par Next, Free avait à l’époque reconnue que la Freebox Ultra n’avait fait l’objet d’aucune certification auprès de la Wi-Fi Alliance. L’opérateur admettait même qu’il n’était même pas certain de se lancer dans le processus de certification, pourtant ouvert quelques jours avant l’annonce de la Freebox Ultra.
Free n’est pas une exception, de nombreux produits ne sont pas « Wi-Fi Certified », notamment car le programme de certification arrive généralement en retard par rapport à la commercialisation des produits. Notez que Free n’a aucune certification pour aucune de ses box, que ce soit en Wi-Fi 7 ou inférieurs.
Alors que les composants intégrés à la box (deux puces identiques Networking Pro 820 de Qualcomm) autorisent théoriquement cette dernière à exploiter l’ensemble des bandes prévues par la norme Wi-Fi 7 (2,4 GHz, 5 GHz et 6 GHz), nous relevions à l’époque que les répéteurs commercialisés par Free aux côtés de la Freebox Ultra se limitaient aux bandes des 2,4 et 5 GHz.
Ce sont ces différents points qui motivent l’action en justice initiée par Bouygues Telecom, lequel estimerait donc que son concurrent a mené une campagne de communication mensongère. Les saillies de Xavier Niel, adressées à ses concurrents pendant la présentation du 30 janvier dernier, auraient contribué à mettre de l’huile sur le feu, rapporte par ailleurs l’Informé.
Bouygues revendique le premier « vrai » Wi-Fi 7 du marché
Une chose est sure : Bouygues Telecom avait bien ces subtilités en tête début janvier, quant il a, à son tour, annoncé sa Box compatible avec le Wi-Fi 7… d’ailleurs baptisée « Bbox Wi-Fi 7 ». Le FAI insistait alors bien sur la première que constituait, en France, le lancement d’une box certifiée par la Wi-Fi Alliance. Nos recherches de l’époque confirmaient la légitimité de cette affirmation, qui se vérifie toujours aujourd’hui : la Bbox et ses répéteurs sont bien référencés par la Wi-Fi Alliance, là où le terme Freebox ne remonte pas dans le programme de certification.
Bouygues devrait dans ce contexte chercher à obtenir réparation du préjudice d’image subi auprès du tribunal de commerce. Cette fois, Xavier Niel n’a pas proposé de régler le différend devant un Lidl, et iliad n’a pas officiellement réagi.
Bouygues Telecom accuse Free d’avoir revendiqué la compatibilité de sa Freebox Ultra avec le Wi-Fi 7 alors que cette dernière n’a jamais fait l’objet d’une certification officielle. Une nouvelle passe d’arme entre deux groupes habitués à s’échanger des amabilités par tribunaux interposés.
Nouvelle pomme de discorde judiciaire entre les deux opérateurs : d’après l’Informé, qui a révélé l’information jeudi, Bouygues Telecom a assigné en septembre dernier Free devant le tribunal de commerce de Paris. En cause, une communication de Xavier Niel, largement déclinée depuis par la filiale du groupe Iliad, selon laquelle la Freebox Ultra, présentée en grande pompe le 30 janvier 2024, adoptait le Wi-Fi 7.
Accusation de communication mensongère sur le Wi-Fi 7
Sur scène, Xavier Niel revendiquait alors une box à la pointe de la technologie, avec plusieurs premières sur le marché français, dont la disponibilité nationale d’une connexion fibre à 8 Gb/s symétriques, des accords commerciaux inédits avec de grands réseaux de contenus… et l’intégration du Wi-Fi 7 quad band via deux puces Qualcomm, avec la promesse de débits sans fil capables d’atteindre les 6 Gb/s.
Interrogé par Next, Free avait à l’époque reconnue que la Freebox Ultra n’avait fait l’objet d’aucune certification auprès de la Wi-Fi Alliance. L’opérateur admettait même qu’il n’était même pas certain de se lancer dans le processus de certification, pourtant ouvert quelques jours avant l’annonce de la Freebox Ultra.
Free n’est pas une exception, de nombreux produits ne sont pas « Wi-Fi Certified », notamment car le programme de certification arrive généralement en retard par rapport à la commercialisation des produits. Notez que Free n’a aucune certification pour aucune de ses box, que ce soit en Wi-Fi 7 ou inférieurs.
Alors que les composants intégrés à la box (deux puces identiques Networking Pro 820 de Qualcomm) autorisent théoriquement cette dernière à exploiter l’ensemble des bandes prévues par la norme Wi-Fi 7 (2,4 GHz, 5 GHz et 6 GHz), nous relevions à l’époque que les répéteurs commercialisés par Free aux côtés de la Freebox Ultra se limitaient aux bandes des 2,4 et 5 GHz.
Ce sont ces différents points qui motivent l’action en justice initiée par Bouygues Telecom, lequel estimerait donc que son concurrent a mené une campagne de communication mensongère. Les saillies de Xavier Niel, adressées à ses concurrents pendant la présentation du 30 janvier dernier, auraient contribué à mettre de l’huile sur le feu, rapporte par ailleurs l’Informé.
