Les services d’immigration étasuniens (ICE) ont réactivé un contrat avec l’entreprise de logiciels espion Paragon. Ils peuvent désormais s’en servir pour prendre le contrôle du smartphone d’une cible et lire ses conversations chiffrées.
On soupçonnait déjà fortement des pays comme le Canada, l’Australie et le Danemark d’utiliser les logiciels espion de Paragon. L’Italie avait, elle, reconnu l’usage de ses logiciels espion et avait finalement dû clore ses contrats avec l’entreprise.
Mais le Service de l’immigration et des douanes des États-Unis (ICE), dont le prochain budget devrait atteindre la somme colossale de 170 milliards de dollars selon la volonté de l’administration Trump, a officiellement passé contrat avec l’entreprise.
Réactivation d’un contrat signé puis bloqué sous l’administration Biden
En fait, comme l’a repéré le journaliste Jack Poulson dans sa newsletter, l’agence de l’immigration étasunienne vient de réactiver un contrat de 2 millions de dollars avec l’entreprise de logiciels espion Paragon qu’elle avait signé en septembre 2024.
Celui-ci portait sur « une solution propriétaire entièrement configurée comprenant la licence, le matériel, la garantie, la maintenance et la formation ». Il s’agit d’un engagement de deux millions de dollars, mais pour le moment aucun dollar n’a été dépensé.
Quelques jours après cette première signature, l’administration Biden avait suspendu le contrat, expliquait Wired. Elle posait notamment la question de sa compatibilité avec le décret pris par Joe Biden en mars 2023 sur « l’interdiction d’utilisation par le gouvernement des États-Unis de logiciels espions commerciaux présentant des risques pour la sécurité nationale ».
Mais, en décembre 2024, l’entreprise israélienne a été rachetée par un fonds d’investissement américain : AE Industrial Partners. Bloomberg qualifiait alors ce rachat d’« opération rare » qui consistait en une fusion de Paragon avec son entreprise de cybersécurité REDLattice, déjà basée dans l’État de Virginie. Cette acquisition par une société étasunienne permet de lever les doutes sur sa possibilité de signer avec des administrations du pays.
En effet, le décret de Joe Biden s’appuyait notamment sur le « risque important pour le contre-espionnage et la sécurité du gouvernement américain » d’utiliser des outils déployés par des entreprises et gouvernements et étrangers. Comme le remarque Jack Poulson, l’administration Trump a juste eu besoin de « levé discrètement l’ordre d’arrêt des travaux concernant l’acquisition par les services américains de l’immigration et des douanes (ICE) du logiciel espion de cette entreprise ».
Paragon est l’un des principaux concurrents historiques de NSO, l’entreprise israélienne qui a créé le logiciel espion Pegasus. Si le décret de Joe Biden avait mis un frein à ses activités aux États-Unis, elle avait commencé à vendre ses services de ce côté de l’Atlantique quelques années avant.
Comme le souligne Jack Poulson, l’entreprise s’était aussi fortement rapprochée des services étasuniens avant même d’être rachetée. L’ancien officier de la CIA John Finbarr Fleming avait pris la tête de la branche étasunienne de Paragon en début 2025.
Un outil de surveillance plus fin dans l’attirail de l’ICE
Alors qu’il y a quelques semaines Amnesty International dénonçait l’utilisation de logiciels de surveillance massive de la parole des étrangers par l’ICE, l’agence obtient donc la possibilité d’avoir une nouvelle arme numérique pour, cette fois, surveiller de façon plus fines des personnes ciblées.
Rappelons qu’en mars dernier, le leader du Campement de solidarité avec Gaza à l’Université de Columbia, Mahmoud Khalil, avait été la cible de l’ICE et Marco Rubio promettait de mettre en place une IA pour traquer les propos des étudiants étrangers et révoquer leurs visas. Mahmoud Khalil avait été libéré trois mois après et a finalement déposé plainte contre sa détention.
Oracle n’a pour l’instant rien annoncé, mais de nombreux indices concordants soulignent que la firme de Larry Ellison s’est engagée dans un plan de restructuration significatif. Les témoignages d’employés aux accès révoqués dans l’heure affluent du monde entier.
La rentrée de septembre occasionne chez les employés d’Oracle un petit jeu dont ils se seraient sans doute bien passé : devinez combien de personnes seront licenciées ces prochains jours ?
Pour ce faire, certains s’appuient sur le Slack interne de l’entreprise, et notamment son canal oracle-news, dont le nombre de participants est censé illustrer, en temps réel ou presque, l’effectif global de l’entreprise. À en croire les commentaires publiés par certains pseudonymes sur Reddit, cet indicateur traduirait entre 3 000 et 4 000 départs entre le vendredi 29 août et le mercredi 3 septembre.
Plusieurs centaines de licenciements confirmés
Sur Reddit toujours, les témoignages anonymes affluent, illustrant à la fois la façon dont les employés concernés ont appris leur licenciement, et le régime d’indemnités prévu par l’entreprise. Ils vont également dans le sens d’une restructuration globale de l’entreprise, sans que le phénomène ne soit cantonné à un secteur d’activités particulier ou à une zone géographique.
À ce stade, rien n’a été confirmé, mais ces internautes qui affirment travailler chez Oracle parlent de postes supprimés du Mexique aux Philippines, en passant par l’Inde, où l’entreprise dispose d’équipes importantes. Enfin, des licenciements sont évoqués au Canada et aux États-Unis, où l’entreprise a certaines obligations d’information à respecter.
Oracle, qui compte environ 3 900 employés dans la région de Seattle, y avait déjà supprimé 161 postes en août. L’entreprise y a déclaré mardi 101 licenciements supplémentaires, signale la presse locale. Même son de cloche à Kansas City, où la télévision locale rapporte que des suppressions de poste ont été annoncées mardi, notamment au sein des équipes issues du rapprochement entre Oracle et Cerner dans le domaine de la santé.
Nouvelles coupes également en Californie, où la réglementation locale exige une déclaration préalable auprès du California Employment Development Department. Trois enregistrements y ont été déposés mardi 2 septembre par Oracle : obtenus par The Register, ils confirment quelque 300 suppressions de poste au travers des différents campus locaux de l’éditeur, programmées entre septembre et novembre. Là aussi, le mouvement fait suite à une première vague initiée en août, déjà sur plusieurs centaines de postes.
D’après les témoignages (toujours anonymes et donc sujets à caution) publiés sur Reddit, les licenciements se font de façon expéditive : un email informe le collaborateur d’un point individuel avec son manager, celui-ci déroule un script pendant une quinzaine de minutes, puis la personne est remerciée et ses accès sont révoqués dans la foulée.
L’action Oracle tutoie des sommets
Alors que des licenciements interviennent depuis plusieurs mois chez Oracle, la direction de l’entreprise n’a toujours pas pris la parole en public sur le sujet et son site corporate évoque toujours un effectif de 160 000 collaborateurs, comme en début d’année. Tout juste trouve-t-on une allusion à des charges exceptionnelles liées à des frais de restructuration dans ses résultats financiers.
Larry Ellison attend-il d’avoir mené sa restructuration à bien pour livrer un bilan chiffré global, à l’instar de son homologue Marc Benioff qui, chez Salesforce, vient d’annoncer que le recours à l’IA avait permis de réduire de 4000 personnes les effectifs du service client ?
S’il ne fait guère de doute que l’avènement de l’IA joue un rôle dans la stratégie RH d’Oracle, est-ce d’ailleurs uniquement dans une optique de remplacement de collaborateurs humains ? Ou la restructuration pourrait-elle intervenir comme une mesure de compensation face aux colossales dépenses d’investissement prévues par le groupe en infrastructures informatiques ?
La question ne manquera pas de se poser le 9 septembre prochain, date à laquelle Oracle publiera les résultats du premier trimestre de son exercice fiscal 2026. En attendant, Larry Ellison peut se targuer d’avoir su prendre la vague de l’IA qui porte les grands acteurs du secteur de la tech en bourse : son entreprise a atteint un plus haut historique cet été, avec une action tutoyant les 250 dollars en juillet, et le consensus fait état de prévisions optimistes pour le trimestre en cours.
Les licenciements concomitants (et peut-être consécutifs) à la vague de l’IA ne concernent pas qu’Oracle, loin s’en faut. Outre Salesforce, Cisco et Microsoft mènent également des plans de réduction d’effectifs. Chez ce dernier, 10 % des équipes françaises seraient ainsi sur le départ.
La justice étasunienne met un frein à la politique de Donald Trump attaquant les universités. Il avait en effet confisqué 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales à Harvard pour lui imposer de supprimer tous les programmes et initiatives en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, et en s’appuyant sur la lutte contre l’antisémitisme comme prétexte.
« Tous les gels et résiliations de financement à Harvard effectués conformément aux ordonnances de gel et aux lettres de résiliation à compter du 14 avril 2025 sont annulés et ignorés », a décidé la juge Allison D. Burroughs dans un jugement rendu ce mercredi 3 septembre. Les décisions que Donald Trump a prises pour punir financièrement l’université d’Harvard sont donc jugées illégales.
Dès les premiers mois de son mandat, le président étasunien avait fait pression sur plusieurs universités pour qu’elles abandonnent leurs programmes en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI) et en s’appuyant sur des accusations d’antisémitisme visant le mouvement étudiant pro-palestinien.
Tout le réseau des universités étasuniennes attaqué
Columbia a été l’une des premières universités à courber l’échine dès mars 2025, comme l’expliquait le Guardian. En juillet, elle avait accepté un accord imposé par l’administration Trump : suite à des accusations selon lesquelles elle n’aurait pas protégé ses étudiants juifs, l’université a accepté de lui payer 200 millions de dollars et d’arrêter ses programmes DEI.
Du côté de l’Université de Californie, c’est 1 milliard de dollars que réclame l’administration Trump après les manifestations pro-palestiniennes de 2024.
Les attaques des républicains contre ces programmes ne datent pas du second mandat de Donald Trump. Ainsi, la Cour suprême, à majorité conservatrice, a rendu en 2023 un avis qui épinglait la politique d’admission de l’université d’Harvard comme de la « discrimination positive raciale ».
Les répercussions de ces attaques dépassent les seuls campus étasuniens. Les programmes DEI (diversité, équité et inclusion) sont des politiques extrêmement ciblées par le régime trumpiste et les républicains. Ainsi, depuis janvier, les géants de la tech ont tous rapidement abandonné ce genre de politiques d’inclusion, et de nombreuses administrations sont elles aussi affectées, au point de voir certains mots censurés.
Si Columbia a décidé de ne pas se battre, Harvard a voulu aller en justice en s’appuyant notamment sur les compétences de ses chercheurs en droit.
L’antisémitisme utilisé « comme écran de fumée »
« Les lois qui ont été promulguées pour mettre fin à certaines formes de discrimination servent aujourd’hui d’armes dans la guerre menée par le gouvernement contre l’enseignement supérieur, car les efforts passés visant à protéger les droits constitutionnels – liberté d’expression, initiatives en faveur de la diversité et de l’équité, et protection des personnes transgenres – sont eux-mêmes présentés comme des formes de discrimination », expliquait Jeannie Suk Gersen, enseignante à l’école de droit de l’université d’Harvard, dans le New Yorker.
Dans sa décision [PDF], la juge Allison D. Burroughs leur donne raison : « l’examen du dossier administratif ne permet guère de conclure autrement que les accusés ont utilisé l’antisémitisme comme écran de fumée pour mener une attaque ciblée et motivée par des considérations idéologiques contre les meilleures universités du pays, et ce d’une manière qui enfreint l’APA [ndlr : Administrative Procedure Act], le premier amendement et le titre VI [ndlr: Title VI of the Civil Rights Act of 1964] ».
