Exposition aux ondes : l’ANFR veut rehausser la limite des points atypiques
Avec un peu de maths sur la somme quadratique

Pour faire face à l’augmentation des déploiements de la téléphonie mobile et l’inexorable hausse des niveaux d’exposition aux ondes, l’ANFR veut revoir sa définition des points atypiques. Elle lance une consultation publique à ce sujet.
Nous en parlions pas plus tard que cette semaine : les points atypiques pour l’Agence nationale des fréquences sont ceux « dans lesquels le niveau d’exposition aux champs électromagnétiques dépasse substantiellement celui généralement observé à l’échelle nationale ».
Elle vient de lancer une consultation publique sur l’évolution du seuil des points atypiques en matière d’exposition du public aux champs électromagnétiques, dont l’objectif est d’ « adapter le dispositif aux réalités du terrain dans un contexte de besoins croissants des utilisateurs des réseaux mobiles ».
Un « niveau de vigilance technique »
Sa valeur est actuellement fixée à 6 V/m, ce qui est largement inférieur aux maximums légaux, qui varient entre 28 et 87 V/m selon la fréquence. Ces points atypiques font l’objet d’une surveillance accrue et, dans la mesure du possible, de tentatives de réduction des niveaux d’exposition.
D’ailleurs, l’ANFR le rappelle pour éviter toute confusion : « La valeur du seuil des points atypiques ne constitue donc pas une limite à ne pas dépasser. Elle correspond à un niveau de vigilance technique à partir duquel des efforts sont attendus pour adopter des solutions plus sobres, si elles sont techniquement possibles ». Nous avons déjà consacré plusieurs actualités sur la question des limites réglementaires.
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L’Agence lance aujourd’hui « une consultation publique sur l’évolution du seuil des points atypiques ». Les 6 V/m ont été définis en 2017 : « ce niveau correspondait alors au dernier pourcent des valeurs mesurées les plus élevées ». À cette époque, le pourcentage de points atypiques réalisées à la demande des particuliers était de 0,57 %, contre 3,86 % en 2023.

« En près de dix ans, le nombre de mesures dépassant le niveau fixé en 2017 a fortement augmenté. […] Le déploiement des réseaux mobiles dans les villes induit une exposition plus importante et une plus grande difficulté à réduire l’exposition tout en garantissant la couverture et la qualité des services rendus », explique l’Agence.
Éviter de longs suivis pendant des années
Conséquence : « cela se traduit par un nombre croissant de points atypiques qui ne peuvent être résorbés ». « On observe ainsi que les points atypiques de faibles niveaux d’exposition, compris généralement entre 6 et 9 V/m, peuvent donner lieu à un suivi se prolongeant pendant plusieurs années, sans nécessairement qu’une solution soit identifiée pour faire baisser significativement l’exposition, à couverture et qualité de service égales », ajoute l’ANFR.
Et, même lorsque d’une résorption se met en place, « il est arrivé qu’un point redevienne atypique, du fait de l’évolution ultérieure des quatre réseaux des opérateurs mobiles, notamment lorsqu’il se situait entre 6 et 9 V/m. Cette situation est mal perçue par le public, car la résorption devient inaccessible ». Deux manières de voir les choses : l’ANFR jette l’éponge sur les points entre 6 et 9 V/m, ou bien l’ANFR concentre ses forces sur les points les plus problématiques, à plus de 9 V/m.
9 V/m dans les zones urbaines
L’ANFR reprend le principe de 2017 en l’adaptant à 2025 : « La valeur de 9 V/m correspond depuis trois ans en milieu urbain au dernier pourcent des valeurs mesurées ». De plus, « ce seuil global équivaut à une contribution de 4,5 V/m pour chacun des quatre opérateurs en un même point ».
Minute mathématique : les niveaux de champs électriques ne s’additionnent pas suivant une somme arithmétique, mais une somme quadratique, c’est-à-dire « la racine carrée de la somme des valeurs au carré », on vous épargne la formule, mais la racine carrée de 4x 4,5² est bien 9 (allez, pour la forme : 4x 4,5²= 2²x4,5²= 9², dont la racine carrée est 9).
Afin de proposer une transition en douceur, elle propose de définir deux seuils :
- en zone urbaine : passer à 9 V/m (correspond au dernier pourcent des niveaux mesurés) ;
- en zone rurale : rester à 6 V/m (adapté aux conditions de déploiement des réseaux).
Une variante de cette proposition est aussi sur le tapis : « un seuil unique à 9 V/m, afin de simplifier la compréhension du dispositif ». La consultation (.pdf) est ouverte jusqu’au 12 septembre 2025. Un rapport final est prévu pour l’automne 2025. Ensuite, s’il est acté, un nouveau seuil prendra effet au 1ᵉʳ janvier 2026. Un projet de décision (avec les deux seuils de 6 et 9 V/m) est disponible en annexe 2 (.pdf).