Bouygues revendique le premier « vrai » Wi-Fi 7 du marché
Une chose est sure : Bouygues Telecom avait bien ces subtilités en tête début janvier, quant il a, à son tour, annoncé sa Box compatible avec le Wi-Fi 7… d’ailleurs baptisée « Bbox Wi-Fi 7 ». Le FAI insistait alors bien sur la première que constituait, en France, le lancement d’une box certifiée par la Wi-Fi Alliance. Nos recherches de l’époque confirmaient la légitimité de cette affirmation, qui se vérifie toujours aujourd’hui : la Bbox et ses répéteurs sont bien référencés par la Wi-Fi Alliance, là où le terme Freebox ne remonte pas dans le programme de certification.
Bouygues devrait dans ce contexte chercher à obtenir réparation du préjudice d’image subi auprès du tribunal de commerce. Cette fois, Xavier Niel n’a pas proposé de régler le différend devant un Lidl, et iliad n’a pas officiellement réagi.
Les auteurs et les éditeurs font l’union sacrée face à l’utilisation faite par les géants de l’IA de leurs œuvres, protégées par le droit, dans le cadre de l’entraînement de leurs modèles. Ils assignent en justice Meta, à Paris, et réclament notamment le retrait complet des répertoires de données créés sans autorisation.
Dans un rare mouvement d’union, le Syndicat national de l’édition (SNE), la Société des Gens de Lettres (SGDL) et le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (SNAC) ont annoncé mercredi avoir assigné en justice le groupe Meta. Ils dénoncent une « utilisation massive d’œuvres sous droits, sans autorisation de leurs auteurs et éditeurs ».
« Alors que nous avons constaté la présence de nombreuses œuvres éditées par des membres du Syndicat national de l’édition dans les corpus de données utilisés par Meta, nous saisissons aujourd’hui le juge pour faire reconnaître le non-respect du droit d’auteur, le parasitisme », précise Vincent Montagne, président du SNE, dans un communiqué.
Accusations de parasitisme
D’après l’AFP, la procédure ciblerait particulièrement l’utilisation faite par Meta de la base de données Books3. Issue du tracker bittorrent bibliotik, celle-ci est notoirement connue pour réunir, au format txt, l’équivalent de près de 200 000 livres, dont beaucoup sont protégés par le droit d’auteur.
Meta, comme NVIDIA et OpenAI, ont déjà fait l’objet de poursuites, initiées en 2023 puis début 2024 par des détenteurs de droit américains, pour avoir exploité le corpus de Books3 à des fins d’entraînement de leurs grands modèles de langage.
À l’époque, Meta avait admis que des portions de Books3 avaient été utilisées, entre autres jeux de données, pour procéder à l’entraînement de ses modèles Llama 1 et Llama 2. La société se défendait cependant de toute infraction au droit d’auteur, invoquant une « utilisation raisonnable » (fair use).
Un argument que récusent par avance les trois organisations du livre. « Cette action en justice s’inscrit dans un contexte de régulation au niveau européen, l’AI Act ayant rappelé la nécessité pour les sociétés éditrices de solutions d’intelligence artificielle générative de respecter le droit d’auteur et d’assurer la transparence sur les sources utilisées pour développer des modèles de fondation », rappellent-elles de façon opportune, alors que l’exécutif devra bientôt préparer la transposition en droit français de l’AI Act.
Appel à un cadre légal et à un dédommagement
L’appel adressé à Meta se révèle quant à lui plus pragmatique, dans une logique de droits voisins similaire à celle qui sous-tend déjà les accords passés au sujet de l’exploitation des œuvres de l’esprit sur les réseaux sociaux ou les moteurs de recherche.
« L’action que nous entamons doit aussi faire naître une volonté sérieuse des IA de tenir compte de la création, d’en respecter le cadre juridique et le cas échéant de trouver des contreparties pour l’utilisation d’œuvres dont ils se nourrissent. C’est essentiel pour préserver un écosystème fragile qui doit sa richesse à la diversité éditoriale », estime ainsi Christophe Hardy, président de la SGDL.
Début février, 38 organisations internationales représentant l’ensemble des secteurs créatifs et culturels soulignaient déjà, à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’IA, la nécessité de concilier « le développement de l’IA avec le respect des droits d’auteurs et des droits voisins ».
Les auteurs et les éditeurs font l’union sacrée face à l’utilisation faite par les géants de l’IA de leurs œuvres, protégées par le droit, dans le cadre de l’entraînement de leurs modèles. Ils assignent en justice Meta, à Paris, et réclament notamment le retrait complet des répertoires de données créés sans autorisation.
Dans un rare mouvement d’union, le Syndicat national de l’édition (SNE), la Société des Gens de Lettres (SGDL) et le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (SNAC) ont annoncé mercredi avoir assigné en justice le groupe Meta. Ils dénoncent une « utilisation massive d’œuvres sous droits, sans autorisation de leurs auteurs et éditeurs ».
« Alors que nous avons constaté la présence de nombreuses œuvres éditées par des membres du Syndicat national de l’édition dans les corpus de données utilisés par Meta, nous saisissons aujourd’hui le juge pour faire reconnaître le non-respect du droit d’auteur, le parasitisme », précise Vincent Montagne, président du SNE, dans un communiqué.