« La décision confirme les droits procéduraux et ceux garantis par le Premier amendement dont jouit Harvard, et valide nos arguments en faveur de la liberté académique de l’université, de la recherche scientifique critique et des principes fondamentaux de l’enseignement supérieur américain », a réagi le président de l’Université d’Harvard, Alan M. Garber, souhaitant en même temps une bonne rentrée à toute la communauté de son université.
Quant à l’accusation d’antisémitisme, le Boston Globe a révélé que l’un des avocats de l’administration Trump dans cette affaire a, lorsqu’il était étudiant, rendu un devoir pour un cours de latin rédigé du point de vue d’Adolf Hitler.
Mais une politique d’inclusion qui s’infléchit quand même
Si cette université est allée en justice contre les décisions de coupes budgétaires unilatérales de Donald Trump, elle a cependant quand même amendé sa politique sur la diversité, équité et inclusion. L’université a, par exemple, récemment fermé les sites de son Centre pour les femmes et de son Bureau pour la vie étudiante LGBTQ pour ouvrir un « Bureau de la culture et la communauté académiques ».
De plus, l’administration Trump peut encore contester la décision de la juge Allison D. Burroughs devant la Cour suprême. Si c’est le cas, peut-être qu’Harvard considérera la proposition faite par un chercheur en économie norvégien : Nathan Warren affirmait cet été dans le journal économique de son pays Dagens Næringsliv : « La Norvège pourrait acheter l’ensemble de la Harvard Corporation [l’organisation à but non lucratif qui gère Harvard] et la transférer en Norvège. Le moment est certainement propice pour l’obtenir à un bon prix. La Norvège dispose des fonds nécessaires et sa culture correspond parfaitement à celle de Harvard ».
Il y a plus de 10 ans, la première version du Dolby Vision proposait un ensemble de technologies pour le HDR, avec notamment des couleurs sur 12 bits (au lieu des 10 bits classiques du HDR10) et des métadonnées dynamiques. Dolby Laboratories annonce la version 2 de cette norme, avec un « moteur d’image repensé et encore plus puissant ».
Parmi les nouveautés, Dolby Vision 2 propose Authentic Motion : un outil de contrôle des mouvements pour améliorer la fluidité et éviter les saccades. Signalons aussi Content Intelligence qui permet « d’optimiser automatiquement votre téléviseur pour offrir une image plus captivante en fonction de ce que vous regardez et de l’endroit où vous regardez ».
Vous n’y couperez pas : « grâce aux capacités d’IA, Dolby Vision 2 s’adaptera intelligemment ». Dans Content Intelligence, il y a Precision Black pour améliorer la lisibilité dans les scènes sombres, Light Sense pour ajuster l’image à la lumière ambiante (déjà proposée avec Dolby Vision IQ), et enfin des améliorations spécifiques pour les contenus sportifs et les jeux.
« Les téléviseurs d’aujourd’hui sont plus lumineux avec plus de couleurs que jamais. Grâce au mappage des tons bidirectionnel, les créateurs disposent désormais de nouvelles commandes qui leur permettent d’en tirer le meilleur parti. Cela permet aux téléviseurs haute performance d’offrir une luminosité plus élevée, un contraste plus net et des couleurs plus profondes tout en préservant la vision créative de l’artiste ». Bref, c’est beaucoup mieux, pour résumer.
Dolby Vision 2 sera disponible en version classique, mais aussi avec une variante plus haut de gamme Max avec « des fonctionnalités premium supplémentaires conçues pour utiliser toutes les capacités de ces écrans ». Lesquels ? Mystère et boule de gomme.
Hisense répond déjà présent et des téléviseurs haut de gamme (RGB-MiniLED) seront les premiers à prendre en charge Dolby Vision 2. Du côté des contenus, CANAL+ « a également annoncé son engagement à soutenir Dolby Vision 2 ».
Politiquement « neutre », capable de produire des textes « politiquement incorrects », telles sont les ambitions d’Elon Musk pour son robot conversationnel Grok. Les derniers mois montrent qu’il reste compliqué de maîtriser les évolutions précises de ce type de modèle de langage.
De quel bord politique est Grok, l’agent conversationnel de xAI disponible sur le réseau social X (ex-Twitter) ? Est-il « politiquement neutre », comme le clame son propriétaire Elon Musk ? A-t-il définitivement plongé dans le bain nauséabond des idées extrémistes de Musk ? En est-il au contraire devenu l’opposant, rétablissant les faits dès qu’on le lui demande ?
En l’occurrence, lorsqu’un utilisateur demande à la machine quel est le plus grand risque pour la civilisation occidentale, la machine a répondu le 10 juillet « la mésinformation et la désinformation ». En réponse, Elon Musk s’est excusé de cette « réponse idiote ». Le lendemain, Grok produisait un texte déclarant que le plus grand danger pour la civilisation occidentale concernait les « taux de fécondité », dans la droite ligne des préoccupations du multimilliardaire pour la procréation des personnes des pays du Nord, voire de son milieu social.
D’après des tests menés par le New York-Times avec l’Université de Chicago à partir de mai sur différentes versions de Grok, les réponses de la machine sur une quarantaine d’enjeux politiques ont effectivement évolué, vers la droite pour la plupart des sujets liés au gouvernement ou à l’économie. En revanche, pour un tiers des questions testées, notamment pour les sujets sociaux, les réponses ont évolué vers la gauche du champ politique.
Projections d’extrême-droite
À la voir produire des textes plein d’élucubrations sur un pseudo-génocide de Blancs en Afrique du Sud, des réponses déclarant la machine « sceptique » sur le nombre de juifs tués pendant la Shoah, voire lui attribuant le nom d’Hitler, on pourrait envisager Grok comme une machine à générer des contenus favorables à l’extrême-droite.
Le robot a d’ailleurs déjà produit des textes dans lesquels les lecteurs pourraient lire un soutien au Rassemblement national en France. Car rappelons-le, ces modèles restent des outils mathématiques sans conscience du sens de leurs propos ou images : ce sont les humains qui les lisent ou observent qui y projettent du sens.
Ce qui n’empêche pas Elon Musk lui-même d’évoquer la machine en l’anthropomorphisant. En l’occurrence, l’entrepreneur a indiqué chercher à la rendre« neutre politiquement » et « au maximum de la recherche de la vérité ».
Impossible neutralité algorithmique
Que ce soit en reconnaissance d’image, vocale, ou en génération de texte ou d’image, les systèmes statistiques développés dans le champ de l’intelligence artificielle contiennent toujours une forme ou une autre de biais, parce qu’un type de données ou un autre sera plus ou moins représenté que le reste dans le jeu d’entraînement.
Sur les sujets politiques, divers chercheurs constatent que les réponses produites par les modèles d’IA générative tendent à présenter un biais vers la gauche de l’échiquier politique. Comparé à la loi des États-Unis, par exemple, le refus par ChatGPT de générer des images à connotation conservatrice au motif que cette perspective pourrait « propager des stéréotypes, des informations erronées ou des préjugés » pourrait contrevenir au Premier Amendement de la Constitution, soulignait ainsi un article du Journal of Economic Behavior & Organization en juin.
D’après des chercheurs du MIT, ce déséquilibre serait d’autant plus présent lorsque les modèles sont entraînés sur des données factuelles. Une équipe internationale envisage de son côté que les formulations promues dans les chatbots, encourageant « l’équité et la gentillesse », pour reprendre les mots d’OpenAI, pouvait favoriser des réponses semblant soutenir les minorités et les problématiques qui leurs sont spécifiques.
Dans tous les cas, depuis son introduction au public en 2023, des internautes se plaignent régulièrement du fait que Grok soit trop « woke » à leur goût. Après les productions les plus virulentes du robot, en mai 2025, xAI a opéré plusieurs ajustements, dont un précisant que « La réponse ne doit pas hésiter à faire des affirmations politiquement incorrectes, pour autant qu’elles soient bien étayées ». Alors que les mises à jour se multipliaient début juillet, le robot s’est emballé, jusqu’à se déclarer « MechaHitler ». En réaction, xAI a supprimé l’instruction relative au « politiquement incorrect ».
Relatives à la violence politique constatée aux États-Unis depuis 2016 (plutôt le fait de la droite ou de la gauche ?) ou au nombre de genres qui existent, d’autres réponses du robot ont agacé Elon Musk (ou d’autres internautes). L’une des mises à jour a donc consisté à intimer à la machine de « ne pas faire aveuglément confiance aux sources secondaires telles que les médias grand public ».
Dans les jours qui ont suivi, le New-York Times a constaté une hausse des réponses orientées à droite. D’ailleurs, mi-juillet, les instructions permettant à la machine de produire des textes « politiquement incorrects » ont été réintroduites. À nouveau modifiées au cours de l’été, les instructions de la machine ne mentionnent plus cet enjeu.
Aussi insatisfaisants soient-ils pour les internautes ou Elon Musk, ces tiraillements de ligne éditoriale ont aussi eu pour effet de pousser certaines employées de X vers la sortie. En juillet, l’ancienne PDG de X Linda Yaccarino a démissionné, citant notamment le comportement du robot.
X a été racheté par xAI, l’entité qui construit Grok, en mars. Cette dernière perd aussi des employés. Son directeur financier vient par exemple de quitter l’entreprise, quelques semaines après plusieurs juristes de xAI, et son cofondateur Igor Babuschkin.
Nouvelle mouture pour la distribution Linux Mint, qui s’appuie pour rappel sur les versions LTS d’Ubuntu. Linux Mint 22.2, qui répond au petit sobriquet de « Zara », est ainsi basée sur Ubuntu 24.04. Il s’agit d’une version intermédiaire, avec de nombreuses petites améliorations.
Comme toujours dans ce genre de cas, on commence par une mise à jour généralisée des paquets. Cette version 22.2 embarque un noyau Linux 6.14 et propose les environnements Cinnamon 6.4, MATE 1.26 et Xfce 4.18, selon la variante choisie.
L’une des principales nouveautés est le support de l’empreinte digitale pour s’authentifier sur la session, dans toutes les éditions du système. Cette prise en charge se fait via la nouvelle application Fingwit, qui scanne l’ordinateur à la recherche d’un lecteur d’empreintes et gère ensuite la reconnaissance de ces dernières.
L’authentification par empreinte est également supportée pour la sortie d’écran de veille, les commandes sudo et les applications réclamant des droits administrateur.
Source : Linux Mint
Meilleur support de libadwaita
L’autre grand axe d’amélioration, c’est la meilleure compatibilité avec certaines technologies, dont libadwaita, la principale bibliothèque de GNOME pour les éléments d’interface. Linux Mint 22.2 dispose d’une version « patchée », permettant le support de libadwaita dans les thèmes Mint-Y, Mint-X et Mint-L. Cette version patchée de la bibliothèque est un fork maison, nommé libAdapta, conçu par l’équipe de développement pour ses propres besoins. Elle reprend l’existant et ajoute certaines fonctionnalités spécifiques à Mint, dont le support des thèmes.
Il y a plusieurs conséquences. Par exemple, des applications comme gnome-calendar, simple-scan et baobab ont été remplacées par leurs versions libadwaita. De plus, la XApp XDG Desktop Portal supporte maintenant la couleur d’accentuation. Traduction : elle fonctionne en théorie avec toutes les applications Flatpak libadwaita, dans les trois éditions du système. De manière générale, au sein d’un environnement proposant un choix de thème, libAdapta suivra toujours ce dernier, fournissant les contrôles de fenêtre adaptés. La bibliothèque dispose en outre d’un en-tête de compatibilité pour les développeurs, permettant une bascule entre libadwaita et libAdapta.
Des améliorations visuelles
Linux Mint 22.2 embarque d’autres améliorations visuelles. Par exemple, l’écran de connexion utilise un effet de flou pour la barre de menu et la boite de dialogue. De son côté, Sticky reprend les coins arrondis du reste du système et présente plusieurs autres améliorations, dont une méthode d-bus pour recharger les notes. Une application compagnon a même été créée sur Android et peut être récupérée sur la boutique alternative F-Droid.
Plusieurs applications évoluent également. Le lecteur vidéo Hypnotix gagne ainsi deux modes d’affichage, en plus de la classique fenêtre et du plein écran. Le premier, Theater Mode, cache tous les contrôles et menus, afin qu’il ne reste que la barre de titre. L’autre, Borderless, fait ce qu’il indique : il reprend le Theater Mode et cache en plus la barre de titre, afin de n’avoir que la vidéo flottante. Les performances de l’application ont aussi été améliorées, notamment pour son démarrage et les opérations de recherche dans les longues listes de lecture. Le volume est en outre maintenu à son niveau lors des changements de canaux.
Source : Linux Mint
Dans la visionneuse Xviewer, la correction des couleurs basée sur EDID est désormais configurable et surtout désactivée par défaut. Selon l’équipe de développement, cette fonction était contre-intuitive et entrait en conflit avec la gestion des couleurs opérée aux niveaux matériel et desktop. On trouve aussi quelques améliorations mineures, comme le support des miniatures pour les fichiers audio .aiff, la possibilité d’éditer le champ de description dans le WebApp Manager, ou encore la disponibilité d’une application iOS pour Warpinator.
Téléchargements
Notez enfin que la version finale de Linux Mint 22.2 n’a pas fait l’objet d’une annonce en bonne et due forme, mais est imminente [mise à jour, 14 heures : l’annonce vient d’être publiée]. Les nouveautés de cette version sont connues depuis la version bêta.
Les images ISO sont en tout cas disponibles et on peut donc procéder à leur installation. Comme toujours avec Mint, un chemin de migration depuis des versions existantes sera proposé plus tard. Rappelons qu’une petite application existe pour s’occuper de ce processus. Nous l’avions prise en main et elle s’était révélée utile et plaisante à l’usage.
Oups, c’était pas le bon point de branchement optique
Petit à petit, la qualité et la résilience des réseaux fibres s’améliorent, mais certains partent de loin. L’Arcep fait de nouveau le point sur les taux d’échecs, les pannes (et la vitesse de résolution) et les malfaçons des opérateurs commerciaux.
Depuis maintenant deux ans, l’Arcep (le régulateur des télécoms) publie son observatoire de la qualité des réseaux en fibre optique. Lors de la cinquième édition – publiée en mars 2025 sur des données jusqu’en octobre 2024 – l’Autorité notait une amélioration.
Sa présidente, Laure de la Raudière, expliquait « que c’était très long pour avoir ces résultats ». Elle ajoutait que « les résultats doivent s’apprécier dans la durée […], on a bien compris qu’il y a encore des problèmes […] On ne baisse pas la garde et la pression sur les opérateurs ». Six mois plus tard, la situation s’est-elle améliorée ?
Pour l’Arcep, « les résultats de cette édition confirment la poursuite de l’amélioration observée sur les taux de pannes ». Il est pour rappel question des pannes signalées par les opérateurs commerciaux (Bouygues Telecom, Free, Orange, SFR…) aux opérateurs d’infrastructure qui déploient les réseaux en fibre optique (Altitude, Altice, Axione, Orange, iliad…).
Avant d’aller plus loin, un rappel important sur la méthodologie (contre laquelle l’Avica tirait à boulets rouges). Les indicateurs ne couvrent pas l’ensemble des pannes ; sont notamment exclues celles concernant uniquement l’opérateur commercial (problème avec la box, le raccordement final…). De plus, les données sont celles des seuls opérateurs commerciaux, il peut donc y avoir des signalements à tort.
L’Arcep le reconnait d’ailleurs : « les signalements pris en compte ne relèvent pas nécessairement in fine de la responsabilité des opérateurs d’infrastructure ». Mais elle ajoute que ces données « reflètent mieux a priori l’expérience des utilisateurs » finaux.
Trois réseaux Altitude explosent toujours les compteurs
Selon l’observatoire, le nombre de réseaux avec un taux de pannes d’au moins 1 % « a fortement diminué, passant de 9 réseaux en mars 2023 (représentant environ 420 000 abonnés) à 3 réseaux en mars 2025 (représentant 48 000 abonnés) ». Il s’agit de Sequantic, Tutor Europ’Essionne et Tutor Nancy, trois réseaux appartenant à Altitude, mais récupérés en 2021 suite au rachat de l’opérateur d’infrastructure Covage par SFR FTTH (devenue depuis XpFibre, appartenant à Altice).
Dans le même temps, 196 réseaux (22,4 millions d’abonnés) présentent un taux de panne inférieur à 0,3 % contre 187 réseaux (20,5 millions d’abonnés) au premier observatoire en 2023. Tous les réseaux avec un taux de panne supérieur à 0,3 % appartiennent à Altitude suite au rachat de 2021 ou à Altice.
Dans l’ensemble, l’Arcep note une diminution de taux de pannes sur les réseaux d’Altice « qui font l’objet d’un plan de reprise ». Ils stagnent par contre sur les réseaux rachetés par Altitude avec une moyenne de 0,4 %. iliad est aussi au-dessus de la moyenne nationale qui se situe autour de 0,1 % en mars 2025. Les données sont disponibles en open data par ici.
Sur les taux d’échecs au raccordement maintenant, trois réseaux se font remarquer avec environ 30 % : Tutor Europ’Essonne, Sequantic et Tutor Nancy ; soit les trois mêmes qui ont un taux de panne supérieur à 1 %. Dans l’ensemble, l’Arcep « observe une stabilité globale des taux d’échecs au raccordement sur les derniers mois d’observation ».
Entre 7 et 9 % des raccordements ont « une malfaçon critique »
Pour la seconde fois, l’observatoire intègre « le taux de raccordements non-conformes par typologie de malfaçon ». Mais attention, ces indicateurs sont toujours basés uniquement sur des données de l’opérateur d’infrastructure Altitude. L’Arcep prévoit d’ajouter des données d’autres opérateurs d’infrastructure, sans plus de détails sur le calendrier.
Bilan de l’Autorité : « Au premier trimestre 2025, entre 7 % et 9 % des raccordements réalisés présentent une malfaçon critique. De plus, la capacité des opérateurs commerciaux à corriger ces malfaçons demeure très contrastée ». Plus la couleur est foncée dans les graphiques ci-dessous, plus le problème est important. Une référence manuscrite ou des déchets supplémentaires après intervention ne sont pas jugés critiques, alors qu’un mauvais branchement ou l’utilisation d’une mauvaise fibre sont bien plus graves.
L’Arcep s’intéresse aussi au délai de reprise des malfaçons par les opérateurs commerciaux, qui doit en théorie être fait dans les 30 jours. Comme c’est le cas depuis janvier 2024, Bouygues Telecom et Orange sont en tête du classement avec 92 % de reprise dans les 30 jours. SFR chute de 79 à 63 %, mais reste au-dessus de Free qui est toujours bon dernier avec 53 %.
Entre 1,5 et 2 % des clients ont eu au moins une panne dans le mois
Deux nouveaux indicateurs sont publiés. Le premier sur le taux de clients affectés par au moins une panne au cours du mois. Il est de 1,7 % en mars 2025, contre 2,2 % en janvier 2024. L’indicateur est mensuel, à partir de janvier 2024 et jusqu’à mars 2025.
Enfin, l’Arcep propose le taux de succès des demandes de mise en service des abonnés dans un délai de moins de 60 jours : il se situe aux alentours de 85 % depuis le début du deuxième trimestre 2023.
Cet indicateur « a été proposé par la filière, en septembre 2023 », mais l’Arcep ne prévoit pas de le reconduire. L’Autorité s’explique : « le taux de mises en service en moins de 60 jours apporte une information limitée sur la qualité des réseaux en fibre optique. En effet, cela ne signifie pas que l’intervention, qu’il s’agisse d’un raccordement ou de changement d’opérateur commercial, ait été réalisée dans les règles de l’art. Par ailleurs, cet indicateur ne permet pas d’appréhender non plus les causes des échecs, qui peuvent résulter par exemple d’une annulation à l’initiative du client au-delà du délai légal de rétractation, ou de difficultés techniques rencontrées par l’opérateur commercial ou par l’opérateur d’infrastructure ».
Encore une nouvelle version pour les outils « avancés » de Microsoft pour Windows, qui n’en finissent plus de s’enrichir. La mouture 0.94 n’est pas majeure au sens où aucune grosse nouvelle application n’est présente. Les améliorations proposées sont quand même sympathiques.
La plus notable est la révision de la recherche interne, notamment quand on veut trouver un modèle spécifique, puisque les PowerToys en contiennent désormais 27. On peut se souvenir parfois d’un terme, mais pas forcément d’un nom exact. La nouvelle recherche est donc compatible avec les expressions approximatives (avec des mots approchants). Elle intègre également intègre des suggestions et des pages de résultats. L’ensemble se révèle nettement plus souple à l’usage.
Des alertes pour les conflits de raccourcis clavier
Autre outil pratique, la détection des conflits dans les raccourcis clavier. Dans la fenêtre principale des PowerToys, un encadré rouge s’affiche désormais en haut à droite pour prévenir d’un problème. Si l’on clique dessus, un panneau dédié s’ouvre avec la liste des conflits. Cliquer sur l’un d’entre eux ouvre la fenêtre dédiée de l’application pour le changement si besoin.
La dernière nouveauté importante est un assez spécifique : le curseur glissé. Il permet de définir raccourci clavier unique pour déplacer le curseur de la souris. Appuyer sur le raccourci déplacera le curseur horizontalement, et rappuyer le déplacera verticalement. Cette fonction d’accessibilité n’est pas un module à part entière et se trouve dans les Utilitaires de souris, dans la section « Réticules du pointeur de souris ».
Et bientôt… la bascule automatique de thèmes
Pour le reste, on compte surtout une longue liste de corrections de bugs en tous genres. On note quand même un passage de l’installeur à WiX 5, la version 3 utilisée jusqu’ici ayant atteint sa fin de vie. La nouvelle mouture peut se récupérer depuis le dépôt GitHub associé ou le Microsoft Store.
Enfin, l’annonce officielle contient une information intéressante : la version 0.95 inclura un nouvel utilitaire pour gérer la bascule automatique des thèmes de Windows. Le système de Microsoft est actuellement le seul à ne pas savoir gérer ce mécanisme pourtant élémentaire, qui permet par exemple de choisir un thème clair pour la journée et un autre sombre la nuit.
AgeGo, une solution espagnole déployée sur plusieurs sites pornographiques pour opérer de la vérification d’âge, enregistre les sites visités par les internautes avant même que ceux-ci n’aient lancé le processus de validation de leur majorité.
Début août, l’Arcom rendait obligatoire la vérification de l’âge des utilisateurs sur les sites pornographiques. Nous avons testé les solutions, il est non seulement très simple de se servir de ces outils, mais aussi de les contourner, voire de leur soumettre n’importe quoi.
Si cela peut prêter à sourire et à débattre du bien-fondé du recours à ce type de dispositif technique, une solution utilisée par plusieurs plateformes courues illustre un enjeu particulier : celui de la protection de la vie privée des usagers. D’après les analyses menées par AI Forensics, AgeGo récupère en effet des informations sur les sites et les pages exactes visitées par les internautes qui y font vérifier leur âge. Quant au flux vidéo de leur webcam, en cas de recours à la solution du selfie, il est envoyé directement vers l’outil Rekognition d’Amazon Web Services (AWS).