Accusations de parasitisme
D’après l’AFP, la procédure ciblerait particulièrement l’utilisation faite par Meta de la base de données Books3. Issue du tracker bittorrent bibliotik, celle-ci est notoirement connue pour réunir, au format txt, l’équivalent de près de 200 000 livres, dont beaucoup sont protégés par le droit d’auteur.
Meta, comme NVIDIA et OpenAI, ont déjà fait l’objet de poursuites, initiées en 2023 puis début 2024 par des détenteurs de droit américains, pour avoir exploité le corpus de Books3 à des fins d’entraînement de leurs grands modèles de langage.
À l’époque, Meta avait admis que des portions de Books3 avaient été utilisées, entre autres jeux de données, pour procéder à l’entraînement de ses modèles Llama 1 et Llama 2. La société se défendait cependant de toute infraction au droit d’auteur, invoquant une « utilisation raisonnable » (fair use).
Un argument que récusent par avance les trois organisations du livre. « Cette action en justice s’inscrit dans un contexte de régulation au niveau européen, l’AI Act ayant rappelé la nécessité pour les sociétés éditrices de solutions d’intelligence artificielle générative de respecter le droit d’auteur et d’assurer la transparence sur les sources utilisées pour développer des modèles de fondation », rappellent-elles de façon opportune, alors que l’exécutif devra bientôt préparer la mise en œuvre des dispositions du règlement européen sur l’IA.
Appel à un cadre légal et à un dédommagement
L’appel adressé à Meta se révèle quant à lui plus pragmatique, dans une logique de droits voisins similaire à celle qui sous-tend déjà les accords passés au sujet de l’exploitation des œuvres de l’esprit sur les réseaux sociaux ou les moteurs de recherche.
« L’action que nous entamons doit aussi faire naître une volonté sérieuse des IA de tenir compte de la création, d’en respecter le cadre juridique et le cas échéant de trouver des contreparties pour l’utilisation d’œuvres dont ils se nourrissent. C’est essentiel pour préserver un écosystème fragile qui doit sa richesse à la diversité éditoriale », estime ainsi Christophe Hardy, président de la SGDL.
Début février, 38 organisations internationales représentant l’ensemble des secteurs créatifs et culturels soulignaient déjà, à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’IA, la nécessité de concilier « le développement de l’IA avec le respect des droits d’auteurs et des droits voisins ».
Pokémon Go, Pikmin Bloom et Monster Hunter Now changent de main. Le studio américain Scopely, propriété du géant saoudien Savvy Games, a annoncé mardi l’acquisition de la branche jeu vidéo du groupe Niantic Inc. Objet de rumeurs depuis mi-février, la transaction valorise les titres et les équipes de Niantic, nés dans le giron de Google, à hauteur de 3,5 milliards de dollars.
Scopely, qui revendique déjà le titre d’éditeur numéro un du jeu vidéo sur mobile aux États-Unis avec des titres comme Monopoly Go, Stumble Guys ou Marvel Strike Force, met ainsi la main sur le célèbre Pokémon Go, qui aurait réuni plus de 100 millions de joueurs uniques en 2024. « L’activité jeux de Niantic ravit plus de 30 millions d’utilisateurs actifs par mois, et a généré plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2024 », se réjouit l’acquéreur dans un communiqué. Il promet par ailleurs qu’il poursuivra le développement des jeux Niantic, avec les mêmes équipes et sous la houlette des patrons historiques du studio Ed Wu (Pokémon Go) et Kei Kawai.
Via cette acquisition, Scopely met également la main sur un trésor de guerre qui ne dit pas son nom : l’immense gisement de données relatives aux utilisateurs de Pokémon Go dont dispose Niantic, remarque 404 Media.
Niantic, historiquement spécialisée dans la réalité virtuelle, annonce de son côté de nouveaux développements du côté de Niantic Spatial, sa branche dédiée à la géolocalisation et à la visualisation spatiale. L’activité, dont les outils sous-tendent les fonctions de réalité virtuelle et de localisation de Pokémon Go, devient une filiale à part entière, dotée de 250 millions de dollars de fonds, dont 50 millions émanent de Scopely.
Pokémon Go, Pikmin Bloom et Monster Hunter Now changent de main. Le studio américain Scopely, propriété du géant saoudien Savvy Games, a annoncé mardi l’acquisition de la branche jeu vidéo du groupe Niantic Inc. Objet de rumeurs depuis mi-février, la transaction valorise les titres et les équipes de Niantic, nés dans le giron de Google, à hauteur de 3,5 milliards de dollars.
Scopely, qui revendique déjà le titre d’éditeur numéro un du jeu vidéo sur mobile aux États-Unis avec des titres comme Monopoly Go, Stumble Guys ou Marvel Strike Force, met ainsi la main sur le célèbre Pokémon Go, qui aurait réuni plus de 100 millions de joueurs uniques en 2024. « L’activité jeux de Niantic ravit plus de 30 millions d’utilisateurs actifs par mois, et a généré plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2024 », se réjouit l’acquéreur dans un communiqué. Il promet par ailleurs qu’il poursuivra le développement des jeux Niantic, avec les mêmes équipes et sous la houlette des patrons historiques du studio Ed Wu (Pokémon Go) et Kei Kawai.
Via cette acquisition, Scopely met également la main sur un trésor de guerre qui ne dit pas son nom : l’immense gisement de données relatives aux utilisateurs de Pokémon Go dont dispose Niantic, remarque 404 Media.
Niantic, historiquement spécialisée dans la réalité virtuelle, annonce de son côté de nouveaux développements du côté de Niantic Spatial, sa branche dédiée à la géolocalisation et à la visualisation spatiale. L’activité, dont les outils sous-tendent les fonctions de réalité virtuelle et de localisation de Pokémon Go, devient une filiale à part entière, dotée de 250 millions de dollars de fonds, dont 50 millions émanent de Scopely.
Donald Trump a signé jeudi le décret ordonnant la création, sous trente jours, d’une réserve stratégique américaine de bitcoin, alimentée par les saisies de cryptomonnaies réalisées par les autorités états-uniennes. L’achat de bitcoin sur le marché n’est cependant pas à l’ordre du jour.
Cette fois, c’est officiel. « Les États-Unis ont pour politique de créer une réserve stratégique de bitcoins », stipule un décret présidentiel daté du 6 mars. Le document révèle que le gouvernement de Donald Trump prévoit la création d’une entité dédiée à la gestion de cette réserve. Avant même son installation officielle, les administrations états-uniennes se voient enjointes à lui faire parvenir, sous trente jours maximum, les bitcoins dont elles pourraient disposer.
Des bitcoins issus des saisies
« Ce décret souligne l’engagement du président Trump à faire des États-Unis la « capitale mondiale de la crypto » », s’est réjoui David Sacks, qui conseille principalement le président sur tous les aspects liés à l’IA et aux cryptomonnaies.
La raison de cet attentisme tient probablement à la façon dont le décret prévoit que soit capitalisée cette réserve. Dans un premier temps, elle se limitera en effet au recueil des bitcoins confisqués dans le cadre d’une procédure pénale ou civile, ou utilisés pour le règlement d’une sanction pécuniaire prononcée par une institution états-unienne.
Une stratégie de conservation à long terme
D’après David Sacks, ces actifs, encore en cours d’audit, devraient représenter environ 200 000 bitcoins, soit environ 18 milliards de dollars au cours actuel, qui « ne coûteront pas un centime au contribuable ».
Le « tsar des crypto » affirme par ailleurs que le gouvernement appliquera une stratégie de conservation à long terme. « Les ventes prématurées de bitcoins ont déjà coûté aux contribuables américains plus de 17 milliards de dollars en perte de valeur. Le gouvernement fédéral va désormais disposer d’une stratégie pour maximiser la valeur de ses avoirs », promet-il.
Le décret présidentiel confirme cette doctrine, indiquant que les bitcoins du gouvernement « ne seront pas vendus », mais « conservés en tant qu’actifs de réserve ».
Un « buy and hold »… sans le « buy »
S’il est prévu de conserver les bitcoins (hold), il n’est en revanche à ce stade pas prévu d’en acheter. « Le gouvernement n’acquerra pas d’actifs supplémentaires », indique David Sacks. La porte n’est toutefois pas totalement fermée.
« Le secrétaire au Trésor et le secrétaire au Commerce élaboreront des stratégies pour acquérir des bitcoins gouvernementaux supplémentaires, à condition que ces stratégies soient neutres sur le plan budgétaire et n’imposent pas de coûts supplémentaires aux contribuables américains », expose en effet le décret présidentiel, qui précise qu’une nouvelle action, exécutive ou législative, sera requise avant tout achat sur le marché.
Quid des autres cryptomonnaies ?
Alors que Trump évoquait en début de semaine une réserve stratégique composée de cryptomonnaies telles que Ripple (XRP), Solana (SOL) et Cardano (ADA), le texte officiel se concentre sur le seul bitcoin. Il est tout de même précisé que le ministère du Trésor a vocation à élaborer à un portefeuille dédié à la gestion des autres cryptoactifs que pourraient détenir les administrations états-unienne, mais c’est bien le bitcoin qui constitue, pour l’instant, le cœur du projet.
Avec une double justification : son caractère limité, puisque le protocole associé prévoit que seuls 21 millions de bitcoins soient mis en circulation, et sa sécurité intrinsèque. « Étant donné l’offre fixe de bitcoin, il y a un avantage stratégique à être parmi les premières nations à créer une réserve stratégique de bitcoins », estime la Maison Blanche.
L’annonce initiale de Trump avait suscité de nombreuses critiques, y compris dans son propre camp, qui se focalisaient principalement sur l’achat de cryptoactifs sur les marchés. Elles semblent avoir été entendues.
« Parce que c'est la monnaie qui dirige le monde »
De réseaux sociaux en émissions de radio, de plus en plus de voix s’élèvent pour appeler à un effort de réduction de la présence des technologies américaines dans notre quotidien. Mais est-ce seulement possible ? Et si oui, dans quelle mesure ? J’ai (virtuellement) tenté l’exercice, et il n’a rien d’une sinécure.
« Peut-on boycotter l’Amérique ? », s’interrogeaient mardi soir les participants à l’émission Le téléphone sonne sur France Inter. À première vue, la question semble un peu caricaturale, mais elle ne s’est probablement jamais posée en des termes aussi concrets.