Login, selfie ou passage par un tiers
Les services d’AgeGo ont été déployés sur au moins six plateformes pornographiques, parmi lesquelles xvideos.com, tnaflix.com et xnxx.com. Sur son site web, AgeGo indique avoir été créée en 2019 et avoir des bureaux à Dublin, en Irlande, et Porto, au Portugal. Son siège est situé à Barcelone, en Espagne, dans les locaux d’Exogroup, une entité réunissant sept entreprises technologiques ou de l’industrie de la publicité en ligne.
Pour vérifier son âge en France, AgeGo propose trois options : s’identifier à un compte AgeGo, utiliser une estimation de l’âge en réalisant un selfie ou en recourant à une carte d’identité, et se connecter à l’application d’un autre fournisseur de vérification d’âge, Yoti. D’après sa politique de confidentialité, elle propose aussi, au Royaume-Uni, de s’identifier par SMS.
Auprès de l’internaute, le service présente ses options recourant au selfie ou à l’application tierce Yoti comme des solutions de « double anonymat », soit ce que l’Arcom impose. Comme le rappelle la CNIL, le double anonymat consiste à faire en sorte que le site auquel la personne accède n’ait pas connaissance de son identité, mais reçoive simplement la preuve de sa majorité, tandis que le tiers en charge de la vérification de l’âge connaît l’identité de la personne, mais pas les sites que celle-ci consulte.
« Double anonymat » très détaillé
Le problème, constate le chercheur Paul Bouchaud, consiste dans les pratiques d’AgeGo avant même que l’internaute ne consente à la politique en question, ou ne choisisse l’une des options de vérification d’âge proposée.
À ce stade, le navigateur de l’internaute envoie en effet une requête au serveur d’AgeGo, dans laquelle se retrouvent l’identifiant du site visité et l’URL de la vidéo exacte à laquelle l’internaute cherche à accéder. AgeGo produit ensuite un cookie qui code ces informations puis se retrouve inclus dans toutes les futures requêtes au serveur d’AgeGo. En substance, le fournisseur de vérification d’âge reçoit des informations précises sur les sites et les contenus spécifiques visités par les internautes.
À partir de ce 1er septembre, la société indique également que les flux vidéos collectés depuis la webcam de l’internaute seraient téléchargés directement sur les serveurs d’un service tiers. En l’occurrence, constate le chercheur d’AI Forensics, ce fournisseur est Amazon Web Services, par l’intermédiaire de son service de reconnaissance faciale Rekognition, qui permet à ses clients d’automatiser leurs analyses d’images et de vidéos. Outre ce flux, la technique de vérification de l’âge par reconnaissance faciale transmet en réalité l’adresse IP de l’usager et le fait qu’elle consulte des sites interdits aux moins de 18 ans.
Paul Bouchaud relève par ailleurs la présence d’un design trompeur (dark pattern) dans le fonctionnement d’AgeGo. Une fois la vérification d’âge effectuée, AgeGo oblige en effet l’internaute à créer un compte : ce n’est qu’une fois une adresse mail soumise au service qu’il ou elle peut accéder au site visé, un élément qui paraît superflu pour estimer l’âge de la personne.
Plus personne n’y croyait, et voilà qu’Instagram vient de se doter d’un coup d’une version iPad. Comme le rappelle notamment iGen, les rumeurs étaient insistantes depuis quelques mois, mais ce n’était pas la première fois.
Que peut-on dire de cette application ? Pas grand-chose, si ce n’est qu’il s’agit de l’application Instagram que l’on connait, étendue pour mieux profiter de l’espace disponible. Par exemple, la zone des commentaires profite de l’intégralité de la hauteur disponible. Comme on s’en doute, la visibilité des images et vidéos est plus importante.
L’expérience de navigation est cependant un peu différente, puisque faire défiler les contenus enclenche directement le passage de vidéo en vidéo. Pour le reste, tout est identique, jusque dans la possibilité de publier des contenus depuis la tablette, même si les iPad ne brillent pas par la qualité des clichés et vidéos réalisés.
Microsoft a détaillé dans un article de blog comment des travaux en cours se dirigeaient vers le support du langage Rust dans les pilotes. L’entreprise prépare le terrain, mettant en place les premiers éléments. Selon elle, il s’agit d’une demande forte de l’industrie, mais ce n’est pas si simple.
Microsoft est fan du Rust. On le sait depuis plusieurs années, quand l’éditeur s’était largement penché sur les qualités du langage, et avant tout son typage fort. Microsoft avait vu le potentiel à l’utilisation, et on comprend pourquoi : bien que le Rust ne puisse garantir un code sans erreur, il élimine de manière inhérente de nombreuses classes de bugs liés à la mémoire. Par « bugs », Microsoft entend bien « failles de sécurité ». Un point relevé par de nombreuses structures, de l’ANSSI en France à la Maison-Blanche.
« Microsoft et l’industrie dans son ensemble ont adopté Rust comme un outil essentiel pour réduire les bugs, améliorer la sécurité et encourager une programmation sûre et maintenable. Avec ses garanties de compilation autour de la sécurité de la mémoire et une ergonomie forte, Rust est un outil puissant pour la programmation au niveau des systèmes », écrit ainsi Microsoft dans un billet publié hier soir.
En 2023, Windows 11 a été le premier système de l’entreprise à recevoir ses premières lignes de code en Rust dans le noyau. On ne sait pas si cette proportion a augmenté depuis, mais la firme se penche maintenant sur un autre domaine sensible : les pilotes. Et puisque 85 % (selon Microsoft) des écrans bleus proviennent de ces derniers et que 70 % des failles de sécurité sont liées à la mémoire, on comprend que l’éditeur soit intéressé par une hausse générale de la qualité.
Premières briques
Selon Microsoft, les développeurs sont « nombreux » à demander désormais la possibilité d’écrire leurs pilotes en Rust. Traditionnellement, ils sont écrits en C, et toute l’infrastructure de pilotes dans Windows tend vers ce langage. L’objectif, indique l’entreprise, est donc « de faire en sorte que les développeurs Rust puissent tirer parti des mêmes bibliothèques et en-têtes dans le WDK que les développeurs C ».
Ce n’est cependant pas simple, comme ce que l’on observe dans le noyau Linux depuis trois ans. Même quand la volonté est là, il s’agit d’un travail de longue haleine, car de nombreux éléments doivent être modifiés. Il faut notamment aménager le Windows Driver Kit (WDK).
Un dépôt GitHub a donc été mis en place pour montrer les avancées dans ce domaine. On y trouve actuellement une série de crates, c’est-à-dire des morceaux de code (généralement non compilés). Par exemple, wdk-build, une bibliothèque permettant de configurer un script de construction Cargo (le gestionnaire de paquets de Rust) pour effectuer la liaison en aval du WDK et créer les liaisons Rust. Citons également wdk-sys pour la génération des liaisons FFI (Foreign Function Interface) aux API disponibles dans WDK, ou encore wdk-alloc, pour gérer l’allocation des pilotes.
Ces crates (littéralement « caisses » en anglais) permettent la construction de fichiers binaires valides aux formats WDM, KDMF et UMDF. Cela signifie que ces pilotes peuvent être chargés et exécutés dans un environnement Windows 11.
Réduire la proportion de code non sécurisé
Puisqu’il s’agit des premières briques, la solution actuelle n’est pas entièrement satisfaisante. L’infrastructure n’étant pas prête, le résultat final mélange du code sûr et du code non sécurisé. Des problématiques que l’on a déjà vues dans la bataille autour du Rust dans le noyau Linux. La solution est fonctionnelle, mais pas idéale. Rien n’empêche cependant ces pilotes de fonctionner pleinement, s’ils sont accompagnés des certificats requis.
Pour simplifier les démarches dans un environnement restant assez brut, Microsoft fournit également cargo-wdk. L’entreprise indique que les développeurs ont habituellement accès à des modèles Visual Studio pour faciliter la création de pilotes. Cargo-wdk est là pour compenser cette absence dans le cas du Rust : il crée des projets de pilotes vides avec tous les liens, étapes de construction et dépendances nécessaires préremplies.
Par exemple, la commande « cargo wdk new – kmdf » crée un modèle de pilote KMDF vide, tandis que « cargo wdk build » lance la construction et signale les erreurs rencontrées en appelant INFVerif. Dans le futur, cargo-wdk fournira les mêmes outils de génération et options de configuration que Visual Studio. À « moyen terme », il fournira par exemple l’installation automatique des dépendances (dont WDK lui-même), le support de NT_TARGET_VERSION, des modèles de pilotes supplémentaires, le support complet d’ARM64 ou encore le déploiement sur des machines de test.
Un long travail
Sans surprise, la prochaine grosse étape pour le projet est de pouvoir laisser les développeurs écrire l’intégralité du code des pilotes en langage sécurisé. « Bien que Rust non sécurisé offre toujours des avantages tels qu’une vérification de type forte, des abstractions à coût nul et une bonne compatibilité FFI, nous reconnaissons que de nombreux développeurs recherchent une expérience où la majorité du code du pilote peut être écrite en Rust sécurisé », écrit Microsoft.
Un travail est donc en cours au sein de l’équipe Windows Driver Kit pour créer les abstractions sûres nécessaires. Elles permettront d’exploiter un plus grand nombre d’aspects du langage et de réduire les blocs de code non sécurisés. Parallèlement, « d’autres équipes au sein de Microsoft travaillent au développement de structures et d’API sécurisées au-delà de WDF », à la fois pour les pilotes tiers et le noyau Windows. Une partie de ce travail est déjà présente dans le noyau de Windows 11.
Microsoft indique que le chemin sera long, en raison notamment « de la complexité et de la nature générique des API du noyau Windows ». Le travail en cours fait intervenir plusieurs équipes pour mutualiser les efforts et le code présent dans le dépôt GitHub évoluera. Ce qui explique d’ailleurs que la solution soit présentée de cette manière et pas publiée officiellement sur une page officielle : elle est considérée comme « solide » pour les besoins de l’équipe qui l’a développée, mais doit se frotter à une utilisation plus large. En outre, Microsoft reconnait qu’il existe de nombreux modèles de pilotes et de scénarios que Windows doit prendre en charge. Quand le projet approchera de sa finalisation, toutes les crates seront publiées sur crates.io.
Enfin, l’entreprise affirme « que les langages à mémoire sécurisée tels que Rust représentent l’avenir de l’ingénierie logicielle sécurisée ». Dans les mois qui viennent, Microsoft publiera des informations sur les meilleures pratiques autour de Rust pour les pilotes, permettra la soumission de ces derniers à WHCP (Windows Hardware Compatibility Program), ainsi que l’analyse statique par CodeQL.
Google, Microsoft et OpenAI, Meta, X… Certaines des plus grandes sociétés numériques de la planète ont commis le « plus grand vol de propriété intellectuelle de l’histoire », évalue le directeur général de la Confédération internationale des éditeurs de musique (ICMP).
Pendant deux ans, cet organisme représentant l’ensemble des majors, 76 associations commerciales et des milliers de labels indépendants s’est attelé à l’analyse de bases d’entraînement de systèmes d’IA en open source, de registres commerciaux, de travaux de recherches et d’experts et de documents ayant fuité. Elle a partagé les résultats de ces travaux auprès de Billboard, démontrant le recours de morceaux des Beatles, de Mariah Carey, de The Weeknd, Beyoncé, Ed Sheeran ou encore Bob Dylan.