Moyen de pression
Donald Trump fait en effet de l’extraterritorialité américaine (à comprendre comme la façon dont les États-Unis souhaitent faire appliquer leurs lois nationales, et donc leur politique, à l’étranger) l’un des principes fondateurs de son nouveau mandat. L’actualité récente montre qu’il est décidé à en faire non pas un simple moyen de pression, mais un véritable levier de coercition, qui s’incarne de façon très immédiate avec la mise en place d’une nouvelle salve de droits de douane prohibitifs.
Le premier discours de son nouveau mandat, mardi, devant le Congrès américain, a confirmé les accents belliqueux de Donald Trump. Il s’est dit prêt à accepter que l’économie américaine tangue un peu dans la mesure où les conflits commerciaux se concluront par une victoire. « Les droits de douane vont rendre les États-Unis de nouveau riches et grands. Cela va se produire et même plutôt rapidement. Il y aura quelques perturbations, mais nous sommes d’accord avec ça ».
Et la technique ne se limite pas aux droits de douane. Sur tous les sujets conflictuels – et ils sont nombreux – Trump brandit soit la menace d’une rupture des négociations, soit des mesures de rétorsion drastiques. De quoi faire planer, dans l’univers du numérique, le risque d’une absence d’accord entre l’Europe et les États-Unis si le cadre actuel du Digital Privacy Framework venait à être invalidé.
Bref. Face à un interlocuteur qui tend de plus en plus à se positionner comme un adversaire, il devient tentant, voire séduisant, d’opposer à son tour une contre-mesure. En frappant bien sûr là où ça fait mal… c’est-à-dire au porte-monnaie. D’où cette idée de « boycotter l’Amérique ». Ou, pour en rester à l’univers de prédilection de Next, d’évincer de son quotidien les produits, logiciels et services émanant de grandes entreprises américaines. Un appel que lancent aussi certains consommateurs américains face aux actions du DOGE piloté par Elon Musk.
L’hypothèse rappelle à certains les incitations à abandonner Kaspersky, entreprise de sécurité informatique russe, formulées au lendemain de l’invasion de l’Ukraine. Elle en incite d’autres à appeler très directement au rejet des services numériques états-uniens. « Bientôt, notre dépendance à leurs services numériques va être utilisée contre nous, pour nous tordre le bras dans des négociations, redoute ainsi le consultant Louis Derrac, selon qui il est franchement temps de se réveiller (…), et de boycotter les services en question « le plus vite possible, à toutes les échelles (individuelle, collective, politique) possibles ».
Couper le cordon : plus facile à dire qu’à faire
Voilà qui nous amène à mon défi du jour, volontairement jusqu’au-boutiste : évaluer si, et comment, je peux évacuer, purement et simplement, la tech US de mon quotidien. À commencer par l’environnement dans lequel je passe le plus clair de mes journées : mon bureau.
Bureau d’un homo numericus diurnarius, France, circa 2025
Premier constat : à part les dessins d’enfants et le panneau de chêne qui compose le bureau, il n’y a pas grand-chose de français, voire d’européen dans ce bureau. Même la casquette et la déco font référence à des sociétés ou des produits américains !
Mais restons-en à la partie informatique des choses. La souris et le casque viennent de chez Logitech, société très présente aux États-Unis, mais dont le siège est en Suisse. On peut donc a priori les garder, ouf ! Pour le clavier, ça s’annonce plus compliqué : il a bien été assemblé en France, mais son boîtier est signé WASD, une petite boîte californienne. Tant pis pour les interrupteurs amoureusement lubrifiés, il va falloir ressortir un vieux tromblon siglé du logo d’un distributeur français qui dort dans le garage.
Au niveau du PC fixe, l’écran (marque taïwanaise) et le boîtier PC (suédois) passent le repêchage, tout comme la carte-mère, la mémoire vive et l’alimentation, qui émanent tous trois de marques asiatiques. Banco également pour le ventirad, de l’Autrichien Noctua.
Les choses se compliquent en revanche quand on arrive au cœur du réacteur : le CPU vient de chez AMD, la carte graphique de chez NVIDIA, et pour ces deux-là, je ne vois pas vraiment comment couper les ponts avec les poids lourds de Wall Street. En x86, je n’ai en effet d’autre choix que de me tourner vers Intel ou AMD. Il y a bien quelques CPU x86 tiers, notamment en Chine où une entreprise comme Zhaoxin, fondée sur les cendres de VIA, s’efforce de développer des processeurs de bureau avec des résultats de plus en plus convaincants, mais ces derniers ne me sont pas accessibles.
L’autre solution serait de me tourner vers un ordinateur basé sur une puce ARM, en prenant soin d’éviter Apple ou Qualcomm, du fait de leur nationalité. ARM est une société britannique, détenue par un groupe japonais, et sa propriété intellectuelle est exploitée par des fabricants tels que Samsung ou Huawei, qui conçoivent et fabriquent leurs propres puces. On murmure même depuis près d’un an que HiSilicon, la filiale de Huawei dédiée aux semi-conducteurs, planche sur la conception d’un processeur ARM pensé pour les machines de bureau, de façon à concurrencer le Snapdragon X de Qualcomm.