Outre fournir des preuves « exhaustives et claires » de l’utilisation non autorisée de musique et d’images pour entraîner les systèmes génératifs, cette enquête démontre également que l’ampleur de l’entraînement réalisé sur ces contenus est plus large qu’envisagé précédemment.
Parmi ses résultats, l’ICMP constate que les applications de création de musique Udio et Suno ont récupéré illégalement des morceaux sous propriété intellectuelle disponibles sur YouTube, ou encore que les modèle Llama de Meta, Claude d’Anthropic, Copilot (Microsoft) et Gemini (Google), DeepSeek de la société du même nom et l’application Jukebox d’Open AI avaient tous été entraînés sur des morceaux signés Childish Gambino pour le premier, Lynyrd Skynyrd pour le deuxième, Jay Z pour le troisième, Michael Jackson, Elton John, et ainsi de suite pour les suivants.
Par ailleurs, des modèles de génération d’image comme Midjourney copient et génèrent des répliques directes de couvertures d’albums de Gorillaz, Dr. Dre et d’autres artistes.
Installée à Bruxelles, l’ICMP a partagé des éléments de ses recherches avec divers gouvernements au fil des 18 derniers mois.
« Ce n’est pas un crime sans victime », déclare un porte-parole de Concord à Billboard. Décrivant le détournement de flux de redevances créé par ce système, la personne ajoute : « Même si les paroles générées par les grands modèles de langage n’auront peut-être jamais la créativité d’un être humain (…) leur ampleur et leur économie vont nuire à la motivation de créer de nouvelles œuvres artistiques, qui est la mission fondamentale du droit d’auteur. »
Pas de quoi équilibrer le budget de la France pour 2026
La CNIL vient de prononcer deux amendes pour non-respect des règles sur les cookies : 325 millions d’euros pour Google (faux emails publicitaires dans Gmail et dépôt de cookies sans consentement valide) et 150 millions d’euros pour Shein (cookies déposés sans consentement).
Après une amende de 100 millions d’euros en 2020 (validée par le Conseil d’État), puis une seconde de 150 millions d’euros en 2021, Google écope d‘une troisième amende de la CNIL de 325 millions d’euros pour « avoir affiché des publicités entre les courriels des utilisateurs de Gmail sans leur accord, et pour avoir déposé des traceurs (cookies) lors de la création de comptes Google, sans consentement valide des utilisateurs français ».
Google : 325 millions pour deux griefs, avec une injonction
Cette sanction fait suite à une plainte de None Of Your Business (noyb) déposée le 24 août 2022. Les équipes de la CNIL ont ensuite constaté que la messagerie de Google affichait, « entre les courriels présents au sein des onglets « Promotions » et « Réseaux sociaux » […] des annonces publicitaires prenant la forme de courriels ».
Dans le détail de la décision, un des axes de défense de Google est d’expliquer que « l’affichage des annonces non sollicitées dans Gmail a été restreint aux seuls onglets « Promotions » et « Réseaux sociaux » afin de préserver une expérience utilisateur qualitative ». Réponse expéditive de la CNIL sur ce point : c’est « sans incidence sur la portée de l’obligation ».
Le délibéré permet aussi de suivre le déroulement des contrôles. Une délégation de la CNIL « a procédé le 20 octobre 2022 à une mission de contrôle en ligne qui s’est terminée le 4 novembre 2022 », puis « les 29 novembre et 6 décembre 2022, deux contrôles sur place ont été réalisés dans les locaux de la société Google France », et enfin « un nouveau contrôle sur place le 5 septembre 2023 ».
Les points 52 à 58 de la décision permettent de suivre « les modalités dans lesquelles les informations ont été recueillies », qui sont contestées pour certaines par Google. Là encore, la CNIL balaye les arguments : « la formation restreinte considère que la collecte d’informations a été réalisée dans le respect des dispositions légales et règlementaires ».
Pour rappel, Orange a écopé fin 2024 de 50 millions d’euros d’amende pour ne pas avoir recueilli le consentement de ses utilisateurs avant de leur afficher, « entre les courriels présents au sein des boîtes de réception des utilisateurs, des annonces publicitaires prenant la forme de courriels ».
Six mois pour corriger deux soucis, avec 100 000 euros par jour de retard
Google est aussi condamné pour un manquement à la loi Informatique et Libertés : « lorsqu’ils créent un compte Google, les utilisateurs sont incités à choisir les traceurs liés à l’affichage de publicités personnalisées, au détriment de ceux liés à l’affichage de publicités génériques, et […] ils ne sont pas clairement informés que l’accès aux services de Google est conditionné au dépôt de traceurs à finalité publicitaire. Leur consentement recueilli dans ce cadre n’est donc pas valable ».
En plus des 325 millions d’euros, Google est sous le coup d’une astreinte de 100 000 euros par jour de retard si l’entreprise ne corrige pas le tir dans un délai de six mois. Le géant du Net doit donc arrêter d’afficher des publicités entre les courriels sans consentement préalable. Il doit aussi recueillir un consentement valable pour le dépôt de traceurs publicitaires lors de la création d’un compte Google.
Pour justifier ce montant, la CNIL met en avant le nombre important d’utilisateurs en France : le manquement sur les traceurs concerne 74 millions de comptes, dont 53 millions avaient vu s’afficher des publicités de « manière illicite ». Pour la Commission, Google a « fait preuve de négligence » puisque la société avait déjà été sanctionnée en 2020 et 2021, c’est en quelque sorte une circonstance aggravante.
Shein fait n’importe quoi avec les cookies : 150 millions d’euros d’amende
De son côté, Shein écope de 150 millions d’euros pour « non-respect des règles applicables en matière de traceurs (cookies), déposés sur le terminal des utilisateurs se rendant sur le site shein.com ». Les manquements sont nombreux : absence de recueil du consentement avant dépôt des traceurs, bandeaux d’information incomplets, second niveau d’information insuffisant, mécanismes de refus et de retrait du consentement défaillants.
Cela se traduit par des cookies déposés sur le terminal des utilisateurs dès leur arrivée, avant même une interaction avec le « bandeau RGPD ». Mais aussi par des cookies déposés et lus même si l’utilisateur cliquait sur « Tout refuser » ou s’il retirait son consentement.
Dans le délibéré de la décision, on apprend que Shein a tenté de s’opposer à la procédure sur des points de droit, toutefois elle « ne conteste pas le fait que les trois cookies publicitaires mentionnés par le rapporteur dans le rapport étaient déposés sur le terminal de l’utilisateur avant toute expression de son consentement ». Shein affirme que c’est une « erreur à laquelle elle a remédié en cours de procédure ».
Si la société n’est pas toujours d’accord avec les arguments de la CNIL, elle a modifié ses pratiques afin de se conformer aux demandes. Par exemple : « Elle considère que ces cookies, qui ne sont déposés que lorsque l’utilisateur a refusé le reste des cookies, facilitent la navigation de l’utilisateur en empêchant que soient présentées trop souvent les mêmes publicités à l’utilisateur. Dès lors, elle considère qu’ils ne sont pas soumis au consentement ». Sur d’autres points, Shein plaide l’« erreur technique ».
Pour justifier le montant de l’amende, la CNIL tient compte « de la place centrale occupée par » Shein, avec « en moyenne 12 millions de personnes résidant en France qui se rendent sur le site » chaque mois. De plus, la Commission rappelle que, depuis 2020, elle a rendu publiques de nombreuses sanctions pour des manquements similaires. En filigrane, on comprend que Shein ne pouvait pas ne pas savoir et que c’est une sorte de circonstance aggravante. C’est peut être aussi un message aux autres sites qui ne respectent pas les règles… Faire semblant de ne pas savoir n’est pas un argument recevable, au contraire, c’est même aggravant.
Les 150 millions d’euros ne sont pas assortis d’une injonction de mise en conformité car Shein a « apporté des modifications à son site internet au cours de la procédure ».
La CNIL promet de continuer « d’être vigilante »
La CNIL explique que ces amendes « s’inscrivent dans la continuité des nombreuses actions menées par la CNIL pour réguler les pratiques non-conformes en matière de suivi et de ciblage des internautes ». Une manière de répondre à certains qui accusent l’autorité d’inaction ou de ne pas remplir sa mission « de veiller au respect du RGPD ».
La CNIL affirme enfin qu’elle va continuer d’être vigilante, « en particulier concernant les pratiques non-conformes comme le dépôt de traceurs sans le consentement de l’internaute, mais aussi s’agissant de pratiques qui se développent, comme l’utilisation de « murs de traceurs » » (cookie walls), qui consistent à conditionner l’accès de l’internaute à un service à son acceptation du dépôt de traceurs sur son terminal ».
Cette pratique n’est pas illégale, mais à condition que le consentement soit libre et éclairé, c’est-à-dire sans inciter à prendre une option plutôt qu’une autre (par exemple, avec un choix plus complexe que l’autre).
Après 01net Magazine en juin dernier, c’est un autre vétéran de la presse informatique papier qui tire sa révérence : iCreate, « le magazine des utilisateurs Mac, iPhone et iPad », annonce que son numéro 226 ne sortira pas en kiosque, et ne sera pas envoyé aux abonnés.
« La société Presse Factory, qui a édité votre magazine pendant toutes ces années, a été placée en liquidation judiciaire à la fin du mois d’août », indique l’équipe dans un communiqué qui accompagne la publication de ce nouveau numéro, exclusivement au format PDF (5 euros).
L’annonce signe-t-elle pour autant la disparition de la marque iCreate et des publications associées ? « Pour l’heure, il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra du magazine. Il est possible qu’un autre éditeur décide de le relancer à l’avenir », explique la rédaction.
« Nous vous remercions du fond du cœur de nous avoir suivis si fidèlement pendant toutes ces années. Vous avez fait d’iCreate une revue de référence, et c’est grâce à vous que nous avons pu partager notre passion commune pendant plus de 20 ans ».
Les modalités de la liquidation judiciaire ne sont à ce stade pas connues, l’annonce officielle n’ayant pas encore été publiée. Presse Factory avait déjà traversé, avec succès, un plan de redressement judiciaire entre 2018 et 2021.
En attendant de connaître le destin des actifs associés à iCreate, les abonnés sont invités à télécharger les exemplaires auxquels leur donne droit leur abonnement avant que le site du magazine soit placé hors ligne, « d’ici quelques semaines ».
La couverture du numéro 226 d’iCreate, daté de septembre 2025
Les Écoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne ont travaillé pendant un an et demi pour sortir Apertus, un modèle de langage qui se veut « 100% suisse », ouvert, respectueux du droit d’auteurs. L’idée est aussi d’avoir un modèle plus multilingue que ceux de la concurrence, en l’entrainant sur 40 % de textes non anglophones.
Apertus. Si comme moi, vous n’avez pas fait de latin, ça veut dire « ouvert » (comme dans apéro). Ici, les chercheurs suisses des Écoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne ont voulu afficher leur différence avec les modèles qui dominent le marché. Car, si la définition de l’IA ouverte divise encore le milieu, Apertus semble l’être particulièrement.
Un modèle qui se veut ouvert et respectueux des auteurs
Son objectif, selon nos confrères suisses du Temps : « offrir une alternative suisse, souveraine, aux modèles d’IA américains, chinois, voire européens ». Mais dans leur « rapport technique » [PDF], les chercheurs qui ont travaillé sur Apertus mettent aussi en avant le respect des auteurs et la volonté de proposer un modèle plus multilingue que les autres.