Ça n’est pas encore vraiment gagné, mais je pourrais donc théoriquement tirer un trait sur les composants vendus par des sociétés américaines en remplaçant mon PC fixe par une mini-machine ou une tablette équipée d’un SoC venu d’Asie.
À première vue, le changement ne m’enchante pas… d’autant qu’il ne répondrait finalement que partiellement au problème de départ. Refuser d’acheter un composant fourni par une marque américaine ne signifie en effet pas que je coupe tout pont avec les États-Unis.
Ma carte-mère ou mon alimentation, taïwanaises dans les deux cas, regorgent en effet de composants et d’éléments de propriété intellectuelle qui ramènent indirectement une partie de la valeur de mon achat aux États-Unis.
Acheter mieux, ou acheter moins
Il en va d’ailleurs de même pour mon smartphone, mon écran de PC, ma TV ou ma voiture dotée de fonctions connectées : je peux bien sûr opter pour un appareil de marque européenne ou asiatique, en veillant à ce que les composants les plus visibles soient également non-américains, mais sans garantie d’éviction totale. Je sais en revanche que je dois tirer une croix sur les consoles de jeu : Xbox, PS5 ou Switch, toutes reposent sur du hardware d’origine américaine. Tant mieux, ce sera l’occasion de passer plus de temps à lire, de préférence sur une liseuse Kobo (société canadienne, propriété d’un groupe japonais).
À ce stade, l’exercice n’est pas vraiment probant, mais on peut le rendre plus productif en posant différemment les données du problème. Si je souhaite boycotter les grandes sociétés américaines, ça n’est pas par rejet de leurs produits, mais plutôt par volonté de ne pas soutenir leur modèle économique dans le contexte géopolitique actuel.
Or pour ce faire, j’ai plusieurs leviers, faciles d’emploi, à ma disposition. Je peux commencer par conserver mon matériel actuel tant qu’il fonctionne. Et quand il faudra le faire évoluer, soit par envie, soit par besoin, je peux choisir de passer par des circuits de distribution qui limitent la valeur remontée aux entreprises américaines.
Il n’est pas tout à fait juste de penser qu’acheter un produit reconditionné élimine la fabrication d’un produit neuf. Il découle souvent d’un remplacement. Mais, à tout le moins, je limite ma contribution directe au circuit commercial qui remonte outre-Atlantique. Dans les deux cas, je participe a priori à réduire l’empreinte environnementale du numérique, ce qui ne peut pas faire de mal.
Logiciel : hors du libre, point de salut ?
Après la couche physique, remontons d’un cran. Ma machine fixe tourne sous Windows, mon ordinateur portable utilise macOS, pour l’instant c’est un fiasco complet. Pour trouver une alternative, je dois donc me tourner vers l’univers GNU/Linux, mais ce dernier soulève aussi son lot de questions.
La Linux Foundation ne risque pas d’être qualifiée de big tech au sens boursier du terme, puisqu’elle prend la forme d’un consortium à but non lucratif – même s’il est arrivé que sa gouvernance soit critiquée. Son action de soutien à Linux et au logiciel libre revêt également sans conteste une envergure mondiale. Elle est cependant basée à San Francisco, aux États-Unis, et dirigée par un Américain. Linus Torvalds lui-même, né en Finlande, cumule depuis 2010 les nationalités finlandaise et états-unienne…
Le logiciel libre transcende-t-il les frontières ? Il n’est pas exempt de considérations géopolitiques, comme en témoigne la création d’une antenne européenne de la Linux Foundation à Bruxelles en 2022, ou la récente pétition encourageant la création d’un EU-Linux pensé pour les administrations publiques européennes.
Ces actions visent cependant à consacrer le libre et renforcer ses positions face au logiciel propriétaire, sans (a priori) servir de visée pro-américaine. Du point de vue du particulier qui cherche à s’équiper en technos non-américaines, une distribution Linux semble le meilleur des choix possibles, si ce n’est le seul. Et puisqu’il n’y a pas de cantonnement géographique (et que Mandriva a disparu), je peux par exemple essayer de privilégier un projet initié par des Européens, voire des Français, comme Linux Mint.
La question va se poser dans des termes assez similaires pour les logiciels du quotidien. En tant que journaliste exerçant exclusivement sur le Web, mes besoins en la matière sont relativement simples : le navigateur concentre la majorité des usages, accompagné d’un traitement de texte et d’une petite panoplie d’utilitaires connexes, dédiés par exemple au code ou à la retouche d’images.
Si je veux bien choisir, il faut cependant que je tienne compte des intrications potentielles. Puis-je par exemple continuer à utiliser Firefox, édité par une fondation de droit américain dont le financement dépend principalement de Google ? En face, j’ai deux types d’alternatives. Soit un navigateur basé sur Chromium et son moteur de rendu Blink (Opera, Brave, Vivaldi…), soit un client faisant appel à WebKit.
Bien que les deux projets soient open source, la marque WebKit appartient toujours à Apple, alors que Chromium semble prendre le chemin d’une gouvernance de plus en plus indépendante de Google. À ce niveau, je peux donc a priori m’autoriser quelques latitudes, par exemple du côté de Vivaldi (norvégien) ou d’Opera (norvégien à capitaux chinois) pour jouer la carte européenne.