« Nous ne pouvons pas accepter que les bases de l’IA, si puissante, soient entre les mains d’une faction de multinationales », explique Antoine Bosselut, directeur du Laboratoire de traitement du langage naturel à l’EPFL, au journal Le Temps. En décembre 2023, les deux écoles polytechniques suisses ont donc créé la Swiss AI Initiative en s’appuyant aussi sur le Swiss National Supercomputing Centre. Celui-ci héberge le supercalculateur Alps composé, entre autres, de plus de 10 000 GH200 de NVIDIA.
Apertus est disponible en deux versions (8 milliards et 70 milliards de paramètres) sur Hugging Face sous licence Apache 2.0. Les chercheurs précisent que leur corpus de textes de pré-entraînement comme de post-entrainement « a été compilé uniquement à partir de données web, en respectant le fichier robots.txt non seulement au moment de l’exploration (janvier 2025), mais aussi en appliquant rétroactivement les préférences d’exclusion de janvier 2025 aux données web extraites lors d’explorations précédentes ». L’idée est d’être réellement conforme à l’AI Act européen et aux réglementations similaires, expliquent-ils.
Développer encore un peu plus le multilinguisme
Apertus a aussi été créé en utilisant, pendant l’entrainement, un mécanisme qui bloque la régurgitation des verbatims des textes utilisés pendant l’entrainement. Ainsi, les chercheurs évitent les éventuelles accusations de plagiat. Les chercheurs suisses ont voulu aussi se démarquer des modèles dominants en poussant autant que possible leur modèle vers un maximum de langues. Ainsi, leurs données d’entrainement contiennent des textes de 1 811 langues et 40 % ne sont pas anglophones. S’ils saluent les effort de leurs confrères qui ont créé les modèles ouverts BLOOM (sorti en 2022), Aya ou Qwen3, ils soulignent qu’Apertus a été entrainé sur 10 fois plus de langues que ces trois modèles.
Apertus ne joue pas au jeu du plus gros modèle possible. Rappelons qu’un modèle comme DeepSeek V3 a 685 milliards de paramètres. Mais, depuis quelque temps, on sait que cette course au volume commence à montrer ses limites. Apertus n’est pas multimodale, non plus. « Nous jouons dans une autre ligue, avec un modèle qui possède d’énormes qualités en termes de transparence, d’ouverture et de fiabilité. Et nous ne cesserons d’améliorer Apertus », assure Antoine Bosselut à nos confrères du Temps.
Pour les fonctionnalités de chat, le modèle peut être testé ici, sur une interface mise en place par le projet à but non lucratif Public AI Inference Utility.
Que s’est-il passé dimanche avec l’avion de la présidente de la Commission européenne ? Après l’emballement autour d’un brouillage GPS et le retour à des cartes papier, les données de vol et les communications de l’équipage racontent une histoire un peu (voire très) différente.
Ce dimanche 31 août, Ursula von der Leyen prenait l’avion pour se rendre de l’aéroport de Varsovie-Chopin en Pologne à celui de Plovdiv en Bulgarie. Distance entre les deux aéroports : environ 1 200 km à vol d’oiseau.
La présidente de la Commission européenne volait à bord d’un jet Falcon 900 de Dassault, avec une vitesse de croisière aux alentours de 1 000 km/h. Si on ajoute le décollage et l’atterrissage, il faut prévoir entre 1h30 et 2 h de vol environ.
Un vol de neuf minutes de plus que prévu, pas une heure
Le vol devait décoller à 13h30 de Varsovie pour se poser à 16h18 en Bulgarie. Il est arrivé à 17h34, avec certes un peu plus d’une heure de retard sur l’horaire prévu, mais il y a un « détail » important : l’avion est parti à 14h37 de Varsovie, avec donc un peu plus d’une heure de retard là aussi. « Le vol devait durer 1 heure et 48 minutes. Il a duré 1 heure et 57 minutes », résume FlighRadar24.
Pour ceux qui (comme moi) calculent la différence entre l’heure de départ et d’arrivée et qui ne comprennent pas pourquoi il y a 1 h de trop, sachez que la Bulgarie est en UTC+3 alors que la Pologne est en UTC+2. Si la différence entre l’heure locale au départ et à l’arrivée est de 2h58, le temps de vol n’est que de 1h58 avec ce décalage.
FlighRadar24 est un site proposé par la société suédoise Svenska Resenätverket permettant de suivre en direct le déplacement des avions, en se basant sur les données des transpondeurs ADS-B. La société envoie gratuitement des récepteurs aux volontaires. FlightRadar24 revendique actuellement plus de 50 000 récepteurs ADS-B au sol dans le monde. De plus amples informations sont disponibles sur cette page.
Nous sommes donc loin de l’heure à tourner autour de l’aéroport, comme l’indiquaient des « officiels » au Financial Times. Au moment de publier cette actualité, l’article de nos confrères n’a pas été mis à jour depuis lundi (nous laissons la citation en anglais pour éviter toute interprétation) : « “The whole airport area GPS went dark,” said one of the officials. After circling the airport for an hour, the plane’s pilot took the decision to land the plane manually using analogue maps, they added ».
Fait troublant, le journaliste du FT qui a signé l’article, Henry Foy, était à bord de l’avion, comme il l’a confirmé dans cette retranscription d’une interview. Sur X, un lecteur du FT affirme l’avoir contacté pour avoir des explications sur ce sujet et, comme réponse, il aurait eu : « Les politiques du FT ne me permettent pas de discuter de la provenance des articles, mais je peux dire une chose dont vous pouvez extrapoler : j’étais également dans l’avion ».
Pour auonsson, si sa déclaration « nous avons tourné en rond pendant une heure » est exacte, « l’explication la plus probable est que la trajectoire que nous avons a été manipulée. Ou que nous avons le mauvais avion ».
Oui au brouillage GPS, mais pas si vite sur les conséquences
La seconde information douteuse vient des « analogue maps », traduites en français par des « cartes papier ». C’est un peu comme si, en voiture, on ressortait les vieilles cartes routières dépliables quand le GPS est en rade. Un changement qui laisse penser à une situation limite dangereuse, causé par des brouillages attribués à la Russie.
Qu’en pensent les experts ? Sur sa chaine YouTube, Pierre-Henri « Até » Chuet propose un « Dbrief du drama » autour du brouillage du Falcon 900 de la présidente de la Commission européenne. On ne peut d’ailleurs que vous conseiller de regarder cette vidéo en entier (elle ne dure que huit minutes).
L’aviation, il connait bien puisqu’il était à la Marine Nationale pendant près de dix ans, dont quatre ans comme chef de patrouille Rafale Marine, selon son compte LinkedIn. Il a maintenant une chaîne dédiée à l’aviation et propose des conseils aux entreprises. Récemment, il a aussi fait parler de lui suite à l’ouverture d’une enquête préliminaire « pour déterminer si les voyages de l’ex-militaire en Chine et les formations qu’il y a dispensées à des pilotes chinois relèvent de la divulgation de secrets militaires », comme l’explique Le Parisien.
Système d’atterrissage aux instruments (ILS) à la rescousse
Que nous explique-t-il dans sa vidéo ? Il confirme le temps de vol et un souci avec le GPS : « Non, il n’y a pas eu d’attente, il y a eu un changement dans le type d’approche à cause de soucis GPS. On entend clairement l’échange entre l’équipage et le contrôleur » sur ce sujet.
Le pilote demande une approche radar pour un guidage ILS (système d’atterrissage aux instruments), le contrôleur aérien lui propose à la place un guidage toujours aux instruments, mais en « X-ray ». Rien d’exceptionnel pour l’ancien pilote : « vous allez à Arcachon, il n’y a pas de guidage radar pour se poser ».
FlightRadar24 est sur la même longueur d’onde et affirme que, toujours selon les échanges audio avec l’ATC (service de contrôle de la circulation aérienne), « l’équipage est passé de l’approche basée sur le GPS à l’approche ILS, ce qui a nécessité un changement de trajectoire de vol ».
Même son de cloche une nouvelle fois sur le compte X de auonsson (spécialiste des sujets sur les transpondeurs et l’aviation) : « Le pilote de l’avion transportant la présidente von der Leyen a rencontré des problèmes de GPS à l’approche de l’aéroport de Plovdiv, en Bulgarie, le dimanche 31 août. Les enregistrements des communications de la tour et de l’avion sont clairs ».
Pilot of the aircraft carrying president von der Leyen experienced GPS issues as they approached Plovdiv airport, Bulgaria Sun Aug 31.
Recordings of tower and plane comms are clear.
Transponder reported good GPS-signal and is likely separate from the instrument pilots used. pic.twitter.com/STHERzcDdX
Et, encore pareil chez Feit of fake, qui se base aussi sur les communications avec le contrôle aérien (qui sont diffusées en clair et qu’il a archivées). Le site donne de plus amples détails sur le déroulement de l’approche (la Bulgarie est pour rappel en UTC+3) :
« À 14h05 UTC, le pilote a accepté les instructions pour une approche RNP (basée sur le GPS) vers la piste 30.
À 14h10 UTC, le pilote a signalé des problèmes de GPS et a demandé des vecteurs par radar. L’ATC a répondu que le service radar était indisponible.
L’équipage a ensuite demandé à voler vers la balise VOR PDV pour établir une approche ILS, en utilisant des aides à la navigation au sol indépendantes du GPS ».
« En bref : les pilotes n’ont pas eu recours aux cartes papier. Ils ont opté pour des systèmes de navigation radio standard (VOR et ILS), qui restent des procédures de secours courantes dans le monde entier », affirme notre confrère, exactement comme Pierre-Henri Chuet. Feit of fake publie aussi des extraits des conversations.
Le Bulgaria’s Government Information Service (BGIS) confirme aussi le changement d’approche pour l’atterrissage : « l’Autorité bulgare des services de la circulation aérienne a immédiatement proposé une méthode d’atterrissage alternative utilisant des aides à la navigation au sol (atterrissage aux instruments) », comme le rapporte la Bulgarian News Agency.
La Commission confirme le « brouillage GPS », qui n’a rien de neuf
Le changement d’approche ne fait pas de doute, mais qu’en est-il des causes du brouillage GPS ? C’est un autre sujet, mais qui n’est pas nouveau. Les brouillages sont monnaie courante depuis la guerre en Ukraine.
Le site GPSJAM propose d’ailleurs une carte journalière des brouillages GPS, avec trois niveaux d’intensité des interférences. À la date du 31 août, la zone de Plovdiv (en Bulgarie) était en vert, mais très proche de zones en jaune.
« Nous pouvons confirmer que c’était un brouillage GPS, mais l’avion s’est posé en toute sécurité en Bulgarie. Nous avons reçu des informations des autorités bulgares. D’après elles, ce seraient des interférences manifestes de la Russie », expliquait lundi Arianna Podesta, porte-parole d’Ursula von der Leyen.
« C’était un vol charter » (c’est-à-dire un avion affrété de manière ponctuelle), précise la porte-parole, sans plus de précision. À la question de savoir si l’avion de la présidente de la Commission était spécifiquement ciblé, elle répond simplement : « c’est une question qu’il faut poser aux Russes ». La Commission rappelle que « ces activités de brouillage sont assez fréquentes, notamment sur le plan oriental de l’Europe ».
Sur Bluesky, le compte auonsson (le même que précédemment) explique que tous les avions aux alentours de celui de la présidente, sauf un, avaient de « bonnes valeurs de positions ». Cela renforcerait donc l’idée que le « brouillage visait spécifiquement von der Leyen ». Aucune confirmation pour le moment sur ce point précis.
Pour résumer, l’avion n’a pas tourné pendant une heure et les pilotes ne sont pas revenus à l’age de pierre à devoir sortir des cartes papier pour atterrir en catastrophe ou presque. Toutes les données de vol, ainsi et les communications entre les pilotes et la circulation aérienne Bulgare, vont dans ce sens.
Passer sous les radars de FlighRadar24
Pouvoir suivre à la trace des avions avec des personnalités soulève des inquiétudes chez certains, notamment en Italie qui envisagerait de « dissimuler » certains vols pour éviter ce genre de mésaventure : « l’avion du Premier ministre italien a été retiré de Flightradar24, l’une des applications les plus utilisées pour fournir des données en temps réel sur les mouvements d’avions, mais il reste visible sur des sites équivalents. Pour des raisons de sécurité, les autorités envisagent désormais de « protéger les vols transportant le Premier ministre et les ministres du cabinet de toutes ces plateformes » », explique The Guardian.
Certains se servent également des données de FlightRadar24 et autres sites du genre pour suivre les déplacements de certaines personnalités (et accessoirement milliardaires), notamment Elon Musk et Bernard Arnault pour ne citer qu’eux.
La sanction devait arriver en début de semaine, mais Google attend toujours. L’Union européenne aurait suspendu sa décision relative à une éventuelle amende contre Google craignant que Donald Trump réagisse en faisant échouer l’accord transatlantique qui prévoit une réduction des droits de douane étasuniens sur les voitures des constructeurs européens.
La commissaire européenne à la Concurrence, Teresa Ribera, avait prévu de rendre publique lundi 1er septembre sa décision sur l’accusation d’abus de position dominante dans le secteur de la publicité en ligne contre Google. Mais cette annonce a finalement été retardée pour ménager Washington. Alors que le régulateur européen prévoyait une amende et une obligation de modifier son modèle économique, la sanction pourrait être moins sévère.
Un report pour espérer influencer Donald Trump
Comme l’explique Bloomberg, l’Europe aurait reporté cette décision pour laisser passer la fin des négociations entre les États-Unis et l’Europe à propos des droits de douane étasuniens sur les voitures des constructeurs européens. Ceux-ci font l’objet d’une attention particulière dans les discussions entre les deux puissances commerciales.
Selon les informations de nos confrères, l’équipe de Teresa Ribera prévoyait déjà, avant ce report, la sanction financière la plus faible que Google ait reçue en Europe pour ce genre de dossiers. La pause pourrait être longue : des jours, voire des semaines. Et le contenu pourrait totalement changer.
La semaine dernière, Donald Trump a menacé de représailles les pays qui appliquent des politiques défavorables à la tech étasunienne, avec notamment l’Union européenne dans le viseur. La Commission européenne espère pourtant que les États-Unis annoncent d’ici peu la confirmation de leur volonté de baisser les droits de douane sur les voitures européennes de 27,5 % à 15 %, comme l’explique Reuters.
Selon plusieurs sources de l’agence de presse, le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, aurait questionné la décision de Teresa Ribera, la repoussant mécaniquement d’un délai inconnu.
« Une commission motivée par des considérations politiques » selon l’autorité allemande
Cette décision a été vivement critiquée notamment en Allemagne. « La protection de la concurrence ne doit pas devenir l’otage de l’administration Trump » a réagi le responsable de l’autorité de la concurrence allemande, Tomaso Duso. « Cette suspension montre à quel point il est risqué de confier l’application des règles de protection de la concurrence à une commission motivée par des considérations politiques, affirme-t-il. Nous recommandons de limiter systématiquement l’exploitation des positions de pouvoir économique telles que celles détenues par Google en vertu du droit de la concurrence, afin de renforcer la concurrence, l’efficacité et la sauvegarde des valeurs démocratiques en Europe ». Il ajoute enfin que « le marché publicitaire en particulier est largement dominé par Google et constitue également un marché clé pour l’importante industrie des médias. »
De son côté, la Commission explique de façon laconique à Reuters que « l’enquête est toujours en cours » et refuse de commenter plus longuement. C’est en 2023 qu’elle avait ouvert son enquête. À l’époque, son enquête préliminaire constatait que, « depuis 2014 au moins, Google a abusé de ses positions dominantes :
en favorisant sa propre bourse d’annonces AdX dans les enchères gérées par son serveur publicitaire des éditeurs dominant DFP, par exemple en informant à l’avance AdX de la valeur de la meilleure offre concurrente à battre pour remporter l’enchère;
en favorisant sa bourse d’annonces AdX dans la manière dont ses outils d’achat d’annonces Google Ads et DV360 placent leurs offres sur les bourses d’annonces. Par exemple, Google Ads évitait les bourses d’annonces concurrentes et plaçait principalement des offres sur AdX, faisant de cette dernière la bourse d’annonces la plus attractive ».
TF1 a lancé lundi une nouvelle formule d’accès payant associée à certains des contenus, émissions ou séries, diffusés sur sa plateforme de vidéo à la demande, TF1+. Complémentaire de la publicité, qui constitue le premier levier économique du service, elle repose sur le principe de microtransactions : une petite somme, facturée à la demande, en échange d’un service amélioré.
En l’occurrence, le groupe TF1 envisage dans un premier temps trois produits payants, qui seront facturés à partir de 0,69 euro. D’abord, la possibilité de visionner, en échange de cette transaction, un programme sans publicité. Ensuite, l’accès en avant-première à certains épisodes de séries, feuilletons ou téléfilms. Enfin, la consultation de contenus additionnels, vendus comme des bonus associés aux grands programmes de la chaîne (par exemple, le direct associé à un programme de TV réalité).
TF1 se lance dans les microtransactions, à partir de 0,69 euro
« Ainsi, un utilisateur souhaitant regarder The Voice avec ses enfants et éviter de se coucher trop tard pourra opter pour la version sans publicité à 0,99 €, lui faisant économiser 24 minutes de temps de visionnage », illustre TF1 dans un communiqué.
Le groupe, qui a récemment signé un accord de distribution d’envergure avec Netflix, voit dans ces microtransactions un axe de développement susceptible à la fois de diversifier ses revenus, mais aussi de s’adapter « aux nouvelles habitudes de consommation digitale », ici inspirées de l’in-app purchase que l’on connait bien dans le monde du mobile. Pour cette incursion dans le payant, TF1 revendique par ailleurs une approche distinctive de celle des grandes plateformes de vidéo à la demande, qui reposent principalement sur une logique d’abonnement mensuel.
Au Royaume-Uni, l’Online Safety Act oblige les sites de contenus pour adultes à vérifier l’âge des internautes pour les laisser passer. Mais si la loi a été pensée avec de bonnes intentions, elle entraine dans son sillage des conséquences involontaires et autres effets secondaires.
L’Online Safety Act britannique oblige les plateformes à demander aux utilisateurs de présenter leurs documents d’identité gouvernementaux ou de scanner leurs visages via leurs webcams. Pour ces dernières, des algorithmes sont ensuite chargés de déterminer l’âge de la personne. Des techniques dont l’efficacité est parfois très relative, comme nous l’avons montré récemment, la France imposant désormais la même obligation aux sites pornographiques.
Toutes ces réglementations – de nombreux États américains s’en dotent également – ont pour objectif d’empêcher les mineurs d’être exposés aux contenus inappropriés. Outre-Atlantique, certains États vont jusqu’à élargir cet interdit à l’ensemble des réseaux sociaux. Les mineurs ont alors besoin de l’autorisation parentale. Dans tous les cas, les lois concernées reposent toutes sur le principe de barrière technologique, avec les aléas qui peuvent en découler.
Au Royaume-Uni aussi l’Online Safety Act ne s’intéresse pas qu’aux sites pornographiques. Il s’agit de protéger les utilisateurs des contenus illégaux (depuis le 17 mars 2025), ou légaux mais « préjudiciables » pour les enfants (depuis le 25 juillet 2025) comme des contenus sur l’automutilation, le suicide, les troubles de l’alimentation, etc.
Microsoft annonce par exemple du changement sur Xbox, tandis que Peter Kyle (secrétaire d’État à la Science, à l’Innovation et à la Technologie) demande au régulateur britannique comment il compte réguler « des services en ligne « petits mais risqués », tels que les forums de discussion ».
Outre certaines difficultés techniques, ces législations provoquent des effets plus ou moins imprévus, dont une réorientation des flux de trafic.
Les sites en règle sont punis
C’est ce que révèle un article du Washington Post. Le journal s’est penché sur les modifications des habitudes entrainées par ces lois d’interdiction et un constat revient sans cesse : les sites jouant le jeu et appliquant la vérification perdent de l’audience.
Ainsi, selon le Washington Post, certains sites ont enregistré une baisse spectaculaire de leur trafic en provenance d’adresses IP britanniques. En France aussi plusieurs sites pornographiques indiquent une forte baisse d’audience et renvoient vers cet article expliquant que la vérification d’âge a fait partir près de 90 % des utilisateurs début juillet : « Nous savons que seulement 10 % environ de la base d’utilisateurs restera après la mise en œuvre d’AV [vérification de l’âge, ndlr] – et les 10 % qui restent sont très coûteux à vérifier […] À l’heure actuelle, près de 3 000 (et ce n’est pas exagéré) clones de nos sites […] volent notre contenu et seront bientôt massivement récompensés ».
Par effet de vases communicants, les sites ignorant leurs nouvelles obligations légales ont donc enregistré une hausse massive de visites. Selon nos confrères, certains sites auraient vu leur audience doubler, voire tripler durant le mois d’août, comparativement à la même période l’année dernière.
Pour John Scott-Railton, chercheur au Citizen Lab de l’Université de Toronto et spécialisé dans la surveillance et les droits numériques, le cas est un exemple typique de la « loi des conséquences involontaires ». Il illustre un cas classique de législation pensée avec de bonnes intentions, mais dont la mise en œuvre provoque paradoxalement la punition de ceux qui la respectent et la récompense de ceux qui la bafouent.
En France, l’Arcom s’est pour le moment intéressée à 17 sites ; une goutte d’eau dans l’océan des sites pornographiques, mais l’Autorité en est consciente. Elle affirme qu’elle « poursuivra son action en direction des sites pornographiques de plus faible audience ». Un travail de longue haleine et presque sans fin puisque de nouveaux vont certainement apparaitre sans cesse.
Un problème grandissant
Si l’Online Safety Act est l’un des exemples les plus récents (avec la France), il est loin d’être le seul. 25 États américains disposent aujourd’hui de lois similaires, une situation d’autant plus renforcée désormais que la Cour Suprême, plus haute juridiction du pays, est intervenue dans le dossier. En juin, elle a ainsi donné raison au Texas pour une loi du même acabit, le juge Clarence Thomas estimant qu’elle n’avait qu’un effet négligeable sur la liberté d’expression, protégée par le fameux Premier Amendement.
Avec cet élargissement des législations, la pression financière s’accroit sur les entreprises concernées. Celles qui respectent le droit doivent ainsi supporter les coûts liés à la vérification de l’âge. Si les plateformes veulent aller vite, elles peuvent passer par un prestataire tiers.
Certains se sont rapidement fait un nom, comme Yoti. La société, citée par le Washington Post, précisait l’année dernière qu’un scan de visage était facturé entre 0,10 et 0,25 dollar. Pour un site aussi vaste que Pornhub, la facture pouvait peser jusqu’à 13 millions de dollars par jour, selon un juge de l’Indiana.
Si la situation peut être difficile pour les grandes plateformes, elle peut l’être encore davantage pour les petites et moyennes. Outre le manque de moyens, l’expertise technique et juridique peut manquer. Le problème ne concerne d’ailleurs pas uniquement les sites pornographiques, certains forums dédiés aux fans de football évoquant des « fardeaux juridiques et opérationnels substantiels ». Conséquence, certains sites commencent à bloquer complètement l’accès au Royaume-Uni, comme plusieurs sites pornographiques le font en France (dont Pornhub).