Au fait, c’est bien beau de penser boulot, mais comment je fais pour jouer à Factorio avec tout ça ? Le jeu a été développé à Prague, donc il ne devrait pas y avoir de problème… à ceci près que je l’ai acheté sur Steam. Et Steam, c’est Valve Corporation, une boîte on ne peut plus américaine. Je me prépare donc à tirer un trait sur les dizaines de jeux auquel j’accède via Steam depuis plus de vingt ans. Au passage, je désinstalle l’Epic Store et le client édité par EA. Heureusement, je peux encore acheter des jeux sur Gog.com, puisque la boutique appartient au Polonais CD Projekt. Je pourrais d’ailleurs y racheter Factorio, mais j’ai beau adorer le jeu, je ne suis pas sûr d’être prêt à le payer deux fois. Vivement le prochain The Witcher tiens !
Une histoire de balance commerciale
Après avoir appliqué la même méthodologie pour le choix de ma suite bureautique ou de mes autres utilitaires arrive le gros morceau : les usages en ligne et la dépendance aux services numériques américains. Ces derniers sont capitaux, à deux égards. D’abord, parce qu’ils représentent l’essentiel de ma consommation du numérique au cours d’une journée lambda. Ensuite, parce qu’ils constituent le nerf de la guerre dans la bataille que Donald Trump envisage de livrer à l’Europe.
Pour en comprendre la teneur, il faut regarder plus en détail la nature des échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Europe. En 2023, ils représentent un total de 1 600 milliards d’euros, qui se répartissent entre biens et services.
Sur le volet des biens, la balance commerciale de l’Europe est excédentaire : le Vieux continent exporte 503 milliards d’euros de marchandises vers les États-Unis, et en importe 347 milliards d’euros.
La situation s’inverse quand on regarde les services : l’Union européenne exporte l’équivalent de 319 milliards d’euros vers les États-Unis, alors que ces derniers génèrent 427 milliards d’euros à partir du marché européen. Le pays de Donald Trump profite donc d’un excédent de l’ordre de 109 milliards d’euros sur l’année auquel participent, par exemple, les recettes publicitaires générées par les grands noms américains de la tech.
Les services en ligne : le nerf de la guerre
La bonne nouvelle, c’est qu’en matière de services en ligne, le terrain est déjà particulièrement bien balisé. D’abord, parce que de nombreux acteurs français ou européens s’efforcent de construire des alternatives à l’offre américaine. Ensuite, parce que beaucoup s’alarmaient déjà des dérives des géants du Net bien avant le premier mandat de Donald Trump, ce qui a conduit à des initiatives de recensement très complètes.
On pourra par exemple consulter le site European Alternatives, sur lequel un Autrichien, Constantin Graf, référence et présente, classés par catégorie, environ 150 services en ligne européens. En France, l’association Framasoft édite et héberge également de nombreux services pensés comme des alternatives aux outils les plus populaires des géants du Net, dans le cadre de son initiative Dégooglisons Internet.
Le site European Alternatives référence de nombreux services européens
Se départir complètement des technologies américaines reste toutefois difficile, notamment pour la recherche en ligne. S’il existe bien des moteurs de recherche européens, la plupart d’entre eux exploitent soit l’index de Bing (Microsoft), soit celui de Google. Il y a bien un projet allemand, Good, qui exploite l’index de Brave (une société américaine, certes, mais qui ne tire pas profit des données personnelles), mais l’accès est payant, à partir de 2 euros par mois ou 19 euros par an. Ce n’est pas bloquant, mais quelque peu dissuasif.
Le salut pourrait venir du projet European Search Perspective, porté par Qwant et Ecosia, puisque ces derniers ont annoncé, fin 2024, leur alliance en vue de développer un index de recherche européen. Mais combien de temps leur faudra-t-il, et quelle sera la qualité de cet index ? « Peut-être qu’on n’atteindra jamais le niveau des plus grosses entreprise étrangères, ou peut-être que oui, dans tous les cas on pense que l’on peut proposer une alternative crédible, pertinente, européenne. Collectivement, c’est faisable. Et pas-à-pas, ça peut marcher », veut croire le community manager de Qwant.
Côté réseaux sociaux, le tour devrait être rapide : exit les X, Bluesky, LinkedIn, Facebook, Reddit, Discord et autres Instagram, qui arborent tous la bannière étoilée. Il y a bien un Français : BeReal, mais indépendamment des accusations de dark patterns sur le consentement lié aux données personnelles dont il fait l’objet, il ne me sera pas d’une grande utilité pour ma veille quotidienne. Idem pour TikTok… Il ne va me rester en définitive que le réseau décentralisé Mastodon, dont la future gouvernance devrait confirmer l’ancrage européen.
Pour ce qui est de la messagerie instantanée, je dois logiquement abandonner WhatsApp, ce qui va contrarier mes relations sociales. Je suis également censé délaisser Signal, puisque la fondation qui l’édite est américaine. Telegram, dont le siège social est à Dubaï, constitue une alternative, tout comme les clients asiatiques de type Line ou WeChat. Autant la jouer chauvin, et sélectionner la messagerie française sécurisée Olvid ou celle de Treebal, portée par une startup bretonne, mais je vais devoir consentir un sacré effort d’évangélisation pour entraîner tous mes contacts à migrer avec moi.