Conservation des données
Le Washington Post met également en avant les problèmes aux concentrations inhérentes aux barrières technologiques. Plusieurs acteurs, comme Yoti et Incode, tirent leur épingle du jeu. Par effet de masse, leurs listes de clients s’allongeant, ils deviennent des références et très utilisés.
Ces entreprises se retrouvent ainsi à traiter et parfois détenir, au moins temporairement, une quantité croissante de données très sensibles, dont des documents d’identité nationale. Elles promettent un traitement local ou de ne conserver les données que le temps nécessaire à la vérification, promesse qu’il faut croire sur parole.
En outre, les technologies utilisées peuvent se tromper, identifiant des adultes comme enfants et vice-versa. Le Washington Post dit avoir constaté une recrudescence des guides en ligne pour tromper ou contourner les mécanismes de vérification. Les entreprises fournissant ces mécanismes ne sont pas à l’abri des fuites de données. Comme l’a rappelé le mois dernier le cas de Tea Dating Advice, les informations fuitant alors peuvent être extrêmement sensibles. Dans le cas d’un fournisseur comme Yoti, les données faciliteraient les usurpations d’identité.
Pour l’industrie, ces mesures sont inefficaces
L’avis d’Aylo, propriétaire de Pornhub, est désormais bien connu. Pour l’entreprise, ce type de législation est inefficace : les personnes cherchant du contenu pornographique, majeures ou non, n’arrêtent pas d’en chercher. Elles se déplacent simplement vers d’autres sources moins « responsables » et dont les revenus publicitaires augmentent proportionnellement.
L’ensemble est d’autant plus fragile, selon Aylo, que les VPN permettent dans tous les cas de contourner très facilement les limitations. Au Royaume-Uni, les téléchargements se sont – sans surprise – envolés dans les jours qui ont suivi l’entrée de l’Online Safety Act, comme nous le rapportions alors. C’était également le cas en France début juin.
Le problème s’est largement accentué deux semaines plus tard, quand Peter Kyle est venu faire la promotion de la nouvelle loi à l’antenne de la BBC. Considérant que l’Online Safety Act était « la plus grande avancée en matière de sécurité des enfants depuis la création de l’internet », il a demandé à la population de ne pas utiliser de VPN… braquant les projecteurs sur ce type de service.
L’incident avait fait dire à John Scott-Railton (Citizen Lab) : « Le fait que le gouvernement passe à la télévision nationale pour avertir que les VPN permettent aux gens de passer la vérification de l’âge pourrait être la publicité gratuite la plus astucieuse que l’industrie des VPN ait jamais reçue ».
« Deux notions erronées »
Aliya Bhatia, analyste politique au Center for Democracy and Technology, la loi britannique repose sur « deux notions erronées : qu’il existe une solution miracle – un moyen facile, respectueux des droits et abordable de vérifier l’âge en ligne – et que les utilisateurs ne se soucient pas de leurs droits et de leur vie privée ».
Une forme de solutionnisme technologique illustrant de nouveau la complexité inhérente à la régulation de l’espace numérique.
Accusé par la Federal Trade Commission (FTC) d’avoir étiqueté des dessins animés de manière trompeuse sur YouTube pour collecter illégalement les données personnelles de leur jeune public, Disney a accepté de payer 10 millions de dollars pour éviter de se retrouver au tribunal.
La FTC reproche à Disney de ne pas avoir placé le label « Made for Kids » (fait pour les enfants) sur les vidéos correspondantes, quand bien même ce type d’étiquetage rend certaines fonctionnalités, dont celles de collecte d’informations personnelles, inapplicables aux vidéos concernées.
Ne pas recourir à cet outil créé par YouTube pour éviter le ciblage de mineurs avec des publicités personnalisées a eu pour effet de voir des films comme « Toy Story » ou « Frozen » taggés « Not Made for Kids ».
Outre la collecte de données rendue possible pour Disney, cela signifie par exemple que l’autoplay de YouTube était activé.
YouTube a créé son système de labellisation en 2018, après le règlement d’une autre affaire ouverte par la FTC, selon lequel la plateforme aurait, elle aussi, violé la Children’s Online Privacy Protection (COPPA) Rule, une loi qui demande le consentement des parents pour collecter des informations sur les enfants de moins de 13 ans.
Outre son amende de 10 millions de dollars, Disney doit désormais récupérer le consentement parental pour collecter des informations sur son public de moins de 10 ans et créer un programme pour s’assurer que ses vidéos sont correctement étiquetées.
Le président de l’autorité étasunienne de la concurrence, à laquelle Donald Trump a retiré l’indépendance en février dernier, a envoyé une lettre à Google dans laquelle il soupçonne que « la gestion de Gmail par Alphabet est conçue pour avoir des effets partisans ». L’entreprise dément.
Dans une lettre envoyée à Sundar Pichai, CEO d’Alphabet (Google), le président de la FTC soulève une question sur l’impartialité du filtre antispam de Gmail.
Andrew Ferguson, pourfendeur déclaré de la « censure des Big Tech » et nommé à la tête de l’agence par Donald Trump, écrit au responsable de l’entreprise à propos « des informations récentes suggérant que la gestion de Gmail par Alphabet est conçue pour avoir des effets partisans, et vous informer en conséquence qu’Alphabet pourrait se livrer à des actes ou pratiques déloyaux ou trompeurs ».
Une agence de relation publique des Républicains comme source
« D’après ce que j’ai compris de récents reportages, les filtres anti-spam de Gmail bloquent systématiquement les messages provenant d’expéditeurs républicains, mais ne bloquent pas les messages similaires envoyés par des démocrates », ajoute-t-il. Le responsable de l’agence cite un article du New York Post qui reprend les propos de l’entreprise Targeted Victory. Celle-ci aurait envoyé des emails via Gmail à des électeurs avec comme seule différence un lien vers la plateforme de collecte de dons du Parti Républicain WinRed et un lien vers « ActBlue », celle des Démocrates.
« Dans de nombreux cas », Gmail aurait envoyé « directement dans les spams » ceux avec le lien vers la plateforme républicaine. Mais comme le fait remarquer TechCrunch, Targeted Victory est une société de conseil et de relations publiques qui a travaillé avec le Comité national républicain et le réseau social d’Elon Musk X.
Rappelons aussi qu’en février dernier, Donald Trump a supprimé l’indépendance de plusieurs agences de régulation, dont la FTC.
Une possible violation de la loi étasunienne sur le commerce ?
Andrew Ferguson souligne qu’un tel comportement de la part de Gmail violerait les lois étasuniennes sur le commerce : « Si les filtres de Gmail empêchent les Américains de recevoir les messages auxquels ils s’attendent ou de faire des dons comme ils l’entendent, ces filtres peuvent nuire aux consommateurs américains et enfreindre l’interdiction des pratiques commerciales déloyales ou trompeuses prévue par la loi ».
Interrogée par nos confrères d’Axios, Google a répondu que « les filtres antispam de Gmail examinent divers signaux objectifs, par exemple si les utilisateurs marquent un email particulier comme spam ou si une agence de publicité envoie un volume élevé d’emails souvent marqués comme spam par les utilisateurs. Cela s’applique de la même manière à tous les expéditeurs, quelle que soit leur idéologie politique ». Ajoutant : « Nous examinerons cette lettre et nous nous réjouissons de pouvoir engager un dialogue constructif ».
Depuis plusieurs années, les Républicains accusent Gmail d’avoir un filtre antispam partisan. En 2023, la commission électorale fédérale avait rejeté des réclamations dans ce sens. Ainsi, comme l’expliquait le Wall Street Journal à l’époque, l’agence avait estimé que Google avait démontré qu’elle réglait les paramètres de son anti-spam contre les logiciels malveillants, les attaques de phishing et les escroqueries, et non dans le but de favoriser certains candidats politiques et déclarait alors que le dossier était clos.
La Cour de Justice de l’Union européenne vient de rendre son verdict sur le recours déposé par le député Philippe Latombe contre la Commission européenne, visant à faire annuler le Data Privacy Framework.
Sans surprise, le Tribunal a rejeté le recours (PDF), considérant que, « à la date d’adoption de la décision attaquée, les États-Unis assuraient un niveau adéquat de protection des données à caractère personnel transférées depuis l’Union vers des organisations établies dans ce pays ».
Rappelons que le Data Privacy Framework est un cadre d’échanges entre l’Europe et les États-Unis. Il établit que les protections offertes outre-Atlantique sont équivalentes à celles présentes en Europe. Le DPF est largement attaqué depuis sa sortie, d’autant plus qu’il est venu remplacer le Privacy Shield, qui avait déjà pris la relève du Safe Harbor, tous deux tombés après avoir été attaqués par Max Schrems.
Le DPF résiste malgré les soubresauts
Philippe Latombe souhaitait voir disparaitre cet accord d’adéquation, pour les mêmes raisons que les deux précédents cadres. À l’automne 2023, il expliquait ainsi que les conceptions européenne et américaine des données étaient irréconciliables : l’Europe considère que les données appartiennent à ceux qui les émettent, les États-Unis à ceux qui les collectent. Pour le député, la Data Protection Review Court mise en place aux États-Unis n’était par ailleurs ni indépendante ni impartiale.
Chez l’association noyb, Max Schrems affiche sa déception : « Nous voyons actuellement Trump destituer des responsables ‘indépendants’ de la FTC ou de la Réserve fédérale. La Cour en question n’est même pas établie par la loi, mais seulement par un ordre exécutif du président – et peut donc être révoquée dans la foulée. Il est très surprenant que la Cour de justice de l’Union européenne ait jugé cela suffisant. Si l’on compare cette affaire avec des affaires internes à l’UE telles que celles concernant la Pologne ou la Hongrie, il faut faire preuve d’une grande souplesse mentale pour accepter qu’il s’agisse d’une Cour indépendante ».
Rien n’empêche cependant Philippe Latombe de faire appel de la décision.
Le 25 avril 2023, la Commission européenne désignait Zalando comme une très grande plate-forme en ligne au titre du DSA. C’était aussi le cas pour Amazon, les boutiques en ligne Apple et Google, Booking, Facebook, TikTok, Snapchat, Wikipédia, etc.
Cette désignation s’accompagne d’obligations « visant notamment à protéger les consommateurs et à lutter contre la diffusion de contenus illicites ».
Le Tribunal de la Cour de Justice de l’Union européenne rappelle que la Commission « estimait que le nombre mensuel moyen de destinataires actifs […] dans l’Union européenne était supérieur au seuil de 45 millions (ou 10 % de la population de l’Union), à savoir plus de 83 millions ».
De son côté, la plateforme contestait cette décision. L’arrêt du jour ne va pas dans son sens : « le Tribunal rejette le recours de Zalando et confirme ainsi la décision de la Commission ». Le Tribunal explique sa décision et rappelle pour commencer que, pour déterminer si Zalando devait être désignée comme une très grande plate-forme en ligne, « il convenait de déterminer son nombre de destinataires actifs, c’est-à-dire les personnes exposées à des vendeurs tiers dans le cadre du Partner Programm ».
Mais, Zalando « n’était pas en mesure » de les distinguer parmi tous ses utilisateurs. « La Commission pouvait considérer qu’elles étaient toutes réputées y avoir été exposées », soit 83 millions de personnes et pas seulement « environ 30 millions comme Zalando le faisait valoir ».
Le Tribunal rappelle enfin qu’un « pourvoi, limité aux questions de droit, peut être formé, devant la Cour, à l’encontre de la décision du Tribunal, dans un délai de deux mois et dix jours à compter de sa notification ».