Coup de pot, la rédaction de Next ne passe pas par Slack pour ses échanges quotidiens, mais par Mattermost. Le logiciel est développé par une société commerciale américaine, mais le projet est open source et notre instance est auto-hébergée. Disons que ça passe ?
En parlant de messagerie… pour mon mail perso, c’est relativement facile, même si ça va faire drôle : je cesse d’utiliser mon @gmail.com, et je bascule vers un service européen, chez Proton ou chez Infomaniak par exemple. Il va par contre falloir que je fasse un peu de lobbying en interne pour ma boîte professionnelle : quand je regarde autour de moi, les usages se concentrent le plus souvent soit autour de Microsoft Exchange, soit de la suite Google. Des hébergeurs comme OVHcloud, Ikoula et d’autres proposent pourtant des solutions tierces, basées par exemple sur la version open source de Zimbra.
La musique ne devrait pas poser de problème, puisque j’utilise déjà le service français Deezer. En matière de vidéo, il va falloir trouver de nouvelles habitudes, mais je peux arrêter Netflix, Twitch et YouTube, et regarder plus régulièrement les séries, films et émissions proposés via les applications de chaînes de TV européennes. Pour ce qui est des achats en ligne, l’offre européenne est pléthorique, et j’ai déjà pris l’habitude de privilégier LDLC ou Cdiscount à Amazon, ça devrait être facile.
Minute, papillon ! Acheter en France, OK, mais puis-je payer français ? Un tri s’impose dans mon portefeuille, mais j’ai bien une carte qui exploite le réseau CB, et pas uniquement du Visa ou du Mastercard.
Rien à voir, mais tant que j’y pense, il faut que je pense à désinstaller l’application Waze de mon téléphone. Je suppose que je vais la remplacer par Coyote, mais il faut que je regarde dans quelle mesure je peux le paramétrer pour qu’elle n’exploite pas le GPS américain, mais les données de la constellation européenne Galileo !
Intrication (non quantique)
Une fois ce ménage fait, puis-je vraiment affirmer que j’ai évincé les technos américaines de mon quotidien ? Rien n’est moins sûr. Les serveurs qui hébergent les sites sur lesquels je surfe exploitent des composants d’origine états-unienne, tout comme les équipements réseau qui acheminent le trafic lié à mon surf sur Internet. Et bon nombre des services ou sites bien français que je consomme sont hébergés sur Azure (Microsoft) ou AWS (Amazon)…
On peut même pousser le raisonnement un peu plus loin, puisque l’interdépendance entre les États-Unis et l’Europe n’est pas que technologique : elle est aussi financière. Mes chouchous français ou européens comptent ainsi souvent des investisseurs américains à leur capital. En dépit de ses origines suisses, ma souris rémunère ainsi indirectement les grands gestionnaires d’actifs américains qui sont présents au capital de Logitech. Avant son entrée en bourse, OVHcloud allait chercher des fonds auprès d’acteurs américains. Les levées de fonds de Mistral AI sont principalement le fait d’investisseurs états-uniens, etc.
Peut-être devrais-je raisonner en termes de « scopes », comme dans un bilan carbone ? Et décider, par exemple, que mon boycott s’arrête à mes contributions directes à l’économie américaine.
Il faudrait aussi éviter de tomber de Charybde en Scylla, en sélectionnant des alternatives qui pourraient se révéler plus nocives que les entreprises que je cherche à éliminer de mon quotidien. Après tout, la politique chinoise me pose aussi quelques petits problèmes moraux…
Pour bien faire, j’aurais donc besoin d’intégrer un critère éthique en parallèle de la provenance géographique. Et ne serait-ce finalement pas ça, le nerf de la guerre ?
C’est l’avis défendu par Chris Wiegman, un ingénieur et développeur américain, réputé notamment pour ses travaux autour de WordPress. Il ne croit pas à l’efficacité du boycott contre les « big techs », mais n’appelle pas pour autant à continuer de consommer leurs services sans réfléchir. « N’oubliez pas que vos 5, 10 ou 100 dollars par mois n’auront aucun impact sur les Google et Apple de ce monde. Utilisez plutôt vos convictions et vos boycotts pour éduquer ceux qui vous entourent, afin que nous puissions tous collectivement passer à des actions et à des réglementations qui construiront une tech dont nous pourrons être fiers », écrivait-il en 2022.
La réflexion s’impose d’autant plus que le boycott prend généralement une dimension temporaire : si l’on cesse d’acheter ou de consommer américain en réaction aux déclarations de Donald Trump, c’est a priori pour lui envoyer un signal, ce qui sous-entend qu’une volte-face est possible. « La réussite d’un boycott repose en grande partie sur trois facteurs-clés : la mobilisation des consommateurs, la disponibilité d’alternatives crédibles et la durée de l’action », rappelle à ce sujet la Tribune, en faisant référence aux travaux universitaires de Marinette Amirault-Thébault.
L’ampleur de la tâche m’a un peu découragé, je ne boycotterai pas la tech américaine aujourd’hui, mais je soupèserai différemment mes prochains choix d’équipements. Peut-être de façon plus responsable…